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Titre : Le Ménestrel : journal de musique

Éditeur : Heugel (Paris)

Date d'édition : 1903-08-09

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344939836

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb344939836/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 44462

Description : 09 août 1903

Description : 1903/08/09 (A69,N32)-1903/08/15.

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5782992v

Source : Bibliothèque nationale de France, TOL Non conservé au département des périodiques

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 01/12/2010

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VU. - 69meANNÉE. - 32. PARAIT TOUS LES DIMANCHES Dimanche 9 Août 1901

(Les Bureaux, 2bis, rue TirieiuiB, Paris, u. arrO (Les manuscrits doivent être adressés franco au journal, et, publiés ou non, ils ne sont pas rendus aux auteurs.)

Ite flam&o : 0 fr. 30

MUSIQUE ET THÉÂTRES

HENRI HEUGEL, Directeur

Le flaméfo : 0 fp. 30

Adresser FRANCO a M. HENRI HEUGEL, directeur du MÉNESTREL, 2 bis, rue Vivienne, les Manuscrits, Lettres et Bons-poste d'abonnement

Un an,Texte seul : 10 francs, Paris et Province.—Texte et Musique de Chant,20 fr.;Texte et Musique de Piano, 20 fr., Paris et Province

Abonnement complet d'un an, Texte, Musique de Chant et de Piano, 30 fr., Paris et Lrovince. — Pour l'Étranger, les frais de poste en sua

SOMMAIRE-TEXTE

. WERTHER. 1™ partie : les Personnages vrais (17° article), A. BOUTABEL. — II. La distribution des prix au Conservatoire, A. P. — III. Chansons populaires du pays de France. Introduction (5e article) : Chez les Celtes, les Germains, les Goths et les Francs, J.-B. WECKERLIN. — IV. Pie X et la musique religieuse. — V. Nouvelles diverses.

MUSIQUE DE CHANT

Nos abonnés à la musique do CHANT recevront, avec le numéro de ce jour

A TES PETITS PIEDS

mélodie de L. DIDIER, poésie de Louis MAIGUE. — Suivra immédiatement Comme les oiseaux bleus, mélodie de Louis DIÉMER, poésie de GH. POSTER.

MUSIQUE DE PIANO Nos abonnés à la musique de PIANO recevront dimanche prochain :

EN FLANANT

caprice d'ALDERT LANDRY. — Suivra immédiatement : Chant d'hyménée, de PAUL WACHS.

WERTHER. — 1" PARTIE : Les Personnages vrais

(Suite). — X

Les lettres de Gcethe à Kestner, pendant les six mois qui ont précédé le mariage de Lotte, permettent de suivre ses efforts pour se débarrasser d'importunes ressouvenances. Elles montrent aussi très clairement jusqu'à quel point l'incohérence passionnelle du vouloir et du non-vouloir troublait son cerveau de poète. Il avait poussé trop loin les licences de l'imagination ; il se plaisait trop à réaliser par la

pensée ce qu'il nommait, en se . - T ^—

servant d'un euphémisme exquis, I ^SM^Éj^^S^^^ les caprices d'enfant de son i BH8S9^|TKSH ijKSSiiïi coeur, pour ne pas ressentir fré- I HKw]s'|Wri Puau' quemment l'obsession d'irrésisti- I j^ljn^F > *Mf| £| fïIiPS & Mes concupiscences; et son ^ iiIll'TO",'t"" fe ^Vl^lpliP mysticisme équivoque, dont les rH^tâ&v f a:i îlfë Ir excès confinaient à la monoma- ^pyljj arL-J,„._^{| ffi^pi nie et auraient pu mener au vice, lipj'" "f p~=oe^M n~Tr!~ il en faisait, don admirable de J.L. ' ]LjJk]£Ê!£3^wÉ WÊSÊ^HÈ transformation idéaliste, le plus !BPiKK£'^HMfâSfi *2§3ïr haut degré de la pureté archan- |mL=ai|a 1' |SBCTB^I^^I^"~" gélique. Son spiritualisme raffiné &Ml|ftp ^^9Mp|PS$Mta relevait, ennoblissait, divinisait p^^f^ HyrM^^^.X en y mêlant des aspirations HMRnni^^^^^^^^^^ surhumaines, ce qui n'était, chez )^^Wl™^^^^^™'""^^lllA d'autres, que basses sensualités, LA CHAMBRE DE CHARLOTTE B

^UlffaireS COnVOitiSeS. Extrait de Deutsche I.iltertiturticschichtc, par Robert I

ûe là les tolérances du fiancé, fort incompréhensibles pour un entendement obscurci de préjugés matérialistes. Elles dénotaient, au fond, un jugement très sain, une rare clairvoyance dans l'appréciation des résultats, et la conviction très honorable que la vertu, le devoir, l'honnêteté, la pudeur et la modestie ne sont pas simplement des'conventions, des mots ou des masques.

Goethe partageait cette manière de voir. Un malin, son camarade, de Born, lui ayant adressé d'amicales remontrances à

LA CHAMBRE DE CHARLOTTE BUEE DANS LA MAISON ALLEMANDE

Extrait de Deutsche LUteratunjeschichte, par Iioberl Koenij. Bielefeld et Leipzig, 1893, Vclliagen et Klasing, Mit.

propos de son dangereux attachement : Quelle sera la fin de cette liaison ? ... Gela ne me conviendrait guère, si j'étais Kestner.. ., etc. ! Il répondit :

J'ai la folie de considérer cette jeune personne comme une femme, supérieure ; si je me trompais, si elle n'était qu'une créature ordinaire agissant avec duplicité, si Kestner lui servait seulement de palliatif, afin qu'elle put

tirer profit do ses charmes en toute sécurité, alors, le premier moment qui --i4sîl'_ - ¥ÉSS^9ËÊË me rapprocherait d'elle, moi maintenant s=HS3B=a- '-&*» ,^^^^&KMBjlWl détrompé, ce moment-là serait aussi le WÏÏi M#™ vstà, *{EIiJ§§=ISilllW/ >îïi dernier de notre connaissance.

ISflwml I timwr'l Susceptible à l'excès, il n'ad!r

n'ad!r m'"v WffliïfflÈ, AS mettait pas que Kestner eût le

V W*\ ITT' I HrlfSmr ' moindre motif sérieux de se

! T&aj ^ggPB^Wh i M montrer jaloux parce que Lotte

"™" "JÊm laf'i*jij JS&BW§R$% se plaisait à lui prodiguer « la

F^jffl raiffJ^^=^^^^^}^'j|Ï^Ç'wggJP^pS^j^ monnaie de ces sentiments » sur

T^!^âïliS^M^Bl»B^^££LiL lesquels un mari n'a pas de préféjgnHHlUnyHHHHj^^^HH

préféjgnHHlUnyHHHHj^^^HH il s'irritait soudain

PIMHKSP^^^HB^^BB quand on lui contestait la faible

^P^BMH part à laquelle son obéissance

BteBâjëSS'ii'.ff f^|W|pr""*S et sa docilité, son respect des

'^^MloeSsÊÊËÊ^^'^^^WBi liens d'amitié, devaient lui assuDANS

assuDANS MAISON ALLEMANDE rer, pensait-il, des droits inconBieleleld

inconBieleleld Leipzig, 1893, Velliagen et Klasing, Mil. tCStableS. Très Sincèrement, il

avouait ses faiblesses et jouissait consciencieusement des voluptés du pénitent, qui se délecte à détailler ses fautes de désir.

Dites à Lotte que je m'imagine quelquefois pouvoir l'oublier ; mais alors une récidive me surprend tout à coup, et les choses tombent au plus mal. A Résiner, septembre 177;?.

Je ne veux revoir Lotie que quand je pourrai lui faire la confidence

tiue je suis amoureux, 1res sérieusement amoureux La silhouette de

Lotte est suspendue devant inoi. C'est pis que tout. Adieu ! Au même, septembre 177^.


250

LE MENESTREL

Nous avons vendangé pendant quelques beaux jours et j'ai pensé plus à Lotte qu'elle ne pense à moi en trois mois. Pourtant j'espère avec le temps me délivrer de ce tourment.

Au môme, octobre 1772. ;•.

El Lotte...., si vous saviez combien souvent je suis avec vous, et

comment encore!

Au même, 28 octobre 1772.

Le peu de cas que fait Lotie de mes loyales intentions de ne pas lui écrire de lettre m'a un peu fâché, c'est-à-dire beaucoup, mais pas longtemps, comme je me fâche dé toutes ses méchantes volontés vis-à-vis de moi, ce dont la petite Dorlhel Brandi, Dieu veuille la pourvoir bientôt d'un excellent mari, m'a raillé plus d'une fois.

Au même, G décembre 1772.

Comme tout cela aurait sonné singulièrement à l'oreille d'un autre que « le Fiancé ! » Et quel commentaire précieux de l'idylleI Sommes-nous assez loin des sombres transports d'un Otello, de la nostalgie solennelle d'un Werther! Il n'y a ici, on le sent bien, ni Juliette, ni Ophélie, ni Desdemona. Il n'y eut à Wetzlar ni tragédie, ni drame dont Goethe ait été le héros, mais une simple et aimable intrigue d'amour, tantôt à deux, tantôt à trois, selon le hasard des rencontres, l'heure du jour, les nécessités de l'étude ou des fonctions professionnelles. Rien de commun avec une passion violente, fougueuse, emportée, fatale. Ce ne fut qu'un caprice ; encore en était-on resté aux préliminaires. Le méfait considérable, la grande noirceur de cette phase printanière de deux juvéniles existences, fut l'attentat contre le repos de Kestner, ce baiser du 13 août qui mit un peu de trouble au coeur de Lotte et beaucoup de rouge sur ses joues. Assurément, si Wolfgang eût mené trop loin sa petite amie, c'eût été entraînement irréfléchi, défaillance momentanée, vertige assez concevable. Il n'y aurait eu ni préméditation ni guetapens. En somme, dans ce milieu entièrement familial où ne pouvait germer aucune espérance malsaine, aucune, idée de trahison, le risque semblait négligeable et l'on s'explique assez bien la tranquillité de Kestner.

