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Notice complète:

Titre : Journal de médecine et de chirurgie pratiques : à l'usage des médecins praticiens

Éditeur : Impr. de Plassan (Paris)

Éditeur : Impr. de DecourchantImpr. de Decourchant (Paris)

Éditeur : Impr. de Schneider et LangrandImpr. de Schneider et Langrand (Paris)

Éditeur : Impr. de CrapeletImpr. de Crapelet (Paris)

Éditeur : Impr. de Ch. LahureImpr. de Ch. Lahure (Paris)

Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)

Éditeur : [s.n.][s.n.] (Neuilly-sur-Seine)

Éditeur : Expansion scientifique françaiseExpansion scientifique française (Paris)

Éditeur : Association des amis de Just-Lucas ChampionnièreAssociation des amis de Just-Lucas Championnière (Paris)

Date d'édition : 1915-10-10

Contributeur : Lucas-Championnière, Just (1803-1858). Directeur de publication

Contributeur : Chaillou, François-Hyppolyte (1809-18..). Directeur de publication

Contributeur : Lucas-Championnière, Just (1843-1913). Directeur de publication

Contributeur : Lucas-Championnière, Paul-Eugène (1845-1918). Directeur de publication

Contributeur : Lucas-Championnière, Paul-Henri. Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34348793z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34348793z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 10 octobre 1915

Description : 1915/10/10 (A86,T86).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5736167w

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 17/01/2011

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TOME LXXXVI. - 10 OCTOBRE 1915. - 19' Cahier

JOURNAL

DE MÉDECINE

ET

DE CHIRURGIE

U—^ Pratiques,

>?»Jfc^USAGE DES MÉDECINS PRATICIENS

ryY <\ FONDÉ EN 1830

•rrri vt Àar LUCAS-CHAMPIONNIERE

W

<J/ CONTINUÉ (1870-1918)

èlîN^ar Just LUCAS-CHAMPIONMÈRE

Membre de l'Institut (Académie des Sciences)

Chirurgien honoraire de l'H6tel-Dleu

Membre de VAcadémie de médecine*

Docteur Paul LUCAS-CHAMPIONN1ÈRE

AXCIU «TERME DES HOPITAUX

Rédacteur en Chef

Docteur Paul-H. LUCAS-CHAMPIONNIERE

Jnst LUCA8 CHAMPIONNIÈRE

IKTBRME DES HOPITAUX

Secrétaires de la; Rédaction

COHSEIL SCIENTIFIQUE I

Docteur A. SIRBDBT

JdMqçin de l'bSpital Saint-Antoine. Docteur B. SBRQBNT

Médecin de l'hôpital de 1» Charité.

Docteur MICHONr

Chirurgien de Hôpital Cocbln.

Docteur D&LAGBNIEHB

Chirurgien des hOpttanx do Mani.

Doetenr Clément SIMON (d'Uriage) AMCKH «TERNE DBS HOPITAUX

Secrétaire,

86" ANNÉE

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RENSEIGNEMENTS MÉDICVPX - Supp dn Jonrnal de Méd., 10 octobre 1918.


: TABLE DES MATIÈRES

„XQJ»TENUES DANS LA LIVRAISON DU 10 OCTOBRE 1915.

STITITT J ART. 24858.

,-$éè pertes du Corps médical militaire.

-—' ART. 24859.

Les formes graves du rhumatisme articulaire aigu et leurs traitements,

par le Dr A.-F. PLICQUE.

ART. 24860.

Sur l'étiologie de l'appendicite.

MÉLANGES SCIENTIFIQUES. — ART. 24861. Sur les causes de la dépopulation française : l'avortement criminel. — ART. 24862. La phénolisation dans la gangrène gazeuse. — ART. 24863. Traumatisme oculaire dû a une chouette. — ART., 24864. La tomate dans l'alimentation.

PRESCRIPTIONS ET FORMULES.— ART. 24865. Traitement des anémies. — ART. 24866. Préparations diverses pour les enfants : Bouillon de légumes. — ART. 24867. Destruction des poux*

SOCIÉTÉS SAVANTES. — ART. 24868. ACADÉMIE DE MÉDECINE. Traitement local des infections faso-spirillaires par le galyl ; Vaccinations mixtes antityphoïdiques et antiparatyphoïdiques ; Cent localisations de projectiles par le compas radio-chirurgical. — SOCIÉTÉ MÉDICALE DES HÔPITAUX. La sérothérapie dans la méningite cérébro-spinale épidémique ; Parotidites et fièvre typhoïde ; Orchite dans la lièvre typhoïde.

VARIÉTÉS. — ART. 24869. A L'ARMÉE : Morts au champ d'honneur ; Légion d'honneur ; Citations à l'ordre du jour de l'armée ; Médaille militaire ; Médaille d'honneur des épidémies ; Citation civile.

VARIA.


RENSEIGNEMENTS MÉDICAUX. — Sup. du Journ. de Méd., 10 octobre 1915. "^


( 721 ) ART. 24858

ART. 24858

Les perles du Corps médicxl militaire

Sous ce titre M. le médecin-inspecteur Schneider (du cadré de réserve) qui partage maintenant la direction du Caducée avec M. le Dr Granjux, publie dans ce journal un article d'un grand intérêt sur ce sujet tout d'actualité et que nous croyons devoir reproduire en entier :

On éprouve une véritable stupéfaction en constatant les .pertes énormes subies pendant cette guerre par le Corps médical, soi-disant non combattant, de l'armée active et du cadre complémentaire.

Il nous souvient que, quand son entourage le pressait de s'efforcer d'obtenir, en faveur des médecins de l'armée, une situation militaire digne de leur science et de leur dévouement et plus en rapport avec leurs fonctions nouvelles dans les corps de troupe et les hôpitaux, depuis les lois des 16 mars et 1er juillet 1839, leur accordant la direction et l'autonomie, le Médecin-Inspecteur Général Dujardin-Beaumetz répondait invariablement : « Attendez la prochaine guerre, tant des nôtres y tomberont que le Commandement ne pourra rien nous refuser. »

Hélas ! les pertes sont venues, mais non pasles honneurs, bien au contraire, ei-, certes, ce n'est pas la faute desméde•cins militaires.

La mortalité des médecins suit, paraît-il, immédiatement •©elle de l'infanterie.

Cela tient, sans doute, tout d'abord, à ce que, partout où •combattent les troupes françaises, et notamment l'infanterie; sur le champ de bataille et dans les tranchées, les médecins les y accompagnent et partagent leurs souffrances.

Mais il est une autre raison encore, à laquelle on n'a pas assez songé et quia influé grandement, à notre avis, sur les pertes du Corps médical et des infirmiers militaires, et aussi, .sans doute, sur celles des blessés soignés dans les formations sanitaires de l'avant.

Lors de la publication du règlement de 1892 sur le Service; de Santé en campagne, la 7e Direction d'alors n'avait pas manqué de demander à qui de droit une consultation sur les emplacements à choisir pour l'installation des postes'

J. DB MÉD., 10 OCTOBRE 1915. 10 1


ART. 24858 ( 722 )

de secours et des ambulances pendant le combat, et la notice n° 4 de ce règlement reproduisit, pages 159 et suivantes, les sages conseils donnés par le Comité technique de l'artillerie, sous les titres suivants :

1° Distance des postes de secours et des ambulances aux batteries ennemies.

2° Conditions qu'il faut rechercher pour fournir aux blessés recueillis pendant le combat, le meilleur abri éventuel contre les projectiles de l'artillerie et leurs effets destructifs. 3° Emplacements qui doivent, en principe, être évités pour l'établissement d'un poste de secours ou d'une ambulance. Ces renseignements donnaient donc de très précieuses indications aux médecins de l'armée active et surtout à ceux de la réserve et de l'armée territoriale, chefs de service dans les corps de troupe ou les ambulances.

Or, on fut tout étonné, au moment de l'apparition, en 1913, des douze notices annexées au règlement du 26 avril 1910, de neplus y retrouver trace des indications techniques indispensables au choix de l'emplacement des formations sanitaires pendant le combat.

Cela tenait, sans doute, à la hâte tardive avec laquelle la 7e Direction avait, plusieurs années cependant après l'élaboration du nouveau règlement, procédé à l'impression du volume 82 bis de l'édition méthodique du « Bulletin Officiel du Ministère de la Guerre », hâte dont on retrouve, en effet, la preuve évidente dans les erreurs du texte, qui semble ne pas avoir été relu, et dans la grossièreté insolite des figures de la notice en question.

On avait voulu, sans doute à tout prix, le faire paraître avant la rentrée des Chambres pour éviter l'interpellation annoncée sur la présence, dans un ouvrage non officiel, de documents encore confidentiels.

Il est donc probable que, dans ces conditions, on n'eut pas alors le temps de consulter la 3e Direction sur les modifications qu'il était nécessaire d'apporter à la notice n° 4, en raison des progrès de l'artillerie moderne, et on se contenta, à sonsujet comme, d'ailleurs, à celui d'autres notices non rééditées, trop longues à refaire dans un court espace de temps, de supprimer les conseils donnés en 1892 aux médecins chefs pour le choix de l'emplacement des postes de secours et des ambulances.

11 n'est, par suite, pas douteux que, faute .d'instructions suffisantes, des formations sanitaires n'aient été trop souvent ainsi que nous en possédons malheureusement des exemples fâcheux, largement arrosées par les projectiles de l'infanterie et de l'artillerie ennemies, parce qu'installées dans des terrains défectueux, quelquefois même à proximité immédiatede batteries françaises, et cela au grand détriment des blés-


,( 723 ) ART. 24859

ses recueillis dan3 l'ambulance ainsi que de son personnel sanitaire.

Qu'il nous soit donc permis d'émettre le voeu de voir M. Justin'Godart, l'éminent Sous-Secrétaire d'Etat pour le Service de Santé, combler le plus tôt possible, par une instruction technique, cette lacune regrettable avant la reprise prochaine de la grande offensive attendue.

ART. 24859

Les formes graves du rhumatisme articulaire aiçu et leurs traitements.

ParleDrA.-F. PLICQUE.

Comme la nature même du rhumatisme articulaire aigu, les conditions qui causent sa fréquence et surtout sa gravité sont encore fort mal connues. Cette fréquence est actuellement pour quelques régions et particulièrement dans l'armée presque épidémique. Certaines formes semblent même très réfractaires à l'action dusalicylate. Il est donc assez important d'étudier :

Ie? les moyens de faire tolérer les hautes doses de salicylate seules efficaces dans ces cas graves et rebelles ;2° le traitement nouveau et plus maniable de M. Thiroloix par le salicylate de soude à faible dose, mais associé à divers synergiques et en particulier aux injections sous-cucanées de sulfate de magnésie ; 3° le traitement de MM. Loeper et Wahram par les injections intraveineuses de soufre colloïdal. Par ces diversmoyens on arrive à enrayer l'infection et, àla condition d'observer des précautions longues et minutieuses pendant la convalescence, à prévenir ou tout ^au moins à limiter lescomplications viscérales.

* * *

I. Le salicylate de soude, même employé seul, réussit assez ordinairement dans les formes graves. C'est même pour elles qu'ii.montr.e le mieux son effet spécifique et son action puissante contre la fièvre rhumatismale vraie.

Mais, pour éviter tout risque d'insuccès deux conditions :


ART. 24859 ( 724 )

1° emploi précoce du médicament; 2° doses très élevées, sont nécessaires.

Quand son emploi est tardif et ne commence qu'après le premier septénaire, le salicylate échoue souvent. Les modifications sanguines ont alors eu le temps de se constituer. Des colonies microbiennes ont fréquemment proliféré sur l'endocarde et à la face interne des vaisseaux. Dès lors le salicylate peut difficilement enrayer l'infection et encore moins réparer les altérations produites.

L'insuffisance des doses est, pour les partisans du salicylate, une cause encore plus commune et plus importante d'insuccès. Au début, les médecins anglais, pour juguler l'infection, donnaient jusqu'à 30 grammes dans les premières vingt-quatre heures. Aujourd'hui, oncherche plutôt à obtenir uneimprégnation prolongée que cet effet massif et brutal. Toutefois, M. Barth conseille encore de donner aux adultes vigoureux S gr. de salicylate par jour pendant quelques jours, 6 gr. aux jeunes gens et aux femmes, 4 gr. aux enfants de cinq à douze ans. Il n'est pas toujours facile de faire tolérer et surtout de faire tolérer longtemps ces doses.

La fatigue stomacale est souvent un premier obstacle. En cachets, le salicylate détermine une irritation violente et des troubles réflexes fort pénibles. Aussi dans son Traité de pharmacologie, M. Pouchet, insiste-t-ilsur la nécessité de donner le salicylate soit en potion au moment des repas, soit dans une solution très diluée. On formulera par exemple :

Salicylate de soude 15 grammes.

Rhum vieux 60 grammes.

Sirop écorces oranges amères... | „ .AA

Eau distillée jaa 10° grammes.

Par cuillerées à soupe toutes les deux heures dans une tasse de tisane.

S'il est utile d'éviter l'alcool on prescrira pour garder une saveur acceptable :

Salicylate de soude 5 à 10 grammes.

Suc de réglisse dépuré 5 à 10 grammes.

Eau distillée 130 grammes.

Par cuillerées à soupe dans une tasse de tisane.

S'il survient malgré tout de la gastralgie et du pyrosis on ajoute à ces formules 5 à 10 gr. de bicarbonate de soude Ou bien, ce qui est encore préférable, on fait prendre chaque dose répondant àl gr. de salicylate dans un grand verre d'eau de Vichy.

M. Josué, dans une discussion fort intéressante à la Société


( 725 ) ART. 24859

médicale des Hôpitauxdu 24 avril 1914, conseille également d'ajouter toujours au salicylate une quantité égale de bicarbonate de soude afin d'éviter l'irritation et les réflexes gastriques. Mais il conseille en outre de toujours prescrire une purgation ou un lavement purgatif au malade avant de commencer le salicylate. Grâce à ces deux précautions, on peut continuer 6 à7 grammes pendant plusieurs jours, puis ensuite 4 à 3 grammes pendant huit jours et plus sans inconvénient. Les accidents aigus disparaissent très vite. Les troubles nerveux,- le délire, les accidents médullaires des formes hypertoxiques cèdent rapidement.

M. Josué croit même que les accidents nerveux attribués parfois au salicylate tiennent en réalité dans bien des cas à ce que le malade ne prend pas son salicylate. Il y a là une cause d'erreur fréquente surtout à l'hôpital. Nombre de malades ayant une prévention contre la salicylatj, redoutant les quelques malaises qu'il occasionne, ne le prennent qu'en partie ou même pas du tout. Aussi, dans les cas tenaces, M. Josué vérifie-t-il toujours laréactiondes urines avec le perchlorure de fer. Quelques gouttes de perchlorure versées dans l'urine (après filtration quand celle-ci est trouble) produisent dès la première heure une belle coloration violette.

Si le malade prend bien son salicylate, et si cette réaction violette fait défaut, ce résultat négatif est encore important caril doit faire craindre l'absence d'élimination rénale et l'intolérance. En ce cas, surtoutsi les urines sont rares, les boissons abondantes (lait, petit-lait, bouillon, de légumes, tisane de pommes, infusion de queues de cerises, de stigmates de maïs, de pariétaire, de feuilles de frêne, thé ou café légers, eaux minérales faibles) amènent souvent une diurèse plus active et assurent l'élimination.

Dans tous les cas d'oligurie, les sueurs profuses du rhumatisme contribuentbien à éliminer lesalicylate. Mais, à quantité égale de liquide, leur effet est le huitième seulement de l'élimination par l'urine. On a donc à craindre les accidents cumulatifs. La diurèse abondante au contraire assure à la fois la tolérance médicamenteuse, l'issue des toxines rhumatismales et la guérison.

Parfois aussi, même donné de bonne heure et à fortes doses, le salicylate échoue. Cesinsuccès semblent assez fréquents chez les soldats surmenés, exposés à toutes les intempéries, soumis parfois pendant longtemps à une alimentation presque exclusive de viande et surtout de conserves. M. Barth fait même jouer un rôle aux émotions morales et à toutes les variétés de choc nerveux.

Comme type d'insuccès, M. Debertrand, dans sa thèse sur un cas de rhumatisme articulaire aigu terminé par mort subite, a rapporté le fait d'un jeune homme de dix-neuf ans,


ART. 24859 ( 726 )

chez qui le salicylate, commencé à dose de 6 gr. par jour dès le troisième jour, n'amena aucune amélioration. Le pyramidon, le sulfate de quinine, l'aspirine se montrèrent eux aussi impuissants à diminuer la fièvre. L'infection rhumatismale se prolongea pendant quarante jours au boutdesquels le malade succomba brusquement par syncope.

La" distinction faite par MM. Triboulet et Coyon entre le rhumatisme infectieux simple (polyarthrite fébrile des premiers jours) et le rhumatisme infectieux infecté secondairement (complications viscérales si fréquentes quand la maladie se prolonge) explique assez bien ces variations dans l'effet du salicylate. Celui-ci n'agit que dans la forme simple, de même que le sérum spécifique, très efficace contre la diphtérie initiale, n'agit que peu ou point contre les infections secondaires à la diphtérie.

Comme la scarlatine qui offre avec lui bien plus d'une analogie, le rhumatisme est surtout grave parce qu'il ouvre la porte aux infections secondaires. Les complications, comme dans la scarlatine, peuvent survenir même tardivement, alors que les polyarthrites et la fièvre initiale ont disparu. La convalescence des rhumatisants doit être longtemps surveillée..

Par suite, l'échec de la médication salicylée ne conduit plus comme autrefois à faire hésiter sur la nature même de la maladie et à faire soupçonner un pseudo-rhumatisme infectieux, o L'inefficacité du salicylate n'est pas un fait rare dans les rhumatismes même graves».

