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Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1933-11-11

Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328123058

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb328123058/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 123753

Description : 11 novembre 1933

Description : 1933/11/11 (Numéro 18133).

Description : Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail

Description : Collection numérique : La Grande Collecte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k578163d

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 25/06/2008

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J LES MILLE ET UN MATINS

Nous venions de procéder à la reconstitution du crime de l'avenue de Clichy. Nous étions seuls, le commis- saire divisionnaire et moi, dans l'au- to qui nous ramenait quai des Orfèvres à travers l'encombrement d'un Paris surchauffé. Un barrage nous immobilisa au milieu d'un bloc de voitures, à la hauteur d'une pharmacie.

Vous voyez cet Immeuble, Gaillard ? me dit Jérôme. Oui, la maison du pharmacien. C'est là que j'ai logé du 1922 à 1926, quand j'étais le commissaire du quartier. Et tenez Vous qui collectionnez les histoires, écoutez-celle-ci. Elle date de 1925.

> J'habitais au quatrième étage sur la cour. Mais levez les yeux voyez-vous ce bel appartement du deuxième, avec balcon ? C'était alors et c'est encore, vraisemblablement le domicile du docteur Juliette Costeliez. Dites doctoresse si vous préférez je n'y vois, pour ma part, aucune objection.

> Un soir, je venais de rentrer chez moi. Le pharmacien m'avait retenu en bas, pour m'entretenir d'une affaire. Il était tard. On sonne à ma porte, et la bonne m'annonce qu'une dame insiste pour être reçue. Carte de visite docteur Julteite Costeliez. » Faites entrer.

> Mon dîner refroidirait. Ce n'était pas la première fois. Dans notre métier, vous savez ce que c'est, hein » Je connaissais de vue Mme Costeliez. Je la rencontrais parfois ainsi qu'André Costeliez. Elle avait même passé tout à l'heure devant la vitrine du pharmacien, pendant que nous causions. C'était une grande belle fille brune, d'une trentaine d'années au plus, l'œil bien clair, bien loyal. Intelligente, fichtre Mais émue. Elle avait beau faire, cela ne pouvait pas m'échapper. j> Elle me rappela qu'elle habitait la maison. Je lui demandai très courtoisement en quoi je pouvais lui être utile. Alors, assise en face de moi, dans un fauteuil, elle me dit, assez pâle, avec ce sourire forcé que nous connaissons si bien

» C'est moi, monsieur le commissaire, qui ai fait. ce que vous savez. Je ne veux pas qu'un doute puisse subsister une seconde de plus à ce sujet. Il n'est pas dans mon caractère de dissimuler. J'ai commis, sous l'empire d'une impulsion, un acte que je commettrais à tête reposée, si c'était à refaire. Mon seul tort a été de ne pas m'en accuser aussitôt que cela fût possible. Si vous voulez bien m'écouter, je vais réparer cette faute, que je regrette infinimenj;.

n En votre qualité de commissaire de police, vous savez peut-être, monsieur, qu'André Costeliez n'est pas mon mari. Non ? Eh bien, c'est ainsi. Moi, je m'appelle Costeliez lui ne se nomme, en réalité, ni André, ni Costeliez. Il n'a pas de nom. Cet homme admirable, que j'aime au-dessus de tout, n'est personne, au regard de l'état civil. Il a été ramassé près de Fère-Champenoise, après la bataille de la Marne, avec une balle dans la tête, sans que rien permît de l'identifier plaque, livret, matricule quelconque ou écusson. Le cas, hélas s'est produit plus d'une fois. Celui que j'appelle André Costeliez est au nombre de ces 'malheureux qui ne savent plus eux-mêmes qui ils sont.. Trépané, soigné, à peu près guéri de sa terrible blessure, il s'est réveillé dans un monde inconnu. Sa mémoire est restée au delà de 1914. Il ne se rappelle plus rien de son passé.

> Je l'ai connu en 1917, dans un hôpital où je faisais un stage. H m'intéressa tout de suite prodigieusement. Je trouvai en lui un être. peu cultivé, certes, d'origine rurale très probablement, mais doué d'un ccëur exquis, d'une sensibilité rare et d'un esprit dont la finesse et la justesse me surprirent. Il ne se laissait nullement accabler par son étrange sort, il subissait avec vaillance les crises extrêmement douloureuses dont il souffrait encore.fréquemment, et il était dévoré du désir d'apprendre, de vivre avec intensité. Nous nous sommes aimés. Nous nous aimons toujours aussi tendre-

ment, aussi puissamment. Aujourd'hui, onze ans après la bataille de la Marne, André, à qui j'ai prêté mon nom, occupe parmi les intellectuels une place chaque jour plus lumineuse. Je ne puis vous ,dire combien je suis fière d'y avoir concouru parûmes soins, mon dévouement, mon amour.

