QUESTIONS
DIPLOMATIQUES ET COLONIALES
LE CONFLIT ANGLO-TURC
Pour comprendre l'approbation et la satisfaction unanimes qu'ont provoquées, de l'autre côté du détroit, l'attitude et la victoire du cabinet libéral, dans l'incident anglo turc, il est nécessaire de connaître les facteurs géographiques, l'évolution diplomatique de l'affaire du Sinaï.
La presqu'île du Sinaï est un plateau triangulaire. A sa base, sur le littoral méditerranéen, il mesure environ 416 kilomètres, et en son milieu, de Suez à Akabah, la distance est encore de 240 kilomètres. L'altitude, qui, au sommet de la péninsule, aux abords du mont Sinaï, atteint 2.23o mètres au-dessus du niveau de la mer, s'élève, au centre de la presqu'île, non loin de Djebel oum Chamar, jusqu'à 2.559 mètres. Le plateau redescend ensuite, vers la Méditerranée, par de courtes oscillations, coupées par la large vallée de Ouady el Arich. Dans son dernier rapport, lord Cromer trace une brève description de ce plateau triangulaire : « Toute cette péninsule n'est qu'une vaste terre « inculte. Seuls quelques arbustes, quelques arbres poussent « dans les ouadis ou vallées. De l'eau jaillit de plusieurs « sources, à une certaine distance des collines, pour dispa« raître aussitôt dans le sable, sans qu'il soit possible de l'uti« liser réellement. La population est très disséminée. Il n'y a « jamais eu de recensement; mais on croit que 30.000 âmes « habitent la péninsule. Elles sont toutes d'origine arabe, « excepté la petite tribu Djebalia, qui, dit-on, descendrait des « troupes envoyées par l'empereur Justinien, au début du « VIe siècle, pour défendre le couvent du Sinaï contre les atta« ques des indigènes. » Un voyageur, cité par le Daily Telegraph du 7 mai, est un peu moins laconique. La presqu'île n'est qu'un amas de rocs nus et de précipices escarpés, coupés
QUSST. DIPL. ET COL. — T XXI. — N° 222. — 16 MAI 1906. 44