Alors même que leur action thérapeutique est satisfaisante, les hautes doses de salicylate ne sont pas toujours possibles sans inconvénients. Quand l'éliminationpar l'urine est immédiate et complète, de fortes doses peuvent être parfaitement et longtemps supportées ; un malade par exemple prit, presque sans malaises, 120 grammes de salicylate en vingt-deux jours. Normalement,l'élimination par l'urine est déjà très nette au bout d'un quart d'heure.Mais elle peut aussi se trouver soit retardée, soit insuffisante. En ce cas on n'observe plus seulement la céphalée, les vertiges, les bourdonnements qui sont à peu près inévitables avec les fortes doses. Pouchet et Lewin ont signalé du délire prenant surtout la forme du délire de la persécution, des contractures pseudo-tétaniques, du collapsus avec dyspnée et convulsions, des hémorragies, des oedèmes. Quelques malades ont, à l'égard du salicylate, une si forte sensibilité individuelle que des doses faibles (3 gr. par jour) produisent déjà des accidents sérieux. Aussi, s'il y a le moindre trouble urinaire (rareté des urines, albuminurie) faut-il toujours tâter cette susceptibilité et donner le salicylate par doses


( 727 ) ART. 24859

progressives graduellement croissantes et fractionnées en plusieurs reprises dans les vingt-quatre heures.

* * *

IL Pour éviter ces inconvénients des doses massives, M. Thiroloix a eu l'idée 1° d'associer au salicylate d'autres médicaments synergiques qui permettent d'obtenir le même -effet avec une réduction considérable de chaque dose ; 2° de combiner les applications externes de salicylate de méthyle ; 3° d'employer simultanément les injections souscùtanées de sulfate de magnésie, si puissantes comme effet analgésique et antispasmodique. Son mémoire basé sur trente observations et présenté à la Société de thérapeutique (séance du 24 juin 1914) resta malheureusement inédit par suite de la guerre. En voici tout au moins le résumé que nous devons à son obligeance.

Au lieu de recevoir le salicylate à hautes doses, le malade prend chaque jour une demie bouteille d'eau de Vichy dans laquelle on met un paquet de :

' Citrophêne \

Salophène ( „„ ,

Salicylate de soude j aa i grammeBicarbonate

grammeBicarbonate soude... /

A boire par verres à Bordeaux d'heure en heure.

Èh deuxième lieu on lui fait chaque jour pendant quatre jours une injection sous-cutanée avec quatre centimètres cubes de la solution stérilisée de sulfate de magnésie à 25 pour cent.

: Eïï troisième lieu on fait sur les jointures les plus douloureuses des applications de salicylate de méthyle (essence de Wintërgreen). Parfois quand une articulation est très distendue, on fait même très aseptiquement la ponction au moyen d'une aiguille aspiratrice, longue et fine. Cette ponction soulage beaucoup.

L'association d'un seul gramme de salicylate au salophène (acétyl paramidosalol), au citrophêne (citryl paraphénétidine), au bicarbonate de soude et aux sels alcalins ■dé l'eau de Vichy est très efficace.

Le salophène a une action un peu plus lente mais plus soutenue et souvent plus accentuée que le salicylate. Il ne se dédouble que dans l'intestin. Il ne produit en général aucun symptôme d'intolérance. Il agit surtout par l'acide sàlicylique qu'il contient.'

Le citrophêne aux doses de 4 à 6 gr. souvent prescrites quand on l'emploie seul est, au contraire, un peu toxique


ART. 24859 ( 728 )

comme la phénacétine et les autres dérivés de l'aniline. Il déprime la nutrition et produit souvent une hypoazoturie très accentuée. Son effet est particulièrement analgésique.

Bien que donnés à faible dose de 1 gr. chacun, les trois produits : salicylate de soude, salophène, citrophêne deviennent très efficaces par leur association. 11 y a là une augmentation d'activité analogue à celle que Championnièreavait bien vue dans la réunion simultanée de plusieurs antiseptiques.

L'addition de bicarbonate de soude, l'emploi d'eau de Vichy comme véhicule est utile pour la tolérance de l'estomac et n'est pas négligeable pour l'efficacité. Jadis, Dickinson a même regardé le bicarbonate de soude comme le spécifique du rhumatisme articulaire aigu. Il le donnait d'ailleurs à très fortes doses (3 à 5 grammes toutes les trois, heures). De 161 observations il avait cru pouvoir conclure que le bicarbonate de soude prévenait les complications cardiaques. Chez les malades ainsi traités, celles-ci ne se rencontrèrent qu'une fois sur quarante-huit cas. Elles survinrent au contraire une fois sur quatre chez les malades traités par d'autres moyens. Avant le salicylate, Vulpian, Charcot, Jaccoud regardaient comme efficace ce traitement par les alcalins à hautes doses. Mais ces hautes doses offrent divers inconvénients : 1° météorisme stomacal et intestinal assez pénible ; 2° alcalinité et surcharge de l'urine en selsavec mictions fréquentes impérieuses, parfois même cystite ; 3° augmentation marquée de l'anémie. Ces inconvénients ne se rencontrent pas avec les doses faibles ou moyennes et celles-ci gardent une réelle valeur d'appoint.

Employé localement, le salicylate de méthyle n'assurequ'une absorption assez faible d'acide salicylique ; on aura soin de bien étaler la plaque de ouate hydrophile sur laquelle on le verse et de la recouvrir d'un taffetas imperméable,, l'absorption est ainsi très réelle et facile à constater par l'examen de l'urine.

Il est en outre à remarquer que cette absorption minimemais faite au niveau même des jointures malades doit être particulièrement efficace. Au Congrès du Caire, Bouchard faisait observer que toutes les méthodes d'administration, générale diffusent les médicaments au hasard et partout. En faisant ainsi absorber à un rhumatisant de soixante kilogs,. 6 grammes de salicylate, chaque kilogramme de son corps renferme 0 gramme 10 de produit actif. Cette quantité est bien faible au niveau des articulations et des épiphyses osseuses; elle est bien forte au niveau des tissus nerveux si fragiles et si vulnérables. L'absorption sur place précise les effets thérapeutiques et diminue les effets de toxicité.

Les injections sous-cutanées de sulfate de magnésie ont


( 729 ) ART. 24859

aussi une part très utile pour obtenir la détente musculaire. Lasègue insistait sur le rôle des contractures musculaires et surtout des contractions brusques, maladroites, survenant à faux, comme cause des douleurs atroces chez les rhumatisants. Il faisait remarquer qu'avec beaucoup de précautions en persuadant au malade de rester absolument passif, on pouvait imprimer sans provoquer aucune 1 souffrance des mouvements même étendus aux articulations semblant les plus atteintes. On frôlement, au contraire, provoque la défense ihaladroite des muscles et arrache des cris aux malades les plus courageux. « Il n'y a pas, disait-il de douleur intranrticulaire dans le rhumatisme articulaire aigu, les douleurs dépendent des muscles... ».

1 D'autre part, les signes d'irritation méningée et médullaire (hypêresthésie rachidienne, engourdissements, parésies, troubles du sphincter vésical), restent en général bénins mais sont souvent signalés. Parfois même peut se poser la question du diagnostic entre le rhumatisme articulaire aigu et certaines méningites cérébrospinales avec arthropathies.Contre ces troubles des muscles et du système nerveux, le sulfate de inagnésie est un calmant très efficace.Ces injections sousçùtanées n'ont jamais eu le moindre 'inconvénient, tout au plus ont-elles produit parfois un léger effet purgatif.

M. Thiroloix présentait à la Société de thérapeutique en juin 1914 trente observations de rhumatismes graves traités par cette méthode combinée et rapidement guéris sans complications. Depuis, il a continué. avec le même succès son emploLEn deux ans il n'a jamais vu, avec ces divers moyens associés une crise se prolonger plus d'une semaine. Avec le bicarbonate de soude seul, au contraire, la crise se prolongeait souvent pendant trois semaines et même plus. Avec le salicylate de soude à doses massives, les résultats sont rapides, Obtenus souvent en huità dix jours. Mais dans bien des cas, suivant l'expression du PrHutinei; le rhumatisant est plutôt blanchi que guéri. Il reste exposé à une rechute parla moindre fatigue, par le plus léger refroidissement. L'action du traitement combiné semble plus profonde et plus solide.

***

ÏII.MM.Loeperet Wahramont essayéunautre traitement: le soufre colloïdal dans les formes graves de rhumatisme articulaire aigu ainsi que dans les formes tenaces, rebellesà l'action du salicylate ou de l'aspirine. Par l'emploi soit en injections hypodermiques (0 gramme 03 à 0 gramme 10) soit par la voiedigestive(0 gramme 20) on obtient des effets pal(1)

pal(1) médicale des hôpitaux, 16 juillet 1915.

J. DE MÉD., 10 OCTOBRE 1915. 10 — 2


ART. 24859 ( 730 )

Hâtifs sur les douleurs et sur le gonflement. Mais la véritable action curative n'est obtenue que par les injections intraveineuses.

Avec la technique suivante, plus de trois cents injections furent pratiquées sans aucun accident même dans des rhumatismes nettement infectieux ou toxiques. On utilise des ampoules de un ou deux centimètres cubes renfermant 0 milligramme 33 ou 0 milligramme 66 de soufre colloïdal. Le liquide est introduit très lentement dans une veine du bras au moyen d'une fine aiguille avec toutes les précautions d'antisepsie. Chez les sujets fatigués, on débute par une dose de 0 milligramme 15 et on augmente quotidiennement la dose jusqu'à 0 milligramme 66. Chez les sujets robustes et résistants on peut débuter par 0 milligramme 33. L'injection est faite quotidiennement pendant cinq jours consécutifs, quelle que soit l'amélioration obtenue. Au bout des cinq jours, il est rare que l'accalmie ne soit pas suffisante. Mais en tous cas, une période de repos est alors nécessaire dans le traitement, avant de reprendre une deuxième série d'injections. Le malade ne doit ni manger ni boire une heure avant et une heure après l'injection.

Les localisations pulmonaires ou pleurales, l'albuminurie, une ancienne lésion cardiaque ne sont pas des contre-indications. Jamais, quoique la phlébite soit une complication assez commune du rhumatisme, les injections intraveineuses de soufre colloïdal n'ont servi de point d'appel ni entraîné cette complication.

C'est seulement en cas d'endocardite aiguë qu'elles doivent être évitées. Il faut préférer alors, malgré leur action' moins immédiate et moins complète, les injections hypodermiques à dose de 0 gramme 03 à 0 gramme. 10 centigrammes.

La plus importante des réactions provoquées par l'injection intraveineuse est la fièvre. Elle s'annonce par un frisson souvent très violent apparaissant 40 à 50 minutes après l'injection et d'une durée de 20 minutes environ ; elle s'élève progressivement pour atteindre à la première et deuxième heure 38, 39 et même 41° et s'abaisse brusquement ensuite pour revenir à la normale. Alors apparaissent de fortes transpirations et un impérieux besoin de sommeil.

La fièvre est particulièrement intense après les injections laites dans les formes graves et aiguës. Elle augmente naturellement en cas de doses massives. La susceptibilité individuelle est si variable et parfois si vive qu'on doit toujours débuter par une dose de 0 milligramme 15 chez les malades ' ôîlêtifs où très débilités.

Cette réaction fébrile, si désagréable qu'elle soit, n'empêche d'ailleurs nullement les bons-effets du soufre colloïdal


(-731 ) ART. 24859

sur lès arthrites et même sur les complications du poumon, ■de la plèvre ou du rein.

Les autres moyens proposés comme spécifique de l'infection rhumatismale sont encore à l'étude. Les injections intraveineuses de ferments métalliques et en particulier d'élèctrargol ou d'or colloïdal donnent des résultats assez incertains ; dans une maladie exposant par elle-même à la phlébite les injections intraveineuses augmentent toujours quelque peu ce risque. Les pommades à l'argent colloïdal ont au moins l'avantage d'être inoffensives.

Lèssérums immunisants offrent peut-être plus d'avenir. Le sérum antistreptococcique polyvalent à donné quelques succès dans les formes moyennes et traînantes.

Mais il semble contre-indiqué dans les formes aiguës avec fièvre intense, avec complications cardiaques ou pleuro-pulmonaïres ce qui restreint beaucoup son intérêt et ses applications. Le sérum préparé avec l'anhémobacille d'Achalme semble mieux approprié aux formes graves.M> Rosenthal l'a yu.réùssir, même dans les rhumatismes très aigus et compliqués de lésions viscérales. Mais il faut l'employer à hautes doses (soixante centimètres cubes pour l'adulte). Au sérum M. Rosenthal associe d'ailleurs l'électrargolàdose intensive {cent centimètres cubes) ainsi que le salicylate de soude.

Dans la convalescence M. Rosenthal conseille même de iaire tous les trois mois une injection de bacilles morts en dilution comme les vaccins de Wright dans l'eau salée physiologique, pour éviter la récidive. La récidive sous l'influence des intempéries ou des fatigues parfois même sans cause apparente, est en effet un danger réel et fréquent après une attaque sévère de rhumatisme articulaire aigu. Au contraire ■des maladies immunisantes, et comme pour la grippe, une première atteinte prédispose aux atteintes ultérieures.

«Pour la moindre imprudence, écrit M.Barib (1) une nouvelleattaque de rhumatismeaigu va ramener tout le cortège deapîaux déjà soufferts ; alors la réceptivité s'exaltant au lieu-de/s'êteindre, une troisième, une quatrième reprise sont à prévoir. Le coeur, s'il a échappé au premier assaut, est fatalement touché dans les suivants, et, plus les récidiyes se multiplient, moins le malheureux malade conserve de.chance d'échapper à l'endo-périeardîte et à la cardiopathie qui en est la.suite •>. Aussi M. Barth conseille-t-il^ longtemps encore après la guérison apparente, d'éviter soit les logements humides, oSoit les transitions brusques de température surtout

(1) Traité de thérapeutique pratique, tome îtl, p. 197;


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celles du chaud au froid. Un changement de profession sera même parfois indispensable.

Le port constant d'une flanelle et d'un caleçon de laine fine en été comme en hiver, l'endurcissement de la peau par des frictions sèches et parfois par l'hydrothérapie progressive sont également de bons moyens préventifs.

L'éventualité d'une blennorrhagie est toujours un accident sérieux et une cause fréquente de récidives articulaires dans la convalescence du rhumatisme.

Les voyages prolongés d'évacuation sont généralement mal supportés soit au cours soit dans la convalescence des rhumatismes graves. Presque autant que le tétanos et que la méningite cérébro-spinale, ces atteintes graves, déterminant une véritable hyperexcitabilitémédullaire, exigent avant tout des précautions et du repos.

M. Triboulet fait enfin jouer un grand rôle soit pour la production de la crise initiale soit pour les récidives aux infections rhinopharyngées (angines même légères) ou gastrointestinales (embarras gastrique, constipation). Les gargarismes et badigeonnages antiseptiques, l'alimentation modérée et bien choisie, les laxatifs, parfois les antiseptiques intestinaux auront donc également un rôle dans cette prophylaxie des récidives.

ART. 24860

Sur Vétiologie de Vappendicite

Dans le beau livre si instructif à tant d'égards qu'ils ont consacré récemment à Y Appendicite (1), livre que nous avons signalé il y a quelque temps à nos lecteurs (art. 24713), MM. Léon Bérard et Paul Vignard ont étudié d'une façon, toute particulière l'étiologie de cette maladie et ont écrit sur ce point de son histoire un chapitre d'autant plus intéressant qu'il s'agit d'une question encore très discutée, et qui présente encore bien des obscurités. Nous voudrions dans cette brève analyse montrer quel en est l'intérêt.

—11 n'est pas, disent MM.Bérard et Vignard,en commençant l'étude des causes générales de cette maladie, de cha(1)

cha(1) vol. chez Masson.


( 733 ) ART. 24860

pitre plus touffu que celui qui concerne l'étiologie de.l'appendicite. L'étonnement qui a suivi sa découverte, puis la constatation de sa fréquence, ont suscité un besoin parfois excessif d'interprétations et provoqué des explications plus ou moins fondées. C'est à des considérations d'ordre général qu'on s'est d'abord arrêté ; devant leur insuffisance et à mesure que les données anatomiques et cliniques devenaient plus précises on a cherché dans l'appendice lui-même et à son voisinage lesraisonsdes phénomènes inflammatoires dont il était le siège. Or on vint ainsi à faire de l'appendicite une maladie exclusivement locale, conception trop étroite et qu'une observation plus minutieuse devait plus tard élargir. Actuellement l'appendicite doit être considérée dans nombre de cas comme une détermination locale d'une maladie générale.

Dans les causes générales, l'influence de la race, du pays, de l'alimentation ont été diversement interprétées.

L'appendicite sévit dans tous les pays. On la prétendait il y a 15 ans plus fréquente chez les Anglo-Saxons, en Angleterre et surtout en Amérique : aujourd'hui qu'elle est aussi bien connue en France, en Suisse et en Allemagne, on l'y rencontre aussi souvent. La pratique des sports violents, et l'alimentation carnée n'en sont plus considérées comme les éléments essentiels.

Pourtant Lucas-Championnière a soutenu encore en 1904, devant l'Académie de Médecine que les Américains avaient importé l'appendicite aux Philippines, en apprenant aux indigènes, jusque-là végétariens, à manger de la viande. Brunswick Le Bihan a signalé la grande rareté de l'appendicite dans les tribus nomades de la Tunisie qui se nourrissent surtout de farine, d'huiles et de dattes, tandis que les Arabes des villes n'en seraient nullement à l'abri.

