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LA NAVIGATION. UN NAVIRE ISOLE
barcations ne sont plus suspendues sur leurs porte-manteaux, d'où on peut les amener directement à la mer. Elles reposent, encapuchonnées de toiles qui les protègent des escarbilles, sur des chantiers boulonnés sur le pont supérieur, où les fixent des saisines grâce auxquelles le roulis et le tangage n'auront pas de prise sur elles ('). Les cheminées vomissent la fumée noire et. par les tuyaux d'échappement qui leur
sont accoles, quelques flocons de vapeur blanche s'échappent, indiquant que la pression aux chaudières est déjà suffisante pour actionner les machines.
Une baleinière A'igoureusement nagée se dirige vers le bord. Elle ramène le commandant, qui est allé prendre congé du vice-amiral préfet maritime et a reçu de lui ses dernières instructions.
Dès qu'il a mis le pied sur le pont, il donne un ordre et aussitôt un commandement retentit dans toutes les parties du navire : « Chacun à son poste pour l'appareillage ! »
Bientôt la chaîne qui fixait le bâtiment au
FIG. 168. — « Chacun à son poste pour l'appareillage I » Retour à bord du commandant.
corps mort (*) file par l'écubier avec un bruit de tonnerre, et le fier navire, libre de toute entrave, le cap tourné vers les océans lointains d'où il ne reviendra peut-être qu'après de longues années, prend la route de la haute mer, laissant derrière lui, avec le profil aimé des côtes familières, bien des coeurs serrés et des yeux en larmes. Aussitôt, tout à bord s'installe pour l'accomplissement régulier d'un service qui assurera d'une façon définitive les deux objectifs en vue desquels est créé le navire de guerre, la sécurité de la naAigalion, l'immédiate et continuelle disponibilité pour le combat.
(') On conserve cependant deux embarcations légères prêtes à être mises à l'eau pour le sauvetage d'un homme tombé à la mer.
(*) On nomme ainsi un point fixe très solide, constitué sur le fond d'une rade par deux ou trois ancres assujetties ensemble et d'où remonte à la surface une forte chaîne soutenue par une bouée. C'est cette chaîne que les bâtiments devant séjourner sur rade embarquent par leurs écubiers et qui les maintient en place.