Oh Tout a été fait, croyez-le bien, tout, pour essayer de lui rendre le souvenir, et aussi pour retrouver ceux qui le connaissaient avant la guerre sa famille, peut-être même. sa femme Des journaux ont publié son portrait. Personne ne s'est présenté, jamais, pour le reconnaître. André va de mieux en mieux. Ces crises, dont je vous parlais, deviennent de plus en plus rares. Cependant elles l'abattent encore, à la cadence d'une tous les trois mois, environ. Ce sont des maux de tête d'une grande violence, qui le martyrisent durant une heure ou deux et contre lesquels j'épuise vainement les analgésiques dont la plupart, du reste, ne sauraient être ici employés sans danger.

J'ai pourtant bien cherché Je me suis ingéniée fiévreusement à combiner des remèdes capables d'atténuer les souffrances d'André. Ce matin, vers 8 heures, il a été pris de cette atroce céphalalgie. Aussitôt, je suis descendue chez le pharmacien et je l'ai prié de me préparer au plus 'lite une nouvelle combinaison, d'après la formule que je lui dictai (c'est un liquide qui ne peut pas être préparé d'avance). Il se hâta. Moins d'un quart d'heure après, j'avais fait à André, dans la région cervicale, une injection qui, à ma grande joie, le soulagea sur-lechamp. Je n'eus pas le courage de lui dire que, malheureusement, l'effet de la piqûre ne se prolongerait pas plus d'une demi-heure et qu'une deuxième piqûre entraînerait fatalement les plus graves conséquences. Je jouissais néanmoins de l'apaisement que je venais de lui procurer, quand, tout à coup, je le vis avec effroi se soulever sur ses oreillers, d'un air égaré.

Juliette Juliette Je me rappelle La mémoire me revient Un village. Je vois un village, une place. Je me vois sortant d'une maison, une valise à la main. Une femme, une jeune femme m'embrasse. Ah C'est cette piqûre qui m'a rendu la mémoire Juliette Je t'en supplie Empêche. empêche. Je ne veux pas me souvenir Je ne veux plus, maintenant Arrête cela, Juliette, ma Juliette Je ne veux pas me souvenir davantage » 'J'étais affolée, monsieur le commissaire. Je ne savais comment m'y prendre pour neutraliser l'action de ma drogue. Je pensai au chloroforme aucun autre moyen ne me venait à l'esprit pour plonger André dans une prompte insensibilité. Mais les douleurs revinrent brusquement, et avec elles revint l'amnésie. André se souvenait seulement du village inconnu et de la jeune femme mystérieuse. Pas un nom Il n'avait pas eu le temps Dieu merci de se rappeler ce qui, je suppose, nous eût perdus à jamais 1

a Je restai près de lui, la main dans la main, pour l'aider à souffrir, jusqu'à 10 heures.

s- Ma bien-aimée Ma bienaimée l me disait-il sans cesse. s. Lorsque enfin il s'assoupit, calme mais épuisé, je m'esquivai.

> Le pharmacien vous a dit certainement qu'une seule personne avait passé derrière son comptoir entre le moment où il avait vu intact son registre d'ordonnances et le moment où il avait constaté que la dernière page écrite en était arrachée. Il vous a affirmé que moi seule pouvais m'être rendue coupable de cet acte inouï.

» Le pharmacien a raison, monsieur le commissaire. Maintenant, la formule chimique n'est plus inscrite que dans ma tête, et je vous jure qu'elle n'en sortira pas, »

Naturellement, acheva, JérOme, quand le pharmacien a su ce qu'il en était, nous avons arrangé ça. Maurice Renard.

(Croit* 44 reproduction etds traduction réunii), un

LA COMMÉMORATION DE L'ARMISTICE

Une cérémonie

au ministère de l'intérieur

Selon la coutume, M. Camille Chautemps, ministre de l'intérieur, a déposé hier une gerbe de fleurs devant le monument élevé, dans la cour du ministère, à la mémoire des fonctionnaires et agents de l'administration centrale morts au champ d'honneur.

Tout le personnel du ministère de l'intérieur assistait à cette cérémonie, au cours de laquelle l'appel des morts a été fait par un grand mutilé.

