CHAP. VIII. Empêchement de l'Ordre. 197 qui par la mort de Dom Sébastien son neveu, étoit devenu Roi de Portugal, pria saint Charles de lui obtenir du Pape une dispense pour se marier ; le saint Prélat (1) ne lui répondit point que cela passoit le pouvoir du souverain Pontife ; mais il lui fit sentir qu'une dispense de cette nature, accordée à un Prêtre et à un Archevêque, comme il étoit, seroit d'une terrible conséquence et ouvrirait la porte au plus funeste renversement de la discipline.
Si l'on trouve peu d'exemples de ces sortes de dispenses , c'est que comme elles sont de la dernière conséquence, il faut, pour les obtenir, de si fortes raisons qu'elles ne se rencontrent que très-rarement en ceux qui ont reçu les Ordres sans y être forcés.
CLXIX. On peut se faire relever de l'obligation de ses Ordres, par voie de grâce ou par voie de justice. Le rescrit de grâce ne s'accorde que pour le bien public et des raisons d'Etat ; comme quand il s'agit de perpétuer une Maison royale qui, réduite à un seul homme engagé dans les Ordres ou Profès en Religion, est sur le point de tomber, au grand préjudice de tout un peuple. M. d'Argentré rapporte ( Expl. des sept Sacr. t. 3, p. 368) qu'on accorda aussi une dispense à un Gentilhomme du diocèse de Séez, qui, pour ne pas épouser une fille mineure qu'il avoit enlevée et connue sous promesse de mariage, avoit pris le Sous-diaconat et qui en punition étoit près d'être condamné à mort.
Le rescrit de justice a lieu, en faveur de ceux qui par une crainte griève ont pris un état malgré eux : mais ceux qui ont fait trois fois les fonctions de leur Ordre ou qui sont montés à un Ordre supérieur, ont bien de la peine à obtenir cette sorte de rescrit ; on ne présume pas que la violence ait duré si long-temps : cependant si elle étoit bien et dûment prouvée, le
(1) Vie de saint Charles, liv. 8, chap. 24, pag. 803, édit, de 1685.
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