Les suites du charmant épisode ne démentent pas cette appréciation. Aux approches du carnaval de 1773, Goethe, s'égaye à l'occasion d'un ouvrage de philosophie dont il propose, par plaisanterie, la lecture à Lotte « afin que les écailles lui tombant des yeux, ni erreurs, ni préjugés n'obscurcissent plus sa raison » et qu'elle devienne « une tout autre et plus sublime créature » semblable à « l'une des saintes divinités ». Il donne toutefois « carte blanche » pour le plus dégoûtant ragoût que puisse inventer le diable, et consent à le dévorer, si Lotte parvient à lire, jusqu'au bas de la première page, l'élucubration dont il s'occupe. « Qu'elle s'arrange un domino», continue-t-il, et sa conclusion menace de représailles : « Dites à Lotte d'or que je n'oublierai pas le tour qu'elle nous a joué. »

En attendant, il pare pour les bals de Francfort, avec des aigrettes de joyaux et des plumes entremêlées, ses belles amies, se promène nuitamment sur le vieux pont du Mein ou dans les rues delà vieille cité, en compagnie de la jolie Antoinette Gerock et de ses soeurs « élevées, dit Merck, d'après l'idéal de notre Goethe »; il se laisse distraire en somme, et fait bonne* contenance quand les nouvelles de Wetzlar lui causent au fond quelque émotion.

Mainleiuml, préparez-vous, Résiner. Je ne viendrai pas à la noce, mais'

ensuite je m'accommoderai de l'existence Soyez-en convaincu, je suis

presque aussi heureux que doux personnes qui s'aiment comme vous; il v a en moi autant d'espérance qu'on en peut rencontrer chez les amoureux, tellement que j'ai pris plaisir à quelques poésies et môme à d'autres travaux du même ordre. Ma soeur vous salue, mes amies (1) vous saluent et aussi mes dieux. Particulièrement le beau Paris, ici à ma droite, la Vénus d'or à ma <»auche, et Mercure, messager des immortels, qui prend plaisir aux courses rapides, et qui m'attachait hier aux pieds ses belles, divines talonnières d'or, qui le portent, avec le souille du vent, à travers la mer stérile et la terre sans limites. Que tout ce qu'il y a de beau dans le ciel vous salue!

A Kestner, 5 février 1773.

Pendant le carême, les préparatifs du mariage s'achèvent activement. On s'occupe des accessoires, non sans prendre

(1) Les jeunes tilles qu'il parait pour e bal, Antoinette Gerock et ses soeurs, etc.

quelques précautions vis-à-vis de Goethe pour lui éviter le crève " coeur des informations quotidiennes. Mais il ne l'entend pas ainsi et réclame impétueusement ses prérogatives. Un froissement

Survient en mars, une sorte de « querelle pour l'anneau » au -*

sujet de l'achat des bagues d'alliance. Wolfgang entre en fureur s

et va de suite aux invectives : l

C'est bien grossier et impoli de votre part de ne pas m'avoir confié la corn- ? mission concernant les bagues, comme si cela n'était pas naturel que je m'en ' chargeasse. Mais malgré vous et le diable qui vous a suggéré de me priver (]„ ce bonheur, je vais les commander et j'aurai soin qu'elles soient belles comme -; les couronnes des élus. Adieu. Pas un mot de moi à votre ange Adieu'

On ne saurait douter du zèle que mit Goethe à s'acquitter soi- s gneusement de la mission qu'il s'était attribuée. Point du tout satisfait des bijoux confectionnés d'abord, il les refuse avec hauteur, enjoint à l'orfèvre d'en faire d'autres. Les seconds lui ':, semblent fort bien réussis, il les envoie, non sans y joindre * l'expression de ses voeux dans un billet rédigé sur le ton péné- \ tré qui lui est habituel quand il s'agit de Lotte : « Ce n'est pas ] de ma faute si vous n'avez pas depuis huit jours les bagues.., Qu'elles soient les premiers anneaux de cette chaîne de félicités qui vous attachera à la terre comme à un paradis » ; et ce voeu n'exclut pas une pointe de dépit, — oh, si légère et si peu acérée : — « Dès à présent je ne suis guère curieux de voir ni \ vous, ni Lotte » ; il n'empêche pas non plus de se produire une saillie humoristique à propos du premier petit garçon que le ' mariage prochain doit introduire clans le monde, et dont il ■ espère être le parrain : « Mon esprit reposera doublement sur J lui; je veux qu'il devienne fou de toutes les jeunes personnes qui ressembleront à sa mère. »

Les alliances coûtèrent: la grande un ducat, et la petite 3 flo- \ rins 30 kreutzer. L'intermédiaire si empressé retint, comme \ dédommagement de ses peines, une bague en grenat ayant appartenu à Lotte, qui servit de modèle pour la dimension, et ) qu'il avait mille fois baisée en des jours plus heureux. *

Le billet, pour prendre congé de Lotte, non pas sans intention d'un revoir ardemment désiré, ne manque ni d'affabilité, ni de grâce malgré la froideur un peu contrainte qui s'y laisse aper- , cevoir :

Que mon souvenir soit toujours avec vous, comme cette bague, dans votre : bonheur. Ma chère Lotte, nous nous reverrons au bout de longues années;

vous aurez encore cette bague au doigt et je serai encore votre... ;

Je ne trouve pas de nom ni de titre pour signer, mais vous me connaissez. '

Adresse : \

A CHARLOTTE BUFF j

qui fut autrefois la :'

CHÈRE LOTTE

à remettre ;

dans la Maison allemande. i

Charlotte Buff, une fois mariée, n'appartient plus en aucune f façon au roman de Werther, du moins directement. Deux pièces capitales, dont la juxtaposition ne manque pas de piquant, la l mettent, sans contestation possible, tout à fait hors de cause : la lettre sans date que Kestner reçut de Goethe en avril 1773, et ; l'épîtf e du 20 février, dans la deuxième partie de Werther, ima- ; ginée par l'auteur pour orienter définitivement son oeuvre vers le ténébreux et funèbre horizon où le suicide même a trouvé sa poésie sous l'étoile éplorée d'Ossian. Visiblement calqués l'un v sur l'autre, quoique improvisés à près d'une année d'intervalle .; et foncièrement différents par le but qu'ils poursuivaient, ces ; deux morceaux littéraires accusent, avec une énergie bien significative, la déviation des sentiments de Werther, qui se séparent dès lors, à chaque ligne davantage, de ceux de Goethe avec les- , quels, bientôt, ils n'auront plus rien de commun que par inter- , mittences. Ils nous permettent aussi d'apprécier l'art suprême de l'écrivain, son respect pour la chose vécue, sa préoccupation ; constante d'ajouter aux fictions la plus grande somme possible de réalité.

Presque tous ses ouvrages sont, sous certains rapports, des compositions de circonstance et néanmoins d'une haute porte" et d'une rare perfection; des -monuments de souvenir. Aucun pointant, à l'exception de quelques poésies, ne mérite ce titre aus^i


LE MÉNESTREL

281

pleinement que Werther. Les documents relatifs à cette oeuvre célèbre offrent donc un intérêt psychologique et anecdotique de premier ordre. Voilà pourquoi nous juxtaposons les curieux fragments qui suivent. Ils établissent une barrière de démarcation complète entre les deux Charlottes. Le premier s'adresse à la blonde aux yeux bleus que nous connaissons; le second à cette Maxe qui va bientôt nous occuper. Elle était brune, elle avait de beaux yeux noirs et Goethe, qui l'aima, n'a pas manqué de les célébrer à sa façon en les attribuant à l'aimée de Werther. La Lotte de Wetzlar, la jeune fille en camisole aux raies bleues, est donc le prototype de Charlotte dans le roman, mais pour la première partie seulement, c'est-à-dire jusqu'à la lettre du 20octobre 1771 (i); elle lui a communiqué ses perfections morales, son enjouement délicat, sa bonne humeur constante, ses instincts précoces de maîtresse de maison et ses goûts peu idéalistes; elle lui a prêté sa stature dégagée, sa démarche exquise de naturel, sa souplesse et son charme : au physique, tout ou à peu près d'elle-même... hormis les yeux. (A suivre.) AMÉDÉE BOCTAREL.

LA DISTRIBUTION DES PRIX AU CONSERVATOIRE

C'est le samedi Ie'' août qu'a eu lieu au Conservatoire, sous la présidence de M. Chaumié. ministre de l'instruction publique et des beauxarts, la séance solennelle de la distribution des prix. A une heure un quart, le ministre prenait place sur l'estrade, ayant à sa droite MM. Théodore Dubois, directeur du Conservatoire, Camille Saint-Saëns, Charles Lenepveu, Samuel Rousseau, Bourgault-Ducoudray, Leloir, Silvain, à sa gauche MM. Henri Roujon, directeur des beaux-arts, Adrien Beniheim et cfEstournelles de Constant. Tous les lauréats sont rangés sur le devant de la scène, les jeunes filles à droite, les jeunes gens a gauche. Le ministre ouvre la séance et prononce le discours suivant :

MESDEMOISELLES, MESSIEURS,

C'est comme une tradition de rappeler tous les ans dans cette fête, les événements, les cérémonies, les manifestations d'art qui se sont produits dans l'année et auxquels le Conservatoire a été mêlé soit par ses élèves, soit par ses maîtres, soit par ceux qui lui ont appartenu et qui sont aujourd'hui sa gloire. Je n'aurais garde d'y manquer.

Il y a quelques mois à peine, en effet, à la Villa Médicis, une fête d'une imposante solennité réunissait sur le Pincio. pour célébrer l'un des centenaires chers à l'Académie de France à Rome, de très grands artistes venus de France, des artistes d'Italie qui comptent parmi les plus illustres, les personnages les plus élevés du monde politique romain, sous la présidence du roi et (le la très gracieuse reine d'Italie.

