QUESTIONS DIPLOMATIQUES ET COLONIALES
LES
CHEMINS DE FER TRANSPYRÉNÉENS
Le 22 août 1904, les journaux annonçaient la signature d'un traité, pour la construction de chemins de fer transpyrénéens, entre notre ministre des Affaires étrangères et le marquis del Muni, ambassadeur d'Espagne en France. C'est un texte inspiré des meilleures intentions, puisqu'il vise littéralement à « supprimer les Pyrénées » ; mais il n'est pas le premier de l'espèce : le moment est donc opportun pour résumer la question des Transpyrénéens et préciser la portée de l'accord, récent.
Que valent aujourd'hui les relations commerciales transpyrénéennes? Assurément peu de chose et beaucoup moins -que ne le comporteraient les ressources naturellement différentes ou, si l'on préfère, complémentaires, de la France et de l'Espagne. Le mouvement des voyageurs, d'un pays à l'autre, est très peu développé. Que l'on n'en juge pas sur quelques exceptions éphémères, lorsque l'on voit, par exemple, des trains pris d'assaut, aux stations de nos Basses-Pyrénées, les jours de courses de taureaux à Saint-Sébastien ; le Sud-Express a sa clientèle régulière de gens riches et de diplomates qui voyagent entre Paris, Madrid et Lisbonne ; deux ou trois fois par mois, on y rencontre des Américains du Sud et des fonctionnaires français et anglais de l'Afrique occidentale qui passent par Lisbonne pour éviter la traversée du golfe de Gascogne en mer. Tout cela n'a rien d'un mouvement économique actif. L'impression de cette pauvreté ressort d'une inspection des stations frontières, Hendaye et Irun à l'Ouest des Pyrénées, Cerbère et Port-Bou à l'Est ; la douane a simplifié ses services, diminué son personnel qui n'était plus assez occupé. Parfois, des courants soudains affluent à la frontière et les chemins de fer espagnols, surpris par ce trafic inopiné, manquent de QUEST. DIPL. ET COL. — T. XVIII. — N° 185. — 1er NOVEMBRE 1904. 34