TRANSFORMATIONS ÉCONOMIQUES 15
corder un privilège, que l'auteur du projet disait toujours nécessaire au maintien de sa spéculation. Toutes ces compagnies avaient quelque monopole qui les mettait en état d'exister au prix de la subsistance des peuples. Frédéric lui-même s'en était réservé plusieurs très-importants : outre le sel, monopole général de tous les gouvernements européens, c'était le tabac, le café, les cartes à jouer, le bois à brûler. Lorsqu'il voyait que l'on trouvait de grands avantages/lans l'octroi qu'il avait donné, il prenait l'entreprise pour son compte, et les entrepreneurs en devenaient les employés.
On serait tenté de prendre celte citation pour une page d'histoire contemporaine, n'était que sous les anciennes monarchies, les privilèges se vendaient au profit du trésor public, tandis qu'aujourd'hui, à la constitution de monopole on ajoute une subvention ou des garanties de dividendes prises sur l'impôt.
Ainsi il ne reste plus rien de la révolution économique de 89; les privilèges et la féodalité mercantile sont revenus ; l'exploitation du consommateur est plus âpre que jamais, et le serf actuel des grandes compagnies est tombé bien au-dessous de l'antique compagnon des maîtrises.
II
Telle est la navrante histoire que nous tenions d'esquisser aujourd'hui. L'économie officielle s'empresse de nous fausser compagnie en pareille aventure. En effet, tant qu'il s'agit de décrire, de supputer, d'inventorier, de