L'une des parties les plus goûtées, les plus admirées de la fête, fut le concert superbe qu'avait organisé et que dirigeait votre éminent directeur, M. Théodore Dubois. Le programme ne contenait que des oeuvres de musiciens français glorieux, anciens prix de Rome et aussi anciens élèves du Conservatoire : Herald, Halévy, Ambroise Thomas, G-ounod, Delibes, Bizet. Le succès fut éclatant et ce fut pour nous une joie de retrouver à un très haut degré, dans cette musique exquise, les qualités de charme, d'esprit, de sentiment, (l'émotion, de jeunesse alerte, do flamme, qui sont la fleur du génie français et marquent toutes ses manifestations d'art d'une empreinte qui n'est qu'à lui.

Spectateurs étrangers et français étaient unanimes dans leur admiration et dans leurs bravos. Soyez tiers de vos aines!

Ici même, à Paris, le centenaire de la Villa Médicis a été célébré de nouveau et, pour le concert qui l'a couronné, c'est encore le Conservatoire qui a fourni les éléments d'interprétation. Instrumentistes, chanteurs, artistes accompagnateurs, tous étaient élèves de cette vieille maison et témoignaient brillamment qu'elle n'a rien perdu de son ancien éclat.

Vieille maison, ai-je dit ? Hélas, oui ! Les murs en sont délabrés; c'est un devoir de les reconstruire et de donner enfin au glorieux Conservatoire de musqué et de déclamation de France une installation digne de lui. Mais, dans cette enveloppe décrépite, l'àme est toujours vivante et jeune. Les maîtres se succèdent, leur enseignement a toujours de l'éclat, leur talent, leur zèle sont 11 'a hauteur du talent et du zèle de leurs devanciers.

Chaque année, à la porte trop étroite, les candidats se pressent. Ils viennent de toutes parts. Le concours d'entrée est toujours chèrement disputé et. tous ta ans, de ces classes sortent des élèves en train de devenir des maîtres jaloux «égaler la réputation de ceux qui les ont précédés et qui comptent au premier 1:"ig parmi les compositeurs les plus admirés, les chanteurs, les cantatrices. les virtuoses, les comédiens les plus célèbres et les plus justement applaudis.

A chaque occasion nouvelle, le monde artistique de l'étranger aussi bien que

1 • i Je rappelle que les lettres de Werther retardent d'une année sur la réalité.

celui de la France, est heureux d'apporter au Conservatoire l'hommage de sa haute estime et de sa sympathie.

Quand, au mois de mai dernier, pour la première fois s'est ouvert le concours pour le prix Louis Diémer, ce prix, que votre maître, le si admiré compositeur et virtuose, a fondé pour encourager les anciens prix de piano du Conservatoire à travailler sans relâche et à perfectionner leur talent, de tous les côtés de l'Europe, les plus grands artistes, convoqués par votre directeur pour constituer le jury, ont tenu à honneur de répondre à son appel, do se grouper autour de lui et de se rattacher un peu de la sorte au grand Conservatoire de Paris.

L'an dernier, ici même, j'adressais à M. Diémer mes remerciements pour sa généreuse pensée. Je remerciais aussi d'autres généreux et délicats fondateurs de prix. Il m'est très agréable de rappeler que. cette année, nous allons, pour la première fois, décerner au lauréat de la classe de clarinette le prix de 200 francs, que, en souvenir de son père, le regretté et si distingué ancien maître de cette classe, MUe Rose a fondé. C'était un voeu qu'autrefois M. Rose avait formulé. Sa lille l'a pieusement accompli. Je lui adresse mes remerciements et mes hommages.

Je manquerais,il me semble, à un devoir, si je ne rappelais ici même solennellement, les distinctions que j'ai ou la bonne fortune d'accorder à quelquesuns de vos maîtres, à l'occasion du centenaire de la villa Médicis. Le Parlement, secondant l'initiative que j'avais été heureux de prendre, a voulu qu'une promotion spéciale de la Légion d'honneur permit de récompenser plus amplement les grands artistes qui honorent le pays. Attribuer ces hautes distinctions à ceux qui en étaient si dignes a été pour moi une grande joie. Je l'éprouve encore en rappelant que justice a été rendue au grand talent du compositeur, au zèle, au dévouement de M. Théodore Dubois qui a été nommé commandeur de la Légion d'honneur.

Qui méritait mieux la rosette d'officier de la Légion d'honneur que M. Bourgault-Ducoudray, l'éloquent et si savant professeur de l'histoire de la musique, autour de la chaire duquel se pressent les auditeurs? Que'M. Charles Lel'cbvre. le compositeur si admiré? Que M. Gabriel Fauré. le professeur de composition, dont tant d'élèves ont conquis le prix de Rome ? La croix de chevalier, que M. Taudou, le savant professeur d'harmonie dont la grande modestie égale le talent ?

Enfin, j'apporte aujourd'hui la croix de chevalier à l'excellent artiste, au maître distingué, M. Lefort.

Yoyez là des marques de l'affectueuse sollicitude du gouvernement pour le Conservatoire. Tous êtes assurés qu'elle ne lui fera jamais défaut.

Le ministre, dont les paroles sont accueillies par de vifs applaudissements, donne alors l'accolade à M. Lefort. et il annonce qu'il apporte les palmes d'officier de l'instruction publique à M. Guignache, professeur de solfège, et à M. de Soria, professeur de maintien. Puis il procède à la distribution des récompenses. En l'absence de M. Gordes. premier prix de tragédie, à qui revenait, selon l'usage, la lecture du palmarès, cette lecture a été faite par M. Casella, premier prix d'opéracomique. M. Gordes, en effet, était déjà parti pour Orange, où il devait prendre part aux représentations données à l'amphithéâtre.

A la suite de la liste des récompenses venait celle des dons et legs dont le Conservatoire bénéficie en faveur de certains de ses élèves. En voici l'attribution :

Prix Nicodami (500 fr.). — Partagé entre MM. Gaubert. premier prix de fugue, et Mercier, premier prix de hautbois.

Prix Guérineau (1.80 fr.). —Partagé entre M. Levison et MUe Tapponnier, premiers prix de chant.

Prix George-Hainl (600 fr.). — M1"-' Reboul. premier prix de violoncelle.

Prix Popelin 11.200 fr.). — Partagé entre Mu,'s Dehelly. Roger, Merlin et Atoch, premiers prix de piano. •

Prix Ponsin (435 fr.). — M11"- Chesnel.

Prix Henri Herz (300 fr.). — M1"' Roger, premier prix de piano.

Prix Doumic (120 fr.). — M1"' Nadia Boulanger, premier prix d'harmonie, second prix d'accompagnement et second prix d'orgue.

Prix Garcin (200 fr.). — MUc Réol, premier prix de violon.

Prix Girard (300 fr.). — Mllu Kastler. second prix de piano.

Prix Sourget et Santa Coloma (lot) iï.i. — M. Levison. premier prix de chant.

Prix Tholer (290 fr.i. — M"'' Pouzols-Saint-Phard, second prix de comédie.

Prix Monnot (oTS IV. i. — M"'' Réol, premier prix do violon.

Prix Buchére (700 fr. i. — Partagé entre M"" 5 Tapponnier, premier prix de chant, Taillade, premier prix de tragédie, et Mancini.

Prix Meunié (3.500 lï.h — M"" Pestre, premier prix de harpe.

Prix Rose (200 fr. i. — M. Loterie, premier prix de clarinette.

La distribution des récompenses terminée, le cortège s'est formé pendant qu'on débarrassait la scène, et le ministre s'est rendu, avec les professeurs, dans la loge officielle, pour assister au concert, dont voici, le programme :


252

LE MEINESTREL

Sonate op. 111 (lor morceau) BEETHOVEN

par M. Batalla. Air du Freischùls WEDER

I ar MI1(i Tapponnier. 2° Concerto de violon H. WIENIAWSKI

par M"e Réol. Air d'Hérodiade MASSENET

par M. Levison. Scène de Werther (3e acte) MASSENET

Charlotte M 11" Foreau

Sophie M" 10 Vallandri Scène des Précieuses ridicules MOLIÈRE

Mascarillo M. Brunot

Calhos M»c Dussane

Madclon Mlte Barat

l''r porteur M. Boycr

2e porteur M. Jean Worms Scène d a Tribut de Zamora (3e acte) G-OUNOD

Hermosa Mlle Borgo

Xaïma 0 Gril

Ce concert a obtenu son succès habituel, et la séance s'est terminée au brait des applaudissements. A. P.

CHANSONS POPULAIRES DU PAYS DE FRANCE

INTRODUCTION SOUS FORME DE RESUME HISTORIQUE

(Suite)

V. — CHEZ LES CELTES, LES GERMAINS, LES GOTHS ET LES FRANCS.

Avant l'invasion des Gaules par les Romains, et même encore assez longtemps après, il existait sur notre sol une race autochtone qui avait ses coutumes, et, si l'on peut employer ce mot que semble contredire l'apparente barbarie de l'époque, sa civilisation particulière, Chez ces peuples d'origine celtique, aux instincts belliqueux, à l'esprit fier et indépendant, le métier des armes était plus que tous les autres en honneur; mais, à côté des guerriers, la religion et l'art avaient placé des hommes irai constituaient une sorte de caste spéciale, et jouaient dans , la vie sociale un rôle nécessaire ou simplement utile : les Druides et les Bardes.

Les Druides étaient les prêtres « qui méditaient les choses divines, avec une vie exemplaire, sans sortir de leurs casines, sinon quand il étoit temps d'aller sacrifier aUx lieux nécessaires, notamment au premier jour de l'an, qu'il falloit cueillir le gui de chêne, car alors ils alloient par les pays circonvoisins, criant à haute voix : Au guy l'an neuf! dont parle Ovide » (1). L'auteur qui s'exprime ainsi aurait pu ajouter qu'ils présidaient aussi aux sacrifices humains, et que ces fêtes sanglantes se célébraient avec accompagnement de chants, ou plutôt de vociférations, ayant sans doute quelque ressemblance avec le chant des cannibales cité plus haut.

Les Bardes étaient les poètes-musiciens (2). Ils prenaient part à toutes les fêtes et réjouissances publiques, où ils avaient pour mission de, chanter le courage et la vertu des héros. Cette musique, aussi primitive assurément que les instruments grossiers dont il était fait usage alors, suffisait pourtant à passionner les auditeurs; elle allumait dans leur c(Biir des désirs de gloire, et provoquait un enthousiasme que nous aurions peine à comprendre aujourd'hui, surtout en l'absence de tous documents. Car, chez les Gaulois, les prêtres proscrivaient l'écriture; les choses étaient donc confiées à la seule mémoire, et se transmettaient par la continuité d'une tradition orale.

