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Titre : Le Ménestrel : journal de musique

Éditeur : Heugel (Paris)

Date d'édition : 1903-08-02

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344939836

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb344939836/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 44462

Description : 02 août 1903

Description : 1903/08/02 (A69,N31)-1903/08/08.

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5782991f

Source : Bibliothèque nationale de France, TOL Non conservé au département des périodiques

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 01/12/2010

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LE MÉNESTREL

réflexions et les tourments .des dernières journées. Depuis le dimanche des Rameaux, 4 avril 1773, les noces étaient célébrées. Consummatum est ! Tout est consommé ! se dit Wolfgang.

La silhouette resta (1).

(A suivre.) AMÉDÉE BOUTAREL.

LES CONCOURS DU CONSERVATOIRE

VIOLON

Avant de rendre compte du concours de violon, j'aurais voulu connaître le malfaiteur qui a eu l'idée de choisir comme morceau de ce concours l'infâme concerto en ré mineur d'Henri Wieniawski. Cet homme assurément n'aime pas la musique,

autrement, jamais idée aussi biscornue ne lui serait entrée dans la cervelle. De la musique, ça? Pour les singes, alors, ou pour les acrobates. Un prétendu concerto, dans lequel on ne rencontre pas une idée, pas deux périodes qui se suivent et s'enchaînent, pas une phrase de chant, rien crue des traits — et quels traits ! — crui se succèdent et s'enchevêtrent les uns dans les autres sans qu'on sache pourquoi. Ça n'a ni forme, ni style, ni couleur, on peut dire ni queue ni tête, c'est impossible à phraser, et c'est froid à vous glacer le sang dans les veines. Des arpèges, des accords, des octaves, des doubles, des triples, des quadruples cordes, en veux-tu, en voilà, et puis après ? Qui pourrait dire, en entendant une pareille... chose, si un élève a du style, s'il sait chanter, ou seulement filer un son ? Ah ! les pauvres enfants, que vous condamnez à un tel supplice ! C'est pour leur former le goût que vous leur faites jouer ça? Mes compliments. Mais, saprelotte ! le violon n'est ni un instrument de saltimbanque, ni un instrument de torture. Il est fait pour charmer, pour émouvoir, et non pour faire grincer les dents des auditeurs. Ah ! messieurs les professeurs du Conservatoire, vous trouvez « trop faciles » les concertos de Viotti, de Rode et de Kreutzer? Eh ! bien, quand vos élèves auront joué dans leur caractère, dans leur style et dans leur couleur le 17e, le 18e, le 22e ou le 24e concerto de Viotti, le 1er ou le 7e de Rode, la lettre G de Kreutzer, je vous réponds qu'ils sauront et qu'ils prouveront plus, au point de vue général, qu'en exécutant les porcherie (je n'ose pas dire le mot en français) de tous les Wieniawski du monde. Au moins nous saurons, nous, s'ils sont capables de soutenir une blanche, de phraser convenablement mi dessin mélodique de huit mesures et de faire le grand détaché.

Une autre question, et d'un autre genre, est à envisager en ce qui concerne le concours de violon, c'est celle de l'envahissement des classes par l'élément féminin. Celle-ci est fort importante, et il me semble qu'on devrait justement s'en préoccuper au Conservatoire. Il est de toute évidence que les classes de violon ont été établies surtout pour les hommes, l'instrument étant essentiellement masculin, et les femmes ne s'y présentaient et n'y étaient admises jadis que tout à fait exceptionnellement. On n'en vit guère jusqu'au milieu du siècle dernier. A partir de ce moment elles commencèrent à s'y montrer. En 1882 on voit Mlle Urso concourir et obtenir un accessit. Cinq années se passent, et en 1857 un second prix est accordé à MIle Hummler. Peu à peu ces demoiselles y prennent goût, et à partir de 1860 il ne se passe guère d'année sans qu'un ou deux prix (premier ou second) leur soient attribués. On trouve alors les noms de Mlles Boulay, Castellan, Closet, Bastin, Tayau, Boulanger, Pommereul (Mme Rouvier), Teresina Tua, Harlmess, Hillemacher, Carpenter, Sinay, Juliette Dantin, Gauthier, Langlois, Magnien, Duport, etc. En 1888 elles accaparent 8 récompenses, tant prix qu'accessits. C'est le moment de la véritable invasion. En 1889 elles obtiennent S récompenses, 3 en 1890, 2 en 1891, 1 en '892, 2 en 1893, 1 en 1894, 2 en 1893, puis 4 en 1896, 6 en 1897, 5 en 1898, 4 en 1899, 4 en 1900. Enfin, en 1901 elles sont 12 sur 30 élèves fui prennent part au concours, et elles raflent 9 récompenses sur 19, dont 4 premiers prix sur 6, et cette année elles se présentent 14 sur 34 . et obtiennent 9 récompenses sur 20, dont 3 premiers prix sur S.

dira que cela fait honneur à leur talent, et j'en suis d'accord. Mais il n'en est pas moins vrai que cela n'est pas juste, et pour beauC0UP de raisons. D'une part, nos jeunes violonistes commencent, dès làge de douze ou treize ans, à gagner leur vie dans les orchestres (nous avons tous passé par là) ; par conséquent, leurs soirées étant prises par la nécessité du pain quotidien, ils ont moins de temps pour travailler, tandis que ces demoiselles peuvent encore employer une partie des

!' Werther, Deuxième partie, Lettre du 20 février.