Une minute de silence a été ensuite observée.

Au ministère des travaux publics M. Joseph Paganon, ministre des travaux publics, entouré des membres de son cabinet, des directeurs du ministère et des représentants du personnel de l'administration centrale, s'est rendu hier matin la cérémonie commémorative organisée par l'association des anciens combattants du ministère des travaux publics devant le monument aux morts.

Après avoir déposé une gerbe de fleurs au pied du monument, le ministre a invité l'assistance à se recueillir pendant quelques instants. Puis le président de l'association a rappelé, en termes émus, l'importance des vides causés pair la grande guerre dans les rangs du personnel des travaux publics et formulé le souhait que ce sacrifice servît au maintien de la paix.

Au ministère de la guerre

M. Daladier, ministre de la guerre, accompagné de M. Guy La Chambre, soussecrétaire d'Etat au ministère de la guerre, s'est rendu hier au monument élevé dans la cour du ministère à la mémoire des fonctionnaires de ce département morts au champ d'honneur et y a déposé une palme.

Au ministère

de l'éducation nationale

M. de Monzie, ministre de l'éducation nationale, a déposé hier, à 17 h. 30, une gerbe de fleurs au bas de la plaque commémorative des fonctionnaires de l'administration centrale morts pour la France.

Una délégation du bureau du Sénat à la tombe du Soldat inconnu Une délégation du bureau du Sénat, composée de MM. Jules Jeanneney, président Maurice Ordinaire, Lucien Hubert et Cuminal, vice-présidents Rolland, secrétaire; Gallet et Labrousse, questeurs, et accompagnée de M. Pierre de La Pommeraie, secrétaire général de la présidence, s'est rendue, hier, à 11 heures, à l'Arc de Triomphe, pour déposer, au nom du Sénat, une gerbe de fleurs sur la tombe du Soldat inconnu. Avant de quitter le palais du Luxembourg, la délégation du bureau, entourée des fonctionnaires et agents du Sénat, s'est recueillie devant les plaques commémorant la mémoire des sénateurs, fonctionnaires et agents morts pour la patrie.

Les cérémonies d'aujourd'hui Fidèle au culte du souvenir, la France entière fêtera, ce matin, à 11 heures, pour la quinzième fois, l'anniversaire de l'armistice.

Comme les années précédentes, c'est à Paris, devant le tombeau du Soldat inconnu, à l'Arc de Triomphe, que se déroulera la cérémonie officielle, en présence de M. Albert Lebrun, président de la République, assisté des présidents du Sénat et de la Chambre, du président du conseil, de tous les membres du gouvernement et des maréchaux de France.

Vers 10 h. 30, les drapeaux des régiments dissous après la guerre et déposés au musée de l'armée seront portés par les Champs-Elysées, escortés par un bataillon d'infanterie et un escadron de cavalerie, jusqu'à l'Arc de Triomphe ou ils encadreront la dalle sacrée.

Le chef de l'Etat arrivera à l'Arc de Triomphe à 10 h. 55. Après s'être incliné devant les glorieux emblèmes, M. Lebrun passera devant les grands mutilés de la guerre et viendra se placer face à la troupe. Cependant que les drapeaux s'inclineront, une bombe et des sonneries de clairon indiqueront le commencement de la minute de silence. Immédiatement après la fin du moment de silence, commencera le défilé des troupes. Celles-ci déboucheront par l'avenue Hoche et défileront sur la place de l'Etoile devant le président de la République, placé près de la tombe du Soldat inconnu, et partiront par l'ave.nue d'Iéna.

Aussitôt après le défilé, le président de la République regagnera l'Elysée par l'avenue des Champs-Elysées et les drapeaux et leur escorte rentreront aux Invalides.

Comme les années précédentes, la Flamme sous l'Arc de Triomphe organisera, le soir, une veillée funèbre au tombeau du Soldat inconnu, de 21 à 23 heures.

dra à son tour la garde et tavivera la flamme à 23 heures précises.

Le président du conseil municipal lance un appel

M. René Piquet, président du conseil

municipal, adresse l'appel suivant à la population

Mes chers concitoyens,

Vofci revenu le 11 novembre, jour anniversaire de la victoire libératrice et de la paix.

Comme en 1918, notre pensée feeonnaissante s'élève vers les grands morts dont le sacrifice sublime et les héroïques souffrances ont sauvé la patrie. Nos coeurs demeurent fidèles et n'oubiteront jamais.