D'après l'abbé de la Rue, la coutume de chanter au moment du combat serait celtique. Les Celtes auraient importé cet usage en Asie, où leurs colonies l'avaient conservé (3). En somme, les Bardes accompagnaient les guerriers, et leur présence sur les champs de bataille est attestée par les écrits de Diodore de Sicile et de Lucain (4). Tacite a rapporté que les Germains, en combattant, chantaient des bardits, ou chansons guerrières, et usaient bizarrement de leurs armes comme d'un porte-voix : « Ils cherchent surtout, écrit-il, la dureté des sons, et pro(1)

pro(1) Réveil de, Chjindona.r, etc., Dijon, 1621.

(2) Bar, dans l'ancienne langue germanique, signiiiait son, air : d'où le mot bardit pour désigner le chant de guerre. Chez les Scandinaves, les Bardes s'appelaient Scakles.

(3) DE LA RUE, Essais historiques sur les Bardes, tome II, p. 21. (h) Cf. DAVID DE SAINT-GKOHGKS, Histoire des Druides.

duisent une espèce d'écho en plaçant le bouclier contre la bouche que cette répercussion, propre à grossir la voix, lui donne plus de fo et de gravité. » Plus tard, Athénée raconte que les- Celtes, lorsrru'"î" faisaient la guerre, emmenaient avec eux des compagnons de tahl appelés parasites, et chargés de chanter leurs louanges. Ces poètes dV il, rernplissent le même emploi dans les assemblées publiques, ou'cfp les particuliers qui veulent les entendre, et l'on donne le nom de bard" à ceux qui relatent ainsi dans leurs chants les actions des homme-' illustres, ou font l'éloge poétique et musical de leurs patrons : c'étaient là, bien évidemment, des bardes dégénérés qui précèdent et semblent annoncer déjà les jongleurs du moyen âge.

On retrouve également la musique de table à la cour de Théodoric roi des Goths (fin du Ve siècle). Dans une de ses lettres, Sidoine Apollinaire fournit à cet égard les détails suivants : « Quelquefois, mais rarement, on donne pendant le souper un libre cours aux saillies des mimes, de manière toutefois que nul convive ne devienne le but d'une épigramme sanglante et envenimée. On n'entend là, néanmoins ni orgues hydrauliques, ni concerts savants et étudiés. Point de joueur de lyre, point de joueur de flûte, point de maître de choeur, point de femme qui joue du sistre ou de tout autre instrument. Le roi n'admet que les musiciens dont les sons ne plaisent pas moins à l'âme que les chants à l'oreille (Rege solum illis fidibus delinito, quibus non minus mulcet virtus animum, quant cantus auditum) (1). » Théodoric, on le voit, préférait à la musique sérieuse la simple chanson qui pouvait divertir et charmer.

Il ne faut mentionner ici que pour mémoire les fameuses Chansons de geste, ou récits en vers de onze ou douze syllabes, formant de longues suites de couplets monorimes, où sont racontées souvent les querelles qui surgissaient entre les vassaux de la couronne ; c'est un cadre où se mêlent sans peine la chanson historique et la chanson guerrière, car la guerre était, autrefois surtout, le sujet principal, et comme le fond naturel de l'histoire ; on peut dire même qu'en tous pays l'histoire clés peuples a été écrite avec une plume trempée dans leur sang. Mais si les chansons de geste s'occupent des humbles, elle ne furent pas composées par eux ; elles visaient plus haut, et constituent, même en. leur naïveté, un sérieux effort vers une poésie, rudimentaire encore, mais dont l'élite seule de la nation pouvait goûter la saveur.

On serait embarrassé d'ailleurs de citer des chansons populaires qui datent des origines de la monarchie française. Toutefois, leur existence est attestée. Par exemple, plusieurs écrivains ont mentionné un sermon de saint Césaire, évoque d'Arles au commencement du VIe siècle, sermon dans lequel il reproche à ses ouailles les chansons et les danses de noces, surtout les chansons obscènes, qu'il appelle des chansons diaboliques. En outre, de nombreux conciles ont réprouvé et condamné ces chansons impudiques, écrites sans doute en latin, et de moins en moins conservées par le peuple qui finit par oublier complètement la langue imposée par ses vainqueurs, comme il oublia plus tard la langue romaine, et la langue romane, pour aboutir à la langue française qu'il est censé connaître aujourd'hui.

En ces temps reculés, c'étaient surtout les clercs qui cultivaient eu France la chanson de langue latine, reste dégénéré de la poésie lyrique des anciens. Hildegaire, évoque de Meaux sous Charles le Chauve, nous a conservé deux strophes d'un poème, dans lequel l'auteur célébrait la victoire remportée par Clotaire II sur les Saxons en 623, ou, suivant

Mézeray, en 627.

De Clotàrio est canere,

Bege Francorum,

Qui ivit pugnare

In gentem Saxonium.

« Chantons le roi des Francs, Clotaire, qui.alla combattre la nation saxonne. » Les ambassadeurs saxons auraient été traités sévèrement, si le bourguignon Faron n'eût intercédé pour eux. A l'arrivée des ambassadeurs en France, où Faron était prince. Dieu leur inspira de passer par la ville de Meaux, pour les sauver de la mort que le roi leur préparait.

Sur cette victoire, toujours au dire de Hildegaire, on composa un chant vulgaire qui, à cause de sa rusticité même, se trouvait sur toutes les lèvres, et que les femmes chantaient en dansant et battant des mains (2). Mais, depuis cette époque, la chanson populaire a singulièrement changé au fond et en la forme, car de tels vers donnent moins l'idée d'une pièce chantée que d'un récit poétique. Au surplus, L\ ''e Coussemaker pense qu'il s'agit là plutôt d'une traduction latine, et quil'original devait être écrit en teuton : opinion conforme à celle w Pierquin de Gembloux qui dans son Histoire littéraire des patois soutient

(1) OEuvres de Sidoine Apollinaire, traduites par Grégoire et Collombet, 1836, vol. h

(2) LE ROUX DE LINCY, Recueil des chants historiques français, vol. I, p. 2.


LE MÉNESTREL

mie la langue latine n'a jamais été vulgaire dans les Gaules, et que les dialectes celtiques de l'Espagne, de l'Italie et de da France ont seuls donné naissance aux patois d'où dérivèrent les langues de ces nations.

Aussi n'est-il pas probable que les pièces historiques latines, qui se trouvent dans le manuscrit de Saint-Martial de Limoges et que le premier signala l'abbé Lebeuf, aient été chantées par le peuple : elles com- . portent trop de développements; mais elles ont pu figurer dans les chauteries des rois, des princes et des grands seigneurs. Leur style était sans doute; assez analogue à celui des poésies historiques que Charlemagne avait fait rechercher et réunir, comme nous l'apprend son panégyriste et contemporain Eginhard. B. de Roquefort (1) croit qu'on aurait chance de retrouver daus les archives de la Tour de Londres (lisez British Muséum), parmi les manuscrits emportés parles Anglais sous les règnes de Charles VI et de Charles VII, plusieurs de ces chansons, dites vulgares cantilenoe, genlilitia carmina, antérieures à Charlemagne, et, suivant Eginhard, chantées ordinairement durant les festins. Cet espoir ne semble pas s'être réalisé ; quant à Charlemagne, il est devenu lui-même par la suite le sujet de chansons populaires, qui se sont perdues à leur tour.

Vers la fin du IXe siècle, le latin et le teuton disparaissent peu à peu pour faire place à la langue vulgaire, le roman. Les documents précis l'ont encore défaut pour cette période de transition, où, inaugurant un système qui ne s'est que trop maintenu depuis, le clergé s'emparait des airs du peuple pour y adapter des paroles de cantiques et autres textes pieux. Or, le peuple semblait chanter dès cette époque moins pour la religion que pour son plaisir, si Ton s'en rapporte au témoignage d'Hucbald (IXe siècle) : « Les joueurs de flûte, de cithare, et d'autres instruments, voire même les chanteurs et les chanteuses, profanes, l'ont tous leurs efforts dans le chant et dans l'exécution pour charmer parles ressources de l'art les oreilles de ceux qui les écoutent (2). »

Il est encore bon de rappeler que la bataille de Saucour, gagnée en

881 par Louis III, sur un chef normand nommé Guaramond, fut

chantée par le peuple, et que le récit de cette chronique poétique et

pieuse, rédigé en langue théotistique, figure dans le Dictionnaire de

Schiller :

Einan Kuning weiz ih,

Heizsit lier Hludvdg

Ther gerne Gode thionot

Ih weiz lier imos lonot, etc. (3).

« Je sais un Roi, appelé le seigneur Louis; il sert Dieu volontiers, et je sais que le Tout-Puissant l'en récompense. » Dans une autre strophe, il est dit : « Avec lui toute l'armée répéta : Kyrie eleison, et le combat commença. » On voit que les vociférations sauvages, poussées par les guerriers prêts à en venir aux mains, et plus tard les bardits entonnés avant la bataille, avaient fait place à des chants pieux', à des invocations au Dieu des armées, souverain maitre et dispensateur de la victoire. La tradition parait s'être continuée longtemps, puisque le sire de Joinville raconte qu'au départ de la nef emportant saint Louis et ses gens de guerre pour la croisade, « le maître et nautonier cria aux musiciens de la chapelle : Chantez, de par Dieu! Et ils entonnèrent tous à une voix le Veni creator Spiritus. »

(A suivre.) J.-B. WECKERLIN.

