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législations (1). Mais ces traits communs commencèrent à s'estomper à partir du XIIIe siècle et finirent par disparaître dans les siècles suivants. Des divergences d'abord faibles, ensuite profondes, amenèrent bientôt une séparation radicale dans les conceptions juridiques des deux pays.
C'est que, d'une part, l'influence saxonne représentée par le common-law (2) a grandi librement en Angleterre, tandis qu'en France, l'élément germanique contenu dans le droit coutumier,était sans cesse combattu parles principes romains. C'est que d'autre part le droit anglais a résisté aux influences étrangères (3), qui ont pénétré le droit français.
La législation anglaise est une législation nationale, portant le cachet d'une forte originalité (4). La tradition
1. Glasson, op. cit., I. I, préface, p. XIII.
2. C'est l'ensemble des coutumes complétées et corrigées parla jurisprudence. Les premières lois anglo-saxones en ont formé la base, avec le Code d'Albert-îe-Grand (874-901).
3. « Lelégisle anglais estime les loisnon pas tant parce qu'elles sont bonnes, que parce qu'elles sont vieilles ; et s'il se voit réduit aies modifier en quelque point, pour les adapter aux changements que le temps (ait subir aux sociélés, il recourt aux plus incroyables sublilités, afin de se persuader qu'en ajoutant quelque chose à l'oeuvre de ses pères, il ne l'ait que développer leur pensée et compléter leurs travaux. N'espérez pas lui faire reconnaître qu'il est novateur ; il consentira à aller jusqu'à l'absurde, avant que de s'avouer coupable d'un si grand crime. C'est en Angleterre qu'est né cet esprit légal qui semble indifférent au fond des choses, pour ne faire atleniion qu'à la lettre, et qui sortirait pluLôt de la raison et de l'humanilé que de la loi. La législation anglaise est comme un arbre antique sur lequel les légistes ont greffé sans cesse les rejetons les plus étrangers, dans l'espérance que, tout en donnant des fruits différenls, ils confondront du moins leur feuillage avec la tige vénérable qui les supporte. » De Tocqueville, De la démocratie en Amérique, Paris, 1835, t. II, p. 173.
A. « Les Anglais n'ont jamais voulu codifier leurs lois pour éviter