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recevoir le général de Mirandole et m'envoie rapidement en avant pour annoncer son arrivée. Je trouve le général de Mirandole pied à terre avec toute sa cavalerie.
Cette rencontre me fut une source d'émotions toujours précieuses à la guerre; car dans cette tête de colonne, je retrouvai des amis : Mirandole et du Barail, des intimes de mes parents ; Saulnier, officier d'ordonnance, lieutenant aux Guides, que j'avais quitté depuis un an à peine; Lahalle et Darras, deux « Labadens » de Saint-Gyr et de l'école d'Etatmajor. On s'embrassa à la ronde, exercice auquel je ne m'étais pas livré depuis longtemps. Je retrouvai aussi dans le 95° mes compagnons de captivité navale dans les flancs du Saint-Louis au travers de l'Atlantique. Le général de Mirandole ordonna à ses cavaliers de cantonner dans la ferme et vint avec moi au'devant du général Bazaine.
Le soir de ce jour, apparaît une nouvelle alerte dans l'horizon de Huamantla, Marquez croit devoir être attaqué par des forces considérables qui l'entourent. Mais le général reste sceptique et se borne à envoyer à Marquez des instructions tactiques pour le cas où il pourrait tenir dans Huamantla. On établit une vigie clans le clocher et je vais essayer de dormir la ration de deux nuits. Quelle présomption ! À minuit, apparaît un autre officier de Marquez rééditant la première alerte. Mais le général, réédite ses premières instructions; on se rendort et la nuit s'achève paisiblement; pas la moindre attaque à l'horizon.
Mais, du côté français, arrive une autre cause de marasme. Le général en chef réclame encore tous les moyens de transport des corps de troupe. Après nous avoir enlevé toutes les ressources de nos convois administratifs, il veut encore prendre'ceux des troupes; c'est trop. Aussi le général Bazaine répond, très respectueusement du reste, que la proximité de l'ennemi ne permet pas de nous hypnotiser sur place, de nous paralyser, et qu'il n'est pas possible d'enlever aux troupes leurs moyens de transport. Décidément, le