PIE X et la musique religieuse

Puisque nous avons un nouveau pape, il ne saurait être indifférent de connaître ses goûts plutôt sévères'en ce qui concerne la musique d'église, tels que nous les expose, dans le Figaro, M. André Nède. C'est l'interdiction rigide de toutes les fantaisies gracieuses auxquelles on se livrait volontiers sous couleur de musique sacrée. Et c'est peut-être dommage. Si l'on veut faire aimer l'église, il faut la rendre aimable. L'implacable plain-chant, pour si beau et si solennel ([uïl soit, ne peut cependant résonner toujours pareil aux oreilles des fidèles, sans amener chez eux quelque lassitude. Pour nous, nous ne le cachons pas, nous aimions les messes fleuries et les tendres Ave Maria; et nous les verrons revenir malgré la dure loi du nouve'au pontife, parce que la sévérité continue ne saurait être le propre de l'homme. Il faut bien embellir de quelques fleurs notre passage dans cette vallée de misères. Voici, par ailleurs, l'article de ^- André Nède, qui nous semble fort bien documenté.

Le nouveau Pape est un partisan zélé du chant grégorien. Patriarche ('e Venise, il a consacré de très efficaces efforts à la réforme de la mu(1)

mu(1) sur la poésie française, aux XII* et XIII' siècles.

( 2) E. DE COUSSEMAKER, Histoire de f harmonie au moyen dge, p. 82. Dès 791-, le Concile dePrioul avait défendu aux clercs les chansons profanes, les instruments de musique °t les grands divertissements.

(3) E. DU MÉRIL, Mélanges archéologiques et littéraires, p. 304.

sique religieuse. Il fut l'un des plus actifs protecteurs de cet admirable abbé Perosi qui, depuis, est devenu maitre de chapelle de la Sixtine et que lui-même il avait nommé maitre de chapelle de Saint-Marc, pour succéder à Tebaldini. continuer son oeuvre et la compléter. Le jeune abbé, Perosi fut installé au palais épiscopal; le cardinal lui témoignait la plus vive affection, suivait ses études, l'encourageait.

En 18.95, le cardinal Sarto écrivit une très longue et importante lettre épiscopale « sur le chant d'Église », que publia alors chez nous la Tribune de Saint-Gervais; l'analogie est, en effet, frappante entre les doctrines que préconise la Schola Cantorum et la lettre pastorale.

Le cardinal Sarto pose en principe que les Pères de l'Église, les canons des conciles, les bulles des Papes et les décrets disciplinaires de la Sacrée Congrégation des rites ne reconnaissent, en fait de musique religieuse, que celle qui tend à l'honneur de Dieu et à l'édification des fidèles. La musique religieuse doit « exciter, par le moyen de la mélo- ' die, les fidèles à la dévotion », elle les dispose à recueillir les fruits de la grâce.

Elle doit donc avoir trois qualités : « la sainteté, la dignité de l'art et l'universalité ».

Conséquemment, il faut proscrire des temples toute musique légère, triviale, théâtrale, profane soit daus la forme de sa composition, soit dans la manière dont les exécutants la rendent.

« Sancta sanctel... »

Il convient, en outre, d'unifier la musique religieuse et de ne la point abandonner à la fantaisie individuelle : la croyance est unique; la prière doit l'être aussi, et aussi la musique religieuse qui n'est que l'une des formes de la prière.

Ces qualités diverses et indispensables, on les trouve au chant proprement liturgique, au chant grégorien.

La polyphonie classique, que Palestrina conduisit à la perfection la plus haute, est digne d'être admise. « Elle a dans ses formes un caractère de sainteté et de mysticisme si éclatants que l'Eglise l'a toujours proclamée convenable à ses temples et seule vraiment, digne d'y figurer à côté du chant grégorien.

Quant au genre théâtral, il n'a d'autre but que le plaisir des sens ; il tient à charnier l'oreille ; il est maniéré dans les pièces des solistes et brillant dans les choeurs. Il mérite les reproches du Christ aux profanateurs du Temple : « Ma maison est la maison de prière, et vous, vous en avez fait une caverne de voleurs ! »

Il est condamnable de prendre le plaisir des sens comme un critérium pour juger des choses sacrées. Dira-t-on que ces voluptés sont nécessaires pour attirer le peuple dans les églises? Le cardinal Sarto répond que le peuple est « bien plus sérieux et plus pieux qu'on ne le croit d'ordinaire. »

On objecte encore que le chant liturgique est « de la musique allemande » ; le patriotisme italien proteste!... Mais Grégoire le Grand n'est-il point un Romain? Palestrina, Viadana, Lotti, Gabrieli ne furent-ils point Italiens ?

Conformément à ses principes, le cardinal Sarto annonce., clans sa lettre pastorale, qu'il nomme une Commission chargée de veiller à l'application d'un règlement qu'il formule avec sévérité : défense de changer, dans les fonctions liturgiques, la nature ni l'ordre des textes;

— ordre d'exécuter les antiennes des vêpres « dans leur chant grégorien propre » ; — défense de chanter le Tantum ergo « comme une romance, une cavatine ou un adagio », le Genitori comme un allegro;

— proscription, dans les orchestres d'églises, du tambour, des cymbales, des trombones, des clochettes et de tous autres instruments « légers ou bruyants », proscription Au piano forte, des troupes ou sociétés instrumentales » ; — les femmes ne feront plus partie du choeur : si l'on a besoin de voix hautes, que l'on forme à cette fin des enfants, « selon l'usage très ancien dans l'Église » ; surtout, « que l'on évite, comme un abus très grave, que dans les fonctions sacrées la liturgie n'apparaisse que comme secondaire, au service de la musique, tandis que la musique doit être l'humble servante de la liturgie ».

Le patriarche de Venise ordonne qu'aucune musique ne soit exécutée dans une église de son diocèse sans avoir été soumise à la Commission. Il prendra pour cela les mesures opportunes, « ne pouvant plus tolérer l'état actuel des choses ».

Il est indispensable que le chant soit tel que le prescrit l'Église. La légèreté du chant, et des sons offense la majesté du temple. Aaron, Nadab et Abiu, pour avoir employé un feu profane au sacrifice, furent consumés par le feu céleste ! Un pareil châtiment menace quiconque introduit dans la maison du Seigneur les voluptés mondaines.

N'est-on pas frappé de l'analogie qu'il y a entre cette notion de la musique religieuse et les dires, si pénétrants et beaux, de saint Augustin sur la question ?


254

LE MÉNESTREL

Saint Augustin, lui aussi, voulait qu'une distinction très nette fût établie entre le sensuel plaisir des sons gracieux et la glorification musicale de Dieu, TI se méfiait des joliesses de l'harmonie. Il avait peur d'être ému par le chant plutôt que par « la chose chantée ». Il recommandait une musique austère, soumise à son office saint. Il proscrivait les dangereuses douceurs des mélodies profanes.

Telle est, en effet, la pure tradition de l'Église.

Devenu Pape, le patriarche de Venise étendra-t-il à l'universalité du catholicisme les règles strictes et excellentes cju'il imposait à son diocèse ? On peut le supposer, — et l'espérer. Il sera le réformateur défmitif de la musique religieuse. Et les fidèles l'en remercieront; il méritera aussi la gratitude de quiconque a le souci d'un art noble et conscient

de ses justes destinées.

AXDRÉ NÈDE.

NOUVELLES DIVERSES

ÉTRANGER

Ile notre correspondant do Belgique. — Si nous n'avions ici, à Bruxelles, les concerts du Waux-Hall, à la tète desquels ont été placés MM. Sylvain Dupuis et François Rosse, les talentueux chefs d'orchestre de la Monnaie, la musique aurait été bien insignifiante cet été. Et encore le mauvais temps a-t-il, comme, do coutume, contrarié beaucoup ces concerts. Tout au plus ontils été gratifiés de quelques rares bonnes soirées, qui leur ont permis de faire entendre, parmi les auditions habituelles de chanteurs et de cantatrices, quelques oeuvres d'un caractère particulièrement intéressant. C'est ainsi que tout, un programme a été consacré récemment à l'un do nos maîtres belges les plus réputés, M. Edgar Tinel, que son admirable oratorio Saint-François a rendu partout célèbre : et c'est M. Tinel lui-même qui est venu le diriger. D'importants fragments de la musique de scène de Polyeucte, écrits pour la tragédie de Corneille, plusieurs choeurs de Saint-François, tout à fait délicieux, et diverses autres oeuvres chorales et symphoniques composaient ce programme superbe, qui a valu au compositeur des ovations enthousiastes. Un autre soir, nous avons eu une oeuvre inédite pour soli, choeurs et orchestre', de M. Rosse, intitulée Hymnes, et qui a obtenu un très vif succès, par sa belle facture, pleine d'ampleur, et son remarquable sentiment poétique. M. Rosse est un des derniers lauréats du prix de Rome, un de ceux qui donnent de sérieuses espérances-: il s'est fait connaître déjà par des compositions symphoniques et chorales fort distinguées et travaille maintenant à un drame lyrique, Deïdamie, inspiré de la Coupe et les lèvres do Musset et conçu d'une façon vraiment originale. — Le concours pour le prix de Rome de celte année annonce une lutte extrêmement vive et pleine d'intérêt, et cela par suite de circonstances qui mettront en présence plusieurs concurrents ayant donné déjà des preuves d'un talent remarquable : tel, notamment, M. Albert Dupuis, dont le théâtre de la, Monnaie a joué l'hiver dernier, avec un retentissant succès, un opéra. Jean-Michel, qui dépassait assurément la valeur d'une oeuvre de simple débutant. Il y a quatre ans, M. Albert Dupuis avait pris part au concours pour le prix de Rome et avait obtenu le 2e prix ; il s'en était fallu d'une voix qu'il n'obtînt mémo le premier. Il se présenta à nouveau il y a deux ans (ce concours, en Belgique, est biennal), et, chose tout à fait inattendue, il échoua dans l'épreuve préparatoire et ne put donc entrer en loge ! Evidemment, cet échec était un simple hasard, un malheur inexplicable, le résultat d'une mauvaise disposition, puisque, deux ans auparavant, non seulement M. Dupuis s'était tiré de cette môme épreuve avec bonheur, mais avait failli obtenir, au concours même, la plus haute récompense. Tout do suite, l'absurdité de cette éprouve préparatoire, oxigéo des concurrents l'ayant subie déjà antérieurement, éclata à tous les yeux, et l'on réclama aussitôt un changement au règlement. 11 était urgent que la question fût résolue, cette année, M. Dupuis se représentant au concours, cl, avec lui, M. Louis Delune, qui obtint il y a deux ans, lui aussi, un second prix non moins brillant. L'Académie de Belgique, consultée par le ministre des Beaux-Arts, a décidé, et le ministre a ratifié cotte décision, qu'il y a lieu d'admettre au concours, sans nouvelle épreuve préparatoire, les concurrents ayant remporté un second prix à un concours précédent: qu'il y a lieu aussi, en cas do deux seconds prix, de les admettre tous les deux, sans les classer : et qu'enfin ils seront admis comme concurrents supplémentaires, en dehors des six concurrents que le règlement autorise le jury d'admettre à l'épreuve définitive. MM. Albert Dupuis et Louis Delune ont donc, été dispensés de l'épreuve préparatoire, consistant en un travail de fugue et de contrepoint. L'un et l'autre ayant produit déjà, je le répète, des oeuvres applaudies, vraiment marquantes, et d'autres concurrents encore, — tel que M. Radoux, le fils de l'éminont directeur du Conservatoire de Liège. — étant armés, eux aussi, d'un bagage important, il y aura sans aucun doute, dans le concours qui s'ouvre lundi, une dépense de talent et d'efforts peu ordinaire en pareil cas. Tous ceux qui s'intéressent au mouvement musical on. Belgique suivront sans aucun doute cette lutte pacifique, mais ardente, avec une curiosité inaccoutumée. On sait que le sujet du concours est, chaque fois, un poème dramatique et lyrique comportant des choeurs et des soli. Ce poème faisait primitivement l'objet d'un concours spécial ; mais, comme les résultais laissaient souvent à désirer, le gouvernement a eu l'heureuse idée de

