QUESTIONS DIPLOMATIQUES ET COLONIALES
NOTRE ENQUÊTE
UN PROJET D'ARBITRAGE PERMANENT ENTRE LA FRANCE ET L'ANGLETERRE
Nous continuons aujourd'hui la publication dos réponses que nous avons reçues à notre enquête sur un projet d'arbitrage permanent entre la France et l'Angleterre 1.
G. LOUIS-JAREY.
M. LE BARON D'ESTOURNELLES DE CONSTANT
DÉPUTÉ, PRÉSIDENT DU GROUPE PARLEMENTAIRE DE L'ARBITRAGE INTERNATIONAL
Je répondrai mieux que par une lettre, par les faits.
Quand il y a huit ans, malgré tous mes amis, je quittai la diplomatie pour « mal tourner » suivant eux, c'est-à-dire pour entrer au Parlement, je m'évertuai à démontrer que la continuation de la politique des antagonismes européens était impossible, paradoxale, absurde, en présence des progrès inattendus de la concurrence universelle, Amérique, ExtrêmeOrient, etc. On ne voyait alors que le péril anglais et allemand. Quand je parlai d'un péril commun à la France, à l'Angleterre et à l'Allemagne, péril américain ou péril jaune, on me traita de visionnaire et on refusa plus ou moins de m'écouter. Aujourd'hui tout le monde est convaincu de ce qu'on ne voulait même pas entendre alors. Seulement, passant d'un extrême à l'autre, au lieu de s'organiser, on perd la tête.
Rien n'est plus simple cependant que le remède.
Puisque nous constatons que nous sommes en face d'un danger commun, ayons une politique commune.
1 Pour assurer la scrupuleuse exactitude des opinions publiées dans la Revue, toutes proviennent soit de communications écrites par les auteurs eux-mêmes, soit de déclarations dont les épreuves leur ont été soumises.
QUEST. DIPL. ET COL. — T. XVI. — N° 153. — 15 JUILLET 1903 7