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Titre : Journal de la Société des américanistes

Auteur : Société des américanistes (France). Auteur du texte

Éditeur : Société des américanistes (Paris)

Date d'édition : 1938

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343492856

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb343492856/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Langue : anglais

Langue : espagnol

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Description : 1938

Description : 1938 (T30,FASC1).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k57350002

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 20/12/2010

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DE

SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

(KECONNUR D'UTILITE PUBLIQUE)

NOUVELLE SÉRIE — TOME XXX

(Fasc. 1).

AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ

(il , HUE 1)1! BITFON. 61 l'A IUS, Ve

1938


PUBLICATIONS .-DE LA MISSION SCIENTIFIQUE

G;.:Ï>E ÇRÉQUI-MONTFÛRT ET E. SÉNÉCHAL DE LA GRÀNM;:V

Carte dés régions des Hauts Plateaux de l'Amérique du Sud (Bolivie, Argentine, Chili, Pérou) parcourues par la Mission française. Carte dressée par V. HIJOT, d'après les travaux des membres de la Mission, les sources originales inédites et les documents les plus récents, à l'échelle de 1/750.000,

aoo fr. ^ l:

.lies lâès^des Hauts Plateaux; de l'Amérique du Sud,, par le D1'; MV ÎSkf.Eu-LBM'MKB, avec la collaboration de.MM'. BAVAY, 15..À. BIHGE, E. GTnrt'nEux,.E..iMABSii, J. PELLEGIUN et .1. TIIOULET. Paris, 1906, vi-197 p., XV1H pi,, in-8< ;60 fr.

Anthropologie bolivienne, par le Dr Arthur CHBHVIN. Paris, in-8°, 400 fr.,.-t. I :. Ethnologie, Démographie, Photographie métrique, 1908, xt-ill p., XXV pi.; t. H : Anthropométrie, 1907, 435 p.: t. III : Craniologie, .1908, 151 p., LXXXpl.

Antiquités delà région andîne de la République Argentine et ém Désert d'Atacama, par Eric BOMAN. Paris, '1908, t. I : Vallées inlerandîneS de la République Argentine (épuisé); t. II : Puna Argentine, Désert d'Atacama et Province de Jujuy, p. 391-948, pi. XXXIII-LXXXIII, in-8°, 200 fr.

Notes physiologiques et médicales concernant les Hauts Plateaux de l'Amérique du Sud, parleD 1" M. NEVEU-LEMAIRE. Paris, 1908, vn-160 p,, in-S°; GO^fr.

MamiïiifèreB fossiles de Tarija, par Marcellin BOULE, avec la çollaboratiqii de

' ■'■■;;;;:AV:frnisvlsNiN. Paris, 192p, vn^5'5 p., ■XXVit.pL, in4\.';8p0;fç,; ffi^k'k'li

Géographie des Hauts Plateaux des Andes, par V. HUOT. Paris, ' 1908, 84lp,,::în-8<>, 00 1V.

En vente au siè^e de la Société des Américanistes, 61, rue de Buffon, Paris {5e




JOURNAL

DE LA

SOCIÉTÉ DES AMÉRIGANISTES



JOURNAL

DE LA

SOCIÉTÉ DES AMÉRIGANISTES

(RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE)

NOUVELLE SÉRIE — TOME XXX

AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ

61, RUE DE BUFFON, 61 PARIS, Ve

1938



RECHERCHES ANTHROPOLOGIQUES

SUR LA DÉFORMATION ARTIFICIELLE

DU CRÂNE.

Observations sur oO'i crânes précolombiens

de la collection Créqui Mont fort et Sénéchal de la Grange

du Muséum National d'Histoire Naturelle l,

PAR LE DOCTEUR FRÉDÉRIC FALKENBURGER. (Planche I).

ESSAIS DE CLASSIFICATION DES CRANES DÉFORMÉS.

On trouve déjà aux temps les plus anciens de l'histoire humaine ' la déformation intentionnelle du crâne. Sur les squelettes provenant des fouilles préhistoriques comme dans les oeuvres d'art de l'ancienne Egypte on rencontre des exemples de la déformation artificielle de la tête osseuse. Le plus ancien document littéraire à ce sujet est sans doute le texte d'Hippocrate Des airs, des eaux, et des lieux, qui décrit la déformation artificielle du crâne chez les Macrocéphales, peuplade des bords de la Mer Noire dans la région de la Crimée d'aujourd'hui : « Dès que l'enfant vient de naître, et pendant que, dans ce corps si tendre, la tête conserve encore sa mollesse, on la façonne avec les mains, et on la force à s'allonger à l'aide de bandages et de machines convenables, qui en altèrent la forme sphérique et en augmentent la hauteur J> . La frappante description du grand médecin de Cos, datée du cinquième siècle avant Jésus-Christ, contient déjà toutes les possibilités techniques de la déformation ; le modelage de la tête du nouveau-né avec les mains qui ne peut produire que des effets temporaires, et la fixation de la nouvelle forme du crâne à l'aide de bandes et d'autres machines convenables, c'est-à-dire de planchettes et de coussins.

Un assez grand nombre d'historiographes et de naturalistes après Hippocrate se sont occupés de décrire la déformation artificielle du crâne.

1. Travail exécuté au Laboratoire d'ethnologie des hommes actuels et des hommes fossiles (Muséum National d'Histoire Naturelle).

Société des Américnnistes, 193S. 1


2 SOCIÉTÉ DES AMÉR1CANISTES

Surtout après la conquête par les Espagnols du Mexique et du Pérou, terres classiques de la déformation crânienne, les rapports des voyageurs et des savants s'accumulent sans apporter de contributions essentielles à la solution du problème. L'un ou l'autre genre de déformation est décrit sans faire l'essai d'une classification.

Morton à Philadelphie a réussi le premier en 1839 à distinguer les types de déformation dans son ouvrage intitulé Crania americana (47). Il distingue quatre variations : la déformation occipito-frontale, la déformation frontosincipito-pariétale, la tête irrégulièrement comprimée et la tête quadrangulaire.

Seize ans plus tard paraît l'ouvrage de Gosse : Essai sur les déformations artificielles du crâne dans les Annales d'hygiène publique (21). On ne peut pas dire que la question ait été beaucoup éclaircie par les efforts considérables de cet auteur. En s'efforçant de décrire toutes les différences de la déformation crânienne Gosse parvient à ajouter aux quatre variations de Morton une douzaine d'autres et à diviser chacune des deux premières catégories citées par celui-ci en deux variétés : la déformation occipito-frontale dans les formes couchées et relevées et la déformation fronto-sineipitopariétale dans la forme allongée en cylindre et allongée en cône. Aussi vieillies que soient aujourd'hui les diverses catégories de Gosse, il reste toutefois important de signaler ces deux variétés. Chez elles on trouve pour la première fois une distinction générale et significative de toutes les variations possibles de la déformation artificielle du crâne.

Broca (1875) distingue cinq formes diverses : la déformation simple, annulaire, frontale simple, relevée et couchée. Mais il affirme dans ses Instructions craniologiques et craniométriques qu' « on peut toutefois les (déformations) ramener à deux groupes principaux : les déformations relevées et les déformations couchées » (6, p. 154). C'est surtout sur. le mode de compression appliqué qu'est fondée la classification de Broca, point de vue assez significatif pour toute la question.

Topinard au contraire se borne dans sa classification « aux effets obtenus tels qu'on les constate sur le crâne » (68, p. 742). Dans Des déformations ethniques du crâne (1879) (67) il cite quatre déformations : occipitale simple, frontale simple, fronto-occipitale et fronto-sincipitooccipito-pariétale. Les deux dernières formes sont divisées en trois groupes : couchée, intermédiaire et dressée. Dans ses Éléments d'anthropologie générale (68) Topinard a ajouté un cinquième groupe aux quatre précédents : le groupe « divers » dans lequel il classe les cas qui ne s'insèrent pas facilement dans les autres. Ce moyen de classement est assez douteux et il vaudrait mieux le supprimer. Quant aux deux premiers groupes, la déformation simple occipitale et frontale, Topinard


RECHERCHES SUR LA DÉFORMATION DU CRANE 3

lui-même s'exprime de cette façon : « toute pression frontale suppose forcément un point d'appui sur le point opposé » (67, p. 501). Le même raisonnement doit valoir aussi pour la déformation occipitale simple et ainsi les déformations simples occipitales et frontales doivent être réunies au groupe de la déformation fronto-occipitale. On peut ainsi réduire les quatre ou cinq types de déformation de Topinard à deux avec la division en formes couchées, intermédiaires et dressées.

Dans son livre intitulé Des déformations artificielles du crâne (41) Lenhossek (1880) décrit d'abord en s'appuyant sur les travaux de Morton, Gosse etBroca, les deux formes relevée et couchée de Broca. Il dépeint ensuite quatre autres types de déformation : le crâne orthognathe et hypsicéphale, prognathe et hypsicéphale, dolichocéphale prognathe et chamaecéphale et le ftalhead, c'est-à-dire une déformation occipito-sincipito-frontale qui correspond à la tête bilobée de Gosse. Les définitions de Lenhossek entremêlent les classifications des auteurs précédents et n'apportent pas plus de clarté dans la nomenclature ni dans le système des déformations.

Virchow (1892) distingue dans ses Crania ethnica, americana (72) trois formes de déformation artificielle : les hj'psicéphales qui peuvent être brachycéphales ou non selon la technique de déformation (bandes ou planchettes.) et les chamaecéphales qui se divisent en deux grands groupes. Le premier avec l'occipital raccourci par planchettes est celui des fïatheads, le deuxième avec l'occipital allongé (traitement par bandages) celui des longheads. Ces deux groupes sont caractérisés par la hauteur peu considérable du crâne. Entre toutes ces formes existent des intermédiaires.

C'est à peu près dans le même sens que Boas (3) a constitué (1890) un système de déformation en employant comme nomenclature les noms des tribus indiennes du Nord de l'Amérique chez lesquelles se trouvent ces formes de déformation voulue : Cowichan, Chinock et Koskimo. Les deux premières ont les crânes déformés d'une façon dressée ou couchée par planchettes et la dernière d'une façon circulaire par bandes.

Hrdlicka (24) va encore plus loin (1912) en distinguant seulement deux variations de déformation artificielle : la fronto-occipitale (appelée par cet auteur flathead)et la circonférenciale (appelée Macrocéphale ou Aymara).

Imbelloni (25-36) prend (1923) comme base delà classification la technique appliquée, analogue aux idées de Broca et de Virchow. Il distingue ainsi trois classes, dont les deux premières sont la déformation frontooccipitale oblique provoquée par planchettes fixées à la tête, et la déformation fronto-occipitale droite produite par berceau d'une telle façon que la tête est fixée directement sur une surface aplatie. Ces deux types ont


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la même dénomination de déformation tabulaire par opposition au troisième type appelé par Imbelloni déformation symétrique ou orbiculaire, suscitée par bandages ou bonnets. Chaque classe de déformation est selon Imbelloni strictement fixée à la technique pratiquée, c'est-à-dire qu'il existe une corrélation entre l'instrument utilisé et la forme du crâne déformé.

Aichel (1) (1933) contredit les suppositions d'Imbelloni selon lesquelles il faut distinguer nettement entre la déformation fronto-occipitale oblique et droite. Il trouve des transitions entre ces deux formes et nie que chacune d'elles soit attachée à un appareil de déformation particulier. Ajoutons brièvement qu'lmbelloni (36) a réfuté assez habilement les opinions d'Aichel. Quant à la classification, Aichel distingue trois types principaux : la compression fronto-occipitale du crâne, la déformation bregmatico-occipitale et la déformation circulaire. Il y ajoute trois formes de combinaison provoquées par l'application commune des bandes et des planchettes et enfin deux déformations asymétriques.

Après cette énumération un peu fatigante mais indispensable pour voir clairement le chemin parcouru dans les essais de classification, tirons une conclusion. Il semble assez net que chez presque tous les auteurs on trouve la distinction entre deux façons de déformer le crâne : par planchettes et par couches, la déformation tabulaire, et par bandages, la déformation orbiculaire ou circulaire. La première est exercée dans le sens de déformation fronto-occipitale, c'est-à-dire asymétriquement avec augmentation" de la largeur et diminution de la longueur du crâne, la deuxième symétriquement et influençant surtout la hauteur du crâne (Macrocéphales d'Hippocrate). Logiquement on ne peut pas opposer le mot tabulaire qui évoque l'instrument appliqué, au mot circulaire qui exprime la technique utilisée. Il serait préférable de parler d'une déformation « antéro-postérieure », synonyme de « tabulaire », <c fronto-occipitale », « flathead », et d'une déformation « circulaire », synonyme d' « orbiculaire », « fronto-occipito-pariétale », « hypsicéphale », « Aymara ». Ensuite il faut tenir compte de l'aspect du crâne même, s'il est déformé d'une façon droite ou oblique. Pour le mode droit la région du lambda est surtout influencée par le procédé de déformation ; l'occipital devient alors plus érigé et forme avec le plan horizontal un angle à peu près droit. Pour le mode oblique l'occipital est influencé dans sa totalité et la région du lambda reste au contraire presque libre; l'inclinaison de l'occipital est changée par ce processus et l'angle formé avec le plan horizontal devient plus aigu. En regardant le crâne de profil on a bien l'impression qu'il est déformé dans un sens oblique. Bien entendu il faut éviter les fautes des auteurs d'antan comme Morton ou Gosse qui


RECHERCHES SUU LA DÉFORMATION DD CRANE 5

ont placé le crâne de telle façon que la déformation semblait exagérée. Il va de soi que le crâne à examiner doit être posé toujours dans le même plan, et nous avons choisi dans ce but le plan de Francfort, fixé par les deux trous auditifs et le point le plus bas du bord inférieur de l'orbite gauche. Les deux types de déformation droite et oblique ont des noms assez divers dans la littérature citée par nous : la première est appelée « relevée » par Gosse et Broca, «dressée » par Topinard, « Cowichan » par Boas ; la deuxième « couchée » par Gosse, Broca et Topinard, « Chinock » par Boas. Nous désignerons par la suite toujours les déformations par « droite » ou « oblique » et nous obtiendrons alors deux grands groupes de déformation comprenant chacun deux sous-groupes : la déformation c antéro-postérieure droite » et « oblique » et la déformation « circulaire droite » et ;< oblique ». Sans vouloir contester l'existence de formes intermédiaires nous espérons démontrer qu'il est toujours possible de faire la classification avec ces quatre types généraux, mais qu'on ne peut pas diminuer encore ce nombre de classes de déformation sans négliger des différences notoires.

LA COLLECTION CRÉQUI MONTFORT ET SÉNÉCHAL DE LA GRANGE.

La présence d'une quantité de crânes déformés dans les collections du Muséum d'Histoire Naturelle nous a permis d'étudier la question de la déformation ethnique sur une large base '.

La collection de Créqui Montfort se compose de près de 500 pièces anatomiques recueillies en 1903 par la mission scientifique G. de Créqui Montfort et E. Sénéchal de la Grange (15). Il y a plus de 400 crânes, pour la plupart d'origine précolombienne, provenant de fouilles exécutées au Nord de l'Argentine (provinces de Salta, Jujuy et Catamarca), au Nord du Chili (province d'Antofagasta) et en Bolivie (provinces de Lipez, Porco, Paria et Pacajes). Certaines sépultures ont donné jusqu'à cent crânes de la même provenance (Ghervin). Nous avons uniquement choisi dans la collection les crânes en bon état et présentant des signes

1. Nous sommes heureux de pouvoir remercier M. le professeur Rivet qui a bien voulu nous admettre à travailler dans son laboratoire et qui, mettant à notre disposition la belle série de crânes de la collection Créqui Montfort et Sénéchal de la , Grange, a considérablement facilité notre tâche. Nous tenons à remercier également M. Lester, sous-dirêcteur du laboratoire, dont les conseils nous ont élé très précieux. Il nous a été ainsi possible d'étudier de très près la question de la déformation artificielle du crâne sur un abondant matériel de même origine.


6 SOCIÉTÉ DES AMÉR1CANISTES

'de déformation artificielle. Il a été possible d'étudier ainsi 302 crânes dont 29 (16 hommes, 13 femmes) proviennent de fouilles exécutées en Argentine (Galchaqui, Golgota, Pucara, Sayate, Tastil), 49 (26 hommes, 23 femmes) au Chili et 224- (112 hommes, 112 femmes) en Bolivie. Ces derniers se répartissent en 86 crânes (47 hommes, 39 femmes) de Tocarji, 33 (16 hommes, 17 femmes) du Rio Panagua, 45 (22 hommes, 23 femmes) d'Asnapujio, 24 (10 hommes, 14 femmes) de Calera, 6 (4 hommes, 2 femmes) de Visicza et 6 (2 hommes, 4 femmes) d'Yura. Tous ces crânes sont de la même région qui constitue une bande étroite de territoire de 50 kms. de longueur, dans la province de Porco, département de Potosi, sur la route d'Uyuni à Yura (haut-plateau de Bolivie). Ensuite il y.a 12 crânes (5 hommes, 7 femmes) de Colcha et de Cobrizos (province de Lipez), 8 crânes (4 hommes, 4 femmes) de Tiahuanaco (province de Pacajas) et 4 crânes (2 hommes, 2 femmes) d'un cimetière récent d'Urmiri (province de Paria). 200 crânes de notre série sont alors de la même région et constituent ainsi un matériel suffisamment important. Tous les crânes, excepté les quatre d'Urmiri, datent d'avant la conquête espagnole.

NOS MÉTHODES DE TRAVAIL."

Nous avons repris dans nos recherches le chemin parcouru par les auteurs du siècle dernier en classant premièrement à vue les crânes déformés selon les quatre groupes indiqués plus haut. Il va de soi que dans ce but et pour les mesures ultérieures le crâne était posé toujours dans le plan horizontal de Francfort. Comme mesures sur le crâne même nous avons pris la longueur et la largeur maxima, la distance basion-bregma comme hauteur du crâne et la distance bizygomatique comme largeur du crâne facial. A la suite des travaux de Papillault Sur les angles de la base du crâne (.50) nous avons attribué une assez grande importance à l'étude de l'angle du clivus. A l'aide d'un petit appareil construit par nous pour la mesure du clivus sur le crâne (18) nous avons mesuré sur tous les crânes son inclinaison. Nous avons dessiné ensuite le diagramme sagittal du crâne, méthode appliquée pour la première fois à l'étude des crânes déformés par nous-mêmes en 1912 (17) et plus tard avec beaucoup de succès par Imbelloni (25). Sur le diagramme nous avons marqué les points importants pour la mesure des distances et des angles : prosthion, nasion, glabelle, bregma, lambda, opisthion, basion. Le crâne était toujours fixé dans l'appareil de telle façon que les points


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du lambda, nasion et basion étaient dans un plan horizontal et parallèle •au plan de la planche de dessin. Le crâne n'étant jamais d'une symétrie parfaite nous avons fait la projection des points aberrants sur notre plan fixé.

La nouvelle méthode diagraphique est jusqu'ici très peu utilisée en France et nous croyons qu'il est indispensable de donner ici quelques détails la concernant. Broca avait dessiné assez souvent à l'aide de son stéréographe bien connu des profils de crâne pour donner une impression morphologique des diverses formes. Mais déjà Topinard avait exprimé l'opinion dans ses Éléments d'anthropologie générale (68) que « les dessins stéréographiques ne permettent pas de prendre les mesures directement sur eux ; ils ne sont jamais assez rigoureux ». Jarricot (37) avait essayé de perfectionner la méthode en construisant un appareil assez compliqué et Chervin (15) à l'aide d'un appareil spécial de photographie pour la « photographie métrique », tous les deux sans voir leur méthode approuvée ni suivie. Le plus grand inconvénient de la méthode de dessin par le stéréographe est de ne pouvoir fixer exactement le point .du basion. Il n'est quand même pas trop difficile de dessiner le profil complet avec la base du crâne en employant la méthode indiquée par Lissauer (42) en 1885 et qui consiste à mettre le crâne dans le plan horizontal et à le fixer dans sa position avec de la plastiline. On peut ensuite avec un appareil spécial de dessin suivre toute la circonférence du crâne dans le plan médian-sagittal et en reproduire le contour sur papier. Cet appareil un peu primitif a été amélioré par Martin (46) (Cubuscraniophor), Wetzel (73) (Perigraph) et beaucoup d'autres. Nous nous sommes servis d'un modèle dans le genre de celui de Wetzel que nous avons fait construire plus simple. L'appareil se compose d'un système articulé qui permet de fixer le crâne dans toute position par le trou occipital et laisse tous ses côtés accessibles. Avec un diagraphe on peut très exactement tracer les contours du crâne et marquer les points sur un papier fixé sur une planche horizontale et parallèle au bras horizontal de l'appareil. Comme preuve de l'exactitude de notre méthode diagraphique nous avons établi pour chaque crâne examiné la comparaison entre les mesures prises sur le crâne (longueur et hauteur) et sur le diagramme et nous avons- pu constater l'identité des résultats obtenus par ces deux méthodes.

Nous avons dans chaque diagramme marqué par projection le point le plus bas du bord de l'orbite gauche et le porion ; en joignant ces deux points nous avons tracé l'horizontale de Francfort. Nous avons porté ensuite sur le diagramme l'angle du clivus trouvé par mesure directe sur le crâne ; cette construction est facile car l'horizontale de Francfort et le


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basion sont exactement fixés sur notre dessin. Nous avons joint enfin par des droites les points suivants : basion-bregma, glabelle-lambda prosthion-bregma, nasion-prosthion, nasion-basion; prosthion-basion et basion-opisthion. II nous a été ainsi possible d'exécuter les mesures de longueur et d'angles utiles pour nos recherches.

En combinant les mesures prises sur le crâne et sur le diagramme nous avons calculé le volume du crâne cérébral et celui du crâne facial selon la formule empirique de Schmidt (60). Dans ce but nous avons pris la moyenne arithmétique des trois diamètres comme module (pour le crâne la longueur et la largeur maxima et comme hauteur la distance basion-bregma ; pour le crâne facial la longueur prosthion-basion, la largeur maxima, c'est-à-dire la distance bizygomatique, et la hauteur prosthion-nasion). Nous avons obtenu le volume en utilisant les tableaux de Schmidt qui donnent pour chaque module le volume correspondant. Schmidt avait pris comme hauteur de la face la hauteur totale (distance nasion-gnathion) ; nous n'avons pas suivi ce procédé parce que la plupart des crânes que nous avons examinés ne possédaient pas de mandibule. Nous nous sommes contentés de prendre la hauteur de la face supérieure (distance nasion-prosthion), mais néanmoins nous nous sommes servis des tableaux de Schmidt, cette différence nous paraissant négligeable. Il est à noter que les chiffres ainsi trouvés correspondent exactement à ceux de Rivet et Clavelin (58) qui ont considéré le crâne facial comme un prisme à base triangulaire, le triangle naso-alvéolo-basilaire étant pris comme base elle diamètre bizygomatique comme hauteur.

Pour la désignation du prognathisme nous avons suivi les idées de Rivet (57) en choisissant l'angle naso-alvéolo-basilaire (formé par la droite nasion-prosthion avec la droite basion-proslhion) pour l'étude des variations du prognathisme dans notre série. Les trois points indiqués ci-dessus se trouvant sur chacun de nos diagrammes nous avons pu mesurer sans aucune difficulté la grandeur de l'angle du prognathisme. Dans les cas où le proslhion était défectueux nous avons renoncé à cette mesure. Notons que cet angle bien connu depuis 1909 dans la littérature comme « angle de prognathisme de Rivet », a été décrit pour la deuxième fois en 1928 par Cameron (9) comme « un angle nouveau du crâne facial ».

En reportant sur le diagramme l'angle, mesuré directement, du clivus avec l'horizontale de Francfort (angle cli vus-horizontale) on peut déduire facilement l'angle du clivus avec la verticale basion-bregma (angle clivusverticale). Nous insistons surtout sur ces deux mesures parce que nous les considérons comme très importantes pour le diagnostic des déformations droites et obliques du crâne.

Les angles formés par-les droites basion-bregma et glabelle-lambda


RECHERCHES SUR LA DÉFORMATION DU CRÂNE 9

(angle central de Klaatsch) et par les droites nasion-basion et prosthionbregma (angle craniofacial de Falkenburger) dnt été étudiés ensuite. Rappelons à ce sujet que chez tous les crânes normaux l'angle central et l'angle craniofacial sont toujours des angles droits (Klaatsch (38) en 1909, Falkenburger (16 et 17) en 1912, Zanolli (74) en 1913). Il était intéressant de comparer leurs rapports chez les crânes déformés de notre série, surtout parce que nous avions cru en 1912 que ces valeurs étaient les mêmes chez les crânes normaux et chez les crânes déformés, ce qui a été infirmé par Imbelloni au cours de ses recherches.

Nous avons pu établir aussi d'une façon incontestable les indices longueur, largeur et hauteur sans avoir besoin de recourir à des indices supplémentaires. Ajoutons que l'indice de la distance glabelle-lambda à la hauteur basion-bregma qu'Imbelloni a utilisé comme indice hauteurlongueur du crâne, donne des nombres assez exacts pour la comparaison. Il n'en est pas de même pour l'indice supplémentaire de Reche (55). Ce dernier a abaissé du point lambda la perpendiculaire sur la droite bregmaopisthion et a calculé l'indice perpendiculaire — bregma-opisthion. Il a exprimé l'opinion que cet indice donne des valeurs susceptibles de remplacer celles de l'indice largeur-longueur, fait que nous n'avons pas pu vérifier sur les crânes déformés. Il nous semble absolument nécessaire de prendre les mesures pour les indices longueur, largeur et hauteur selon la manière classique sur le crâne même. La diagraphie ainsi complétée échappe au reproche qui lui est habituellement fait de ne donner que des indications valables pour le seul plan médian-sagittal ; elle permet au contraire de donner du crâne une excellente représentation métrique et morphologique.

Nous avons indiqué dans une rubrique spéciale nos observations générales, c'est-à-dire les cas dans lesquels le crâne était asymétriquement déformé, les cas où il y avait des os wormiens suturaux ou fontanellaires (os incae) et enfin ceux où le plan du trou occipital représenté sur le diagramme par la droite basion-opisthion coupait l'horizontale de Francfort derrière le trou occipital. Faisons observer que ce fait signifie, selon Imbelloni qui l'a signalé le premier, une déformation extrême qui renverse la situation trouvée ordinairement dans cette région ; le point d'intersection de ces droites étant normalement chez l'homme devant le trou occipital. Nous avons trouvé cette anomalie dans un certain nombre de cas extrêmes de déformation crânienne, quel que soit le type de cette déformation. La plupart du temps cette anomalie s'est trouvée dans le cas d'une déformation oblique, mais on ne peut pas en déduire une distinction générale pour l'une ou l'autre variation, ce qui a déjà été signalé par Aichel.


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SOCIÉTÉ DES AMÉR1CAN1STES

RECHERCHES ET RÉSULTATS.

Nous publierons nos résultats selon la topographie des fouilles. Auparavant nous croyons utile de reproduire une photographie et un diagramme pour chacun des quatre groupes de déformation signalés plus hauti :

Fig. 1. — Diagrammes des quatre crânes figurés sur la Planche I. .

A. — Déformation antéro-postérieure droite.

B. — Déformation anléro-postérieure oblique. „. C. — Déformation circulaire droite.

D. — Déformation circulaire oblique.

!• Par suite d'une erreur dans l'exécution de la planche, l'orientation des crânes est défectueuse. L'orientation exacte se trouve sur la fig. 1. N.D.L\R.


RECHERCHES SUR LA DÉFORMATION DU CRÂNE H

Les crânes '.

I. — 29 crânes provenant de fouilles au Nord de l'Argentine.

Tous ces crânes sont brachycéphales, 60 °/0 d'entre eux sont même ùltrabrachycéphales avec un indice largeur-longueur compris entre 90.18 et 110.34. Les crânes de Golgota et de Tastil (province de Salta) ont des indices largeur-longueur variant entre 100.66 et 108.84 ; c'est le groupe le plus brachycéphale de toute la collection Créqui Montfort. Le groupe de Calchaqui (province de Catamarca) vient ensuite, cet indice variant entre 8L57 et 110.34. Pour les crânes de Sa}rate et de Pucara (province de Jujuy) l'indice largeur-longueur varie entre 81.75 et 99.25.

Tous ces crânes — à l'exception d'un seul qui présente une déformation circulaire — sont déformés d'une façon antéro-postérieure ; la plupart appartiennent à la déformation droite, les crânes de Calchaqui et Golgota la présentent totalement. Parmi les 6 crânes de déformation oblique on trouve chez 3 d'entre eux la point d'intersection du plan du trou occipital et de l'horizontale derrière celui-là (angle positif). Un seul crâne qui est asymétriquement déformé présente des signes mixtes de déformation droite et oblique ; pour cette raison nous l'avons mis dans une classe dite intermédiaire.

L'indice hauteur-longueur varie, chez les crânes présentant la déformation droite, entre 75.30 et 93.19, chez les crânes obliques entre 75.30 et 82.51. L'indicé hauteur-largeur chez les premiers entre 8S .25 et 100.00 et chez les derniers entre 76.92 et 93.38.

Nous parlerons plus tard des valeurs des angles et de l'indice crâne cérébral-crâne facial après avoir examiné la totalité de la série Créqui Montfort.

II. — 49 crânes provenant de fouilles au Chili (Calama).

Parmi les 49 crânes de Calama, 26 présentent la déformation antéropostérieure: 15 déformations droites, 8 obliques et 3 intermédiaires.

23 crânes sont déformés circulairement dont 20 droits et 3 intermédiaires ; il n'y a pas chez eux de déformation oblique.

On trouve comme variations des indices :

' DÉFORMATION ANTÉRO-POSTÉRIEURE . DÉFORMATION CIRCULAIRE

DROITE OBLIQUE DROITE OBLIQUE

largeur-longueur 86.98-94.80 81.32-100.00 78.33- 83.62 —

hauteur-longueur 75.74-89.65 75.30- 84.81 " 74.69- 83.23 —

hauteur-largeur 87.07-98.60 84.81- 95.53 89.63-100.75 —

1. Les tableaux des mensurations sont groupés à la fin de l'article.


12 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

Pour 1 crâne qui présente la déformation antéro-postérieure oblique l'angle formé par le plan du trou occipital et l'horizontale est positif.

III. — 224 crânes provenant de fouilles en Bolivie.

A) TOCARJI (86 CRÂNES).

Parmi les 86 crânes de Tocarji, 40 présentent la déformation antéro-postérieure (27 droits, 8 obliques, 5 intermédiaires) et 46 la déformation circulaire (40 droits, 4 obliques, 2 intermédiaires).

Les indices présentent les variations suivantes :

DÉFORMATION ANTÉRO-POSTÉRIEURE DÉFORMATION CIRCULAIRE

DROITE OBLIQUE DROITE OBLIQUE •

largeur-longueur 84.37-100.71 82.73-92.30 75.97- 83.54 77.84-82.71

hauteur-longueur 76.02-89.36 70.30-83.76 67.24-81.87 74.21-76.54

hauteur-largeur 83.89- 99.21 80.55-94.85 86.66-103-07 90.44-96.15

L'angle formé par la droite basion-opisthion (plan du trou occipital) et l'horizontale est positif dans 3 cas qui appartiennent tous à la déformation antéro-postérieure oblique. Parmi les 7 crânes appartenant aux formes intermédiaires il y en a 2 présentant une déformation asymétrique dans la région de l'occipital (le crâne n° 18292 vu de gauche semble être déformé oblique, mais vu de droite déformé droit ; le même fait se produit pour le crâne n° 18300). Pour 2 autres crânes on voit aisément que la totalité de l'occipital et la région du lambda sont touchées toutes les deux parle procédé de déformation (crânes n° 18249 et 18332). On comprend ainsi assez bien ce que signifie notre forme dite intermédiaire et pourquoi il est indispensable pour la classification de recourir à des formes de transition.

B) Rio PANAGUA (33 CRÂNES).

Des 33 crânes de Rio Panagua 18 appartiennent à la déformation antéro-postérieure (11 droits, 6 obliques, 1 intermédiaire) et 15 à la déformation circulaire (9 droits, 5 obliques, 1 intermédiaire).

Quant aux variations des indicés on trouve :

DÉFORMATION ANTÉRO-POSTÉRIEURE DÉFORMATION CIRCULAIRE

DROITE OBLIQUE DROITE OBLIQUE

largeur-longueur 85.54-97.20 86.06-93.00 76.92- 83.13 78.57-83.87

hauteur-longueur 76.31-85.61 74.21-84.61 72.83-81.63 74.85-81.58

hauteur-largeur -82.58-97.76 84.28-91.55 90.77-100.77 ■ 92.30-97.63


RECHERCHES SUR LA DÉFORMATION DU CRÂNE 13

Pour 1 crâne déformé circulaire-oblique l'angle entre le plan du trou occipital et l'horizontale est positif. Il est à remarquer que 1 crâne asymétriquement déformé se classe néanmoins d'une façon incontestable dans le groupe de la déformation antéro-postérieure droite, fait qui prouve assez nettement que l'asymétrie n'exige pas dans chaque cas une déformation dite intermédiaire.

C) ASNAPUJIO (45 CRÂNES).

27 des 45 crânes d'Asnapujio appartiennent à la déformation antéropostérieure (21 droits, 5 obliques, 1 intermédiaire) et 18 à la déformation circulaire (16 droits, 2 intermédiaires ; il n'y a pas d'obliques).

Les indices varient de la façon suivante :

DÉFORMATION ANTÉRO-POSTÉRIEURE DÉFORMATION CIRCULAIRE

DROITE OBLIQUE DROITE OBLIQUE

largeur-longueur 85.71-105.96 84.57-101.40 76.00-85.09 —

hauteur-longueur 77.07- 91.36 71.85- 90.14 71.16- 89.79 —

hauteur-largeur 82.39- 94.89 75.00- 94.92 86.56-110.00 —

L'angle du plan du trou occipital et de l'horizontale est positif pour 2 crânes dont l'un appartient à la déformation antéro-postérieure oblique et l'autre à la déformation antéro-postérieure intermédiaire. 1 crâne asymétriquement déformé se classe très bien dans la déformation antéropostérieure oblique.

D) CALERA (24 CRÂNES).

Les 24 crânes de Calera se répartissent en 16 appartenant à la déformation antéro-postérieure (7 droits, 9 obliques, pas d'intermédiaires) et 8 appartenant à la déformation circulaire (6 droits, 2 intermédiaires, pas d'obliques).

Les indices sont les suivants :

DÉFORMATION ANTÉRO-POSTÉRIEURE DÉFORMATION CIRCULAIRE

DROITE OBLIQUE DROITE OBLIQUE

largeur-longueur 85.88-94.59 79.85-91.33 73.68-84.07' —

hauteur-longueur 77.84-90.53 70.37-82.05 73.68- 81.43 —

hauteur-largeur 88.49-97.18 84.28-97.70 92.42-103.02 -

■Pour 3 parmi les 9 crânes à déformation antéro-postérieure oblique, l'angle formé par le plan du trou occipital et l'horizontale est positif et pour 1 autre le plan du trou occipital est parallèle à l'horizontale (angle 0°).


14 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

E) VlSICZA (6 CRÂNES) .

Des 6 crânes de Visicza 4 appartiennent à la déformation antéro-postérieure droite et 2 à la déformation antéro-postérieure oblique. Comme indices on trouve :

DÉFORMATION ANTÉRO-POSTÉRIEURE DROITE OBLIQUE

largeur-longueur 84.01- 96.29 81.01-97.35

hauteur-longueur 79.62- 86.47 77.01-86.75

hauteur-largeur 82.69-101.37 89.11-94.36

i crâne à déformation antéro-postérieure droite présente un angle positif du plan du trou occipital et de l'horizontale.

F) YURA (6 CRÂNES).

5 des 6 crânes d'Yura présentent la déformation circulaire droite et 1 la déformation anléro-postérieure droite. Pour ce dernier les indices largeur-longueur, hauteur-longueur et hauteur-largeur sont 92.56, 79. 72 et 86.13. Les indices des 5 autres appartenant à la déformation circulaire droite varient comme suit :

largeur-longueur 76.83-85.27

hauteur-longueur 66.66-74.37

hauteur-largeur 84.44-90.15

En réunissant les 200 crânes (III. A)-III. F)) provenant de la même région nous trouvons les variations suivantes des indices selon les groupes de déformations :

DÉFORMATION ANTÉRO-POSTÉRIEU1ÎE DÉFORMATION CIRCULAIRE

DROITE OBLIQUE DROITE OBLIQUE

largeur-longueur 84.37-105.96 79.85-101.40 73.68- 85.27 77.84-83.77

hauteur-longueur 76.02-91.36 70.30-90.14 66.66-89.79 74.21-81.58

hauteur-largeur 82.39-101.37 75.00- 97.70 84.4.4-110.00 90.44-97.63

Le fait le plus remarquable est la différence bien prononcée des indices largeur-longueur entre les deux groupes de déformation antéro-postérieure et circulaire.

G) COLCHA ET COIÎRIZOS (12 CRÂNES).

4 parmi les 12 crânes de Colcha et Cobrizos appartiennent à la déformation antéro-postérieure (1 droit, 3 obliques) et 8 à la déformation cir-


RECHERCHES SUR LA DÉFORMATION DU CRÂNE 15

culaire (5 droits et 3 obliques). Nous n'avons pas trouvé dans celte série de formes intermédiaires.

Les indices sont les suivants :

DÉFORMATION ANTÉRO-POSTÉRIEURE DÉFORMATION CIRCULAIRE

DROITE OBLIQUE DROITE OBLIQUE

largeur-longueur 87.57 81.69-93.33 77.57-85.44 71.02- 78.12 •

hauteur-longueur 86.27 78.00- 83.00 70.37-80.64 68.74- 80.62

hauteur-largeur 98.50 83.57-101.60 83.70-98.42 96.80-103.20

1 crâne ayant une déformation circulaire oblique présente un angle positif du trou occipital et de l'horizontale.

H) TlAIIOANACO (8 CRÂNES).

7 parmi les 8 crânes de Tiahuanaco appartiennent au groupe de la déformation circulaire droite, un seul est déformé antéro-postérieur oblique ; il n'y a pas de forme intermédiaire.

Les indices des crânes à déformation circulaire droite varient comme suit :

largueur-longueur 78.20- 83.33

hauteur-longueur 70.18- 80.84

hau teur-largeur 89.92-102.27

Pour le crâne à déformation antéro-postérieure oblique les indices largeur-longueur, hauteur-longueur et hauteur-largeur ont les valeurs suivantes : 90.96, 83.22 et 91.49.

I) URMIRI (4 CRÂNES).

Parmi les 4 crânes d'Urmiri, 3 sont déformés de façon circulaire droite et 1 de façon antéro-postérieure droite. Pour ce dernier les indices largeur-longueur, hauteur-longueur et hauteur-largeur ont les valeurs 93.19, 87.75 et 94.16.

Pour les 3 crânes appartenant à la déformation circulaire droite on trouve les variations suivantes des indices :

largeur-longueur 75.27-82.01

hauteur-longueur 73.07-76.02

hauteur-largeur 87.96-97.08


16

SOCIÉTÉ DES AMÉHICANISTES

Répartition des crânes par groupes de déformation et par tribus.

Nous donnons ci-dessous un tableau indiquant la répartition et le pourcentage de tous les crânes parmi les divers groupes de déformation. Le pourcentage relatif à la classe intermédiaire est toujours le même (1,7 °/0- 2 °/0). La fréquence de la déformation droite est à peu près 3 1/2 fois plus grande que celle de la déformation oblique ; les formes antéro-postérieure et circulaire étant presque également représentées.

302 CRÂNES DÉFORMÉS DONT 154 (51 °/0) HOMMES ET 148 (49%) FEMMES.

DÉFORMATION ANTÉRO-POSTÉRIEURE DÉFORMATION CIRCULAIRE

HOMMES FEMMES HOMMES FEMMES

, .. 40 54 76 48

drolle (13%) (18%) (25°/„) (16%)

, ,. 25 26 3 9

oblique (go/o) (9o/o) (10/o) (3û/o)

intermédiaire ()j75o/o) ^ (J0/o) {J0/o)

70 86 84 62

(22,7%) (29%) (27,7 °/„) (20,7%)

Totalité

156 146

(SI, 6%) (48,4 •/.)

Le tableau suivant permet de voir le pourcentage des différents groupes de déformation pour chacune des tribus. Il est à remarquer que nous avons négligé dans ce tableau les séries contenant moins de 10 crânes.


RECHERCHES SUK LA DÉFORMATION DU CRÂNE

17

DIFFÉRENTES DÉFORMATIONS ET LEUR POURCENTAGE PAR TRIBUS.

Nord de l'Argentine 73%

Caiama (Chili) 31 %

Tocarji 31 %

DÉFORMATION ; ■

ANTÉRO- Rio Panagua 33 %

POSTÉRIEURE DROITE a r

.£; Asnapujio 47 %

"S :

m Calera 29%

Colcha et Cobrizos 8 %

Nord de l'Argentine 21 %

Caiama (Chili) 16 %

, • Tocarji 9 %

DEFORMATION

ANTÉR°- Rio Panagua 18%

POSTERIEURE ° '

OBLIQUE -g ... ,

.£ Asnapujio 11 °/0

"o

ffi Calera 38%

Colcha et Cobrizos 25 0/o

Nord de l'Argentine 3 0/o

Caiama (Chili) 41 %

Tocarji 47 %

DÉFORMATION Rio panag.ua %1 o /

CIRCULAIRE DROITE

qj _». . ■ —-

.t, Asnapujio 35 %

"o

ffl Calera 25%

Colcha et Cobrizos 42 °/0

Société des Américanisles, 1938.


18

SOCIÉTÉ PICS AMÉRICANISTES

Nord de l'Argentine 0

Caiama (Chili) 0

Tocarji 5 %

DÉFORMATION RioiPanagua 15 %

CIRCULAIRF. OBLIQUE J

0) ' ■-

[> Asnapujio 0

'o - —

ra Calera 0

Colcha et Cobrizos 25 %

Nord de l'Argentine 3 %

Caiama (Chili) 12 %

Tocarji 8 %

DÉFORMATION :

INTERMÉDIAIRE Rio Panagua 6 %

(DROITE ET OBLIQUE) 0 — .. . .

'Z Asnapujio 7 %

*0 ' ,,.,,,....... ■ -■ - - .

m Calera " 8 %

Colcha et Cobrizos 0

Parmi les crânes du Nord de l'Argentine nous trouvons le pourcentage le plus élevé de la déformation antéro-postérieure (droite 73 °/0 ; oblique 21 %). Ce sont les crânes de Colcha et de Cobrizos qui présentent le plus grand pourcentage de la déformation circulaire (droite 42 % ; oblique 25 •/„).

Variations de la capacité crânienne par sexe et par déformation.

Avant de construire les courbes des variations de la capacité crânienne par sexe et par déformation nous avons éliminé les crânes d'enfants et les crânes dits intermédiaires. Nous avons ensuite porté en abscisses les valeurs de la capacité crânienne et en ordonnées les nombres des crânes correspondants. Ces capacités crâniennes ont été calculées d'après la formule de Schmidt, rappelée plus haut. Comme nous n'avons pas fait le jaugeage il nous a été impossible d'utiliser la répartition et la nomenclature de la -apacité crânienne de Broca. Ceci explique que les nombres


RECHERCHES SUR LA DÉFORMATION DU CRÂNE 19

soient supérieurs à ceux de cet auteur car le volume des os eux-mêmes s'ajoute à la capacité intérieure.

Nous avons établi des classes de capacité de 100 en 100 cm 3 et nous avons distingué 5 classes de capacité :

1100-1299 cm 3 = crânes très petits 1300-1499 cm 3 = crânes petite 1500-1699 èm5= crânes moyens 1700-1899 cm 3 = crânes grands 1900-1950 cm 3 = crânes très grands.

Les maxima des courbes se situent ainsi qu'il suit pour les diverses catégories de déformation :

Hommes. Déformation antéro-postérieure droite : maximum entre . 1700 et 1799 (crânes grands).

déformation circulaire droite : maximum entre 1500 et 1699 (crânes moyens). .

— déformation antéro-postérieure oblique : 2 maxima entre

1300 et 1399 (crânes petits) et 1500 et 1.599 (crânes moyens).

— déformation circulaire oblique : 2 maxima entre 1300 et

1399 (crânes petits) et 1500 et 1599 (crânes moyens).

• Femmes. Déformation antéro-postérieure droite : maximum entre 1300 et 1499 (crânes petits). —■ déformation circulaire droite : maximum entre 1300 et 1499

(crânes petits). déformation antéro-postérieure oblique : maximum entre

1300 et 1599 (crânes petits et moyens). déformation circulaire oblique : maximum entre 1400 et 1599 (crânes petits et moyens).

Comme pour les crânes normaux la capacité crânienne est également plus grande chez les hommes que chez les femmes dans notre série de crânes déformés. Entre les formes antéro-postérieure et circulaire il n'y a pas de différence quant à la capacité crânienne. Au contraire les crânes droits d'hommes ont généralement une capacité plus grande que les crânes obliques, les maxima de ces derniers ne se trouvant plus dans les classes de capacité supérieure à 1599 cm 3. Cette différence paraît assez nette pour les crânes d'hommes, mais on ne peut la constater pour les crânes féminins où le maximum des crânes obliques est situé dans une classe de capacité supérieure à celle des crânes droits.


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Fig. 2. — Variations de la capacité crânienne par sexe et par déformation.


RECHERCHÉS SUR LA DEFORMATION DU CRANE

21

L'indice crâne cérébral - crâne facial.

Nous appellerons indice crâne cérébral-crâne facial le centuple du rapport entre la capacité faciale et la capacité crânienne. Pour le calculer nous avons laissé de côté les crânes d'enfants et les crânes dont le prosthion était défectueux. Nous pensons, en effet, que cette défectuosité fausse le calcul de la capacité faciale par la formule de Schmidt.

Nous avons porté en abscisses les variations de l'indice et en ordonnées le nombre des crânes correspondants *.

Fig. 3. — Indice crâne cérébral-crâne facial.

1. Pour tracer ces courbes nous avons pris pour les indices les valeurs entières les plus rapprochées.


Il SOCIÉTÉ DBS ÀMÉRICÀNÎSTiS

Le maximum de la courbe est situé entre 24 et 26 chez les hommes et entre 21 et 23 chez les fenîiiiês. Lès modifications individuelles qui peuvent faire présenter un indice plus élevé chez une femme que chez un homme, font partie des variations habituelles des caractères sexuels.

Le calcul des valeurs moyennes des indices effectué pour les divers groupes de populations conduit à constater que la différence entre l'indice moyen de l'homme et celui de la femme est sensiblement constante et voisine de 3, l'indice de l'homme étant le plus élevé.

Ces résultats sont très voisins de ceux qui ont été observés pour les crânes normaux par Rivet et Clavelin (S8), Fraipont et Leclercq (19), Vandervael (71).