Tous, demain, ainsi qu'il y a quinze ans, vous célébrerez ce 11 novembre comme une des dates les plus émouvantes de notre histoire nationale. Vous vous associerez aus cérémoniels dédiées à ceux qui sont tombés et qui dorment ensevelis dans le plus glorieux des linceuls.

Unanimement vous observerez 11 heures du matin une minute de silence, attestant par votre recueillement la ferveur d'un patriotisme qui ne sait pas faiblir. RENÉ Fiquei,

président du conseil municipal.

Le préfet de la Seine et le préfet de police, s'unissant à l'appel du président du conseil municipal, invitent la population parisienne à s'associer, dans une pieuse pensée, à ce geste de reconnaisLe préfet de police prie les directeurs de garages et chefs de dépôt des transports en commun de la région parisienne de rappeler aux conducteurs de voitures de place et de voitures particulières que toute circulation doit être interrompue .sur la voie publique, le 11 novembre, à 11 heures du matin, pendant la minute de silence qui est d'ailleurs signalée par une salve d artillerie et les sonneries de cloches.

Les cérémonies religieuses

En dehors de la commémoration officielle de l'anniversaire de l'armistice, plusieurs cérémonies religieuses auront lieu ce matin

Aux Invalides, à 11 h. 30 messe commémorative de la Victoire, sous la présidence du cardinal Verdier, en présence du président de la République, des membres du gouvernement, des maréchaux de France et des membres au conseil supérieur de la guerre.

La messe de Lpiûs Vierne sera chantée par la maîtrise Saint-Louis des Invalides (ensemble vocal et instrumental d'anciens combattants et victimes de guerre), sous la direction du sergent M. Laloy, grand blessé de guerre, maître de chapelle de Saint-Louis des Invalides. Au temple de la rue Noire-Dame-deNazareth, .10 heures cérémonie commémorative.

A la cathédrale russe Saint-AlexandreNevsky, rue,Daru, à 10 heures Cérémonie solennelle présidée par le métropolite' Euloge. A la basilique du Sacré-Cœur A 10 h. 45, messe des anciens combattants demain dimanche, à 15 heures Céré. monie présidée par Mgr Crépin. A l'église du Saint-Esprit, 5, rue Roquépine, à 15 heures, service organisé par la Fédération protestante de France, sous la présidence du pasteur Charles Merle-Daubignê. L'allocution sera prononcée par le pasteur Daniel Monod. A l'église polonaise, 263 bis rue SaintHonoré Consécration du drapeau de l'Association des anciens combattants polonais. Service religieux à l'occasion du 150 anniversaire de l'indépendance de la Pologne.

Rassemblement des groupements d'anciens combattants

8 heures métro Kléber fédération nationale des combattants volontaires. 8 h. 45 avenue Victor-Emmanuel-III (porte du Grand Palais) les loups du Bois-le-Prêtre (73" et 128e D. I.). Avenue Victor-Emmanuel-III (rondpoint des Champs-Elysées, derrière les grands mutilés) fédération nationale des engagés volontaires. Avenue Victor-Emmanuel-III confédération nationale des anciens combattants victimes de la guerre-

9 heures métro Champs-ElyséesClemenceau Turenne (A. C. des 37o et 237e,R. I. et 47° R. I. T.). Place des Ternes, 2° B. C. P. Porte principale du cimetière du Pèrè-Lachaise (boulevard de Ménilmontant) ligue des engagés volontaires de la Seine.

9 h. 30 métro George-V A. C. du 2360 R. I. Place des Ternes ttfïnVcale des anciens du 26' R. I.

10 h. 15 place de l'Etoile (avenue Mac-Mahon) les vétérans des armées de terré et de mer. 11 heures mairie du XVTII» arrond. la municipalité de la Butte-Montmartre; les anciens combattants et les pupilles de la nation. Allocution de M. Mayons, maire.

14 h. 45 métro George-V les membres de la Légion d'honneur décorés au péril de leur vie.

15 heures avenue George-V (trottoir de gauche) les croix de feu et briscards (brassards et décorations). Porte principale du cimetière de Pantin anciens prisonniers et victimes de guerre de la région parisienne.

Près de 5.000 gagnants de la Loterie Nationafe ont été réglés hier

Un chëque d'un million a été,remis à M. Thomé

Près de 10 millions ont encore été. distribués hier à 5.000 gagnants de la première tranche de la Loterie Nationale. Il est vrai que 4.695 des porteurs de billets ne devaient toucher au' pavillon de Flore que 200 francs chacun. Il' a été réglé 113 lots de 10.000 francs 12 de 50.000 18 de 100.000 3 de 500.000.

