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Titre : Le Nid de cigognes / Élie Berthet

Auteur : Berthet, Élie (1815-1891). Auteur du texte

Éditeur : (Paris)

Date d'édition : 1859

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30095518w

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : Gr. in-8° , paginé 223-279

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Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k57722584

Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Y2-1266

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 29/12/2009

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LE NID DE CIGOGNES

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ParrrîKcl^BMiies^ittoresquos de châteaux forts qui s'élèvent surlêTaeux rives du Rhin, de Strasbourg à Cologne, on voit encore, à quelque distance de Manheim, dans une •position élevée etpour ainsi dire toute féodale, les restes d'un ancien lurg; on l'appelle Steinberg. Il couronne une énorme roche grise dont la base se baigne dans l'eau. Avec ses sombres murailles, sa tour éventrée, ses dalles brisées, ses statues frustes couchées sur la poussière, il mériterait encore ce nom de nid d'aigle dont se servent obstinément les romanciers pour désigner ces manoirs aériens d'où les barons pillards du moyen âge dominaient la plaine.

Autrefois, le rocher sur lequel Steinberg est bâti était âpre et nu ; cette masse imposante, se dressant tout à coup du sein du fleuve avec son noir donjon, avait dû frapper de. terreur, le . batelier qui glissait sur le Rhin dans sa barque bien chargée, le cavalier qui traversait le vallon avec une valise précieuse derrière sa monture.

Mais l'industrie moderne a changé entièrement l'aspect de ces lieux jadis, redoutés. La roche était vieille et tombait en ruines comme le. château lui-même. Le paysan industrieux a porté, à force de bras, dans les saillies, dans les enfoncemens de cette pierre friable, de la terre végétale soutenue par des ardoises que fournit le sol même. Dans cette terre il a planté des ceps de vigne ; peu à peu, le roc entier a disparu derrière des pampres verts.

Le lierre, la giroflée et les autres plantes pariétaires ont fait pour le château ce que le vigneron avait fait pour sa base.

Aujourd'hui, château et rocher présentent pendant la belle saison une masse verte dont l'aspect n'a plus rien de terrible. La nature et l'homme ont voulu à l'envi l'un de l'autre cacher ces vieux restes du passé; et la nature et l'homme seront condamnés ou absous, selon que le visiteur du Steinberg sera un grave antiquaire ou un joyeux ami du vin du Rhin.

On ne se douterait guère de nos jours, tant la végétation est puissante sur les ruines, que le Steinberg était encore habité il y a vingt-cinq ans à peine. Chose plus étrange encore, il était habité par les descendans de ces terribles seigneurs qui jadis en avaient fait ?» théâtre de leurs exactions et de 4eurs cruautés,

Les barons de Steinberg étaient une de ces vieilles familles teutoniques dont l'origine se perd dans les temps fabuleux de l'histoire. C'était miracle comment cette race, passablement turbulente et belliqueuse, avait pu traverser sans être anéantie ces époques de troubles et de sang qui, depuis Charlemagne jusqu'à Napoléon, avaient éteint tant de races, ruiné tant de châteaux, sur les bords du Rhin et ailleurs.

Il n'entre pas dans notre cadre de raconter la grandeur et la décadence de cette noble maison. Cependant ce n'était pas impunément que les illustres barons et leur manoir avaient survécu à la terrible guerre de trente ans, aux invasions de 1795 et des dernières années de ll'empire. A l'époque dont nous parlons, c'est-à-dire vers 182., le château tout délabré n'avait plus que la grande tour et une petite aile d'habitables; la famille de Steinberg ellemême se réduisait à deux personnes, le baron Henri de Steinberg, major d'un régiment au service de la Prusse, et sa soeur Wilhelmine, qui habitait les ruines. Le baron avait vingt-cinq ans, Wilhelmine vingt ans à peine. Leur fortune consistait principalement en un arbre généalogique qui, à la vérité, pouvait couvrir du haut en bas la plus haute muraille du château, et en liasse de parchemins qui eussent permis à la jeune fille de prouver ses seize quartiers au chapitre noble de Strasbourg.

Le baron Henri, retenu par ses devoirs militaires, pouvait rarement visiter le donjon de ses pères; d'ailleurs ses habitudes de dissipation et de plaisir lui eussent rendu ce séjour insupportable. Aussi sa soeur Wilhelmine vivaitelle dans une profonde solitude ; elle n'avait d'autres compagnons, dans la tour de Steinberg, qu'une vieille gouvernante qui lui tenait lieu de mère, et lo fils de cette femme, grand garçon bien niais et bien lourd, qui était chargé de faire valoir lès derniers lambeaux de terre dépendant du fief.

Cette existence eût été insupportable à une jeune Française ; mais le caractère mélancolique et rêveur de Wilhelmine s'accommodait de cette existence paisible. Cette sombre habitation était remplie des souvenirs de sa race ; elle n'avait jamais voulu la quitter. Vainement son frère, inquiet de l'isolement où il se trouvait forcé de la laisser, l'avait-il pressée bien des fois d'entrer dans un couvent catholique de Manheim, où elle avait été élevée : elle l'avait toujours supplié de lui permettre de garder son indépendance; le baron avait jusque-là cédé à ses prières,