Fraipont-Leclercq et Vandervael avaient déterminé l'indice craniofacial en prenant le l'apport des surfaces du crâne et de la face supérieure, surfaces mesurées sur le diagramme. Tandis que les deux premiers avaient trouvé que les déformations volontaires du crâne n'ont pas d'influence sur le rapport du crâne facial au crâne cérébral, Vandervael a jugé plus prudent d'exclure de la comparaison les crânes déformés. Il indique que « la surface crânienne que nous mesurons et qui représente en réalité une coupe antéro-postérieure doit nécessairement diminuer si les dimensions transversales augmentent. On voit donc que suivant le genre et les modalités des déformations, le rapport craniofacial pourra être ou ne pas être modifié. En raison de l'impossibilité où l'on àè trouve d'apprécier exactement l'importance de cette influence; on ne peut introduire l'indice craniofacial des crânes déformés dans une série obtenue avec des crânes normaux ».

Les réflexions de Vandervael sont convaincantes maiâ on peut facilement éviter ces difficultés eii ne calculant pas l'indice sur la surface mais sur les volumes du crâne cérébral et du crâne facial comme nous l'avons fait. La diminution d'une dimension doit avoir comme conséquence l'agrandissement d'une autre et notre courbe montre nettement les avantages d'un tel procédé.

Les indices largeur-longueur, hauteur-longueur, hauteur-largeur.

Les courbes suivantes donnent les variations des indices largeur-longueur, hauteur-longueur et hauteur-largeur pour la totalité des crânes de la série Créqui Montfort selon les quatre groupes de déformation.

Nous avons porté en abscisses les indices et en ordonnées le nombre des crânes correspondants.

L'indice largeur-longueur (fig. 4) varie pour la déformation antéro-postérieure droite entre 84 et 110, pour la déformation antéro-postérieure


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Fig. 4. — Indice largeur-longtreiir.


24

SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISÏES

entre 74 et 86, pour la déformation circulaire oblique entre 71 et 84, Le maximum de la première courbe se trouve entre 80 et 83 et celui de la deuxième entre 78 et 81.

Il est à remarquer que pour la déformation oblique la diminution de la longueur n'est pas tellement accentuée que pour la déformation droite. Il semble néanmoins que le premier mode de déformation altère davantage les

Fig. 5. — Indice hauteur-longueur.

relations normales du crâne que la déformation droite, parce que tous les crânes, sauf un seul où l'angle formé par le plan du trou occipital et l'horizontale est positif, appartiennent à la déformation oblique.

L'indice hauteur-longueur (fig. 5) varie pour la déformation antéro-postérieure droite entre 75 et 93 (maximum entre 80 et 82), pour la déformation antéro-postérieure oblique entre 70 et 90 (maximum entre 75 et 77).

Pour la déformation circulaire droite cet indice varie entre 67 et 85 (maximum entre 74 et 77) et pour la déformation circulaire oblique entre 69 et 82 (maximum entre 75 et 77).


RECHERCHES SUR LA DEFORMATION DU CRANE

25

L'indice hauteur-largeur (fig. 6) varie pour la déformation antéro-postérieure droite entre 76 et 101 (maximum entre 90 et 94) et pour la déformation antéro-postérieure oblique entre 75 et 102 (maximum entre 90 et 92).

Pour la déformation circulaire droite cet indice est situé entre 84 et 110 (maximum entre 96 et 98), pour la déformation circulaire oblique entre 90 et 103 (2 maxima aux 96 et 103).

Fig. 6. — Indice hauteur-largeur.

Les différences entre les déformations antéro-postérieure et circulaire paraissent ainsi assez nettes ; entre les déformations droite et oblique elles sont négligeables. L'indice largeur-longueur présente des différences plus accentuées que les indices hauteur-longueur et hauteur-largeur.

En ne prenant pour la comparaison que les maxima des courbes nous pouvons établir le tableau suivant :

INDICES DÉFORMATIONS

droite 86-87

antero-posferieure , ,• 0/> oi

r oblique ob-87

largeur-longueur

. . . droite 80-83

circulaire , r 170 0,1

oblique 78-61


26 SOCIÉTÉ DES ÀMÉRICÂNiSTES

iNDIGES DÉFORMATIONS

droite 80-82 antero-posterieure ^^ 1g^{

llautéur4onguèur

■ , • droite 74-77

circulaire oblique 75-77

droite 90-94 antero-posterieure obUque m^

hauteur-largeur

. , • droite 96-98

circulaire oblique 96-103

Il en résulte que les indices donnent des possibilités assez grandes pour le classement des déformations selon les formes antéro-postérieure et circulaire. Nous verrons plus tard comment il sera possible d'établir à l'aide des angles du diagramme des relations permettant la classification des déformations droite et oblique. On peut donc conclure que seule l'utilisation simultanée des mesures effectuées sur le crâne et des diagrammes peut conduire à une classification rationnelle.

Le prognathisme.

Avant d'établir la coUrbe des variations du prognathisme pour les quatre groupes de déformation nous avons éliminé les crânes séniles et les crânes d'enfants pour éviter que les différences d'âge ne faussent nos résultats. Nous n'avons pas non plus Utilisé les crânes ayant le prôsthioii défectueux en raison de l'erreur qui en résulterait dans la détermination de l'angle du prognathisme. L'étude a porté ainsi sur 232 crânes. Nous n'avons pas distingué les crânes d'après le sexe, conformément aux travaux de Rivet (57) qui montrent que ie prognathisme n'est pas soumis dans l'humanité à une variation sexuelle.

Nous avons porté en abscisses les valeurs de l'angle de prognathisme et en ordonnées le nombre des crânes correspondants (fig. 7).

Les courbes des quatre groupes de déformation ne présentent pas de grandes différences entre elles. L'angle de prognathisme varie pour les déformations antéro-postérieure droite et oblique entre 61° et 75° (maxima entre 65° et 69°), c'est-à-dire d'une façon absolument identique pour ces deux déformations. Les variations de cet angle pour la déformation circulaire droite sont comprises entre 61° et 74° (maximum entré 66° et 69°) et pour la déformation circulaire oblique entre 61° et 72° (maximum entre


RECHERCHES SUR DÉFORMATION DU CRANE

27

66° et 72°), Le§ maxima des quatre groupes de déformation sont doiiô situés entre 65° et 72°.

La plupart des crânes sont prognathes (184 sur 232 soit 79%); un petit nombre est mësognathe (41 crânes soit 18 "/„) et les exemplaires ortbog'natliSs sent très rares (7 crânes soit 3 %)•

Déformation antéro-postérieure droite » » oblique

» circulaire droite

» » oblique

Fig. 7. — Variations dé l'angle de prognathisme.

La thèse de Rivet qu'« il paraît probable que le prognathisme n'est pas lié à la forme générale du crâne ou n'est que très faiblement influencé par elle », se trouve ainsi bien confirmée par nos observations sur les crânes déformés.

L'angle central.

Pouf tracé? la courbé des variations de l'angle central nous avons éliminé d'abord tous les crânes ayant des os \vormiens dans la région du lambda et eéla en vue d'une détermination absolument exacte de ce' point.

L'angle central varie pour les crânes a la déformation antéfo-postérièufe droite entre 86° al 96° (maxitritim entré 90° et 91°), pour les crânes du type circulaire droite entfe 85° et 96° (maximum entre 89° et 91"). Il


28

SOCIÉTÉ DES AMÉRICAN1STES

est à noter que pour ces deux formes de déformation droite un deuxième maximum moins élevé se trouve à 95°.

Les variations de l'angle central pour les crânes à la déformation antéro-postérieure oblique se trouvent entre 94° et 102° (maximum à 95°), pour les crânes du type circulaire oblique entre 95° et 106° (maximum à 98°).

l<ig. 8. •— Varialions de 1 angle central.

L'angle central présente alors des différences assez importantes entre les deux modes de déformation droite et oblique, fait déjà signalé par Imbelloni. Il est ainsi déjà possible de faire une distinction pour une grande partie des crânes déformés, excepté pour ceux qui présentent des variations de cet angle entre 94° et 96° (dans notre série 34°/0).

Ces relations de l'angle central ont été décrites maintes fois par Imbelloni et nous ne pouvons que confirmer les conclusions de cet auteur. La déformation oblique renverse totalement les relations normales du


RECHERCHES SUR LA DÉFORMATION DU CRANE

29

crâne ; ainsi on ne trouve plus dans le cas de cette déformation un angle central droit. Parmi les crânes appartenant à la déformation droite la valeur normale de l'angle central est conservée assez souvent (70 °/o dans notre série).

L'angle craniofacial.

L'angle craniofacial varie pour la déformation antéro-postérieure droite entre 81° et 94° (maximum entre 87° et 90°), pour la déformation circulaire droite entre 83° et 95° (maximum entre 87° et 90°).

Fig. 9. — Variations de 1 angle craniotacial.

Cet angle varie pour la déformation antéro-postérieure oblique entre 84° et 97° (maximum à 90°) et pour la déformation circulaire oblique entre 89° et 99° (maximum entre 89° et 92°).

Les maxima de chaque groupe de déformation se trouvent ainsi tou-


30 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

jours dans les environs de 90° et pour à peu près trois quarts de toute la série l'équilibre normal du crâne cérébral et du crâne facial est conservé (des petites oscillations de i°-2° autour de l'angle droit sont négligeables). Dans le reste de la série on trouve des écarts plus grands, mais il est impossible d'en tirer des conclusions pour la distinction entre l'une ou l'autre forme de déformation. Ceci est d'ailleurs analogue à ce que nous avons trouvé pour les valeurs du prognathisme. Il en résulte que la conformation du crâne facial est beaucoup moins influencée par le procédé de la déformation artificielle que celle du crâne cérébral.

Les angles clivus-horizontale et clivus-verticale.

Les variations de l'inclinaison du clivus sur l'horizontale e,t sur la verticale (basion-bregma) pour les différentes formes de déformation n'ont pas été étudiées jusqu'à ce jour. Guidés par l'opinion que les influences exercées sur le crâne par la déformation artificielle devraient avoir une répercussion sur la base crânienne, il nous paraissait intéressant de faire des recherches sur ce point.

L'angle clivus-horizontale varie (fig.10) pour la déformation antéro-postérieure droite entre 55° et 66° (maximum à 60°), pour la déformation circulaire droite entre 56° et 66° (maximum à 60°).

Pour la déformation antéro-postérieure oblique cet angle varie entre 44° et 58° (maximum entre 5i° et 55°) et pour la déformation circulaire oblique entre 50° et 58° (maximum à 56°). Cette dernière inclinaison du clivus est en accord avec l'opinion de Martin que « pour la forme couchée l'isthme de l'encéphale se coude presque à angle droit » (46, p. 832).

La distinction entre les modes de déformation droit et oblique est ainsi absolument nette : la déformation droite (antéro-postérieure ou circulaire) présente l'angle clivus-horizontale plus ouvert que la déformation oblique (antéro-postérieure ou circulaire). Généralement l'angle du clivus avec l'horizontale est compris entre 57° et 66° pour la déformation droite et entre 50° et 56° pour la déformation oblique.

L'angle clivus-verticale varie (fig. 11) pour la déformation antéro-postérieure droite entre 13° et 30° (maximum entre 21° et 26°), pour la déformation circulaire droite entre 16° et 29° (maximum entre 21° et 27°).

Pour la déformation antéro-postérieure oblique cet angle varie entre 27° et 43° (maximum entre 31° et 35°) et pour la déformation circulaire oblique entre 29° et 44° (2 maxima à 34° et 44°).

Les différences entre les deux groupes de déformations droite et oblique ne sont pas moins accentuées pour l'angle clivus-verticale que pour l'angle


RECHERCHES SUR LA DÉFORMATION DU CRANE

81

clivus-horizontale, mais dans le sens opposé. C'est-à-dire qu'on trouve pour la déformation droite (antéro-postérieure et circulaire) l'angle plus aigu et pour la déformation oblique (antéro-postérieure et circulaire) l'angle plus ouvert. Dams la plupart des uas' l'angle clivus-verticale se

Fig. 10. — Variations de l'angle clivus-horizontale.

trouve compris entre 16° et 29° pour la déformation droite et entre 29° et 44° pour la déformation oblique.

Les valeurs de ces deux angles du clivus donnent ainsi des possibilités satisfaisantes pour la classification des modes de déformation droite et oblique. Il existe chez les crânes déformés une corrélation entre ces deux angles du clivus et le mode de déformation, corrélation qui doit résulter


32 SOCIÉTÉ DES AMÉR1CANISTES

de la position de l'occipital dans le crâne. Martin (46, p. 851) et d'autres auteurs ont soutenu la thèse que l'inclinaison du plan du trou occipital dépend de la position de l'occipital. Nous affirmons à la suite de nos recherches qu'il en est de même pour l'inclinaison du clivus. Topinard (69) avait déjà exprimé l'opinion suivante que « des mammifères à l'homme ce qu'on constate à l'arrière du crâne ce sont des déplacements successifs

Fig. 11. — Variations de l'angle clivus-verticale.

de haut en bas des parties de l'occipital. L'occipital bascule comme s'il prenait son point d'appui en bas à l'apophyse basilaire et amène ce qui était en haut graduellement en arrière, puis en bas. L'essentiel, c'est que les points fondamentaux, physiologiques en quelque sorte, maintiennent leurs rapports respectifs ». Il en est de même pour la déformation artificielle du crâne, où la force exercée par planchettes ou par bandes sur les os crée des mouvements correspondants dans les parties qui ne sont pas directement touchées par le procédé. L'équilibre entre les diverses parties du crâne doit être maintenu, et c'est ce qui explique le mouvement corrélatif de l'inclinaison du clivus dans les divers groupes de déformation. Le basion est le pivot de la bascule et la position de l'occipital semble sensiblement symétrique de celle du clivus. Plus l'occi-


RECHERCHES SUR LA DÉFORMATION DU CRANE 33

pital est posé obliquement, plus l'angle clivus-horizontale est aigu et l'angle clivus-verticale ouvert ; il en est de même pour la position droite . de l'occipital dans le sens opposé. La verticale basion-bregma est la vraie verticale du crâne comme Klaatsch l'avait déjà soutenu, et c'est de part et d'autre de cette verticale que s'équilibrent les mouvements correspondants des os du crâne. La configuration de l'angle central est soumise aux mêmes raisons, et en tenant compte également des valeurs de cet angle on trouve pour la plupart des crânes déformés un moyen supplémentaire de classification.

Il y a lieu de mentionner également ici les valeurs trouvées pour les formes intermédiaires. Prenons par exemple quelques crânes de ce type, décrits précédemment dans nos tableaux. Le crâne n° 18292 ayant une déformation asymétrique de l'occipital présente un angle clivus-horizontale de 56° et clivus-verticale de 31° ; ces valeurs semblent devoir le classer dans le groupe de déformation oblique. Mais l'angle central présente une valeur de 91° qui est trop petite pour cette déformation et ne se retrouve jamais dans les autres cas. Le crâne n° 18326 possède un angle clivus-horizontale de 53° et un angle clivus-verticale de 29°, ce qui devrait caractériser une déformation oblique. Mais ici l'angle central présente une valeur de 92°, de même que dans le cas précédent. Pour le crâne n° 18118 l'angle clivus-horizontale est de 61°, celui du clivus-verticale de 25,5°, valeurs qui devraient classer ce crâne dans le groupe de déformation droite. Mais l'angle central présente avec 96° une valeur trop élevée. Le même fait se produit pour le crâne n° 18232 où les valeurs des angles du clivus sont de 62° et de 29,5°, celle de l'angle central de 97°. Le fait saillant est que pour les formes intermédiaires les relations que nous avons trouvées dans les groupes antéro-postérieure droite et oblique et circulaire droite et oblique, sont troublées. Il en résulte pour ces crânes l'impossibilité de conserver les relations qui sont valables pour les quatre grands groupes de déformation. De ce point de vue également il s'agit aussi de formes dites intermédiaires.

Nous donnons ci-dessous un tableau général pour les quatre groupes de déformation crânienne indiquant les valeurs des angles et des indices que nous avons déterminées. En vue de faciliter l'interprétation de ce tableau nous y avons mentionné le pourcentage des valeurs les plus fréquemment trouvées.

Société des Américanisles, 1938.


34

SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

TABLEAU GENERAL.

—_ .

DÉFORMATIONS

ANTÉUO- ANTÉROCIRCULA1RE

ANTÉROCIRCULA1RE CIRCULAIRE POSTERIEURE POSTERIEURE

DROITE OBLIQUE DROITE OBLIQUE

j . 89% 76% 89% 73%

Prognathisme entre entre entre entre

64°-71 ° 640-71° 64-0-710 64o-71o

94% 9lo/0 98o/0 92%

Clivus-horizontale entre entre entre entre

57°-66° S0°-86° 870-66° 80°-86o

S ] . 97% 93% 100% 100 o/0

■fcc ( Clivus-verticale entre entre entre entre

< 1 160-290 290-430 K.o-290 29o-44o

96o/0 93o/0 92°/0 91%

Central entre entre entre entre

87°-9So 98°-102o 87°-93° 98°-102o

i . . 83% 73% 86% 82o/0

i Craniofacial entre entre entre entre

86°-92o 86°-92o 86°-92° 86°-92°

98% 78% 92o/0 92%

Largeur-longueur entre entre entre entre

88-110 83-103 74-84 74-84

96°/0 77°/0 93o/0 92o/0

Hauteur-longueur entre entre entre entre

g 1 76-90 76-90 70-82 70-82

Va \ •—— ■ — —■

90 o/0 94 o/0 90 o/0 100%

Hauteur-largeur entre entre entre entre

76-96 76-96 90-103 90-103

Crâne cérébral- Chez l'homme 98 °j0 entre 22-28

( Crâne facial Chez la femme 93 % entre 18-28


RECHERCHES SUR LA DÉFORMATION DU CRANE 35

Les facteurs de la déformation artificielle du crâne.

La déformation artificielle du crâne ne peut pas être expliquée seulement par l'action des appareils de déformation. En dehors du dérangement des os du crâne provoqué par la déformation même il faut mettre en évidence l'influence de l'encéphale en croissance. Le crâne est toujours influencé pendant son développement par l'encéphale ; citons comme exemples les dimensions gigantesques de celui-ci chez l'hydrocéphale et le ralentissement de la croissance de la tête osseuse dans la microcéphalie. Des formes anormales du crâne sont aussi observées dans le cas de l'oblitération prématurée d'une suture par l'expansion du cerveau dans le sens opposé à cette oblitération ; la pression de l'encéphale causant une fermeture retardée d'autres sutures du crâne. L'encéphale et le crâne s'influencent réciproquement ; « s'il est vrai que le cerveau intervient à titre de simple agent mécanique dans l'acquisition de la forme du crâne, il ne paraît pas moins certain que cette forme résulte également de la résistance opposée par la voûte crânienne » (Rabaud) (53). Avec l'accroissement du volume du cerveau cette influence sur la forme extérieure devient de plus en plus grande et est enfin de la plus haute importance pour la forme de la tête. Il serait faux de croire que ce jeu des forces fût écarté dans la déformation artificielle du crâne et que seulement la pression des appareils déformateurs jouât un rôle. Il faut tenir compte aussi dans ces cas spéciaux de la croissance du cerveau qui se manifeste par une pression dans le sens de la moindre résistance comme dans le cas de l'oblitération prématurée, et modifie par ce fait également la forme du crâne, en ajoutant son action à celle des forces extérieures. La pression artificielle de l'appareil de déformation qui s'exerce de l'extérieur, et la poussée du cerveau qui s'exerce de l'intérieur créent finalement le type définitif de déformation.

Les corrélations existant dans le crâne normal—entre certaines parties du crâne cérébral d'une part et entre le crâne cérébral et le crâne facial d'autre part—sont plus ou moins influencées par le mode de déformation appliqué. On peut généralement constater que la déformation oblique produit des aberrations plus grandes du crâne cérébral que la déformation droite. Les corrélations entre le crâne cérébral et le crâne facial ne sont le plus souvent pas influencées par la déformation artificielle, à moins que dans des cas très rares un prognathisme accusé ne laisse un dérangement du crâne facial s'étendre vers le crâne cérébral. Mais ce fait existant parfois dans des crânes normaux, on ne peut dans ces cas-là attribuer une influence importante à la déformation même.


36 SOCIÉTÉ DES AMERICAN 1STES

Le clivus présente dans les crânes normaux des angles d'inclinaison qui sont, à notre avis, en corrélation avec la forme de l'occipital. Il en est de même pour les crânes artificiellement déformés, mais dans un sens beaucoup plus accentué, et parfois même exagéré, que pour les crânes normaux. Les corrélations entre le clivus et l'occipital ne disparaissent pas dans les cas des déformations artificielles, elles sont seulement modifiées par les conditions de déformation. D'une manière très générale il existe toujours un rapport entre les phénomènes qui sont produits d'une part par des actions extérieures et d'autre part par les forces internes de la croissance. L'étude de ces phénomènes et de leurs causes multiples nous permet de comprendre et d'interpréter les divers types de crânes déformés.

RESUME.

1. Pour la classification des crânes déformés nous proposons d'utiliser

quatre groupes de déformation : antéro-postérieure droite, antéropostérieure oblique, circulaire droite et circulaire oblique. Ces quatre groupes sont déterminés et par le procédé de déformation et par les signes apparents de la déformation du crâne (mesures prises sur le crâne lui-même et sur le diagramme). Il existe des formes intermédiaires qui sont assez rares et présentent des signes mixtes de déformation.

2. Pour distinguer entre les formes antéro-postérieure et circulaire il

faut après examen à vue calculer les indices largeur-longueur, hauteur-longueur et hauteur-largeur, les mesures nécessaires étant prises sur le crâne même.

3. Pour distinguer entre les formes droite et oblique de déformation il

faut examiner les valeurs des angles clivus-horizontale et clivusverticale et de l'angle central (l'inclinaison du clivus est mesurée sur le crâne et reportée sur le diagramme).

4. La capacité crânienne des crânes déformés n'est pas différente de

celle des crânes normaux. Généralement la capacité crânienne de l'homme est supérieure à celle de la femme. Il n'y a pas de différence entre les groupes de déformation antéro-postérieure et circulaire.

5. L'indice crâne cérébral-crâne facial des crânes déformés est le même

que celui trouvé chez les crânes normaux. Il est plus grand chez l'homme que chez la femme et il varie pour la plupart des crânes entre 18 et 29.

6. L'indice largeur-longueur est plus grand pour la déformation antéro-


RECHERCHES SUR LA DÉFORMATION DU CRANE 37

postérieure que pour la déformation circulaire. 11 permet une distinction nette entre ces deux groupes de déformation. Les indices hauteur-longueur et hauteur-largeur fournissent des distinctions semblables mais beaucoup moins prononcées pour ces deux groupes de déformation.

7. Les variations de l'angle de prognathisme sont les mêmes dans les

quatre groupes de déformation. Il en est de même pour l'angle craniofacial.

8. L'angle central présente généralement des valeurs plus élevées pour

les groupes de déformation oblique que pour ceux de déformation droite.

9. L'angle clivus-horizontale et l'angle clivus-verticale présentent des

valeurs bien différentes dans les deux groupes de déformation droite et oblique. Pour les crânes appartenant à la déformation droite l'angle clivus-horizontale est plus ouvert et l'angle clivusverticale plus aigu que pour les crânes appartenant à la déformation oblique.

10. La comparaison des indices et des angles permet de manière exacte

le classement des crânes dans les quatre groupes de déformation.

11. Le type définitif de déformation est produit par deux facteurs, la

pression mécanique de l'appareil déformateur et la poussée de l'encéphale durant la période de croissance.

12. Les corrélations existant dans les crânes normaux se trouvent aussi

dans les crânes déformés, mais elles sont modifiées suivant les modes de déformation appliqués.

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Nord de l'Argentine. — HOMMES.

(C = CALCHAQUI : G = GOLGOTA ; P = PUCARA ; S = SAYATE J T = TASTIL)

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L — Déformation droite.

a) Antéro-postérieure.

18068 C 65° 66° 23° 94,5° 90° 24.76 84.57 75.30 89.05

18069 C Prosthion défectueux — 56° 24° 89,5° — 22.50 90.18 77.91 86.39

18071 C 70° 59° 18° 93° 87° 23.41 95.94 85.98 89.99

18072 C 2 lambda (os Worm) 69.5° 59° 26° 94° (92°) 86,5° 24,01 104,13 84.82 81.45

18073 C 2 lambda (os Worm) 63° 50° 27° 94° (89°) 90,5° 27.65 103.90 80.51 77.50 18075 G 2 lambda (os incae bipartitum)

bipartitum) 60° 20° 93° (82°) 91,5° 23.62 105.10 84.07 79.99 18077 G 2 lambda (os incae). Clivus détruit 69,5° — — 95° (85°) 85,5° 25.09 108.84 93.19 85.62

18082 S 65° 00° 25,5° 90° 89° 24.49 86.63 79.07 91.27 18084 S 65° 58° 25,5° 88° 90° 25.35 86.66 79.39 91.61 18087 S 64° 59° 28° 92,5° 89,5° 27.33 99.25 88.14 88.80

18090 P 64° 58° 28° 95° 89,5° 26.92 83.73 80.12 95.68

18091 P 68° 59° 26° 90° 90° 29.63 83.95 75.92 90.44

b) Circulaire.

II. — Déformation oblique, a) Antéro-postérieure. 18079 T Pas de bregma 70° 50° — — — 23.73 103.30 79.47 76.92

18083 S 67° 52° 33° 96° 94° 21.84 87.42 75.45 86.30 18093 P Angle du trou occipitalhorizontale : + 2° 61° 50° 37° 100° 93° 24.76 96.07 79.08 82.31

b) Circulaire.

III. — Formes intermédiaires.

a) Antéro-postérieure.

18081 S Déformation asymétrique 64° 55° 25° 91° 90° 27.82 81.81 78.18 95.33

6) Circulaire.


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Nord de l'Argentine. — FEMMES. (C = CALCHAQUI ; G = GOLGOTA ; P = PUCARA ; S = SAYATE ; T = TASTIL)

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L — Déformation droite.

a) Antéro-postérieure.

18070 C 2 tanèda (os incae) 64,5° 61° 26° 94° (88°) 87,5° 24.36 98.63 83.67 84.82 18074 C 3 lambda (ossa Worm) 67° 62° 21,5° 106° (92°) 87° 20.38 110.34 89.65 81.25 18076 G Sénile ; prosthion et clivus défectueux — — — 89,5° — 18.09 103.35 89.26 86.36 18078 T Senile 67° 57° 25° 90,5° 84° 23.22 100.66 76.31 75.81 18089 P 69° 60° 27,5° 95° 90° 23.83 86.07 77.21 89.70 18092 P 2 lambda (os Worm) 72° 55° 20° 89° (83°) 90° 25.64 89.18 81.08 90.90

18094 P 74° 64° 21° 91° 81° 21.44 87.03 80.24 92.19

18095 P 71° 63° 22° 93° 86° 21.62 94.83 85.80 90.47

18096 P 72,5° 65° 18° 90° 83,5° 21.79 100.69 89.58 88.96

b) Circulaire. 18080 S 67° 59° 22° 89,5° 85,5° 21.32 81.75 81.75 100.00

IL — Déformation oblique.

a) Antéro-postérieure.

18085 S 2 lambda (os Worm).

Angle du trou occipitalhorizontale : + 5° 64° 50° 43,5° 98° (96°) 90° 22.07 91.35 75.30 82.43

18086 S Angle du trou occipitalhorizontale

occipitalhorizontale + 1° 65° 53° 31° 96° 90° 22.18 97.20 82.51 84.89

18088 P 2 lambda (os incae) 64° 55° 34° 98° (87°) 92° 24.01 87.18 81.41 93.38

b) Circulaire* III. — Formes intermédiaires.


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Caiama. — HOMMES.

ANGLES INDICES

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/. — Déformation droite.

a) Antéro-postérieure.

18145 61° 60° 25,5° 91° 87° 28.11 87.80 83.53 95.13

18149 Prosthion défectueux — 59° 27° 90° — 22.25 86.98 75.74 87.07

18152 70,5° 62° 23° 89° 86° 22.35 87.97 81.64 92.80

18161 68° 61° 21° 87° 88° 25.51 93.33 86.66 92.85

b) Circulaire.

18116 Sénile 68° 60° 22° 91° 90° 26.53 81.98 80.74 98.48

18121 69,5° 61° 21° 89° 89° 25.49 83.43 82.84 99.29

18122 69,5° 59° 20,5° 92° 88° 24.82 81.87 81.28 99.28 18124 69° 64° 20,5° 95° 86,5° 23.38 83.23 81.50 97.91 18127 66° 61° 21° 90° 89° 29.74 78.33 75.55 96.45

18131 64° 66° 21° 94° 86° 28.34 84.02 79.88 95.07

18132 69° 64° 23° 94° 86,5° 25.43 82.61 83.23 10.0.75

18133 64° 62° 21° 88° 92° 23.73 81.32 74.70 91.85 18135 65° 59° 27° 92,5° 89° 24.59 83.14 76.74 92.30 18138 66,5° 61° 16° 85° 86,5° 28.49 84.85 81.21 95.71 18140 65,5° 64° 18° 95° 90° 23.25 85.62 81.87 95.62 18142 69° 59° 25° 92° 86,5° 22.03 85.12 82.73 97.20 18148 Sénile 66,5° 62° 19° 89° 87° 23.41 84.52 77.38 91.55


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i7. — Déformation oblique.

a) Antéro-postérieure.

18119 Sénile 69° 52° 31° 96° 91° 22.35 81.32 75.30 92.59

18126 67° 55° 32,5° 95° 88° 25.61 84.02 76.92 91.55

18129 65° 54° 30° 95° 87° 24.01 85.98 82.16 95.53

18162 2 lambda (os Worm) 62° 53° 29° 100° (95°) 93° 26.65 92.15 78.43 85.10 x/126 Pas de prosthion. — Tête bilobée

bilobée 53° 30° 101° — — 100.00 84,81 84.81

6) Circulaire.

III. — Formes intermédiaires.

a) Antéro-postérieure.

18143 64° 56° 30° 93° 87° 27.49 86.42 81.47 94.28

18144 62,5° 57° 29° 93° 86° 27.68 87.66 83.76 95.53

b) Circulaire.

18118 67° 61° 25,5° 96° 90° 23.64 81.39 76.16 93.56

18125 62° 54° 30° 93° 90° 25.66 83.43 80.98 97.06


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Caiama. — FEMMES.

ANGLES INDICES

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/. — Déformation droite.

a) Antéro-postérieure.

18146 65° 59° 28° 91,5° 87° 23.43 87.57 81.04 92.53

18150 65° 61° 23° 91° 88,5° 19.34 88.38 79.99 90.51

18151 65° 58° 25° 91° 87° 24.89 93.10 89.65 96.29 18153 75° 58° 22° 91,5° 86° 19.74 88.82 87.57 98.60 18155 2 lambda (os Worm) 69,5° 59° 26° 91° 88° 24.24 88.60 79.74 89.99

18157 70° 60° 23° 95° 82,5° 22,16 91.33 89.99 98.54

18158 63° 56° 23,5° 90° 87° 24.36 91.39 82.11 89.85

18159 Sénile 70° 60° 17,5° 88° 84° 18.65 89.87 84.81 94.36

18160 65° 60° 25° 93° 86° 21.33 91.55 80.51 87.94

18163 2 lambda (os incae) 66° 63° 13° 95° (86°) 85° 20.98 93.00 85.31 91.72

18164 Sénile; 2 lambda (osincae bipartitum)

bipartitum) 56° 22° 97° (83°) 88° 19.45 94.80 83.11 87.67

6) Circulaire.

18117 68,5° 64° 23° 93 ° 84 ° 23.66 79.88 78.10 97.77

L8120 69° 60° 24,5° 90,5° 86,5° 23.63 83.44 82.11 98.41


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Caiama. — FEMMES.

ANGLES INDICES

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N° OBSERVATIONS GÉNÉRALES 5 > O > S H n << fi ■ ° rt fc « S °

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6) Circulaire (suite).

18123 68,5° 64° 20° 95° 87° 23.31 83.85 76.39 91.11

12128 70° 63° 21° 91,5° 89° 20.53 83.33 74.69 89.63

18130 69° 64° 20° 91° 87° 24.46 83.33 79.62 95.53

18134 Prosthion défectueux — 63° 16° 95° — 20.61 85.18 76.62 93.47

18141 68° 64° 18,5° 87,5° 86° 24.70 85.52 82.23 96.15

II. — Déformation oblique.

a) Antéro-postérieure.

18136 66,5° 55° 33° 98° 91° 23.13 86.07 77.84 90.44

18137 Sénile 73° 55° 31° 98° 89° 15.85 87.42 79.24 90.64 18139 Angle du trou occipital-horizontale : + 3° 67° 55° 27° 95° 93° 22.54 86.42 78.39 90.71

b) Circulaire.

III. — Formes intermédiaires.

a) Antéro-postérieure. 18154 Enfant 70° 58° 29° 95,5° 87° 15.49 88.46 72.43 81.88

b) Circulaire. 18147 Sénile 68° 58° 25° 97,5° 90° 19.51 85.80 75.48 87.96


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Tocarji. — HOMMES.

ANGLES INDICES

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/. — Déformation droite.

a) Antéro-postérieure.

18291 68° 58° 27° 95° 89,5° 26.20 86.18 82.89 96.18

18298 69° 60° 24° 90° 87° 24.15 84.57 82.09 97.08

18305 66° 58° 20° 89° 88° 26.56 84.96 77.12 90.77

18312 68° 59° 22° 90° 84° 25.18 84.37 82.50 97.77

18318 71° 60° 26,5° 90° 87,5° 23.73 85.62 81.25 94.89

18322 68.5° 60° 21,5° 91° 88° 23.37 86.55 76.02 87.83

18330 69,5° 58° 22° 89° 89° 24.98 90.25 84.41 93.52

18334 Prosthion défectueux — 60° 22° 86° — 21.40 88.41 81.09 91.72

18335 Prosthion défectueux — 61° 21° 89° — 22.94 86.14 81.32 94.40

18337 68° 60° 26° 91° 90° 27.09 91.55 81.16 88.65

18338 69° 58° 21° 89° 90° 24.89 85.25 76.84 92.48

18340 65° 60° 25° 95° 94° 25.97 93.54 80.64 86.20

18341 Sénile. — Prosthion défectueux

défectueux 57° 23° 91° — 21.60 92.40 87.97 95.20

18343 70° 59° 23° 91° 87° 25.33 93.12 86.25 92.61

18349 69° 64° 21° 91° 82° 20.96 97.41 84.51 86.75

18351 Prosthion défectueux — 63° 22° 91° — 23.18 84.85 81.21 95.74

b) Circulaire.

18253 67,5° 60° 21° 91° 90,5° 29.73 77.84 74.99 96.35

18254 67° 58° 27° 91,5° 92° 27.65 76.74 78.49 102.27

18255 2 lambda (os incae) 70° 61° 26° 101° (88,5°) 87,5° 24.01 79.75 77.91 97.69 18259 69° 59° 20° 88° 93° 27.09 79.54 70.45 88.57

18262 72° 61° 21° 88° 88,5° 22.48 76.70 77.27 99.26

18263 69,5° 60° 26° 92° 90,5° 26.42 77.32 74.42 96.23

18264 62° 59° 27° 91,5° 93° 26.84 80.74 78.26 96.92 18267 72° 62° 21° 89,5° 90° 24.09 75.97 74.85 98.53 18272 71° 60° 25° 89° 87° 23.25 78.44 79.04 100.76

18274 Prosthion défectueux — 58° 28° 90° — 23.95 79.16 76.19 96.23

18275 68° 59° 24° 95° 92,5° 25.62 83.00 77.12 92.91


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3 b) Circulaire (suite).

% 18276 69° 60° 22° 89° 85° 28.23 79.16 79.76 100.75

S 18281 Prosthion défectueux — 59° 26° 90° — 23.66 80.59 75.88 94.16

£•. 18282 71,5° 59° 21° 94° 85° 24.40 83.53 81.70 97.81

? 18285 Pas de bregma 69,5° 58° — — 89° 25.35 79.65 74.42 93.43 1 18286 Prosthion défectueux. — CliS

CliS détruit — — — 90° — 24.13 81.76 78.23 95.68

~ 18288 Pas de bregma 68° 58° — — — 24.66 80.48 81.70 101.51

18302 Prosthion détruit — 57° 26° 89° — 23.37 81.97 80.23 97.87

18304 70° 61° 21° 91° 90° 23.17 83.33 77.97 93.56

18309 64° 61° 22° 90° 91° 25.94 82.95 76.13 91.78

18316 Prosthion défectueux — 63° 16° 90° — 18.39 83.33 81.03 97.24 18353 70° 56° 22,5° 88° 91° 24,31 81.70 76.82 94.02 18355 67° 63° 24° 96° 88° 24.25 79.87 78.66 98.47

II. — Déformation oblique.

a) Antéro-postérieure.

18266 Angle du trou occipital-horizontale : + 2° 61° 54° 32° 95° 90° 31.82 82.73 71.42 86.33

18277 Pas de bregma 69,5° 53° — — — 24.36 88.31 81.16 91.91

18306 Angle du trou occipital-horizontale : + 3° 61° 50° 35° 94° 97° 24.46 87.27 70.30 80.55

18317 65° 54° 35° 96° 90° 27.44 85.98 78.34 91.11

b) Circulaire.

18271 61° 55° 27° 95° 92° 26.01 81.13 74.21 91.47

III. — Formes intermédiaires, a) Antéro-postérieure.

18314 Clivus détruit 69° — — 95,5° 87° 23.64 84.43 82.03 97.16

b) Circulaire.

18249 65° 58° 29° 92,5° 90° 26.27 74.99 74.44 99.25

18250 68,5° 56° 30° 88° 90,5° 26.21 76.87 71.67 93.23


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Tocarji. — FEMMES.

ANGLES INDICES

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N° OBSERVATIONS GÉNÉRALES 5 >O^C H ™ << P. * 5 ^ H? H S

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I. — Déformation droite.

a) Antéro-postérieure.

18269 Prosthion défectueux — 58° 26° 90° — 20.61 86.25 82.50 95.65 18301 67° 59° 27° 92° 91° 25.04 84.66 83.99 99.21 18313 69° 60° 20° 91° 90° 21.19 86.53 83.33 96.29

18320 71° 59° 25° 92° 88° 20.03 87.34 84.81 97.10

18321 70° 58° 29° 90.5° 87° 21.89 89.17 84.07 94.28

18324 73° 58° 21° 90,5° 86,5° 18.04 87.50 80.26 91.72

18325 66,5° 60° 29° 92° 91,5° 22.42 87.09 81.93 94.07 18333 67° 60° 30° 94° 88° 24.33 93.10 84.82 91.11 18344 5 lambda (ossa Worm) 67,5° 60° 30° 100° (92°) 89° 22.76 94.90 79.61 83.89

18346 69,5° 58° 26° 95° 89° 22.60 100.71 89.36 88.73

18347 2. lambda (os Worm) 70° 63° 24° 95° 86° 21.63 100.00 86.20 86.20

b) Circulaire.

18256 3 lambda (ossa Worm) 69,5° 57° 28° 92° 88° 22.69 77.56 76.92 99.16

18257 65° 64° 24° 93,5° 89.5° 23.64 80.24 74.69 93.07

18258 66° 58° 27° 90° 92,5° 23.46 80.12 76.28 95.20 18268 • 66,5° 59° 28,5° 94° 89° 21.49 80.37 78.52 97.70

18270 70° 60° 27° 89,5° 88.5° 23.43 80.38 79.11 98.42 18273 68° 57° 24° 90° 87° 21.89 78.31 80.72 103.07 18284 65° 60° 28° 95° 92° 22.42 80.24 76.54 95.38 18287 67° 58° 28° 93° 93° 22.28 78.65 74.39 94.57

18293 Prosthion défectueux —- 59° 25° 90° — 20.42 83.33 81.41 97.69

18294 63° 60° 29° 94° 88° 24.76 83.54 81.65 97.73


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Tocarji. — FEMMES.

ANGLES INDICES

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N° OBSERVATIONS GENERALES £ fcgfcP g 5 '3-H M pO g g

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o o > ° < C<<JP-P

£ * 8 o 6) Circulaire (suite).

18296 69° 58° 27,5° 94° 86° 22.83 • 82.50 81.87 99.24

18297 68° 62° 21° 93° 85° 20.71 83.01 80.50 96.96

18299 Pas de bregma 69,5° 58° — — — 22.07 82.42 79.99 97.06 18308 Prosthion défectueux — 61° 29° 95° — 22.71 83.33 79.76 95.71 • 18342 68,5° 59° 25° 89° 91° 22.28 81.87 76.25 93.12 18350 67° 61° 28° 95,5° 90° 22.30 79.53 75.44 94.85 18352 67° 60° 27° 91° 93° 21.70 77.58 67.24 86.66

II. — Déformation oblique.

a) Antéro-postérieure. 18295 Angle du trou occipital-horizontale : + 7° 75,5° 52° 36° 94° 90° 25.88 84.33 77.71 92.14 18327 Prosthion défectueux — 55° 28,5° 99° — 20.45 92.30 81.41 88.19 18329 63° 54° 33° 95° 90,5° 27.69 91.44 76.31 83.45 18339 Sénile 65,5° 55° 33° 95° 93° 24.01 88.31 83.76 94.85

b) Circulaire.

18248 72° 58° 36° 98° 91° 18.47 77.84 74.85 96.15

18261 69° 56° 34° 97° 91° 21.69 80.95 73.21 90.44

18278 68° 56° 34° 95° 89° 23.32 82.71 76.54 92.53

III. — Formes intermédiaires.

a) Antéro-postérieure. 18292 Déformation asymétrique de

l'occipital " 69° 56° 31° 91° 91° 22.93 85.90 83.22 96.87

18300 Déformation asymétrique de

l'occipital 65° 58° 30° 97° 91° 25.30 84.61 82.05 96.96

18326 66° 53° 29° 92° 87,5° 24.76 89.60 83.76 93.47

18332 Occipital et lambda touchés 69,5° 58° 29° 96° 86° 22.93 91.83 81.63 88.88

b) Circulaire.


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Rio Panagua. — HOMMES.

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L — Déformation droite.

a) Antéro-postérieure.

18375 65° 60° 24,5° 94° 85° 25.61 85.54 80.72 94.36

18376 , 70° 62° 23° 92° 88,5° 23.64 85.54 81.32 95.07 18380 66° 60° 26,5° 91,5° 90° 23.03 85.71 77.02 89.85

18391 67° 58° 24,5° 95° 92° 26.98 85.89 77.91 90.71

18392 66,5° 61° 20° 95° 94° 23.85 94.51 78.04 82.58

b) Circulaire.

18360 65,5° 56° 26° 86° 90,5° 28.40 76.92 74.55 96.92

18362 Pas de basion 70° — — — 90° 25.97 79.26 79.87 100.77 18365 66° 61° 23° 90° 90° 26.23 80.24 72.83 90.77

18369 69° 57° 28,5° 91,5° 88,5° 24,13 81.50 73.98 90.78

18370 2 lambda (os Worm) : prosthion

prosthion ' — 60° 22° 93,5° (89°) — 19.74 83.13 80.12 96.37

18398 67,5° 61° 27° 95° 90° 23.46 78.82 75.88 96.26

//. — Déformation oblique.

a) Antéro-postérieure.

18377 Pas d'opisthion 68° 54° 36,5° 99,5° 90° 24.35 87.18 78.84 90.44 18383 67° 55° 30° 97,5° ' 88,5° 21.84 86.06 78.78 91.55

b) Circulaire.

18363 Prosthion défectueux — 54° 31° 98° — 23.25 79.53 74,85 94.12

III. — Formes intermédiaires.

a) Antéro-postérieure. 18397 72° 56° 28,5° 93° 85° 22.98 96.15 83.33 86.66

6) Circulaire. 18382 69° 60° 25° 98° 88,5° 25.72 85.45 70.90 82.98


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Rio Panagua. — FEMMES.

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N° OBSERVATIONS GENERALES A >% >^ g % <^gH go gg gg

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/. — Déformation droite.

a) Antéro-postérieure.

18374 Pas de bregma : prosthion défectueux ' — 57° — — — 20.87 86.27 82.35 95.45

18379 Enfant. — 2 lambda

(os Worm). Clivus détruit 73° — — 92° (86°) 87° 18.56 87.33 84.66 96.94

18384 Déformation asymétrique 70° 57° 27,5° 90,5° 90,5° 22.28 90.13 82.23 91.24

18385 73,5° 60° 26° 91° 85° 22.42 87.57 85.61 97.76

18386 70° 60° 26° 92,5° 91° 18.97 89.47 76.31 85.29 18396 4 lambda (ossa Worm) 71,5° 64° 18° 98° (93,5°) 90° 19.41 97.20 83.21 85.61

6) Circulaire.

18368 Prosthion défectueux — 58° 22° 87,5° — 20.45 78.57 74.40 94.69

18371 66° 60° 24° 91° 89° 22.83 82.21 76.68 93.28 x/378 74° 62° 26° 95° 89,5° — — 81.63 —

IL — Déformation oblique.

a) Antéro-postérieure.

18381 Pas de bregma 64° 54° — — — 23.13 88.05 74.21 84.28

18387 69° 55° 34° 97° 89° 18.87 89.87 81.01 90.14 18389 Prosthion défectueux — 54° 30° 101° — 17.04 93.00 84.61 90.97 x/379 Pas d'opisthion 68,5° 54° 32° 99° 88,5° 25.86 88.38 78.06 88.32

b) Circulaire.

18361 69° 53° 35° 102,5° 92° 21.04 78.57 75.00 95.45

18372 70° 56° 33° 98° 89° 25.04 83.55 81.58 97.63 18399 Angle du trou occipital —

horizontale : -f 9° 72° 50° 29° 99° 92° 22.48 81.39 77.90 95.74

x/372 67° 56° 30,5° 97° 90° 25.25 83.87 77.41 92.30

III. — Formes intermédiaires.


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Asnapujio. — HOMMES.

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L — Déformation droite.

a) Antéro-postérieure.

18201 Prosthion défectueux. — Sénile — 62° 18° 89° — 26.27 89.53 84.96 94.89

18223 66° 58° 24° 87,5° 89° 26.43 89.40 82.78 92.59

18224 70° 57° 23,5° 89,5° 90° 27.55 87.50 79.37 90.71

18227 71° 60° 24° 89° • 91,5° 23.64 88.02 77.84 88.43

18228 66° 63° 18° 94° 90,5° 25.62 91.89 85.80 93.38

18229 67° 61° 23° 89° 89,5° 26.27 90.38 79.48 87.94

18230 66° 64° 22,5° 92,5° 87° 25.25 93.74 87.50 93.33

18234 Pas de bregma 66° 57° — — 89,5° 25.07 91.94 86.57 94.16

18235 66° 62° 26° 90° 86° 23.85 92,50 87.50 94.59

18236 65° 64° 16° 91° 87,5° 24.59 95.00 84,37 88.81 18243 2 lambda (os Worm) 67° 62° 21° 90° 86,5° 24.01 100.68 89.65 89.04


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Asnapujio. — HOMMES.

ANGLES INDICES

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N° OBSERVATIONS GÉNÉRALES 3 !> ~ î* w ^ ft 5Bfc S Ç H Ç HC

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b) Circulaire.