Ensuite, M. Cognet, directeur du service des émissions, a fait quatre millionnaires.

Comme la veille, l'un d'eux s'est cantonné dans un mutisme total.

Le deuxième, au contraire, a décliné ses nom, prénoms et qualité, Paul-Louis Maccart, 51 ans, de Loivre (Maine), vérificateur retraité de la Banque de France où il travaillait place Ventadour, à Paris.

Il fut suivi par un minotier de Valognes (Manche) qui réclama un chèque barré sur la Banque de France pour 900.000 francs et cent billets de mille qui devaient lui suffire « pour la soirée » disait-il, en souriant.

Enfin, M. Cognet devait recevoir la visite d'un de ses collègues. M. Thomé, directeur de la Sûreté générale, accompagné de sa femme, venait lui faire une visite qui n'était pas complètement désintéressée puisqu'il repartait avec un chèque barré d'un million sur la Banque de France. La dernière fois que j'avais vu M. Thomé, nous confiait son collègue des finances, c'était pour lui remettre moimême le billet qui devait lui rapporter un million. Il n'a fait que me rendre ma visite.

Les services du pavillon de Flore ont donc réglé 30 millions en trois jours. En contre-partie, la vente des billets pour les nouvelles tranches, y compris la cinquième depuis hier, s'est poursuivie au rythme de plus de 1.500.000 francs par jour, près de quatre millions depuis le tirage alors que, dans la semaine précédente, la vente s'était très considérablement ralentie.

Le recrutement des caisses mutualistes Le groupe pour la reylsion de la loi" sur les assurances sociales s'est réuni hier à la Chambre, sous la présidence de M. de Lasteyrie, et a décidé, à l'unanimité, de protester contre la circulaire de M. François Albert, ministre du travail, en date du 23 juillet 1933, qui compromet gravement le recrutement des caisses mutualistes. Il a chargé son bureau de faire une démarche auprès du ministre du travail pour lui demander le retrait de ladite circulaire. M. Lisbonne dans là Drôme M. LLsbonne, ministre de la santé publique, sénateur de la Drôme, a quitté Paris hier soir pour se rendre dans son département. Aujourd'hui après avoir rendu hommage à l'occasion de l'anniversaire de l'Armistice aux victimes de la guerre 'à Valence, M. Lisbonne 'présidera l'inauguration d'oeuvres sociales dans le département. Il assistera à un banquet qui lui est offert par la municipalité de Luc-en-Dillois..

Un legs à l'Académie française Il y a quelques jours décédait à SaintJustren-Chevalet, M. Daniel Sivet, propriétaire en cette localité, auteur de plusieurs volumes de vers.

Par testament, il a légué la plus grande partie de sa fortune, évaluée à 800.000 francs environ, à l'Académie Française.

Congrès national des personnels civils de la guerre, de l'air et des pensions Le congrès du syndicat national des personnels civils administratifs des services extérieurs de la guerre, de l'air et des pensions #'est tenu a la mairie du 7' arrondissement. Le congrès a consacré ses séances 6 l'examen de diverses questions, notamment celle des traitements, et celle du décret organique.

L'envol d'une délégatioa auprès de divers par- lementaires, pour les entretenir de la question du statut du personnel du Maroc a été envi- sagé.

La défense du marché du blé La commission de TagTleu5*ure, réunie soue la présidence de M. d'Audlffret-Fasquler, viceprésident a reçu

lo Une délégation, de la Fédération française des syndicats de courtiers en grains et produits 2° Les représentants de l'Association générale des producteurs de blé.

£es délégués ont exposé la commission les améliorations qu'il y aurait ,lieu d'apporter Il la loi du 10 jutllet 1933 sur la défense et l'organisation du marché du blé.

A la cour de justice militaire Le capitaine greffier Jumclet, du tribunal militaire de Paris, est nommé greffier de la cour spéciale de justice militaire chargéo de la revision des Jugements rendus dans la zone des opérations des armées de terre, en. remplacement du lieutenant-colonel greffier Lacroix, admis à Is retraite.

