66 TRAITÉ DE LITHOGRAPHIE
faible dissolution de gomme teintée de sanguine, qui permettra de voir en transparence le travail conservé, et par conséquent de le raccorder avec le nouveau. On procède ensuite comme sur une pierre neuve.
L'action des. acides a été préconisée à différentes époques pour enlever les parties à corriger, mais l'acide phosphorique seul, dont l'action lente est facile à circonscrire, a donné des résultats satisfaisants. On nettoie à l'essence, avec un petit pinceau, la partie de la planche qui est destinée à disparaître, et on laisse sécher; puis on y passe à différentes reprises, avec un pinceau, de l'acide phosphorique concentré; on lave, on gomme, et une heure après on peut préparer la place pour graver les changements. Les autres acides enlèvent bien, mais les uns ne pénètrent pas assez, comme l'acide acétique, les autres laissent sur la pierre un corps insoluble et se gravant mal, comme l'acide sulfurique (le sulfate de chaux), les autres enfin donnent un grain particulier peu favorable au travail, comme l'acide azotique, ou ont une action trop difficile à limiter, comme l'acide chlorhydrique.
Un des avantages précieux de la gravure sur pierre, c'est qu'on peut imprimer des planches où ce genre de travail est associé à la plume, ce qui a lieu journellement avec les pierres couvertes de grisés et de lignes grises.
Chaque fois que, dans une industrie, on remplace la main de l'homme par la machine, c'est un progrès considérable qu'on réalise. Le pantographe, inventé en 1611 par Christophe Schreiner; le tour à guillocher, qui remonte à 1650 et nous vient d'Angleterre; la machine à graver, inventée en 1803 par Conté pour graver les fonds des planches de l'Expédition d'Egypte, ont fourni aux graveurs les éléments d'une foule de combinaisons dont la plus curieuse est certainement le procédé Collas. En 1816, Achille Collas a trouvé le moyen de reproduire à la machine, en planches de gravure, les bas-reliefs et les médailles; c'est son procédé qui a donné de si merveilleux résultats pour la gravure des titres fiduciaires, des billets de banque, etc.
Aujourd'hui, ces instruments ont été perfectionnés de mille manières, et aucun genre de gravure ne peut mieux utiliser leurs ressources multiples que la gravure lithographique, nulle surface ne se prête mieux que la pierre à ce genre de travail. Les préparations, les soins à donner à la pierre, l'encrage ne diffèrent pas de ce que nous avons indiqué. Nous décrirons au chapitre des Procédés de la Lithographie quelques-unes de leurs applications.
Senefelder a débuté par la gravure sur pierre, mais gravure d'un tout autre genre que celui dont nous venons d'exposer les données: Il cherchait à obtenir des reliefs assez puissants et assez nets pour y appliquer les modes d'impression typographique. Après lui, André, d'Offembach en 1802, Duplat en 1809, et Girardet de 1811 à 1812, s'y sont adonné. Celle idée, qui n'a plus sa raison d'être aujourd'hui, en présence des progrès accomplis par la gravure chimique en relief sur métal, a été reprise par Tixier, qui a créé la tissiérographie en 1842; par Dupont, de Périgueux, en 1839. et par plusieurs autres chercheurs. Nous donnons, d'après C. Doyen, la formule de l'enduit dont se servait Senefelder pour protéger les traits de la pierre contre les morsures des acides : cire blanche, 40 grammes; suif, 20; gomme