Des constatations identiques auraient été faites en Italie et en Roumanie. Matignon a insisté sur la rareté de l'appendicite chez les Chinois mangeurs de riz, bien, que leur intestin fourmille de parasites.

Que là viande peu fraîche, mal cuite, insuffisamment mastiquée, arrivant dans le caecum mal peptonisée, mal digérée parles sucs intestinaux, favorise en s'y putréfiant les fermentations et-la pénétration dans l'appendice de nombreux saprophytes et pathogènes, c'est une hypothèse étayée aujourd'hui par la chimie biologique, par la clinique et par l'expérimentation... Il est indéniable aussi que chez les jeunes gens en particulier, la crise d'appendicite éclate souvent chez des gros mangeurs de viande, à l'occasion de repas trop copieux pris hâtivement ou goulûment, composés de trop nombreux plats de viande épicés ou de gibier.

Il est également de notion courante que chez les sujets


*RT: 24860 ( 734 )

convalescents d'une crise ou d'une opération d'appendicitfr à chaud sans ablation de l'organe infecté, la rechute de l'alimentationcarnée est souvent l'occasion d'une légère reprise; la douleur peut ne pas reparaître, mais la température s'élève de nouveau, pour quelques jours, à 38°, même 38°5 et 39°.

En somme, MM. Bérard et Vignard concluent que Palimentation carnée n'est peut-être pas à redbuter par ellemême quand il s'agit de viande fraîche, saine et bien mastiquée, prise en quantité modérée.

Mais elle est un facteur essentiel de Parthritisme, d'où, dérivaient,'pour Dieulafoy, les lithiases biliaire et intestinale avec la calculose appendieulaire comme complication.

Après avoir étudié l'influence du sexe et de l'âge, MM. Bérard et Vignard arrivent à la question de l'hérédité qui a été très discutée.

Au Congrès français de chirurgie de 1895, Roux (de Lausanne) proclamait que l'appendicite lui avait semblé manifestement héréditaire dans 40 pour 100 des cas, sur une série de 300 observations, étudiées par lui sous ce point de vue. En 1896, Dieulafoy terminait, par les mêmes conclusions un important mémoire à l'Académie de Médecine;à côté de ses cas personnels il invoquait, à l'appui de cette thèse de nombreux faits réunis par les chirurgiens tels que Brun, Jalaguier, Broca, Quenu. et par des médecins tels que Faisans, Rendu, Talamon, etc..

Pour Dieulafoy cependant, ce qui est héréditaire, ce n'est pas l'appendicite elle-même, c'est une commune diathèse arthritique: la goutte, la gravelle biliaire ou urinaire, le diabète existent chez les parents directs ou collatéraux, avec un ralentissement des échanges nutritifs qui trouble les digestions, favorise la lithiase biliaire et secondairement les concrétions de l'appendice.

Pour Talamon, Albarran, Tuffier, Reclus,il existerait cer tains types familiaux d'appendices particulièrement prédis posés à l'infection : appendices longs et épais, dits encore par certains auteurs «appendices lymphatiques», appendices courts et largement ouverts, béants dans l'égout coecal, appendices incurvés ou coudés rétro-cajcaux s'évacuant mal ou pas du tout par une lumière rétrécie, appendices aux parois mal nourries par des vaisseaux insuffisants ou étranglés par des plicatures, par des torsions du méso. Leur transmission héréditaire n'a pas été décrite sur des séries assez nombreu ses pour qu'on puisse tirer de telles constatations des con clusions de quoique valeur. Certains faits pourtant sont suggestifs. Jalaguier, Tuffier, Quénu, Berger en ont rapporté à la Société de Chirurgie. Albarran à cette Société, a cité aussi l'observation d'une enfant qu'il avait opérée pouruDe appendicite gangreneuse et dont les deux frères et la soeur avaient


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déjà dû subir l'appendieectômie à chaud ou à froid dans l'espace de 3 ans. Chez les quatre enfants l'appendice était exceptionnellement long, de 15 à 18 centimètres»

MM. Bérard et Vignard consacrent aussi un chapitre à l'étude de l'épidémicité do l'appendicite et à ses rapports avec lagrippe.

Parfois l'appendicite revêt un caractère épidémique du fait delà contagion ou d'autres associations pathologiques.

Sonnenburg a étudié deux cas d'à épidémies » l'une à Francfort, l'autre à Berlin.

T'iessinger a relaté dans la thèse de Thibault en 1900 une épidémie analogue, étudiée dans le département de l'Aisne. L'année précédente, Golubsco avait observé dans un collège de Moscou une épidémie d'appendicite d'autant plus curieuse que depuis plusieurs années on n'en avait signalé aucun cas dans le quartier et que l'apparition des premières crises suivit une épidémie de grippe.

Dès relations entre la grippe ou l'influênza ont été invoquées presque toujours à l'origine de telles épidémies appendièiilàirës : c'est la grippe, dit-on, qui est épidémique, et dans certaines de ces épidémies grippales, les complications appendiculaires sont particulièrement fréquentes. Un des premiers, Jalaguier dès 1896, défendit cette manière de voir. Puis vinrent en 1897, les communications de Merklen à la Société médicale des hôpitaux sur trois observations personnelles d'appendicite grippale. Faisans en 1899 signalait à son tour deux cas démonstratifs. Lucas-Championnière en présentait d'autres à l'Académie de médecine.

Dans le Bulletin médical de 1901, Charpentier ajouta 5 observations à celles que Lucas-Championnière avait soumises à l'Académie : dans un régiment où sévissait une épidémie grippale grave, il observa en un mois 5 cas d'appendicite ; pendant la période des dix années précédentes, il n'y avait eu qu'un seul cas de « pérityphlité ».

(jùinard raconte que dans une même famille il dut opérer successivement le père, la mère, les deux enfants et la femme de chambre pour les crises d'appendicite survenues au cours d'une grippe qui les avait frappés tour à tour.

D'après Mademoiselle Schoumsky (Thèse de Paris 1910), la confirmation bactériologique de l'appendicite grippale a été donnée par Adrian et Corbellini qui auraient chacun trouvé dans le pus le bacille de Pfeiffer.

Deux ordres d'arguments ont été rapportés à l'appui de cette thèse :

-1* L'appendicite est beaucoup plus fréquente aujourd'hui qu'autrefois et cette augmentation de fréquence coïncide avec l'apparition de la grippe en Europe.


ART. 24800 ( 736 )

2° L'appendicite s'observe surtout aux époques de l'année où la grippe sévit particulièrement.

Après avoir discuté ces conclusions et étudié les enseignements d'un certain nombre de statistiques qu'ils ont pu réunir, MM. Bérard et Vignard terminent ce chapitre par les conclusions suivantes :

Nous dirons donc : L'appendicite est une maladie qui s'observe à toutes les époques de Vannée ; certaines séries coïncident assez fréquemment avec des épidémies grippales. Mais le microbe de la grippe ne semble pas être spécifique de certaines lésions appendiculaires. Pas plus que les autresmaladies infectieuses, lagrippe ne doit être exclusivement incriminée comme élément étiologique. Elle se rencontre plus fréquemment que toutes les autres dans les antécédents immédiats des malades, parce que c'est une des plus répandues, parce qu'on s'en défend moins bien et parce qu'elle frappe tous les organes, rhino-pharynx, voies respiratoires, tube digestif qui peuvent servir de porte d'entrée aux microbes de l'appendicite.

Et si Cheinisse s'est élevé avec raison contre la notion de l'appendicite grippale, il semble aussi que les conclusions de Faisans imposent quelques réserves lorsqu'il écrit : « La grippe est la principale cause de l'appendicite. Sans doute la typhoïde, la variole, les oreillons, les corps étrangers peuvent la provoquer, mais toutes les autres appendicites d'origine infectieuse constituent l'infime minorité en regard de l'appendicite grippale » (1).

(1) On nous permettra de rappeler à ce propos que LucasChampionnière considérait que si l'appendicite n'était pas une maladie nouvelle dans le sens propre du mot, elle était dans tous les cas incomparablement plus fréquente qu'elle n'était autrefois ; et il attribuait cette fréquence en grande partie à la grippe ainsi qu'il vient d'être rappelé par les auteurs de ce livre.

Parmi les arguments sur lesquels il s'appuyait pour démontrer l'augmentation de cette fréquence, il en est un qui ne peut être bien apprécié que par ses contemporains lesquels deviennent de plus en plus rares, et auquel il nous semble qu'on n'a jamais répondu. Il rappelait souvent que pendant tout le cours de son internat dans des services de Chirurgie très actifs, il faisait très attentivement les autopsies de tous les malades qui succombaient, et qu'en dehors des péritonites d'origine puerpérale, les plus fréquentes, on dues à la hernie étranglée, parfois à l'étranglement interne, les autopsies de péritonite étaient absolument exceptionnelles et si rares, qu'on pouvait passer toute une année sans en voir. Or serait-il possible à l'heure actuelle de faire la mêmeconstatation pour ces autopsies qui, au contraire, sont relativement fréquentes et qui seraient bien plus fréquentes encore si la plupart des malades n'étaient opérés à temps pour pouvoir guérir. On dira qu'il n'y a là qu'une impression, mais nous croyons que cette impression, la plupart de ceux auxquels leur âge donne le privilège peu enviable d'avoir connu la période préappendiculaire l'ont ressentie d'une façon certaine.


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■Nous ne ferons que signaler les chapitres où sont étudiées les appendicites en rapport avec le traumatisme, avec les corps étrangers et les calculs ou avec les parasites intestinaux, pour insister en terminant sur celui où sont traités les rapports de l'appendicite avec les maladies générales.'

MM. Bérard et Vignard font remarquer que l'appendice n'est pas seulement un diverticule du tractus intestinal et un organe intra-péritonéal, conditions qui expliquent son atteinte par continuité et contiguïté d'infections ; amas de follicules clos, il constitue un organe lymphoïde de premier ordre, auquel on a pu donner le nom d'amygdale abdominale. 1 Atteint par les microbes ou les toxines qui circulent dans le sang, il pourra être lésé au cours des infections générales et ce mode d'atteinte n'est ni le moins rare, ni le moins intéressant à enregistrer.

Appendicite et pneumonie.-—Depuis longtempsdéjà on savait que la pneumonie pouvait s'accompagner de manifestations àppendiculaires ; la fréquence du point abdominal au cours de la pneumonie est un fait clinique bien établi. D'ailleurslés localisations péritonéales de cette maladie ne sont pas rares et l'on ne saurait s'étonner que le pneumocoque prît quelquefois le chemin de' l'appendice. Faut-il considérer le point àppendiculaire comme un symptôme de cet exode ? L'interprétation la plus habituelle le met sur le compte d'actiônsréflexes à distance et l'attribue à une névrite des troncs nerveux intercostaux, liée elle-même à l'inflammation de la plèvre et du poumon. Cette explication, valable pour la plupart des cas, ne satisfait pas à tous,.. Il n'y a pas seulement comme on le pensait autrefois et comme quelques-uns le

{>ensént encore, des pneumonies à point du côté appendicuaire, du de fausses appendicites au cours de la pneumonie, mais des appendicites vraies avec lésions péritonéales souvent étendues.

En clinique les cas peuvent se présenter de telle façon que l'erreur est souvent'difficile à éviter. Tantôt la pneumonie évolue franchement depuis quelques jours quand apparaissent les signes de l'appendicite. Ici l'interprétation est aisée : il s'agit à n'en pas douter d'une appendicite secondaire à la pneumonie. D'autres fois pneumonie et signes àppendiculaires débutent simultanément : la confusion avec une pneumonie provoquant un point de côté est alors facile. Dans- d'autres cas les symptômes d'appendicite ouvrent la scènépuis de façon plus ou moins tardive apparaît la pneumonie* alors souvent le clinicien tourne bride et sur la eonstatiôn de signes pulmonaires revient sur son diagnostic d'appendipite.

Enfin, parfois l'appendicite bien que grave mais masquée

j. DE MÉD., 10 OCTOBRE 1915 10—3


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par l'intensité des phénomènes généraux passe inaperçue et constitue une trouvaille d'autopsie.

Ainsi peut évoluer l'appendicite au cours de la pneumonie, précédant, accompagnant ou suivant l'affection pulmonaire.

Une autre éventualité peut survenir : la pneumonie est guérie depuis plusieurs jours, même depuis plusieurs semaines, quand se déclare l'appendicite....

Angines et appendicite. — MM. Bérard et Vignard rappellent que bon nombre d'auteurs ont signalé les rapports qui existent entre les angines et l'appendicite et ajoutent :

Cette fréquence de l'appendicite au cours des angines n'a rien qui doive nous surprendre. Bien qu'elle soit placée à l'entrée du tube digestif, il est rare que l'amygdale infectée puisse le contaminer ; mais les angines graves s'accompagnent souvent d'un degré de septicémie assez marqué et peuvent ainsi frapper l'appendice primitivement par voie sanguine.

Par ailleurs la structure lymphatique de l'appendice ex' plique son atteinte dans les cas où le tissu lymphatique réagit de façon élective dans certaines maladies chroniques comme l'adénoïdisme, ou encore dans les infections subaiguës comme la syphilis. C'est peut-être parce qu'elles s'accompagnent d'angine que les différentes maladies infectieuses, grippes, rhumatismes, fièvres éruptives sont en même temps des facteurs d'appendicite.

En somme, angine et appendicite apparaissent comme relevant d'une même infection plutôt que dans des rapports de cause à effet. La similitude et peut-être les relations pathologiques du tissu adénoïde du pharynx et de l'appendice nous obligent à dire un mot des rapports de l'adénoïdisme et de l'appendicite.

Adénoïdisme et appendicite. — Dans un récent ouvrage intitulé syndrome adénoïdien et appendicite chronique, Delacour s'est efforcé d'établir ces rapports. D'après cet auteur, l'ozène, les végétations adénoïdes s'aceompagneraient fréquemmentd'appendicite chronique,qu'il s'agisse d'une altération du tissu adénoïde en général, ou, qu'à la suite d'angines répétées, avec lésions chroniques, l'appendice finisse par être infecté à son tour. En tout cas la fréquence des végétations adénoïdes chez l'enfant rend malaisée l'étude des rapports de cause à effet entre l'adénoïdisme et l'appendicite.

Oreillons et appendicite. —Les oreillons frappent de façon élective le3 organes lymphatiques. De ce fait, l'atteinte de l'appendice ne saurait nous étonner. Sur 79 malades observés en 1901, Simonin a vu 4 fois l'infection ourlienne


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s'accompagner de réaction appendiculaire, caractérisée par de la douleur dans la fosse iliaque. Jalaguier rapporte l'histoire d'une jeune fille atteinte d'appendicite aiguë et de synovite radio-carpienne, chez laquelle, au bout de 6 jours, les phénomènes abdominaux et articulaires disparurent, tandis que brusquement s'engorgeaient les parotides ; en 1906 il signalait à la Société de chirurgie un cas d'opération pour appendicite survenue au déclin d'une crise d'oreillons.

Appendicite et rhumatisme. — Divers auteurs anglais ont cité des cas d'attaque appendiculaire accompagnant ou suivant de près des crises de rhumatisme aigu. Plusieurs fois ces auteurs ont vu tous les phénomènes céder à l'administration de salicylate de soude et ils en ont recommandé l'emploi dans des cas d'appendicite paraissant succéder à des attaques de rhumatisme. Poncet, Jaboulay ont rapporté des observations du même ordre, et il semble bien que le rhumatisme puisse déterminer du côté de l'appendice des phénomènes fluxionnaires passagers et dont le caractère est de ne pas aller jusqu'à la suppuration. Un trait important de' ces appendicites est l'apparition consécutive de symptômes d'endocardite avec lésions valvulaires persistantes.

Appendicite et • érysipèle. — L'érysipèle peut, lui aussi, déterminer quelquefois des réaction àppendiculaires.

Furoncles et appendicite. — Jalaguier a observé en 1897 un enfant de 8 ans qui souffrait depuis trois semaines d'une éruption de furoncles aux membres inférieurs et qui fut pris d'appendicite aiguë avec phénomènes péritonéaux très atténues. Le pus qu'on trouva à l'opération contenait des staphylocoques et quelques streptocoques. Jalaguier pense bien qu'il s'agissait là d'une infection d'origine furonculeuse pure.

Appendicite et septico-pyohémie.— Toutes les suppurations où qu'elles siègent et précisément parce qu'elles sont susceptibles à un moment donné de s'accompagner de septicémie, pourront devenir une cause d'appendicite. L'observation bien connue de Gambetta en est un exemple. MM. Bérard et Vignard ont vu ainsi une appendicite au cours d'un panaris du pouce.

Appendicite et fièvres êruptives. — Les principales fièvres êruptivegj rougeole, scarlatine, varicelle, variole semblent ne retentir que rarement sur l'appendice. Jalaguier paraît avoir publié le premier cas en France d'une appendicite survenue au 6e jour d'une rougeole. Depuis, Mlle Schoumskyen a réuni 14 dans sa thèse. Mais c'est à la scarlatine que paraît


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revenir le rôle prépondérant. Cette extension du virus scarlatineux à l'appendice est assez naturelle puisque de toutes les fièvres éruptives, c'est la scarlatine qui paraît avoir le plus d'affinité pour les tissus lymphatiques. Kauffmann dans sa thèse insiste sur l'atteinte presque constante bien qu'à des degrés évidemment très variables de l'appendice au cours de la scarlatine et voit dans les appendicites chroniques qui en résultent l'origine de nombre d'atteintes familiales qui seraient des suites d'épidémies, familiales aussi, de scarlatine.

Enfin, il semble que dans certains cas, ainsi que l'a montré M. Gaucher, la syphilis, et cela d'autant plus que le sujet est plus jeune, puisse provoquer des accidents àppendiculaires.