leurs d'une façon utile sous ce rapport. D'autre part, les premiers sont astreints au service militaire, et s'ils n'ont pas fini leurs études lorsqu'arrive le moment de rejoindre son corps, il leur faut partir et perdre deux années ; pendant cette absence leurs concurrentes n'ont naturellement pas perdu leur temps, et lorsqu'ils reviennent celles-ci ont sur eux un avantage énorme ; la partie n'est plus égale. Enfin, il faut bien le dire, la jeune fille, à mérite égal, l'emportera toujours sur un homme dans un concours, et cela pour beaucoup de raisons fort naturelles — j'entends, cela va de soi, de raisons purement artistiques. Eh bien, je dis que le Conservatoire devrait se préoccuper, et le plus promptement possible, de remédier à une situation devenue absolument anormale. Deux solutions se présentent : ou bien créer une ou deux classes de violon spéciales aux femmes, et faire deux concours distincts, comme cela se fait pour le piano et pour le chant ; ou bien faire un concours mixte, avec une série de récompenses pour chaque sexe, comme cela se fait pour les concours scéniques, et peut-être serait-ce là le meilleur moyen. Mais il me semble que la situation ne peut, sans une criante injustice, rester ce qu'elle est depuis quelques années. Nos jeunes gens ont vraiment trop à en souffrir.

Si l'on tient compte de la qualité déplorable du morceau choisi cette année pour le concours, il faut constater que celui-ci n'a rien à envier aux précédents, et que notre école française de violon conserve toujours son incontestable supériorité. Aussi, on a vu crue les récompenses sont en nombre respectable. Sur trente-quatre concurrents, le jury a distribué cinq premiers prix, quatre seconds prix, cinq premiers et six seconds accessits. J'ajoute que son jugement s'est trouvé volontiers d'accord avec celui du public. On n'eût pu peut-être lui reprocher que de n'être pas encore assez généreux. Et pourtant...

MUc Réol, nommée la première pour le premier prix, est tout à fait aimable. Elle a de la finesse, du goût, de la grâce, avec cela un joli son, un bon mécanisme, des doigts habiles, un staccato brillant. Que demander de plus? •— M. Arthur est un artiste en pleine possession de son talent. Il a un beau son bien plein, un archet excellent, une justesse superbe, un jeu plein de ilamme et d'ampleur. — Celui de MUe Schuck n'est pas sans doute aussi complet, et certains détails d'exécution ne sont pas tout à fait au point. De la grâce, de l'élégance, de la facilité, et d'ailleurs un ensemble de qualités qui révèlent une jolie nature artistique. — Mlle Lipmann est extrêmement remarquable. Un son bien nourri, un archet très ample, comme l'exécution, qui est hardie, nerveuse, très sûre et très colorée. C'est très beau, et il y a là un tempérament. — M. Tourret a de l'acquis, du brillant, de la crànerie, une belle justesse, un jeu ample et sûr; il s'est efforcé de donner de l'expression à la seule phrase presque mélodique qu'on rencontre dans cette musique enragée. En tête des seconds prix se trouve le jeune Mendels, un enfant de treize ans, qui est presque un petit prodige. Il est étonnant, ce gamin, et tout à fait charmant. Il a de la grâce, du goût, de la sûreté, un grand son avec son petit violon, un excellent bras droit; il ne rate pas une difficulté, et il n'y a pas un trou dans son jeu. C'est peut-être un peu mécanique, mais enfin il n'y a pas à dire, le résultat y est. Je ne craignais qu'une chose, c'est qu'on lui donnât un premier prix. Le jury a été prudent, et il a eu raison, dans l'intérêt même de l'enfant. •— M. Elcus a des doigts excellents, du son, un bon archet, une exécution non seulement ferme, précise et assurée, mais bien personnelle, avec un instrument bien en main et dont il sait se servir. — Ce n'est pas par la personnalité que brille MUc Gaudefroy, qui a le jeu plus solide qu'élégant, plus sûr que gracieux. Point de qualités particulières, mais un bon ensemble. — M. Hewitt a un archet superbe, du son, une exécution nerveuse et brillante ; avec cela de l'élan, du feu, du tempérament. Quelques faiblesses parfois, mais une nature.

Un grand son, dû à un archet bien à la corde, un bon bras droit, un jeu qui se distingue par sa franchise et son assurance, telles sont les qualités qui ont valu à Mllc Leroux un premier accessit. — M. Lestringant est un enfant de quinze ans qui se fait remarquer par son aisance et son étonnante sûreté. Bon bras droit, archet facile, beau phrasé, fie la grâce et de l'ampleur, des doigts superbes, que lui demander de plus? — M. Cantrelle, lui, n'a que quatorze ans, mais aux âmes bien nées..., vous savez le reste. Il a de la sûreté, de bons doigts, un jeu hardi et bien étudié mais qui manque un peu d'air, avec un archet un peu lourd. Mais l'ensemble est intéressant et très gentil. Avec de bons doigts aussi Mllc Lapié a un petit son, un petit archet, et la grande justesse laisse parfois à désirer. Cependant, cette fillette de quinze ans a des qualités de travail qui méritaient d'être encouragées. M. Ledru possède, lui aussi, de bonnes qualités d'ensemble dont il faut lui tenir compte.

Des premiers aux seconds accessits la distance n'est vraiment pas grande. M. Bittar joue très juste, il a du brillant, de la sûreté, un bon archet, et phrase avec un certain charme. — Quelques qualités sans