18193 63° 59° 23,5° 86° 91,5° 26.53 77.38 73.81 95.38

18196 65° 62° 22,5° 91° 90° 27.23 79.11 81.64 103.20

18197 66° 62° 20° 90° 92° 27.24 76.00 71.42 93.98 18200 2 lambda (os Worm) 66,5° 60° 27° 95° 90,5° 23.25 80.12 78.31 97.74 18205 61° 64° 23,5° 89° 92° 26.43 80.00 76.25 95.31

18209 69° 60° 26,5° 89,5° 89° 26.27 85.09 75.77 89.05

18210 69,5° 61° 26° 88° 88,5° 24.91 84.33 75.90 89.99 18213 70,5° 59° 29° 92° 88,5° 20.53 83.23 79.77 95.83 18217 66° 58° 25° 90° 89° ■ 24.46 84.81 84.81 100.00 18220 63° 62° 21° 90° 89,5° 25.62 83.87 80.64 96.15 .

IL — Déformation oblique.

a) Antéro-postérieure.

18225 59° 55° 34° 97,5° 92° 26.42 87.42 71.85 82.19

b) Circulaire. III. — Formes intermédiaires.


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Asnapujio. — FEMMES.

ANGLES INDICES

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N° OBSERVATIONS GÉNÉRALES 5 > O > S ^ O ><! fi û2 ^5 HO

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I. — Déformation droite.

a) Antéro-postérieure.

18214 Enfant 70° 61° 25° 95° 90,5° 17.61 87.41 78.80 90.15

18215 2 lambda (os Worm) 69,5° 61° 25° 92° (88°) 89° 22.28 85.98 77.07 89.63 18218 Sénile 68° 60° 26° 92° 87,5° 20.13 85.71 78.57 91.66 18221 2 lambda (os incae tripartitum)

tripartitum) 65° 20° 99° (77°) 85° 20.42 97.29 81.75 84.02

18226 65° 64° 23° 95° 87.5° 22.92 88.81 84.21 94.07

18231 2 lambda (os Worm) 64° 61° 29,5° 100° (92,5°) 86° 25.51 91.50 83.65 91.42

18239 71° 62° 18° 91,5° 83° 20.50 97.12 91.36 94.07

18240 67,5° 64° 21° 90,5° 89,5° 23.46 97.20 81.12 83.45 18242 Clivus défectueux 69° — — 96° 89° 19.80 97.81 82.48 84.32 18245 Clivus défectueux 70° — — 95° 86° 19.78 105.96 87.31 82.39

b) Circulaire.

18194 71° 60° 23° 89° 87° 17.72 78.88 75.77 96.06

18195 2 lambda (os Worm) 65° 60° 29° 94,5° 90,5° 20.98 79.11 73.41 92.80 18204 66,5° 63° 21,5° 94° 90,5° 24.18 81.63 89.79 110.00 18208 69° 61° 27,5° 91° 88° 21.63 82.21 71.16 86.56 18212 67° 62° 24,5° 90,5° 90° 23.43 83.97 80.12 95.41 18233 68° 63° 26° 91,5° 93,5° 20.86 81.13 77.35 95.35


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Asnapujio. — FEMMES.

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/J. — Déformation oblique.

à) Antéro-postérieure.

18211 65° 54° 35° 95° 91,5° 23.73 84.57 77.77 91.97 18222 Angle du trou occipital —

horizontale : + 2° 69° 53° 33.5° 98° 88° 18.47 85.18 80.86 94.92

18241 Enfant. — Clivus détruit 69° — — 102° — 16.26 101.40 76.05 75.00

18246 Déformation asymétrique 69° 55° 28,5° 100° 84° 18.77 100.70 90.14 89.51

b) Circulaire.

III. — Formes intermédiaires.

a) Antéro-postérieure. 18232 Angle du trou occipital —

horizontale : + 1° 69,5° 62° 29,5° 97° 86° 19.76 88.67 84.27 95.03

b) Circulaire.

18198 67° 62° 30° 95° 90° 22.47 76.30 71.67 93.93

18203 66° 58° 30,5° 96° 87,5° 24.48 80.64 79.99 99.20


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Calera. — HOMMES.

ANGLES INDICES

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I. — Déformation droite.

a) Antéro-postérieure.

18183 Sénile. — 2 famôda (os

incae) 69° 59° 21.5° 97° (88°) 90° 21.60 85.88 80.00 93.15

18184 Prosthion défectueux — 62° 19° 90° — 23.64 87.12 84.66 97.18

18185 Prosthion défectueux — 56° 28,5° 93,5° — 24.33 87.80 82.31 93.74

b) Circulaire.

18166 67° 60° 20° 89° 90° 24.98 73.68 73.68 100.00

18167 Prosthion défectueux — 58° 24° 94° — 24.40 79.04 81.43 103.02

18171 68,5° 61° 23° 95° 89,5° 23.90 79.07 75.58 94.16

IL — Déformation oblique.

a) Antéro-postérieure.

18169 70° 54° 32° 95° 88° 24.62 79.85 75.00 94.16

18172 67° 53° 35° 95° 94° 26.21 80.59 72.35 89.78 18176 Angle du trou occipital —

horizontale : + 2° 66° 44° 36,5° 98° 97° 25.62 83.33 70.37 84.44

18180 Angle du trou occipital —

horizontale : 0° 63° 53° 33° 94° 94° 24.76 86.42 72.83 84.28

b) Circulaire. III. -— Formes intermédiaires.


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Calera. — FEMMES.

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I. — Déformation droite.

. a) Antéro-postérieure.

18188 Clivus défectueux 65° — — 91° 91,5° 31.19 92.90 85.62 93.12

18189 Prosthion et clivus défectueux

défectueux — — 90° — 22.63 87.97 77.84 88.49

18190 Clivus défectueux 67° — — 95° 89,5° 20.81. 89.37 80.00 89.51

18191 2 lambda (os incae) 65° 66° 17° 92,5° (80°) 83,5° 23.51 94.59 90.53 95.74

b) Circulaire.

18168 2 lambda (os incae) 67° 60° 23° 95° (81°) 87° 26.65 76.82 75.60 98.41

18178 70° 60° 25° 90° 87° 16.87 81.43 75.45 92.64

18192 2 lambda (os Worm) 66° 59° 29° 90° 87,5° 25.45 84.07 77.70 92.42

IL — Déformation oblique.

a) Antéro-postérieure.

18175 64,5° 55° 35,5° 101° 89,5° 21.62 83.23 76.64 92.08

18179 2 lambda (os Worm) 68° 54° 34° 103° (98°) 90,5° 22.28 83.97 82.05 97.70

18181 66° 54° 29° 95° 90,5° 19.35 86.89 80.00 92.06

18182 Angle du trou occipital —

horizontale : + 2° 69° 53° 31° 95° 89° 22.29 83.83 77.24 92.14

18186 Angle du trou occipital —

horizontale : + 3° 63° 51° 38° 98° 95° 24.70 91.33 80.6.6 88.32

b) Circulaire.

III. — Formes intermédiaires, a) Antéro-postérieure.

b) Circulaire. 18174 Sénile ; prosthion défectueux — 55° 26° 95° — 17.60 81.81 75.15 91.85 18177 Sénile 72,5° 58° 24° 97° 89° 19.18 81.52 80.25 98.43


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Visicza. — HOMMES.

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i". — Déformation droite.

a) Antéro-postérieure.

18408 Angle du trou occipital —

horizontale : + 3° 64° 60° 22° 95° 88° 23.56 85.29 86.47 101.37 18410 67° 59° 23,5° 91° 87° 25.49 85.29 80.00 93.97 18412 5 lambda (ossa Worm). Clivus détruit 68° — — 103,5° (88°) 90° 22.48 96.29 79.62 82.69

b) Circulaire.

IL — Déformation oblique, a) Antéro-postérieure.

18409 69° 58° 31° 97,5° 89° 23.37 81.61 77.01 94.36

b) Circulaire. III. — Formes intermédiaires.


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Visicza. — FEMMES.

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I. — Déformation droite.

a) Antéro-postérieure. 18407 Clivus détruit 68° — — 95,5° 92° 25.07 84.61 80.12 94.69

b) Circulaire.

IL — Déformation oblique.

a) Antéro-postérieure. 18411 Sénile 79° 56° 29,5° 99° 86° 18.87 97.35 86.75 89.11

b) Circulaire. III. — Formes intermédiaires.


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Yura. — HOMMES.

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I. — Déformation droite, a) Antéro-postérieure.

b) Circulaire.

18401 Prosthion défectueux : pas — 57° — — — 22.30 76.83 68.92 89.70

de bregma 18404 70° 60° 21° 87° 89° 24.89 82.50 74.37 90.15

IL ■— Déformation oblique.

a) Antéro-postérieure. ;>

b) Circulaire. III. — Formes intermédiaires.


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Yura. — FEMMES.

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L — Déformation droite.

a) Antéro-postérieure. 18406 Prosthion défectueux — 59° 25° 91° — 19.40 92.56 79.72 86.13

b) Circulaire.

18402 67,5° 62° 18,5° 85,5° 90,5° 20.71 78.94 66.66 84.44

18403 Prosthion défectueux — 62° 23,5° 86,5° — 19.26 79.53 70.17 88.23 18405 Prosthion défectueux — 61° 25° 91° — 18.07 85.27 73.62 86.33

IL — Déformation oblique, a) Antéro-postérieure.

b) Circulaire. III. — Formes intermédiaires.


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Colcha et Cobrizos. — HOMMES. (Cb = Cobrizos ; Cl = Colcha)

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/. — Déformation droite.

a) Antéro-postérieure.

b) Circulaire.

18101 Cb 68,5° 62° 29° 89° 91° 27.68 77.57 75.75 97.65 18105 Cb 74° 57° 24° 86,5° 91° 23.28 82.09 70.37 85.71 18109 Cl 67° 59° 28° 91,5° 87° 27.93 79.04 74.25 93.93

IL — Déformation oblique.

a) Antéro-postérieure.

18102 Cb 63° 57° 33° 97° 92° 24.48 81.69 83.00 101.60

b) Circulaire. 18100 Cb 2 lambda (os incae bipartitum)

bipartitum) 56° 37° 99° (90°) 89,5° 25.07 78.12 80.62 103.20

III. —- Formes intermédiaires.


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Colcha et Cobrizos. — FEMMES.

g3 (Cb = Cobrizos ; Cl = Colcha).

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/. — Déformation droite.

a) Antéro-postérieure. 18107 Cb 2 lambda (os Worm) 68° 60° 25° 96° (92°) 87° 22.64 87.57 86.27 98.50

b) Circulaire.

18104 Cb 63° 61° 27,5° 94° 93° 21.93 81.93 80.64 98.42

18110 Cl 64° 59° 27,5° 90° 95° 25.25 85.44 71.52 83.70

//. — Déformation oblique.

a) Antéro-postérieure.

18106 Cb 70° 49° 39,5° 101° 92,5° 20.77 86.39 79.59 92.12

18111 Cl 66° 56° 31° 99° 92,5° 19.09 93.33 78.00 83.57

b) Circulaire.

18098 Cb . 66° 51° 44° 96,5° 99,5° 18.60 71.02 68.74 96.80

18099 Cb Angle du trou occipital

— horizontale : + 7° 66° 54° 44° 106° 93° 19.68 73.53 75.88 103.20

III. — Formes intermédiaires.


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Tiahuanaco. — HOMMES.

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L — Déformation droite, a) Antéro-postérieure.

b) Circulaire.

18430 68° 61° 27° 88° 89,5° 22.50 79.88 71.84 89.92

18431 66,5° 60° 25° 87,5° 87° 22.36 81.28 78.94 97.12 18440 Clivus défectueux 66,5° — — 95,5° 87° 27.49 79.04 80.84 102.27

IL — Déformation oblique.

a) Antéro-postérieure.

18432 Clivus défectueux 65° — — 96° 89° 25.97 90.96 83.22 91.49

b) Circulaire. III. — Formes intermédiaires.


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ANGLES INDICES

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I. — Déformation droite, a) Antéro-postérieure.

b) Circulaire.

18433 68° 57° 24,5° 93° 90° 21.49 81.81 73.93 90.37

18434 66° 58° 27,5° 87,5° 91° 22.84 78.26 70.18 89.68

18437 Clivus défectueux 68° — — 88° 83,5° 21.04 82.93 76.21 91.91

18438 71° 60° 28° 93° . 86,5° 21.36 83.33 75.86 91.03

IL — Déformation oblique, a) Antéro-postérieure.

b) Circulaire. III. — Formes intermédiaires.


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Urmiri. — HOMMES.

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J. — Déformation droite.

a) Antéro-postérieure. 18422 63° 60° 17° 90° 89° 28.29 93.19 87.75 94.16

6) Circulaire. 18418 65° 59° 26° 87° 90° 23.56 75.27 73.07 " 97.08

IL ■— Déformation oblique, a) Antéro-postérieure.

b) Circulaire. III. — Formes intermédiaires.


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/. — Déformation droite, a) Antéro-postérieure.

b) Circulaire.

18420 Prosthion défectueux -— 57° 22° 87° — 22.05 81.28 76.02 93.52

18421 67° 61° 19° 86,5° 88° 22.84 82.61 72.67 87.96

IL ■— Déformation oblique, a) Antéro-postérieure.

b) Circulaire. III. — Formes intermédiaires.



SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES, 1938.

PLANCHE I.

Crânes déformés de la Bolivie.

A. Déformation antéro-postérieure droite.

B. Déformation antéro-postériture oblique.

C. Déformation circulaire droite.

D. Déformation circulaire oblique.



LES LANGUES ARAWAK

DU PURÙS ET DU JURUA 1

(GROUPE ARAUA),

PAR P. RIVET ET G. TASTEVIN.

Il existe dans les bassins du Purûs et du Juruâ une série de tribus parlant des dialectes assez étroitement apparentés, dont un certain nombre 2 ont été réunis autrefois par Brinton sous le nom de famille linguistique Arauâ (3, 292-293) et qu'Ehrenreich. a proposé de rattacher à la grande famille Arawak 3 (11, 61-62). Parmi ces tribus, nous rangeons d'après les données de la littérature et nos propres renseignements :

1. Pour l'emplacement des tribus dont il est fait mention dans ce mémoire, prière de se reportera la carte ethnique que nous avons publiée dans La Géographie (18) et, pour les noms de lieu qui n'y figurent pas, aux cartes du Juruâ et du moyen Amazone établies par le Père Taslevin (23 ; 25).

2. Les Arauâ, les Pâma, les Pammari et les Purupurû.

3. Voici les arguments, d'ordre purement lexical, fournis par Ehrenreich en faveur de sa thèse :

tête

dadii (P), â-tati (Y)

nu-teu (Adl), no-ideu (A7), da-shi (AI8), nototia (A14), iode (Al5l

oeil

nuliui (P), â-nukbodi (Y)

nuchii (A24), uky (A26), noky (A26), da-kui (A18), yacuï (A76)

nez

uiridi kaudini (P), auidi (Y)

agiieiri (Als), da-siri (A18), yghire (A15), nukiria (A19), kiriti (A26)

dent

i-nuï (P), â-ânn (Y)

noy (A14), onhai (A15), nay (A19), naù (AM), naît (A„)

main

Qeei hàbudini, paume (P), Mând (Y), usa fa (A)

hàbbn (A18), nu-kapi, naphi (A7)

avant-bras

Qabuni.lP), â-yedabu (Y)

uchebo (A,), ùjabu (A,,,)

pied

dameii (P), âQûmâ (Y), otama (A)

ni-taba (Asa), ni-8aya (A41)

soleil

wwéî, jour (P), mahi (Y-A)

maahly (A22)

lune

masëku,yasi (P), amuà, (Y), massiku (A)

kasbi(A.ig),gbeij (A2i),yatschy [A2a),mona (A34)

étoile

fo«Ve (P), amapiri (Y), amoahûâ (A)

ybiru (As2), biwiri[A7), pirita (Azz),poranti (A,„L vuiriki (A„„'l. imbokiro (A.\


72 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

les Arauâ,

les Kulina, Kulino, Kolina, Kollina ou Kurina, les Pamana ou Pammana, les Pammari, Pamari, Pamauri ou Paumari, les PurUj les Puru-purû,

les Yamamadi, Jamamadi, Jamamandi ou Kapinamari, les Yuberi, Juberi ou Jubiri, et avec doute : les Annmari,

les Amamati ou Jamamari, les Kulina ou Karunawa, les Kuria, les Kuriaua, les Pâma,

les Sewaku ou Sehuaku, les Sipô ou Cipô.

Les Arauâ ont été signalés d'abord par de Castelnau, qui, d'après ses informateurs, les place sur le Chiruan et, un peu en aval de l'embouchure de ce fleuve, sur les bords du lac Jahiruan, sur la rive gauche du Juruâ (4, V, 86, 89). Chandless rencontra un de leurs villages, non loin de là, sur l'igarapé Ghiué, affluent de droite du Juruâ (8, 299). Ces Indiens vivaient au bord du Juruâ dans de misérables abris (tapiri) tantôt à un endroit, tantôt à un autre ; ils descendaient le fleuve jusqu'au Bauana pixuna ; ils n'avaient pas de plantations et se louaient aux « seringueros », qui venaient chaque année de Teifé et de Caiçara pour la récolte du caoutchouc. Une épidémie de rougeole, amenée par la première émigration « cearense », lors de la sécheresse de 1877, les a anéantis ; ils se

eau

pahq (P-Y), paha (A)

bagua (A34), cuhen, fleuve (A34), hahuni, fleuve (A50), paan- (en composition)

(A2C)

feu

^ihô (P), yeçu (Y), sibu (A)

siqui (A48), hihhihi (AI8), cuyo (A34), jùcu (AAJixc (A38), hioke, yalii (A3)

hamac

sibu (P), ye<fu (Y),

acciu (A.)

maison

gura (P), baiâ,yobâ (Y), %ami (A)

pauru {AiS),pori (Â3},/>«(A41), bahû (A18), bagnô (A22), boio (A34), pey (A25), fayny (ArA,bàhû (A37)

arc

kudaii (P), didisa (Y), bigauaba (A)

davidaja (A14), luti (A41), shidoa, flèche (A6)

hache

dyon [y),pari (Y)

pore A,„

marmite

siaha (P), dioaha (Y)

dtvawake (A..).


LES LANGUES ARAUÀ 73

trouvaient alors sur les bords du lac Jahiruan. Les rares survivants s'enfuirent chez les Kulina, qui, dit-on, les massacrèrent.

Les Kulina, Kulino, Kolina, Kollina ou Kurina, sur la langue desquels nous apportons les premiers documents, sont une des tribus les plus importantes du groupe.

Un des informateurs de de Castelnau lui signala l'existence d'Indiens Kulino sur le Chiruan (4, V, 87, 89), renseignement confirmé, d'abord, par Ghandless qui place, sur la rive droite du Juruâ, en amont du Chiruan, l'importante tribu sylvicole des Kulino, qu'on rencontre également sur le Tarauacâ et dont le domaine s'étend probablement à une grande distance dans la direction du Sud-Ouest (8, 300), puis ensuite par Bâtes, qui situe les Collina sur le Chiruan et l'Envirâ (2, 370, note).

Actuellement, ces Indiens se répartissent en deux groupes séparés l'un de l'autre par les Yamamadi, mais parlant des dialectes très voisins.

Le premier groupe, — le moins nombreux —, les Kolina, appelés Kôlô par les Kanamari, se trouve sur la rive droite du Juruâ à la hauteur de Marary et sur le haut Tapauâ. C'est à ces Kolina que se rattachent sans aucun doute les Arauâ de l'igarapé Chiué, ou mieux Chue 1.

Le second groupe, les Kulina ou Kurina, représente le gros delà tribu. Ces Indiens, qui s'appellent eux-mêmes Madiha et que les Kasinawa nomment Pisinawa (Indiens puants) ou Capunawa (Indiens pourris), vivent actuellement entre l'Erû et le Gregorio et ont vécu autrefois entre l'Envirâ et le Tarauacâ (17, 133). Il est probable que ce sont des représentants de ce groupe qui furent signalés à Ghandless ; depuis le passage de l'explorateur anglais, la tribu s'est déplacée vers l'Ouest pour s'installer de l'autre côté du Tarauacâ, soit pour fuir les Yamamadi ou les chercheurs de caoutchouc, soit pour toute autre cause qui nous échappe.

Ce mouvement continue d'ailleurs, et à une époque toute récente, ces Indiens ont traversé le Gregorio et, après avoir repoussé sur la rive gauche du Juruâ les Parawa ou Marodyapa du bas Gregorio, se sont installés en arrière de Rivalisa, en face de l'embouchure du Gregorio.

Les Kulina de ce groupe sont divisés en un grand nombre de clans qui portent les noms suivants :

Zuwihi-madiha 2 (Indiens-sapajous bruns), aux sources de l'Erû ;

1. Il est par contre certain que les Kolina du Juruâ n'ont rien de commun, contrairement à ce qu'a cru von den Steiaen (22, 22*), avec les Kulino, qui vivent entre le Jutahy et le Javary et parlent un dialecte pano.

2. Ces Indiens sont appelés Kore par les KatuUina, nom qui est évidemment le même que celui que les Kanamari donnent aux Yamamadi et aux Kolina : Kôlô.


74 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

Sinama-madiba (Indiens-agoutis), \

Badu-madilu, (Indiens-cerfs),

Kanmnui-madiha (Indiens-paca), j

Tusipa-madiha (Indiens-agamis), > dans le bassin de l'Erû ;

Dapu-madiha (Indiens-jacu), l

Anube^e-madiha (Indiens-pécaris), 1

Biru-madiha (Indiens-arasari), /

Ele-mad-iha (Indiens-chiens), sur l'igarapé Bahu, affluent de droite du Juruâ, en aval du Gregorio ;

Tukud^u-madiha (Indiens-caïmans), sur l'igarapé Bahu ;

Aritsi-madiha (Indiens-patates), » (rive droite) ;

Hddu-madiha. (Indiens-bambous), sur les igarapés S. Salvador, tributaire de l'Acurauâ, et Acurauâ, affluent de gauche du Tarauacâ ;

Hâwa-madiha ou Hâu-madiha (Indiens-palmiers patawa), sur l'igarapé Guatâ, affluent de la rive droite du Gregorio en amont de S. Amaro ;

Harumi-nawa 1, sur le rio Massape, affluent de droite du Gregorio, en aval de Recreio.

Une autre tribu kulina vit au sud des sources de l'Erû, à égale distance de l'Acurauâ, tributaire du Tarauacâ, et du Bacury, tributaire du Gregorio, sur un affluent de l'igarapé Preto, qui est lui-même le principal affluent de l'Acurauâ. Le Père Tastevin n'a pu atteindre cette tribu, qu'il suppose être les Hddu-madiha ; par contre, il a vu des Kulina de l'Erû appartenant aux clans Ete-madiha et Tusipa-madiha en visite sur PAmarào, affluent de droite du Tarauacâ, en face de Sobral.

Les Kulina s'étendaient autrefois beaucoup plus au Sud. C'est ainsi que, lorsque les « seringueros » arrivèrent au Murû en 1890, ils y trouvèrent des Kulina en divers points de la rive gauche, à Mucuripe, au Murûzinho, etc.. Ces Indiens auraient émigré de là au Paranâ do Ouro et à l'Envirâ, et quelques-uns auront sans doute rejoint leurs frères de l'Acurauâ. II y aurait enfin encore actuellement des Kulina sur le Purûs, ce sont les Aba-madiha (Indiens-poissons), les Erekedetii-madiha (Indiens-perruches) et les Mamwri-madiha (Indiens-mamuri). Ces tribus méridionales correspondent sans doute, au moins partiellement, aux Kuria, qui ont été signalés sur le haut Murû et le haut Envirâ, aux Kuriaua, indiqués comme riverains du Paranâ do Ouro (12) et aux Kuliîia ou Karunawa, mentionnés sur le rio Curinahâ ou Santa Rbsa, qui ne parlent certainement pas le Pano (22, 22*). D'après une Indienne du Murû, les Kulina des sources de l'Envirâ s'appellent Amburu-madiha.

1. Ce nom n'est pas kulina. Il appartient au Pano, langue dans laquelle nahua signifie « homme ».


LES LANGUES ARAUÂ 75

Dans un travail antérieur (18, 4621, nous avons représenté les Kolina comme les victimes des Kanamari des sources du Tapauâ et rapporté qu'ils ne furent sauvés de l'extermination que grâce à la protection du colonel brésilien Contreiras. En réalité, le colonel Contreiras fut induit en erreur par une superstition très répandue chez les Kolina comme chez un grand nombre de tribus indiennes. Chaque fois qu'un des leurs vient à mourir, le sorcier accuse du décès la tribu voisine et ce sont ces accusations qui firent croire à une persécution réelle de la part des Kanamari. En fait, les Kolina et les Kulina sont, au contraire, très redoutés de leurs voisins et l'expulsion récente des Parawa du bas Gregorio s'est faite à coups de fusil. Ils sont batailleurs, peu travailleurs et bien mieux armés que les Kanamari, qui sont, en général, de caractère doux et pacifique et dont les plantations tentent les Kolina souvent affamés.

Les Pâma vivent sur la rive gauche du Madeira, en amont du Maparana (5, pi. v, xiv). Nous les classons dans notre groupe sur la foi de Brinton (3, 293).

Les Pamana ou Pammana habitent l'Ituxy (6, 96) et le Mucuim à trois jours et demi en amont du lac Agaam (7, 127). Brinton les identifie aux Pammari (3, 292).

Les Pammari, Pamari, Pamauri ou Pau-mari (11,60), que les Ipurinâ appellent Kurukurû (16, 97) et les Mura Wayai (24, 529), sont avec les Yuberi une subdivision de l'ancienne tribu des Puru-purû, dont le nom a actuellement disparu. Ce sont des Indiens fluviaux qui habitent exclusivement les îles et les lagunes du moyen Purûs en amont du Jacaré suivant Chandless, depuis l'embouchure dû Tapauâ suivant Ehrenreich, depuis le rio Ituxy suivant Steere, jusqu'aux environs d'Hyutanaham (6, 92 ; 11, 60 ; 21, 387; 15). Il semble donc que la tribu ait peu à peu émigré d'aval en amont.

Les Puni ont été signalés à de Castelnau par un de ses informateurs comme vivant sur le Chiruan (4, V, 87). C'est, selon toute vraisemblance, la fraction des Yamamadi qui habite sur le Paru, affluent de droite de ce fleuve.

Les Puru-purû s'étendaient, au xvue siècle, depuis l'embouchure du Purûs jusqu'à cinquante lieues dans l'intérieur. Marcoy et de Castelnau ont signalé de petits groupements de ces Indiens à l'embouchure de l'Ituxy, sur les rives du Purûs, en un point où ce fleuve reçoit sur sa rive gauche une petite rivière appelée Pamuary, entre le lac-rivière dos Muras ou Paranâ-mirim do Jary et le Paranâ-pixuna (4, V, 92-93 ; 13, II, 413, note 2). Actuellement, le nom de cette tribu existe encore dans la langue des Katukina du Tapauâ, où il désigne les Indiens du Purûs, mais il a fait place, en général, aux noms de Pammari et de


76 SOCIÉTÉ DES AMÉR1CANISTES

Yuberi. D'après Polak, purupurû signifie « peint » en « lingua gérai » (16, 97), par allusion à une maladie qui produit des taches blanchâtres de la peau chez beaucoup d'Indiens de l'Amazone, surtout parmi les tribus fluviales i.

Les Sewahu vivaient sur le Paûini, affluent de gauche du Purûs (4, V, 93) ; ils sont évidemment identiques aux Sehuaku que Marcoy place sur la rive gauche du Purûs, en face de l'embouchure du Sepatinim (13, II, 413).

Les Sipô ou Cipô habitaient, suivant un témoignage concordant donné à Chandless et à de Castelnau, les rives du Tapauâ et avaient leur principal village sur le petit lac Urua (rive gauche du Tapauâ) (6, 94 ; 4, V, 92 ; 5, pi. xxtx). Sipo signifie « liane » en Tupi.

Les Yamamadi, Jamamadi ou Jamamandi, qu'Ehrenreich appelle aussi Kapinamari 2 et que les Ipurinâ dénomment Kapanâ (16, 97) et les Kanamari Kôlô, vivent dans les forêts situées entre le Purûs et le Juruâ, dans un territoire limité par le Mamoria-mirim, le Paûini, affluents du Purûs (6, 96 ; 11, 61) et le Chiruan, affluent du Juruâ. Vers les sources du Tapauâ, il existe cinq clans yamamadi en bonnes relations avec les civilisés. Les « Indiens-poissons », dont Chandless rencontra sur le Juruâ quelques individus qui lui déclarèrent être originaires du rio Cuniuâ, affluent du Tapauâ, et qui parlaient une langue apparentée à l'Arauâ et au Puru-purû (8, 301 ), appartenaient probablement à cette fraction. Autrefois, on voj^ait assez souvent les Yamamadi sur la rive droite du Juruâ à la hauteur de Manichy.

Nous supposons que les Yamamadi sont identiques aux Amamati ou Jamamari que Martius signale dans le bassin du Madeira, vivant sur le même territoire que les Karipuna (14, I, 415), mais qu'il cite également avec les Puru-purû parmi les « souverains » du Purûs (20, III, 1175; 14, I, 422), etaux Anamarique Villanueva situe sur le Mucuim (26, 398).

D'après Steere, Yamamadi serait une déformation de d^uwâ-mâgi qui signifie « hommes sauvages » en Paumari (21,380). Nous pensons plutôt à' une déformation du nom que les Yamamadi se donnent à euxmêmes, Gaamadi, suivant le témoignage de Dzahû, cacique actuel du clan kolina du Marary, yamamadi de naissance mais ayant dû fuir sa tribu après y avoir tué deux individus, dont le fils du chef Paru.

1 . Les Indiens attribuent cette maladie cutanée à l'absorption de certaines graisses et de certaines chairs de poissons, tels que le surubim et le pirarara. De fait, ils font changer la couleur de leurs perroquets en les nourrissant avec de la-graisse de pirara ra.

2. Ce mot doit signifier « les sauvages », « les craintifs » ; cf. kd-pina-lawa, sauvage, u-ka-pina-ni, j'ai peur, lya-pina-ni, tu as peur, hd-pina-wi, il a peur, en Kulina.


LES LANGUES ARAUÂ 77

Les Yuberi, Juberi ou Jubiri vivent sur le bas Tapauâ (11,60) et sur les bords du lac Abunini (4, V, 93), un peu en aval de l'embouchure du Mamoria-asu, sur la rive droite du Purûs. On ne possède aucun renseignement sur leur langue, mais on sait par Ehrenreich qu'ils sont apparentés aux Pammari (11,60) et par de Castelnau qu'ils ne se différenciaient en rien des Puru-purû et parlaient la même langue qu'eux (4, V, 93).

Les documents que nous possédons sur les langues parlées par ces diverses tribus sont les suivants 1 :

Arauâ.

A. CHANDLESS (W). Notes oj a journey up the river Juruâ. (The Journal of the royal geographical Society. Londres, t. XXXIX, 1869, p. 296311), p. 311.

Kolina, Kurina.

TASTEVIN (C.). Sept vocabulaires inédits (trois du Kolina du Marary, quatre du Kulina de l'Erû) :

IK. Recueilli à Marary, en 1912, de la bouche d'un Indien Kolina ; Kt. Copié à Ido sur le carnet d'un employé porauuua uu iviarary N tugais, qui avait vécu avec les Kolina ;

j K„. Recueilli à Camponeza (Marary) les 1011

1011 1920 ; \ K7. Recueilli au Marary, en janvier 1922 ; ,' K3. Recueilli en 1911 à S. Amaro, sur le Gregorio, de la bouche d'un Kulina de passage l avec sa tribu ;

1 Kt. D'après un « seringuero », qui avait été en Kulina de l'Erû / ménage avec une Kulina de la région ;

i K0. Dicté par un Blanc illettré à une jeune I femme peu instruite ;

K,;. Vocabulaire et texte de la tribu des Zuwihi\ madiha, recueilli les i-6 janvier 1923.

1. Les lettres qui précèdent les indications bibliographiques relatives à chacun de ces documents nous serviront à les désigner au cours de ce mémoire et dans notre vocabulaire.


78 SOCIÉTÉ DES AMÉR1CANISTES

Pammari, Paumari.

P. CHANDLESS (W.). Ascent of ihe river Purûs (The Journal of the royal geographical Society. Londres, t. XXXVI, 1866, p. 86-118), p. 118;

P,. POLAK (Rev. J. E. R.). A grammar and a vocabulary of the Ipurinâ language. Londres, 1894, p. 108;

P2. EHRENRECCH (Paul). Materialen %ur Sprachenkunde Brasiliens. Vokabulare von Purus-Stàmmen (Zeitschrift fur Ethnologie. Berlin, t. XXIX, 1897, p. 59-71), p. 63-67 ;

P3. STEERE (Joseph Beal). Narrative of a visit to Indian tribes of the Purus river, Branl (Annual Report of the board of régents of the Smithsonian Institution, 1901. Report of the U. S. national Muséum. Washington, 1903, p. 359-393), p. 390-393.

Yamamadi, Jamamadi.

Y. EHRENHEICH, op. cit., p. 67-71 ;

Y,. STEERE, op. cit., p. 386-387;

Y2. TASTEVIN (C). Vocabulaire inédit recueilli en 1912 à Bello Monte, en amont du Marary, de la bouche d'une Indienne Yamamadi, appartenant à la tribu qui vit entre le Chiruan et le Paûini ;

Y3. TASTEVIN (C). Vocabulaire inédit recueilli en janvier 1922 au rio Chiruan de la bouche d'un Blanc qui emploie les Yamamadi.

Nous reproduisons ici tous les documents publiés, en y incorporant nos vocabulaires originaux. Nous devons signaler que ceux-ci sont de valeur très inégale, suivant les facilités plus ou moins grandes de communication avec l'indigène. K2 et R3 ont été recueillis près d'Indiens qui ne savaient ni le Portugais ni le Tupi, tandis que K6 a été récolté dans des conditions qui excluent, en grande partie, les possibilités de malentendus entre les Indiens et l'enquêteur.

ESQUISSE GRAMMATICALE.

Genre. -— Malgré quelques faits contradictoires, qui tiennent évidemment à des malentendus entre l'informateur et les Indiens, l'étude des vocabulaires kulina montre que, dans ce dialecte, le suffixe -wi, -i correspond au masculin et le suffixe -ni, -ne au féminin-neutre :

karapu-i, grand-père, ^ karapu-ni, grand'mère,


LES LANGUES ARAUÂ 79

bika-ta-wi, être bien portant, !

Xflnïkoa bilm-wi, le yauti est bon, j amune bika-ta-ni, belle femme,

maki bika-ta-wi, bel homme, (

oki-ta-wi, gros, oki-ta-ni, grosse,

wenaha-ra-wi, il ne se marie pas, wenaha-ra-ni, elle ne se marie pas,

... ( wese-ni, blanche,

wese-wi, blanc, , ,., . . , . , ,

f hasika wetse-m, dauphin blanc,

u-ka maki pâma-wi, qui a deux bedi meni pdma-ni, qui a deux femmes maris [litt. : moi deux maris], [litt : deux petites femmes],

tnbo-ta-wi, homme petit, ( ., ......

.... , .... \ amunehe abu-m triba-ni, femmes

maki-dehe abu-triba-wi, hommes {

"," I petites,

grands, ( l

, , .... .,,,.. 1 ahiâ-ru âda-ni, cette vieille,

hada-wi bute, vieux décrépit, ! ,, ....,„

1 ( xada-m, vieille femme,

,' wita-ri-ni, assise,

wita-ri-wi, assis, ] axini wita-ri-ni wasuri, là est per(

per( une perdrix,

ete maku-i, chien rouge, hasika mâku-ni, dauphin rouge,

, . ( atsikia mawa-ne, dauphin noir,

ete mama-wi, chien noir, S . r . , . ,

... . < même wawa-ni, nuage = ciel noir .,

7ttmaximawa-wi, jaguar noir, j . ...

[ kun%a mawa-m, lac noir,

waàira-ara-wi, il n'est pas mé- ahari paso waidera-ta-ni, cette eau chant, est mauvaise,

kakari-wi, être bien portant, kdkari-ni, elle est guérie,

/ waxi-ta-ni, loin, haut, large, bas, maki-dehe wahi-la-wi, hommes I long,

hauts, j wâi-ra-ta-n'i, près,

( waxi-ra-ta-ni, court,

tahâkakana-wi, il tremble, upâ-ta-ni, elle a fui,

nawidza wa-wi, il est debout, nâwi-ta-ni, chose froide,

arabû-ta-wi, homme grand, amune-bede-ni, petite fille,

mapara-wi, Indien, awa bedô-ni, bâton de moustiquaire ete xçvwiri-wi, chien blanc, [= petit bâton],

wâtia-wi, il est mort, au-beàe-ni,"petits arbres,


80 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

samura-ta-wi aitsubuatewati-na-wi, il sait parler portugais,

maxi tukâ-wi, le soleil s'incline,

mai tuka-wi, soir,

mahi luka-wi, waxi taka-wi, soleil couchant,

banku batutuxa-wi, abadnku batutua-wi, pleine lune ',

nûtûha-wi, il est en train de brûler.

hawa-bede-ni, arbustes,

hawa-ûari-tii, arbre simplement

\uhdri = un seul],

Xâma ime-ni, grande forêt,

sïbâ ime-ni, rocher [= grande

pierre], li-ka u%a ime-ni, ta maison est

grande, amunehe hera-ni, il n'y a pas de

femme, hasika mapôra-ni, dauphin violet, u-ka amunehe ibu-ta-ni ibu-bute, ma

femme est paresseuse, amunehe wapinia ibu-buia-ni, toutes

les femmes sont paresseuses, amunehe tati-ni huma-ta-ni, la

femme a mal à la tête, w-amuri kuma-ta-ni, pieds malades, ipu- \ lèvre ]

hene- > tudina-ni, nez [ percé, eribu- J oreille j

uku-ta-ni terenehe hawa, le bois estil sec? sina wiukana-ni, tabac torréfié, sina ima-ni, tabac torréfié en

poudre.

A côté de ces exemples typiques, nos vocabulaires kulina nous offrent, pour les noms des parties du corps, un très grand nombre d'exemples, où, à côté d'une forme sans aucun suffixe, existe une forme avec le suffixe -ni :

ide, dos, i i-yepe ide-ni, u-zepe ide-ni, i-depe ideZCpe

ideZCpe dos de la main, j ni, dos de la main,

w-amuri ede, dos du pied, ( emuri ede-ni, dos du pied,

panakû,u-panaku, i-panaku, pânaku, pânake-ni, cuisse,

cuisse,

tnpuri, d%upuri, dzjipuri, -queue, i d%upuri-ni, dard,

d^ipuri, i-zùpuii, pénis, ( karu-karu d%upuri-ni, plume,

i. A noter que, dans la conception des Indiens, le soleil et la lune sont considérés comme des êtres mâles.


LES LANGUES ARAUÂ 81

à%upuri kute, écaille de poisson, / u-zepe kuta-ni, doigt,

ime kute, parents (?), I zuhûri-ni kuta-ni, mamelon,

Zepê kute, doigt, / i-be-kuta-ni-ka, bracelet,

w-amuri-kute, orteil, / ebe-kuta-ni ka-matsiri, bracelet de

( poignet,

iso dupe, articulation de la jambe, iisu dupa-ni, itsù dupa-ni, jarret,

ieribu-udi-ni, w-arib-udi-ni, oreille, d ene-udi-ni, w-ene-udi-ni, hene ubi-nç, narines, udi-ni, trou,

7 . , i u-zebe nukusi-ni, nukusi-ni, i-yepe

Zepe nukusi, ongle, .« ! ,....' ... ,

( nukusi-m, i-depe nukusi-ni, ongle,

ime, viande, ,

,. , ima-ni, os,

wate-ime, diaphragme, \ . . ,- , , ,

,. ' n . 1 i-panaku ima-ne, muscles de la

isu-htme, mollet / r .

,.,.,. 1 cuisse,

bilu-nie, biceps, / . . .

... iiii iisu tma-m, mollet,

ide ime, muscles des lombes, (

w-ebete-kuni, i-nede-kune, barbe, / e-nede-kuna-ni, barbe,

i-iati-kune, cheveu, l kuna-ni, barbe, moustache, chei-pu-kune,

chei-pu-kune, moustache, < veu, poil,

bibe-kune, aile, / i-tali-kuna-ni, tale-kuna-ni, cheveu,

u-durû kune, bas-ventre, \ i-bunu kuna-ni, moustache,

/ uukti-ni, noyau,

u-nuku, nuku, i-nuku, nukti, oeil, | atepe nuku-ni, nokhu-ni, bouton

f d'habit,

tune, os, /

rui-tune, creux de l'épaule, tuna-ni, dos,

ide-tune, épine dorsale, 1 ide-tuna-ni, épine dorsale,

tati-tune, crâne, j w-ebele tuna-ni, mâchoire infépanaku-tune,

infépanaku-tune, j rieure,

wi-sô tune, tibia, / i-dâlakari tuna-ni, clavicule,

pari-tune, côte, i-bii tuna-ni, os du bras,

bihi-tuna, os du bras, \

j kusari-ni, articulation du coude,

kusari, genou, kud^an-ni, kutsari-ni, noeud de

Zépe kûsari, poignet, canne à sucre' ~

âmuri kutiari, cou de pied, \ n-zepe kusan-nt, poignet,

J emuri kudzari-ni, lu-amuri-kusari\

lu-amuri-kusari\ cou de pied,

Société des Américanistes 1938. 6


82 SOCIÉTÉ DES AMÉRICAN1STES

\ zuxuri-ni, zuhûri-ni, dyuuri-ni, u-ziixurl, mamelles, <' mamelles,

[ zuhûri-ni, melon,

i-baku, coeur, i

i-baku, bakû, u-bakû, poitrine, l . , T . , , , . ,

. , , i , i • ■ S w-amuri baku-ni, plante du pied,

emun-baku, plante du pied, / , , . ' 1 i i

, , , , . , , . \ u-zepe baku-ni, paume de la main,

i-yepe-baku, [epe-baku, i-depe-baku, 1 r" ' x

paume de la main, f

i bixi mata-ni, aisselle, I i-nô mata-ni, mâchoire, bihi-mete, aisselle, \ w-aribû mata-ni, lobule de l'oe-mete,

l'oe-mete, \ reille,

i-bihe mata-ni, biceps, e-be-mata-ni, bracelet, eleru, éléru, w-eterû, peau, eteru-ni, paupière,

ama, sang, ama-ni, sang.

II s'agit, dans la plupart des cas, de véritables doublets, dont Je sens ne paraît pas influencé par l'absence ou la présence du suffixe. Nous pensons néanmoins qu'il n'y a là qu'une apparence, et l'exemple du Yamamadi nous conduit à supposer que ce flottement provient de ce que le collecteur a omis de noter si la partie du corps, dont la signification était demandée, était désignée sur un homme, une femme ou un animal. Dans l'exemple suivant, le suffixe -ni paraît bien avoir été ajouté au radical iaii, tête, précisément parce qu'il s'agit d'une femme : amunehe tati-ni kuma-ta-ni, la femme a mal à la tête [litt. : femme tête malade].

En Yamamadi, d'après nos documents, le fait est beaucoup plus net. On y suffixe régulièrement -ni aux mots qui désignent une partie du corps, lorsqu'on parle d'un animal et ce suffixe ne nous paraît pas différent du suffixe kulina du féminin-neutre :

tonà, os, tona-ni, humérus, épine dorsale

d'un singe. à-Qàmâ, lemë, pied, iama-ni, patte d'un chien,

inu, dent, ini-ni, dent d'un chien,

â-turu, dura, ventre, dyura-ni, ventre d'un chien.

Pour les mots suivants, le radical sans suffixe n'est attesté qu'en Kuiina :

en face de ûdi, trou (K), hodi-ni, orifice de sarbacane (Y),


LES LANGUES AliAUÀ 83

en face de d'ziipuri, queue (K), ymare-m, queue d'un chien (Y), en face de i-baku, poitrine (K), baki-ni, mamelon d'un chien (Y).

Signalons enfin deux exemples où le sens du suffixe -ni n'est pas spécifié, comme dans les cas précédents :

atori-ni, âtûrl-ni, ongle, à côté de âtaru, i-tati-kuna-ni, cheveu, à côté de â-tati-konà, tàti-kôm.

Un suffixe verbal identique se rencontre fréquemment dans la même langue. Nous pensons qu'il ne doit pas être séparé du suffixe nominal, pas plus qu'en Kulina. En voici quelques exemples :

aua-ni, aller,

dami-ni, s'en aller,

id\ume-ni, avaler,

na-bohe-ni, battre [u-hahi (P2)j,

oaui-ni, boire,

iua-ni, se brûler [iwâ-nana, se

chauffer (K6)], baka-ni, casser,

itari-ni, placer quelque chose sur

la tête, ahi-ni, coïter, gémir, uirokâ-ni, cuire, pete-ni, déchirer, wazj-ni, mordre, kabi-ni, tayi-ni, manger.

Le Paumari suffixe aux noms des parties du corps soit la particule -i, -ii, soit la particule -ni. Encore que nos informateurs aient noté le fait sans en donnerl'interprétation, nous pensons que le premier deces suffixes est l'équivalent du suffixe masculin du Kulina, et que le suffixe -ni correspond, comme dans les dialectes précédents, au féminin-neutre. Voici les quelques faits sur lesquels nous nous appuyons pour proposer cette double assimilation. Le mot qui désigne le « père » porte le suffixe -i '. bi-ï, bl-î, bi-y, tandis que celui qui désigne la «jeune fille » porte le suffixe -ni : i-maina-ni, de même que les mots qui désignent la « fleur » : aua-bunu-ni, et le « fruit », âwibdno-ni. Enfin, lorsqu'un mot portant le suffixe masculin -i, -ii est employé pour désigner un objet inanimé, il prend le suffixe -ni '■ c'est ainsi que daiue-ii, dâma-i, pied, devient dans le mot composé qui désigne la « racine » (litt. : pied de l'arbre) : àwà-dâmâ-nï.