confier la composition du texte poétique à des hommes de lettres, un fra et un allemand, choisis directement par lui, sur la proposition du jurv o"\ * année, le poème écrit par les deux poètes, de commun accord, est enfin ment favorable à la composition d'une oeuvre lyrique et sort absolument i" la banalité classique ou conventionnelle des « cantates consacrées » ; il a sujet une vieille légende flamande, pleine de caractère, de poésie et de ce leur, la Chanson de messire Halewyn. Et ce sera là un élément de plus ;, p; térêt que présentera cette'année le concours de Rome. L q

— Parmi les dernières nominations dans la Légion d'honneur, faites -i titre étranger, signalons celle de M. Guidé, qui dirige si brillamment depuis trois ans, avec M. Kufferath, le théâtre royal de la Monnaie. Cette nomination qui récompense M. Guidé de vingt ans de propagande effective, à Bruxelles' dans les concerts et au théâtre, en faveur de notre jeune école musicale. sera accueillie avec joie par tous les musiciens français.

— On vient de donner à Bruges la première représentation d'un opina nouveau, Sarrona, dont la musique, qui ne manque pas de qualités, est d'un jeune compositeur américain, M. Legrand-Howland. Deux compatriotes de l'auteur, et ses élèves, Miss Coll et M. Sargcnt, soprano et basse, étaient les interprètes de l'oeuvre.

— Au théâtre du Prince-Régent de Munich ont commencé hier les représentations wagnériennes avec l'Or du Rhin. On remarquait dans la salle quelques vides, l'Or du Rhin ne comptant pas parmi les oeuvres du maître que le public d'amateurs préfère.

— La représentation scénique de Parsifal à New-York est toujours le sujet de nombreux articles et commentaires dans la presse américaine et allemande et à cette occasion on a appris des détails assez curieux. On a toujours répandu et cru que le droit de faire représenter Parsifal appartenait à la couronne de Bavière ; le roi Louis II a en effet abandonné ce droit et s'est seulement réservé le privilège de jouer Parsifal à son Opéra de Munich à partir de 1912, tandis que les autres scènes ne pourront représenter l'oeuvre avant 1913. Actuellement, le droit de représenter cette oeuvre appartient exclusivement à la famille Wagner : l'éditeur n'a acheté que le droit de publier la partition et les arrangements d'usage, ce qui est fait depuis longtemps. La partition d'orchestre. éditée dans un petit foz-mat et sur un papier très mince, mais très fort, est entre les mains de tous les musiciens du monde; on ne peut donc pas dire que cette partition soit peu connue. Ajoutons que n'importe quel imprésario pourrait jouer Parsifal en Russie où le droit d'auteur n'existe pas encore malgré tous les efforts des littérateurs et artistes.

— Domroschen, la Rose d'églantier, tel est le titre d'un nouvel opéra en trois actes dont la représentation doit avoir lieu l'automne prochain au théâtre de Kassel. Le texte est de M. Hans Eschelbach, la musique de M. Auguste Weweler. Souhaitons que l'opéra en trois actes soit fin et délicat comme le? trois strophes de Goethe, les trois Couplets de Schubert, ou comme la mélodie populaire bien connue de Henri "Werner (1800-1833).

— Un mot de Hans de Bulovv : Cet excentrique chef d'orchestre avait été engagé dans une ville d'Allemagne pour aider dans ses fonctions un confrère qui se montrait insuffisant et d'autant plus jaloux d'ailleurs de ses prérogatives. « Je suis heureux de vous souhaiter la bienvenue, dit le capellmeister il Bulow qui se présentait à lui pour la première fois, mais vraiment nous n'avions pas besoin d'un second chef d'orchestre ». — « C'est absolument juste, répondit Bulow, mais vous aviez besoin d'un premier ».

— L'Opéra national (tchèque) de Prague donnera prochainement une série de douze représentations en langue tchèque des opéras modernes de la nation, oeuvres de Smetana, Dvorak, Fibich, Nedbal, etc., pour fournir aux nombreux étrangers de marque qui fréquentent les grandes villes d'eaux de Bohème l'occasion de faire la connaissance de la musique lyrique des Tchèques. L'idée est excellente; il faut seulement souhaiter que les étrangers s'intéressent suffisamment à cette production artistique. Pour offrir au public étranger un moyen de saisir l'action, sinon les paroles tchèques, on distribuera des livrets en langues française, anglaise et russe.

— Plusieurs journaux italiens ont saisi l'occasion de rappeler, à propos des événements récents du Vatican, le souvenir des derniers jours de Verdi mort» Milan, le 27 janvier 1901, à l'âge de 88 ans. Ils ont fait ressortir les analogies de deux existences qui se sont terminées par une sorte de lutte titanique avec la mort sans que la force intellectuelle ait disparu avant la crise finale. Wcomparaisons plus ou moins justes ont été tentées : l'humble naissance, la rapide ascension aux honneurs et à la gloire; finalement à la souveraineté dans l'art et dans la religion. L'admiration dont tous les deux ont été l'ol^- la sensation produite par le deuil universel qui a suivi leur mort les rapprochent encore. Toute comparaison a ses limites. U y quelques dizaines d années le nom de Verdi servit de mot de ralliement aux partisans de l'unilicatioi' italienne; on écrivait sur les murs, on criait dans les rues : VIVA A Elu c'est-à-dire pour les patriotes : Viva Vittorio-'Emanuele, Re D'Ito/w.

— Dans l'histoire de la musique, le pontificat de Léon XIH sera mention"'' comme celui pendant lequel a eu lieu la suppression des soprani dans lechoeurs de la chapelle Sixtine. Les mâles figures des prophètes qui décorent J voûte avec une expression surhumaine ont dû tressaillir d'aise devant ce suppression qui devait avoir pour conséquence la Restiïutio in integrum a u chant dégagé de toute fadeur et de toute mièvrerie.


LE MÉNESTREL

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__ De Londres : Le nouveau Gaiety Théâtre, que, le Conseil municipal a (ai(, élever près de l'emplacement de, l'ancien, démoli pour faire des rues nouvelles et élargir le Strand, avance et sera bientôt prêt : deux cent quajjnte ouvriers y travaillent jour et nuit. Les couleurs de la salle seront vertpomme, rose et or; on verra toute la scène de toutes les places: il y aura douze loges et la loge royale aura un salon pour le Roi et un boudoir pour la pejne: les stalles, d'un système nouveau, auront des tiroirs pour chapeau, paletot et parapluie; chaque série de place aura quatre grandes sorties qui permettront de vider la salle en moins de deux minutes ; la ventilation se fera ,,arle plafond et sera, selon l'occasion, froide ou chaude.

_ Le juge de simple police de Marlybone, à Londres, a été récemment saisi d'une cause musicale des plus curieuses. Un chirurgien avait accusé son voisin, un cocher, d'entretenir une bète nuisible, qui était dans l'espèce une simple grive. Le cocher avait dressé sa grive qui chantait toute la sainte journée. Or, le chirurgien prétendait que cette éternelle chanteuse avait la voix inuque et perçante, qu'elle chantait faux et que, par suite, elle molestait tout ]é voisinage ; il demandait donc la cessation d'un bruit si désagréable. Plusieurs voisins étaient de l'avis de l'accusateur, mais la plupart des autres déclaraient que l'oiseau possédait au contraire une jolie voix de grive, qu'elle ' chantait fort agréablement et qu'elle égayait tout l'entourage surtout quand elle sifflait avec une virtuosité remarquable. Le juge, M. Curly Bemiett, donna sain de cause au cocher et à la grive, déclarant que les témoins entendus ne lui permettaient pas d'assimiler l'oiseau mélomane aux « bétes nuisibles » visées par la loi.

— L'Opéra House de Jersey vient de donner trois grands festivals avec le concours de la musique municipale de la ville de Rennes. Grand et immense succès pour les oeuvres de G-ounod, Delibes, Massenet, Saint-Saëns, etc.. Le consul français, M. Debail, ainsi que le connétable de la ville ont vivement félicité le chef, M. Emile Boussagol, de ces belles exécutions. Dans une éloquente et patriotique allocution, le connétable a rappelé les faits récents de la visite des deux chefs d'Etat. A la fin de cette allocution de vigoureux hourras partirent de l'assistance tant en l'honneur des Français que pour les artistes. Ces fêtes à Jersey, auxquelles la population tout entière a pris part, sont une nouvelle preuve de la solidarité unissant les deux nations et un hommage de plus rendu à la musique française.

