QUESTIONS
DIPLOMATIQUES ET COLONIALES
LES MAGYARS ET LES NATIONALITÉS
DÉCLARATIONS DE M. POLONYI
Les événements qui se précipitent en Hongrie ont une importance européenne : l'existence de la monarchie habsbourgeoise, la durée de la Triple Alliance, la paix et l'équilibre de l'Europe peuvent être mis en question par le conflit entre la Couronne et le Parlement ou, plus exactement, entre Vienne et Budapest.
La crise, commencée sous le ministère Banffy 1, retardée par le ministère Szell 2, accélérée par le ministère viennois du comte Khuen Hedervary, ancien ban de Croatie, et par le ministère de droite pure 3 du comte Tisza, singulièrement aggravée depuis les élections de janvier-février 1905 4 et la série des vaines tentatives faites pour constituer un ministère parlementaire, entre maintenant dans une phase dramatique et violente. J'écris cet article le 19 février au moment même où, d'après les dépêches des derniers jours, la Chambre élue il y a un an est dissoute. Le général Nyiri, ancien ministre des honveds, commandant militaire du district d'Albe-Royale, s'est installé au château de Bude comme commissaire muni des pleins pouvoirs du roi : le général Nyiri a reçu l'ordre d'employer la force si la Chambre s'obstine à siéger.
Pour bien comprendre les faits d'hier et ceux de demain, il serait nécessaire d'avoir une idée nette et très exacte non seulement des forces en présence, mais aussi des forces connexes qui peuvent jouer un rôle dans le conflit — dans la mesure où
1 Renversé au début de 1899.
2 1899-1903.
3 On sait qu'au parlement de Hongrie le parti dit « libéral », qui veut maintenir d'accord avec Vienne le compromis de 1867 tel qu'il est appliqué, siège à droite.
4 On sait que le comte Tisza, ministre soutenu par le roi, a été battu à ces élections par une « coalition » formée du parti de l'indépendance, du parti catholique populaire, du parti Banffy et de libéraux dissidents. Cette « coalition » électorale
s'est transformée en coalition parlementaire et a été jusqu'ici d'une solidité à toute épreuve.
QUEST. DIPL. ET COL. — T. XII. — N° 211. — 1er MARS 1906. 21