Malgré sa longueur cet article ne fait que résumer très incomplètement le chapitre si intéressent que MM. Bérard et Vignard ont consacré à l'étiologie de l'appendicite ; nous avons dû laisser de côté encore bien des points importants qui mériteraient qu'on y insistât,-mais qui demanderaient des développements qui nous sont interdits dans les limites dont nous pouvons disposer.

MÉLANGES SCIENTIFIQUES

ART. 24861. Sur les causes de la dépopulation française : l'avortement criminel. — Cette question si importante et qui a provoqué bien des travaux depuis un certain temps, a été traitée de nouveau il y a peu de temps par M. le Dr Boulay-Pezéqui a résumé dans sa thèse (1) un très grand nombre de documents du plus haut intérêt sur ce sujet.

11 étudie successivement tous les divers facteurs de notre dépopulation, parmi lesquels il donne avec raison la première place à la stérilité volontaire avec le néo-malthusianisme et l'avortement.

Voici quelques documents tirés de cet intéressant travail :

Dans un chapitre de démographie comparée, l'auteur 'fait cette remarque, que la formation et la constitution de l'empire germanique est de date récente : il s'est développé pour ainsi dire, sous nos yeux, il est curieux et attristant d'y opposer la marche parallèle de notre population.

En 1850 la population delà France était supérieure à celle

(1) Thèse de Bordeaux.


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de l'Allemagne ; en 1860, les deux populations sont encore égales ; en 1872, la population de l'Allemagne n'était que légèrement supérieure à celle de la France ; en 1911, la population de la France ne représente plus que les 3/5 de celle de l'Allemagne.

Et M.Gemahling,dans son ouvrage consacré à la décroissance delà natalité en France, cite les calculs suivants ;

En 1850 pour 100 Français on compte 97 Allemands. En 1872 pour 100 Français on compte 116 Alllemands. Eh 1911 pour 100 Français on compte 168 Allemands.

Considérant cette progression effrayante, l'auteur fait remarquer qu'en 1926 (en admettant l'invariabilité du taux moyen des deux pays) on aurait pu compter pour 100 Français, 200 Allemands. Il faut savoir, en effet, que dès 1906, les naissances allemandes dépassent par an 2 millions, alors que les nôtres sont évaluées à 750.000. On a calculé, d'autre part qu'en 10 ans la France a réalisé un gain de 250.000 habitants, alors que la population de l'Allemagne s'est accrue de 8 millions d'unités.

Nos voisins dans leur impatience de vaincre, n'ont pas su attendre davantage pour « s'abattre » sur ceux dont on a « décrié le tempérament, et proclamé la faiblesse »....

Sur cette décroissance la mortalité générale n'a qu'une in fluence médiocre, car, selon M. Mirman, la France est maintenant la nation de l'Europe où cette mortalité est la plus faible.

La nuptialité est chez .nous aussi satisfaisante bien qu'il soit à désirer que les mariages se fassent d'une façon plus précoce.

M> Boulay-Pezé examine successivement l'influence des diathèses, de la syphilis, de l'alcool, du surmenage, etc.

Mais toutes ces influences malgré leur importance relative sont peu de chose à côté de l'influence du néo-malthusianisme dont l'aboutissant est l'avortement provoqué. Ce dernier point est d'une. telle importance que bien que nous ayons déjà souvent donné des chiffres à ce sujet nous reproduisons en grande partie le chapitre que M. Boulay-Pezé y a consacré.

Nous pouvons maintenant, dit notre confrère, établir et démontrer,à l'aide des constatations déjà-faites et de nos recherches personnelles, la croissance constante du nombre des avortements.

Les chiffres relevés dans le service du docteur Doléris, le distingué gynécologue de l'hôpital Saint-Antoine, montrent l'extension progressive du fléau, dans la période comprise entre 1900 et 1911.


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Années Accouchements Avortements Proportion

1900 1375 148 10,25

1901 1411 173 12,26

1902 1363 201 14,74

1903 1215 239 19,66

1904 1005 228 22,68

1908 1248 395 31,65

1909 1437 381 26,51

1910 1583 423 26,72

1911 1381 381 27,59

On voit ainsi que pour un nombre à peu près constant de naissances, les avortements sont passés de la proportion de 10,26 en 1900 à 27,59 en 1911.

A Boucicaut, en 1898, les avortements au taux de 7,8 p. 100 atteignent 18,49 p. 100 en 1904.

A la Pitié, en 1900, au taux de 9,2, la proportion passe à 19,03 en 1910.

Et pourtant ces résultats si pénibles ne peuvent donner qu'une idée incomplète du mal, car, dans le nombre des naissances auxquelles nous comparons le nombre des avortements, rentrent bon nombre d'accouchements prématurés. Or, parmi ces derniers beaucoup portent la marque d'une intervention criminelle et sont, en réalité des avortements, bien qu'effectués après 7à8 mois de gestation. Certaines femmes, attendent cette limite parce qu'elles savent qu'à ce moment, les manoeuvres abortives font courir relativement moins de risques et que leur admission dans une maternité sera plus facile. Ainsi, sur les 383 accouchements faits avant terme en 1910 à l'hôpital Saint-Antoine, 130 onteu lieu de 6 à 7 mois, 154 à 8 mois et 99 à 8 mois et demi (1).

Grâce à l'obligeance de notre maître, le docteur Bouffe de Sainte-Biaise, accoucheur de l'hôpital Tenon, nous avons pu rechercher le nombre d'avortements et d'accouchements prématurés, constatés dans son service de septembre 1914 à avril 1915, soit 7 mois. Voici les résultats de cette enquête :

Du 1er septembre 1914 au 1er avril 1915, on compte 562 naissances, 23 avortements à moins de 4 mois, et 26 accouchements prématurés. Sur les 23 avortements 5 d'entre sont d'origine pathologique, 3 surviennent chez des éclamptiques, les 2 autres reconnaissent une étiologie] bacillaire ou spécifique.

On pourrait dès lôrs conclure que la proportion d'avortements ait baissé. Hélas ! la Maternité ne recevant plus, depuis 1910, que des femmes n'étant pas délivrées, une grande quantité, sinon la totalité des cas qui nous intéressent sont

(1) Renseignements dûs à la thèse du Dr Collignon, 1911.


( 743 ) ART. 24861

reçus en chirurgie. Nos recherches, dans l'un de ces services, nous montrèrent que, pendant les seuls mois de janvier et février 1915, on a hospitalisé 78 femmes pour fausses couches. Les infirmières interrogées nous confièrent que le nombre des avortements n'avait jamais été aussi considérable. Les femmes n'hésitant pas, actuellement, à recourir à ces odieuses manoeuvres qui les déchargent et les disculpent ! (1)

Nous savions d'ailleurs depuis longtemps, avec la publication du docteur Mauclaire, que les services chirurgicaux étaient envahis par les avortements.

Au cours de nos gardes de Lariboisière,il ne se passa guère de jours où nous n'eûmes à intervenir pour un accident de ce genre.

D'ailleurs, le docteur Doléris pense que l'on doit estimer à 50 p. 100 et Boissard à 70 p. 100 le nombre des avortements provoqués par rapport aux spontanés... n'est-ce point tout dire !... Vidal raconte que dans un service hospitalier il a rencontré une femme qui avouait s'être fait avorter 24 fois. Pinard parle de plusieurs jeunes femmes qu'il a vues et qui lui ont confié être abonnées auprès d'un avorteur qui les débarrassait dès qu'une grossesse était reconnue.

Les grandes villes suivent l'exemple de Paris et le Professeur Lacassagne de Lyon, écrit : « Il y a 150 sages-femmes à Lyon, en France il y en a environ 13.000. Une sage-femme me raconte qu'elle voit à peu près 3 avortements par semaine, ce qui fait environ 150 par an. Prenons une moyenne, nous pouvons admettre que sur les 150 sages-femmes de Lyon il y en a 100 qui observent 100 avortements par an. Nous savons d'autre part qu'il y a à Lyon de 8 à 9000 naissances par an. Donc il y a plus d'avortements que de naissances.

La conclusion désolante du Professeur Lacassagne, n'exprime que la très exacte vérité (2).

Doit-on conclure que tout avortement constaté, doive être nécessairement étiqueté « avortement criminel ». Evidemment non. Nous savons que certains avortements reconnaissent une origine pathologique, de même que certains jeunes ménages demeurent sans descendance, sans qu'ils n'aient

(1) Le mal sévit plus que jamais, il s'explique surtout par l'inconduite notoire d'un grand nombre de femmes. Pendant notre séjour au front, étant au repos dans une petite ville, en arrière de-îa ligne, il m'arriva plusieurs fois d'être sollicité, ainsi que mej collègues, en vue de débarrasser certaines maladroites, (femmes honnêtes en temps de paix).

(2) D'après le Dr J. Bertillon (1910) on peut évaluer à 25.000 femmes le nombre des malheureuses qui se font avorter chaque année dans les hôpitaux parisiens. Sans commentaire.

D'après le Dr Lacassagne on peut évaluer à 4 ou 500000, le nombre des avortements pratiqués annuellement en Frence.


ART. 24862 ( 744 )

jamais eu la seule pensée d'avoir recours à la prophylaxie anticonceptionnelle.

D'après une enquête, Blondel trouve que sur 100 avortements, 52 reconnaissent des manoeuvres abortives, indiscutables et avouées, 20 où, bien qu'elles soient niées, les circonstances cliniques autorisent à les soupçonner sérieusement ; 11 fois la cause était franchement inconnue, 17 fois, l'avortement résultait de' causes pathologiques nettes. Donc, sur 100 avortements, 72 fois au moins, l'avortement résultait d'une manoeuvre criminelle. Le Professeur Pinard examinant 530 cas, en trouve 163 reconnaissant des causes pathologiques. Enfin Boissard estime que les deux tiers des avortements, si on élimine ceux dus à la syphilis et à l'albuminurie, sont des avortements criminels.

On comprend l'indignation et l'inquiétude des consciences honnêtes et vraiment françaises, en présence d'une aussi lamentable situation, et nous comprenons l'émotion de M. Leroy-Beaulieu, lorsqu'il écrit :

« Trop peu de gens se rendent compte que la nation est en train de se suicider et que d'ici très peu de temps, si l'on n'adopte promptement des mesures énergiques et efficaces, elle aura disparu. On peut dire que la nation aura cessé d'exister en tant que population de souche française d'ici à une demi-douzaine de générations».

M. Boulay-Pezé termine son intéressant travail par l'étude des moyens à opposer à la dépopulation : correctionnalisation de l'avortement, suppression du secret professionnel enmatière d'avortement,propagande contre les doctrines nouvelles, législation protectrice de la femme, primes aux familles nombreuses. Tous ces moyens doivent être utilisés, sans qu'on puisse trop compter sur leur puissance, car, ainsi que le dit notre confrère, il ne faut pas oublier que « le mal » qui met en question la survivance même de notre race est un mal d'ordre moral. C'est donc de ce côté que doivent, se diriger tous nos efforts. Peut-être la guerre qui bouleverse tant de choses modifiera-t-elle nos idées à ce point de vue, et les familles nombreuses reviendront-elles à la mode comme elles l'ont été à ne certaine époque.

ART. 24862. La phénolisation dans la gangrène gazeuse. — M. le D' Mencière (de Reims) a fait à l'Académie une communication développée dans le Paris-médical (n° 14) dans laquelle il indique une technique très spéciale dans l'emploi de l'acide phénique et sur laquelle il nous semble utile d'attirer l'attention. On pourra d'ailleurs rapprocher cet article de celui du même auteur sur l'embaumement des plaies septiques (voy. art. 24673). M. Mencière reconnait à la phénolisation une action effective sur la gangrène ga-


RÉN\ fcTS MËDÎCÀ X'.^-Sup. du/ Joûrn. de in&CÎO oétpWfe Ï&15. 5J-T: -

— Le phytinate de quinine, agent antithermique et antiparasiiàire. — Lorsque Pelletier et Caventou en 1820 réussirent à extraire du quinquina son alcaloïde principal, la quinine, ils dotèrent la thérapeutique d'un, médicament, qui depuis a été mis à une très large contribution. Là quinine, base d'acide/sè combine avec les acides les plus divers formant avec eux dés sels neutres ou basique-*, à solubilité variable. Plusieurs d'entre eux, pour -ne pas dire la plupart, sont utilisés en thérapeutique ; leur activité n'est cependant; pas la même pour tous, elle dépend de trois facteurs principaux: leur solubilité, leur teneur en alcaloïde, l'acide qui a servi à leur obtention.

Certains de ces acides, sont, il est vrai, indifférents vis-à-vis de l'organisme, et leurs- seîs n'ont que les seules propriétés inhérentes à la quinine : c'est lé cas du sulfate et du chlorhydrate par exemple. Il n'en est point de même pour une autre catégorie de sels, tels que le bramhydrate, le vâlérîahàte, lé gïycér©phosphate et le phytinate de quinine, où les acides bromhydrique, valérianique,glycérophosphorique,phytmique, viennent apportera l'élément quinique une valeur qui leur est propre et susceptible de donner àù sel correspondant une modalité d'action différant plus ou moins de celle de la quinine pure. Le phytinate de quinine, qui est un iriosito^phosphale de quinine, mérite d© retenir l'attention des cliniciens à plus d'un litre. 1° Par sa grande solubilité : 1 partie pour 2.5 d'eau, alors que lé sulfate exige pour se dissoudre 700 fois environ son poids d'eau; 2° Parle composant phosphore, acide phytinique, ou inosito-phosphorique qui entre dans sa composition :


•^W: .. ',,. . .,■,;, •■ - ;;.;;;-;;-■ y^-Sult;;-. ?^( ■. .'..;.*;'" './,/.,

on sait que cet acide, qui combiné à la chaux "et à la magnésie (phyline) constitue la réserve phosphorique des plantes à chlorophylle, est un des excitants les plus puissants de la nutrition, en même temps que le médicament phosphore le plus riche et le plus assimilable de l'actuelle pharmacopée ; 3° par sa très bonne tolérance gastrique.

Ces prémisses suffisent presque à poser les indications tout au moins les principales indications de ce sel de quinine dont la teneur en alcaloïde qui, bien que moins forleque celle du sulfate, du chlorhydrate,"n'est cependant pas négligeable : 57 %.

C'est tout d'abord certaines formes du paludisme plus ou moins liées à un fléchissement de l'état général, le paludisme ancien, l'anémie et la cachexie paludéennes, le paludisme infantile (1). C'est ensuite la grippe. Sans dire avec M. Gellieque la quinine est le spécifique de la grippe, il est cependant incontestable que les malades qui y sont soumis guérissent mieux, plus vite, et évitent les complications. Le phytinate, en plus de cette action quasispécifique, combat l'asthénie si fréquente chez les grippés et agit particulièrement bien sur la céphalalgie, tout en ne troublant en rien les fonctions digestives. Dans les infections à streptocoque, telles que érysipèle, angine, broncho-pneumonie, le phytinate de quinine servira à lutter contre l'élévation thermique,il influencera favorablement la marche delà maladie,qui évoluera plus rapidement,plus simplement, en laissant moins de séquelles. Chez certains tuberculeux, et en particulier dans les tuberculoses osseuses, le phytinate de quinine rendra des services plus constants que lesautr.es antithermiques et sans faire courir au malade aucun risque d'intoxication ou d'intolérance (il a pu être administré pendant deux mois consécutifs sans inconvénients), sans provoquer de chutes brusques de température suivies de sueurs et de frissons (2). Son emploi chez plusieurs blessés de l'heure présente, atteints de suppuration persistante avec température élevée, a donné lieu à maintes observations favorables.

Enfin dans les tumeurs malignes, les cancers inopérables, les néo-récidivants, le phytinate de quinine, administré suivant la méthode Jaboulay, 0 gr. 70 à 1 gr. pro die, permettra un traitement de longue haleine et pourra ainsi procurer une rémission dans l'inexorable course du mal, quelquefois même un recul, presque toujours une atténuation des phénomènes douloureux.

N.-B. — Le phytinate de quinine est fabriqué par les Laboratoires Cibâ à St-Fons (Rhône) qui tiennent gracieusement des échantillons à la disposi' lion du corps médical.

' — Exercice illégal. — Le Répertoire de médecine et de chirurgie signale un cas d'exercice illégal qui montre avec quelle légèreté sontsouvent appliquées nos lois et règlements.

L'état de guerre et lapénuriede médecins civils quien résulte ont eu pour effet de favoriser l'exercice illégal.

Le troisième conseil de guerre, sous la présidence du colonel Gouin, jugeait l'agent Cagniard, qui avait à répondre du double délit d'exercice illégal de la médecine et de port illégal de costume. Il fallait à Cagniard une escroquerie d'actualité. Après réflexion il seconvainquit sans difficulté que, ' la mobilisation enlevant à leur cabinet un grand nombre de docteurs emrnédecine, la profession de médecin allait devenir, à Paris, particulièrement lucrative. Sa décision fut dès lors immédiatement prise. Sous le nom de docteur Robine, l'ex-agent d'affaires s'installa docteur en médecine à Montmartre. Sa maîtresse, une jeune couturière pleine de dévouement, lui servit de rabatteuse pour la clientèle.

Le pseudo-docteur gagna quelque argent. Le prix de ses consultations était de 5 francs. Mais ce qui lui rapportait le plus c'était sa clientèle non payante, car Cagniard empruntait à ses clients d'assez grosses sommes : 350 francs à celui-ci, 500 francs à celui-là.

Usant d'audace, l'ancien agent d'affaires se présenta à Boucicaut, comme

(1) M. LEMBERT.— Traitement du paludisme, valeur comparée de quelques sels de quinine. (Progrès médical, 15 novembre 1913.)

