36 SATIRE DEUXIEME.
« Que la croix périse !
« Que le ciel gémisse !
« Non.»
On voit, autour des murs condamnés par la guerre, Les sombres bombardiers; émules du tonnerre, Préparer froidement ce foudre artificiel Qui va crever la nue et tombe aussi du ciel : Impassibles et fiers, leur oreille attentive Attend, pour embraser la poudre destructive, Et jeter, à la ville, un formidable enjeu, Que l'ordre militaire ait dit : « haut le bras, feu ! »
Tels ces noirs travailleurs, civilisés vandales, Pour unir en faisceau leurs forces infernales, Attendent que le chef, d'une voix de Stentor, Leur crie : « à bas la croix; mille bras, un effort ! »
Mais le cri sacrilège est vomi par sa bouche ; Et soudain mille bras de la tourbe farouche, Sur l'arbre du salul se ruant à la fois, Sapent de mille coups la base de la croix.