Voici toute une série d'exemples, qui prouvent combien est général en Paumari ce double emploi des suffixes -i, -ii et -ni :

ku-na^a-i, kâ-nâda-n, menton, ka-karu-i, cou de pied, ka-pahe-ii, kâ-baha-ïi, cuisse, ka-tuna-ii, ganglions cervicaux, kâa-i, nombril, ka-ibasa-i, omoplate, ka-gane-ii, ventre,

ka-moe-ni, cerveau, ka-tate-ni, moelle épinière, ka-nabili-ni, coeur, ka-iaru-ni, côte (os), mandibule, ka-caru-ni, crâne,

ka-ita-ni, sâa-i ka-idâ-nï, dos de la main,


84 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

ka-navâ-i, scrotum,

Qabunu-i, avant-bras,

inû-i, hut-i, dent,

nôkû-î, visage,

dame-ii, dama-i, pieds,

dadi-i, tête,

wq-l, coeur,

Qëe-i, doigt, main, sâa-i, doigt,

âta-i, front,

ka-dyotè-ï, genou,

â-wdi-i, a-uel-i, jambe,

nûku-i, oeil,

murubu-i, môrôbâ-î, oreille,

bâê-ï, organe génital 9 >

a-Qaoi-i, peau,

a-bai-i, pénis,

a-maboku-i, talon.

ka-hicu-ni, estomac,

ka-itsa-ni, intestins,

ka-dyuri-ni, talon,

ka-toroloro-ni, poumons,

ka-ida-ni, sourcils,

Gëe-ï ka-nakdï-ni, sâa-i kâ-nâkôdi-nï, ongles, dâma-i kâ-nâkôdi-nï, ongles des pieds,

dama ka-nanaua-ni, gros orteil,

dama ka-Qeaga-ni, 5me orteil,

dame-i ka-b-odi-ni, plante du pied, ka-b-oti-ni, Qee-i ka-b-udi-ni, sââ-i M-b-ôdï-nï, paume de la main,

ka-nadai kedani-ni, nâdâi kûsaul-m, barbe,

napïhote-ni, bile,

dadika-aû-ni, dâdi-kâ-fo-nî, cheveux,

â-sâjï-ni, peau,

• ka-aha-ni ka-uwa-ni, grandes côtes,

bakore-ni-haua-ni, épine dorsale,

nei-ni, foie,

iyi-kanaboaya-ni, lèvre inférieure,

uiridi ka-uài-ni, nez, dyeoi-hodi-ni, anus, keha-udi-ni, oreille, guonihoti-ni, rectum,

hôdi-ni, labret [vraisemblablement: perforation de la lèvre],

mata-i-odu-ni, nuque,

nôkû-H bâdâ-ni, oeil,

dyaru-ni, os,

makôï-ni, mâkôî-ni, poitrine,

masihani-bata-ni, rein,

nabile-ni awa-ni, vertèbres cervicales.

L'Arauâ fait sans doute la même distinction. Dans le très court vocabulaire que nous possédons de cette langue, nous avons en effet awa-safiny, canot d'écorce, dont le sens exact est « peau d'arbre » (Cf. â-sàfl-ni, a-fta-fi-i, peau, en Paumari).

En définitive, il nous semble qu'on peut admettre que, primitivement


LES LANGUES ARAUÂ 85

tout au moins, les langues du groupe arauâ distinguaient le masculin du féminin-neutre de la façon suivante :

Masculin. Féminin-neutre.

Kulina -wi, -i ou rien -ni

Paumari -i, -ii -ni

Yamamadi rien -ni

Araua ? -ny

Le Kulina marque aussi la distinction de genre par l'opposition de la finale -i (masculin) à la finale -u (féminin), procédé qui est général dans les langues de la famille arawak (1, 3-4) :

ahaha-ri, celui-là, ahià-ru âda-ni, cette vieille,

i-tawa-ri, ami, i-tawa-ru, amie.

Lorsque l'on parcourt nos vocabulaires, on est frappé du grand nombre de mots qui se terminent en -ri, -ari, -hari, -ru, -aru, -haru. Encore que nos documents ne nous permettent pas de le démontrer, nous pensons que ces terminaisons, où apparaît l'opposition de i à u, signalée plus haut sont identiques aux désinences de genre employées par les langues du groupe arawak pré-andin, -ri masculin, -ru, féminin (19, 861-862, 873, 882-883). Voici des exemples de ces suffixes kulina :

mahuna-hari, apprivoisé, giti-na-ari, arracher le manioc, tsuké tuka-na-ari, attacher, ikaku-na-hari, il y en a beaucoup, tukamaru-ari, cueillir, daku-na-hari, cuire, kabi-na-ari, égal, uditu-ari, enterrer, daku-ari, faible, guki-na-ari, fouet, . cana-hari, four à manioc, . ituka-ari, ikute-ta-ari, beaucoup, aisubu ahaima-na-han, les blancs, tabise-ari, boucan, boucaner, puna-ari, à côté, hadi-na-ari, gronder, garinuna-ari, minuit, tusunipa-ari turihan, 4 heures,

kumana-hâru, à qui est-ce ? ti-madza-aru, menteur, amunehe ti-kahe-aru, tu es marié ? tia-pe ibu-ta-aru, tues paresseux, ti-kani-haru, ti-kani-hâru, va-t'en ! bori-aru ikuburi, agenouillé, même tuka-aru, âme, gei-na-aru, s'arrêter, gakanari-aru, assiette, ituka-aru, assez, mapuza-aru i-nuku, aveugle, api-na-aru, se baigner, keeke-na-aru, se balancer, u-heta-aru, balayer, Zukutini-aru, en bas, gaka-na-aru, uriza-na-aru, bâton, ZU-aru, bâtons à feu, izpdoni-na-aru, cylindre,


86 SOCIÉTÉ DES AMÉR1CANISTES

uariga-ari, 10 heures, genekusa-ari, 13 heures, ïka-ari, 18 heures, kaciwa-ari abariku, 20 heures, nara-nuku niadiha lûha-hari, les Kurina sont nés du noyau de

jac3r, nihira-ari, léger, kàri-ari, lentement, duri-ki-ta-ri, je suis malade, makuku-hari, maku-ari, moustique

mucui [makuku, papillon], mafuza-ari, mourir, kuna-ta-ari, nager, yâtsana-hari, notre tribu, tutue kana-ari, peu, Zuku-ta-ari, pioche, planter, cite-ta-ari, vite, butuka-na-ri, tuer, azira-ari, triste, ibu-ra-hari, travailleur, gâta maru-ari, toit, ibana-hari, rôtir, itaka-hari, réunion, ete. . . ete...

Zua-ta-aru, danser,

ika-aru, dehors, finir, se promener,

ada-aru, ^ada-âru, dormir,

lubika-haru, écume,

gina-aru, écume du fleuve, creuser,

ita-waribu-aru, entendre,

apuri-ma-haru, éteindre,

mafuza-aru, mort,

kakadi-ma-aru, éventail,

apuni-rna-haru, éventail, feu,

atsi-na-ru, éternuer,

ô-na-haru, j'ai déjà fait,

i-tâti banabana-haru, avoir la fièvre,

kara-aru, fort,

kai-na-aru, se battre,

ipu-aru, po-aru, boire,

ga-haru, branche,

ibu-ra-aru, travailler,

aku-waru,waku-aru,aku-aru, cabiai,

pukui-na-aru, se cacher,

kena-aru, calebasse-sonnaille,

pasa-ka-na-haru, pasa-na-haru, canne à sucre,

tini-na-aru, caresser,

awi-aru, carré,

kawani-aru, cercle,

tuka-aru, chat sauvage,

itati-kuna-ni teri-na-aru, couper les cheveux,

kawa-haru, coca,

i-puri-aru, se coucher,

u-kana-aru, couper,

nuku-bihi tsukera-aru, couvercle, porte,

petui-na-ru, cracher,

. kapudzëra-aru, croix, etc. . . etc. . . .

Il faudrait ajouter encore à cette double liste les diminutifs en biri-ari ou biri-aru, et les augmentatifs en pula-ari ou pula-aru, dont nous parlerons plus loin.


LES LANGUES ARAUA Ol

Les deux suffixes que nous venons de signaler se retrouvent en Yamamadi. Nous supposons qu'ils doivent être interprétés comme en Kulina. En voici des exemples :

w-ata-ri, nettoyer [u-heta-aru, balayer, en Kulina],

i-kamita-ru, allons-nous-en !

i-punda-ru, s'asseoir,

tsuina-ru, balancer,

rubei-na-ru, balayer,

patsu puw.i-ru, boire de l'eau,

uri-na-ru, rame,

arikata-ru, manger,

maxuni ida-ru, être pourri.

En Paumari, nous n'avons trouvé que les quelques exemples suivants des suffixes -ri, -ru, -ra associés à un autre suffixe -ki, sur lequel nous reviendrons plus loin :

bleu, boru-ru-ki \bari-{bunu-biri-aru), (petit fruit) bleu (K2)J, blanc, wavu-ri-ki, noir, pur u-ri-ki, nègre, puru-ru-ki, rouge, nata-ra-ki.

Nombre. — Deux particules servent en Kulina à indiquer le pluriel :

-déni et -dehe, -deha :

tes gens, ti-ka-deni madiha [ti-ka, tien],

vous autres, tia-deni [tia, toi],

je vais vous tuer tous, tia-deni tonana bakiha naharu,

je suis venu vous voir, tea-deni katade,

vous, quelles gens êtes-vous ? tea-deni nâekuÇare) madina ?

ceux-là, ahari-deni [ahahari, celui-là],

eux, paakaâri-deni [paakaâre, celui-là],

vous êtes fâchés, buke i-ti-deha,

hommes grands, maki-dehe abu-tziba-wi [maki, homme],

les hommes chantent, maki-dehe i-hiri-na.

Il s'ensuit que les mots de notre vocabulaire : maki-dehe wahi-ta-wi, homme haut, maki-dehe bedi, garçons, sont des pluriels méconnus. Il se peut que le pluriel féminin soit marqué par -he :

amune-he i-hiri-na, les femmes chantent,


88 SOCIÉTÉ DES AMERICANISTES

amune-he wapima ibu-bula-ni, toutes les femmes sont paresseuses, amune-he abu-ni-tziba-ni, femmes petites.

Pronoms personnels. —En voici la liste incomplète, telle qu'elle nous est fournie par nos divers informateurs :

Kulina. Yamamadi. Paumari.

I I. wa, wa-pe, iwa-pe, u-ni, o-wànï,

Singulier f^*Q),

I 11. ha, ha-pe, ah, ï-wam,

\ III. ? heyara, ïônyâ,

il. wâa, ? ?

wa-pi-ma, nous tous, i-kaQ) ' II. tea-deni, ? ?

tia-deni, vous autres, i-ti-deha, ? ?

III. paakaâri-deni.

Pronoms possessifs. •— Nous ne possédons quelques renseignements que pour le Kulina :

Singulier 1. u-ka, c'est à moi,

II. ti-ka,

III. inede-ka,

Pluriel I. i-ka.

Ces pronoms sont donc formés par l'addition au radical du pronom personnel, soit à un autre radical, du suffixe -ka. Nous verrons plus loin que cette particule est employée pour la formation de phrases nominales. La traduction exacte est donc celle qui nous est donnée pour la première personne, c'est-à-dire que ti-ka signifie « c'est à toi », ete

Préfixes pronominaux et possessifs. — Comme toujours lorsqu'il s'agit de langues américaines, il est plus facile de retrouver le vrai système pronominal par l'étude des préfixes. Voici à ce sujet les renseignements que nous fournissent nos vocabulaires :


LES LANGUES ARAUA

89

Première personne du singulier.

Kulina.

u-denepe, mes testicules,

u-ka tepe, mon pagne,

u-k'-asi, ma soeur,

u-k-atu, u-k'-alu, u-k-atû, u-k-ato,

ma fille, u-H-amunehe, u-ka amunehe, ma

femme, u-k'-ami, ma mère, u-k-ute, mon frère aîné, u-ka ômini terana u-ka sâku~za, mon

épi est-il dans mon sac ? w-akama, mon fils, wa-uni-ni, mon nom, u-ka-pina-ni, j'ai peur, u-pémi-ni, j'ai faim, u-ka-maki-hâni-ni, je suis mariée, û-ipa-na, je veux manger, paema u-nani, je ne veux pas, kumunahare u-kahe-naharu, qui

épouserai-je ? u-kahe-na, j'épouse,

u-ka dzuka bute-nani> ']'ai envie d'uriner, u-kani-ni, u-kani-ne-tui,]e m'en vais, u-buke-ni, je suis en colère, we_se-ni u-ka-madiha, je suis Blanc

[= ma tribu est blanche], har-u-ka, c'est à moi, ô-naha-ru, j'ai déjà fait, wa-sinaha, je me promène, wa-muta, moi seul, wa~za hada-ta-hu, donne-moi [à

manger], wa-tza paso z^-tiana, demander de l'eau pour boire [= à moi eau pourboire], wa-pe zjitu-de, je vais derrière, wa-pe tai-de, je vais en avant, wa-zutu-de, je suis derrière, tia-wâ-tiha-e, fornique-moi ! v-âpo-iiâ-ni, j'éteins, i-wa-pe wese-ta-ni, je suis Blanc.

Paumari.

u-gura-na, ma maison. ô-kowâmûnï, ô-kowâmunikï-hô, je suis

malade, u-ga-ki, je sais, u^ga-rihi-da, je ne sais pas, kâdânyâ ô-kâkl-ho, je vais, ô-kâràbôa(n) kibânâ-ho, je désire

chasser, ô-wâdi kïbânû-hb, je désire dormir, hidânidzp- w-igâminl kowâmunï, mes

frères étaient malades hier,

fôkaimâ w-ïgâminî kowâmunï wâbïnï, mes frères seront malades demain,

ô-n-àbïni, j'ai tué,

ikuatia u-n-ahabini-ki, je veux tuer,

bâhàmà D-kâbûrû kïbânâ-hb, je désire aller pêcher,

ô-kànâhàkïbânâ-ho, je désire me baigner,

ô-kârùbôâ-dza, je suis allé chasser.

Outre ce préfixe possessif de la première personne, le Paumari paraît en posséder un second : kit/i, kodi, kui. En vérité, nous ne pensons pas


90 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

qu'il en soit ainsi. Nous croyons que ce pronom possessif est composé du préfixe ka- qui sert, comme nous le montrerons plus loin, à former des phrases nominales, de la particule pronominale ou possessive u et d'un suffixe -ti, dont nous trouverons l'équivalent dans un dialecte apparenté au Paumari {-ta, en Kulina. Cf. p. 98) ; suivant cette interprétation, tous les exemples suivants ne sont autres que des phrases nominales méconnues :

k-u-ti iOai-i, k-o-dï sai-ï, mon fils, k-o-di ka-iû, mon frère, k-u-li ka-idyu, mon frère cadet, k-u-i ahaf>u, mon oncle,

k-u-ti gamu, ma femme, k-u-ti adyu, mon frère aîné, k-u-li ebiaOi, mon neveu, k-u-ti dyori, ma hache.

Yamamadi. Le seul exemple que nous possédions ati-dani, je donne, est évidemment une erreur, puisque ati signifie « tu ». Ce mot doit donc être traduit « tu donnes ».

Deuxième personne du singulier. Kulina.

li-pano, ta joue,

li-k-atu u-kahe-na, j'épouse ta fille,

ti-ka uza, ta maison,

ti-ka madiha, ta tribu,

ti-ka-deni madiha, tes gens,

tia-uni, ti-une, tea uni-ni, tea une-ni,

ton nom, ti-ka-ni-haru, li-ka-ni-hâru, va-t'en ! ti-kani-i, va là-bas ! ti-iare-he, lè-tare-hi, appuie ! ti-ka-sina tepi-ta-he tomi-nana, fais

un cigare pour que je fume ! ti-mita-kita-he, as-tu entendu ? amunehe ti-kahe-aru, tu es marié ? ti-kahe, amunehe li-kahe-o, épouse !

ti-kahe-o u-k-atu, u-k'-atu ii-kahe-o,

épouse ma fille ! ud-za ti-kani memana-he, couvre la

maison ! haru-ti-ka, c'est à toi, tya-pina-ni, tu as peur, tia-wana, viens casser ! tea-wati-de, tia-wati-nahâru, cause ! tia-wâ-tiha-e, fornique-moi ! tia-zutu-de, toi derrière, lia tai-de, va en avant ! tia-o-hana, fornique ! tea uhari terenehe, tu es venu seul ? tia-pe ibu-ta-aru, tu es paresseux, neku madiha-ha, est-ce toi ?

Yamamadi.

ti-kainila, marche !

ati-dani, tu donnes [traduit par erreur : je donne]. •

Paumari. Pour cette langue, nous n'avons qu'un exemple qui nous paraît douteux :

i-gura-ni, ta maison.


LES LANGUES ARAUÂ 91

Troisième personne du singulier. Kulina. 1-ipa-ri-aru, il mange beaucoup, a-r-ipi-nu-na-aru, il mange peu, même lu-eta-aru, il est haut, hâpi-de tu-ka-ni-ni, il est allé se baigner.

Paumari.

gura-harehu, sa maison.

Première personne du pluriel.

Kulina.

i-ka madiha, notre famille.

Yamamadi.

i-kumina, allons manger ! i-kamita-ru, allons-nous-en !

Paumari. â-wâdi-âwâ, allons dormir ! arabû-a-(g)aukâma, allons à la forêt !

Deuxième personne du pluriel. Kulina.

buke i-ti-deha, vous êtes fâchés.

Troisième personne du pluriel.

Kulina.

maki-dehe i-hiri-na, les hommes chantent.

Pour les première et deuxième personnes du singulier, les données sont concordantes.

Pour la troisième personne, il y a du flottement. En Kulina, nous trouvons deux préfixes, l'un %-, l'autre tu-. H se peut que nos langues du groupe arauâ, comme les langues du groupe arawak préandin (19, 869), possèdent une double série pronominale ou possessive, correspondant au masculin et au féminin-neutre : ?- serait l'équivalent de i- du Kampa, du Piro et de lTpurinâ, pour le masculin, tu- l'équivalent de to- tudu Piro, pour le féminin (0- en Kampa, o-, u- en Ipurinâ).

Pour la première personne du pluriel, seul le préfixe â-, a- du Paumari correspond au préfixe a- du groupe arawak préandin.

Quant à la deuxième personne du pluriel, elle paraît simplement for-


92 SOCIÉTÉ DES AMÉR1CANISTES

mée en Kulina avec le radical de la deuxième personne du singulier, auquel est suffixe l'indice du pluriel -deba.

A l'aide de ces données, il est aisé de se rendre compte que nos vocabulaires renferment un très grand nombre de substantifs et de verbes précédés d'un préfixe pronominal ou possessif, bien que l'informateur ne l'ait pas noté. Les exemples abondent surtout pour la première personne :

Kulina.

wu-idzii-ne, ventre, u-zipe, main, o-biri, u-bexe, bras, u-panaku, cuisse, u-pituhu, genou, u-puri-na, se coucher, wa-bori, hache, w-arine, intestins, w-asare, aisselle, u-amumi, sang, w-amide, canot, w-ambi, mère, w-abi, père,

w-cbenô, w-ebenu, langue, w-ebite, joue, w-ebele, menton, w-ebete-kuni, barbe, w-ebete-tuna-ni, mandibule,

u-zuxuri, mamelle,

u-bakû, poitrine,

u-nasupe, salive,

u-bixi-zutuh, coude,

u-nuku, oeil,

u-ka-pine-i-ra-pe, courage [= je n'ai

pas peur], w-alibu, w-aribû, w-aribu, oreille, w-amuri, pied, w-aturi, w-eterû, peau, w-abu, w-abû, w-abà, beau-frère, ■ w-axale, w-axari, bouche, w-abuni, couteau, w-atsalê-ba, w-asari, front, w-itzuhu, w-isô, jambe, w-ene, nez,

w-ene-udi-ni, narines, w-epe, nombril.

Yamamadi. w-arini, cils, v-àrâbô, oreille.

Paumari. u-ala, front, u-bahi, battre.

Arauâ. u-safâ, main, o-tamâ, pied.

Il est vraisemblable également que les trois mots kulina suivants correspondent à la troisième personne du singulier masculin :

lu-lati, têle ). »,, , . . .»,

> a cote de laie, i-tah, tête, tu-tah tsereri, peigne )

to-ati, idiome [à côté de ete, eti],

tu-ane-ka, croissant de nacre [à côté de en'o-ka lu-epu-ka ; aie ^nez],

énô-ka tu-epu-ka, croissant de nacre pour la lèvre [ipû, lèvrej.


LES LANGUES ARAUA

93

En résumé, il nous semble qu'on peut, avec quelques réserves, dresser le tableau suivant des préfixes possessifs et personnels de nos quatre dialectes :

Kulina. Yamamadi. Paumari. Arauâ.

lre pers. sing. u-,o-,w-,v-, w-,v- u-, ô-, w- u-,owa-

u-,owa-

2e pers. sing. ti-, tia-, tea- ati-, ti- i- ? ?

( ,a3e

,a3e sing. | Ç -neutre ? ? ?

I tu-, iolrepers.

iolrepers. i- i- â-,a- ?

2e pers. plur. i-ti-deha ? ? ?

3e pers. plur. i-} ? ? ?

Article déterminatif. — Il semble que nos langues emploient, comme les langues du groupe arawak préandin (19, 87 1-872) et comme beaucoup de langues arawak (9, 520-522), le préfixe pronominal ou possessif de la troisième personne du singulier comme article déterminatif.

En Kulina, nous relevons dans nos vocabulaires un très grand nombre de substantifs et de verbes avec le préfixe i- ou e-. Il ne nous paraît pas vraisemblable que ce préfixe représente la première personne du pluriel et dans les exemples suivants, cette interprétation ne saurait évidemment convenir : -

dzahû i-dyepe, main de Dzahû, a\ahû i-bihi, bras de Dzahû.

Voici quelques exemples de ce préfixe en Kulina :

i-sipe-kuri, i-cebe kuri, épaule,

i-mato, cou,

i-Zehe, ventre,

i-tatakari, pomme d'Adam,

i-pahû visage,

i-nuku, i-nuku-ci, oeil,

i-bii, i-bihi, bras,

e-bi-z}ilu, i-bii-zuiu, coude,

i-kuburi, i-kobuli, genou,

i-tati, tête,

i-lati-kuna-ni, i-tati-kune, cheveux,

i-panuku, cuisse,

i~Z}tpe, i-yepe, main,

e-nede-kuna-ni, i-nede-hme, barbe,

e-nede, menton,

i-dru, ventre,

i-ZÛputi, pénis,

i-baku, coeur, jjoitrine,

i-s~epe-tene, tronc (corps),

i-emene, sang,

i-nukalsi, i-nukuci-kuna-ni, cils.


94

SOCIÉTÉ DES AMÉ1UCANISTES

Le préfixe correspondant en Yamamadi est i-, à-, e- ; l'équivalence de ces trois formes nous paraît certaine. Les différences de notation paraissent dépendre des informateurs. Le Père Tastevin a toujours noté i-, Ehrenreich à-, et Steere e-.

Il est à remarquer que, dans le dialecte recueilli par le Père Tastevin, lorsque le radical commence par une voyelle, on interpose, entre lui et le préfixe, un w ou un i euphonique.

i-kuburi, genou, i-lanikuaru, visage, â-ànu, i-w-enu, dent, à-hoiokuri, gorge, à-nàM; ë-nëdé-kôiie, menton, i-depo, à-t)àyà, main, â-manu, i-bihi, bras, à-Qôuî, pénis, à-zanaku, cuisse, i-iati, à-lati, tête, à-dàeâ, peau, â-turu, ventre, à-yedabu, avant-bras, i-w-aripu-ini, oreille, i-w-ipu, bouche, lèvre, i-w-ena, nez, i-pundaru, s'asseoir,

i-dehe, ventre,

i-panaku, à-à%u, jambe,

i-duhuri, mamelles,

à-dz_ueali, poitrine,

à-da-nâ'sà, scrotum,

à-yubati, genou,

i-tati-kuna-ni, à-tati-konà, cheveux,

â-naumidï, cou,

i-nuku, â-nuk-bodi, oeil,

à-Qubori, nombril,

à-dâmà, pied,

à-màtà, anus,

à-n-okû-balw, front,

i-b-amuri, pied,

i-we-nute-kuna-ni, barbe,

i-w-epenu, langue,

i-b-itsu, mollet.

En Paumari, le préfixe correspondant paraît être a-. Sans doute pourrait-on interpréter ce préfixe comme celui de la première personne du pluriel, mais cette interprétation ne convient vraiment pas aux exemples que nous avons relevés ; en outre, il existe une correspondance phonétique régulière entre à, e, i kulina et yamamadi et a paumari et arauâ. En voici quelques exemples :

langue, ebenu (K), ëbënè (Y),

menton, à-nà%â (Y), e-nede (K),

peau, â-dàfâ (Y),

pied, lime (Y),

main, u-\ipe (K), i-depô (Y),

sang, emene (K),

pécari, nubeze (K),

abani (P),

ku-na^a-i (P),

a-baai-i (P),

dâma-i (P), o-iamâ (A),

u-sajâ (A),

amâ (P),

nubasâ (A).


LES LANGUES ARAUÂ 95

Voici la liste des mots paumari qui présentent ce préfixe :

' a-mabokui, talon, a-sara, rate, a-matusi, épaule, â-wili, s'asseoir.

a-bai-i, pénis,

a-§a<si-i, â-sâfï-nï, peau,

a-uei-i, â-wai-ï, jambe,

Il existe également un préfixe a- en Kulina et en Yamamadi. Nous inclinons à penser qu'il est aussi l'équivalent du préfixe i-, e-, â- de ces langues. En effet, la correspondance vocalique, que nous venons de signaler entre le Kulina et le Yamamadi d'une part, le Paumari et l'Arauâ d'autre part,.se retrouve à l'intérieur même du Kulina et du Yamamadi, quoique d'une façon beaucoup moins générale. C'est ainsi que nous avons :

oreille, eribu (li-K^),

trou auditif, eribu-udi-ni, (K), hodini

hodini peau, w-eterà (Kt), eteru, cléru (Ks),

pécari, ânubeze (K5),

pied,emuri(K),

idiome, ete, cti (Kc),

chicha, iâpapehene (K„), pàhànâ (Y),

bouche, eheri (Ke), àhàro-di (Y),

front, etseri (KG),

sang, i-emene (K7), emene (K2-K6),

froid, tziri-ni (K3),

w-alïbu (K3), w-aribû (K4), w-aribu (K6), i-w-aripu-ini, trou auditif (Y,), v-àrâbô (Y(),

w-ada-na (K,),

tipari-edaru, écorce de banane (K2), w-aturi(K:i), aiori-ni, écorce (Y),

anubeza (Y:j),

âmuri (K6), i-b-atnuri (Y5),

to-ati (K6),

tapa pahani (K6),

w-axale (K3), w-axari (K4), ahari (K2), aâri budi (K,),

w-asari (K4), w-atsalé-ba (K3),

amani (K2), «ma (K2-K3), haman

(K4), ' ^ara-«î'(K2).

Voici quelques exemples du préfixe a- en Kulina et en Yamamadi :

Kulina.

a-gagi, gorge, a-kukuri, intestins, a-dui, poitrine,

Yamamadi.

a-uidi, nez, a-yôti, anus, a-dyukori, coude, a-uidodi, narines.

Phrases nominales. — Nous avons signalé, dans un travail antérieur, que l'Ipurinâ construit, à l'aide d'une particule spéciale, ka, des phrases


96

SOCIÉTÉ DES AMERICAN ISTES

nominales et montré qu'il y a des vestiges de ce procédé en Piro et en Kampa (19, 879) ; il s'agit d'ailleurs d'une particularité propre à un grand nombre de langues arawak (1, 10).

Il semble qu'il en soit de même dans le groupe arauâ.

En Paumari, le fait apparaît nettement dans les phrases suivantes :

hîhîdâ waini k-âbâ-kî, la rivière a beaucoup de poisson [abâ, poisson (K)] kânâwa kâ-dzâhâ-ki, j'ai un bon canot [dzâhâ-mâni, bon], ka-dyaha-i'-ki, être enceinte [zaha-tani, plein, (K)].

Outre ces cas typiques, notre vocabulaire paumari renferme un très grand nombre de mots précédés du préfixe ka-, qui sont, sans doute-, des phrases nominales méconnues par nos informateurs :

ka-nada-i,kâ-nâda-ii, menton [é-nede

(K,)J, ka-tate-ni, moelle épinière, ka-iaru-ni, côte (os), mandibule

[dyaru-ni, os (P2)], ka-aha-ni ka-uwa-ni, grandes côtes, ka-caru-ni,crâne [dyaru-ni, os (P2)], ka-hicu-ni, estomac [izu-ne, ventre

(KOJ,

ka-idyu, soeur [atu, soeur (K3)],

ka-tuna-ii, ganglions cervicaux,

kâ-a-i, nombril,

ka-gane-ii, ventre,

ka-loroloro-ni, poumons [à-luru, ventre (Y)],

dëe-i ka-nakoï-ni, sâa-i kâ-nâkôdi-nï, ongles des mains, dâma-i kânâkôdi-nï, ongles des pieds [nukusi-ni (K:i)],

ka-mukukuyu, papillon [mahikû

(Ko)],

liâ-ûdzj-nï, fumée [odyi, fumée],

ka-dyuri-ni, talon,

sàbo.u kâ-pâumâri, clan de la loutre,

mâdzûri kâ-pâumâri,clan du vautour,

bâsûri kâ-pàmwâri, clan du dauphin.

ka-moe-ni, cerveau,

ka-nabili-ni, coeur [nâbïdi, nâbîdi,

cou], ka-paci, fausses côtes, ka-karu-i, cou-de-pied, . ka-pahe-ii, kâ-bâha-n, cuisse, ka-ilsa-ni, intestins [id^u-ne, ventre

(K)l, ka-idyu, frère cadet \_a\u, frère (K7),

ayû, frère (Y), ad-zjû, frère (P),

atu, frère (K3-K2)], idridika-udi-ni, nez [ene-udi-ni, nari■ nes(K-K2)], ka-ibasa-i, omoplate, ka-na$â-i, scrotum [napa-ni, oeuf

ka-ida-ni, sourcils [u-ala, âta-i,

front], dadi-ka-où-ni, dâdi-kâ-JÔ-nî, cheveux

[dâdi, tête], arakawân-ka-gâmu, poule [gamu,

gâmo, gamû, femme], arakawân-ka-makura, coq [mâkerâ,

homme], kâsïï kâ-pâumâri, clan du crocodile, hlrârï kâ-pâumârî, clan du pécari,


LLS LANGUES ARAUÂ 97

Nous avons interprété également comme phrases nominales certains mots paumari précédés d'un préfixe possessif de forme insolite (Cf. p. 89-90).

Il est à remarquer que, de même que nous avons déjà eu l'occasion de le signaler en Yamamadi (p. 94), le Paumari intercale parfois un b entre ce préfixe et le radical, quand celui-ci commence par une voyelle :

paume delà main, ka-b-oti-ui,Oee-i-ka-b-udi-ni, sâa-i kâ-b-ôdï-nï; plante du pied, dame-i-ka-b-odi-ni [udi-ni, trou (K6)].

En Yamamadi, nous n'avons qu'un exemple de cet emploi de ka '.

kâ-rôwï, épaule, dont le radical se retrouve en Kulina dans le composé rui-tune, creux de l'épaule [= en réalité, os de l'épaule].

Le Kulina emploie la même particule dans les mêmes conditions. Nous n'en voulons pour preuves que les phrases suivantes :

ka-btike-ra-ni, ka-buke-ra-ta-ni, il n'est pas fâché, kâ-pina-ui, il a peur, kâ-pina-wi, elle a peur.

Par suite, les mots suivants de nos vocabulaires:

weni-ka-pasu, eau de fleuve,

bihini-ka-pasu, eau de rivière,

e-be-kuta-ni ka-matsiri, bracelet de poignet, e-be-ka-matsiri, bracelet de biceps,

i-bii-ka dziidurinari, dessin de bras,

Zipu-ka-u\a, cuisine [— maison du feu],

tukurime k-iri-ta-he, le chant des lukurime,

doivent être traduits : « c'est de l'eau de fleuve, c'est un bracelet de poignet », etc., de même que deni-ka zoato signifie exactement « celles-là sont jeunes, ce sont des jeunes filles ».

La preuve que la particule ka ne saurait être interprétée comme un suffixe de déterminé ou un préfixe de déterminant, comme certains des exemples ci-dessus pourraient un suggérer l'idée, c'est que nous avons des exemples qui démontrent que le Kulina, comme un très grand nombre de langues sud-américaines, n'emploie aucun affixe pour marquer la relation du déterminant et du déterminé et se contente de juxtaposer les deux mots, le déterminé précédant le déterminant ; c'est ainsi que iipari edaru signifie « peau de banane », itnetô tuna-ni, « os de la fesse, hanche », etc..

Nous pensons que c'est le même suffixe -ka que l'on retrouve en Kulina dans les mots u-ka, har-u-ka, c'est à moi, bar-u-ti-ka, c'est à toi, et dans les adjectifs ou pronoms possessifs ti-ka, tien, inede-ka, sien, i-ka, nôtre.

En Kulina, lorsque la même particule est suffixée, elle peut, semble-t-il, être traduite par « ce qui se rapporte à » :

Société des Américanisles, 1938. ~i


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SOCIÉTÉ DKS AMÉIilCANISTES

Saxi-ka, ce qui appartient à Saxi, emuri-ka, savate [emuri, pied], i-mdlu-ka, collier [mato, cou],

aâri-ka, dessin qui s'étend de la lèvre aux oreilles [ahari, bouche], i-baku-ka, dessin de poitrine [i-baku, poitrine], bii-ka, bracelet de biceps [i-bii, bras], ebetô-ka, peinture de la joue [ebele, joue], i-panu-ka, dessin du front [i-panu, front], ipu-ka, dessin du front (?) [ipû, lèvre], i-be-kuta-ni-ka, bracelet [i-bii kuta-ni, avant-bras],

enô-ka-lu-epu-ka, croissant de nacre ornement de la lèvre inf. [aie, nez, ipû, lèvre],

tu-ane-ka, croissant [aie, nez].

Infixé -ta. — Un très grand nombre de verbes et d'adjectifs kulina présentent l'infixé -la-, associé aux suffixes -ne, -ni, -wi, -hari, -ari, -haru, -aru, qui, ainsi que nous l'avons montré, marquent le genre, et aux suffixes -he, -hi, -ha, qui marquent l'impératif, comme nous le montrerons plus loin :

mahi-ta-wi même, haut,

maki-dehe wahi-la-wi, hommes

hauts, wahi-la-ni, il est loin, waxi-ta-ni, loin, bas, large, long,

haut, wâi-ta-ni, loin,

waxi-xa-la-ni, wai-ra-ta-ni, près, waxi-ra-ta-ni, court, waza-ta-ni, maigre, kuma-ta-ni, malade, blessé, kuma-la-wi, malade, w-amuri kuma-ta-ni, mon pied

malade, amunehe tati-ni kuma-ta-ni, la

femme a mal à la tête, kana-ta-ni, kànaha-ta-wi, lourd, wadixa-ta-ni, sumu-ta-ni, vilain, wâidird-ta-wi, elle est furieuse

contre lui,

mapara-ta-ni, violet [mapôra-ni, violet],

bida-ta-wi, amev[bida-wi, manioc],

meme-za-ta-wi, haut [meme-za, au ciel],

wâpi-la-ni, wâpi-ta-wi, beaucoup [wapi, beaucoup],

pûka-tâ-ni, touffu [puka-ni, broussailleux],

wapiniwi witou-la-ni, corps propre,

w-apu-ta-ne, éteint,

seri-la-ni, siri-ta-ni, froid [tziri-ni, froid],

bika-ta-wi, bon [bika, bon],

bika-ta-ni, neuf, propre,

maki bika-ta-wi, homme beau,

amune bika-la-ni, femme belle,

bika-ta-wi, être bien portant,

ba-ta-ni, pourri,

Zaha-ta-ni, plein,


LES LANGUES ARAUÂ

99

wâdira-tâ-ni, il ne vaut rien, ahari paso waidera-ta-ni, cette eau

n'est pas bonne, ibu-tâ-ni, t-ibu-ta-wi, paresseux

[ibû, paresseux], u-ka amunehe ibu-ta-ni ibu-bule, ma

femme est paresseuse, amunehe wapima ibu-bu-ta-ni, toutes

les femmes sont paresseuses, wapiniwi mawa-ta-ni, corps sale

[mawa-ni, sale], kâ-pina-ta-wi, sauvage [ka-pina-ni,

peur], kara-ta-wi, dur [kara-aru, fort], zutuki-ta-wi, féroce, putâ-ta-ne, gros, pute-ra-ta-ni, fin,

badzi-ta-wi, plus gros [ban, gras], ese-ta-ni, sombre, kariyu ateru siba-ta-ni, Blanc aux

vêtements flottants, ptikd-ta-wi, pûku-ta-ni, chaud [puku-ni,

[puku-ni, i-wa-pe wese-ta-ni, je suis Blanc

[wese-wi, Blanc], nâwi-ta-ni, chose froide, muhunu-ta-wi, doux, sucré, buke-ta-wi, fâché [u-buke-ni, je

suis en colère], sipi-ta-ni, très fin [sipi, fin], arabû-ta-wi, homme grand, oki-ta-wi, oki-ta-ni, gros, grosse

[oki-ne, gros], se-ta-ni, ûku-ta-ni, sec, uku-ta-ni terenehe hawa, le bois

est-il sec? sikata-ta-wi, aigre [sikata, aigre], wapima xasi-ta-wi, tous assis [atsinana,

[atsinana, nami-za-ta-wi, bas [nami-za, sur

terre],

tâu-la-wi, blessé,

siwahâ-ia-ni, siwahd-ta-wi, clair

[siwabâ-bute, aube], tzibo-ta-wi, homme petit, pâha-ta-ni, pâha-ta-wi, mouillé, en

sueur [pahâ, eau (P-A.), pâha,

eau (Y)], kaldakura-ta-wi, méchant, unukuri wa-ta-ni, ivre, Zizi-ta-ni, obscur, meru-ta-ni, meru-ta-ni, glisser, pâtiti-ta-wi, briller, ehe-ta-ni, tu consens? Zfiri-ia-wi, manquer le but, sefr-ta-wi, manqué, berg-ta-ni, mouiller [bere-wani,

mouillé), ahâwai titaboo uwadire-ta-wi paizanehari,

paizanehari, vent a découvert le

toit, uri-ta-aru, jaune, tsidi-ta-aru, tirer à l'arc [dzsdi-nana,

va chasser !], doli-ta-haru, malade [duri, sorcier,

sortilège], ka-ta-haru, abattre la forêt [u-kana-aru,

[u-kana-aru, ciie-ta-ari, vite, ti-ka-sina tepi-ta-he, fais un cigare !

[tepi-nana, faire une cigarette], upina-ta-he, laisse-moi ! ti-mita-ki-ta-he, as-tu entendu ? sunu-ta-ni, je ne savais pas, tâda-la-ni, la pluie a cessé, samura-ta-wi ailsubu ate watina-wi,

il sait parler portugais, ati i samura-ta-wi, ati-tsamu-ta-wi,

il sait parler, kaitsa-ta-ni, ça démange, awatura-ta-ni, perdre, upâ-ta-ni, elle a fui,


100

SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

upa-ta-aru, courir,

uhe-ta-aru, balayer [ohe-nihi, nettoyer],

lia-pe ibu-la-aru, tu es paresseux,

Zua-ta-aru, danser,

kuna-ta-ari, nager,

Zuku-ta-ari, planter [z_uku-nihi, planter],

taba-ta-a.ru, voler,

'^âsi-ta-he,assieds-toi là! [atsi-nana,

s'asseoir], ete uni da-ta-ha, donne des noms

de chiens ! eleru ani-ta-hi, garde les habits ! pe-ta-he zfPu> évente le feu !

Il nous semble que nous avons dans cet infixe l'équivalent du suffixe -te du Kampa et du Piro, -ta, -ti de Tlpurinâ, qui, ajouté aux radicaux d'adjectifs et de noms, les transforme en verbes dénominatifs (19, 880881).

Cette interprétation nous paraît pouvoir être étendue sans difficulté aux pseudo-substantifs suivants qui se trouvent dans nos vocabulaires :

"sika-ta-ni, vin d'assaï [cf. sika-ta-ia-wi, aigre], se-ta-wi, baisse de l'eau [cf. se-ta-ni, sec], pûka-tâ-ni, brousse [cf. pûka-tâ-ni, touffu], Zâha-ta-ni, crue [cf. zâha-ia-ni, plein], Zuku-ta-ari, pioche [cf. zuka-ta-ari, planter],

û-tati kuma-ta-ni, douleur de tête [cf. kuma-ta-ni, malade = ma tête est malade],

tûba-ta-wi, cadavre, hxO-ta-ni, falaise, rive, tômai-ta-ni, 18 heures, ehee-ta-ni, pluie fine.

Adjectifs. — En Paumari, un grand nombre d'adjectifs se terminent

en -ki :

vert, kuri-ki (P2),

aigre, cïkâtâ-ki (P3) [sïkata (K3)],

beaucoup, àpoi-ki (P2), ïpoi-kï(P:i),

humide, abâ-kï (P3),

long, wada-ki (Ps),

blanc, wayu-ri-ki (P2),

noir, puru-ri-ki (P2),

rouge, nata-ra-ki (P2),

mauvais, dyahari-ki (P2) [dzâhâri

(P.)]. amer, ârâpâ-ki (P3),

doux, cinâ-kî (P3),

jaune, adi-ki (P2),

malade kâwâmûnï-kî (P3) [kauamum(P2)],

[kauamum(P2)],

bleu, boru-ru-ki (P2).

Dans trois cas, ce suffixe devient -ka, conformément à la tendance que nous avons déjà signalée dans cette langue de remplacer i par a :


LES LANGUES AR4UÂ 101

cïkâtâ-kà wâki, très aigre (P3), ârâpâ-kâ wâki, très amer (P3), cinâ-kà wâki, très doux (P3).

Ce suffixe se retrouve dans un très grand nombre de langues arawak (10, xvn, 240-241).

Diminutifs. — Les diminutifs sont formés en Kulina à l'aide des adjectifs bedi, biri, qui signifient « petit » :

bâri-bedi, hachette [bâri, hache], weni-b'edi, petit fleuve [weni, fleuve], maki-dehe bedi, petits garçons [maki, homme], aba-bedi, petits poissons^ poisson arawiri [abd, poisson], hawa-bede-ni, arbuste, awa-bedô-ni, bâton de moustiquaire, au-bede-ni, petits arbres [hâwa, arbre],

bari-bunu-biri-aru, bleu [litt. : petit fruit bleu : bonô, fruit],

bita-bedi, tante [bita, oncle],

bare-biri-aru, banane S. Tome [bare, banane],

t sibure biri-aru, sibure biri-haru, tortue tracaja [sibure, tortue yurara],

anupi biri-aru, anure biri-ari, aigrette [anupi, yabirû, cararâ, awapè],

karapu-ibede-ni, petit-fils [karapui, grand-père],

zulumibedi, cuati [zutumi, cuati],

koro-biri-aru, oiseau sai,

amâsiri biri-aru, pirapitinga [amâsiri, tambaki],

udza-biri-hari, palmier karanahi [ud\â, palmier karanâ],

maka biri-ari, Cophias alrox \maka, serpent sukuriyû],

aritse biri-ari, espèce de patate \aritse, patate].

Augmentatifs. — En Kulina, les augmentatifs sont formés à l'aide de l'adjectif ime-ni, ime-hi, grand et gros :

zâma ime-ni, grande forêt [dzanta, forêt j,

siba ime-ni, rocher [sibd, pierre],

weni m'e-i, grand fleuve [weni, fleuve],

ud\aime-ni, maison [udza, maison],

hidze ime-i, abeille arapuà j ,., . , ... -, ... .",.,, V-dri, abeille].

td-zi-me-i, abeille 1

On emploie de la même façon l'adjectif putâ-ta-ne, gros, et les suffixes

-bute, -bute-nani, qui ont la même racine :

arasu-puta-aru, jacareuba [arasu bede-ni, petit jacareuba],


102 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

aba-puta-ari, awa-puta-ari, aba-puta-ri, surubim, aba-pula-ru, awa-puta-aru, tambaki [abâ, poisson],

Jiaheru-puta-aru, hameçon [kaheru, hameçon], ' anupi-puta-aru, aigrette, anupi-puta-ri, yabirû [anupi, yabirû, cararâ, awapè],

atsi-puta-arumakuri, dauphin rouge [atsikia, dauphin rouge],

bare pula-aru, grande banane [bafe, banane],

sibure puta-hâru, grande tortue [sibure, tortue yurara],

tziidu puta-hari, opossum [zutu-mri, dzutu-mi, zulu-mi, zpto-mi, cuati],

amu-puta-ari, grand crabe [âmu, crabe],

hânua-puta-ari, fruit cajâ [anuâ, fruit cajû],

okb-puta-ari, chouette [çkb, murukututû],

ahikaâru ibu-bule, celui-là est paresseux, u-ka amunehe ibu-ta-ni ibu-bute, ma femme est paresseuse [ibû, paresseux],

u-ka dnika bute-nani, j'ai envie d'uriner [dzukaka, urine],

wada-bute-nani, qui a sommeil, wada-bute te nani, il a sommeil [wada-ne, dormir],

uza-buté, vieille hutte [u\a, maison],

hada-wibuté, vieux décrépit, xada-ibute, vieille [hâda-wi, xada-ni, vieux],

miina-bute-nani, déféquer,

sihiwahâ-bute, matin, siwahâ-bute, aube [sihiwaha-ni, avant l'aurore, siwaa-ru, nuit],

Zume bule-nani, de nuit, z;ûme bute-nani, il fait nuit [zûme-ni, nuit],

waidera-bute, méchant [wadira-ara-wi, il n'est pas méchant],

wasi-ra-bule, lent [wasi-naha, vite],

abariku-bute, lune croissante, lune décroissante [abariku, lune],

giza-bute, lieu-champ abandonné, wiizaha-butè, champ abandonné depuis longtemps [gi'zaha, wi'zaha, champ],

palsu kû-bute-nani, il va pleuvoir de suite [pâsu kâni, il va pleuvoir],

pasu z^-nâ-buta-nani, soif [ze-nana, boire].

Cet augmentatif est identique à l'augmentatif du Piro (groupe arawak pré-andin) -pute-nani (19, 873-874).

Le Paumari emploie un augmentatif différent :

cïkâtâ-kà wâki, très aigre, ârâpà-kawâki, très amer, cînâ-ka wâki, très doux.

Verbe auxiliaire. — Le Paumari semble posséder un véritable verbe auxiliaire, wani, que nous croyons retrouver dans les exemples suivants :


LES LANGUES ARAL'Â 103

ô-wânï, moi,

î-wânï, toi,

sâkâ-wâni, aveugle,

âfâki dzûma wânï-kwâ, j'ai très chaud ce soir.

Cet auxiliaire paraît avoir une conjugaison. Au futur, il prendrait la forme wâbïni, wâhàblnï, et au passé la forme whârïhâ :

hïdâkâbaii J wâbïni fôkaimâ ô-kowâmtinï, je serai peut-être malade demain,

hïdânïdza' 1 wâhàblnï kowâmunï àdzp, mon frère sera peut-être malade demain,

fôkaimâ w-ïgâminï kowâmuni wâbïni, mes frères seront malades demain,

hïdânïdza whârïhâ 0-kowàmûnï paisï, hier j'étais un peu malade.

Cet auxiliaire rappelle celui des langues arawak, en particulier de celles du groupe préandin (19, 880 ; 1,9).