(2) H. NOYON. — De l'emploi d'un phosphate organique de quinine (Phytinate de quinine) dans la fièvre tuberculeuse. (Lot. cil, 4 juillet 1914.)


S M .—;Sup. du Joù.Wm d.,10 octobre 1915. 55 -^lt

docteur en médecine de la Faculté de Lille et offrit ses services, qui furent agréés. Dès lors sa situation médicale s'affermit à ce point qu'il devint le médecin de trois grands music-halls parisiens.

' Un matin,le pseudo-médecin apprit en lisant l'Officiel, que M. Paul Cagniard, docteur en médecine à Saint-Valéry-sur-Somme, venait d'être nommé aide-major dans la territoriale, Cagniard résolut aussitôt de prendre la personnalité de ce quasi-homonyme. Tout aussitôt, il alla louer un appartement, rue Cavalotti,4, sous lenomduDrPaul Cagnard. Puis, afin de se renseigner exactement sur sa nouvelle identité, il adressa au bureau de recrutement d'Abbeville une lettre dans laquelle, sous prétexte qu'il était sur le point de contracter, comme médecin, du service dans l'armée serbe, il réclamait son état signalétique, état qui lui fut sur-le-champ adressé et grâce auquel il fut renseigné sur lui-même.

« Durant le coursde l'information judiciaire, dit M. le colonel Gouin,président, vous avez menti tout le temps, affirmant que vous aviez seize inscriptions de médecine, alors que vous n'en aviez pas une seule, que vous aviez obtenu votre diplôme à la Faculté de médecine de Lille, mais que vous ne pouviez pas en justifier par suite de l'occupation allemande, et que si vous prodiguiez vos soins aux malades c'était à la condition de ne recevoir d'eux aucun honoraire. Par vos manoeuvres et vos mensonges, vous en avez imposé à tout le monde, même à M. le ministre delà guerre qui n'a pas hésité à vous nommer aide-major de réserve. Vous deviez être envoyé en Serbie, où ily a pénurie de médecins. Le Journal officiel du 18 avril dernier mentionne votre nomination. Ça, c'est un comble, vous le reconnaîtrez !

« Enfin, dois-je vous rappeler que vous, l'agent d'affaires véreux, ignorant le premier mot de la médecine, vous aviez, il y a deux ans, sous un nom d'emprunt, exercé à Londres les fonctions de chirurgien de l'hôpital militaire français, et que, expulsé d'Angleterre à la suite d'une condamnation à deux mois de prison pour escroquerie, vous vous êtes réfugié à Bruxelles, où poursuivant la série de VOJ méfaits, vous avez alors tenté de créer une « chambre consultative de commerce », sous le patronage, disiez-vous, de hauts personnages de France !

« Voilà dans quelles conditions vous comparaissez devant le Conseil. Qu'a-,. vez-vous à répondre ?

Bien entendu c'est le Conseil qui répondit à l'accusation en octroyant à Cagniard les deux années de prison demandées et luOO francs d'amende.

À propos de ce jugement, le Progrès Médical demande avec beaucoup de raison, a quoi servent les parchemins ? Ils deviendront, en effet, parfaitement inutiles si le premier venu peut s'improviser médecin, en plein Paris, dans un temps où l'état-civil, les titres et l'identité devraient être si rigoureusement contrôlés !

— Cantiques allemands distribués pour l'entrée en campagne. — Les Archives d'anthropologie (n° 252) donnent, à titre de documents allemands la traduction des cantiques qui sont distribués aux soldats pour l'entrée en campagne. On sait, en effet, que presque tous portent de petits livres de

Fiéte qui ne les empêchent guère de se livrer aux excès de barbarie que on connaît. Plusieurs de ces cantiques tirés des auteurs anciens ne sont pas sans valeur littéraire. Mais de plus, ce journal donne une Lettre céleste, trouvée par M. Henry Morel-Journel sur un prisonnier allemand et que presque tous les soldats portent au cou comme une amulette. En voici la traduction :

Un comte avait un serviteur auquel on allait trancher la tête : mais le bourreau n'y put réussir, ce que voyant, le comte s'informa pourquoi le sabre ne faisait aucun mal et le serviteur lui montra alors cette lettre avec les initiales : B. J. F. K. H. H. — B. K. H. X.

Le comte ordonna que chacun portât sur lui la lettre. Quand on saigne du nez ou qu'on a une blessure quelconque etquelesangneveutpass'arrêterde couler, on n'a qu'à placer la lettre dessus et l'hémorragie cesse. On ne peut pas se blesser avec un fusil ou un poignard sur lesquels sont gravées ces initiales. Celui qui porte cette lettre sur lui ne peut être enchanté et ses ennemis ne peuvent pas lui nuire. Ce sont les cinq plaies sacrées du Christ, la tête, le coeur, les mains, les pieds (?) Qui porte cette lettre ne craint


IV—itfRÈNSËÏGNËMENTS MÉDICAUX.- Sup. du Journ. de méd.,yo octobre 1916^

fioiai pareil traitement, il ne craint ni la foudre, ni le feù, ni l'eau. Mettez à lettre dans les mains d'une femme qui ne peut pas aocoucher, elle accouchera bientôt et l'enfant sera heureux s'il porte la lettre, qui vaut mieux; que l'or :

« An nom du Père, du Fils, du Saint-Esprit, de même que le Christ ah « jardin dés Oliviers fut calmé, de même toute artillerie se taira ; celui qui « porté cet écrit ne craint ni les canons, ni les armes de l'ennemi. Dieu le « rend fort, le met à l'abri des voleurs et des assassins, etc. Le Saint-Esprit « le protège contre les dangers visibles, l'ange Michel contre les invisibles.

« Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, que Dieu soit avec moi. <c Celui qui a sur lui cette bénédiction ne craint pas l'ennemi. Celui qui ne « le croit pas n'a qu'à la porter pendue au cou et il ne peut être ni pri« sonnier, ni blessé, etc. Je demande au nom de Notre-Seigneur Jésus« Christ qu'aucun projectile ne m'atteigne, qu'il soit d'argent ou d'or, de « fer ou de plomb, que le Dieu du Ciel me préserve de tout mal, au nom « du Père, du Fils et du Saint-Esprit. »

Cette lettre est tombée du ciel en 1724 ; à Holsteïn (?) elle a été trouvée écrite en lettres d'or. On l'a copiée en 1791.

(Suivent des recommandations pour le repos dominical, l'aumône, etc. et les devoirs religieux sans lesquels il n'est ni bonheur ni bénédiction.)

Je crois que Jésus a éerit cette lettre, etc.

(Suivent la définition des nombreux avantages réservés à ceux qui la portent ou l'ont dans leur maison (nombreuses répétitions) et la recommandation de la faire recopier de l'un à l'autre, comme dans les boules de neige.)


( 745 ) ART. 24862

zeuse et le B. perfringens même quand les autres procédés n'ont pas eu d'action.

.....L'acide phéniquepur suivi du lavage à l'alcool pur(l), aseptise la cavité d'attrition, pénètre par « imbibition »à une certaine distance dans les tissus qui constituent les parois de la cavité d'attrition et ne se contente pas, comme la plupart des lavages antiseptiques, d'avoir une action en surface.

L'acide phénique pur aseptise la cavité d'attrition par une action immédiate que je qualifierai de foudroyante ; qui aura vu le procédé me comprendra. C'est le moyen d'action le plus héroïque après l'amputation, pour se rendre maître d'un foyer septique (2;.

Son action se prolonge plusieurs heures après son application, mais il ne faut pas lui demander davantage. Elle laisse après elle une cavité d'attrition qui bientôt vaencore constijbuer un excellent milieu de culture pour les colonies diverses, aérobies ou anaérobies, B perfringens lui-même, dont quelques germes ont pu échapper en quelque recoin.

Logiquement, on est amené à se demander si une deuxième application du procédé ne serait pas à faire après quelques heures. La chose est possible et on peut la conseiller en certaines circonstances. Mais plus logique encore paraît être de tenir compte non seulement de l'action antiseptique des moyens employés, mais aussi de la vitalité des cellules qu'il faut ménager pour avoir aussi vite que possible une cavité se.défendant bien, se comblant rapidement avec des bourgeons ;; charnus rouges, exubérants, de bonne venue.

Après l'action énergique de l'acide phénique pur, pour éviter l'infection nouvelle de la cavité d'attrition momentanément désinfectée, l'expérience apprend que le meilleur moyen est d'embaumer la plaie.

Donc, dit M. Mencière, si à l'antisepsie je demande un moyen brutal pour enrayer une infection terrible, presque immédiatement, j'ai souci de la cellule, qui est, elle, lagraude réparatrice et le grand défenseur contre l'infection, quelle qu'elle soit. Je ménage la cellule en employant un pansement quotidien à puissance antiseptique dès lors suffisante, mais pansement qui, comme je l'ai démontré, est en même temps un excitant de la vitalité cellulaire et un admirable cicatrisant.

Je ne puis développer ici ces dernières lignes, mais elles renferment toute ma doctrine du traitement des plaies in(1)

in(1) on peut se servir de l'alcool dénaturé que livre là régie.

(2),Tuberculose grave,!ostéomyélite, abcès-osseux, plaie infectée, arthrite suppurée.


ART. 24862 { 746 )

iectées, doctrine que j'ai exposée dans mon article sur l'embaumement (1),

La technique est simple :

Longues incisions, nettoyage de la cavité gangreneuse, ablation des esquilles, des débris vestimentaires, extraction du projectile, généralement éclat d'obus ou shrapnell.

Protection des parties voisines avec coton et compresses : tissu imperméable si possible. Fermeture de la contre-ouverture avec un tampon, ou ouverture de cette incision seulement après phénolisation.

Soulever les rebords de la plaie avec les pinces de Kocher, pour former un puits.

Verser "dans la plaie à pleins bords, de l'acide phénique pur (acide phénique cristallisé 9 grammes, alcool 1 gramme, c'est-à-dire juste un gramme d'alcool pour liquéfier l'acide phénique).

Verser de cette solution ce qu'en peut contenir la plaie ; avec de petits tampons, pénétrer partout, dans toutes les fusées ; il faut aller partout où le mal est.

Durée de la phénolisation : une minute à une minute et demie dans la gangrène gazeuse. Eviter de brûler la peau et les régions voisines ; ceci est une question de doigté qu'il faut savoir acquérir.

On enlève l'excès d'acide phénique rapidement aux tampons, et on faitunlavage lent et abondant d'alcool pur, trois quatre litres, alcool pur antidote de l'acide phénique (2).

Puis, séance tenante, on embaume.

Je n'ai pas toujours ainsi pratiqué, précisément au point de vue expérimental,de façon à déterminer l'action spéciale et la valeur de la phénolisation elle-même.

On embaume en lavant abondamment la cavité avec 150, 200 grammes, davantage si vous êtes prodigue, de ma solution B, solution faible : éther, un litre ; iodoforme, gaïacol, eucalyptol, de chaque 10 grammes ; baume du Pérou, 30 grammes ; alcool à 90°, 100 centimètres cubes.

Les bords de la plaie sont soulevés de nouveau avec les pinces de Kocher, la contre-ouverture est momentanément

(1) Solution A :

Iodoforme \

Gaïacol („„ . „

Eucalyptol... aa 10 grammes.

Alcool à 90° ) -

Baume du Pérou '. 30 grammes.

Ether 100 ce.

Solution B : même quantité de principes actifs, mais éther 1.000 centimètres cubes et alcool à 90° 100 centimètres cubes.

(2) J'ai discuté le mode d'action, la question d'intoxication, qui n'est pas à craindre, dans mes travaux antérieurs.


( 747 ) ART. 24863

fermée par des tampons pour que l'ensemble de la plaie forme puits. La solution B est appliquée en lavage avec un bock ordinaire, et une-canule à petit débit pour que le lavage soit lent et qu'il y ait macération des tissus. La canule va dans toutes les anfractuosités ; l'éther, qui a déjà une action importante par lui-même, va véhiculer dans tous les re. coins, dissolvant les graisses, et pénétrant les tissus, va véhiculer les principes actifs de l'embaumement.

Le pansement extemporané, le lavage à la solution B terminé, on met en place le pansement permanent : mèches imbibées de la solution A, exactement 10 fois plus concentrée.

L'embaumement seul est répété deux fois par jour pendant sept jours ; exceptionnellement, on pourrait se permettre une deuxième phénolisation.

Deux fois par jour, on surveille son sujet.

Cette plaie phénolisée, au moment de l'application du phénol, devient blanchâtre, les tissus ont l'aspect de pièces anatomiques durcies ; puis, sous l'influence de l'alcool, ils redeviennent rosés.

Le lendemain, la plaie est d'aspect plus ou moins noirâtre, brûlée par l'acide phénique ; mais ce n'est pas l'aspect putride de la gangrène gazeuse, cela est plus sec, plus net, et,remarque essentielle, vérifiée dans toutes mes observations l'odeur, l'odeur nauséeuse, l'odeur putride,symptôme initial, a disparu.

Du quatrième au septième jour, cette plaie se déterge et devient superbe, rouge, nette, de bon aspect : bourgeons charnus, vivaces et sains.

L'odeur putride, c'est le signe de la récidive ; dès iors, redoublez de précautions pour pratiquer l'embaumement ; dans certains cas, je phénoliserai de nouveau.

Surveillez votre sujet, demeurez en expectative armée.

Toujours, si vous procédez ainsi, toujours vous serez maître d'amputer si cela devient nécessaire, puisque deux fois par jour votre devoir est d'examiner et de juger la plaie.

ART. 24863. Traumatisme oculaire dû à une chouette.

— M. le Dr Collomb, médecin de la Clinique ophtalmologique Rothschild,à Genève, rapporte dans la Bévue médicale de la Suisse Bomande en l'accompagnant de commentaires intéressants, une observation des plus curieuses au point de vue de l'étiologie. 11 s'agit d'une plaie de la cornée ayant entraîné la perte complète de l'oeil, produite par l'agression d'une chouette dans des circonstances singulières que M. Collomb rapporte ainsi :

Deux jours avant le moment où il fut appelé près de. lui,


ART. 24863 ( 748 )

cet homme était dans son verger, tout près de sa maison, à « taquiner» — c'est le terme dont il se sert— une jeune chouette qu'il avait capturée. « Je ne lui faisais pas de mal, s'empresse-t-il d'ajouter, car ce sont des animaux utiles ». Tout à coup la mère du petit oiseau qui, du voisinage, observait la scène, fond sur l'homme avec une telle rapidité qu'il n'a pas le temps de se protéger le visage, et d'un coup de bec, elle le frappe à l'oeil. Le coup fut si violent,la douleur si vive que notre solide gaillard tombe sans connaissance, comme une masse.

J'ai vu deux ou trois fois de minimes accidents, de légères blessures oculaires, par des coups de bec de petits oiseaux apprivoisés, pierrots, canaris, etc., que des gens très amis des petites bêtes tenaient, en les caressant, tout près de leur visage. Attirés sans doute par les reflets brillants, par les images à la surface de la cornée, ces oiseaux y avaient donné leur presque inoffensif coup de bec. Mais des faits pareils à celui que je viens de relater doivent être excessivement rares ; l'observation suivante de M. le Prof. MarcDufour (1) présente cependant avec la mienne des concordances vraiment étonnantes :

Deux jeunes cultivateurs vont examiner un nid de chouettes établi dans le mur même de leur maison. Ils prennent les petits un à un pour les mieux contempler, puis les remettre consciencieusement dans le nid. Le lendemain, à la nuit, en passant sous le même mur, ils entendent un brusque bruit d'ailes et l'un d'eux est violemment frappé par la chouette ; « elle s'est campée avec ses serres sur son menton et d'un coup de bec lui a frappé l'oeil droit » ; heureusement le globe n'a pas été atteint, le coup a porté sur la paupière inférieure violemment contusionnée. Le lendemain le nid est détruit, les petits sont tués, les parents ont échappé ; agités, ils volettent et crient toute la journée jusqu'au soir ; à la nuit le second de ces deux jeunes gens, à l'affût avec un fusil de chasse pour détruire les chouettes, est assailli à son tour : bruit soudain d'ailes et de feuilles, l'oiseau est arrivé comme une flèche et frappe le jeune chasseur d'un violent coup de bec à l'oeil gauche ; plaie cornéenne, pénétrante, déchiquetée, iris déchiré, cristallin broyé... M. Dufour concluait :

1. « La chouette est un animal assez courageux pour ne pas craindre d'attaquer l'homme.

2. Lorsqu'elle attaque, elle ne recherche que les yeux, cette tactique est manifeste par la concordance de nos accidents ».

Ces conclusions restent entièrement vraies aujourd'hui.

(1) M. DUFOUR. — Deux hommes blessés par une chouette, Bull, de la Soc. méd. de la Suisse rom., 1878, p. 207.


( 749 ) ART. 24864

Dans l'observation de M. Dufour, « il ne fut pas possible de savoir à quelle espèce de chouette on avait à faire » ; dans le cas que je relate, l'oiseau en cause, d'après les dires de mon malade, paysan intelligent et très observateur, doit être, non pas le grand hibou à aigrettes, mais la chouette commune, hulotte, chat-huant, comme on l'appelle encore, plus petite, sans aigrette, à robe grise, roussâtre, à ventre un peu jaune ; c'est un oiseau plutôt timide, très nocturne,partant fortement ébloui et gêné au grand jour. 11 a fallu ici, comme dans les cas de M. Dufour, cette coïncidence du crépuscule, de la nuit presque venue et toute la puissance de l'instinct maternel pour donner à cette mère tant d'audace et de sûreté dans son attaque.