— A la société philharmonique de Varsovie on exécutera pendant la saison prochaine une cantate du pianiste Paderewsky, paroles du poète polonais Casimir Tetmayer.

— Deux violonistes encore enfants, M. Michel Elman, élève de M. Auer du Conservatoire de Saint-Pétersbourg, et M. Vécsey, élève de M. Jeno Hubay, se sont fait entendre le premier à Odessa, le second à Budapest. Grand succès, naturellement.

— De Mexico : On vient de donner avec un succès colossal la Manon de Massenet, qui a été montée très artistiquement par les soins du jeune et remarquable chef d'orchestre Polacco, qui avait dirigé déjà l'ouvrage au Lyrique de Milan en présence du maitre français. — Les impresari Sieni et Drog ont obtenu le théâtre Arben, de notre ville, pour la grande saison qui commencera fin septembre prochain. On y reprendra, bien entendu, Manon et on annonce, comme autres ouvrages français, Mignon d'Ambroise Thomas et Werther et la Havanaise, de Massenet. C'est là le résultat de la grande réaction qui se produit en ce moment contre les éternelles zarzuelas espagnoles, dont jusqu'à présent nous étions presque exclusivement gratifiés, et qui, dès cette année, marque un grand pas en avant en faveur de l'art, puisque nous aurons six mois de -tnson d'opéras, au lieu des deux que nous avions auparavant. Le gouvernement lui-même, d'ailleurs, encourage de tous ses moyens ces entreprises théâtrales sérieuses.

PARIS ET DÉPARTEMENTS

A 1 Opéra, demain lundi soir, réapparition, sur les affiches, du Sigurd, 'le M. Ernest Reyer, que la bonne sollicitude de M. Gailhard laissait reposer depuis quelque temps déjà. C'est M. Garay qui en sera le héros et ce n'est point M'te Bréval qui sera sa Brunehilde, mais bien M11* Hatto.

— Bien que M. Gailhard soit toujours absent de Paris—il est en ce moment tt Ludion, d'où il se rendra à Biarritz pour ne rentrer qu'au mois de septembre, — les études musicales de l'Étranger semblent poussées avec toute •activité dont on est capable dans la célèbre Maison. Voici la distribution de i'oeuvre de M. Vincent d'Indy :

L'Étranger

André

Le vieux Pierre

Un jeune homme

Un pêcheur

Un vieux marin

Le contrebandier

Un vieux pêcheur

Vita

La mère de Vita

Madeleine.

Une vieille

MM. Delnias Laffitte Gallois Gougnet Douanier Lacome

j Stamler

M 11" Lucienne Bréval Gaul ai n court Mathieu Beauvais

Lunique décor sera brossé par M. Jambon et, dès que M. Gailhard sera tt'ntre, on commencera les répétitions e.n scène.

— On travaille aussi, avec une ardeur aussi convaincue, à l'Enlèvement au sérail de Mozart, qui formera affiche avec l'Étranger.

— Nous avons dit, la semaine dernière, que M. Gailhard avait engagé M1Ie Borgo, ajoutons que le directeur de notre Académie nationale de musique réclame également M. Devriès, premier prix de chant et second prix d'opéra, qui entrera ainsi dans une maison où le nom qu'il porte a laissé d'inoubliables souvenirs.

— Quant à M. Albert Carré, toujours en villégiature à Thoune, en Suisse, il n'a encore manifesté l'intention de signer aucun engagement, parmi les lauréats de cette année.

— A l'Opéra-Comique les choeurs sont convoqués, pour reprendre le travail de répétition, le lundi 17 août, à une heure. Les artistes devront se trouver au théâtre, dans le même but, le lundi 24 août seulement. On se remettra do suite aux éludes de la Tosca de M. Puccini et de la Reine Fiammette de M. Xavier Leroux qui, très avancées, avaient été interrompues par les vacances.

— Pour la Théodora, que M. Xavier Leroux va mettre en musique', c'est. M. Victorien Sardou qui transformera lui-même, et sans collaborateur, son drame byzantin en opéra.

— Quant à Hélène et Paris, dont nous avons les premiers annoncé l'apparition, ajoutons que M. Camille Saint-Saëns sera son propre librettiste, tel autrefois Berlioz, tel aujourd'hui M. Gustave Charpentier. C'est le jeune peintre décorateur si talentueux, M. Ronsin, qui est chargé, par la direction de l'Opéra de Monte-Carlo, où aura lieu la première représentation, des décors de l'oeuvre nouvelle de l'auteur de Samson et Dalila.

— M. Saint-Saëns, qui a passé une partie du mois dernier à Aix-les-Bains, ou mieux au Revard, où dès quatre heures du matin les paires pouvaient le voir méditer et travailler, abrité sous quelque sapin des liants plateaux. M. Saint-Saëns est arrivé au commencement de cette semaine à Béziers pour présider aux dernières répétitions de Parysatis et de Déjanire, dont les représentations auront lieu les 9, 11. 16 et, 18 août.

— Au théâtre de la Gaité, plus rien que des ouvriers, qui, du haut en bas, embellissent la salle pour la prochaine saison lyrique. MM. Isola sont, en effet, partis depuis plusieurs jours prendre quelques vacances, M. Saugey fait une saison à Vittel et M. Luigini a rejoint ses casinos de Biarritz. Mais, avant son départ, M. Saugey a fait la. commande définitive des décors et des costumes à'tlérodiadc. Pour les décors, c'est M. Ronsin qui exécutera le •1e 1' acte, M. Amable les 2e et 4e et M. Carpezat le :ï'\ M. Edel a dessiné tous les costumes dont les belles maquettes sont d'ores et déjà entre les mains des soeurs Pascaud qui sont chargées de les confectionner.

— A ce même théâtre, on parle des engagements de Mlll! Fnreau, premier prix d'opéra-comique, seconds prix de chant et d'opéra, et de M. Lafond, deuxième prix de chant et premier accessit d'opéra.

— En plus de M1Ie Marguerite Audan, élève de M. Ch.-M. Widor dont nous avons, dans notre dernier numéro, annoncé l'intention de se présenter l'année prochaine au concours pour le prix de Rome, voici qu'on parle encore de M ""Nadia Boulanger, élève de M. Chapuis. qui vient de remporter le premier prix d'harmonie. Il va, messieurs, falloir vous bien tenir!

— M. Jules Claretie vient de signer les engagements, pour la ComédieFrançaise, de M1Ie Dussane et de M. Brunot, l'un et l'autre premiers prix de comédie aux derniers concours du Conservatoire.

— De notre confrère « un Domino » du Gaulois : ■< Los vacances de M. Clt.- M. Widor. Le compositeur de te Korrigane quitte d'ordinaire Paris après la :é|o du 15 août. Ce jour-là, les voûtes de Saint-Sulpice retentissent encore îles accents de son/irguo. C'est le dernier de la saison. Où va-l-il '.' 11 voyage quelquefois à l'étranger d'abord. Puis, quand il a visité les musées d'Italie ou d'Allemagne, il refranchil de nouveau la frontière et vient s'installer pour quelques semaines à l'Arbresle, près de Lyon. M. Widor est né à Lyon, où son père fut avant lui un des maîtres français de l'orgue. C'est à l'Arbresle qu'il passera cette année toutes ses vacances, sur les bords du Rhône, qui. à cet endroit, roule ses eaux rapides entre des falaises escarpées. Il vil là. au milieu de sa famille, une vie champêtre. U partage son temps entre le travail elles excursions. Il est un inlrépide marcheur. C'est à l'Arbresle qu'il a terminé, voilà deux ans, la partition des Pêcheurs de Saint-Jean, qui attend sou tour à l'Opéra-Comique. C'est là encore qu'il va, celte année, travailler le livre!de Nerto, d'après le poème de Mistral. Entre temps, les grondeinenls des eaux du fleuve lui apporteront des sonorités nouvelles, pour ses belles symphonies d'orgue. En attendant, il va. publier un magnifique concerto pour piano, qu'exécutera prochainement, pour la première l'ois en public, son ami Philipp, et qu'il a intitulé : Tapage nocturne. Ce morceau est de toute beauté el il fera certes du tapage dans le monde. »

— Est-ce que les bêtises vont recommencer et allons-nous revoir les pianos ou orgues de barbarie remplacer les oreltesl rc> dans nos music-halls '.' Le dernier numéro du Courrier de l'orchestre, organe des musiciens syndiqués, publie, en effet, un appel par lequel il prie ses alliliés de ne signer aucun engagement avec aucun concert ou music-hall parisiens. Alors.'


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LE MÉNESTREL

— Toujours dos lyriques! Il s'agit^ cette fois, de M. François, ancien directeur du théâtre des Arts, à Rouen, qui voudrait tenter de transformer en Opéra populaire ITIippo-Palacc.

— A l'occasion du centenaire do la naissance d'Adolphe Adam (24 juillet 1803), nous pouvons rappeler deux circonstances qui se rattachent à la composition du Chalet, ce petit chef-d'oeuvre dont le succès a égalé chez nous, dépassé parfois, celui du Postillon de Lonjumeau et celui de Si j'étais roi. Deux causes justifient ce succès et permettent aux musiciens les plus incurablement austères (;t graves do prendre un plaisir affranchi de scrupules à l'audition du charmant petit acte. La première'de ces causes, c'est la grâce épanouie et affectueuse d'une grande partie do la musique: la seconde, c'est le coloris vraiment helvétique et montagnard d'un très grand nombre de morceaux. L'invention heureuse, le bonheur de l'inspiration ne sont pas non plus à dédaigner, mais ce n'est pas là-dessus que nous voulons insister. Or, s'il y a tant de fraîcheur, disons le mot, tant de .suave sentimentalité dans le Chalet, c'est que le livret en est emprunté à u no oeuvre de Goethe; si le coloris musical de l'oeuvre est si juste, si attrayant, c'est que bien des pages ont pour origine des airs suisses authentiques présentés avec art et d'une louche très fine. La pièce de Goethe est un intermède en un acte : Jery et Baeteli. Elle fut jouée à Weimar par la belle cantatrice et tragédienne Corona Schroeler. Un des principaux airs suisses employés est encore chanté aujourd'hui dans le canton de Berne. Il a été introduit dans un quatuor vocal de Ferdinand Huber. C'est exactement la

phrase bien connue :

Liberté chérie

Seul bien de la vie...