Impératif. — En Kulina, l'impératif est marqué par le suffixe -e, -he, -hi, -ha, -ho, -o, -ha :

ina tina-he, ae-tika-e, ae-tika hona-he, viens ici !

ahe-tika-he, viens !

ni-hq, venez !

izqmqsq nemq napaze-he, demain reviens danser !

li-tare-he, te-tare-hi, appuie !

ti-ka-sina tepi-ta-he, fais un cigare !

wati-tina-he, wati-dena-he, cause !

ti-tari-hi, hâsi-ta-he, assieds-toi là !

mânao mari-litza-ho, attrape !

inatadi dete a-he, va en avant !

Zê-tekena-he, bois !

tia-wâ-tiha-e, coïte-moi !

uhitikôna-he, creuse !

axi awitia-una-he wati-nana wapima, venez tous causer ici !

awitia-ke-he wapima wimai-nana kakawahanina, venez tous prier en rond !

abi, q-hà, père, prends !

udza ti-ka-ni memana-he, couvre la maison !

1. HiiàMbail signifie « aujourd'hui ». La présence de ce mot dans la phrase paraît résulter d'un malentendu entre l'informateur et les Indiens.

2. Htdânid\à signifie « hier». U faudrait, à la place de ce mot, le mol fôkaimâ, qui signifie « demain ».


104 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

ete uni da-ta-hq, donne des noms de chien !

wa-za-hada-ta-hu, donne-moi [à manger] !

ti-kahe-o, épouse !

bâri-ni-hi, pose là !

pe-ia-he zfpu, évente le feu !

upina-ta-he, laisse-moi !

eteru ani-ta-hi, garde les habits !

aka-ti-kena-hu, garde, cela !

Nos informateurs ont noté souvent des verbes avec le suffixe de l'impératif sans s'en apercevoir :

dika-ta-hç, détacher, sira-ta-he, sira-ta-hi, torréfier, tia-kani-ho, emporter, kikabahinan i-hp, porter, qba le-liani-ho, apporter,

patsu ti-ka-wari-hi, mettre de l'eau

(sur le feu), hiUi-ta-he, flairer, hâni-ta-hç, garder, ti-pano ii-ano-hi, peindre le visage.

De même, l'expression ii-mita-ki-fa-he, as-tu entendu ? signifie en réalité « entends, écoute ! ».

Certains impératifs sont formés d'une façon irrégulière :

nitza, niza, attends ! tea-wati-de, cause ! lia-o-hanq, coïte ! ahamanahare, regarde. !

hadda, donne ! tia-wana, viens casser ! denimq, tire ! traîne ! pousse !

Futur-optatif. — En Kulina, le futur et l'optatif sont marqués par la particule -na- infixée entre le radical verbal et le suffixe -aru, -haru :

kumunahare u-kahe-na-haru, qui épouserai-je ?

meme-za ami kinana-na-haru, au ciel, je verrai ma mère,

Zamazq kedanina-na-haru, demain nous passerons là,

telui baku-nâ-haru, je viens où vous serez [litt. : j'arriverai],

te-ate u-milana-na-aru, je viens apprendre ton idiome [litt. : j'entendrai ta

langue], watidena-he u-milana-na-aru, je veux causer [litt. : cause !, j'entendrai], tia-deni tonana bakiha-na-haru, je vais vous tuer tous, inana u-na-haru, va voir ! tia-wati-na-hâru, cause ! [litt. : tu causeras], dakuta-na-aru, prends ! [litt. : tu prendras], madiha neeku lia-wali-nâ-haru, que disent tes gens ? [litt. : que diras-tu

aux gens ?].


LES LANGUES ARAUÂ 105

Interroçjatif. — En Kulina, l'interrogatif est souvent marqué par la particule terenehe, terana ou teranaha :

pasu terenehe, tu bois l'eau ?

uku-ta-ni terenehe hawa, le bois est-il sec ?

tea uhari terenehe, tu (es venu) seul ?

uka ômini terana u-ka sâku~za, mon épi est-il dans mon sac ?

baku-teranaha, as-tu rencontré ?

La phrase imei terana, mei terenehe, ce sont des fourmis taoka, est par conséquent certainement interrogative.

Mode final. — En Kulina, le mode final est indiqué par suffixation de -nana :

hâda ti-pano muse-nana, donne ta joue que je la baise ! hâda li-pano xesi-nana, donne ta joue que je la flaire ! wa-tza Zë-nana, je veux boire [litt. : à moi pour boire], wa-tza paso ze-nana, donne-moi de l'eau à boire ! [litt. : à moi de l'eau pour boire],

■niha ! wabu ! zamasa Zëdi-nanq, eh ! ami, allons chasser demain ! [litt. :

venez, ami, demain pour chasser], dzedi-nana, va chasser ! [litt. : pourchasser], li-ka-sina tepi-ta-he tomi-nana, fais un cigare pour que je fume ! axi awi-tia-una-he wati-nana wapima, venez tous causer ici ! winani inaki wimai-nana, réunissez-vous tous pour prier ! hâwi aki(jie)zâ wimai-nana, réunir les gens pour prier, awi-tia-ke-he wapima wimai-nana kahawahanina, venez tous prier en rond !

Les verbes suivants sont certainement à ce mode, bien que cela n'ait pas été noté :

kudzi-nana, insulter,

tûmi-nana, fumer,

buba mana karahu site-nana, tirer

une flèche avec l'arc, ZÛpa-nana, arracher, Ziikeza-nana, attacher, hure sukedza-nana, faire un noeud

fermé, iri-nana, chanter, manakumài-nana, venger, Zë-nana, ze-nana, boire,

udza ka-nana, couvrir la maison, atsi-nana, se reposer, s'asseoir, hâpi-nana, se baigner, riwa-nana, se balancer, wimai-nana, prier, chanter, eru-nana, manger, pasu sidi-nana, chasser, iepi-nana, faire une cigarette, abâ ditsa-nana, pêcher, tudi-nana, percer, iemu-nana, retirer un sort, ramas-


106 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

séria maladie pour laj eter dehors, apu-nana, souffler, hâpu-nana, souffler pour chasser la

maladie, iwâ-nana, se chauffer, iali tsaka-nana, couper les cheveux,

tati siri-nana, peigner, tuma-nana, sucer pour retirer le

sort, ûri-nana, ramer, pudza-nana, rôtir sur le feu, pikù-nana, tordre.

La même remarque s'applique aux adjectifs et substantifs suivants :

tsipu-nana, couleuvre [sipu-ta-hu, exprimer le jus], sene nana, danse, Zai-nana, ivre.

Etant donné ce que nous avons dit de la concordance phonétique a kulina = i yamamadi-paumari, nous supposons qu'on peut voir dans le suffixe verbal -nini de ces deux dernières langues l'équivalent du suffixe -nana du Kulina :

Yamamadi.

wari-nini, percer,

oaua-nini, chercher,

waua-nini, viser,

amô-nini, dormir,

oxé-nini, pleurer [ûhi, pleurer (K6)],

asap-nini, fumer, tamu-nini, gratter, cihi-nini, se moucher, wau-nini, mordre.

Ehrenreich, qui avait noté le fait, remarque avec raison que le mot oaki-nini, fuseau, est probablement une forme verbale (11, 68).

Paumari. kauna-nini, accoucher.

Passé. — En Paumari, le passé est indiqué par le suffixe -dz_a '.

ïdânïdzâ ô-kârâbôâ-dza, j'ai chassé hier.

La même particule est en usage en Kulina, ainsi que le montrent les exemples suivants relevés dans notre texte :

bako-ne-dza, bako-ne-dza, il arriva, daku-ne-tza, daku-nani-ne-d^a, il devint, kiu-ne-dza, il vit, wade-d-za, il dormait.

Négation. — La négation est indiquée en Kulina, en Arauâ et en Paumari, par l'infixation de la même particule :


LES LANGUES ARAUÂ 107

ara, era, hera, ra, en Kulina, raha, en Arauâ, rihi, en Paumari.

Arauâ.

amoza-di, bon,

amoza-raha-di, mauvais, amoza-raha-naha-di, malade.

Paumari.

wâdi, dormir, u-ga-ki,je sais,

wâdï-nhi, je n'ai pas dormi, u-ga-rihi-da, je ne sais pas.

Kulina.

wâi-ta-ni, loin, waxi-ta-ni, long, ibu-aru, se reposer, ibû, paresseux, i-kawatu-aru, savoir, tue-ari, beau, bon, ni-haru, lourd, kani-wi, revenir, a-wati, causer, u-kine, gras, buke-ni, fâché,

amunehe, femme,

wâidirâ-nani, il est furieux, putâ-ta-ne, gros, wasi-naha, vite, u-maidza-haru, je mens,

wâi-ra-ta-ni, près, waxi-ra-la-ni, court, ibu-ra-aru, travailler, ibu-ra-hari, travailleur, kawatu-ra-aru, je ne sais pas, tue-ra-wi, mauvais, laid, nihi-ra-ari, léger, ukani-hera-nitui, ne reviens plus ! wate une hera-ni, je n'ai rien à dire, kini nu-era-ni, maigre, buke-era-ni, pas fâchés du tout, ka-buke-ra-ta-ni, il n'est pas fâché, amune-ra-e, amunehe-hera-ni, il n'y

a pas de femme, wadira-ara-wi, il n'est pas méchant, pute-ra-ta-ni, fin, wasi-ra-bute, lent, u-maidze-hera-ni,]e ne mens pas{.

Outre cette négation, le Paumari emploie aussi le suffixe -mani, -many'à, qui apparaît aussi dans l'adverbe de négation : non, inka-mani \

1. On retrouve cette particule aussi dans les mots suivants :

no-era-ni, non, pas du tout,

no-era, il n'y est pas,

u-ka madiha ara-wi, autre tribu [= il n'est pas ma tribu],

kihine-hera-wi, chercher [= ne pas voir?J,

nu-ber'a-ni, nu-hera-pa, il n'y a pas,

wape no-era-ni, ce ne fut pas moi,

n-ka-pine-ira-pe, courage[= je n'ai pas peur].


108 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

dz&hâ-ri, mauvais, kauamuni, malade,

dzâhâ-mânï, bon, kauamuni-manyâ, sain.

En Kulina, on a : pâe-ma-nani, pae-mq-u-nani, je ne veux pas, pae-manani, non, où l'on retrouve peut-être un infixe presque identique -ma-, qui est d'ailleurs spécifiquement arawak (1, 9 ; 19, 877 ; 9, 526-527).

Suffixe -za, -dza. — Ce suffixe a en Kulina des sens multiples, répondant à nos prépositions: à, dans, sur, contre, avec :

wa-za hada-ta-hu, donne-moi !

madiha wa~za buke i-ti-deha, les Kulina, vous êtes fâchés contre moi,

hawa~za ti-tare-he, appuie sur le morceau de bois !

burini-za, sur l'aire,

nami-za-fa-wi, bas [litt. : il est sur terre],

meme-za ta-wi, haut [litt. : il est dans le ciel],

meme-za ami-tezehe ikehenani, dans le ciel je serai avec ma mère,

meme-za ami kinana naharu, meme-za u-k'-ami kinana, au ciel je verrai ma mère,

u-ka ômini terana u-ka sâku~za, mon épi est-il dans mon sac ?

Il est, par suite, certain que l'expression w-amuri-dza weàza-wi, extraire une épine, doit être traduite « il coupe dans mon pied », et que le mot ura-dza ebe dzuna, donné avec le sens de « genipa », signifie en réalité « barbouiller avec du genipa ».

Remarquons que le suffixe ~za- se retrouve dans les adverbes de lieu :

aka-za, nani-za, là, ku-dza, aku~za, où.

Suffixe d'accompagnement. — « Avec » est exprimé en Kulina par le suffixe tedzëhe, lezehe :

ami-tezehe, avec ma mère,

ka-buh-ra-ni zaniko-tedzëhë, il n'est pas fâché avec le yauti.

Suffixe -de. — Ce suffixe, fréquent en Kulina, a un sens qui nous échappe : •

aiguille,

petite tortue des lacs,

éclair,

tonnerre,

tutu-dë (K6),

tsiri kuriza-dë (K6) [kûriza, lac],

silsiwë-dë (Kc), tritziwe-àe (K3), a^uzu-de

tuturu-de (K0), turu-de (K3), lu/uru-de(K), tuturu-de (K2),


LES LANGUES ARAUA

109

dieu de l'éclair,

proue,

bords,

lisière,

poupe,

je suis derrière,

toi derrière,

je vais derrière,

après,

vent,

avant,

je vais en avant,

il est allé se baigner,

elle s'appelle Aiza,

tsitsiwe-de ine-de (K6),

kutani-de (K6),

ini-de (KG),

witzaha hini-de (K6),

Ziitu-de (K8) x,

wa-zutu-de (K6) 1,

tia-zutu-de (K6) 1,

wa-pe zutu-de (K5) - 1,

wa-pe-zetu-de (K3) 1,

uhu-de (K3), z*/w-^e(K8), uhû-de (K6),

taz'-dtf (K3),

îi'a/)g to'-rfe (K6),

hdpi-de tu-kani-ni (K6) [api-naaru (K2),

hâpi-nana (K6), se baigner], aiz/t-de (KB).

Dans deux cas, il semble bien que ce suffixe serve à former des noms d'agents :

Zuke-dë, chasseur, pêcheur (K2) \ziike-na, tué, izùke-na, mourir (KG)], uri-dé, rameur (K0) [ùri-nana, ramer, uhûri, rame (K6), «m, rame (K5), uhuri, rame (K3), uri-naru, rame (Y3) J,

mais, il est bien évident que cette explication ne saurait être étendue à tous les exemples cités.

Si déficiente que soit l'esquisse grammaticale que nous avons tenté d'extraire de nos documents, elle révèle un certain nombre de faits roor1.

roor1. radical zutu, qui ne nous est attesté sous forme isolée que dans les mots d%utu, cou (K2), d%utu, talon (Kg), a certainement le sens de « ce qui est derrière ». Voici, en effet, en dehors des cinq exemples ci-dessus, ceux que nous avons recueillis dans nos vocabulaires :

coude,

pariétaux,

nuque,

talon,

rameur de poupe,

bixi-^ulù (K/,), u-bixi-^utuh (K3), i-bii-^tttu (K7),

•bixi (K4.-K5), o-biri (lit), u-bexe (K8), i-bihi

(Ys-K2), »-Ju(K7), bras], mato-zutû (K/,) j [i-matu (KT), n/atoo (K3), nuque, mato-zpto (K ) ( malo (Kt;, i-mato (KG), cou], emuri-^iiiu (K2), âmuri-d^utû (K6), w-amuri-^xitù

Hû) [emuri (K-K2), w-amuri (K3-Kt), àmuri

(K6), i-b-amttri (Y2), pied], d^utu-walie (Ke).


110

SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

phologiques qui marquent la parenté du groupe arauâ et des langues arawak.

La comparaison lexicale confirme pleinement cette conclusion.

Du vocabulaire comparatif que nous avons établi, il ressort nettement que les langues du groupe arauâ s'intègrent certainement dans le grand groupe linguistique arawak, avec des affinités lexicales marquées, d'abord pour les langues du nord-ouest de l'Amazone, ensuite pour les langues du groupe arawak pré-andin et pour un certain nombre de langues de Bolivie et du Paraguay, compte tenu de l'insuffisance des documents de comparaison que nous possédons sur certains dialectes de ces trois groupes (cf. Vocabulaire comparé arauâ-arawak).

Voici en effet avec quelle fréquence figurent dans notre vocabulaire comparatif les diverses langues arawak ' :

N Tariâna 109 fois

N Siusi 107

N Katapolilani 101

U Piro 99

Ma Moxo 95

P Ipurinâ 92

N Baré 88

N Karûtana 83

N Baniva 78

N Adzàneni 7G

N Uarekéna 74

O Piapoko 69

Pa Layana-Guanâ 08

O Guinaû 07

P Kusici 66

Go Goaxiro 66

Y Yukûna 66

G Wapisâna 05

J Kuniba 64

N Mandauaka 57

Ma Baure 55

O Yavitero 49

Ma Paunaka 48

Ma Saraveka 47 fois

Ma Mucoxeone 47

M Tuyoneiri 47

P . K a n a mare 46

U Kampa 44

Y Uainumâ 41 Ma Paikoneka 39 Ju Marauha 39 I Mariaté 37 1 Passé 35 M Takana 33

Y Yumâna 31 G Aruak 30 Ma Paressi 28 O Acagua 28 N Manao 27 M Kavineno 27 J Resigaro 27 X Mehinakû 27 J Araikû 26 X Yaulapîti 25 X Wauré 23 X Kustenaû 22

1. Les lettres, qui précèdent les noms de tribus figurant sur ce tableau, indiquent leur localisation géographique :

A = Antilles ; At = rio Alacuari ; B-P = Bolivie-Pérou ; G = Guyane ; Go = péninsule de Goajira ; J = rio Jutahy; Ju = rio Juruâ"; M = rio Madré de Dios ; Ma = rio Madeira ; Mar = île de Marajô ; Mbo = lagune de Maracaibo ; N = rio Negro ; O = Orénoque ; P = rio Purûs ; Pa = rio Paraguay ; U = rio Ucayali ; X = rio Xingû ; Y = rio Yapurâ.

Les points d'interrogation, qui suivent les noms de certaines tribus, marquent celles pour lesquelles les documents sont notoirement insuffisants.


LES LANGUES ARAUA

111

N Ipéka ? 21 fois

Y Kauisana 20

M Maropa 18

N Kariay 17

M Arasa 17

Ma Inapari ? 10

G Palikur 15

G Atorai la

At Tikuna 13

N Uirina? 13

M Tiatinagua 12

G Mapidian 12

U Camikuro 11

G Marawan ? 10

B-P Uru 10

M Araona 10

Ma Huacipairi '.)

Ma Sirineiri 9

Y Kauyari 9 fois

M Sapibokona 9

N Izaneni? 8

G Ta ruina 8

O Amarizama ? 8

O Maipnre? 7

A Taiuo? 7

Ma Apolista? 7

Mbo Parauxano 7

U Mayoruna [de Tessmann]'? 7

Mar Aruâ '? 0

P Manileneri '.' 0

O Mawakwa? 5

N Yabaanâ "? 2

M Guariza ? 2

B-P Pukina ? 1

M Câma [de Nordenskjôld] 1

Outre ces concordances avec les dialectes arawak, nous avons relevé dans nos vocabulaires du groupe arauâ d'assez nombreux emprunts à des familles linguistiques différentes, notamment la famille katukina (sur laquelle nous possédons un abondant matériel inédit) et la famille pano (cf. Liste des emprunts aux groupes linguistiques non-arawak), qui s'expliquent aisément par la contiguïté géographique.

Quelques mots sont empruntés au Tupi-Guarani. Il s'agit là d'un fait général dans tout le bassin de l'Amazone où le Tupi-Guarani tend de plus en plus à devenir une langue de relation.

Nous signalons enfin que le mot qui désigne le hamac en Kulina (pohë, puhi) et en Yamamadi (.pohi) est identique au mot en usage dans un grand nombre de dialectes tukano :

pu(e), puye (Tukano) ; puè-nô (Uaikana) ; pile (Tuyûka, Barâ, Uaiana, Tsôla, Yupuâ) ; pûe, pû(g)ê (Barâ) ; pû(g)è (Uâsôna) ; pû(g)è, pù(g)e (Desâna).

Le fait peut avoir un grand intérêt ethnographique, parce qu'il peut fournir une indication sur l'origine et les voies de diffusion de cet élément culturel.

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112 SOCIÉTÉ DES AMÉR1CAN1STES

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LES LANGUES ARAUÂ 113

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I. — VOCABULAIRE DU GROUPE ARAUÂ.

abandonné :

lieu, champ abandonné, giza-bule (K2) [cf. ancien, vieux]

champ abandonné depuis longtemps, witzaha buté (K6) [cf. ancien, vieux] abattre :

abattre les arbres, kâne-he ( Kti) [cf. couper]

abattre la forêt pour faire un champ, kala-haru (K2) abeille, idri (K3), idi, idi (K2), idzi-me-i [= grande abeille], idinu kuma wawa (K6), zûaruru (K6), hdnuna (K6), bahenâ (P2)

petite abeille, idziwaridza (K(i)

abeille yandaira. idi me-wetselse (K6) [cf. blanc]

abeille arapuà, hia\e ime-i (K6) [= grande abeille] abondant, tôodl (A)

aboyer, sabohu (Y) [cf. loutre], awaunari (K2) accoucher, kauna-nini (P2) acutiwaya (Echinomys sp.), irikuze (Kx), wekedzu (K3-K6), wekezo (K5), madakira

madakira adénite, i-denepe (K7) [cf. testicules] adieu!, u-kani-ni (K3), arukani (K2), aiuhikiyû (Pi) [cf. je m'en vais]

adieu, je m'en vais, u-kani-ni (Kc) agenouillé, bori-aru ï-kuburi (K3) agiter, remuer, wiratimahe (K6) agouti {Dasyprocta aguti), tinama (K), tinamq(K2), sinàmq (Kt-K6), sinamq

(K6), sinama (K3), sinamq (Y2), sinamaq, sine (Y) [cf. cabiai] aider, tiamani, tikahenmarunaue (K6) aigre, sikata (K3), cïkâtâ-ki (P3), sikata-ta-wi (K0) [cf. citron]

très aigre, cïkâtâ-kâ wâki (P3) aiguille, flwîpf (K2) [Tupi : awi\, tutude (Ke) aile, bihe-kune (K3) [= os du bras], dzefe dzefe naharu (K2) ailes du nez, hene papotai a (K6)

Société des Américanisles, 1938. «


114 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

aîné, bakakari (K4), i-baalwri (K7)

aire propre devant la maison, burune (Ke)

sur l'aire, buruni za (Ko) aisselle, wasare (K,), bihi-mete (K3), biximatant (K4) [cf. bracelet?][= sous le bras], ipari tupani (K2), ipdri dupani (K,)[cî. jarret, côte]

poils de l'aisselle, z'/«7.n' dupani kunani (K7), /?m matani kunani (J^i)-

[A suivre.)


CONTRIBUTION A L'ARCHEOLOGIE

DES ANDES VÉNÉZUÉLIENNES

{PREMIÈRE NOTE),

PAR J. VELLARD 1.

[Planche II).

A l'arrivée des Espagnols, la région andine du Venezuela était habitée par une nombreuse population indigène dont il ne reste plus aujourd'hui que de rares petits groupes fortement métissés, disséminés dans des pâramos peu accessibles des États de Trujillo et de Mérida et quelques familles isolées ne se distinguant des populations européanisées au milieu desquelles elles vivent que par leurs traits physionomiques plus ou moins accusés.

L'extinction des derniers groupes indigènes ayant conservé en partie leur langue et leurs coutumes s'est produite au cours des cinquante dernières années ; bien des personnes de l'Etat de Mérida se souviennent avoir connu de vieux indigènes parlant encore leur ancien idiome. Ceuxci semblent avoir tous disparu et malgré mes recherches je n'ai pu en retrouver un seul.

La population indienne des Andes vénézuéliennes se divisait en une foule de petites partialités localisées chacune dans vmpâramo ou dans une vallée, et dont on a formé le groupe Timote-Kuika. Elle a laissé de nombreux restes de céramique et d'industrie lithique montrant des différences accusées suivant les régions et leur ancienneté.

Si beaucoup d'objets sont certainement antérieurs à la conquête espagnole, d'autres sont bien plus récents, presque contemporains parfois. Certains usages et certaines techniques se sont maintenus en subissant des variations sensibles jusqu'à l'extinction des derniers indigènes de ces régions. Des lieux consacrés au culte ou à des rites funéraires ont servi pendant très longtemps et contiennent souvent des objets d'âges très divers et des sépultures de deux ou trois types différents.

La céramique, très abondante, est presque toute funéraire ou céré1.

céré1. au Venezuela, 1936.


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monielle; les pièces usuelles ne se trouvent que dans quelques localités offrant des conditions exceptionnelles de conservation. A côté de caractères communs à toute la région andine vénézuélienne elle présente des différences sensibles de technique et de morphologie permettant d'établir plusieurs sous-groupes culturaux bien caractérisés.

L'industrie lithique est largement représentée et plus uniforme : haches de pierre de divers types, râcloirs, petits outils, statuettes, pièces de colliers et surtout une quantité considérable de plaques taillées, de dimensions très variables, dont la destination a donné lieu à de nombreuses hypothèses. Il faut ajouter encore à cette liste de grandes pierres plates polies servant de pierres à moudre ou recouvrant des sépultures, très recherchées par les habitants actuels des pâramos qui les utilisent à diverses fins ménagères.

Des coquillages à test épais et résistant, presque toujours des Strombus de grandes dimensions provenant des côtes maritimes voisines, ont également servi à fabriquer de nombreux objets, surtout des ornements.

Les objets d'os, de conservation difficile dans les terrains humides de la Cordillère sont rares ; aucun objet de bois n'a encore été retrouvé. L'usage des métaux semble avoir été complètement inconnu aux anciennes populations de cette région.

Dans cette première note nous ne nous occuperons que de quelques pièces de pierre ou de coquillage particulièrement caractéristiques des Andes vénézuéliennes.

I. — Plaques de serpentine et leur signification.

La plus grande partie du matériel lithique fourni par les Andes vénézuéliennes consiste en minces plaques de pierre presque toujours taillées et travaillées avec soin. Ces plaques ne manquent dans aucun site archéologique de la région.

Le type le plus simple est à peu près rectangulaire. Partant du voisinage des angles supérieurs deux étroites entailles' symétriques convergeant vers le centre de la plaque délimitent un triangle renversé incomplet {PL II, 4:58 x 31 mm.).

Généralement le bord supérieur de la plaque est plus ou moins profondément échancré de chaque côté, dégageant la partie médiane en forme de trapèze ou de triangle incomplet renversé {PI. II, C : 220 X 82 mm.). L'ensemble rappelle la figure d'un tau renversé, à pied tronqué.

Les dimensions de ces plaques varient dans de larges limites. Une des plus grandes actuellement connues (fîg. 12,i), provenant de mes fouilles


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dans le pâramo de Los Volcanos, à la limite des États de Trujillo et de Mérida, présente les caractéristiques suivantes :

Larg. max. : 670 mm. ; hauteur (mesurée aux angles externes) : 188 mm. ; hauteur (mesurée au centre) : 192 mm. ; larg. de la partie supérieure trapézoïdale : 165 mm. ; épaisseur au centre : 14 mm. ; sur les côtés : 8 mm.

Une des plus petites (Cueva de la Cuchilla de Sta. Ana, région de Burbusay) atteint seulement il) mm. de largeur, 9 mm. de hauteur et 2 mm. d'épaisseur (fig. 12,r>).

Les dimensions varient à l'infini entre ces deux extrêmes.

La plupart de ces plaques sont taillées dans des serpentines dont il existe une grande variété dans les Andes vénézuéliennes.

Des serpentines de couleur très foncée, parcourues de veines noires, imprégnées d'oxyde de fer augmentant leur dureté, ont servi, à faire de très belles pièces, fort minces (beaucoup ne dépassent pas 2 à 4 mm. d'épaisseur), translucides sur les bords, dont quelques-unes vibrent et résonnent au choc. Des serpentines beaucoup plus tendres, de couleur vert clair tirant sur le jaune ou le gris, traversées de veines calcaires, rappelant le marbre vert antique, ont donné des plaques plus épaisses, opaques et moins résistantes. Une belle serpentine vert pomme a été quelquefois employée pour des pièces de petite taille, finement travaillées. Des plaques plus grossières ont été taillées dans des serpentines grisâtres très schisteuses ou dans des serpentines faisant la transition avec la pierre ollaire, des sleatites impures ou le véritable talc. Des schistes communs, des schistes sériciteux, des calcaires, ont moins servi.

Ces plaques se trouvent associées d'ordinaire à d'autres objets soit dans des tombes, soit plus souvent dans des grottes, les cuevas, si nombreuses dans la Cordillère et dont beaucoup ont servi de lieux de sépultures ou d'endroits consacrés à certains rites. Elles sont dissimulées avec soin dans des anfractuosités des rochers ou enfouies dans le sol et les alluvions accumulées dans le fond des cuevas, à côté de figurines de pierre, de statuettes et de vases de terre et de petites lampes à trois pieds où brûlait le beurre de cacao. Souvent aussi elles sont placées près des squelettes, généralement sous leur tête, qu'il s'agisse de cadavres déposés dans des cavernes ou dans des sépultures de différents types (urnes, fosses circulaires ou longitudinales). Dans les cuevas ayant servi de lieux de sépulture collectifs ces plaques sont souvent très nombreuses ; une seule grotte de la région de Nikitao m'en a fourni une cinquantaine entières et une quantité considérable de fragments.

Ces plaques ne sont pas exclusives à la partie andine du Venezuela. Elles ont été retrouvées dans les régions avoisinantes et autour du lac de Tacariguâ ou de Maracay par Requena. A Barquisimeto le musée


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scolaire du collège des Frères de La Salle, organisé par le Fr. Nectaire, en possède divers exemplaires provenant des environs mêmes de cette ville ou d'autres points de l'Etat de Lara : Quibor, Guadalupe, Carora. La plupart de ces plaques ont peut-être été apportées de la Cordillère. Les échanges commerciaux et culturaux paraissent avoir été fréquents entre les populations andines et leurs voisins ; de nombreuses formes de céramique sont communes aux Andes vénézuéliennes et aux régions de Maracay et de Lara ; dans les pâramos les plus reculés de la Cordillère on trouve des objets taillés dans des coquillages marins ou des restes d'animaux (écailles de tortue, dents et ossements de singes, de caïmans, etc..) des régions chaudes. Seule une étude géologique systématique permettrait de localiser les gites de serpentine et de fixer l'origine exacte de ces plaques.

Ces plaques, connues depuis longtemps dans les collections, étaient de toute évidence des objets rituels. Mais leur signification a donné lieu à des hypothèses variées dont aucune satisfaisante.

Quelques-unes, de taille moyenne ou petite, percées de deux trous à la base de la partie médiane trapézoïdale ont été décrites comme des pectoraux, des ornements de colliers ou des insignes de chef; ce fut l'opinion de Sievers et plus tard celle de Joyce qui les premiers les décrivirent. Certaines pièces de petites dimensions et finement travaillées paraissent avoir servi de pendentifs mais la grande taille de la plupart de ces plaques dépourvues de tout moyen de suspension ne permet pas de généraliser cette hypothèse.

Les habitants actuels des Andes désignent souvent ces plaques sous le nom à'aguilas, aigles. Divers passages d'anciens chroniqueurs parlent aussi d'agruilas d'or en usage dans plusieurs tribus voisines de la Cordillière de Mérida qui les employaient comme ornements et comme moyen d'échange. Oviedo y Valdès conte que l'unique survivant de l'expédition dirigée par le capitaine Ihigo de Bascuha disparue en 1532 au pied des Andes, un Espagnol du nom de Francisco Martin, recueilli dans le delta du Chaîna par les Indiens Guarurus ou Quiriquires fut vendu par ceux-ci aux Pemenos habitant le bord du lac de Maracaybo, pour un aigle d'or.

Les soldats de Alfinger virent des aigles d'or non seulement chez les Pemenos mais aussi chez les Bubures et chez d'autres tribus voisines.

Febres Cordero considère ces plaques comme des insignes sacrés, « le totem des aborigènes des Andes ».

Une hypothèse plus intéressante, émise pour la première fois par Giglioli et acceptée depuis par presque tous les auteurs vénézuéliens


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(Lisandro Alvarado, Jahn, Oramas, Requena) voit dans ces plaques une reproduction plus ou moins stylisée de la chauve-souris, fait rapproché du culte rendu à cet animal par plusieurs tribus maya. La présence de ces plaques dans des grottes, leur association aux rites funéraires sont autant de faits invoqués à l'appui de cette hypothèse.

Nous savons peu de choses sur les pratiques religieuses des anciens habitants des Andes vénézuéliennes, mais le culte de la chauve-souris n'est signalé dans ces régions par aucun chroniqueur. Les actuelles populations métisses des pàramos ou des vallées andines n'ont conservé aucune tradition, aucune coutume relative à ces animaux. En dehors d'une vague ressemblance entre la forme de ces plaques et la silhouette d'une chauve-souris les ailes étendues aucun fait positif ne vient appuyer cette hypothèse.

Au cours de mes recherches dans la région andine j'ai réuni une importante série de ces plaques provenant de points très différents de la Cordillère.

Leur étude permet de les grouper en plusieurs types distincts.

Type a {PI. II, A).— La forme la plus simple est représentée, comme nous l'avons vu, par des plaques rectangulaires, minces et généralement de faibles dimensions. Deux incisions obliques, convergeant du bord supérieur vers le centre, délimitent une partie médiane en forme de triangle renversé incomplet.

Type h {PI. II, C et fig. 12,1 à5). — Dans un très grand nombre de plaques de toute épaisseur et de toutes dimensions le bord supérieur est profondément découpé ; la partie médiane en forme de trapèze renversé se dégage et peut être plus élevée que les angles externes de la plaque (fig. 12,i). Les petits côtés de la plaque ont souvent tendance à devenir convexes (fig. 12,s) et les angles supérieurs et inférieurs s'arrondissent; rarement les petits côtés sont légèrement concaves (fig. 12, 1-2). Le bord inférieur est souvent aminci ou taillé en biseau sur les plaques minces (fig. 12, 5,2,3).

Type c (fig. 12, 6-?). — Le bord inférieur de certaines plaques mo}rennes ou petites, généralement assez épaisses, se relève symétriquement de chaque côté de la ligne médiane en forme de V plus ou moins ouvert, à pointe arrondie.


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Cette courbure correspond souvent à une courbure identique du bord supérieur ; les petits côtés sont presque toujours convexes. Certaines plaques de petite taille, hautes et peu larges, deviennent presque cordiformes.

Type d (fig. 12,7-8). —Dans des formes bien moins fréquentes, présentant l'aspect général du type précédent, les petits côtés de la saillie trapézoïdale du bord supérieur sont prolongés par deux sillons se rejoignant près du bord inférieur de la plaque, délimitant un triangle renversé complet à sommet plus ou moins arrondi. Cette figure n'existe que sur une face. Presque toujours ces plaques sont de petitâ taille et montrent deux perforations symétriques placées dans l'intérieur dtî triangle au niveau de son quart supérieur.

Type e (fig. 12, 9). — Ces plaques ne se distinguent des précédentes que par le sommet du triangle dépassant plus ou moins leur bord inférieur.

Type f (fig. 12,13-15). —■ Dans quelques très rares pièces travaillées avec soin la partie médiane triangulaire représente une figure humaine. Je ne connais que trois plaques de ce genre ; bien que provenant de régions différentes elles ont entre elles une étroite ressemblance.

La première appartenant à la collection du Dr. Emilio Menotti Spôsito provient des environs de Las Piedras (Etat de Mérida). La seconde a été trouvée au cours de mes fouilles dans une grotte du Pâramo de Los Potreros, également dans la région de Nikitao. La troisième vient de la Cueva de la Luiza, dans la région de Nikitao (Etat de Trujillo) ; elle était entre les mains d'un habitant de Nikitao qui ne voulait pas s'en défaire.

Toutes trois sont taillées dans une belle serpentine vert pomme, opaque.

La partie médiane, en relief, n'atteint pas le bord inférieur de la plaque. Elle représente une figure humaine, triangulaire, légèrement arrondie au menton ; le nez, les }reux et la bouche sont indiqués par des entailles larges et peu profondes ; le nez n'est pas figuré sur la plaque de Las Piedras; la plaque de La Luisa montre au-dessous de la bouche, indiquée par un sillon étroit, une petite fossette ovale, peut-être un ornement de lèvres.

Les parties latérales de ces trois plaques, étroites et courtes, sont fortement relevées en forme de V.


Fig. 12. — 1 : Pâramo de Los Volcanos. Serpentine. 670 x 192 mm. ; 2 : Cuchiila de Sta. Ana. Serpentine. 91 X 25 mm. ; 3 : Pâramo Las Siete Lagunas. Serpentine. 120 X 27 mm. ; i': Pâramo La Laguna. Serpentine. 115 X 27 mm. ; 5 : Cuchiila de Sta. Ana. Serpentine. 45 x 9 mm. ; 6 : La Puerta, Cueva El Pozo. Serpentine. 123 x 40 mm. ; 7 : La Teta, Nikitao. Schistes noirs. 92 x 38 mm. ; 8 : Los Potreros Serpentine. 120 x 36 mm. ; 9 : La Teta, Nikitao. Serpentine. 83 x 30 mm. ; 10 : La Teta, Nikitao. Serpentine 50 x 28 mm. ; 11 : Los Potreros. Serpentine. 114 x 17 mm. ; 12 : Mica-schistes. La Teta, Nikitao. 250 x 60 mm. ; 13 : Las Piedras. Serpentine. 69 x 17 mm. ; 14 : Los Potreros. Serpentine. 75 X 40 mm. ; 15 : La Luisa. Serpentine. 73 x 43 mm. ; 16 : Los Potreros. Schiste noir. 130 X 42 mm-. ; 17 : Pâramo La Laguna. Coquillage. 43 x 18 mm. ; 18 : Pâramo Sto, Domingo. Coquillage. 26 x 16 mm. ; 19 : La Puerla. Cueva El Pozo. Coquillage. 27 x 16 mm. ; 20 : La Teta. Nikitao. Coquillage. 50 x 11 mm. ; 21 : Las Tapias. Coquillage. 48 X 34 mm. ; 22 : Pâramo Sto. Domingo. Coquillage. 270 X 100 mm. ; 23 : Trujillo. Coquillage. Larg. 197 mm. ; 24 : La Teta, Nikitao. Pierre noire. Haut. 21 mm. ; 25 : La Teta. Nikitao. Coquillage. 94 X 30 mm. ; 26 : Los Potreros, Nikitao. Stéatite. Haut. 25 mm. (face postérieure plane) ; 27 : La Puerta. Schistes sériciteux. Haut. 28 mm. ; 28 : Pâramo de La Puerta. Serpentine. Haut. 75 mm. ; 29 : Betijoque. Calcaire. Haut. 37 mm. ; 30 : Pâramo Sto. Domingo. Schistes noirâtres. Haut. 28 mm. ; 31 : Pâramo Sto. Domingo. Schistes sériciteux. Haut. 25 X17 mm. ; 32: La Çuebrada. Serpentine. Haut. 42 mm.


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Les dimensions de ces plaques sont presque identiques :

Los Potreros : larg. max. 75 mm. ; haut. max. 40 mm. ; figure centrale 56 X 37 mm. La Luisa : » 73 mm. ; » 43 mm. ; » 44 X 31 mmLas

mmLas : » 69 mm.; » 47 mm. ; » 44 X 43 mmLa

mmLa latérale gauche de cette dernière pièce est incomplète.

Contrairement à la plupart des autres plaques ces trois pièces étaient destinées à être suspendues, sans doute à des colliers, comme les âguilas d'or des tribus riveraines du lac de Maracaybo dont parlent les chroniqueurs. Leur dispositif de suspension est très spécial. Une étroite fente verticale est creusée dans le bord supérieur de la figure triangulaire centrale (fig. 12, 15) ; deux perforations horizontales font communiquer la partie inférieure de cette fente avec la face postérieure de la plaque, dans sa partie médiane. Le dispositif maintenait la plaque verticale et l'empêchait de se retourner.

Les plaques des autres types, surtout celles des types c, d, e montrent assez souvent vers la base de la saillie trapézoïdale du bord supérieur deux petites perforations symétriques ; sur d'autres, ces perforations sont remplacées par deux points aveugles. Sur beaucoup de plaques, surtout celles des types a et h ces perforations font complètement défaut.

Plaques de coquillage. — Dans toute la Cordillère vénézuélienne des plaques taillées dans des coquillages accompagnent souvent les plaques de pierre dont elles reproduisent les caractères essentiels. Les gros Slrombus emploj^és pour ce travail venant d'une grande distance par l'intermédiaire d'autres tribus ces plaques sont moins fréquentes que les précédentes ; elles sont aussi moins bien conservées dans les régions humides.

Faciles à graver elles sont généralement ornées sur une de leurs faces de dessins montrant des traces de peinture rouge ; la représentation d'une figure humaine, exceptionnelle sur les plaques de pierre, devient très fréquente.

Les plus simples sont en forme de triangle renversé, de coeur ou en forme de V analogues au type c des plaques de pierre (fig. 12,17, 19, 20). Presque toutes sont de petite taille, percées de deux trous symétriques vers le quart supérieur ou marquées tout au moins de deux fossettes puirctiformes sur une face. Quelques-unes montrent un système de suspension identique à celui des belles plaques de serpentine du type/"(fig. 12,19). Beaucoup portent sur la face antérieure une figure humaine grossièrement gravée occupant la partie médiane des plaques en V ou toute la superficie des plaques triangulaires (fig. 12, is); les perforations médianes, complètes ou incomplètes, ayant servi souvent de trous de suspension figurent les


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yeux. Ces plaques, d'exécution très fruste, ne dépassent pas d'ordinaire quelques centimètres dans leur plus grand diamètre.

Un type plus intéressant est représenté par des plaques rectangulaires, un peu plus grandes que les précédentes, et dépourvues de moyen de suspension. Deux étroites entailles obliques convergeant du bord supérieur vers le centre de la plaque et souvent complétées par un sillon ou une bande gravée délimitent un visage humain triangulaire. Les yeux placés dans les angles supérieurs de cette figure sont représentés par deux petits triangles renversés, marqués au centre d'un point pour la pupille et surmontés d'une série de petits traits verticaux pour les cils. Deux sillons verticaux et parallèles aboutissant chacun à un petit cercle figurent le nez et un rectangle divisé par une série de lignes verticales la bouche et les dents. Les parties latérales de ces plaques sont peu développées. Ces pièces sont l'équivalent en coquillage des plaques de serpentine du type a dont elles ne se distinguent que par la présence d'un visage humain gravé (fig. 12, 2l).

Ce type conduit, par le développement des parties latérales, à des plaques de grande taille atteignant 300 ou 350 mm. de large sur 100 à 150 mm. de hauteur. Taillées dans le bord externe de gros Stromhus dont elles conservent la surface irrégulière, elles présentent un t}rpe très uniforme. Le bord inférieur est plus ou moins convexe ; le bord supérieur est à peu près droit avec dans sa partie médiane une saillie trapézoïdale analogue à celle des plaques de pierre. Sur la face lamelleuse de la coquille est presque toujours gravée une grande figure triangulaire centrale identique à celles des plaques rectangulaires précédentes. La saillie du bord supérieur, marquée de petits traits verticaux, représente un diadème de plumes couronnant le visage. Cette coiffure, de forme trapézoïdale, se retrouve sur une foule de petites statuettes de pierre ou de terre accompagnant les plaques (fig. 12,22).

Le petit musée de Trujillo possède une très belle pièce provenant des environs mêmes de cette ville. C'est une plaque de coquillage, large d'environ 200 mm., en forme de V à branches très fines, presque cylindriques, et fortement relevées. Le point de jonction des deux branches est surmonté d'une tête triangulaire traitée toujours dans le même style, mais dépourvue de diadème (fig. 12, 23).

Plaques de formes rares. — A ces plaques de pierre ou de coquillage représentant des types bien caractérisés, répétés en grand nombre dans toute la région andine du Venezuela, il faut ajouter quelques pièces isolées ne rentrant dans aucune des séries habituelles.

Parmi les plaques de pierre apparaissent parfois des formes en' crois-


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sant, à bord inférieur fortement convexe {PL II, B : schiste noir, 131 X 30 mm.). D'autres au contraire, d'exécution peu soignée, sont de simples lames, à bords presque parallèles, dont la saillie trapézoïdale supérieure est à peine indiquée (fig. 12, 11-12).

Une pièce provenant de la région de Betijoque voisine du lac de Maracaybo, aux confins de la Cordillère, est très particulière (fig. 12,29). C'est une plaquette de pierre blanche de contour trapézoïdal dans sa partie supérieure et presque carrée à la base. A l'union de ces deux parties elle présente deux perforations symétriques, entourées chacune d'un sillon circulaire, analogues aux yeux de certaines plaques de coquillage ; elle n'est pas gravée (haut. 37 mm. ; larg. bord sup. 42 mm. ; larg. bord inf. 23 mm. ; épaisseur max. 7 mm.).

Les plaques de coquillage sont souvent irrégulières par suite de la forme même des coquilles employées. Une petite plaque trouvée dans une cueva du Pâramo de La Teta, à 3.500 mètres environ (région de Nikitao), d'aspect général normal, présente en plus des deux perforations médianes habituelles une perforation verticale près de l'une des extrémités (fig. 12, 25).

Quelle que soit leur origine et la matière employée, pierre ou coquillage, toutes les plaques ouvragées habituellement trouvées dans la région andine du Venezuela présentent une étroite parenté et par une graduation insensible peuvent se ramener à une conception uniforme : celle d'un visage humain plus ou moins stylisé, représenté sous la forme d'un triangle renversé placé au centre d'une plaque de largeur variable, rectangulaire et courte dans les types les plus simples, s'élargissant considérablement dans beaucoup d'exemplaires pour aboutir, avec les types extrêmes à une forme en V très ouvert.

Les traits du visage presque toujours bien marqués sur les plaques tendres de coquillage ne le sont qu'exceptionnellement sur celles de pierre. Le contour même du visage, indiqué encore par un triangle sur certaines plaques de pierre, ne l'est plus sur d'autres que par deux sillons convergents incomplets et finit sur la plupart de ces pièces par se réduire à la petite saillie' trapézoïdale du bord supérieur.

Le développement transversal des plaques, surtout de celles dont les bords sont plus ou moins relevés, a suggéré l'idée d'ailes. De là le nom d'âguilas, d'aigles, qui leur fut donné par les premiers Espagnols et qu'elles portent encore souvent dans la Cordillère vénézuélienne et l'hypothèse récente qui voit dans ces pièces l'image de la chauve-souris. En dehors de leur aspect "général rappelant vaguement des ailes ouvertes rien n'appuie cette interprétation.


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Ces plaques ouvragées se rapprochent au contraire par bien des points de statuettes de pierre ou de terre qui les accompagnent très souvent et dont nous allons nous occuper.

II. — Figurines de pierre.

L'industrie lithique est encore représentée dans la région andine du Venezuela par des figurines dont beaucoup sont travaillées avec soin et dont plusieurs comptent parmi les pièces les plus fines trouvées dans les cuevas.

Très recherchées par les collectionneurs locaux elles sont imitées actuellement par les habitants des environs de Nikitao et de Timotes qui cherchent à faire passer leurs copies plus ou moins heureuses pour des pièces authentiques.

Elles représentent généralement un personnage debout {PL II, G), plus rarement un batracien {PI. II, E-F : haut., 37 mm.) au naturel ou stylisé ; quelques-unes, de petite taille, sont difficiles à interpréter (fig. 12, ?,0-3l).

Ces figurines de pierre ont été traitées de deux manières distinctes. Les unes, planes sur les deux faces, forment transition avec les simples plaques et souvent se limitent à représenter une silhouette. Les autres, d'exécution très soignée, planes et sans aucun dessin sur une face, sont fortement convexes et ciselées sur l'autre.

Ces dernières sont les plus caractéristiques et avec des variantes légères reproduisent un type uniforme : un personnage debout, coiffé d'un diadème de plumes, dont la tête et le tronc sont toujours bien modelés et les membres réduits. Beaucoup ne dépassent pas une hauteur de 20 ou 30 mm. dont plus du tiers pour la tête {PI. II, G).