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d'Irène Popard

d'Etat à l'éducation, physique, et Taquet, président du conseil munici de Paris, ont inauguré hiea après-midi, rue Bayard. les nouvelles sadles d'éducation physique et de sports de l'école Irène Popard, dont le succès va grandissant. Infatigable, Irène Popard a, donné parmi de vifs applaudissements une démonstration d'éducation physique féminine et ses monitrices et ses élèves se sont fait applaudir dans les dif- férents exercices qui constituent lia brevet infallible de santé, surtout quand ils sont exécutés dans une salle vasté et bien aérée. MM. Le Gorgeu et René Piquet ont pris la parole pour remercier Irène Popard du mal qu'elle s'est donné depuis plusieurs années ce qui vaut bien une récompense pour éduquèr au point de vue pysique les fillettes et les jeunes filles de la manière la plug scientifique et la plus récréative.. Le congrès de la Fédération générale des P. T. T.

Le congrès de la fédération générale des P. T. T. a terminé ses travaux hier, en séance plénière, à la Maison de la, mutualité. Les trois syndicats qui compd» sent la fédération étaient représentés au bureau, présidé par M. Larcher, du syjit dicat des agents du cadre principal, le matin par M. Camilli, des receveurs; l'après-midi.

Le rapport financier de M. Ruault, tré- sorier fédéral, et le rapport de la commission de contrôle, présenté par M. Sisco, du syndicat des technicienSj j sont adoptés à l'unanimité, ainsi que le rapport moral de M. Gibaud,.seerétaire fédéral. Ce dernier rapport expose l'activité de la fédération depuis sa fondation et le secrétaire fédéral se félicite de l'entente qui n'a cessé de régner entre les trois syndicats pendant tout le congrès. Il s'élève contre tout projet de diminution de traitements et regrette 'que la fédération postale confédérée n'ait pas cru devoir répondre aux avances touchant l'unité. Une motion, élaborée par une commission, est votée, en fin de séance, sur de sujet. Le congrès affirme son désir de rejoindre la C. G. T. par la voie d'une fédération comprenant toutes les catégories du personnel postal. Il donne mandat à la commission executive et au bureau de la fédération générale de poursuivre dans un esprit de fraternelle compréhension toutes négociations susceptibles de réaliser le regroupement de tous les travailleurs des P. T. T. Au début de l'après-midi,' M. Henry Clerc avait fait aux congressistes une conférence sur la réforme administrative.

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30 Feuilleton du MATIN du 11 novembre

J PREMIERE PARTIE

LA PEUR

Oh comme vous y allez, Antony, protesta l'igralet. Vraiment, l'inquiétude vous égare. Nous ne vous aurions pas laissé achever, compléta Pinson.

Votre calme, votre indifférence, en présence de faits stupéfiants et dont on peut tout craindre, tout, vous entendez bien.

Tigralet hocha la tête et, maître de soi, comme toujours riposta

Qui vous dit, mon cher Antony, qui vous dit Que nous Ignorions le- principal de ce que vous venez de narrer ?

Il suspendit du geste l'interruption qui montait sur les lèvres du journaliste et continua Oui! Moi, j'en possédais l'essentiel bien avant vous.. Entendons-nous. Certes, je n'avais pas connaissance des événements qui se sont déroulés à Paris depuis mon départ ni des singulières pratiques surprises par Ferrai dans la maison de Ville-d'Avray. Mais les causes, Antony, les causes de ces pratiques, de ces événements, de bien d'autres choses, je les tiens, ces causes et les tiens bien, j'en suis certain. Or, mon cher ami, ce n'est plus Malabar qui se trouve devant nous. Absolument plus Malabar Nous sommes en présence de tout autre chose. autrement grave, bien plus grave.

•̃* Et, martelant les mots, il conclut y Tous droits de traduction, reproduction, adaptations thé4traleB, cinématographiques, en radiophonie et télé.vision réservés pour tous pays. Copyright 1933 by Jean Ricard et Chartes Dornac.

Car on tue, cette fols. On tue 4 tour de bras. On tuera Sylvie. s'écria douloureusement le reporter.

Tigralet se dressa et prit les deux mains d'Antony dans les siennes

Sylvie est en sûreté, affirma-t-il gravement. Je vous le jure. Je ne peux vous en dire davantage, mais cela peut suffire à calmer vos justes alarmes.

Merci, Tigralet, fit Antony en serrant les mains du policier à les briser. Vous voyez plus loin que moi. Sans vous, Sylvie.

Et Pinson. Nous aussi, avons fait notre devoir, tout bonnement. Ne nous congratulons pas pour si peu. Seulement, je n'ai pas besoin de vous recommander le silence. Pas un mot dans votre journal, hein ?.

Parbleu 1

Qu'est-ce donc i? fit Tigralet, entendant qu'on heurtait à la porte. Entrez.

C'était le garçon d'étage qui apportait un pli au policier.

