QUESTIONS
DIPLOMATIQUES ET COLONIALES
LES CHEMINS DE FER EN ALGERIE
On se propose d'étudier ici sommairement 1 la constitution actuelle du réseau des chemins de fer algériens et d'indiquer ce qui reste à faire, soit pour compléter ce réseau, soit pour assurer une meilleure utilisation des lignes déjà créées. Une pareille question a une importance vitale pour notre grande colonie de l'Afrique du Nord ; peutêtre aussi mérite-t-elle d'être examinée au point de vue plus général des indications qu'elle peut fournir pour la construction des voies ferrées dans d'autres parties de notre empire colonial. Avant d'aborder cette étude, il convient de rappeler certaines notions géographiques qui serviront en quelque sorte de fil conducteur à travers les considérations qui vont suivre.
I
Il faut se souvenir tout d'abord que la mer, en Algérie, ne rend pas beaucoup de services aux communications, et que les cours d'eau n'en rendent aucun. La côte algérienne est mauvaise et dépourvue d'abris; il est vrai qu'à notre époque, le commerce maritime tend de plus en plus à se concentrer dans un petit nombre de ports, et qu'en y mettant le prix, on peut créer, à peu près n'importe où, des ports artificiels; l'Algérie en offre des exemples. Mais le fait qu'il n'y a pas de rivières navigables ou flottables ne saurait assez retenir l'attention. Que l'on compare cette situation à celle des pays tropicaux, où coulent d'immenses fleuves comme le Yang-tse-Kiang ou l'Amazone, ou même des pays de l'Europe centrale où se rencontrent des fleuves plus modestes, comme le Rhin et l'Elbe, et l'on jugera aussitôt de tout ce qui manque à une contrée dépourvue de cours d'eau; c'est un corps sans artères, où le sang ne circule pas. Ces
1 Bibliographie : Louis HAMEL, Les chemins de fer algériens, Alger, 1885 ; J. COURAU, Les chemins de fer de l'Algérie-Tunisie, Paris, 1891 ; les ouvrages de MM. WAHL et P. LEROY-BEAULIEU ; les rapports sur le budget de l'Algérie, notamment ceux de MM. BURDEAU, JONNART, POURQUERY DE BOISSERIN, LE MOIGNE.
QUEST. DIPL. ET COL. — T. VIII. — 9. — 1er OCTOBRE 1899.