La tête large, triangulaire avec l'angle inférieur arrondi, ou plus ou moins pentagonale, reproduit de fort près le contour des plaques ouvragées, surtout de celles du type c ; le diadème correspond à la saillie médiane, trapézoïdale, du bord supérieur de ces plaques. Cette ressemblance est encore plus frappante en voyant ces figurines par leur face postérieure plane (fig. 12,26).

Les traits du visage varient peu. Le nez est indiqué par un rectangle vertical ou par deux sillons parallèles aboutissant à deux petites fossettes, disposition identique à celle observée sur les plaques de coquillage. Les yeux sont allongés, en forme de triangle, divisés par un sillon horizontal; une simple fente indique la bouche. Parfois un profond sillon coupe le visage au-dessous des j'eux.

La poitrine est fortement convexe ; le modelé des clavicules très accentué aboutit à des épaules saillantes au-dessus de moignons triangulaires


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mal dégagés du tronc et représentant les bras. Les jambes, à peine indiquées, se terminent par deux pieds très larges, séparés du tronc par un profond sillon horizontal ; les orteils sont toujours bien dessinés.

Sur quelques exemplaires les bras ne sont plus indiqués que par deux sillons obliques rejoignant la ligne claviculaire sur le haut de la poitrine en dessinant un X.

Certaines figurines atteignent 80 ou 100 mm. de hauteur et parfois davantage. De silhouette plus allongée que les précédentes dont elles reproduisent les caractères principaux, elles s'en distinguent surtout par le développement un peu plus grand des membres (fig. 12, 28).

D'autres au contraire, véritables miniatures ciselées avec une grande finesse, ne dépassent pas 5 ou 10 mm. de hauteur.

Les pierres employées pour ces travaux sont surtout des stéatites vertes ou brunes, dont une variété vert clair très fine, et plus rarement l'albâtre ou diverses pierres dures. Des serpentines ont servi pour des pièces plus grandes.

Tous les degrés de transition existent entre ces figurines ciselées avec soin et de simples plaques découpées en forme de silhouette humaine stylisée.

Parmi ces plaques les unes reproduisent avec plus ou moins de fidélité la face postérieure plane des statuettes précédentes comme, par exemple, une petite pièce en schiste sériciteux verdâtre (fig. 12, 27), d'exécution peu soignée, provenant du Pâramo de La Puerta (haut. 28 mm.).

D'autres simplifient cette silhouette, la réduisent à quelques lignes ! Une tête trapézoïdale ou pentagonale placée au-dessus de deux courtes expansions latérales figurent les bras ; la partie inférieure du tronc et les jambes sont sommairement traitées (fig. 12,24: pierre noire, provenant du Pâramo de La Teta, région de Nikitao). Une très intéressante plaquette venant de La Quebrada (Etat de Trujillo) et conservée au musée salésien de Valera accentue encore cet aspect géométrique (fig. 12, 32). Les bras eux-mêmes peuvent être supprimés et la tête se détache à peine d'un corps stylisé à l'extrême {PI. II, D : serpentine ; haut. 79 mm. ; Cueva de La Luisa, région de Nikitao).

Les membres inférieurs finissent par disparaître et ces silhouettes géométriques tronquées conduisent aux plaques de coquillage et de serpentine dont certaines reproduisent encore presque sans altérations le contour supérieur des statuettes de stéatite. De simplification en simplification le visage devient un simple triangle de moins en moins distinct du corps ; ce dernier n'est plus représenté que par deux expansions latérales figurant les épaules et les bras et tendant à se développer en largeur. Poussée à son dernier degré la stylisation aboutit [à des plaques


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rectangulaires ; leurs angles supérieurs plus ou moins relevés soulignent encore le contour primitif des épaules ; la saillie médiane de leur bord supérieur, en forme de trapèze, est le dernier vestige de la tête coiffée de son diadème de plumes.

Facile à obtenir dans les serpentines de la Cordillère ces plaques exigeaient pour être taillées beaucoup moins de travail que les statuettes ; ceci explique leur abondance.

De nombreuses statuettes d'argile, les unes debout, les autres assises accompagnent les plaques et les figurines de pierre. Sans aborder maintenant leur étude nous indiquerons seulement que le contour de leur tête, surmontée chez beaucoup d'un diadème de plumes, reproduit souvent celui des figurines de pierre et de nombreuses plaques de serpentine {PL II,H-K: haut., 330 mm., 69 mm., 100 mm., 105 mm.).

Elles représentent le premier degré de stylisation qui s'accentue de plus en plus suivant la dureté du matériel employé pour aboutir aux grandes plaques de serpentine où il est difficile au premier abord de reconnaître l'idée primitive d'une silhouette humaine.

Tous ces objets, plaques ouvragées, figurines de pierre ou de céramique se rattachent au culte mortuaire et à certains rites concernant les grottes, les lacs des pâramos, certains rochers de forme particulière. Ils étaient accompagnés d'objets périssables, grains de cacao, plumes brillantes, écheveaux de coton, graines diverses, dont on trouve encore parfois des vestiges. Des petites lampes à trois pieds, très nombreuses dans les mêmes sites, servaient à brûler le beurre de cacao.

L'usage de ces offrandes s'est conservé jusqu'à nos jours sous une forme mitigée dans quelques endroits des pâramos vénézuéliens. Jahn en cite un exemple. Dans le Pâramo de Sto. Domingo j'ai vu sous une grosse roche des bougies récemment éteintes entourées de paquets de chimù (pâte demi-liquide de tabac fortement alcalinisée avec des sels de soude et aromatisée, servant à chiquer) et de flocons de laine.

Quelques pièces de petite taille pouvant être suspendues à des fils ont dû aussi servir d'amulettes. Il est encore intéressant de constater que bien des habitants métissés de la Cordillère et des régions voisines (en particulier près de Carora et de Quibor, anciens centres indigènes et sites archéologiques importants) recherchent ces petits objets, les olicornos qu'ils considèrent comme de puissants porte-bonheur et une efficace protection contre le mal de ojos, le mauvais oeil, et refusent de les céder même à un bon prix.



SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES, 1938.

PLANCHE II.

Plaques et figurines des Andes vénézuéliennes. A. - La Puerta, Cueva El Pozo. — B-C. - Pâramo Las Siete Lagunas. — D. - Los Potreros. — E-F. - La Luisa. — G. - Pâramo Santo Domingo. — H. - La Teta, Nikitao. — I. - Pâramo de Timotcs. — J-K. - La Teta, Nikitao.



NOTES ON THE MATERIAL CULTURE OF THE ISLAND LAKE SAULTEAUX,

BY A. IRVISG HALLOWELL.

Island Lake (Manitoba, Canada) is located approximately 115 miles east of northern Lake Winnipeg and is within the drainage basin of the Hayes River. It is reached by a canoë route from Norway House estimated at 160-170 miles 1. This route lias only been known about 35 years, the earlier « trail » communicating with the lake passing through God's Lake, to the north, across a two to three miles muskeg (Mossy Portage) and over a height of land 2. Even the présent route is by no means easy. In fact, Dr. Grant writes : « this journey, on accounf of ifs long, numerous, and very difficult portages, no doubt merits the claim put forward for it of being perhaps the most difficult regular route that is undertaken in the north 3 at the présent time ». At least 30 portages 4 are necessary while seven rapids can be either « lined » or « run », depending upon the season of the year and the depth of the water. The writer made the trip in July, 1930, with Mr. E. Farrington, Game Guardian. A Crée Indian (Thomas Evans) of the Norway House Band, acted as guide. Our

1. WLUGHT (J. F.). Island Lake Area, Manitoba. Summary Report, 1927, Part B, Canada Dept. of Mines (1928), p. 55 B gives 160 miles ; S. J. C. CUM.MING in an article on the Island Lake Posl in "The Beaver " (periodical of the fludson's Bay Co.), Dec. 1928, gives 170 miles.

2. GRANT (J. C. Boileau). AnthropomeLry of the Crée and Saiilleaux Indians in Norlheastern Manitoba. Bulletin 59, Canada Dept. of Mines, (Ottawa 1929), p. 4. I was told that the York boats were, at one lime, dragged across this portage, although in more récent years it was the praclice to make Mossy Portage a relay point and to transfer the freight to canoë crews who came up from Island Lake.

3. i. e. in this région of Manitoba.

4. The longestof thèse are two of the Ponask portages over the first height of land. They measure 6,200 and 6,500 feet respectively and cross " rocky, hilly country with wet swamps in the dépressions ». Over a second height of land, just before reaching Island Lake, there are two other fairly long " carrys " of 1,650 and 4,300 feet. 6ee WRIGHT, op. cit., p. 558.

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trip consumed 15 days, five going in, during which weather conditions and engine trouble 1, delayed us somewhat and a little over three days coming out, when we averaged 18 hours or more a day of steady travel. Although the Hudson's Bay Company first established a post at Island Lake sometime before 1824, it was abandoned twice and the post occupied at the présent time was not built until 18642. In fact, until the canoë route described above was opened, the Indians of this band, as compared with those at Oxford House, God's Lake, Cross Lake and Norway House were among the most isolated in this part of Manitoba, since they were not so close, as were the other bands mentioned, to the direct Une of travel between York Factory and Norway House 3. There was some contact with missionaries, no doubt, before 1903, but it was not until this date that the United Church of Canada began more intensive work among the natives by assigning a résident missionary to the band. This was followed twenty years later by Catholic missionary effort.

The Indians account for the many islands in the lake by an exploit of wisakedjak, their mythical culture hero. Many years ago he was hunting beaver and, finding a huge lodge, began tochop at it with his axe. What is now called Beaver Hill, between God's Lake and Island Lake, is ail that remains today of this lodge. While ïvisakedjak was chopping, a strong wind from the north was blowing and the mud from the lodge was spattered southward and now forms the 364-2 or more islands in the lake 5. The restof the taie relates how the beaver dived, but was finally killed with a stone and drags^ed from Beaver Hill Lake over the rocks where traces of the animais blood can still be seen.

In summer the Indians congregate at the western end of the Lake 5 in three settlements, ail of which are radial, as it were, to the Hudson's Bay Post, which they reach by water 6. Smooth (or Fiat) Rock is

1. The Johnson détachable outboard motor is a récent innovation which is now utilized by most of the while men and many of the Indians in this part of the country.

2. Cf. CUMMING, op. cil.

3. Cf. GRANT, op. cil., p. 4, in respect to this point.

4. Counted, by some induslrious soûl, on the map published in the National Topographical Séries, based on aerial photographs of this région. Il is the only map which gives a 113' adéquate notion of the topograpby.

5. The Lake itself is 75 miles in length by 50 miles at its widest point (CUMMING, op. cit.) but the islands are so numerous that one scarcely gets a glimpse of the mainland or any very great expanse of water.

6. Thèse settlements are on Indian Reserve 22 and the Band itself is one of those belonging to the Norway Ilouse agency. ,.


CULTURE OF THE ISLAND LAKE SAULTEAUX 131

approximately nine miles southeast of the post. It is hère that most of the Protestant Indians congregate. The Catholic Mission, which I was not able to visit, is located at " Maria '' Portage {misinigap)^ almost eleven miles due south from the company. The third seulement is on the western side of Waasagomach {wasigamak) Bay to the Northwest of Maria Portage, of which it is really an outpost. The Animal Report of the Department of Indian Affairs ~ gives the total enrollment of the band in 1929 as 713, 513 being Protestant and 200 Catholic.

Linguistically, the Island Lake natives may be characterized by calling them Saulteaux or, better perhaps, Saulteaux-Ojibwa, indicating more clearly by this hyphenated term the close relationship of their language to Ojibwa proper. Locally, they are said to speak a mixed dialect of Saulteaux and Crée. This mixture is reported to be especially typical of the Maria Portage groups 3, while the natives at Smooth Rock are reputed to speak a purer Saulteaux' 1. It may be pointed out in this connection that Crée is utilized in the United Church services and at the Catholic mission, too, so that in récent years practically ail of the Islandlakers hâve learned to understand Crée and many speak it 5. The assimilation of Crée would consequently appear to be partly the resuit of christianization and partly due to contact with the Norway House Crée since the canoë route referred to lias been open. The linguistic base at Island Lake may ver} 7 well be Saulteaux-Ojibwa -with an overlay of Crée due to modem conditions". On the other hand, it is not impossible that a much older contact with Cree-speaking peoples lias affected the language much more deeply tlian a superficial inspection would indicate, since the Saulteaux of this région may hâve been marginal to Crée

1. This place name lias référence to the Losh {Lota maculosa), a species of fi s h locally known as " maria ". The livers of thèse fishes are considered a great delieacy.

2. Ottawa, 1930.

3. Cf. the statement of Father Dubcau, the missionary at Maria Portage quoled in GRANT, p. 1.

4. Since I only came into personal contact with the natives at Smooth Rock, I hâve no comparative data to offer on this point, but a short text I recorded is eertainly Ojibwa, rather than Crée, although the list of kinship terms I obtained shows a decided mixture of Crée and Ojibwa forms.

5. On the other hand, the Crée Indians who freighl goods into the Lake during the summer months do not, as a rule, speak or understand Saulteaux, and, in fact, often avoid spending even a night al Island Lake.

6. Cf. the opinion of Mr. Fred Disbrow, whose mother is a Saulteaux of the Berens River band, GRANT, op. cit., p. 1.


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bands for a considérable period, because to the south and east we find only Saulteaux spoken today. Locally it is said that the unity of the band as now constituted is of relatively récent origin and that it was originally made up of people from (1) Stevenson (Deer) Lake to the west where Crée traits predominated, (2) Red Sucker Lake to the east and (3) the Severn River district to the south.

From the cultural standpoint, the people at Island Lake closely resemble those described by Skinner 1 to the southeast, and the Berens River Saulteaux to the south whom I hâve studied in récent years. It is my purpose hère to give in rather sketchy outline, the data on material culture I was able to secure in a short visit 2, primarily devotedto obtaining information upon a topic I hâve discussed elsewhere 3.

Ail of the Island Lake camps which I visited at Smooth Rock were of the same gênerai type. A pôle tipi 4, with canvas covering, sometimes supplemented by birch bark, was flanked with two or more canvas tents 5. This composite dwelling had a single fire, always in the center of the tipi and the hearth was usually surrounded by a few stones. There was no hoop in any of the structures which I saw but, for smoking fish and drying mocassins or clothing, a few pôles {akwâwânakùn) were tied across the upper portion of the tipi. The floor in every dwelling was covered with. spruce boughs, and iron kettles, a frying pan, perhaps, and a wooden spoon {limi 'kwân) or two, were to be seen not

1. Noies on Ihe Raslern Crée and Northern Saulteaux. Anthropological Papers of the American Muséum of Natural Ilislory. New York, t. IX, pt. i f!911).

2. A collection was made for the Muséum of the American Indian (Heye Foundation), New York.

3. i. e. cross-cousin marriage, an investigation supported by a Grant-in-aid from the Social Science Research Council, N. Y. See Cross-Cousin Marriage in the Lake Winnipeg Area, in the Twenty-fifth Anniversary Volume of the Philadelphia Anthropological Society, 1937.

4. The pôles forming this part of the dwelling are not moved -when a change in camp is made, since ofhersare so easily obtained. In former days when birch bark was used more exelusively for the tipi covering it was the pratice to carry specially prepared rolls of bark from place to place. A bark roll of this kind (reduced in scale) and sewn with spruce root was obtained. Cf. SKINNER, op. cit., p. 119 ; Frances DEMSMORE, Use of Plants by the Chippewa Indians, i-4th Annual Report of the Bureau of American Elhnology, Washington, 1928, pp. 389-390.

5. In the summer of 1907 at Fort Resolution (Great Slave Lake) E. T. SETON, The arctic Prairies, 1911, see sketch c, p. 149) observed a similar arrangement among the Âthabascans camped there. " Chief Squirrel " lie says, " lives in a lodge that is an admirable combination of the white man's tent with ils weather-proof roof and the indian leepee wilh its cosy fire ".


CULTURE OF TUE ISLAND LAKE SAULTKAUX 133

far from the fire-place. In the more remote corners crumpled bedding of various kinds was in évidence, small trunks or boxes containing personal belongings and pièces of clothing. Blood relatives or those related by marriage, occupied thèse composite dwellings in common. In one there lived a woman with an unmarried and a married daughter, the latter living in one of the tents with lier husband, while the former slept on the opposite side of the fire with her mother. The tipi of my interpréter and cliief informant, Richard Munias, was occupied by his wife and himself and their seven children, by Richard's brother and his wife and by his mother-in-law. The entrance to each dwelling is covered by a pièce of canvas to which a stick is fastened at the lower end to make it fall into place. When everyone is out a spruce sapling is usually laid against the outside of the door 1. I could not discover any recollection of a dome-shaped dwelling 2.

The sweat-lodge {matutzicân) made of willows bent in a dome-like form is known. Richard described one that lie had seen his grandfather make. Stones were heated and water thrown over them. Then the lodge was covered with a rabbit-skin blanket. The only article of clothing retained was the breech cloth {ânzïân) worn between the legs and over a belt {kinôzïâp). It was not customary to run into the water after sweating.

It is possible that the modem form of the Island Lake summer camp may represent the functional survival of an older form of multiple family dwelling constructed by erecting a ridge pôle against which other pôles and bark were laid on either side. Such a dwelling had a door at each end, several fire places and was called caby.ntawan'A. At Sandy Lake,

1. In this connection it is interesling to quote a passage from DRAGE, An Account of a Voyage for the Discovery of a Nortliwesl Passage, etc.. (London, 1748-49), vol. I, p. 184, in which he is describing the dwellings of Ihe Crée of that period. " You enter the Tents by turning a Pièce of Skin ", he says, " to which there is a Stick fastened on the Ioside of il, to make itflap and close; they hâve no Bolts or Locks ; the Tent Door is never made fast but when they are ail out, and then it is by laying 1 Logs of Wood against it, seemingly to keep out the Dogs more tlian for any other Purpose ".

2. Which according to K. BIHKET-SMITH {The Caribou Eskirnos, Report of the Fifth Thule Expédition, V, vol. II, pp. 136-137) is " an ancient élément in North Amgrica ", although in historié times it occurs only in the eastern part of the continent " in a curve from Labrador along by the océan and south about the Great Lakes, depositing themselves along the periphery of the greal sub-arctic région where the later, coaical tent prevails ".

3. Among the linguistically and culturally related Saulteaux fariner south at Berens River this form of dwelling was only recently abandoned. See also F. DENSMORE, Chippewa Customs, Bulletin 86, Bureau of American Ethnology. Washington, 1929, pp. 26-27.


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when a boy, Richard claimed that he saw an unusually large one. It had ten lires 4 and when used for dancing, the participants moved cloekwise around the fires, to the beat of two drums.

I was told that winter camps in the " bush " are rough log shacks and that they usually contain a peculiar type of chimney and fire-place about two feet wide, constructed of mud mixed with stones or sticks. The logs used for fuel are placed on end so that the}r lean towards each other at the top like a tipi 2. Formerly, it was customary in winter to cover the bark tipi with a layer of moss, about a foot in thickness. Pôles were laid on top of this coating of moss. The latter would freeze solid 3. When hunting or travelling with dogs in winter the ordinary " open-top camp is made. A rough wind-break of brush is erected and on the lee side the snowis cleared away as much as possible. A flooring of evergreen branches is then laid down, on top of which canvas or caribou skins are thrown. Stretched out between the wind-break at their heads and a fire at their feet, the Indians spend many a winter night with nothing but the stars over head, even when the température is 30° or more below zéro.

Matches are, of course, in everyday use for making fire. The flint and steel method is also familiar, but no information on any purely aboriginal de vice could be obtained.

In summer, white fish is principal staple of thèse Indians. It is usually boiled. Pièces of fish clamped in a split stick, tied at the top and stuck in the ground at an angle may also be seen smoking by the fire. After smoking, pounded fish {no' kzhïganzk) is sometimes prepared. It can be kept months in this form without spoiling. Trout are fairly abundant in Island Lake and the losh is also caught. It can be said with truth that thèse Indians always hâve their giîl nets in the water. Wooden floats are used with unshaped stones as sinkers. The nets themselves, made

1. Chief W. Berens, of the Berens River band told me that in former times he recalls as many as six families living in such a dwelling. SKINNER, op. cit., p. 120 refers to a four-family dwelling evidently similar in construction to the type described to me.

2. Mr. Clark, who was formerly in charge of the Hudson's Bay post at Island Lake told me that this type of chimney is of Scolch origin and lhat the position of the logs gives a greater amount of lighl than the ordinary arrangement.

3. A lipi-like structure of logs covered with earth and moss is known and used on the Berens River. For a pholograph of such a dwelling, for which the locale is unlbrtunately bcking, see P. H. GOODSELL, The Ojibwa Indian, Canadian Geographical Journal, Jan., 1932, p. 55. BIRKET-SMITH {op. cit., p. 133)calls attention to thefact that the Crée and Chippewyan commonly " cover the lowest part of their conical tent with snow ".


CULTURE OF THE ISLAND LAKE SAULTEAUX 135

of twine purchased at the post or secured at Treaty time from the Government, are manufactured by the women. A netting needle and block gauge of wood are employed 1. The needle, probably of European origin, is of the type found among most of the Indians of the eastern woodlands of North America.

Moose and caribou are hunted, rabbits are snared, ducks are shot and even gulls and crows are eaten. Partridges are caught with a pôle snare 2. The principal fur bearing animais trapped are fîsher, otter, martin, lynx, red fox and muskrat. Beavers are scarce compared with former days. Fur is traded for clothing, ammunition, kettles, tea, tobacco, flour, etc. Tea is drunk in large quantifies, despite the fact that it sells for $ 1.50 per pound. A native substitute, sometimes used, is the boiled leaves of kagïgeby.k (Laborador tea, Ledum). Bannock, made of flour, water, lard and baking powder, is part of the daily diet of white men in camp and on the trail, and is also made by the natives. It is also custornary to dispose of body vermin and head lice by eating them. While sitting in one ofthe camps one afternoon I observed one of the women hunting the latter in the head of lier daughter, a child of about eight years. Presentlythe mother caught one and slipped it into lier mouth. After a few minutes the woman took off the brighfly colored handkerchief, which so many of the women now wear over their heads, and lay at full length while the child soug-ht out the lice in her mother's head. After a considérable search she finally caught one and ate it. In respect to the eating of dogs or dog sacrifice, no information could be obtained 3. Although the Islandlakers are acquainted with wild rice it apparently does not flourish this far north ''.

Woven rabbit (hare) skin garments are still made. In winter, adults formerly wore almost a complète outfit of this material, except mocassins, but at présent only caps are used. For children, the hare skin coat still survives and an excellent spécimen, with hood attached, was obtained. Blankets are also made of the same material. They are usually sewn into a sheet and used as bedding in winter. The technique employed in the manufacture of thèse articles involves the use of a wooden frame around three sides of which a stiïp of skin is first bound by a string. It

1. Cf. DENSMORE, Chippewa Cusloms, pi. 59, b.

2. Op. cit., p. 131 and pi. 45, e.

3. The Midewiwin is not known tins far north. See A.. I. HALLOWELL, The Passing ofthe Midewiwin in the Lake Winnipeg Région. American Anthropologist. New Haven, Conn., t. XXXVIII, 1936, p. 49.

4. See A. I. HALLOWELL, Notes on the Northern Range of Zizania in Manitoba. Rhodora. Boston, t. XXXVII, 1935, pp. 302-304.


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is made into the desired fabric by means of a séries of interlooping stitches, usually called " knotless netting " 1. In summer, the European style of clothing, with the exception of moose hide mocassins, decorated with beads-, is worn. I saw a child, however, at one of the portages, dressed in a tanned skin suit and wearing a cap with a fringe in front which fell over the infanf's face. This costume was said to be especially designed to keep the child free of mosquito bites. In winter, coats of caribou skin, with hoods, are sometimes worn by the men. They may open down the front or conform to the " pull over " style. I did not see any of thèse but it was stated that thèse skin coats were never painted like those ofthe Naskapi. A pair of so-called " winter " or " mit mocassins were obtained. They differ from the ordinary variety 3 in not having the seam run over the toe. The characteristic feature is a side seam starting from the heel seam and running along the outer side of the foot and around the toe. This style 4 is undecorated and is said to provide more room in the toe for the extra foot covering required in winter.

So far as I could discover snow-goggles of native manufacture are unknown, although to protect the eyes from the glare of the sun on the snow in the spring, smoked or colored glasses are purchased from the traders.

Cradle boards {iikïnâgxn) for carrying children were much in évidence. The ones I observed lacked a hoop at the top. They ail had a roughly carved tooth pattern carved out along the upper edge with a border of incised geometrical designs below and some with a eut out pattern under that. The child is first bound in a kind of sack, laced across the front, practically identical with the type used in the Labrador peninsula

1. DAVIDSON (D. S.). Knotless Netting in America and Oceania. American Anlhropologist. New Haven, Conn., t. XXXVII, 1935, p. 117-134. See sketch, p. 120 (type I) and distribution, p. 123.

2. I was told that bead work had only been done at Island Lake since âbout 1925 and from the spécimens obtained the work is not as carefully done as on the articles from Trout Lake and Norway House. Bead work replaced silk embroidery which, again, is said to hâve been done better at Norway House.

3. Which corresponds to Wissler's Ihree-piece pattern (Type B). For distribution seeWissLER, The Relation of Nature to man in Aboriginal America, 1926, pp. 24 and 26. Several varieties are found in Asia, as well as in North America.

4. Corresponds to Wissler's two-piece pattern (Type C), op. cit., pp. 23-24. Since it is also known on the Berens River the Une on his map may be exlended to include the région east of Lake Winnipeg. Cf. G. HATT, Mocassins and their Relation to Arctic Footwear, Memoirs of the American Anthropological Association, vol. III, 3, 1916, p. 179 seq. For more récent dislributional data see Isabel T. KELLY, Ethnography of the Surprise Valley Paiule, University of California Publications in American Archaeology and Ethnology. Berkeley, t. XXXI, 1932, p. 110-113.


CULTURE 01-' THE ISLAND LAKE SAULTEAUX 137

without the board. The infant is sometimes carried about in this way. When the cradle board is used the child is held in place by a pièce of cloth, attached to the " trough " of the board, which is then laced across the front with sinew or string.

Tatooing {djïsdahotowin) ' is still practiced to a limited degree. My informant and his son Ewart, each had a tiny mark, not more than oneeighth of an inch in length, on the back of one wrist. A woman, whom I did not see, is said to hâve a small circle tatooed on one or both cheeks. Another woman has two parallel Unes across the back of lier lower fore-arm. The technique employed is the needle and thread method, with charcoal.

In regard to tools and implements of aboriginal manufacture, onehanded {mï 'kilaigan) and two-handed {paskwâlcïgan) scrapers of bone are employed in the tanning process and the crooked kniîe{wagï 'kuma/i) is in constant use. Wooden spoons {amï 'krvàn) are made, but wooden bowls are not. An " ice scoop " {kivahy.ivhân) of wood is used in winter for removing snow and ice from the hole through which the nets are set 2. A plentiful supply of fish in winter is even a greater necessity than in summer because the dogs are fed upon it. Despite the fact that the bow and arrow cannot hâve been used as a hunting weapon in this locality for many j'ears, boys are often seen with a bow and arrowr in their hands. The release used is the Mediterranean 3.

Information regarding four types of snowshoes was obtained and spécimens of three varieties secured. (1) The ordinary man's shoe {icangakwïwagim) appears to be identical with that ùsed by the Crée. The birch frame is made in two pièces. Thèse are rather sharply bent upward at the toe into a point as the terni used for them indicates. Nowadays string is used for lacing the toe and heel and moose hide in the body of the shoe.

1. This term literally " squirting ", has a dual connotation, the other référence being sexual.

2. It may be remarked that the form of this implement is similar to the Crée " snow shovel " figured by SKINNER (p. 51) but both are quite dissimilar from the Caribou Eskimo " snow shovel "illustrated in BIRKET-SMITH, op. cit. In vol. II, Tables B 56 and 57, snow shovels and " ice scoops " are segregated. This distinction, it seems to me, is apt to cause confusion, unless data on both form and function are given in each case, especially since Dr. F. G. Speck tells me that the Montagnais sometimes use their wooden " snow shovels " (similar in form to the Island Lake ice-scoop) as " ice-scoops " although they usually manufacture a typical form of ice-scoop.

3. Wissler's distribution of this form of release as given on pp. 35 and 39, can be extended southward to include ail of the area around Iludson Bay and Lake Winnipeg.


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The string is easier to obtain than the babiche and is also said to make the shoe lighter. (2) The second type of shoe {inïnagim) has a blunt, almost liât " prow " and the frames are made of a single pièce of wood. Those figured were obtained from a woman but the same style may be used by men when following the dog sied, as the pointed shoes are said to get in the way. (3) The so-called " bear-paw " snow shoe {makwâlum) is a crudely netted emergency type, the frame of which may be made of spliced branches of any sort of wood available and the netting may be of willow bark'. (4) The fourth variety (mistikwagim) is one made entirely of wood 2. Similar snow shoes hâve been reported from the Caribou Eskimo and sporadically between the Great Lakes and Hudson Bay, the Labrador peninsula and from New England 3. At Island Lake they are said to be an emergency shoe. The pair I obtained appear to hâve been whittled out entirely with a crooked knife. There is one cross-bar on the bottom of each shoe to prevent it from slipping 4. The origin of this type of snow-shoe and its relation to the netted varieties présents a problem of interest. It is possible that it may represent the survival of an ancient form historically connected with Old World types, which preceded the netted shoe in the New World 6.

Birch bark is said to bevery scarce nowadays, partly on account of the numerous forest-fires, so that vessels made of it are not plentiful, although a few are to be seen in daily use. A fairly large storage box {wïkwemûl') was secured. It is undecorated and unbound at the rim. Two small trays were also obtained and a small round vessel which was sewn together with more précision and bound at the rim with spruce root. Another interesting article of birch bark was a " fan " {wewesahïgy.n) used to keep oneself free from mosquitoes.

No birch bark canoës are now manufactured at Island Lake, although the technical knowledge involved undoubledly persists in the minds of the older men G. The canoës employed for freighting goods to and from Norway House in summer 7 and those locally used, are ail of the com1.

com1. SKINNER, op. cil., fig. 54 and p. 446. Also DENSMORE, Chippewa Cusloms, PI. 54, c, d.

2. Cf. SKINNER and DENSMORE, op. cit., PI. 54a and p. 158.

3. For distribution see D. S. DAVIDSON, Snowshoes, Memoirs ofthe American Philosophical Society, vol. VI, 1937, p. 140, fig. 54.

4. Davidson figures Ihem p. 141, fig. 55 c and anolher pair of the same type I obtained from the Crée of Cross Lake, Manitoba.

5. See DAVIDSON, op. cit., chap. 8.

6. Peter Munias, e. g., the father of my informant, was a noled canoë maker.

7. A great many Indians from Norway House and Island Lake are employed in transporting supplies and furs to and from Ihese poinls for the Hudson's Bay Co.,


CULTURE OF THE ISLAND LAKE SAULTEAUX 139

mercial variety. Those used for freighting are usually rowed by one man while another paddles and steers. The oarlocks are of native make. A slender limb of spruce or balsam eut off a few inches from the trunk is left attached to the main body of the tree which is shaped into a block which can be detached and nailed to the side of the canoë. Thus an upright peg of great strength is formed and the short thick oars, also of native manufacture, rotate upon thèse oar locks by means of leather straps fastened to the oars l. An improvised sail made from a " tarp is often set up when crossing the larger bodies of water in a favorable wind 2.

No woven textiles 3 or basketry of native make are known but in talking about the various materials used in making this and that object, my informant volunteered the information that his father had seen " pots made of mud ". This was after I had met the old man, who lived some distance away, so I was not able to secure any further détails, although I suspect that he meant pot sherds. But the fact is of interest because Skinner was evidently convinced that the Saulteaux made pottery " up to fairly récent times " 4, although he was not able to find anyone who commanded the technique. While pot sherds hâve been found by Indians and white men at various points in the bush country east of Lake Winnipeg there are no grounds for believing that the Saulteaux-Ojibwa, récent invaders in this région, made them and no one lias ever attributed pottery making to the Crée. There is some évidence that points to the Assiniboine, a point I hope to discuss elsewhere,

Stone pipes were made in the past but I could not find an}rone who owned one.

The enema syringe {pindxhaivâdjïgxii) made of a jack fish bladder and a bone tube is used in severe cases of constipation 5.

Hyers Heirs and other traders. The rate paid is g 15.00 per 100 lbs. A canoë manned by two Indians usually carries 1.000 lbs.

1. Some canoës are provided with two pairs of oars.

2. The use of a sail by the aborigines of this région of Canada dates back to the earliest contacts with the Whites.

3. Except the rabbit skin robes mentioned, and thèse are not " woven " in the narrow sensé of the term, since a true warp and weft is not présent.

4. Op. cil., p. 130. Cf. also DENSMORE, p. 162, who attributes pottery found on a site on Lake Winnipegosis to the Saulteaux, despite the fact that this brandi of the Ojibwa did not reach this part of Canada until late in the 18th century and none of the modem Saulteaux of Manitoba hâve any knowledge or tradition of pottery making.

5. SKINNER, p. 161, also records the use of this article. Cf. A. I. HALLOWELL, The Bulbed Enema Syringe in North America. American Anthropologist. New Haven, Conn., new séries, t. XXXVII, 1935, p. 708-710.


1 40 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

For sewing bark, as has been mentioned, spiit spruce roots {watâp) are used. For sewing other materials, native thread made of moose or deer sinew {alis) is employed. Rope is made out of braided willow {wïgôhe'ap). It is said to be strong enough for packing fairly lieavy loads. AU the pack straps in ordinary use, however, are purchased from the traders.

Of games, snow snake {sôsïman) is sometimes played in winter and two excellent spécimens of the northern form of the ring and pin game {napâwy.n) were obtained. The holes in the leather when caught by the pin count 4, each bone caught on the pin counts 1, with the exception of the bone next the leather tail pièce which, known as the " eye ", counts 20 when speared b}' itself. Instead of the metacarpal bones of the deer, a small bunch of spruce twigs bound tightly together and lacking the perforated leather tail pièce may be made. In this form the object of the game is to catch the point of the pin in the bunch of twigs.

Within a year after I visited Island Lake gold was discovered there. A mining enterprise was started, carried on for several years and then abandoned. Today it is not unlikely that even the semblance of aboriginal culture I observed has been still further modified.


UN VOCABULAIRE CORA,

Manuscrit inédit publié par JACQUES SOUSTELLE

Parmi les nombreux livres et documents laissés par le philologue mexicain Dr. Nicolas Leôn, et que j'ai pu consulter à Mexico en 1933, se trouvait un manuscrit de cinq pages grand format, en tête duquel le Dr. Leôn avait inscrit le titre suivant : Primeros apunles del idioma cora, tomados por el sacerdote encargado actualmenle de la administracién de los Sacramentos en la Sierra de Nayarit. Le savant mexicain le destinait certainement à la publication, car il avait cherché à corriger le désordre de ce vocabulaire en barrant certains mots pour les placer ailleurs. Il avait même mentionné, en marge de la première page, à l'intention de l'imprimeur : « Pônganse las notas en letra mâs pequena ».

Je ne crois cependant pas qu'il l'ait publié ; je n'en ai pas trouvé trace dans les nombreux ouvrages linguistiques ou ethnologiques du Dr. Leôn que j'ai eu l'occasion d'étudier. Sans présenter un intérêt exceptionnel, ce document a pourtant le mérite d'avoir été recueilli sur place par une personne qui vivait quotidiennement avec les indigènes. Je le reproduis ici sans tenir compte des modifications que le Dr. Leôn a cherché à }r introduire. Les notes en espagnol font partie de l'original.

ha i ypuare y tare lecuare tuixo 2 ta 3 xana

agua

banco

petate

gallina

puerco

dar

plàtano

1. En cora la H se pronuncia siempre aspirada, unas veces casi como la J. cuando la sigue una sola vocal, y otras como la G cuando le sigue diplongo, como en la palabra Chihuahua.

2. La X se pronuncia siempre como la Ch francesa.

3. El verbo en cora nunca se dice solo, sino unido con algunas particulas : Ha nêata, dame agua ; lai nêata, dame una lumbre.


142 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

yanâ l

hueira

canax

yûxare

eihua

zikire

lepuzte

kuanlza

kaurà

ueik

kualzi

nekuatzi

linesle

nahua

pu ri

naca

naica

achone aranache mu luixo ?

puiteme

naime

tiluno lalemue (en la mesa)

tuno

ne/.icui

nitzâ peticui

ruima

alanepahuohuo ?

titane pahuohuo ?

puri anche

puri haurà {jaurâ)

nea haura

anane puvenitzé ?

aune pome ?

aune paurexaz

aune piila (doble i)

huaxl

tabaco

carne

borrego

libro

mucho

canasta

fierro

cuervo

cchivo (sic)

pescado

masa

mi frente

cal

cuchillo

3ra . nopal

raton

l cuanto vale un puerco ?

pasa

todo

incate bien {hlncate : correction

du Dr. Léon)

rodilla

estoy enfermo

esta enfermo

manana

que buscas ?

que buscas ?

ya acabamos

ya me voy

me voy

cuando vienes ?

adonde vas ?

adonde fuiste ?

cuando vienes ?

acabarse la cosa

1. Como el P. Ortega usaré, para que se reconozcan Ios acentos, de dos clases de caractères, el unp que es este : û, que sirve para denotar en que silaba se ha de aceutuar para pronunciarbreve 6 larga ; y el otro que es este : û, sirve para signiûcar el saltillo ; que consiste en pronunciar la silaba sobre que eae este acento consalto, 6 sin gusto, ô repaso y suspensivo.


UN VOCABULAIRE CORA

143

nipacai yuril tlché ?

neamui ncacui

quaimaruze

choatà (significa llano)

nctimoate

nipacai tih yuril ?

na pacai icua ?

nipacai imui ?

he, neicua

nipacai xamue ?

canu, netaix

cânare

caûtnare

tau huilihuâ

tau moara huaracua

moara

iimi

tau iimi huaracua

canu chaâlane

muatzati

che dios limoara nâctite

xapue

nipacai cutzo ?

capuxai

huàxica

xuxu

cuaxpua

neacû

neahâc

anâ

una

yhxa

cuàxpua

hixa

maxcàrei ô maxcarai

kixaure

^ no tienes maiz ?

me duele la cabeza

es el nombre que dan â Sta. Teresa

S. Juan Peyolân

rezar, amansar y leer

^ no tienes maiz ?

I tienes hambre ?

I tienes sed ?

si, tengo hambre

tienes frio ?

no, tengo calor

genero

soga

vamos â baharnos

vamos â corner pitallas

pitallas

guamuchiles

vamos â corner guamuchiles

no ves

piha

que Dios te lo pague ô muchas

gracias no hay de que, ô, esta bien l tienes sueno ? todavia no hace mucho calor risa

ciruelas mi hermana mi hermano pluma sal

sacate ciruelas el sol la luna bule

Partes del cuerpo humano.

mu kipiâ

la cabeza el cabello


144

SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

necuatzi

tzàcu

hizi ô izi

tzuri

teni

hûxa

ayêire

lâni

nantir e

naxe

kipi

tabi

napuere ô napuare

môaka

tzicure

hucà

huari

kîtza

yhka

tuno

chapuare

xitê

kapui

môaka

néremil

kîrutze

mi frente

la ceja

los ojos

nariz

boca

barba

parte de la cara

vientre

lengua

oreja

cuello

pecho

honibro

brazo

codo

estômago

cintura

nalga

pierna

rodilla

pié

dedo

tobillo

mano

rostro

espina dorzal {sic)

Estas son tan solo las (palabras) que lie aprendido, advirtiendo que los Coras nunca las pronuncian sin anadirle(s) (la particula) ne antes de la palabra, como por ejemplo : nêamu, nemoaka, nexilê l.

Frases.

neauche nèachuita niperi tincua ? aune péché ? aunepome ?

voy al comun l ya corniste ? I donde vives ? I adonde vas ?

1. Les mois ou lettres entre parenthèses ont été ajoutés par le Dr. Leôn. Celui-ci avait écrit, en marge de ce paragraphe, la notation : ojo (attention).


UN VOCABULAIRE CORA

145

antibi niché

niparache mi hizi ?

natazaira mu lecuare

hualazeira

nipaxeve huahui?

titane nanahuaira ?

capû

capû nanahuaira

charnu home

haicahua

neahuaniua

titane paxeve ?

canutita axeve

moara mu cueima

neahuamua

titane paxeve ?

canutita axeve

nea chiva

mûmei

neahave

canu hualahave

nata hâve

eihua mu aviyo 6 averiyc

pure hualaxi

mèche viye

eihua mu viye

ya cuari

puri mu riviye

yacui en cerillos

chère lâché

nea pueralva tih tineste

huera natuire

alla arriba â mi casa

l no traes anteojos ?

ensename la gallina

ensenasela

l no quieres bafiarte ?

I que te robaste ?

nada

no me robes

con su licencia

mas alla

quiero bariarme

que quieres ?

nada quiero

quiero corner pitallas

quiero banarme

l que quieres ?

nada quiero

quiero casarme

alli

me alcanzô la agua

no me mojé

me mojé

viene mucha agua

ya se acabô

esta lloviendo

esta lloviendo mucho

aqui estân ya

ya esta lloviendo

aqui hay cerillos

vamonos â la casa

yo vendo cal

vendeme carne.

Société des Américanistes, 193s.

10



MONOGRAPH ON ORNAMENTS

ON ZAPOTEG FUNERARY URNS?

BY CONSTANTINE G. RICKARDS. {Planches III-V).

It would be difficult to find, amongst the American Indian Tribes, a race which can surpass the Zapotec Indian for workmanship in modelling and moulding.

The Zapotec Indians inhabit the Central, South and Southeastern port of the State of Oaxaca, Republic of Mexico.

The great tribe of the Zapotecs or Zapotec Indians is justly considered amongst the most important tribes that inhabited the American continent, on account of its civilization and power. The}' inhabited the Kingdom of Zapotecpam at the time of the Spanish conquest, a kingdom renowned ail through Anahuac, having for its capital Zaachila Yoo, founded about the year 1390 by Zaachila I. The Mexicans called it Teotzapotlân.

The ancient name ofthe Zapotec nation was " Didjazaa '', which means in the Zapotec tongue " Language ofthe Clouds ", from didja, word and zaa, cloud.

King Cosijoeza was the last great king of the Zapotecs, having been proclaimed king in the year 1487 and during his reign he added to his kingdom by his conquests, many lands, including the Isthmus of Tehuantepec, where he defeated the Mexicans and founded another kingdom, but going back to Zaachila, he named his son Cosijopii, King of Tehuantepec or " Danniguibeche " as the Zapotecs called it (mountain of the stone of the tiger, from danni. mountain, guia, stone and bêche, tiger).

When the Spaniards came, they had no trouble in conquering the Zapotecs, as their king, like Moctezuma of the Aztecs, got frightened by their oracles and superstitions and instead of fîghting them, formed an alliance with them to subdue the other tribes near them, like theMixtecs, Chontales and Mixes who offered more résistance than the Zapotecs. Ancient Zapotecpam now forms part of the State of Oaxaca and the


148 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

tribe to this day, is still one of the most numerous and civilized tribes of Indians found in the State.

They are closety related to the Mixtec Indians wliose kingdom called Mixtecapam -was adjoining and with whom they were nearly always at war.

Ofthe thirteen Indian tribes found in the State of Oaxaca, the Zapotecs and the Mixtecs were the most advanced and were in the heighth of their civilizalion when the Spaniards arrived.

The funerary urns found in the Zapotec country, show a very good example of their work.

The features used for décorative purposes and embellishment are most elaborate and some of the workmanship exquisite.

Thèse vases or " idols " as they are called in Oaxaca are found in graves. Most of the figures on them are sitting but some are found standing, some sitting on temples and a few kneeling.

In most cases live urns are found at the back of the head in the graves generally in stone niches made of slabs of stone to préserve them and that is why most of them when taken out, are in a perfect state of préservation.

In some cases the face is seen in a natural state showing the features plainly and on others, the face is covered with a mask. Nearly ail of thèse vases were used for funerary purposes.

Joyce in his Maya and Mexican Art ', page 99, says : " From the artistic point of view tlie}^ attain a high standard. Maya influence is obvious in the délicate inodelling of human features, and the skilful use of feather-designs ; yet, the Zapotec potter, while accepting inspiration from outside, lias not been dominated by it, but lias turned it to his own use in the production of works of art, which are « characteristic » in the sensé that they bear the unmistakable stamp of his own peculiar psychoSpinden

psychoSpinden in the Ancient Civilizations of Mexico and Central America page 141 2 : " In Zapotec funerary unis a close connection with Mayan art can easily be demonstrated. The urns are cylindrical vessels eoncealed behind elaborate figures built up from moulded and modelled pièces. Many of thèse built-up figures represent human beings while others represent grotesque divinities or human beings wearing themasks of divinities. The purely human types hâve a formai modelling in high

1. Maya and Mexican Art, by Thomas Athol JOYCE. London, 1927.

2. Ancient Civilizations of Mexico and Central America, by Herbert SPINDEN. New York, 1917.


ORNAMENTS ON ZAPOTEC FUNERARY URNS 149

relief, the head usually being out of proportion to the rest of the body ".

The ornaments can be divided in head-dresses, nose • ornaments, mouth ornaments, ear ornaments, necklaces and ornaments on the body including those on the hands, feet, shoulders and waist.

As has been already stated, the influence of Maya characteristics is clearly seen in Zapotec art although the Zapotecs preserved their style and the later Zapotec idols may be said to be purely Zapotec in their features. The older Zapotec civilization seems to hâve been closer linked with the Maya culture. Not long before the coming of the Spaniards, the Zapotecs acquired their highest degree of civilization and it is during this period that they broke away more from the Maya influence. Toltec influence can also be seen in many of their artefacts.

It would be impossible to give illustrations of ail the différent spécimens found in the Zapotec région and it is curious to note thaï although some of the figures were moulded, it is very rare to find several unis exactly alike. Thousands of thèse urns hâve been found and are to be seen in the National Muséum in Mexico City and in ail the principal muséums throughout the world.

Little has been writtenon the Zapotec civilization as so far, archaeologists hâve given mostof their time to the study of Toltec, Aztec and Maya civilizations but some of the most beautiful spécimens that hâve been found belongto the Zapotec and Mixtec civilizations ofthe State of Oaxaca.

The Zapotecs not only were masters in pottery but also in stone art and their gold ornaments hâve called the attention ofthe world for their wonderful workmanship.

Maya influence is not only seen in their décorative motives in pottery but in the hieroglyphics found in their ancient ruins at Monte-Albân, Xoxo, Cuilapam and Mitla.

It is curious to note that there is some resemblance in the ruins of Monte-Albân and those found at Xochicalco in the State of Morelos and Tenango in the State of Mexico.

The urns are as a rule found to be empty although I hâve found some cases in which skulls of small birds were found in small vessels with ashes, probably showing that a sacrifice had been made.