Vous permettez ? s'excusa ce dernier en fendant l'enveloppe.

L'enveloppe contenait une carte du docteur Bertrand sur laquelle cinq mots étaient tracés Onze heures, autopsie, infirmerie prison. Tigralet, subitement assombri, tendit la carte à Pinson. Celui-ci lut l'indication sans mot dire et devina ce que son chef, pensait.

Mais Antony, rasséréné, maintenant, se levait et déclarait

Me voilà tranquille en ce qui concerne Sylvie. Grâce à vous deux. Eh bien je n'attendrai pas une minute de plus pour vous prouver que je ne suis pas un ingrat. Parlons de Vincent. Tigralet eut un haut-le-corps. Le nom venait au moment exact où il n'aurait pas dû venir. Quoi, Vincent ? lança-t-il, le sourcil froncé.» Vous intéresserait-il aussi, celui-là?.

S'il m'intéresse Cent mille fois plus que vous ne le supposeriez. A mon tour de vous étonner. Vincent est mort, pas vrai ?

Mes compliments, ironisa Tigralet. Vous vous y entendez à rendre les murailles transparentes.» Un beau sujet d'article, hein ?

Tigralet, vous biaisez sans me répondre. Vincent est mort, oui ou non ?

Mon cher, vous en savez certainement aussi long que nous en cette matière. et je ne distingue pas l'utilité de votre question.

Quel fagot d'épines J'en sais aussi long que vous, ou plus ? Ou moins ? Je brûle mes vaisseaux et prends votre jeu en main. Ah non, Tigralet, ne faites pas une moue pareille, vous le --regrette-

riez tout a l'heure Vincent est mort, ou plutôt on le croit mort, et vous auriez intérêt à ce qu'il parlât si, par hasard, il était encore vivant. Je me trompe ?

Mâtin, émit Tigralet après avoir siftloté admirativement. Dès que vous serez rentré à Paris, mon cher Antony, faites-moi donc signe. Une place d'honneur vous sera réservée chez nous. Pourquoi continuer cette inutile-partie de cache-cache ? Nous perdons beaucoup trop de temps à discourir. Enlevons le bandeau, je vous en donne l'exemple. Ferrai est reparti pour faris. Son absence durera quarante-huit heures. Il a connu l'attentat dirigé contre Vincent, et moi je l'ai tenu au courant des suites par téléphone. Alors, Ferrai, qui ne manque pas de décision, vous le savez, a mandé télégraphiquement certaine personne qui est descendue ce matin de wagon, qui m'a accompagné, qui attend dans le hall, et qui serait très 'honorée de se trouver en votre' présence.

Qui donc ?

Appuyez sur votre sonnette et faites quérir cette personne par le garçon. Vous ne vous en repentirez pas .et admettrez peut-être que nous savons prouver'notre gratitude à nos amis. Intrigué on le serait à moins Tigralet s'exécuta. Quelques instants plus tard, le valet dé chambre introduisait un homme à cheveux blancs, légèrement voûté, d'allure effacée, vêtu modestement mais avec correction. Son regard, sans éclat, comme atténué par les soucis ou les veilles, plein d'intelligencê cependant, s'abritait derrière des lunettes à monture d'écaillé. f

-r- Oh fit Tigralet en sursautant. Si le ne me trompe. C'est incroyable pourtant.

L'arrivant eut un pâle sourire.

< Vous ne vous trompez pas, monsieur. Nous avons voyagé dans la même voiture, de Nancy à Paris, en compagnie d'une jeune fille, Mlle Sabine Chatel et de Jean Ferrai. (1) Vous boitiez alors et portiez la barbe. Nous autres, nous revenions de loin, de très loin.

Alors, vous êtes bien.

Le professeur Ludwig Dieden, autrefois médecin ordinaire et extraordinaire de Gerda von Steckenberg (2)

-Où étiez-vous donc passé

Cela n'a aucune Importance dans l'instant. Je suis là, sur la prière de M Ferçal et, croyezm'en, le m'y connais en poisons.

Comme Tigralet, un tantinet ahuri, regardait tt) Voir Malabar.

(2) Voir idem.

Antony, celui-ci, heureux comme un collégien de l'étonnement du policier, expliquait

Cet homme-là, cher ami, est fort capable de faire de Vincent un second Lazare et d'aller arracher M. le secrétaire général des sombres rivages où 11 erre probablement à l'heure actuelle. Ne serait-il pas possible de permettre au professeur Ludwig Dieden d'examiner d'un peu plus près celui que vous voudriez voir ressusciter ?, Le docteur Bertrand est un honnête homme. Il ne s'y refusera certainement pas. Mais je viens d'étre avisé mon cher Antony, qu'on a décidé l'autopsie pour onze heures. Il a fallu pour cela que le décès de Vincent fût düment constaté. Dieden tressaillit et il s'écria

Alors, il n'y a pas une minute il. perdre, monsieur. Partons, je vous en conjure.