Un vieil auteur du XVIe siècle, un précurseur de La Fontaine, Baïf, termine l'une de ses minuscules fables par cette moralité : « Apprends des bêtes, mon ami ». S'il était admis des médecins d'adjoindre des moralités à leurs observations, j'ajouterai que, dans une espèce très fière de ses multiples supériorités, il ne manque peut-être pas de... mères qui auraient profit à aller à l'école de cette simple chouette rapprendre un peu d'instinct maternel !

ART. 24864. La tomate dans ïalimentation.— Le rôle de la tomate dans l'alimentation a été très discuté et pendant longtemps on a considéré ce légume plutôt comme un accessoire que comme un aliment véritable. Cependant la consommation de la tomate augmente dans des proportions considérables et cela malgré la suspicion dont elle est victime ; elle est accusée, de renfermer beaucoup d'acide oxalique et d'être par là nuisible en particulier aux goutteux et aux calculeux. M. le Dr P. Caries a fait au sujet de cet aliment les recherches qu'il expose dans la Gazette hebdomadaire des Sciences médicales de Bordeaux.

Sur le premier point, il semble bien que les grands amateurs de tomates atteints de ces maladies sont si rares que M. Caries n'en a jamais vu. En second lieu, M. Albahary, en 1907, a démontré que l'acide dominant dans la tomate est l'acide malique, c'est-à-dire l'acide du verjus ou raisin vert, des pommes à cidre (qui a la réputation de guérir la goutte), des cerises, des framboises, de certaines groseilles. Ce même acide existe aussi dans les feuilles de frêne considérées en certains pays comme un spécifique de la goutte et de certaines formes de rhumatisme.

D'après M. Albahary, l'acide oxalique n'existerait dans les baies de tomate qu'à l'état de traces absolument négligeables. Pour son' compte, M. Caries ne l'a jamais rencontré dans le jus filtré des conserves où régnent, du reste, des sels


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de chaux solubles. On sait que ces sels sont des insolubilisateurs de l'acide oxalique.

Vcici comment on peut expliquer ce qui se passe dans l'organisme après son absorption.

Quand on mange de la tomate sans grand excès, bien entendu, ainsi que tout autre fruit juteux acide sans acide oxalique, il se produit le métabolisme suivant : le sel acide est brûlé dans le torrent circulatoire comme dans nos creusets ; l'acide malique est détruit et la potasse incombustible reprenant son alcalinité naturelle en redevenant libre, alcalinise les humeurs et finalement les urines.

Voilà pourquoi les Anglais et les peuples de langue anglaise, prédisposés par leur alimentation carnée et leurs boissons spiritueuses à la diathèse urique et à ses conséquences recherchent tant par instinct les aliments potassiques à acides organiques. Le mélange de bitartrate de potasse et de bicarbonate de soude qu'ils mettent si religieusement dans leur pain et leurs pâtisseries de ménage sous le nom de baking povvder ne leur suffit plus. Il leur faut aujourd'hui, dans ce sens, davantage. Ils font venir des fruits charnus des quatre coins du monde et sont finalement les plus chauds partisans de nos conserves de tomates.

M. Caries étudie ensuite chacune des formes sous lesquelles sont consommées les conserves et conclut que la tomate dont la consommation progresse dans le monde entier peut être considé ée comme utile et hygiénique, parce que son acidité est due non à un acide libre, mais à un sel, le bimalate de potasse presque uniquement, sans acide oxalique.

Quand on mange des tomates, le bimalate est brûlé dans l'organisme, comme par le feu dans un creuset et il ne reste que la potasse, susceptible d'alcaliniser peu à peu et avec mesure nos humeurs, y compris l'urine. Pareille chose arrive pour la crème de tartre de nos raisins et pour celle du bakingpowder dont les Anglais font un si grand emploi.

PRESCRIPTIONS ET FORMULES

ART. 24865. Traitement des anémies. — MM. Vaquez et Ch.Aubertin viennent de publier dans la collection des A ctualiiés médicales (1) un petit volume portant ce titre et rempli de détails de la plus grande importance pratique.

(1) In-12 chez BaiUière.


( 751 ) ART. 24865

En face d'un cas typique de chlorose survenant chez une jeune fille de 16 à 18, s'accompagnant de disparition des règles, de pâleur cireuse, de souffles cardiaques et de souffles vasculaires, de dyspnée légère et de troubles digestifs, nous avons à notre disposition trois sortes de moyens : le repos et l'hygiène, le régime et les médicaments.

Le repos, et même le repos au lit constituerait un des moyens les plus puissants à employer.

Le régime qui doit être très surveillé n'est pas moins utile. 1 MM. Vaquez et Aubertin insistent beaucoup sur ce point. Enfin viennent les médicaments parmi lesquels le fer joue le principal rôle.

Le fer est par excellence le spécifique de la chlorose, car il permet aux globules de reconstituer leur hémoglobine. Il est d'ailleurs, semble-t-il, plus actif que l'hémoglobine ellemême.

11 ne semble pas, malgré ce qu'on a dit que le fer organique comme les peptônates de fer, la ferratine, l'hémol, l'hématogène, etc. auraient une supériorité sur les composés inorganiques.

Les composés inorganiques sont employés tous les jours et leurs résultats sont beaucoup mieux connus. Disons tout d'abord que d'après Hayem, et contrairement aux auteurs allemands, le fer doit être donné à doses faibles et pendant le moins de temps possible, aussi longtemps cependant que les altérations globulaires persistent. C'est au protoxalate de fer que l'on donnera la préférence.

Le protoxalate de fer (ou oxalate de protoxyde de fer) est le mieux toléré de tous les sels de ce métal. 11 peut être administré en cachets de 10 centigrammes, seul ou associé à la même quantité de rhubarbe ; ou en pilules, ou encore en paquets incorporés à de la purée de légumes.

On commencera par donner seulement 10 centigrammes

Ear jour, en une seule fois, au milieu du repas de midi;après uit ou dix jours, on donnera 15 centigrammes ; pour Hayem on ne devra pas dépasser 20 centigrammes ; pourtant, nous avons souvent donné des doses de 30 à 40 centigrammes sans observer de troubles digestifs. Mais il est incontestable que les très fortes doses (au-dessus de 50 centigrammes par jour) n'ont aucun avantage et, présentent de réels inconvénients.

En cas de troubles digestifs :

S'il y a simplement constipation, on l'associera à ia rhubarbe ;

S'il y a intolérance gastrique légère, on y joindra de faibles doses d'acide chlorhydrique prises après le repas ;

S'il y a intolérance gastrique marquée, on devra ou suspendre la médication et améliorer l'état de l'estomac par


ART. 24865 ( 752 )

le régime, ou avoir recours aux injections sous-cutanées.

Parmi les autres sels insolubles, nous mentionnerons :

La limaille de fer porphyrisé. mauvaise préparation, mal tolérée, donnant lieu à des éructations. On l'emploie à la dose de 5 à 10 centigrammes. Elle est avantageusement remplacée à la même dose par le fer réduit par l'hydrogène ;

Le sous-carbonate de fer ou safran de Mars apéritif (15 à 25 centigrammes avec la rhubarbe).

Parmi les sels solubles :

Le protochlorure de fer se donnant en pilules de 10 centigrammes (2 ou 3 pilules par jour), qui est malheureusement altérable ;

Le perchlorure de fer ;

Le tarlrale ferrico • potassique, qu'on pourra employer ainsi :

Tartrate ferrico-potassique.. 0 gramme 10 Extrait de quinquina ]

— de gentiane > ââ 0 gramme 0.5

— de rhubarbe )

Pour une pilule. Une ou deux à chaqus repas.

Parmi les préparations composées (nous avons déjà signalé l'adjonction de rhubarbe), il faut noter l'adjonction d'astringents comme le tanin et les sels de potasse (Lauder Brunton). Cet auteur prescrit également la composition suivante :

Liqueur de perchlorure de fer.. XV gouttes Infusion de quassia 30 grammes

A prendre dans la journée.

L'acétate de fer serait la préparation de choix dans les cas où le rein est touché ou suspect. On donne X à XX gouttes de teinture d'acétate de fer dans 15 grammes de liqueur d'acétate d'ammoniaque.

Mais la préparation composée la plus connue, d'ailleurs beaucoup plus employée à l'étranger qu'en France, est constituée par les pilules de Blaud qui comprennent du sulfate ferreux, du carbonate de potasse et de la gomme arabique. Elles renferment 15 centigrammes de fer, mais elles sont très lourdes (4.0 centigrammes),s'altèrent vite.et ne doivent pas être employés à fortes doses.

Il en est de même des pilules de Vallei dans lesquelles le carbonate de soude remplace le sel de potasse.

Les résultats de la médication martiale sont remarquables et souvent très rapides. En huit jours le visage peut se reco-


( 753 ) ART. 24865

lorer et l'appétit reparaître en partie, et si on examine le sang on voit que l'hémoglobine a repris son taux normal.

— L'arsenic est de son côté le médicament indiqué dans les anémies dites globulaires, celles où il y a abaissement du chiffre des hématies, car la médication arsenicale produit dans les anémies une augmentation du chiffre des globules rouges.

Posologie.— Dans les états anémiques, ce sont souvent les préparations arsenicales les plus simples qui donnent les meilleurs résultats. Aussi le cacodylate et le méthylarsinate de soude n'ont-ils nullement détrôné les sels arsenicaux classiques.

Acide arsénieux. — Il s'emploie surtout sous forme de liqueur de Boudin qui contient un gramme d'acide arsénieux par litre d'eau, et dont 20 gouttes contiennent 1 milligramme d'acide arsénieux. Cette solution étant très étendue, onpeut facilement en fractionner les doses.

On commence par 20 gouttes par jour, puis on monte progressivement jusqu'à 40, 60 gouttes ; -on peut même donner une cuillerée à café en surveillant l'état de l'intestin. C'est une excellente préparation que nous employons souvent et dont nous n'avons qu'à nous louer.

Les granules de Dioscoride sont ainsi composés:

Acide arsénieux 0 gramme 001

Sucre de lait 0 gramme 04

Poudre de gomme. 0 gramme 01

Méllite simple Q. S.

Ils sont également faciles à manier ; quant aux pilules asiatiques, elles contiennent 5 milligrammes d'acide arsénieux par pilule.

D'une manière générale, il faut chez les anémiques, employer des doses d'acide arsénieux beaucoup, plus fortes que chez les tuberculeux. On pourra aller jusqu'à 5 milligrammes par jour pendant quinze jours consécutifs et même 1 centigramme si l'on emploie laliqueur de Boudin.

Arséniatc de potasse. —C'est un sel fréquemment employé sous forme de liqueur de Fowler qui contient 1 centigramme d'acide arsénieux pour XX11I gouttes :

Acide arsénieux 1 gramme

Carbonate de potasse pur 1 gramme

A'coolat de mélisse composé 3 grammes

Eau distillée 95 grammes


ART. 24865 ( 754 )

On l'emploiera à la dose de X à XX gouttes par jour,ou par doses progressivement ascendantes et descendantes selon la technique classique.

L'arsénite de potasse peut être employé également en injections sous-cutanées selon la formule suivante :

Arsénite de potasse 0 gramme 20

Chlorure de sodium.. 0 gramme 27

Eau distillée 20 ce.

dont on injectera de VI à XX gouttes par jour à doses progressivement croissantes.

Dans certains cas, ces injections d'arsenic inorganique ont paru donner de meilleurs résultats que les injections de cacodylate de soude.

Arséniale de soude. — 11 s'emploie surtout sous forme de liqueur de Pearson : '

Arséniate de soude 0 gramme 05

Eau distillée 30 grammes

dont XII gouttes contiennent 1 milligramme d'arséniate de soude. On peut'aller jusqu'à LX gouttes par jour.

Cacodylate de soude. — Dans les anémies graves, les injections sous-cutanées de cacodylate de soude ont été souvent employées, à la dose de 5 à 10 centigrammes par jour. Incontestablement, elles donnent des résultats dans bien des cas. Toutefois, il ne semble pas que, dans la majorité des cas, elles soient supérieures à l'arsenic inorganique absorbé per os. Nous dirons même que parfois elles semblent moins actives.

Peut-être, lorsqu'il s'agit de stimuler la nutrition par des doses faibles, les cacodylates ont-ils une très remarquable supériorité. Mais, lorsqu'il s'agit de toucher directement les globules rouges par des doses un peu plusfortes, les sels inorganiques absorbés par voie digestive semblent en général agir mieux.

C'est pourquoi nous conseillons des doses fortes (10 centigrammes par jour), à suspendre un peu plus tôt et à s'arrêter au bout do huit jours par exemple.

Méthylarsinale de soude. — L'arrhénal peut être employé en ingestion ; mais, là encore, sa supériorité sur les arsenicaux classiques n'est pas frappante, — à en juger par les résultats cliniques tout au moins.


( 755 ) ART. 24866

En injections sous-cutanées (employé à dose de 5 centigrammes par jour), il nous a semblé donnerdes résultatssupérieurs à ceux du cacodylate. Aussi est-ce à cette préparation que nous donnerons la préférence, ainsi qu'à l'arsénite de potasse injectable.

En résumé, les meilleures préparations — au point de vue spécial du traitement des anémies graves — nous semblent être :

En ingestion : la liqueur de Boudin ; la liqueur de Fowler ;

En injection : l'arsénite de potasse ; l'arrhénal.

Ajoutons que l'arséniate de fer et l'arséniate de strychnine, de même que les cacodylates de fer et de strychnine, ne nous ont pas paru avoir une supériorité nette sur l'arsenic et le fer ou la strychine employés séparément,et qui sont ainsi plus faciles à doser, et à modifier selon les signes d'intolérance.

ART. 2486(5.Préparations diverses pour les enfants: Bouillon de légumes, malt. —M. le Dr E. Apertadonné dans le Nourrisson, le détail des régimes alimentaires usités dans les hôpitaux de l'Assistance publique. Ces régimes indiqués par une commission dont M. Sevestre était le rapporteur avaient été adoptés par l'Assistance. Voici comment sont préparés les bouillons de légumes, les bouillons de céréales et le malt.

Bouillon de légumes pour 10 litres

Eau 10 litres.

Pommes de terre 600 grammes.

Carottes 450 grammes.

Navets 150 grammes.

Haricots secs 60 grammes.

Pois secs 60 grammes.

Faire cuire pendant 4 heures, ramener à 10 litres en ajoutant de l'eau ; à ce moment, mettre :

Sel 35 grammes

Mettre dans le biberon par tétée environ :

Bouillon 150 grammes

Farine ou riziue 5 grammes

Et quelquefois :

Sucre 15 grammes


ART, 24867 ( 756 )

Bouillon de céréales pour 10 litres

Eau 10 litres

Haricots décortiqués 100 grammes

Pois cassés 100 grammes

Lentilles 100 grammes

Maïs ordinaire 100 grammes

Orge perlé 100 grammes

Blé 100 grammes.

Faire cuire pendant 3 heures jusqu'à réduction à 9 litres ; à ce moment, mettre :

Sel 25 grammes

Mettre dans le biberon par tétée environ :

Bouillon 150 grammes

Farine 8 grammes

Malt pour 1 litre

Eau ' 700 grammes

Lait 300 grammes

Sucre 50 grammes

Farine de riz 80 grammes

Malt pulvérisé 20 grammes

Prendre 700 grammes d'eau et 300 grammes de lait.

Mettre de côté 200 grammes de cette eau pour faire plus tard l'infusion de malt.

Mélanger les 500 grammes d'eau restant et les 300 grammes de lait. Y ajouter 80 grammes de farine et faire cuire cette bouillie pendant une demi-heure à Yébullilion, soit en tout cinquante minutes.

Ramener la température de la bouillie à 80°, en la laissant refroidir.

Pendant ce temps, faire bouillir les 200 grammes d'eau mis de côté et laisser refroidir à 60°. Y ajouter le malt moulu préalablement dans le moulin à café et laisser l'infusion se faire pendant un quart d'heure. La passer ensuite dans une compresse stérilisée.

Mélanger cette infusion de malt à la bouillie au moment où la compresse est exactement à la température de 80°.

Laisser le mélange se faire pendant vingt minutes, mettre le sucre et faire remonter à l'ébullition.

Mettre dans le biberon (sept tétées par jour), par tétée environ, 150 grammes de liquide malté pur ou parfois mélangé avec du lait pulvérisé et de l'eau sucrée à 80 p. 1000.

ART. 24867. Destruction des poux. —Voici encore un procédé pour détruire les poux communiqué par le Dr Ionesco Berechet au Bépertoire depharmacie.


( 757 ) ART. 24868

Pour détruire les poux des vêtements, propagateurs redoutables du typhus exahthémathique, l'auteur recommande l'étuvage des vêtements infestés soit dans les étuves à va peur, soit, ainsi qu'on le pratique en Serbie, dans des fours de boulanger. Dans ces fours,chauffés à la température de 1.10 degrés, les oeufs de poux sont complètement détruits en une demi-heure.

Pour détruire les poux du corps, le procédé le plus simple et le moins coûteux corisiste à oindre ou même à frictionner tout le corps avec du pétrole lampant, aprèsavoir coupé les cheveux, débarrassé les parties poilues et bien lavé tout le corps avec du savon. Ce procédé,employé en Serbie, a donné de très bons résultats.

Pour éviter l'invasion des poux, on recommande une onction totale du corps avec l'huile camphrée. M. Jonesco Berechet propose le mélange suivant :

Poudre insecticide '. 65 grammes

Naphtaline / finement puivérisés .. S 20 grammes . Camphre \ r ^15 grammes

Essence de bergamote 1 gramme

On en fait des sachets de 5gr., et l'on en porte un sur la poitrine et l'autre dans le dos. Les sachets sont confectionnés avec une toile peu serrée, pour que ia poudre puisse se tamiser, par les mouvements du porteur, et couvrir tout le corps. Les poux évitent cette poudre. Des essais faits sous cloche ont prouvé que les poux de tête, mis en contact avec cette poudre, meurent au bout de 5 minutes, le phtyrius inguinalis en 6 minutes et les poux de vêtements en 8 minutes.