Joyce, speaking of vessels and figurines found in British Honduras {Maya and Mexican Art, p. 99) says : " Grave potleiw similar in type, but différent in art and technique, is characteristic of Zapotec burials ". And further on adds : " The clay is lightly fired and brittle, and the vessel is almost entirely obscured by the figurine ".

The colour of the urns found in the Zapotec counlry, differs according to the colour of the earth found in the différent districts. Some are of


ISO SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

very dark clay, almost black while others are dark brown, light brown, yellowish arid dark red.

By scraping off the coating of dust, it is seen that nearly ail of them were painted red and this is one of the surest signs that the spécimen is genuine, as there has been many imitations made.

The graves are sometimes found in small artificial mounds or ' ' mogotes " as they are called in Oaxaca. Other graves hâve only been found when ploughing as there is no indication on the outside of the graves or if there was, it lias entirely disappeared. When digging, some stone slabs are usually found and they indicate the number of persons buried in that grave.

Some of the graves hâve chambers made of stone slabs, some of which are carved and are found in the middle of the artificial mounds. Other graves hâve stone slabs put around the place where the body was placed, with the five idols put round the head.

The smaller graves hâve just the idols and sometimes small earthenware pots, stone beads and other implements.

In cases where gold has been found, disks hâve been taken from the eyes, breast and forehead, in one case a gold disk was found insertedinto the front of the skull.

Some of the finest spécimens of gold corne from the Tehuantepec région of Zapotec Indians.

As a rule, many graves are found together which shows that thèse were cemeteries and the Zapotecs must hâve taken spécial care of their burial grounds.

The Zapotecs took great care with the détails on their head-dresses and many unis hâve the heads elaboratety adorned. Feathers seem to hâve been their favourite décorative feature. The eagle and the ocelotl or jaguar is shown on many of them, showing that the man buried in the grave must hâve been a warrior or in some way connected with their god of war, corresponding to the Aztec, Huitzilopochtli.

Galindo y Villa in his pamphlet Algo sobre los Zapotecos y los edificios de Mitla, pages 15 and 16, says, speaking of funerary urns 1 : " Their characteristics are : First. The symbol of their head-dress, which nearly in ail their figures is repeated, and the élégant working of the lines. It can be said that geometry is marvellously and masterly applied. Second. The oriental sitting posture, that is, with the legs crossed, which is also common among the pièces proceeding from the Ulmeca

1. Jesûs GALINDO Y VILLA, Algo sobre los Zapotecos y los edificios de Mitla. Mexico, Imprenla del Museo Nacional, 1905.


ORNAMENTS ON ZAPOTEC FUNERARY URNS 131

civilization, but only on maie figures because those of the opposite sex are found in the proper position of the Mexican woman when they are not standing, that is, kneeling and sitting on their heels "...

The same author (page 7) says : " The Zapotec civilization is one ofthe richest and most interesting of our territory and with the Mayan, the Tarascan, the Matlazinca or Pirinda and the Totonac principalky were found to be of the same or higher degree of civilization as that of the Mexicans "...

Quoting Joyce again in his book Mexican Archaeology J, page 193, and referring to the urns found in Oaxaca he says : " A peculiar class of Zapotec pottery may be mentioned hère, consisting of figure vases of coarse red-brown or black vvare, usually very brittle, found in tombs. Thèse seem to hâve been made soleh' for funerary purposes, since the figure élément has been developed so as almost to eliminate the vase portion. The figures are represented as sitting or standing ; they wear mantles with capes, and head-dresses in the form of a monster's jaws with feather plumes.

Many of them are shown with a peculiar mouth-mask rather resembling the mouth-mask worn by the wind-god in Mexico and Guatemala, and also by certain figures on vases from Nasca in Peru ; and occasionally the figure represents a bat. Many of them show traces of red paint, and the faces are very skilfully modelled. On the whole they are more Mayan than Mexican in appearance ' '.

Licenciado Alfonso Caso who published a most interesting study on Zapotec stelae {Las Estelas Zapotecas 2) page 73 says : " The stelae of Monte-Albân, Zaachila etc, which I now publish, hâve a great resemblance with the funerary unis which hâve been found in the Zapotec région in the State of Oaxaca, and are différent to ail the codices known up to the présent. On this account, we must infer that Monte-Albân was a Zapotec metropolis and that not a single codex was preserved of this culture... Zapotec writings differ from the Maya and Mexican, although they are undoubtedly connected with both and with those which appear in Xochicalco and Tenango "...

Caso also says in page 9 of his same work " Anyone who has seen the stelae in Monte-Albân, the funerary urns and the codices of Oaxaca has surely noticed the resemblance between the urns and the stelae and a marked différence with the codices of this région ".

1. Mexican Archaeology, by Thomas A. JOVCIÎ. London, Phillip Lee Warner, 1920.

2. Las Estelas Zapotecas, por Alfonso CASO. Mexico, Talleres grâficos delà Naciôn, 1929.


152 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

" The funerary urns hâve always been attributed to the Zapotecs, and they are only to be found within the limits of the zone inhabited by them".

" For this reason I believe with a good foundation, that the stelae publishedin this book must be called Zapotec, as thej^ hâve a great similarity with the urns, not only for the divinities represented on them but because the hieroglyphics on the unis are identical to those found sculptured on the stelae. Urns and stelae are products of the same culture ".

When the Spaniards conquered the Zapotecs, they pulled down their temples, killed the priests and in their search for gold, dug in every place they thought it could be hid and in ignorance and zeal for their religion, destroj'ed ail the idols they found, sanctuaries and writings they could gel hold of.

Some of Ihe Zapotec funerary urns represent animais ! : " The life ofthe Zapotec Indian was closely bound with that of the animais they knew. Burgoa tells us of the idolâtries of the Zapoteco-Serranos and mentions especially a case of a niacaw which was worshipped by the people and who had a priest who took care of it and daily offered sacrifices to it. Various other cases are mentioned by the Spanish Missionaries who went to the wildest countr}r to civilize the Indians "...

" In the mythological legends of the Zapotecs, many animais are mentioned, taking part in the heroic feats of their gods and in their principal historical events " .

It is an undoubted fact that the head-dress or head gear formed a most important item in the ancient apparel ofthe Mexican Indian.

It served to distinguish the social position of the person, his rank in the army, the priesthood, profession, sex, and in many cases showed immediately to what tribe he belonged or what part of the country or quarter of the cit}' lie came from.

Head ornaments were not only limited to living persons ; ail the gods and goddesses are represented with more or less elaborate head-dresses, and oflen by means of thèse are they distinguished. The ancient Mexicans took great care to distinguish themselves by their tokens and especially was this so, when they went to war. The codices give a good illustration of this. The common people only wore them inbattle, dances or feasts, but the nobles always had them 2.

When a tribe conquered another tribe and imposed tributes, it was a custom to make head-dresses part of said tribute.

1. Zoolatria entre los Zapotecos, by Lie. Conslantine G. RICKARDS. Mémoires de la Société scientifique " Antonio Alzale ". Mexico, t. 35.

2. Indumentaria anligua. Veslidos guerreros y civiles de los Mexicanos, by Dr. Antonio PENAFIF.L. Clhap. VI, page 27.


ORNAMENTS ON ZAPOTEC FUNERARY URNS 133

Parry, speaking of the Usumacinta slabs of the Maya race says ' : " Like many Maya sculptures of persons devoted to sacerdotalism, the priests are carrying impossible head-dresses ; the larger they were, the greater the rankof the wearer. The whole of the ornamentation is a mass of emblems "...

Eduard Seler in his Deities andReligious conceptions of the Zapotecs*, page 302, mentions the vessels made by those Indians : " Finally, we hâve an abundantand unsophisticated source of information, which ought to give us the key to the mythical conceptions of the Zapotecs, in the antiquities of the country, the images of stone and especially those of pottery, the large and small figures, the figure vessels, the pottery vessels and small pottery heads, found in great numbers in the country, which was once thickly populated and abounds in graves "...

In an earlier work 3, he talks of " remarkable great figure vases, distinguished by gigantic head ornaments and a peculiar conventionalized face, in which the most conspicuous features are puffings over the eyebrows and under the eyes and a serpent's jaw set into the human countenance "...

Seler again says {op. cit., p. 315) " They were probably ail burial vessels". . .

"One reflection in particular is forced on us while considering thèse antiquities peculiar of the Zapotec country. The types are very uniform and very characteristic and in them can be recognized, strictly speaking, only the old créative god (firegod?), the earth goddess, Tepeyollotl, and perhaps a war god".. .

It is certainly wonderful to observe what the Zapotec artist did, considering that he did not know the use of the potter's wheel.

In order to simplify the study of the Zapotec urns, they can be divided into two classes :

First class : - Urns in which the features of the faces hâve slanting eyes and other characteristics of distinct Maya influence.

Second class : - Urns which are entirely Zapotec in their characteristics.

The urns with distinct Maya influence are older than the others which

1. The sacred Maya Stone and ils symbolism, by Francis PARRY. Chap. III, page 41.

2. Mexican and Central American Antiquities. Calendar Systems and Hislory. Smithsonian Institution, Bulletin 28. Washington, Government Prinling Office, 1904.

3. Die sogenannten sakralen Gefasse der Zapoteken. Veroffentlichungen aus dem Kôniglichen Muséum fur Vôlkerkunde, Band I, Heft 4, pp. 182-188.


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SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

belong to the late Zapotec culture. Sometimes it would be difficult to classify them in this manner but as a gênerai rule most of them can be separated at once by their ornaments, features and gênerai appearance.

Head-dresses.

Before illustrating a few examples of head-dresses found on the urns, I am giving a few drawings of the head-dresses found on the stelae at Monte-Albân, which is supposed to be the oldest settlement of the Zapotecs, and a few drawings of the head-dresses found on the paintings at Mitla.

Many stelae hâve been found at Monte-Albân but only a few of them

Fig. 13.— Head-dresses found on the stelae at Monte-Albàn.

have been uncovered and some taken to the National Muséum at Mexico City. Caso lias given a complète list of thèse stelae with drawings and explanations.

Fig. 13 (left). Animal, probably a coyote (wild dog) or opossum. This stela is commonly known as the Coyote Stone. It has an elaborate headdress of feathers like a crest, and the figure of speech.

The Mayas used to represent a deity with a mask resembling a pig. Parry 1 gives an illustration of the Water God, one ofthe forms of Kukulcan from Copan and the mask lias a long snout like the one at MonteAlbân. It may be that this stela repressnts one of the forms ofthe Maya god Kukulcan.

Fig. 13 (right). Head with wonderful head-dress. The figure of speech is also seen. The face is small compared with the head gear.

Fig. 14 (left). Elaborate head-dress. On this stela there are four figures. A tiger's head appears on the head-dress. Mouth open.

1. PARRY, op. cit., chap. III, p. 35.


ORNAMENTS ON ZAPOTEC FUNERARY URNS

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Fig. 14 (right). Curious head-dress. Probably at the back there is a head of a snake. Mouth closed. Large ear ring.

Fig. 14. — Head-dresses found on the stelae at Monte-Albân.

Nearly ail the paintings on the walls at Mitla hâve now disappeared but fortunateîy Professor Eduard Seler was able to take drawings of them when most of them were visible.

Fig. 15. — Head-dresses found on the paintings at Mitla.

Figure 15 represents Mixcoatl-snake of the clouds, god of death, oi thestarry skies, creator of fire etc. He is seen carrying his darts.

Fig. 16. — Head-dresses found on the paintings at Mitla.


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Fig. 17. —Zapotec head-dresses Laken from funerary urns, Oaxaca.


ORNAMENTS ON ZAPOTEC FUNERARY URNS

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Seler says : " Hence this god is the primai deity, the creator of the world and of men, the Iztac Mixcoatl, who as Motolinia reports, lived in the North, in Chicomoztoe, and from whom and his wife Ilancueye, descended the différent nations of the world, that is, of Mexico "...

Figure 16. Portion of the linten in the south court of the interior of the priest's house at Mitla. Thèse are représentations of the god of sun.

Having an idea of the head-dresses on the oldest représentations of the Zapotecs, we can now compare them with the ornaments on the funerary urns.

Fig. 17 gives a sélection of head-dresses taken from funerary unis found in the Zapotec country.

Fig. 18. — Head-dresses on unis found in Zapotec tombs.

Schellhas 1, page 617 says : " The overloaded head-dress, often is a characteristic feature of Central American représentations. Thèse headdresses are most colossal in the Yucatec reliefs, where they often develop into architectural ornaments pure and simple

1. P. SCUELLUAS, Comparative studi.es in llie field of Maya antiquities. Mexican and Central American Antiquities, Calendar System and Rislory. Sinithsonian Institution, Bulletin 28. Washington, Government Prinling Office, 1904.


158 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

Fig. 18. Gives other Zapotec head-dresses of différent types. Fig. 19. Masks taken from Zapotec urns.

Fig. 20. Necklaces. Schellhas mentions {op. cit., page 613) : " This kind of apparel and ornament, was next to the head ornament, the most popular and manifold throughout the whole civilized région of Central America "...

" There is often a medal-shaped middle pièce upon the chain, which lies on the breast "...

Fig. 19."—Masks on Zapotec funerary urns.

" This kind of ornament was worn indiscriminately by men and women. The badges of certain priests or officiais seem sometimes to hâve been used upon the tassels " (Schellhas). . .

Fig. 21. Ear ornaments. " Still greater points of resemblance occur in the ear ornaments, which often seem to hâve been combined with the necklaces " (Schellhas page 615).

Fig. 22. Some spécimens of facial décoration and tattooing are given. Tattooing was used by the Mayas.

Fig. 23. Dress, Samples of mantles and capes.

Foot wear is rare in the Zapotec idols. The figures hâve bare feet in most cases, or sandals.

PL III, A. Photograph of an idol found in a large mound in the District


ORNAMENTS ON ZAPOTEC FUNERARY URNS

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Fig. 20. •—Necklaces on Zapotec funerary urns.


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Fig. 21. — Ear ornaments on Zapotec funerary urns.


ORNAMENTS ON ZAPOTEC FUNERARY URNS

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of Etla, at San Lâzaro. Two idols exactly the same were found in this mound, in a chamber made of stone slabs in the middle of the mound. The peculiarity of this urn is the eagle ornament on the head. The face lias Maj'a features with slanting eyes. It has a Utile bail of clay below thenose. Another peculiarity is that there are two other faces on each side of the

Fig. 22. —Face ornaments on funerary urns.

principal face, each of them having an eagle as a head-dress. It lias a mantle over the shoulders and a necklace of beads on the neck. The idol is sitting with its legs crossed. Its height is 11 1/2 inches by 7 1/2 inches wide. It is one of the most beautiful spécimens of the many hundreds I hâve seen from Oaxaca.

PI. III, B. Represents another urn found at San Pablo Huitzo, Etla.

The head-dress is very elaborate with feather work ail aroùnd the head.

In front are hanging some tassels. The eyes are slanting. The earrings

are large. It lias a mantle on the shoulders and a necklace with a pendant.

Société des Américanistes, 1938. 11


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SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

The figure is sitting with its legs crossed. Below the nose is a little bail of clay. The characteristics are Maya. Height 20 inches.

PL III, C. Represents a most remarkable funerary urn. It was found

Fig. 23. — Samples of dress found on Zapotec funerary urns.

at Santo Domingo Tlaltenango, District of Etla. Its height is 25 inches and its width 24 inches. In the grave were found many pots and a skull in a very bad condition. The head-dress is a very fine pièce of workmanship. On the top of the head, a row of feathers is seen and just below it, a line of shells having in the middle an ornament.

On the forehead some tassels are hanging. On each side, two other


ORNAMENTS ON ZAPOTEC FUNERARY URNS 163

faces appear, having on the top, heads of eagles. From the mouth the sign of speech is seen. The eyes are very slanting, which gives the face a very tierce appearance.

The nose ornament is very elaborate and the longue is protruding from the open mouth.

Over the shoulders is a mantle and on the neck is seen a necklace of beads and another necklace with a pendant of a face which is purely Zapotec in its characteristics. Below this face is seen a bow and three bells and a cloth hanging writh some hieroglyphics. The figure is sitting with its legs crossed in the usual fashion. The ear ornaments are also very elaborate. This urn has distinctly Maya characteristics.

PL III, D. Idol found at San Juan Guelavia. District of Tlacolula. The figure is kneeling and offering a maize cob. Between the eyes are three little clay balls. The head-dress is large and the snake is clearly seen. It has earrings, large necklace and an apron. The face is purely Zapotec in its features. It is 16 inches high.

PL IV, A. Another urn with figure kneeling. Its tongue is put out. Small apron, earrings, necklace, girdle and head-dress like a helmet. Height 16 inches. Found at San Lorenzo Etla. District of Etla.

PL IV, B. Female figure. Legs crossed. Has a mantle over the shoulders. Hair plaited with ribbons across. Necklace of beads and shells and earrings. Pure Zapotec. Features very clear. About 17 inches high. The head-dress is very much like the one which is still worn b}* the women of the Zapoteco-Serrano tribe, living in the District of Villa Alta (Yâlalaag) State of Oaxaca. Found at San Felipe Tejalapa, District of Etla.

PL IV, D. Funerary uni of exquisite workmanship. Pure Zapotec features. Wonderful feather head-dress. Only face and neck are shown. Necklace and other ornaments. Severàl pièces similar to this hâve been found and I consider them to be spécimens of the finest Zapotec workmanship. Height 15 inches. Found at Santa Ana Zagache, District of Ocotlan.

PI. IV, E-F. — Thèse two urns were found in a grave at San Juan Guelache, District of Etla. The largestis 16 inches high by 12 inches wide. The other is slighlly snialler. Botlï are sitting on temples (Teocalli), the smaller with legs crossed.

The temples hâve hieroglyphics and the steps are very plain. The


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figures hâve elaborate head-dresses, necklaces,-girdles and earrings. The larger figure has an emblem resembling a semicircle in the right hand. The features of the face dénote pure Zapotec characteristics.

PL V, A. Standing. Very elaborate ornaments on the head and face which bears a mask and on the body. Fine necklace and girdle. On both hands are placed emblems of office. There are few idols found standing compared to the great number of thèse found sitting. It has pure Zapotec features. Height 17 inches. Found at Santo Domingo Galiesa, District of Ocotlan. Four idols exactly the same were found in the grave.

PL V, B. Funerar}' uni. Female figure, animal probably representing an ocelotl or jaguar. Found at Santa Cecilia Jaliesa, District of Tlacolula. Height 15 1/2 inches. Width 9 inches. Curious head-dress. Necklace like a snake, earrings and girdle. The paws are stretched out. Has an indenfed Une across the face. Many urns with animal features are found especially in the Districts of Tlacolula and Ocotlan.

PL V, C. An extraordinary urn, found at San Lorenzo Cacalotepec, District of Etla. The features are entirely chinese. The head lias a pigtail and an ornament on the front of the head like semicircle. The rest ofthe head is shaven. Height 8 inches. Width 7 1/2 inches.

Great care was given to design the features of the face wilicli are perfect. The rest of the body, especially the arms and legs are badly made. The feet hâve three toes.

The grave was 7 feet deep and a liltle more than 6 feet 6 inches in length.

Besides the figure with chinese features, there was another urn typical ofthe Zapotec civilization, a vase made of clay, several stone beads, one small idol made of jadite, three inches long and another stone idol two inches in length and a skull in a very bad condition.

The grave was surrounded by hewn stones. Thèse were painted white. Two of thèse stones, at the head and at the feet, had on them the same design of the semicircle which appears on the head of the idol. Two other stones on the sides, had on them the design of the pigtail. Thèse designs were found about half way up the grave. AU thèse designs were painted red. The grave was found at a distance of 250 meters from the village Church.

Professor Marshall H. Saville says 1 : " Among the most interes1.

interes1. Urns from Oaxaca. The American Muséum Journal, Vol. IV, pp. 4960.


ORNAMENTS ON ZAPOTEC FUNERARY URNS 165

ting remains of the ceramic art in Mexico are the funeral urns which hâve been found in ancient mounds conlaining tombs in the Valleys of Etla, Oaxaca and Tlacolula, in the central part of the State of Oaxaca. They are, as a class, perhaps the most important objects of this phase of culture left by the old Mexican peoples ".. . . Further on lie says: " Thèse urns are interesting, furthermore, for the personal ornaments represented, including various forms of ear ornaments, necklaces of stone and sheli, beads and breast ornaments in the form of human heads and hieroglyphs ". . . " It is probable that thèse urns represent deities, and that they were placed near the tombs to guide the spirits of the deceased on their journey to the other world ".

From this sélection, an idea can be obtained of the importance of the study of thèse Zapotec funerary unis which prove the advanced stage the Zapotecs had acquired in the art of moulding and modelling.



SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES, 1938.

PLANCHE III.

Zapotec funerary urns.

A. - Urn found at San Làzaro Etla, State of Oaxaca.

B. - Urn found at San Pablo Huitzo, District of Etla.

C. - Urn found at Santo Domingo TIaltcnango, District of Etla.

D. - Urn found at San Juan Guelavia, District of Tlacolula.



SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES, 1938.

PLANCHE IV.

Zapotec funerary urns.

A. - Found at San Làzaro Etla, District of Etla.

B. - From San Felipe Tejalapa, District of Etla.

C. - Grave at Cuilapam.

D. - Found at Santa Ana Zagache, District of Ocotlan, Oaxaca.

E-F. - Funerary urns from San Juan Guelache, District of Etla, Oaxaca.



SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES, 1938.

PLANCHE V.

Zapotec funerary urns.

A. - Found in a grave at Santo Domingo Galiesa, District of Ocotlan.

B. - Zapotec funerary urn found at Santa Cecilia Jaliesa, District of Tlacolula, Oaxaca.

C. - Funerary urn found in a Zapotec tomb at San Lorenzo Cacalopetec, District of

Etla.



LES DERNIERS CARAÏBES

LEUR VIE DANS UNE RÉSERVE DE LA DOMINIQUE,

PAR LE R. P. J.-B. DELAWARDE C. S. Sp.

{Planches VI- VIL).

Les chroniqueurs ont dépeint les Caraïbes comme de magnifiques sauvages et les plus résolus qu'ait rencontrés le colon européen. Par leur goût des combats, par leur féroce courage, par leur incapacité absolue de se plier à l'esclavage, par leur mépris de la mort où ils semblaient dominer leurs bourreaux, ils excitèrent l'étonnement. Malgré un armement de bois, ils firent face un long temps à la conquête européenne dans les Petites Antilles. En plein xvme siècle, ils tiennent encore leur camp retranché, la montagneuse Dominique, si bien que l'île n'est réclamée par aucune puissance au traité d'Aix-la-Chapelle (1748). A la fin du siècle, après 1783, quand les Européens s'installent définitivement dans le pays, les carbets plantés dans la partie orientale de la Dominique, se font encore respecter. Plus tard enfin, l'Angleterre les épargne généreusement et certains gouverneurs s'intéressent à ce que devient la Réserve des Caraïbes où ceux-ci invaincus, achèvent aujourd'hui l'odyssée de leur race.

En avril et mai 1936, nous y avons séjourné en relations très directes, très confiantes avec les Caraïbes et soucieux de noter les moindres détails susceptibles d'intéresser. De nombreuses conversations avec eux et avec leur curé ont aidé, nous l'espérons, à l'interprétation des faits en dehors de toute fantaisie l.

Les noms de lieux, en particulier sur la carte ci-jointe (Carte 2), ceux de plantes, d'animaux, etc., sont de préférence donnés en caraïbe. Ils sont écrits selon l'orthographe française mais leur prononciation ne comporte

1. Qu'il nous soit permis d'exprimer ici notre reconnaissance à ceux qui nous ont facilité ce travail el particulièrement au R. P. Barreau, à M. Jean de Reynal, au Docteur Thaly, aux Pères Rédemptoristes de Roseau et au R. P. Muller, supérieur du Séminaire Collège de Fort-de-France.


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SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

pas le son nasal. Cependant il se trouve que nous n'avons disposé souvent que de termes créoles, notamment pour désigner des plantes dont nous nous excusons de ne pouvoir toujours mentionner l'appellation botanique. Le langage créole qui se parle encore dans la plupart des Petites Antilles quelle que soit leur nationalité, est un patois français. Par « Caraïbes » enfin, il faudra entendre les habitants de la Réserve, qu'ils soient de race pure ou mélangée, et par « Créoles », les Noirs porteurs ou non de sang européen, qui forment la presque totalité de la population de l'île.

LA ROUTE DE SALIBIA.

Quand on a débarqué à Roseau, il est préférable de contourner l'île pour atteindre la Réserve car sa traversée par le centre relève du 'sport

violent. On peut prendre les transports publics qui conduisent à La Soie et là enfourcher un cheval ; 4 ou 5 heures durant on descend vers le Sud en longeant la mer. Après le Petit Marigot, on prend un chemin muletier taillé dans un tuf épais et côtoyant parfois audacieusement le bord d'une falaise de 100 pieds. Bientôt on passe à gué de nombreux torrents où chante une eau très pure et il faut sans cesse gravir et redescendre les croupes montagneuses qui les séparent. La région est presque déserte. C'est aux environs de l'Anse Pagoua que réapparaissent les cases, elles sont habitéespar des Sangs mêlés descendant de Caraïbes et de Noirs. On se trouve alors dans une vallée magnifique qui ramasse les eaux des montagnes de l'intérieur sur une surface considérable, si bien que lors du cyclone de 1930 dont les traces sont demeurées visibles —

arbres abattus ou à demi couchés — l'inondation qui charriait des

cadavres y déposa celui d'une vache dans les branches d'un grand arbre.

Enfin on atteint 1' « immortelle » centenaire (sorte d'Erythrina) qui

Carte 1. — La Dominique.


LES DERNIERS CARA1RES

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marque la frontière de la Réserve près de la Rivière Bigluva. Dès lors, près des quelques cases qui bordent le chemin, apparaissent les Caraïbes dont le type est si particulier. Le pays est boisé et montagneux et l'on n'aperçoit pas l'agglomération de Bataca qu'on laisse sur la droite. BienCarte

BienCarte •— Réserve des Caraïbes à la Dominique.


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tôt apparaît Salibia, le centre de la Réserve : au fond d'une vallée étroite encaissée entre deux éperons d'une centaine de mètres d'altitude se trouvent l'église, le cimetière, l'école, le presbytère, la demeure du maître d'école, quelques cases. Il y a encore un vaste bâtiment couvert de tôles neuves où sont installés depuis peu, des policemen étrangers. L'océan bat tout auprès, une plage couverte de roches arrondies sur lesquelles sont couchées des pirogues. C'est le port de pêche des Caraïbes. Un îlot s'y dresse où se brisent les rouleaux de mer par gros temps. Les quelques dizaines de cases qui composent l'agglomération de Salibia sont invisibles disséminées derrière d'épaisses frondaisons.

1. — LES FRANCS CARAÏBES.

Cependant l'on s'étonne d'abord de rencontrer, à côté d'individus de caractère ethnique très apparent, des types moins représentatifs. Ce sont des Sangs mêlés qui sont appelés « Bâtards » par ceux de leurs congénères qui se considèrent comme de vrais Caraïbes et s'intitulent « Francs Craïbes ». L'appellation de « Bâtard » comporte une légère nuance de mépris et les Francs Caraïbes s'estiment appartenir à une caste supérieure ; ainsi trouve-t-on chez les plus humbles cette tendance aux distinctions sociales et aux cloisonnements. Toutefois ce sentiment ne se traduit guère que verbalement ; en fait les unions matrimoniales s'opèrent assez aisément, même avec les Noirs, mais selon un code proprement caraïbe où toute valeur est accordée à la paternité et à celle-ci seulement. C'est ainsi qu'un Caraïbe peut épouser une étrangère et l'amener dans la Réserve, leurs enfants seront considérés comme Caraïbes. Au contraire la femme caraïbe qui épouserait un étranger, devrait s'éloigner avec ses enfants. La facilité avec laquelle les Caraïbes semblent avoir toujours pris chez leurs vaincus et chez leurs voisins, les « mères de leurs enfants », peut faire soupçonner des métissages compliqués. Récemment encore, il estproboble qu'ils se sont ainsi alliés à des femmes noires dont les familles étaient demeurées dans l'arrière-pa}'s de la Réserve malgré l'ordre donné en 1903 de l'évacuer pour en laisser la jouissance aux seuls Caraïbes. D'ailleurs la situation contre laquelle on réagissait alors, laisse supposer que le mélange des sangs était commencé. On a l'impression que la descendance d'un couple formé d'un Caraïbe et d'une Noire, est plus fortement marquée des caractères ethniques de cette dernière. Le Bâtard se reconnaît d'ordinaire à son teint sombre, à ses cheveux finement frisés, à sa face plus allongée dont le modelé est


LES DERNIERS CARAÏ'lSES 171

légèrement négroïde. Il est plus grand que le Franc-Caraïbe, semble plus fort, plus industrieux et plus intelligent. En réalité, il est plus ouvert et perméable aux idées européennes. Il se multiplie sur la Réserve dont la population, grâce à lui, est en progression. Pour 1933, nous avons relevé 39 baptêmes et seulement 8 enterrements d'adultes.

On vient de le constater, les Francs Caraïbes n'ont pas perdu l'orgueil de leur race dont ils savent, par les anciens, qu'elle fut jadis conquérante. Bien qu'aujourd'hui misérables, ils conservent une finesse d'aspect dont ils ont conscience et protestent tout bas quand un Bâtard usurpe leur titre. S'ils ne dédaignent pas l'estime de l'étranger qui les aborde, leur référence est toujours la même : « Moin ce Franc Craïbe » disent-ils avec un sourire en langage créole, et s'ils croient saisir un signe d'incrédulité, ils ajoutent : « Mi cheveux moin » et les femmes montrent leurs longues tresses de cheveux lisses d'un noir presque bleu, signe indiscutable de leur noblesse ethnique.

Cependant on compte maintenant les familles de Francs Caraïbes et ils en éprouvent une secrète tristesse. Une bonne vieille à qui nous parlions d'une cinquantaine d'individus encore reconnaissables, reprit sur un ton de reproche : « Nous sommes plus que cela... ! Mais les autres sont des Bâtards » ! En fait, mis à part les enfants, sur les 4 ou S00 individus vivant sur la Réserve, une centaine — certains disent davantage — sont d'un type physique caractérisé et se réclament de la race.

Leur diminution se poursuit aujourd'hui. Ce n'est pas qu'ils soient stériles, bien au contraire ils ont facilement S et 6 enfants, et d'autre part leurs familles sont fondées, plus que chez les Créoles, sur le mariage et la fidélité réciproque — ils sont tous catholiques. Ainsi Bataca est un centre de peuplement actif: « on y fait en pile (beaucoup) Craïbes ». Mais la mortalité est élevée, surtout chez les enfants entre 1 et 3 ans par manque de nourriture substantielle, semble-t-il. L'hygiène la plus élémentaire est méconnue. Aux conseils de leur curé ils répondent avec docilité, mais n'en font qu'à leur tête. Quant aux adultes, ils ont accoutumé de se jeter dans l'eau froide des torrents, alors qu'ils reviennent en sueur de leurs champs ; de même au retour de la pêche, car ils ne supportent pas la saline desséchée sur leur corps presque nu. Souvent aussi, ils mangent, ayant chaud, des fruits tels que la banane qu'ils disent pourtant dangereuse dans cette circonstance. Il paraît que pneumonies ou autres maux de poitrine s'ensuivent dont ils meurent rapidement. Le médecin est loin. D'ailleurs ils se préoccupent peu de l'appeler. Les grands malades sont couchés dans un coin obscur de la case et l'on dépose près d'eux, à l'heure des repas, un coui plein de gros légumes et de piments comme en reçoivent les bien portants. Si la calebasse reste


172 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

pleine, c'est que la mort doit venir pensent-ils. Elle leur semble d'ailleurs une chose bien simple et ils s'y livrent avec une facilité qui étonne, sans fatalisme toutefois et après avoir appelé leur pasteur à leur chevet. Sans doute existe-t-il des remèdes raziers fondés sur les plantes de la forêt et dont une vieille tradition a conservé le secret. Mais les « anciens » qui les connaissent se font rares et l'on y recourt souvent trop tard. Néanmoins, passé peut-être un certain âge, ils peuvent vivre longtemps. On rencontre des vieillards qui ont laissé s'écouler les années avec une indifférence si parfaite qu'ils sont incapables de dire leur grand âge, et à une question pressante, ils répondent en hochant la tête : « 200 ou 300 ans ».

Une autre cause encore, et non des moindres, de la mortalité insolite signalée à l'instant, de même que d'une certaine déchéance parallèlement constatée et dont nous parlerons plus loin, réside dans les mariages consanguins réalisés dans un cercle de plus en plus étroit. Et ces gens en ont dès à présent, une vague conscience ; c'est ainsi qu'ils n'ont pas insisté sur le désir exprimé par eux-mêmes voici quelques années, de ne plus s'allier qu'entre Francs Caraïbes. Les dernières familles qui portent encore des caractères ethniques bien tranchés, ne sauraient tarder à disparaître et à être, comme ils disent, « créolisées ».

Le type physique et moral.

Lorsqu'on rencontre un Franc Caraïbe hors de sa Réserve parmi les Créoles de l'île, il semble un étranger venu d'un autre monde. Il est d'un type mongol si nettement accusé qu'un authentique Chinois débarqué à la Dominique et visitant Salibia vers 1870, déclara avoir retrouvé sa race et ne plus la quitter. Nous tenons ces détails de sa fille qu'on ne saurait d'ailleurs distinguer des Caraïbes parmi lesquels elle vit.

Bien qu'on ne puisse garantir la pureté du type chez les Francs Caraïbes étant données leurs coutumes matrimoniales, ils ont conservé toutefois la valeur d'un échantillon humain. Voici ce qui nous a frappé dans leur aspect. Ils sont de petite taille que l'on peut estimer entre 1 m. 60 et 1 m. 6o — les femmes sont plus petites encore et plutôt grasses. Les épaules sont étroites, les jambes sont courtes comme il arrive souvent chez les populations vivant de la mer. Au contraire des Créoles,, leurs gestes sont rapides, précis, et de leur ensemble résulte une impression d'adresse et de vigueur chez des êtres à la fois musclés et nerveux. La peau est tantôt d'un blanc jaunâtre, tantôt d'un brun rougeâtre. Le front un peu étroit est cependant assez élevé, les pommettes sont saillantes et larges, la base de la mâchoire est également large. Les yeux.


LES DERNIERS CARAÏBES 173

sont bridés et souvent relevés aux extrémités extérieures par l'effet, semble-t-il, du développement des pommettes. L'iris est noir ou marron. Le nez est moyen, la bouche et le menton finement dessinés. De profil, les pommettes s'accusent encore nettement. Les cheveux noirs sont lisses et longs, le crâne est rond et la tête assez forte. La physionomie agréable et souvent intelligente, est remarquable par le regard direct et intense des petits yeux brillants dont l'expression n'est pas facile à déchiffrer.

Vers 1890, on portait ce jugement sur les Caraïbes : « Sauvages timides et réservés de paroles se sauvant à l'approche d'un étranger » l. Aujourd'hui, ils sont encore peu prodigues de paroles, et notre arrivée a jeté la panique dans certaines cases. Le sentiment de l'impuissance où ils se trouvent réduits, les domine. Mais à les fréquenter un peu, le fond de leur caractère apparaît excessif, la discussion les anime facilement et s'ils boivent— contrairement aux Noirs, il faut très peu pour les enivrer — ils se querellent facilement et deviennent redoutables ; les femmes le savent et s'éclipsent alors quelques heures ; elles sont par ailleurs très soumises à leurs maris.

Ils rêvent, assis près de leurs cases, avec mélancolie. Leur conversation est coupée de longs silences cependant que par des regards expressifs ils suppléent à leur laconisme. Ils sont d'ailleurs méfiants, et si, pour la plupart aujourd'hui, ils reçoivent volontiers la visite des Blancs, ils n'aiment pas se livrer et connaissent l'art de décourager les questions. Si cela résulte d'une disposition atavique, c'est encore l'effet de ce qu'ils ont souffert. Ils se sentent seulement tolérés sur une terre où ils furent les maîtres. Il y a peu d'années, deux d'entre eux furent tués par des policiers créoles, pour une affaire de contrebande qui est restée obscure, et ils ont d'ailleurs montré en cette triste occasion qu'ils n'étaient plus des sauvages. Ils reçurent, d'autre part, la visite de certains étrangers qui emmenèrent des filles de leur race ; ils furent prévenus, et même par voie officielle, d'avoir à se garder. Certaines mesures, telles récemment la déposition de leur chef et l'installation chez eux de policiers créoles, les rendent jaloux de l'indépendance et du petit coin de terre qui leur restent.

Ils ne veulent pas que le gouvernement s'occupe de leurs affaires : ils ont refusé l'offre d'une station chez eux du service des transports côtiers ; ils n'acceptent les graines qui leur sont offertes que de la main de leur curé,

1. Conditions in the Carib Reserve and the dislurbance of i9th sepiember i930, Dominiez. Report of a Commission appointed by His Excellency the Governor of the Leeward Islands, July, 1931.


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car ils accordent confiance à qui longuement l'a méritée; ils s'ouvrent alors à la sympathie, disent leurs peines, deviennent familiers à leur façon toujours réservée. En quittant la Réserve, nous fûmes surpris de remarquer parmi ceux qui nous escortaient, un jeune homme d'un type ethnique très pur qui nous avait accompagné dans nos randonnées ; il marchait derrière notre monture conservant son air sévère et même dur, restant silencieux comme il l'avait toujours été. Mais ce fut lui qui vint le plus loin, il s'arrêta au sommet d'un morne et demeura longtemps immobile tant que son regard perçant put nous suivre. La taciturnité des Caraïbes et un esprit vindicatif qui était jadis chez eux, une vertu guerrière, ont donné injustement à certains, l'impression qu'ils étaient sournois et hypocrites. D'ailleurs dans toutes les races, la dissimulation est la défense nécessaire des faibles. On les a dit encore sans intelligence ; une connaissance plus exacte rejette cejugement sommaire mais ils sont, au contraire des Noirs, peu perméables aux idées qui leur viennent de l'extérieur. Ils furent longtemps d'une indifférence souveraine devant la civilisation de l'Europe. Sans doute y a-t-il là l'effet d'une paresse atavique, mais cette attitude d'une race qui a mieux compris les luttes et les surprises de l'aventure que le bien-être et la richesse des civilisés, n'est pas, semble-t-il, sans grandeur.

Il serait injuste néanmoins de ne pas signaler qu'ils deviennent aujourd'hui curieux de nouveautés. C'est une tardive et lente évolution causée par des relations commerciales qui les conduisent jusqu'à Roseau, et surtout, par la création d'une école. Celle-ci fut, croyons-nous, installée à Salibia par le Père Challet voici plus d'un quart de siècle ; elle est dirigée actuellement par un instituteur de la Colonie. 130 ou 140 enfants la fréquentent, parmi lesquels les filles, de l'avis général, se montrent plus intelligentes et plus studieuses que les garçons. D'aucuns vont poursuivre leur instruction à la capitale de la Colonie, mais le vernis et le brevet qu'ils en rapportent, semblent entraîner pour eux la mésestime de la terre et même du travail manuel. 5 ou 6 jeunes hommes soucieux de mieux être, s'embarquent chaque année pour les îles voisines notamment pour la Guadeloupe, Marie Galante et la Martinique, à la recherche de quelque gain, et s'y emploient un certain temps, souvent comme scieurs de long ; après quoi ils reviennent ordinairement parmi les leurs. Le brusque changement de milieu ne leur est d'ailleurs pas toujours favorable moralement.

Ainsi les Caraïbes semblent désireux d'éducation et susceptibles d'assimilation. Mais ils acceptent trop tard des avantages qui leur sont depuis longtemps offerts. Ils sont trop restés à l'écart, privés d'une part des conditions d'expansion qui avaient été celles de leur race, et d'autre


LES DERNIERS CARAÏBES 175

part, des nouveaux moyens de progrès apportés par la colonisation. Ils ont végété et se sont amoindris dans la misère. Aujourd'hui le mélange des sangs, auquel de toute façon ils n'auraient probablement pas échappé, s'impose avec plus d'urgence à cause de leur petit nombre et hâte une disparition qui sera bientôt presque totale. En effet, étant donné le nombre des Noirs et la force de leur sang, les Caraïbes ne laisseront du point de vue ethnique, que des traces difficiles à discerner croyons-nous.

II. — LA VIE RELIGIEUSE.

Le facteur qui a le plus contribué à apprivoiser les Caraïbes est sans doute leur évangélisation. Ils se sont tous convertis au catholicisme. Ce résultat fut pénible et tardif, et seulement appréciable dans la seconde moitié du siècle dernier, à la suite des efforts du Père de Lettré, curé de Vieille Case vers 1870. Ce missionnaire français est la plus haute autorité morale qui soit aujourd'hui reconnue par les Caraïbes et par les Créoles de la côte nord-est de l'île. Ces derniers volontiers bavards, sont prêts à conter, outre ses travaux de pionnier, les prodiges de celui qu'ils considèrent comme un thaumaturge : l'aventure d'un moulin qui refuse de tourner un Jeudi Saint, le passage extraordinaire d'une rivière ; de sorte que l'on souhaiterait voir fixée par l'histoire, avant qu'elle n'entre dans la légende, cette figure si curieuse. Les Caraïbes moins loquaces, ajoutent cependant tenir de leurs parents que c'était le « Père des Caraïbes », « un bel Père, grand, fort et bon ». Ils sont heureux de vous présenter tel vieillard, par exemple « Monché » (Monsieur) Fanfan qui a plus de 70 ans, baptisé par le Père de Lettré à la Rivière Gaulette ou Saracoua. Ils disent encore que pour venir de Vieille Case dans le Nord de l'île, par des pistes très pénibles, ce missionnaire ôtait ses chaussures et prenait un bâton, n'acceptant pas de monture pour ressembler au Sauveur. II avait construit à la Rivière Gaulette une petite chapelle en feuilles de « yataou », sorte de petit cocotier dont les grappes sont peu comestibles ; tout auprès il avait ménagé un cimetière.

C'est avec le même matériau que, plus tard, le Père Challet construisit une chapelle école à Salibia. La première église en dur fut commencée en 1912 au même endroit, par le Père Jean Barreau, missionnaire français, à qui nous sommes d'ailleurs redevable d'avoir visité la Réserve En 1916, la charpente était dressée et les murailles s'élevaient à hauteur des fenêtres quand un cyclone renversa le travail, épargnant seulement une partie de la maçonnerie. En 1918, le Père décide de recommencer, mais les Caraïbes en face de l'effort montrent peu d'enthousiasme. Ce-


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pendant une coïncidence étonnante ayant frappé leur imagination, ils accourent et l'édifice s'achève, malgré qu'on ne dispose que d'un maçon qualifié et d'un moule à ciment. En 1930, un nouveau cyclone le renverse à l'exception du choeur. L'infatigable constructeur qui met la main à la pâte et malgré des moyens rudimentaires compte à son actif 3 églises et 3 écoles tant à Salibia qu'à La Soie, répare encore une fois le désastre. L'église est consacrée à N.-D. de Lourdes et la paroisse prend le nom de « Sainte-Marie des Caraïbes ». Le presbytère est une petite case créole en planches sur pilotis, revêtue et couverte d'aissantes ; il comporte une salle et deux chambres étroites où les lits se composent de trois planches sur un châssis. Sur une table, le registre officiel des mariages et le registre diocésain des baptêmes voisinent. Enfin le cimetière enclôt tout près, au bord de la mer, de petits tertres ceints de coquilles marines et sur les croix pourrissantes, on peut lire des noms caraïbes doux à prononcer.

Depuis un quart de siècle, tous les quatrièmes samedis du mois, le P. Barreau qui réside à La Soie où il est curé d'une paroisse créole, charge son âne d'objets du culte et de provisions, enfourche son petit cheval et durant 4 ou 5 heures, chemine vers Salibia, lâchant les rênes de sa bête, se confiant à son instinct, dans les passages dangereux. Nous l'avons accompagné dans ce voyage. Son arrivée fut saluée affectueusement par les Caraïbes. Le Dimanche matin, le son grêle et inefficace d'une petite cloche appela à l'office. Mais déjà avertis par le soleil, les fidèles, au loin dispersés, avaient pris les pistes sinueuses, leurs paniers de provisions sur la tête. Ils arrivèrent à plus de 200 autour de l'église, correctement vêtus, les femmes s'étant parées à la mode créole autant que leur pauvreté le leur avait permis. Etaient restés chez eux seulement ceux qui manquaient de vêtements ou de souliers et qu'on ne verrait qu'aux offices tardifs lorsque l'obscurité cacherait leur misère. Durant la messe, la foule sérieuse et attentive emplissait le vaisseau de l'église et dehors aux fenêtres, des têtes apparaissaient encore. Un groupe modula lentement le plain-chant. Les voix cristallines et pures, s'élevaient comme une prière et comme une plainte. L'Épître et l'Évangile furent lus en anglais, la prédication fut faite en patois français, le langage courant. Une centaine de fidèles reçurent la communion. Enfin le chapelet et les litanies furent récités en français que, dit-on, les Caraïbes entendent mieux que lés Créoles. Après l'office, on pouvait les voir installés à l'ombre des cocotiers : hommes et femmes fumaient en silence ou prenaient leur repas. Puis ce furent les Vêpres et le Salut au cours duquel un chant à deux voix fut réussi avec facilité. Pendant la journée, le Père reçut maintes visites et de menus cadeaux : deux oeufs dans un petit panier


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fabriqué pour les contenir, un morceau de poisson fumé enveloppé dans une feuille de bananier. Des baptêmes furent célébrés, et à cette occasion des compliments adressés. La proportion des enfants nés d'unions légitimes est plus forte sur la Réserve que chez les Créoles qui se soumettent plus difficilement à la discipline du mariage, bien qu'ils soient ordinairement fidèles à leur conjoint dans le concubinage. Des corvées pour l'entretien de l'église furent demandées et généreusement acceptées. Le lundi, après avoir vu des malades, le Père retourna à La Soie. Il ne reviendra, en dehors de ses visites mensuelles, que pour confesser et extrémiser les mourants.

Les Caraïbes procèdent eux-mêmes à l'enterrement des leurs. Après avoir lavé le cadavre dans un « canot », sorte de baignoire taillée dans un tronc d'arbre, ils le couchent dans son cercueil et le portent en cortège jusqu'à l'église en récitant à haute voix leur chapelet. La cérémonie terminée, ils vont se baigner; c'est pour ôter la sueur, disent-ils. Huit jours plus tard, ils se réuniront à nouveau dans la « caye » (case) du mort pour y prier, chanter des cantiques et boire un « ti rhum ». Les « rhades » (hardes) du défunt, à défaut des enfants, reviennent à ceux qui ont lavé le corps.