Vous auriez malgré tout la conviction que.<-t Je ne puis avoir de conviction avant un examen du corps, mais je dis que tout est possible. la est dix heures et demie, fit Tigralet. Partons. Girault nous rejoindra.

Et il pensa

« Pourvu que Bertrand ne soit pas en avance. » Tous quatre se tassèrent dans la voiture d'An-. tony. Quand ils touchèrent le ,portail de la prison, une horloge voisine égrenait les trois quarts de dix heures.

On n'entrava pas heureusement leur marche précipitée par les couloirs. Ils entrèrent eh trombe presque dans" la grande salle de l'infirmerie. Et Tigralet poussa un soupir de soulagement. Sous le jour cru qui tombait de deux hautes fenêtres, on avait disposé une grande table chirurgicale sur laquelle déjà le corps de Vincent reposait.

Deux chariots poussés à proximité de la table supportaient, l'un des bocaux, des éprouvettes, des flacons, l'autre des instruments aux froids reflets, des paquets d'ouate des gants de caoutchouc, des masques antiseptiques. Une infirmière vérifiait la bonne ordonnance de tous ces objets propres à donner le frisson aux profanes.

Nous arrivons à temps, murmura Tigralet en s'avançant vers Bertrand flanqué de Renard et qui considérait avec quelque humeur cette ruée de gens dans son domaine.

Mais le commissaire attirait déjà les deux médecins à l'écart et leur parlait à voix basse. Toutes les nuances de la surprise passèrent sur les visages de, Ses interlocuteurs et Pinson demeuré à l'entrée de la salle au côté de Ludwig Dieden, observa un' signe d'acquiescement de la part de Bertrand. Je ne mettrai cas d'amour-nropre à me trom-

per dans un cas si particulier, répondait alors Bertrand à Tigralet.

Cet Allemand, confia le policier au légiste, ne possède peut-être ni plus de science ni plus d'habileté que ses confrères, mais c'est un spécialiste en certaines matières et je le crois vraiment de première force dans ce qui nous occupe. L'autre est un des meilleurs journalistes de Paris. Faites les présentations, je vous en prie, mon cher commissaire. Et je vous affirme que si J'assistais à une résurrection, je n'hésiterais pas à en convenir,.les Facultés du monde entier me traiteraient-elles de crétin.

En quelques mots Tigralet présenta Antony et Dieden à Bertand et à Renard. Puis le « herr professor » enleva veston et gilet pour revêtir une blouse blanche.

Vous plairait-il de m'indiquer, monsieur le médecin-légiste, attaqua-t-il, quels sont les moyen que vous avez employés pour constater la mort de cet homme ? Je me hâte de dire que le corps éten- du là a toutes les apparences d'un cadavre. On peut même constater une rigidité des membres absolument caractéristique.

Sans entamer une discussion, Bertrand énuméra la nature des piqûres administrées la veille auà restes du malheureux Vincent.

Trois épreuves pouvaient encore être tentées, observa Dieden l'ouverture de l'artère radiale avec pinces hémostatiques toutes prêtes au cas où se produirait l'hémorragie révélatrice de la vie, le procédé par diathermie et un prélèvement, par trocart, de foie ou de rate, organe!4 dont la réaction est alcaline chez un vivant, acide chez un mort.

J'y ai pensé, fit Bertrand, et je n'aurais pas procédé à l'autopsie sans tenter l'épreuve de l'artère radiale.

Vous n'auriez peut-être pas été éclairé pour cela, monsieur le médecin-légiste. Je ne sais si cet homme vit encore, mais s'il vit, aucun des moyens ordinaires, aucun, vous entendez bien, n'était susceptible de vous apporter une certitudé. Alors, ce serait un cas surnaturel ?

Rien n'est surnaturel. Le surnaturel sert à ne pas expliquer ce qu'on ne s'explique pas. Dieden se pencha alors sur le corps, examina les globes oculaires, comprima le thorax.

Tout entier à sa besogne, il gardait un silence complet. Et les assistants retenaient leur respiration comme s'ils craignaient de troubler l'énigmatique nécromant.

(A suivre.).