ART. 24868 SOCIÉTÉS SAVANTES

ACADÉMIE DE MÉDECINE. Traitement local des infections fusc-spirillaires par le galyl. — MM. Achard et Welter rappellent que le traitement local des infections fuso-spirillaires parl'arsénobenzol a été inauguré par M. Achard avec M.; Flandin,en 1911, dans un cas d'angine de Vincent. Le succès de cette thérapeutique s'est affirmé depuis, non seu-


ART. 24868 ( 758 )

lement pour l'angine de Vincent, mais pour une série d'autres infections locales produites par cette association microbienne : la stomatite ulcéro-membraneuse, le noma, la stomatite mercurielle, diverses affections dentaires, les ulcérations scorbutiques de la bouche, les balano-posthites érosives, certaines variétés de plaies gangreneuses et- d'ulcères rebelles.

On peut indifféremment pratiquer ce traitement local soit avec l'ancien arsénobcnzol, soit avec le néo-arsénobenzol : l'efficacité de ces deux substances paraît sensiblemant égale. Mais, en outre — et c'est l'objet particulier delà présente note — on peut encore faire usage, pour les applications spirillicides locales, d'un autre dérivé des arsenicaux organiques, le galyl, introduit par M. Mouneyrat dans la thérapeutique de la syphilis et qui est chimiquement le tétraoxydiphosphaminodiarséno-benzène. Son action spirillicide étudiée par MM. Mouneyrat, Tanon et Dupont s'est manifestée non seulement dans la syphilis mais d'autres affections à spirochètes telles que la fièvre récurrente, le pian, le noma. MM. Achardet Wolter l'ont utilisé avec succès en pansemnt local dans la stomatite ulcéreuse et dans l'angine de Vincent.

On peut varier le mode d'application du galyl, comme celui de l'arsénobenzol, par exemple, en mélangeant, en proportions définies, la substance à delà glycérine ou de l'huile. Le tampon d'ouate imbibé de glycérine et trempé dans la poudre, a paru la forme la plus simple de ces applications dont on peut dire qu'elles sont aussi efficaces qu'inoffensives.

Ces applications se font plusieurs fois par jour: elles diminuent très rapidement l'élément douleur-;

Vaccinations mixtes anti-typhoïdiques et anliparatyphoïdi-' •ques.—M. Widal lit une importante communication dans laquelle il démontre Futilité qu'il y aurait à pratiquer dans l'armée, en ce moment où les infections paratyphoïdes paraissent particulièrement fréquentes, des vaccinations mixtes mettant les sujets en même temps à l'abri des trois infections typhoïdes et paratyphoïdes A. et B. 11 a fait sur ce sujet de nombreuses recherches cliniques et bactériologiques dont il donne le détail et termine ainsi sa communication:

La vaccination simple, telle qu'elle est aujourd'hui pratiquée, vise sans nul doute la plus fréquente et la plus redoutable des infections typhoïdes. Sa seule action a suffi à modifier profondément la morbidité et la mortalité typhiques. Mais, malgré son application, les services où on reçoit des contagieux venant des armées, restent encore encombrés à certains moments par des typhoïdiques dont la maladie


= ( 759 ) ART. 24868

-relève spécialement des bacilles paratyphiques etsurtoufc du bacille paratyphique B. Ces paratyphoïdes enlèvent aufront beaucoup d'unités et si elles ne sont pas aussi mortelles que la typhoïde due au bacille d'Eberth, elles tuent encore trop souvent, lorsqu'elles frappent des organismes surmenéscomme ceux de nos soldats. Contre elle,on commence à réclamer de tous côtés des mesures de protection. C'est assurément la vaccination triple qui pourra le mieux les fournir La vaccination antiparatyphoïdique double doit être consîdéréeeomme un moyen de fortune réservé, quant les circonstances le permettent, aux sujets déjà très nombreux qui ont été vaccinés contre la typhoïde. L'expérimentation, nous l'avons vu, donne la preuve de l'action puissamment immunigènedu vaccin mixte, à là fois antityphoïdique et antiparatyphoïdique stérilisé par la chaleur dont nous avons fait usage; l'organisme de l'homme est impressionné par eux de telle façon que dans son sang apparaissent les divers anticorps spécifiques pour chacun des microbes qu'ils contiennent : enfin les recherches sur les animaux, aussi bien que l'application déjà faite à l'homme, montrent qu'ils ne présentent pas plus d'inconvénient que le vaccin simple. Tout porte donc à croire que la vaccination mixte pourrait fournir le moyen de réaliser d'une façon plus complète la prophylaxie des infections typhoïdes.;

Vaccins antiparatyphiques et vaccins mixtes.. — M. "Vincent insiste aussi sur l'utilité qu'il y aurait à employer les vaccins mixtes puisque les fièvres paratyphoïdes ont pris chez nous une très grande fréquence.

Lesstatistiques qu'il a présentées, à l'occasion des vaccinations faites au Maroc, se rapportaient au vaccin mixte, résultant du mélange des vaccins antityphoïdiques, . antiparaiyphique A et antiparatyphique B. En 1913 et aussi en 1914, il en a encore été fait emploi à Oudja, sous les auspices de M. le DrGrenier, médecin-major de 2e classe; la proportion respective des .trois antigènes était en 1913, de • typbiques, 2/3 ; paratyphiques A où B, 1J3.E®. 1914, elle était égale pour chacun d'eux : le vacciaétait triple, c'est-àdireactif contre les trois maladiesL-immunité

maladiesL-immunité chez les hommes,au nombre de plus: d? 4*100, qui ont ainsi reçu le vaccin mixte s'est montrée aussi efficace pour les fièvres paratyphoïdes que pour la fièvre typhoïde.

La même constatation a êié.signalée dans Varmée italienne.

Il est bien établi, par conséquent, par l'observation faite chez.,l'homme que les effets protecteurs dus aux trois vaccins mélangés ne se neutralisent pas. Ils se superposent de la même manière lorsqu'on vaccine- simultanément ©entre


ART. 24868 ( 760 )

la fièvre typhoïde et contre la variole, — méthode communément appliquée dans l'armée française — ou contre le choléra et la variole, comme on l'a fait récemment. •■ En conséquence, le laboratoire du Val-de-Grâce continuée fabriquer les trois vaccins : antityphoïdique, antiparatyphique A, antiparatyphique B, et les délivre soit individuellement, soit mélangés, chaque fois deux à deux, trois à trois, et dans la forme qui lui en est demandée.

C'est ainsi qu'il a été expédié récemment du vaccin mixte antiparatyphique A -4- B, dans une de nos armées, où ces deux maladies étaient observées

Mais il y a lieu, maintenant, de faire une remarque utile.

C'est qu'en additionnant ces effets antityphoïiiques et paratyphoïdiques, on additionne aussi les réactions et que ces dernières peuvent être assez violentes. Lorsque l'on-a affaire à des hommes bien reposés, sans aucune tare, elles sont à peine plus marquées avec le vaccin mixte qu'avec le vaccin simple. Mais dans les circonstances présentes, chez les soldats récemment incorporés, exposés, par conséquent aux fatigues del'initiation militaire, ayant à faire des marches, des exercices quotidiens, souvent très fatigants, des manoeuvres de nuit ; d'autre part, chez les militaires stationnés dansles tranchées ou dansles cantonnements voisins, et soumis, par conséquent, aux imprévus et aux obligations impérieuses de la guerre, il paraît plus sage de sérier les vaccinations antitypnoïdiques et antiparatyphiques, à moins de conditions spéciales qui permettent la vaccination mixte.

Cette pratique des vaccinations successives a été appliquée un grand nombre de fois, notamment au Val-de-Grâce. Ceux à qui on a injecté successivement les divers vaccins n'ont rien signalé, ni fatigue, ni réaction fébrile anormale. Ils ont suivi complètement les séries d'injections.

Au surplus, il est possible et réalisable de simplifier beau coup cette pratique. On peut obtenir une bonne immunité à l'aide de deux injections de vaccin antityphoïdique. Cette vaccination réduite, faite à l'aide de doses un peu renforcées, a été appliquée à un très grand nombre d'hommes dès le début de la guerre. Elle a manifesté sa grande efficacité. On peut donc faire suivre ces deux injections antityphoïdiques de deux ou trois injections de vaccin antiparatyphique A ou B ou bien A + B. Ce dernier mélange, qui ne comprend que deux vaccins, est bien toléré.

Cent localisations de projectiles par lecompas radio-chirurgical. — M. Infroit, chef du laboratoire central de radiographie de la Salpêtrière a imaginé un compas radio-chirurgical qui simplifie singulièrement la localisation des corps étrangers métalliques. Il permet de faire ces localisations en tout


( 761 ) ART. 24863

lieu et dans le lit du malade, supprimeles calculs, lesépures, se fait avec des instruments parfaitement stérilisés, etc.

Dix-neuf chirurgiens, dit M. Infroit,ont utilisé ce nouveau dispositif et les résultats que nous communiquons sont des plus encourageants.

Actuellement, nous venons de réaliser notre centième localisation, avec seulement96 blessés, car pour quatre d'entre .eux la radiographie avait révélé deux projectiles qui nécessitèrent par conséquent deux repérages.

Sur ces 100 projectiles, 94 furent extraits, 1 ne fut pas trouvé et dans cinq autres cas, les chirurgiens s'abstinrent de pousser plus loinl'intervention, craignant qu'en cherchant à extraire une balle trop profondément située les dégâts éventuels n'eussent pas été compensés par une amélioration du blessé ; c'est ce qui se produit, par exemple, lorsqu'il s'agit d'un projectile intrarachidien. Par une laminectomie le chirurgien enlève toutes les esquilles comprimant la moelle ; si la balle est découverte à ce moment on l'extirpe, mais lorsqu'elle est au delà du canal rachidien, les neurologistes sont tous d'accord pour reconnaître l'inutilité d'une telle recherche.

Les soldats examinés proviennent de laSalpêtrière, de la Pitié et de plusieurs ambulances installées à Paris : ce sont pour la plupart degrands blessés. Certains d'entre eux n'ont pas été opérés en province parce queles chirurgiens n'avaient pas à leur disposition un service deradiographieapteàfournir des localisations précises.

D'autres malades avaient, déjà subi une et même deux interventions sans résultat : sur nos 96 opérés, 14 appartiennent à la première catégorie et 5 à la seconde, ce qui représente environ une moyenne de 20 p. 100 ; enfin, il y a les blessés qui nous sont spécialement adressés pour bénéficier de notre méthode.

Parmi les cent corps étrangers que nous avons rencontrés, on arrive à établir la classification suivante, soit onze catégories :

1° 22 balles de fusil complètes, parmi lesquelles six sont inversées, c'est-à-dire que la pointe du projectile estorientée vers l'orifice d'entrée ;

2P 2 chemises de balles ;

3° 4balles sans chemises ;

4° 20 shrapnells ; ' 5° 2 morceaux de couteau ;

6G 1 bouton double en cuivre provenant d'une bretelle de fusil ;

7° 1 fragment de boucle de pantalon ;

8° 1 pièce de cinq francs mutilée avec deux éclats en argent.


ART. 24868 ( 762 )

9° 7 fragments de plomb ;

10° 38 éclats d'obus ;

11° 1 aiguille de seringue de Pravaz.

En analysant cette nomenclature, on constate qu'il y a un certain nombre de cas où le métal n'est pas magnétique, environ 33 p. 100.

Tous ces corps étrangers ont été extraits dans les parties les plus variées de l'organisme ; c'est ainsi que nous trouvons :

1° 8projectiles intracérébraux, dont Savaient occasionné un abcès. Du reste, on a pu constater dans le cerveau ce fait maintes fois remarqué dans les autres parties du corps, à savoir que les balles de fusil sont la plupart du temps aseptiques, alors que les éclats d'obus occasionnent presque toujours des abcès ;

2° 8 projectiles dans la partie antérieure du crâne, sinus, maxillaires, etc. ;

3° 10 projectiles intrarachidiens dont 3 intraduremériens ;

4° 2 projectiles intrapulmonaires ;

5° 24 projectiles dans l'épaule, le bras, le thorax ;

6° 2 projectiles dans la paroi abdominale ;

7° 2 projectiles dans le psoas ;

8° 32 projectiles du bassin, de la hanche et du tiers supérieur de la cuisse, dont 3 profondément encastrés dans l'os ;

9° 7 projectiles de la région du genou ;

10° 3 projectiles de la jambe ;

11° 1 projectile de la prostate ;

12° La semaine dernière nous avons eu la chance délocaliser un shrapnell dans l'oreillette droite d'oùil a été extrait.

SOCIÉTÉ MÉDICALE DES HÔPITAUX. — La sérothérapie dans la méningite cérébro-spinale épidémique:—MM. Nobécourt, Jurie des Camiers et Tournier, médecin-chef et médecins traitants de l'Hôpital temporaire des contagieux de Besançon étudient une épidémie de méningite cérébro-spinale complètement terminée depuis longtemps qui a sévi dans la garnison de cette ville de janvier à juin et leur a donné 41 malades avec 12 décès soit une mortalité de 29 p. 100.

Ils résument la conduite de la sérothérapie dans la méningite cérébro-spinale de la façon suivante.

Quand un malade présente des symptômes de méningite, il faut pratiquer immédiatement la ponction lombaire et ne pas limiter la quantité de liquide retiré, quand il s'écoule spontanément, à moins qu'il n'apparaisse des douleurs de tête. La ponction ne souffre aucun retard, lorsque les symptômes font penser à une méningite cérébro-spinale : début


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brusque, vomissements, céphalalgie, signe de Kernig, raideur delà nuque.

Si le liquide céphalo rachidien est trouble, il faut injecter de-suite 30 centimètres cubes de sérum antiméningococciquo et continuer le traitement, même si l'examen bactériologique ne décèle pas de méningocoques (à moins qu'ilne révèle d'autres germes).

On fait une deuxième ponction et une deuxième injection de 30 centimètres cubes ou de 20 centimètres cubes le lendemain.

Si le liquide est moins trouble et si les symptômes s'amendent, on attend deux jours pour pratiquer la troisième ponction. Sinon, on la fait au bout de vingt-quatre heures. On injecte de nouveau 20 centimètres cubes, à moins que le liquide ne soit devenu limpide.

Sile trouble a diminué et si le malade s'améliore, on attend deux, trois ou quatre jours pour pratiquer la quatrième ponction. Le liquide est-il clair, on n'injecte pas de sérum le trouble est-il très diminué, on injecte 10 centimètres cubes.

Si la troisième ponction n'a pas fait constater de modifications favorables du liquide, on pratique desponctions successives tous les deux jours et chaque foison injecte 20 centimètres cubes de sérum.Oncontinue jusqu'à ce que le liquide s'éclaircisse ; à ce moment^ on peut espacer les ponctions et les injections de trois ou quatre jours. On cesse quand le liquide est devenu limpide. En suivant cette technique, il n'y a pas à redouter d'accidents d'anaphylaxie.

Fréquemment, les injections de sérum provoquent, dans les douze ou trente-six heures consécutives, une exacerbation des symptômes, céphalée, rachialgie, raideur de la nuque^ Kernig. Elle ne constitue ni une indication de pratiquer la ponction, ni une contre-indication de poursuivre le traitement.

Somme toute, les variations de l'aspect du liquide cépha* lo-raehidien permettent d'apprécier l'état des méninges et l'évolution de la méningite. Elles sont un guide plus précis que. les symptômes cliniques dans la conduite de la sérothérapie antiméningococcique.

Cette notion devrait être introduite dans les instructions destinées à servir de guide aux médecins ' et en particulier dans la notice distribuée par le service de Santé de l'armée aux médecins militaires.

Cette méthode de traitement est d'ailleurs préconisée par la.plupart des médecins qui ont utilisé la sérothérapie. Elle donné de bons résultats, non seulement chez les adultes, mais encore chez ]es enfants. Les doses de sérum efficaces sont sensiblement les mêmes à tous les âges,les jeunes nourrissons mis à part. Ces dosesont paru aussi bien tolérées par


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les jeunes soldats de 18 à 20 ans que par les adultes de 30 à 40 ans.

— Parotidites et fièvre typhnde. — M. Lortat-Jacob fait remarquer que la fréquence de la parotidite dans la fièvre typhoïde a été très diversement appréciées. Sur 1165 malades, il n'en a observé que 11 cas, et tous ont guéri, ce qui est contraire à l'opinion répandue qui considère cette complication comme très grave.

En somme les parotidites apparurent environ dans 1 p. 100 des cas dans l'épidémie observée et principalement dans les trois premiers mois de l'épidémie.

Les cas étaient précoces, paraissant du 10- au 11e jour, tardifs, de beaucoup les plus fréquents, paraissant entre le 20e ou le 23e jour, ou dans la convalescence. Ces dernières avaient une évolution très bénigne • les deux premières catégories suppurèrent presque dans la moitiée de ces cas.

Aussi bien que celles qui suppurent, les parotidites non suppurées appartiennent à des fièvres typhoïdes habituellement compliquées, d'autres déterminations de l'infection éberthienne, abcès, chondrite, otite, phlébite, arthropathies, réactions méningées, etc. Elles sont souvent le signal d'une infection qui tend à diffuser, à la faveur d'un état général de moindre résistance. Il ne semble cependant pas que leur évolution influence d'une manière défavorable l'évolution générale de la fièvre typhoïde.

11 semble bien que l'état du milieu buccal est la cause préparatoire capitale qui favorise l'éclosion de la parotidite au cours de la fièvre typhoïde. Cette complication apparaît chez des sujets n'ayant pu prendre des soins de la bouche, et coïncide habituellement avec l'altération des muqueuses buccales, gingivales et linguales.

