QUESTIONS DIPLOMATIQUES ET COLONIALES
LES AFFAIRES MACÉDONIENNES
Après l'expérience de tant d'années, où, pour toute réponse aux remontrances de l'Europe, le gouvernement ottoman a accumulé les faux-fuyants, les atermoiements, les promesses vaines, on comprend que beaucoup de bons esprits mettent en doute, ou même nient, la possibilité d'amender sérieusement l'administration turque.
Cependant la diplomatie, dont c'est le devoir d'être patiente, n'a pas voulu se laisser rebuter par tant de preuves successives de mauvaise foi : aussi longtemps qu'une lueur d'espérance permettait encore de croire à la réalisation des réformes, elle n'a pas voulu écarter la solution la plus simple, la plus logique du problème macédonien. Avant de se lancer dans l'inconnu d'un démembrement de la Turquie d'Europe, avant de prononcer en Macédoine la déchéance du Sultan, elle lui a donné, une dernière fois, les moyens de se réhabiliter, et en modifiant ses procédés de gouvernement, de ressaisir l'autorité prête à lui échapper. Seulement, instruite par ses précédentes écoles, elle ne se contente pas aujourd'hui de promesses vagues ; elle a soumis à la Porte un programme de réformes précis et l'a mise en demeure de l'exécuter.
Les lecteurs des Questions connaissent déjà ce programme : nous y reviendrons tout à l'heure, mais auparavant il est nécessaire de rappeler en quelques mots les événements et les négociations qui en ont précédé la rédaction et la présentation.
La lecture du premier Livre jaune publié par notre ministère des Affaires étrangères montre que la question macédonienne,qui a commencé à émouvoir l'opinion publique seulement dans les derniers jours de l'année 1902, préoccupait déjà depuis plusieurs mois les gouvernements européens. C'est, en particulier, avec une satisfaction légitime que nous devons constater l'intervention
1 Voir Quest. Dipl. et Col., n° du 15 mars. QUEST. DIPL. ET COL. — T. XV. — N° 148. — 15 AVRIL 1903. 30