LES TRANSPORTS
Le transport, ou plutôt le report sur une pierre préparée pour la recevoir, d'une épreuve tirée sur une autre pierre ou toute autre planche d'imprimerie, date des premiers temps de la Lithographie. On ne saurait en refuser la paternité à Senefelder, dont les nombreux essais, suivis et imités, pour la reproduction des vieilles gravures, des impressions fraîches et des autographes, font date. Du reste, la théorie du report est basée entièrement sur les principes mêmes de la Lithographie, qui consistent à fixer sur la pierre un corps gras, susceptible de présenter avec elle assez d'adhérence pour résister à l'impression, que ce corps gras soit déposé d'une façon ou d'une autre, que les traits reproduits soient du dessin ou de l'écriture.
Les premiers essais n'eurent, sans aucun doute, rien de bien pratique : il fallut les travaux et les tâtonnements de toute une génération de praticiens pour atteindre et même dépasser les résultats prévus par l'inventeur. Comme il arrive aux débuts de toute industrie basée sur des réactions chimiques, l'empirisme n'a pas fait faute à la Lithographie. Senefelder avait semé, chacun cultivait la plante à sa façon, avec la certitude d'appliquer seul le meilleur mode de culture. Le plus grand nombre procédait sans méthode, à coups de formules hétéroclites : des routeurs allaient de maison en maison, offrant à Pierre, contre argent, le « secret » de Paul, et réciproquement; au milieu de tout cela, absence presque complète de connaissances chimiques, qui seules pouvaient amener des résultats sérieux.
Les premières tentatives de transport se firent avec de l'encre d'impression ordinaire : les résultats furent précaires, rarement satisfaisants, et cela se comprend. D'abord, la composition de l'encre d'impression n'était pas bien définie, et sa fabrication pas des plus régulières; ensuite, dans cette encre, la matière grasse est incorporée à une grande quantité de noir de