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aller à Jalapa; notre joie est au comble, d'autant que c'est dans trois jours que nous partirons. Du reste cette destination s'imposait, car il n'était pas possible qu'on confiât à un général de brigade le commandement d'une colonne aussi importante que celle qui allait être réunie à Jalapa; d'autant qu'elle devait comprendre les troupes du général Marquez qui, non seulement était général cle division, mais encore représentait moralement le commandement en chef cle toutes les forces mexicaines qui combattaient avec nous.
Le 5 décembre, je dois partir, en avant, secondé par le lieutenant cle spahis Clapeyron, mon camarade de Saint-Cyr, officier d'ordonnance et neveu du général Bazaine, qui vient d'arriver d'Algérie. Nous devons nous rendre par voie de terre jusqu'à la Loma san Juan, terminus du chemin de fer où ira le lendemain le général, le personnel cle sa. maison et son état-major; nous devons emmener tous les chevaux et les bagages. A la Loma, doit se réunir la petite colonne du général. Le 3° zouaves, retour d'Alvarado, s'y trouve déjà. Du reste ce poste est occupé en permanence par un détachement d'infanterie cle marine chargé de garder le chemin cle fer et un dépôt que l'administration y entretient pour ravitailler les colonnes allant à Jalapa.
La dernière journée fut employée à compléter nos approvisionnements, car je commençais à remplir mes importantes fonctions cle chef cle popote cle la maison du général, mes aptitudes culinaires m'ayant désigné pour cet emploi.
Après sept semaines cle séjour, nous allions quitter cette Vera-Cruz qui allait être pendant près de six années le point d'appui, la base cle l'intervention française. Cette antique cité espagnole eut une longue période de splendeur, de gloire même et porta avec orgueil les noms pompeux cle ce Villa rica et cle Villa eroïca ■>■>.
Mais en 1862, elle était à tous égards dans un état déplorable : grandeur et décadence ! Aussi nous n'eûmes avec elle que des relations vagues mais le plus souvent désagréables, et nous nous en séparâmes sans regrets.