Cinq aimées avant Adam, Rossini avait utilisé pour Guillaume Tell nombre d'airs et do formules suisses.

— Au nombre des officiers compris dans la récente promotion de l'armée territoriale, nous remarquons le nom de notre collaborateur Julien Tiersot, nommé capitaine.

— On parle d'une intéressante invention ayant pour objet de permettre la fixation el la reproduction automatique du rythme musical d'une exécution donnée. C'est un compositeur connu, M. Alberto Gentili, quia imaginé des appareils enregistreurs pour permettre d'obtenir, pendant tout le cours d'un morceau ce que nous pourrions appeler la physionomie rythmique d'une interprétation musicale. Sans vouloir porter un jugement sur une tentative peut-être fort ingénieuse, ni méconnaître les avantages qu'il y aurait à pouvoir saisir au passage lotîtes les modifications que subit la mesure pendant un allegro ou un adagio, on peut se demander si toutes les inventions de ce genre n'ont pas un inconvénient capital, celui d'enregistrer mécaniquement ce qui est le résultat, le produit pour ainsi dire, d'une expansion intellectuelle et d'une manière de sentir qui résultent d'une disposition d'esprit et de corps nécessairement instantanée. On admet en général qu'il n'y a pas dans un morceau deux mesures rigoureusement identiques comme durée, mais quand on aura (ixé la durée exacte de chaque temps, de chaque note même, ce qui est matériellement possible, cela n'empêchera pas qu'un chef d'orchestre qui sent cl qui vibre pourra exécuter autrement et tout aussi bien que le compositeur tel ou tel fragment, tandis que le batteur de mesure froid et mécaniquement lulèle donnera une exécution sans vie aucune et parfaitement insignifiante. D'ailleurs toutes les inventions du même ordre sont précieuses, mais seulement comme l'est le métronome, à litre d'indication.

— La voix chez les animaux!... Le cheval a la voix la plus mélodieuse de foutes; ses hennissements embrassent l'étendue d'une gamme chromatique sans excepter le, moindre demi-ton. L'âne peut rivaliser sans trop de désavantage; après lui vient le singe, c'est la Palti du monde des quadrupèdes. Il monte et descend l'octave par tons et demi-tons. L'aboiement du chien n'est pas la voix naturelle de ce fidèle animal; c'est la captivité, c'est le servage séculaire qui lui ont fait perdre ses moyens et la noblesse de son organe; moyennant une opération chirurgicale, il saurait parler!... Voyez un peu l'avantage pour les personnes qui possèdent des chiens d'appartement ou des chiens de manchon. Quolle joie de pouvoir causer en portant s»n manchon à ses lèvres pour se garantir du froid'. Plaudite, vénères! Grâces, applaudissez!

Do Limoges : Les fêles de la Muse du Peuple viennent de se terminer

par une représentation populaire du Couronnement de la Muse. M. Gustave Charpentier dirigeait son oeuvre. Un public qu'on peut évaluer à 40.000 personnes ii frénétiquement, applaudi l'auteur de Louise, puis MUo Alice Gillet qui personnifiait la Beauté, le grand mime Séverin, le ténor Duffaut, MM. Boucrol, Laclianaud. Faulhoux et un gracieux ballet réglé par M. Bucourt et recruté à l'Opéra ; au premier rang on remarque Mllcs Souplet et Hugon. Le soir, dans les jardins de l'exposition organisée par M. Soulay, huit cents chanteurs et musiciens exécutèrent un hymne de grande allure composé par M. Gustave Charpentier sur un poème de M. Saint-Georges de Bouhélier. La l'été so termina vers minuit par une apothéose de la Muse, à laquelle prirent part la plupart des musiques et sociétés de la région.

— Le comité du centenaire de Berlioz à Grenoble vient d'arrêter définitivement, le programme de ses l'êtes comme suit :

Dimanche. 16 août, à 8 h. 1/2 du soir, la Damnation de Faust, sous la direction de M. Léon Jéhin. avec le concours de M"'- Pacary, de MM. Cossira. Dangès et Ferran. Lundi. 17 août, à 3 h., sous la direction de M. Georges

Marty, et avec le concours de MUe Éléonoré Blanc et de M™ Ch. Ma- •' '

Carnaval Romain, fragments de Roméo et Juliette, Harold en Italie 9c .'! i

l'Absence, le Jeune pâtre breton, duo de Béatrice et Bénédict, Ouverture du f ■'''' '"■

— Conférence sur Hector Berlioz, par M. Julien Tiersot. — Pour le cent "^ •

d'Hector Berlioz, poésie inédite de M. C. Saint-Saëns, dite par M"le Maza •' ^ ' Symphonie fantastique, sous la direction de M. Félix Weingartner. Les el ~~

et l'orchestre du cercle d'Aix-les-Bains, 150 artistes en tout, assureront, l'.'' -:

cution de ces programmes. • . - • " "" ?

M. Julien Tiersot s'occupe, en outre, de faire entendre, au moment de fin guralion de la statue,, la Marseillaise, orchestrée, par Berlioz, et l'hymne d' '

théose de la Symphonie funèbre et triomphale ; l'ouverture des Francs juqes et \ \

Marche hongroise de la Damnation de Faust compléteront le programme mus t '

de la cérémonie. Pour ces deux morceaux on aura recours à d'imposantes mas< - î

instrumentales et chorales comprenant près de quatre cents exécutants. * t

— D'Aix-les-Bains : Splendide concert de charité donné au Cercle sous l> - patronage dès Dames d'Aix-les-Bains et en présence d'un public d'élite, avec ' au premier rang, le roi de Grèce. Très très gros succès pour M™ Gandrev cm' fut la très belle triomphatrice de cette fête, en chantant exquisement. avec > Mmo Revel, les Trois oiseaux de Delibes et Chanson de mai de Lassen. Des bravos F très grandement mérités aussi pour M" 10 Provinciali-Celmer et pour M. VWe- ! man dans le Passepied pour harpe et violon de Périlhou et pour le joli orchestre ' de M. Provinciali, notamment dans Crépuscule de Massenet.

— La messe de Mme de Grandval vient d'être exécutée pour la seconde fois dans '; la jolie église de Rosny par les soins de Mme Lebaudy et de son excellente ? maîtrise, dirigée par M. Schneider. Les soli étaient chantés par Mlle Éléonoré Blanc et M. Mauguière. L'exécution a été remarqi •' '■■'. ''oeuvre a produit une grande impression. |

— D'Orange : Dimanche dernier, représentation aiu j,ce, dans laquelle on =r a acclamé MM. Mounet-Sully, Albert Lambert fils, Paul Mounet, Mmos SegondWeher,. Moreno et Delvair. En l'absence de MUc Calvé, souffrante à Londres, f Mmes Gay et A^allandri ont fait entendre des chansons populaires du Midi. ï

— A propos du Théâtre-Antique d'Orange, ajoutons que Mme Garislie- ; Martel qui y a donné, cette saison, la première série de représentations - ' Phèdre, avec Mme Sarah Bernhardt et la belle partition de Massenet — vient d'envoyer au maire de la ville une somme de deux mille francs destinée au ' bureau de bienfaisance. Mme Cai*stie-Martel redonnera des représentations :

, l'année prochaine, du Ie 1' juin au 15 août.

— Encore un théâtre de plein air. Cette fois, c'est à Cauterels qu'éclot la nouvelle entreprise; et celle-ci, tout à fait désintéressée, est due à l'initiative ; de M. le docteur Meillon, bien connu des baigneurs de la célèbre station pyré- ,i néenne. Comme scène, un parc naturel; comme rideau de fond un monticule qui se silhouette sur un cirque et sur les cimes formant panorama. On annonce ; déjà pour le 15 août une représentation d''OEdipe-Roi. donnée avec M. MounetSully, et on compte monter Cavalleria rusticana, avec, comme principale interprète, MUo Foreau, la triomphatrice des derniers concours du Conservatoire, ;

— Et comme la série ne semble pas devoir être close de sitôt, en voici encore un autre qu'il est question d'installer dans les ruines de Champlicu, à } l'entrée de la forêt de Compiègne, et qu'on transformerait en théâtre antique. ; Pour réunir les ressources nécessaires à cette transformation, peu coûteuse, ï on va ouvrir une souscription clans la région intéressée. ï

'■ — D'Agen : La ville vient d'hériter d'une somme de 500.000 francs que lui

lègue un riche agenais à la condition de faire agrandir le théâtre. ■

— SOIRÉES ET CONCERTS. — A ta séance de clôture de la Société de Musique nou- :, velle (fondation Eymieu), très applaudies les oeuvres de Paul Lacombe et L. l'illiauxTiger dont la si caractéristique Pluie en mer a été magistralement interprétée par J Féminente cantatrice Éléonoré Blanc, qui a retrouvé le même succès, au ïrocadéro quelques jours après dans cette-même mélodie. — Les nombreuses séances, auditions ; et examens de lin d'année,- consacrés exclusivement aux oeuvres de L. Filliaux-Tiger, i ont permis de constater l'excellent enseignement de M"' Cadot-Archambaud. Très applaudis : Source capricieuse, Impromptu (par Mu°Crépin),aii' d'Hérodiaie (Massenet), par M,ne Gaillard. — Chez M 11» Arqué, le jeune et sympathique professeur, vif succès -j pour le Roman d'Arlequin de Massenet, transcrit par Filliaux-Tiger, exécuté par ■ M" 0 Arqué et l'auteur..— Enfin, chez Mma de Silva, interprétation par l'auteur des ■ mêmes Source capricieuse et Impromptu en compagnie d'oeuvres de Thomé et Paul ; Rougnon. — Brillant concours également sur Impromptu par un groupe important \ d'élèves de M™» Quénéhen.

HENRI HEUGEL, directeur-gérant.

A CÉDER Commerce de musique et instruments dans ville de l'Ouest. Maison fondée en 1833. Bonne clientèle. S'adresser pour tous renseignements a M. S. BEIVTIIELOT, 2, place des Halles, Angers.

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