QUESTIONS DIPLOMATIQUES ET COLONIALES
LA TÉLÉGRAPHIE SOUS-MARINE
LE MONOPOLE ANGLAIS
On est exaspéré, dans le monde colonial, de l'impossibilité où nous nous trouvons, à cause de la guerre du Transvaal, de communiquer avec nos colonies africaines et même avec nos colonies d'Extrême-Orient. Cela n'était-il pas cependant prévu, depuis si longtemps que nous prêchons dans le désert? Notre infériorité manifeste au point de vue des communications télégraphiques sous-marines vient d'être exposée ici même. Je voudrais aujourd'hui insister encore sur ce point et montrer par suite de quel aveuglement politique on a tant attendu pour se rendre compte de ce danger national.
En 1895, un grand journal du matin publiait, sous la signature de celui qui écrit ces lignes, un long article sur les câbles. J'en extrais ce qui suit :
« Les câbles sous-marins de l'Angleterre, dont les autres États sont tributaires, se rompent toujours à propos, si bien qu'un publiciste a pu écrire que l'électricité semble être devenue l'un des plus dangereux adversaires de notre diplomatie. »
Partout nous sommes soumis au bon plaisir de l'Angleterre, notamment pour notre ligne de Madagascar. Les avertissements n'aurontpas manqué cependant au gouvernement. Mais est-ce qu'il est le maître?
Je me souviens de l'étonnement dont on fut saisi lorsque le ministre déposa le projet de loi tendant à se faire allouer un crédit de 3 millions pour l'installation d'un câble entre Mozambique et Majunga.
D'abord il était impossible de dire plus clairement que Majunga serait le centre et le pivot de l'opération, que la marche par Majunga était décidée. On n'en était pas à une imprudence près.
Puis il n'était pas fait mention des divers points stratégiques ou de ravitaillement et d'hospitalisation, Diégo-Suarez, Tamatave, Nossibé, etc., où étaient nos navires échelonnés et nos soldats éparpillés.
1 Cf. Questions diplomatiques et coloniales du 1er décembre, n° 67, pages 397 et sq.
QOEST. DIPL. ET COL. — T. VIII. — 29. — 15 DÉCEMBRE 1899.