LA PROVINCE DU TCHÉ-KIANG 25
construction de Pai-ying et Fong-houa (des environs de Ning-po) figurèrent à l'Exposition universelle de Vienne en 1873.
Ping-yang produit aussi de l'alun, employé pour la verrerie et la purification de l'eau. On l'exporte dans toute la Chine. Sur place il vaut 5 francs les 60 kilos. On trouverait aussi du fer dans la province, mais en petite quantité. En tout cas nous ne connaissons pas l'existence et la situation des mines. Comme on le voit, la richesse métallurgique et minière de la province est fort peu considérable.
Il n'en est pas de même heureusement en ce qui concerne l'agriculture et les industries forestières. Les vallées et les plaines du Nord, gagnées sur la mer, par la patiente industrie des habitants, sont extrêmement fertiles et admirablement cultivées. Le climat, froid en hiver et très chaud en été, permet la culture de presque toutes les céréales du nord et du sud : orge, maïs, blé et riz. Mais la province est surtout célèbre pour ses cotons et ses thés. Le coton forme en effet 2,50 % de l'exportation totale. Il est produit spécialement dans la grande plaine, qui s'étend de l'embouchure de la rivière de Ning-po (le Yung) à Pé-kouan-tcheng, à 75 kilomètres à l'ouest, et mesure 40 kilomètres du nord au sud. Toute cette plaine est affectée à cette culture et elle produisait en 1877 une moyenne annuelle de 150.000 balles de 120 catties (0 k. 600 chaque cattie), soit en moyenne 180.000 piculs ou 10.800 tonnes par an. Un autre grand district producteur de coton est celui de Hsiao-chan-Men et de Antchang-chen, dans la préfecture de Chao-hsing et qui appartient aussi à la grande plaine du Nord, dans sa partie voisine de Hang-tchéoufou, où ce coton est consommé. On en connaît deux variétés : la blanche et la jaune (dite nankin).
Sur les montagnes, on cultive avec succès les arbustes à thé, dont il existe deux variétés, reconnues pour la première fois dans cette province par le botaniste anglais Robert Fortune, qui visita les plantations du Tché-kiang en 1848. Celle qui produit le thé vert (Thea viridis) se trouve surtout dans le district de Taï-tchéou non loin de la baie de San-Men. Quant à celle qui fournit le thé noir (Thea Bohea), elle est cultivée plus particulièrement vers le centre, dans les montagnes de Wou-i et de Kin-houa-fou 1. Les feuilles de ces arbustes, suivant le lieu de production et les différences de fabrication, fournissent les variétés commerciales baptisées, sur le marché anglais, sous le nom de Yong Hyson 2, valant de 80 à 16 dollars le picul et provenant de Houa-pou-chen à l'ouest de la province de Kai-hua-hien,
1 Bohea est la forme anglaise (prononcez Bohio) du chinois Wou-i, nom des montagnes du Fo-kien où se cultive cette variété.
2 Hyson vient du chinois Haichoun (fleurissant au printemps), gunpowder ou poudre à canon vient de la forme du thé roulé en grains.