QUESTIONS
DIPLOMATIQUES ET COLONIALES
NOTRE EXPANSION COLONIALE
ET LES PARTIS POLITIQUES
La discussion prochaine, devant le Parlement, de la convention franco-siamoise du 7 octobre dernier ; les protestations énergiques qu'elle a soulevées, les critiques précises et autorisées qu'elle a suscitées; la vive émotion qu'elle a excitée, en France, dans les milieux compétents; l'indignation unanime qu'elle a provoquée dans nos colonies d'Extrême-Orient; enfin, les dispositions présumées ou annoncées des différents groupes parlementaires; tout cet ensemble de circonstances nous a paru rendre tout à fait opportune une revue — même très rapide et sommaire — de la conduite des partis touchant notre politique étrangère et notre expansion coloniale depuis 1870.
Ne sont-elles pas, en effet, une invitation à rappeler les leçons du passé, ces déclarations publiques qui nous font prévoir la rencontre paradoxale, dans un même vote d'où peut dépendre l'avenir de notre grande colonie indo-chinoise, des noms de M. Denys Cochin et de M. Jaurès? N'est-ce pas ainsi qu'il y a vingt ans, les voix de M. Clemenceau et de ses amis se sont unies, dans des votes désastreux pour notre puissance extérieure, à ceux des députés de la droite monarchiste? De tels rapprochements, quelles que soient les raisons qu'invoquent les partis pour les justifier ou les excuser, méritent d'être soulignés.
Deux traditions contradictoires, et selon les circonstances du moment, tour à tour dominantes, ont, depuis trente ans, inspiré la politique extérieure du parti républicain en France : l'une, celle du sentimentalisme humanitaire, héritée des philosophes du XVIIIe siècle, des utopistes et des idéalistes de 1848, l'autre, tout empirique, née de la pratique des affaires et de la consQUEST.
consQUEST. ET COL. — T. XV. — N° 142. — 15 JANVIER 1903. 5