QUESTIONS
DIPLOMATIQUES ET COLONIALES
LÀ DÉLIMITATION DE L'ETHIOPIE
Rien n'est plus incertain et changeant que la cartographie africaine. Les explorateurs ne sont pas les seuls qui la modifient : les diplomates aussi remanient chaque année frontières et sphères d'influence. Regardez les diverses cartes d'Afrique orientale publiées en ces dernières années : il n'en est pas deux qui donnent à l'Ethiopie les mêmes limites. Toutes vont être obligées de les corriger une fois encore, car les traités conclus le 15 mai dernier à Addis-Ababa entre la Grande-Bretagne, l'Italie et l'Ethiopie, et qui ont été récemment communiqués au Parlement britannique et à la Chambre des députés italienne, établissent une répartition nouvelle des territoires de ces trois puissances.
Il était difficile, jusqu'à ce jour, de ne pas s'égarer dans l'enchevêtrement des actes diplomatiques qui avaient tenté de délimiter l'Afrique orientale. On peut cependant en rappeler en quelques mots l'histoire, qui fera mieux comprendre la portée des nouveaux actes.
Le premier partage d'ensemble de l'Afrique orientale fut opéré en 1891 par l'Angleterre et l'Italie. L'Italie, engagée à fond dans la politique crispinienne, projetait alors de mettre la main sur l'Ethiopie tout entière et de joindre ses possessions de la côte de l'Erythrée à celles du Benadir : le roi d'Italie trouverait la dignité impériale à Axoum. L'Angleterre, désireuse de s'assurer, dans l'Est du Soudan égyptien, l'appui des « solides alliés » auxquels elle allait confier la garde de Kassala, accepta de reconnaître et de proclamer les ambitions abyssines et deux traités répartirent entre l'Angleterre, qui n'était pas maîtresse du Soudan égyptien, et l'Italie, qui arrivait à peine au plateau
QUEST. DIPL. ET COL. — T. XV. — N° 143. — 1er FÉVRIER 1903 9