Les grands lavages de la bouche à l'eau faiblement iodée donnent d'excellents résultats dans le traitement et comme moyen préventif de cette complication.

— Orchite dans la fièvre typhoïde. —- M. Léon Giroux signale deux cas d'orchite sur un chiffre de57 malades atteints d'une infection paratyphoïde.

Dans un cas il y eut suppuration.

Les complications génitales de la fièvre typhoïde ont été étudiées par divers auteurs. D'après eux, l'orchite typhique est rare, elle apparaît surtout dans la convalescence en restant le plus souvent unilatérale ; elle frapqe le testicule seul ou plus rarement le testicule et l'épididyme ; elle évolue rapidement et aboutit exceptionnellement à la suppuration.

Il semble que dans ces deux cas qui survenaient au cours d'une paratyphoïde, ces caractères étaient un peu différents.


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ART. 24809 VARIÉTÉS

— A L'ARMÉE. Morts au champ d'honneur. — Jean Percepied, aidé-major, mort aux Dardanelles. — Cabana, mêdeein-major de 2? çl. au Maroc. — Condamine, aide-major au 20e bat. de chasseurs, tué je 21 juin. —Edom, chirurgien des hôpitaux de Bruxelles. — Maghieii, médecin-major de 2e ci. tué le 19 juin.

'-'.'—[Légion d'honneur. — Sont inscrits au tableau de la Légion d'honneur pour :

Officier. •— M. Bartet, médecin principal : a soigné, en pays ennemi, les soldats blessés affluant des tranchées, sous les balles et les éclats d'obus. A donné un bel exemple de courage et de dévouement. Cité à l'ordre du jour de l'armée. ^— M. Taddéi di Torella, médecin principal : a rendu les plus grands services comme médecin de la division des Dardanelles.

^—-Médailles militaires. —M. Corre (Gaston), médecin auxiliaire âii 292e rég. d'intanterie. — Masmonteil, auxiliaire au 46e d'infanterie. — Angêle, auxiliaire au 1er rég. de zouaves. — Patriarche, auxiliaire au 213e rég. d'infant. — Funeau, auxiliaire au 255*. — Ôttêrin (Henri), auxiliaire au 8* d'artillerie. — Bornand, auxiliaire au 28e bat. de chasseurs alpins.— Porchet, auxiliaire au 6B dragons.

— Citations à l'ordre du jour de l'armée. — M. Beliard (Octave), médecin aide-major au 66e rég. d'infanterie : a, depuis son arrivée sur le front, montré beaucoup de sang-froid et de courage. A été blessé en soignant un blessé au poste de secours.

V-M. Bartet, médecin principal du Jauréguiberry : a soigné en pays ennemi les soldats blessés affluant des tranchées, sous les balles et éclats d'obus ; y est demeuré vingt-quatre heures donnant un bel exemple de courage et de dévouement.

-- M. Sencert (Louis-Georges), médecin-major de 2* classe de réserve, médêcin-ehef de l'Ambulance n° 6/XX : professeur agrégé à la Faculté de Nancy, chirurgien des hôpitaux, dirige une Ambulance depuis le début de la campagne.

— M. Bourdier (Louis-Pierre), médecin auxiliaire du génie de corps d'un C. A..., compagnie 9/4 : n'a pas hésité à installer son posté.de secours à proximité des tranchées. A été atteint d'un éclat d'obus- le 11 mai, â son poste, alors qu'il prodiguait ses soins aux blesses.

'[—M. Rigollet (Lucien-jErnest-Simëon), médecin-principal de 2e classe, médecin divisionnaire d'une D. I. : médecin militaire de tout premier ordre, a constamment obtenu, dans l'organisation du service du champ de bataille, relève, pansement et évacuation des blessés, les résultats les plus heureux, grâce à. ses belles qualités d'initiative et de sang-froid.

^- M. Deyrolle (Etienne), médecin-major au 7° rég. de marche de tirailleurs : depuis le début de la campagne, s'est maintes fois fait remarquer par son dévouement absolu et son complet mépris dû danger . A été blessé le 9 mai en soignant des blessés sous le feu.

•—M. B-ay (Albert), médecin-major de lie classe au 88» rég. d'infanterie : officier de très grande valeur, se dépense sans compter de-


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puis le début de la campagne. Pendant la journée du 9 mai, avait organisé son poste de secours tout à proximité des lignes et a pu ainsi assurer l'évacuation rapide de tous ses blessés sous le feu très intense de l'artillerie allemande.

— M. Pages (Edouard-Marie-Jean-Barthëlemy), médecin aidemajor de lre classe de réserve au 3» groupe du .6" rég. d'artillerie : a constamment fait preuve depuis le début de la campagne et notamment le 30 août de courage et d'une haute conscience de son devoir professionnel. A été mortellement blessé, le 3 juin, en accourant sous le feu de l'artillerie allemande pour relever des blessés à une pièce de son groupe établie en batterie à 1.500 mètres des lignes allemandes.

— M. Chabrun (Hippolyte), médecin aide-major de 2» classe au 2e rég. de marche de zouaves : lors de l'attaque du 6 juin, s'est porté sous un bombardement intense, en première ligne, pour assurer Je service médical de son bataillon, et se rendre compte de son fonctionnement. A été tué.

— M. Hugon (Charles-Pascal-Etienne), médecin aide-major de 2' classe au 3° bataillon du 92" rég. d'infanterie : s'est distingué en toutes circonstances depuis le commencement de la campagne. A été mortellement atteint par un éclat d'obus à son poste le 14 mai 1915.

— M. Bernard (Eugène-A^ictor), médecin auxiliaire au 55' rég. d'infanterie : mie 06004 : a été mortellement frappé le 15 juin au cours d'un bombardement en allant sous un feu de la grosse artillerie porter secours à un blessé.

— Lhoste (Jean-Marie-Octobre), médecin aide-major du groupe de brancardiers de la division : a montré, pendant les journées des 7, 8,9 et lOjuin, un dévouement et un zèle au-dessus de tout éloge, pansant de nombreuxblessésdans un village exposé à un feu violent et assurant rapidement leur évacuation dans des conditions très périlleuses .

— M. Courouhle (Achille-Auguste-Elie), médecin aide-major de 2e classe au 243e rég. d'infanterie : a toujours fait preuve d'une audacieuse témérité ; blessé a la tête de plusieurs éclats d'obus, a continué à assurer son service. Dans la nuit du 14 au 15 juin, commandé pour aller relever les cadavres, a été tué en arrachant des fils de fer, sur le champ de bataille, le corps d'un lieutenant du régiment.

— M. Cofliniëres (Jacques), médecin auxiliaire àial" compagnie du 140e rég. d'infanterie : dans la nuit du 12 au 13 juin, malgré la grande violence d'un bombardement qui dura plusieurs heures, assura sur la première ligne même, avec une intelligente initiative et un sang-froid admirable, la relève, les soins et l'évacuation des blessés.

— M. Lemière, médecin aide-major de 2e classe de réserve au 224e rég. d'infanterie : le 28 août, a traversé une zone battue par l'artillerie ennemie, afin-de prodiguer ses soins aux blessés. A été grièvement atteint aux deux jambes.

— M. Régnier (Louis-Antoine Léon-Henri), médecin-major de 2° classe au i0° rég. d'infanterie : sert depuis le commencement de la campagne avec un dévouement inlassable. Excellent médecin,, plein d'activité et d'énergie, a rendu les plus grands services 'en. toutes circonstances.

— M. Loubatië (René), médecin auxiliaire au 9° rég. démarche de zouaves : déjà cité à l'ordre de la brigade, cité à l'ordre de la division pour sa brillante conduite aux combats de fin avril, n'a pas cessé depuis lors de relever ses blessés au mépris du danger. Blessé à la jambe grièvement.

— M. Delahousse, médecin-chef du groupe de brancardiers,d'une division : a fait preuve des plus belles qualités d'énergie, de calme et de courage en assurant avec un personnel et un matériel réduits,, le relèvement et l'évacuation des.nombreux blessés.


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-^M. Duchëne-Marullaz, médecin-major de 1™ classe, chef des postes de secours d'une brigade : a montré un véritable héroïsme en; prodiguant sans relâche ses soins à de très nombreux blessés, sous des feux très dangereux d'artillerie et souvent de mousqueterie. , — M. Sautreau, médecin aide-major de 2 e classe : toujours sur la brèche depuis le début dé la campagne, a assuré avec un zèle et tui dévouement dignes d'éloges, les pansements et l'évacuation de nombreux blessés, notamment pendant les 6, 7, 8 et 9 mai, alors que le poste de secours du 175a de ligne était très à l'avant dans une région des plus exposées.

'— MM. Chassard, mëdeein-major de 2e classe ; M. Lapis, médecin aide-major de 2e classe ; Bonhomme, médecin aide-major de 2e classe ; Gelineau, médecin auxiliaire : toujours sur la brèche depuis le début de la campagne, ont assuré avec un zèle et un dévouement dignes d'éloges, les pansements, et l'évacuation de nombreux blessés, notamment.pendant les 6, 7, 8 et 9 mai, alors que le poste de secours du 175e rég. d'infanterie était très à l'avant dans une région des plus exposées.

— M. Lajus, médecin-major de 26 classe, section hors rang du 3e bataillon, Î55e rég. d'infanterie : a fait preuve d'un beau courage en allant, sous un feu violent, au-devant des blessés pour les panser. A prodigué ses soins pendant une grande partie de la nuit suivante aux blessés du régiment et des régiments voisins.

— M. Dessaigne, médecin aide-major de 1" classe : toujours sur la brèche depuis le début de la campagne, a assuré avec un zèle et un dévouement dignes d'éloges les pansements et l'évacuation de nombreux blessés.

:—M. Funk Brentano, médecin auxiliaire : a été blessé le 9 mai, en relevant des blessés sur la ligne de feu.

— M. Doz, médecin auxiliaire : blessé grièvement le 2 mai au matin, à continué son service et s'est particulièrement distingué par son activité.

— M. Jubin, médecin-major de 2e classe au 6e rég. colonial : bravoure admirable et dévouement professionnel hors de pair pendant les combats des 25 et 26 avril 1915.

— M. Gauthier, médecin aide-major de 2e classe au 2e bataillon du 4e zouaves : a soigné les blessés du régiment pendant deux jours et une nuit sans aucun repos, à un poste de secours très rapproche delà ligne de feu sous un feu d'artillerie extrêmement violent et a montré en ces circonstances, un entier dévouement et un mépris absolu du danger. -

— M> Pochard (Julien), médecin auxiliaire au 42e rég. d'artillerie : médecin d'un dévouement à toute épreuve. S'est à plusieurs reprisés et notamment le 8 et le 30 avril porté-aux pièces maigre la violence du bombardement pour y soigner les blessés et assurer lour transport au poste de secours.

— M.Houlez (Fernand-Henri), médecin aide-major de 2e classe au 91* rég. d'infanterie : a assuré avec un zèle et un dévouement inlassables le relèvement et le traitement rapide des blessés malgré un feu d'infanterie et d'artillerie parfois très violent dirigé sur le poète de secours du bataillon.

— M. Schweisguth (Charles-Daniel), médecin aide-major de 1" dasse de territoriale au 7e groupe de 120 lourd du 2» rég. d'artillerie lourde : a repris du service, bien que libéré de toute obligation militaire. A fait preuve du plus grand courage dans les combats d'avril et le 5 mai, en assurant la relève et en donnant ses soins aux blessés dans une batterie prise sous un feu violent et réglé et qui subissait des pertes importantes.

— M- Jaequelin (Paul),.médecin aide-major de 4" classe au 329e rég. d'infanterie : a été atteint de plaies multiples très graves mettant ses jours en danger, alors que," ayaiït installé son poste de së^


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cours dans la tranchée de départ, il ne cessait, au cours d'un bombardement intense subi par le régiment avant l'attaque, d'y prodiguer ses soins aux blessés. A refusé à plusieurs reprises d'accéder à l'invitation de son chef de service de s'abriter.

— M. Risér (Marcel-Marie), mie 3655, médecin auxiliaire au 329e rég. d'infanterie : toujours aux postes les plus périlleux où il a conquis l'admiration des combattants : s'est fait remarquer pendant le combatdu 11 mai, en prodiguant ses soins dans le voisinage immédiat de la ligne de combat ; en particulier, a pansé avec le plus grand sang-froid, pendant une demi-heure, sous une rafale incessante et ajustée, une dizaine d'hommes grièvement blessés qui l'avaient appelés à leur secours.

— M. Drouard (Henri), médecin-major de 2° classe à la brigade •de spahis : a donné unmagniflque exemplede courageetde dévouement. Blessé au cou par une balle et un éclat d'obus au moment où une attaque allait se déclancher, a refusé de quitter son poste. Pendant la nuit, a donné ses soins à 200 blessés, a assuré l'évacuation vers l'arrière etn'a quitté son poste que le iOaumatin, sur un ordre formel, pour aller se faire extraire son éclat d'obus. A rejoint son poste de première ligne deux jours après.

M. Gillier (Roland), médecin auxiliaire, 3° bataillon, 3e tirailleurs : depuis le commencement de la campagne, a fait preuve d'un dévouement et d'un courage admirables. Pendant le combatdu 20 avril, n'a pas hésité à se porter en première ligne pour soigDer des blessés sous un feu très violent de mousqueterie. Deux fois blessé, a refusé de se laisser évacuer.

M. Maux (André-Marie), médecin aide-major de lro classe du régiment de tirailleurs marocains : s'est fait remarquer depuis le début de la campagne par son dévouement et sa bravoure. S'est particulièrement distingué dans les combats des 5 et 6 mai.

— M. Buisson (Paul-Emile), médecin aide-major de 1»* classe au 128e rég. d'infanterie : a toujours fait preuve d'un dévouement absolu et de la plus grande bravoure en soignant des blessés sur la ligne de feu. Très grièvement blessé, est mort des suites de sa blessure.

— M. Singer, médecinde2eclassedu Casablanca : a coopéré d'une façon active à la mise â l'eau du canot, après l'explosion du bâtiment; est mortà son poste en aidant au sauvetage des hommes.

MÉDAILLE MILITAIRE. — M. Lermoyez (Jacques), médecin auxiliaire au groupe cycliste d'une division de cavalerie : a fait preuve du plus grand dévouement dans les soins â donner aux blessés du groupe. A été grièvement blessé par un obus tombé sur le poste de secours.

MÉDAILLE D'HONNEUR DES ÉPIDÉMIES. — Médaille d'argent.— M . Aynaud, médecin aide-major de 2e classe de l'armée territoriale.

— M. Beck. médecin auxiliaire au Maroc occidental.

— M. Spillmann, médecin-major de 2e classe de territoriale à l'hôpital militaireSêdillot, à Nancy.

Citation civile. — M. le Dr Sarrazin, maire delà Coutm-e (Pas-deCalais) : a eu une conduite exemplaire ne cessant, sous un bombardement continuel, de parcourir le pays pour visiter les malades. Lors de l'occupation allemande, la fermeté et la dignitë:de son attitude ont contribué à sauvegarder les intérêts de la commune, donnant à ses concitoyens un bel exemple de sang-froid et de courage civiques.

PAUL LUCAS-CHAMPIONNIÈRE L'Administrateur-gérant: M- TOUGNAUD. Rédacteur en chef.


HENSBI0NÈMBNT5 MÉDICAUX» — Sup. du Journal de Méd., 1 -^ H


MENTS MÉDICAUX. - Sup. du Journ. de mèd., 10 octobre 1915.

CKCElVriNS DE FER. DE L'ÉTAT

^'Administration des Chemins de fer -de l'État, malgré les nombreux transports de toute

ature auxquels elle a à faire face dans les circonstances actuelles, apporte successivement

dans le service de ses trains d'intéressantes et importantes améliorations qui facilitent au*

voyageurs les déplacements qu'ils ont à effectuer dans les régions desservies par son réseau.

C'est ainsi que, sur toutes le3 lignes de la petite et de la grande banlieue de Paris, la vitesse des trains est maintenant celle des trains omnibus en temps de paix.

Sur les grandes lignes, la vitesse des trains omnibus a été non seulement accélérée, mais bon nombre de ceux-ri ont été déplacés de manière à assurer de nouvelles correspondances et permettre de meilleures relations régionales.

Signalons, on outre, que des trains express circulent maintenant sur toutes les artèréi principales du réseau, notamment sur les lignes ci-après :

Paris à Diepp9 par Pontoise. — Paris à Rouen et au Havre, correspondances sur St-Valéryen-Caux, Fécamp et Elrelat. — Paris à Caen et à Cherbourg, correspondance pour Trouville-Deauville. — Paris à Granville, correspondance pour Bagnoles-de-l'Orne. — Paris Reanes et à Brest, correspondances sur Angers, Saint-Malo, Lannion et Roscofî. — Paris à Bordeaux, correspondances sur les Sables-d'Olonne, Rochefort, La Rochelle et Royan. —i Rouen ai Mans et à Angers. — Cherbourg à St-Malo, Brest et Bordeaux.

Ce3 différents traies desserveit toutes les localités importantes de leur parcours et grâce A des arrêts appropriés aux gares de bifurcation, de bonnes correspondances ont pu être assurées avec les lignes transversales.

ii La plupart de ces trains comportent, en oulre, dans leur composition, ceux de jour, un jwagon-reslaurant, ceux de nuit, des couchettes etde3 lits-toilette ou des canapés-lits.

Pour tous renseignements sur l'horaire des trains, consulter le livret-horaire déposé dans les gares du Réseau de l'Etat.


nENSElONlKfcNTS MÉDICAUX. -- Supp. du Jonwul de M4U!Ï^^HH|||*