En abandonnant leur religion, les Caraïbes ont perdu l'essentiel de leurs superstitions. Toutefois leur mentalité les porte encore à certaines croyances sans originalité d'ailleurs, et qu'on retrouve identiques chez les Créoles. C'est ainsi qu'ils redoutent des esprits malfaisants totalement ou partiellement invisibles et qui semblent s'attacher à certaines cases. Celles-ci doivent alors être bénites et ils importunent leur curé à cette fin. Un veuf nous a raconté comment sa femme qu'il croyait morte de quelque « quimbois » (recette de sorcier), avait été enterrée avec un bâton afin qu'elle puisse exercer vengeance outre-tombe. Il existe encore en effet quelques pratiques de sorcellerie à toutes fins. Elles consistent surtout en formules secrètes prescrivant des substances efficaces, plantes médicinales ou poisons, mêlées à des matières dont le choix est fantaisiste. Les « quimbois » des Caraïbes ne nous ont pas paru différents de ceux des Créoles ; comme ces derniers, ils semblent résulter de la rencontre et de l'association de recettes africaines, européennes et indiennes. Bien que d'ordinaire, les « quimboiseurs » n'aiment pas les indiscrets, et pour cause, on peut en rencontrer qui, pour un pourboire, sont prêts à quelques représentations où la réalité est très exagérée. Leur contact avec le monde civilisé les a délivrés de scrupules sur ce point, et ils ont perdu ce respect de leurs coutumes et traditions qui les a longtemps rendus réfractaires à toute alliance avec les colons.

Société des Américanistes, 1938. 12


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III. — LA SITUATION POLITIQUE.

On sait quelle résistance les Caraïbes opposèrent aux Européens lors de la colonisation des Petites Antilles, et comment en 1748, lors du traité d'Aix-la-Chapelle, les puissances intéressées n'osèrent disposer encore de la Dominique. Toutefois, en 1783, l'Angleterre s'installe dans l'île. Les indigènes affaiblis tolèrent la présence des colons et se retirent dans les montagnes du Nord-Est et sur la côte de la Capesterre L Celleci fut dans toutes les îles, leur dernier refuge parce que baignée par une mer agitée, moins abordable, elle offrait une garantie de sécurité. C'est ce peuplement, cette occupation paisible généreusement respectée par les Anglais comme à la suite d'un accord tacite, qui est à l'origine de la Réserve actuelle.

Contraints d'abandonner leurs anciennes conditions d'existence vagabonde et conquérante, les Caraïbes, qui néanmoins restaient étrangers au nouveau rythme de la vie dans les Iles, végétaient depuis longtemps et se trouvaient réduits à un petit nombre quand leur conversion religieuse établit des rapports faciles entre eux et les Créoles. C'est alors, vraisemblablement vers la fin du siècle dernier, que ceux-ci manifestèrent la tendance d'envahir pacifiquement le pays occupé par les Caraïbes, si bien qu'en 1903 le Gouvernement crut devoir les en expulser et délimiter la Réserve. Par la même occasion on l'agrandit, et de 300 acres qui en restaient on l'étendit à 3 .700 acres 2. On choisit comme frontière : au Nord la Rivière Bigluva, à l'Ouest un segment delà Rivière Pagoua, au Sud la Rivière Cayou.

On isolait ainsi une bande de côte élevée, très accidentée, composée d'une épaisse couche de tuf ocré presque rouge et qui forme une série de promontoires séparés par de profondes vallées où les pentes atteignent 25 pour 100. Le climat y est frais et humide ; parce que bordant l'océan, cette terre reçoit directement les alizés chargés de pluie et de saline. Ces vents ont courbé et comme fauché à faible hauteur la végétation des falaises. Le sol fertile et profond, nourrit de jeunes futaies vives et denses où apparaît çà et là la corne grise d'un toit de case. Sur les contreforts des montagnes de l'intérieur de l'île, s'étend l'épais et sombre manteau d'une forêt.

Le Gouvernement anglais n'exerça pas de contraintes pour autant,

1. Capesterre : moitié orientale de l'île.

2. Cf. Conditions in IheCarib Reserve.... Déjà cité.


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mais respecta les us et coutumes des Caraïbes auxquels ne fut guère demandé que l'entretien de la route qui passe chez eux, ou la taxe correspondante ; par ailleurs ils ne paj^ent pas d'impôts, même sur la fabrication des canots. Dans leur Réserve, ils vivent en bonne intelligence, bien que la propriété du sol soit commune. En effet leur mentalité au sujet de l'économie agricole en est encore si l'on peut dire, à l'âge de la communauté patriarcale. Partout où la terre porte les fruits du travail, elle est réservée jusqu'à ce que ceux-ci aient été entièrement récoltés, à moins d'une permission accordée volontiers quand le champ a été abandonné. Il ne s'élève que de rares contestations sur ce point et les vols sont exceptionnels. Ainsi plantent-ils leurs « jardins » où il leur plaît et changent-ils volontiers de séjour. Poussés par une crainte superstitieuse ou par la mélancolie, ils déménagent emportant leur case après l'avoir démontée. Cependant si celle-ci est lourde, ils la font parfois rouler sur des rondins aidés de leurs voisins et chantant une mélopée ; ils régalent ensuite d'un peu de rhum.

Encore récemment, ils choisissaient leur chef parmi les Francs Caraïbes ; l'élection était sanctionnée par le Gouverneur et l'Évêque de la Dominique. L'avant-dernier, un certain Corriette aujourd'hui défunt, reçut les honneurs d'une investiture officielle à l'occasion de laquelle le Gouvernement lui offrit une écharpe et un sceptre. Dans le Sud de la Réserve, on peut voir dans la case qu'il habita, une photographie datée de Salibia le 22 juillet 1916, commémorant l'événement. Ce chef y apparaît vêtu d'une redingote et arborant ses attributs ; en grosses lettres se détache sur son écharpe : « Chief of the Caribs ». Fort brave homme, Corriette eut cependant mille difficultés et dut donner sa démission : ses sujets lui reprochaient d'avoir épousé une Africaine d'allures « princières » dont ils ne pouvaient supporter l'autorité. On se trouve ici en face du problème de la préséance des races et des sangs que l'on ne comprend bien que sur place.

Joily John Thomas fut le successeur de Corriette, mais il fut déposé par les autorités anglaises à la suite de diverses contestations et surtout du conflit du 19 septembre 1930. La police créole pénétra alors dans la Réserve sur un soupçon de contrebande de rhum et de tabac dont le bienfondé ne semble pas avoir été établi nettement. Elle voulut procéder à des arrestations et à la confiscation de denrées. Les Caraïbes s'opposèrent à tort à ce qu'on emportât quoi que ce fût et, ramassant des pierres et des bâtons, ils menacèrent. Deux d'entre eux furent alors tués au revolver et deux autres blessés. Une effervescence s'ensuivit qui fut calmée par l'apparition de nuit d'un navire de guerre de Sa Majesté promenant sur


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la Réserve les feux de ses projecteurs : tous les Caraïbes disparurent dans les bois où ils demeurèrent plusieurs jours. Sans insister sur les faits, signalons que d'après le rapport de la commission chargée d'éclaircir cette tragédie 1, les procédés de la police créole furent pour le moins maladroits, et qu'après l'événement, ils comportèrent des brimades. Il y a là, semble-t-il, une affaire de police compliquée par la rencontre de deux races. Quant au Gouvernement de la Colonie, il se montra parfaitement libéral et impartial. Qu'il nous soit permis, en terminant sur ce sujet que nous n'avons pas qualité pour apprécier davantage, de regretter la suppression du chef caraïbe et surtout l'inutile installation sur la Réserve de policiers créoles, enfin, de rappeler que le rapport mentionné plus haut propose avec sagesse la nomination d'un officier du Gouvernement chargé des Caraïbes qui prendrait conseil auprès de leur chef.

Cependant Jolly John Thomas est encore salué du titré de chef, même par sou épouse, et le rythme de la vie se poursuit comme par le passé sur la Réserve dans la libre exploitation du sol et en particulier de celui de la forêt où se plantent les jardins.

IV. — L'EXPLOITATION DE LA FORÊT.

1. — La cueillette et la chasse.

Une forêt dense couvre les contreforts des montagnes situées dans la partie occidentale de la Réserve. Elle est exploitée d'une façon traditionnelle par une culture primitive à ses abords, par la cueillette et la chasse à l'intérieur. Bien que son produit ne soit pas d'une importance très appréciable, la chasse plaît singulièrement aux Caraïbes. Ils partent précédés de leurs chiens impatients, le coutelas à la main et sur le dos une hotte, la djola, où sont quelques provisions ; ils entrent dans la forêt et dépassent la zone des défrichés et des « jardins » où les abafis noircis par le feu, se mêlent aux verdures tendres des cultures. Ils pénètrent sous le sombre couvert des grands bois encore intouchés, où ne s'ouvre çà et là qu'une étroite clairière sur laquelle plane le « mal fini » ou « mansfenil » qui semble avoir été considéré jadis par les Caraïbes comme le vivant symbole de leur courage sans doute pour ses qualités d'oiseau de proie ~.

1. Cf. Conditions in the Carib Reserve...

2. Cf. Relations du R. P. BRETON, publiées par l'abbé RENNABD. Les Caraïbes. La Guadeloupe {1635-1636). Paris, G. Ficher, 1929, p. 66.


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La piste monte sans cesse et l'on goûte bientôt le plaisir d'une enveloppante fraîcheur. Le silence solennel n'est troublé que par le bruit de brindilles qui se brisent sous les pas ou par la chute rare et bruyante d'un grand arbre sauvage, mort debout, qui éveille d'étranges échos et suspend un instant la course des êtres parcourant la forêt. La piste disparaît ensuite et c'est bientôt un pêle-mêle de troncs énormes et de branches enchevêtrées, de lianes qui barrent le passage et qu'il faut franchir. Quand il couche en travers d'une ravine son grand fût, l'arbre mort forme un pont, mais à demi rongé ou pourri, il craque sous les pieds. Les termites et mille autres bestioles travaillent dans le bois sec et nettoient la forêt. L'étranger ne peut qu'admirer la beauté de la végétation qui s'étend d'ailleurs sur tout l'intérieur de l'île; elle est unique dans les Petites Antilles car au xvur 3 siècle, époque des grands défrichements, les Caraïbes interdisaient encore l'entrée de ces bois.

Des gommiers {Dacryodes hexandra) élèvent droit leur tronc géant où l'on creuse des pirogues, offrent leurs branches inflammables pour la fabrication des torches, et de leurs blessures laissent couler de l'encens. Les palmistes {Oreodoxa oleracea) que l'on rencontre par groupes, portent au sommet de leurs stipes élancés, sous la couronne de leurs palmes, le chou désiré du voyageur. Avec son coutelas, le Caraïbe entame à hauteur de la main, le tronc tendre de l'arbre qui gémit et s'abat ; il n'em]jortera qu'un cylindre blanc de jeunes feuilles non écloses dont le goût est d'amande et qui rafraîchissent la bouche. Avec ce dédain de l'arbre propre au primitif qui ne plante guère et que la forêt a toujours gêné, il enlève parfois en quelques coups adroits, un morceau de chou gros comme le pouce de tout jeunes pieds qui demeurent debout mais sèchent bientôt. Il ne restera plus tard que des souches vermoulues qu'un coup de pied réduit en poudre. La forêt offre encore des herbages, des racines comestibles, tels les « choux » sauvages {Xanthosoma sagitifolium, etc.) et les ignames {Dioscorea altissima) dont le feuillage escalade les troncs d'arbres, enfin des plantes pharmaceutiques qui sont récoltées avec soin.

Ce faisant, la chasse n'est pas négligée. Les chiens, d'abord affairés, vont bientôt la langue pendante. Les Caraïbes les excitent de la voix et les suivent sur les pistes d'agoutis bientôt traqués dans les souches d'arbres où ils se réfugient. C'est là, avec l'iguane, grand lézard vert qui se glisse timidement dans le feuillage, l'un des meilleurs gibiers de la forêt. La tête levée, les chiens aboient encore après le manicou, marsupial grimpeur dont la chair est moins appréciée. Enfin il existe des bandes de « cochons marrons » qui proviennent sans doute des peuplements de porcs créés dans les Antilles au xvi° siècle par les Espagnols afin de ravitailler leurs vaisseaux. Derrière leurs chiens, les chasseurs suivent


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prudemment les sentes reliant aux bauges les trous boueux où ce gibier se baigne. S'il s'agit de grosses pièces à capturer, on se rassemble en s'appelant par des sifflements ou des cris très doux qui n'éveillent pas d'échos, et l'on creuse sur un passage fréquenté une fosse hérissée de pieux effilés. Les grives et les perroquets gras à point après la période des nids, étaient tirés naguère encore à coups de flèches, et l'on se souvient du chef Francis Auguste dont l'arc ne manquait pas une grive voici

Fig. 24. — Ajoupa caraïbe.

seulement 30 ans. Aujourd'hui on se contente de tendre auprès des cases, des baguettes engluées.

La forêt dominicaine n'est pas hantée de serpents venimeux comme celle de la Martinique. Elle cache néanmoins de petits boas gris ou noirs appelés « têtes chiens », dont les plus forts seraient craints, dit-on, par l'homme désarmé ; ils ne sont pas si sauvages qu'ils ne viennent près des habitations manger les rats et les volailles. On rencontre encore des couleuvres inoffensives aux attitudes gracieuses et menaçantes, superbement vêtues d'une peau noire tachetée de jaune par exemple; les plus grosses ont la réputation de mordre et même d'enlever le morceau ; il y en a de plus petites que l'on nomme couresses et qui s'enroulent comme de froids anneaux autour du poignet de qui les retient. On ne trouve pas de scorpions dangereux. Bref, ces bois sombres et sauvages sont accueillants et sûrs.

Quand ils décident de passer la nuit en forêt, les Caraïbes ont vite fait de dresser un abri et d'allumer du feu. Leur ajoupa (fig. 24) se compose d'une


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claie couverte de feuilles et dont une extrémité repose sur le sol tandis que l'autre est élevée sur des poteaux du côté opposé aux vents du NordEst. Ils utilisent de préférence les feuilles de cachibou ou de « z'ailes mouches » dans les pétioles desquelles ils font des encoches afin de les accrocher à des gaulettes disposées transversalement sur la claie. Ils accumulent 4 ou o épaisseurs de feuillage. La charpente est fixée avec des lianes, surtout des lianes mihi {Stigmatophyllum convolvulifolium). Le feu est souvent obtenu sans allumettes en frottant contre un silex une lime achetée à Roseau et en semant ainsi "des étincelles sur du bois pourri et bien sec.

Le plus souvent, les chasseurs retournent à leur case vers la fin de la journée, la djola chargée de gibier et du produit de leur cueillette, conservant leur pas élastique, utilisant de leurs pieds nus les moindres accidents du sol et s'accrochant aux lianes pour descendre les pentes humides et glissantes. En traversant la rivière Pagoua, ils se baignent et rejoignent ceux d'entre eux qui reviennent des « jardins ».

"2. — La culture.

En effet les Caraïbes doivent planter pour vivre, et c'est là, avec la pêche, leur souci principal. Ils cultivent ainsi les hauteurs boisées, aux abords de la forêt où les pluies sont plus régulières. Parfois 6 ou 8 km. séparent leur case de leur « jardin». On les voit partir le matin en file indienne sur une piste étroite ; ils vont d'un pas rapide, chargés d'outils, de hottes et de paniers, échangeant parfois une plaisanterie à laquelle les femmes répondent par des rires qu'elles achèvent d'un cri aigu et doux, car elles accompagnent les hommes et prendront leur part des travaux de la terre. Ceux-ci sont divers. Le Caraïbe ne plantant guère plus de 3 ans à la même place, abat sans cesse le bois de la forêt ou la végétation de taillis qui a recouvert d'anciens jardins. Les troncs sont coupés à hauteur de la main, souvent avec l'aide des voisins et au rythme de chants anciens. C'est alors une fête qui se terminera par un repas à l'occasion duquel une bête sera tuée. Quand l'abatis est sec, le cultivateur vient y mettre le feu, de préférence sous le vent, puis impassible et patient, il surveille ce « boucan » qui peut durer 8 ou 15 jours. Les bambous et le « bois canon » {Cecropia obtusa et Calotropis procera) explosent à la flamme avec le bruit d'une fusillade, le sol brûlé se couvre de cendres fécondantes ; habilement conduit, le feu entame les gros fûts d'arbres qu'il ne peut consumer ou s'attaque à la base d'un géant épargné par la hache. Bientôt le champ est prêt. Dans l'encombrement des troncs à demi calcinés, entre les souches qui dressent des moignons noircis à


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deux ou trois pieds de haut, des trous étroits sont creusés avec la lonchelle ou le picoua (louchet et pic), et l'on plante. La surface cultivée correspondra souvent au minimum indispensable à l'entretien d'une famille c'est-à-dire un acre, en un ou plusieurs lots. Cependant certains sont plus actifs : « Monché » Jimmi avait 5 jardins d'un acre environ.

Le légume le plus consommé est le « chou » des Iles, forte racine poussant à la base d'un bouquet de larges feuilles décoratives dont le parfum dans l'humidité du matin, rappelle celui du chou véritable. On plante surtout le « chou Dachirie » {Colocasia anliquorum), mais aussi d'autres espèces des plus variées, tels les « choux Bouton », les « choux Ruban », les « choux Dianne »,les « choux Tobie »,les « choux Tania », les « choux Balisier », les « choux Mouchasse », les « choux Sainte-Lucie » {Xanlhosoma sp.). Les ignames {Dioscorea sp.) aux racines nutritives atteignant parfois 1 mètre de longueur sont aussi beaucoup cultivées, ainsi 1' « igname jaune », F « igname cent livres », 1' « igname Caplaou », F « igname Saint-Martin », 1' « igname Poto » ; des rames de 2 mètres retiennent leur liane épaisse et forment dans les jardins des colonnes de verdure. En général, le travail étant réduit au minimum, le cultivateur se contente d'extraire les tubercules comestibles en laissant dans le sol les plants producteurs jusqu'à épuisement. Signalons enfin la culture du bananier, du « Pois d'Angole », importé probablement d'Angola et si peu exigeant qu'il fut appelé par les Espagnols le « légume du fainéant », de la patate (Ipomoea hatatas), du manioc {Manihot utilissima), d'un peu de pistaches {Arachis hypogaea), de quelques touffes de canne à sucre et, pendant la saison sèche, des choux d'Europe. Les Caraïbes ne sont pas enclins à planter des arbres ; ceux-ci pousseront au hasard d'un fruit tombé, d'un noyau jeté : « c'est Dieu qui plante l'arbre », disent-ils. Toutefois ils entretiennent quelques cacaoyers, citronniers, caféiers, manguiers {Mangifera. indica), papayers {Carica papaya), avocatiers {Persea gratissima), orangers, canneliers, corossoliers {Anona mùricata), et des arbres à pain {Artocarpus incisa) dont l'espèce fut importée de Taïti vers la fin du xvme siècle et qui sont la providence des pauvres gens pendant l'hivernage, de juillet à novembre. En somme, l'économie agricole des Caraïbes suppose une population peu dense ; rudimentaire et peu productive, elle est conforme à leur mentalité plus portée à comprendre la cueillette que la culture, comme aussi à leur peu de prévoyance si bien qu'ils hésiteront à mettre en terre un plant pouvant se consommer de suite, par exemple une noix de coco, une tige de canne à sucre.

Après trois ans de culture, le jardin est ordinairement rendu à la propriété commune et abandonné. La brousse l'envahit, elle ensevelit dans sa verdure les grands troncs d'arbres qui achèvent de pourrir. Néanmoins s'il


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y reste des arbres domestiques, les produits n'en seront cueillis qu'avec la permission de l'ancien propriétaire. En effet celui-ci garde des droits sur les vestiges appréciables de son travail.

Au soir de leur journée, les cultivateurs qui n'ont que bien rarement dressé un ajoupa sur les jardins pour y passer la nuit, reprennent le chemin des cases d'un pas toujours agile ; les hommes portent les légumes dans leurs hottes, les femmes dans de larges corbeilles placées en équilibre sur la tête. Bientôt derrière eux, leurs défrichés apparaissent ainsi que de minuscules clairières dans l'épaisseur des bois.

V. — L'ÉLEVAGE ET LA CULTURE AUTOUR DE LA CASE.

De retour à leur case au coucher du soleil, les Caraïbes prennent soin de leur petit élevage. Des porcs errent çà et là en quête de débris, attendant la pitance assurée, après quoi ils iront souvent s'étendre avec les chiens entre les pilotis qui soutiennent la case. Des cabris inquiétés par l'obscurité envahissante, chevrotent au bout d'une corde sur un talus. Quelques volailles picorent que guettent les « tètes chiens ». Il y a fort peu de clapiers car, paraît-il, les petits animaux de basse-cour sont trop facilement mis à cuire dans le « canari » (marmite). De rares chevaux et quelques vaches vivent sur la Réserve. On y trouve aussi des ruches ; elles consistent en caisses placées sur des piquets d'environ 1 m. 60 afin qu'elles échappent aux hautes herbes et à l'humidité du sol ; des feuilles de latanier maintenues 23ar une pierre, les protègent de la pluie et du soleil. Armé d'un bouchon de paille fumant, l'apiculteur sonde les gâteaux de cire avec une baguette afin de voir s'il s'y colle du miel à recueillir.

Enfin, pendant la période sèche du Carême, le Caraïbe arrose avant la nuit, un tout petit jardin qu'il entretient souvent près de sa case et qu'il a soigneusement entouré d'un perchis ou d'une barrière en lattes de bambou. Des « pois » c'est-à-dire des légumineuses dont les graines sont comestibles, delà canne à sucre, des légumes d'Europe, des condiments et des simples, y croissent sans beaucoup d'ordre, mêlés à des pieds de piments doublement entourés et protégés contre les volailles. On est surpris de constater le petit nombre d'arbres domestiques qui garnissent les seuils. Il semble qu'on soit peu soucieux de planter pour enrichir un sol auquel on ne s'est pas attaché et qu'on aura peut-être bientôt abandonné. Cependant on rencontre çà et là autour des cases, des peuplements de « bois d'Inde » ou acoucoua {Amomis caryophyllata) dont les produits furent un temps source de profit.


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VI. — L'HABITATION.

1. — La case créole.

Néanmoins l'habitat doit être plus stable qu'il ne l'était naguère parce que nombre de cases d'un modèle plus confortable, sont plus lourdes et moins faciles à transporter. La plupart des Caraïbes habitent en effet la case'créole de la Dominique qu'ils ont commencé d'adopter voici 40 ou 50 ans. Elle est particulièrement bien construite et nettement supérieure dans l'ensemble aux cases paysannes martiniquaises. C'est que le bois abonde dans l'intérieur de l'île de la Dominique que la résistance des Caraïbes a mis à l'abri des défrichements. Cette demeure est toute de bois et élevée sur pilotis, ce qui est exceptionnel à la Martinique. Elle comporte un plancher, des parois en planches souvent revêtues de tuiles de bois, ou aissantes et ajourées de deux ou trois petites baies munies d'un volet à un seul battant. L'intérieur des plus grandes qui ont environ 5 mètres de longueur sur 3 de largeur, est divisé en deux pièces ; on en rencontre d'autres dont la surface n'est que de la moitié. Le toit d'aissantes à deux pans inclinés de 45° environ, recouvre sans l'intermédiaire de plafond, les pièces où l'on accède par deux ou trois marches de bois.

Les aissantes sont un matériau étanche, frais et durable, l'un de ceux qui résistent le mieux aux coups de vent. On les taille dans le bois « Maboué », le « Cacomier », le « bois lézard » ( Vilex divaricata), le bois « pipiri », le « laurier » {Neclandra coriacca et Podocarpus salicifolius), le ' « bois rivière ». Elles sont toujours de facture soignée et donnent aux demeures un aspect squameux et une teinte gris clair agréables. Des pilots élèvent la case d'environ 50 cm. C'est un maximum qu'on avait naguère dépassé. Or le cyclone de 1916 enleva nombre de cases les projetant à distance. A l'exemple du Père Barreau, on diminua la hauteur des pilotis et lors du cyclone de 1930, on constata le bienfondé de cette précaution. Cependant ce système de construction protège efficacement la case contre l'humidité intense qui résulte des pluies de l'hivernage. Les pilots sont de rondins en « bois cassave » et en bois « Tanwouaï » qui conservent longtemps leur verdeur ; ils tentent même de pousser des branches qui envelopperaient l'habitation si elles n'étaient coupées. On cloue parfois contre eux un barrage de gaulettes afin que les porcs ne pénètrent pas sous la case. Pour transporter celle-ci, il suffit de couper les poteaux de soutènement auxquels on substitue des rouleaux ; le voisinage étant réuni, on s'attelle à des cordes en chantant.


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La demeure créole dominicaine s'agrémente souvent d'un auvent recouvrant un balcon ou une galerie. Elle prend un aspect coquet lorsque son toit est écorné, lorsque ses linteaux s'ornent de découpages ou de sculptures élémentaires et qu'elle est fleurie. Ce goût du décor se rencontre chez les Caraïbes autant qu'ailleurs. Cependant les bois précieux ne sont pas employés de préférence parce que très durs, ils résistent à l'outil.

Fig. 25. — Mobilier. Formes créoles adoptées par les Caraïbes aisés.

Mais il est des familles pauvres qui demeurent en des logis plus humbles où des trous sont obturés avec des feuillages, dont la charpente pourrissante est étayée, dont les pilots défaillants sont remplacés par des pierres. On trouve aussi des cases dont la toiture et même les parois sont en feuilles de palmiste, de balisier, de vétiver, de canne à sucre.

C'est encore à l'imitation des Créoles que sont meublées les cases des Caraïbes. On y rencontre les mêmes tables et chaises massives parfois décorées de découpages. Un coeur, une étoile, un demi-cercle sont taillés dans un dossier tout d'une pièce, ou bien encore celui-ci est dessiné selon d'harmonieuses formes géométriques (fig. 25).


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2. — La « mouina ».

Malgré cette influence étrangère, on constate la survivance d'un habitat proprement caraïbe. C'est la mouina dont il n'existe que peu d'exemplaires et qui, au dire des vieillards, était encore d'un usage général il y a un demi-siècle, alors que les Caraïbes étaient plus nombreux. Elle a l'avantage, vous diront les pauvres gens qui y demeurent, d'être fraîche, d'être construite rapidement et à peu de frais, et d'être si légère qu'elle peut se déménager aussi facilement que son mobilier. En

Fig. 26. — Mouina améliorée.

effet, elle se compose de deux claies couvertes de feuillage et placées sur le sol en forme de toit à deux pans dont les pignons sont clos par des planches ou d'autres claies, l'un d'eux et quelquefois les deux, étant percé d'une porte, seule ouverture. La porte elle-même peut être faite d'une petite claie et l'on peut construire cette habitation sans se servir de planches. Deux hommes en viennent à bout en deux ou trois jours. Ils choisissent deux poteaux fourchus dans le « bois d'Inde » ou acoucoua dont les troncs élancés poussent nombreux autour de Salibia et de Bataca ; ils les plantent à 4 ou 5 mètres de distance et posent sur leurs fourches une barre transversale assez haut pour qu'un homme puisse se tenir debout en dessous ; de chaque côté ils placent des chevrons qui vont jusqu'à terre. Le revêtement est de feuilles ou d'herbes fixées à des gaulettes ; on utilise ainsi l'herbe « Panache» {Andropogon condensalus), le vétiver {Veliveria zizanioïdes), les feuilles iaiao et « z'ailes mouches », les feuilles de balisier {Heliconia caribaea ou Bihai), de cachibou, de cocotier. Ces dernières, lorsqu'on les a fendues dans leur longueur et qu'on a superposé chaque moitié tête-bêche pour que les folioles se croisent, s'emploient comme des tuiles et sont d'un bon usage. Les feuilles


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de balisier et autres semblables, se replient sur des gaulettes de façon que leurs extrémités pendent. Certaines feuilles y sont fixées par leurs pétioles où une encoche a été faite. Ainsi chargées, les gaulettes s'utilisent comme des tuiles végétales dont on superpose 4 ou 5 épaisseurs en faisant alterner les espèces si possible. Tous les éléments de la mouina sont fixés avec des lianes, lianes mibi et siguines {Stigmatophyllum et Anthurium) ou dés liens d'écorce de mahot {Triumfetta Lappula etc.)-

A l'intérieur, le sol est de terre battue ou recouvert d'un plancher ; dans un coin quelques planches de bois précieux et résistant aux insectes, servent de lit aux jeunes ; les vieillards se font des couches plus douillettes. Sous le faîtage, une liane tendue soutient les hardes. La mouina est quelquefois partagée en deux pièces, alors une porte s'ouvre à chaque extrémité. Il arrive enfin que la forme de cet abri soit améliorée par une paroi verticale interrompant à mi-course l'un des pans de son toit.

La mouina résiste bien aux coups de vent grâce à son attitude accroupie, à ses deux ailes appuyées sur le sol et, quoi qu'il en soit, elle peut s'aplatir sur ses occupants sans faire grand mal.

L'essentiel de la case et de la mouina est souvent construit par « coup de main ». Le voisinage étant réuni vers la fin d'un après-midi, on besogne au rythme rapide du tambour et. du chacha qui est une calebasse sèche où l'on secoue en cadence des graines dures. A la faveur d'une nuit claire, la séance se prolonge par des danses jusqu'au petit matin. Au soleil levant, chacun s'en va dormir. Quand la maison est achevée et bénite, une nuit est encore consacrée à la danse.

3. — Dépendances de la maison.

Auprès de l'habitation et séparé d'elle par une petite cour proprement balayée, autour de laquelle poussent rarement quelques fleurs, se dresse un léger abri pour la cuisine. C'est un ajoupa dont les formes sont diverses. Il peut être fait d'un toit élevé sur des poteaux ou même sur des parois, ce peut être encore une petite mouina ou un ajoupa semblable à celui de la forêt déjà décrit. L'intérieur en est noirci par la fumée des « boucans ». En effet, au-dessus du foyer disposé sur le sol ou sur un massif de terre grasse retenue par des piquets et des fascines, se. trouve un séchoir formé d'une claie suspendue par des lianes. C'est là que par un procédé propre aux Indiens, on met à fumer ou à boucaner des tranches de viande ou de poisson afin de les conserver. On trouve aussi parfois au vent de la case un foyer dont la fumée a pour but de chasser les moustiques.

Les ustensiles de ménage sont hétéroclites ; aux vases d'écorce, de bois


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ou de terre cuite, se mêlent le verre, la fonte et le fer-blanc ; nous avons même trouvé une bouteille en grès portant la marque « Amsterdam ». D'ordinaire, seule la marmite principale est de fonte ou consiste en une bombe à essence achetée à Roseau et que recouvre une sorte de battoir en bois ; à l'exception encore de bouteilles et de boîtes à cigarettes qui peuvent servir de gobelets, les récipients sont empruntés à la végétation d'alentour. Le fruit du calebassier proprement vidé par une toute petite ouverture, fournira la calebasse pour le transport de l'eau; fendue en deux dans sa longueur, son écorce donnera deux couis servant de plats, d'assiettes ou de cuillères ; coupée dans son petit diamètre, elle formera des gobelets. En liant la calebasse pendant sa croissance avec des fibres d'écorce, on lui fait prendre parfois des formes décoratives pour l'utiliser ensuite. On trouve souvent près de la case un « canot », sorte d'auge parfois assez grande pour y baigner un malade, et que l'on a creusé, comme les pirogues, dans un tronc de gommier {PL VII, G) ; de même une presse servant surtout à écraser la canne à sucre pour en extraire le jus {PL VII, F). Elle se compose d'un fort poteau de bois dur, dans lequel à une hauteur de 0 m. 70 environ est creusé un trou où s'engage l'extrémité d'un levier pouvant s'abaisser ensuite contre un méplat où se trouve placée la canne à écraser et dont le jus est canalisé en dessous par une gouttière. Le levier peut encore s'adapter de la même façon au tronc d'un arbre. Le mortier avec son pilon, est une pièce indispensable au ménage, il peut mesurer 0 m. 50 de hauteur. Les essences utilisées pour la presse et le mortier sont surtout le bois << Tan », le bois « Daye », le bois « Diable ». Des claies légères soutenues par des pieux fourchus, servent à faire sécher la vaisselle ; une roche rougeâtre ramassée au bord de la mer, sert à aiguiser le coutelas. Parfois un banc de quelque 20 centimètres de hauteur, a été construit près de la case, de même un établi consistant en une grosse planche engagée par un bout dans un tronc d'arbre et maintenue de l'autre par un piquet.

4. — L'emplacement de l'habitation.

Pour installer sa demeure, le Caraïbe choisit le lieu qui lui plaît puisque la propriété individuelle du sol n'existe pas sur la Réserve. C'est là pour lui l'objet d'une longue méditation où interviennent des raisons et des caprices. Souvent il recherche la vue de la mer. Il n'aime pas un trop proche voisinage, aussi les deux principaux groupements, celui de Salibia et le plus important, celui de Bataca, sont-ils peu denses et très étendus. Par ailleurs, de nombreuses cases sont disséminées à travers la Réserve. Le régime de l'habitat est celui de la dispersion. Cependant on


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ne trouve guère de cases complètement isolées. D'autre part, le chemin et la piste fréquentés semblent des lignes d'attraction. Enfin la famille semble un élément de cohésion. Les cases des vieillards sont souvent des centres autour desquels gravitent les foyers de leurs descendants. Dans ces groupes, les plus anciens détiennent une autorité qui n'est pas contestée, de sorte qu'ensemble, selon leur expression, ils» vivent bien ». En dehors de cela, des causes très diverses et imprévues peuvent intervenir. L'impression d'une persécution par quelqu'esprit malin, une superstition, un mauvais voisinage, le seul désir de changement, suffisent pour que la demeure du Caraïbe, habitat mouvant, se déplace. Aussi sur toute la Réserve rencontre-t-on des emplacements naguère habités puis abandonnés. Des vestiges y demeurent, c'est un pieu pourrissant dans la broussaille courte, un pied de fleurs qui s'étiole et qui ornait le seuil du logis, un manguier, un cocotier ou d'autres arbres domestiques, une plantation de « bois d'Inde ». Un réseau de pistes assez serré recouvre tout le littoral et envoie des ramifications vers l'intérieur, un certain nombre paraissent nouvelles et d'autres sont abandonnées. Elles sont toutes très sinueuses pour ne jamais aborder de front les nombreux obstacles du relief.

VII. — LA VIE DANS LA RÉSERVE.

Au lever du soleil sur l'horizon de la mer, après une brève aurore, la lumière inonde le pays. Le chant innombrable des petites grenouilles et des criquets qui toute la nuit est monté des herbes et des bois, a cessé déjà. Les oiseaux essaient leurs premières notes ; en ce pays ce sont des musiciens parcimonieux et sans douceur à l'exception de la tourterelle. Eveillés par la lumière, les Caraïbes se recommandent à Dieu en une courte prière, boivent leur café ou leur caco (cacao) et vont se baigner dans le torrent ou la rivière, les hommes et les femmes séparément. Bientôt ils s'occupent de leurs animaux et préparent leur travail. Bien qu'ils ne se pressent pas, leurs pas et leurs gestes sont nerveux et décidés, au contraire des langoureux Créoles. Les cultivateurs rassemblent leurs outils et leurs paniers ; les femmes se chargeront la tête, les hommes porteront la hotte ou djola {PL VII, A). Les pêcheurs mettent leurs pirogues à la mer et traversent la barre qui ferme souvent la baie de Salibia. Le soleil monte, et les aholo, gros lézards, s'exposent à sa lumière. La chaleur et le silence s'étendent sur le pays néanmoins plein de vie; le « coucou manioc » sera bientôt seul à se faire entendre lorsque bruyamment il appellera la pluie. Alors, si l'on parcourt les agglomérations, les pistes et les cases


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que l'on n'aperçoit pas toujours derrière les taillis, semblent désertes. Cependant çà et là des feuillages sont écartés avec précaution et une figure d'enfant aux yeux vifs apparaît. Aujourd'hui les Caraïbes sont abordables et même hospitaliers, mais on peut discerner chez eux une survivance de cette timidité qui les faisait fuir l'étranger encore à la fin du siècle dernier. Il est même une case où nous n'avons jamais rencontré personne et où toutes choses semblaient précipitamment abandonnées ; un après-midi nous y aperçûmes une ombre rapide, ce fut tout. Le soir, chacun rentre à son logis, assez tôt pour prendre encore un bain de rivière avant la brusque arrivée de la nuit. On croise alors sur les pistes de nombreux passants et au salut créole : « Comment ou yé » (comment allez-vous), ils répondent invariablement : « Moin soso » (je vais couci-couci), et des vieux et des vieilles qui cheminent en s'appuyant sur un bâton de balata {Mimusops Riedleana), laissent voir dans un sourire de leurs lèvres minces, des dents superbes qu'ils serrent sur le tuj^au d'une pipe. Dans la nuit tombée, les feux flambent près des cases ; les hommes rêvent en regardant les femmes préparer le repas. Ceux qui voyagent alors s'éclairent d'une torche de bois gommeux dit ce bois chandelle ».

Ils prennent leur nourriture dans un coui ou demi-calebasse. Elle consiste d'ordinaire en poisson bouilli ou fumé mélangé de légumes, surtout de choux « Dachine » et d'ignames, fortement relevés de piments. La viande qu'ils aiment cuite au jus de manioc, est rares ils ne tuent guère qu'un porc à la Noël. Ils achèvent souvent leur repas par quelques fruits et un thé de cannelle qu'ils sucrent d'un sirop fait de jus de canne cuit. Ils se procurent du sel chez les Créoles et rarement un peu de pain qu'ils consomment comme une friandise. La farine de manioc qui fut autrefois la base de leur nourriture, est aujourd'hui peu consommée, et peut-être faut-il attribuer à cette circonstance l'amoindrissement de leur robustesse.

Pour le costume, ils n'ont rien conservé d'original. Les hommes vont en pantalon et en chemise, les femmes en jupe, leurs longs cheveux noués dans un mouchoir. Ils ne se servent de chaussures que pour se rendre à l'église. Ils aiment les colliers, les bracelets mais, pour la plupart, ils ne peuvent en acheter. Les femmes oignent leur chevelure d'huile de « Carapat » ou de a Palma Christi » {Ricinus commuais). Quand ils se baignent, ils se frottent le corps de certains feuillages qui nettoient. Même quand ils vivent dans la misère, ils restent ordinairement propres.

Dans leur vie comme dans leur mentalité, c'est une curieuse rencontre


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d'idées ou de traditions caraïbes auxquelles tiennent les vieillards, et de moeurs ou d'idées européennes vers lesquelles tendent les jeunes. Leur langage actuel est un exemple de ce complexe. Sans doute leur ancien idiome était-il encore parlé à la fin du siècle dernier ; ils en ont d'ailleurs retenu nombre de mots, et certains d'entre eux savent encore en composer quelques phrases, mais ils ont pratiquement abandonné leur langue pour le patois français des Antilles à la suite de leur contact avec les Créoles. Or, tandis que la tendance actuelle chez ces derniers est d' ce angliciser » le créole ou même de lui substituer l'anglais, les Caraïbes le conservent encore dans sa forme ancienne et française. Néanmoins ils apprennent l'anglais dans leur école et s'en servent parfois dans leur négoce. En somme c'est le langage caraïbe qu'ils savent le moins bien. Voici, à titre d'exemple, quelques mots dont ils se servent encore à l'occasion mais dont nous ne saurions affirmer l'origine indienne : oiseau : coura piaou ■— lézard de terre : abolo — chien : anwouli —fumer : payepatè — tabac : youri— feu : ivatou —- fumer : koumalacha (« ch » prononcé comme dans l'allemand « machen ») •— eau : touna. Pour se saluer ils disent : Mamhrika. Certains noms de familles ont encore des consonnances significatives, tels « Bacoua », « Darou », « Gabou ».

C'est dans les légendes qu'ils racontent encore, qu'une part de leurs traditions s'est trouvée conservée. On pourra lire à la fin de ce compte rendu, celles que nous avons pu recueillir. Elles paraissent d'ailleurs fort peu nombreuses. Ils les écoutent en fumant leur pipe, hommes et femmes, et semblant poursuivre une rêverie. A la pipe, les jeunes préfèrent la cigarette. Quant à ceux qui n'ont plus de tabac, il leur arrive de fumer certains feuillages, par exemple des feuilles de cacaoyer.

Cependant la musique et la danse restent leur distraction favorite. Sans doute leur chef Jolly John Thomas possède-t-il un phonographe dont il fit passer l'aiguille sur une meule avant de nous faire entendre une biguine. Mais peu inventifs, menant une vie pauvre qu'ils n'agrémentent que de joies simples, les Caraïbes ne sont pas d'ordinaire si exigeants et ils goûtent encore pleinement l'orchestre primitif composé du « tambour basse » et du chacha. Quant à l'origine de leur chorégraphie, il est difficile de la préciser. Ils ont certainement imité les Créoles, ne seraitce que dans la fabrication du tambour, mais ceux-ci primitivement auraient paraît-il, emprunté aux indigènes. Quoi qu'il en soit, les Caraïbes aiment la danse rythmée par le « tambour basse » et le chacha. Le premier que l'on voit souvent suspendu dans les cases, est une sorte de tambour basque. Il est fait d'une peau de cabri tendue sur un cercle en bois de « figuier maudit » {Ficus laurifolia) et fortement retenue par une « liane Société des Américanistes, 1938. 13


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caco » {Heteropteris platyplera) ; des rondelles de cuivre fixées dans le cercle, s'entrechoquent pendant l'action. Le chacha est une calebasse où l'on secoue en cadence des graines dures ou du gravier. Souvent à la tombée des douces nuits tropicales que la lune emplit de sa lumière, on se rassemble ; un Caraïbe se livre à une danse solitaire et appliquée où tous les muscles de son corps entrent en jeu avec souplesse et harmonie. Peu à peu la magie du rythme s'impose à l'assemblée ; sous le reflet des flambeaux, obéissant à la mesure variée de l'orchestre, de nouveaux danseurs entrent dans le cercle, on se relaye, les heures passent inaperçues jusqu'à l'aurore.

Quant aux chants caraïbes, ils paraissent rares. Voici un air sur lequel il y avait des paroles caraïbes que malheureusement nous n'avons pas pu recueillir. Cependant on ne saurait affirmer que cette musique soit exempte d'influences créoles :

Enfin, traînant une pirogue neuve à la mer, des Caraïbes chantaient en choeur sur l'air suivant tandis qu'un soliste alternait selon la même mélodie approximativement, mais sur un ton beaucoup plus élevé :

VIII. — LES INDUSTRIES.

Les Caraïbes ont davantage conservé la technique de leurs anciens métiers. La nécessité de gagner un peu d'argent pour acheter des vête-


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ments, des outils, des denrées qu'ils ne produisent pas, les a en effet contraints au travail de la vannerie et à la fabrication des canots, leurs deux principales sources de revenus. Ils s'y sont appliqués selon des procédés traditionnels dans leur race.

C'est surtout en ce qui concerne la vannerie que leur travail est très caractéristique. Ils fabriquent ainsi les « paniers caraïbes » bien connus dans les Antilles, et qui couronnent si souvent la silhouette des porteuses sur les pistes de la montagne. Ces paniers ont la forme de cubes allongés fermés d'un couvercle ; ils sont d'entrelacs minces et savamment tressés en double paroi; entre les deux cloisons sont introduites de larges feuilles de cachibou qui en assurent l'étanchéité. Ce sont les hommes qui se consacrent de préférence à cette industrie ; la plupart en connaissent la technique qu'ils exécutent avec goût, patience et dextérité, mais il existe des spécialistes. Tout d'abord, ils vont dans la forêt, parfois loin, pour y couper les matériaux de leur travail; ce sont des tiges d'aroman {Ischnosiphon arouma), des lianes Mibi {Stigmatophyllum convolvulifolium et Stigmatophyllum cmaxginatum) et des feuilles de cachibou.

Avec un tranchet effilé, ils découpent de minces lanières dans les tiges d'aroman et dans les lianes ; habituellement les fibres qui proviennent du centre des tiges serviront à la doublure intérieure des paniers et celles qui sont prélevées dans l'écorce, étant plus fermes, composeront la paroi extérieure, elles seront alors colorées. A cette fin, elles sont frottées avec des graines de safran ou plongées dans une eau tintée avec les feuilles du bois ce Tan ». Uaroman est encore jauni au soleil ou noirci dans la boue riche en détritus végétaux que l'on trouve au bord des eaux stagnantes. L'artisan dispose ainsi de brins blancs, jaunes, brun rouge et noirs pour décorer d'une belle mosaïque sa fine, souple et solide vannerie '. Il lui faut deux ou trois jours pour confectionner un panier de taille moyenne, par exemple de 0 m. 60 de longueur sur 0 m. 30 dans les autres dimensions. En 1936, ce travail valait 2 shillings. Sur commande, il fabrique encore des ce niches » consistant en une douzaine de tout petits paniers s'emboîtant les uns dans les autres.

Les Caraïbes utilisent beaucoup la djola, sorte de hotte que l'on trouve aussi chez les Créoles qui l'appellent contant, mais c'est un ustensile proprement caraïbe. D'ailleurs il n'est guère fabriqué que sur la Réserve. Il se compose de quatre panneaux liés avec des écorces et démontables ; trois d'entre eux sont de forme ovale allongée, ils composent les deux côtés latéraux de la hotte et la partie qui porte sur le dos,

1. Les Créoles ont parfois imité leurs procédés. On trouve à la Martinique un centre de fabrication de vannerie caraïbe. Cf. La Vie paysanne à la Martinique, par J.-B. DELAWARDE. Paris, Librairie Larose, p. 134-.


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le quatrième est rond et sert de fond ; dés lianes ou des cordelettes d'écorce ferment en manière de lacet la partie extérieure opposée au dos du porteur de sorte que le volume de la djola peut être agrandi. Les panneaux sont faits d'un cercle de liane caco {Heleropteris platyplera) sur lequel sont tressées de fines lanières découpées dans des racines de palmiste, matériau très résistant. Un vide est ordinairement ménagé à l'extrémité inférieure des panneaux allongés qui ne sert que de support. Les liens employés et les bretelles sont d'écorce de mahot, on appelle ainsi des Malvacées du genre Pavonia et Parilium, des Borraginées du genre' Cordia. Les Créoles payaient le contant un ou deux shillings en 1936. Il sert au cultivateur pour emporter son repas, rapporter des herbes et des légumes ; le chasseur y transporte son gibier ; les plus grands peuvent contenir un porc de taille moyenne. Les Caraïbes fabriquent et utilisent aussi le ce portemanteau », sorte de sacoche souple tressée en aroman ainsi que la lanière qui la retient sur l'épaule.

Il n'y a pas un demi-siècle que chez eux, la préparation du manioc entraînait encore normalement l'emploi de la couleuvre traditionnelle, panier en roseaux refendus et adroitement disposés. Il suffisait de l'emplir de pulpe fraîche, de la suspendre à un arbre, avec une pierre à son extrémité inférieure, elle s'allongeait alors et pressait parfaitement le manioc sans demander davantage d'effort. Cependant, les Caraïbes se servaient déjà de la râpe et de la platine en métal. Aujourd'hui ils ont adopté les procédés des Créoles empreints de la poésie et du charme d'une industrie née sous les Tropiques '. Mais ils ont conservé leur ancien tamis tressé en aroman sur un cercle de liane caco et qu'ils appellent hibiçhelte.

Pour fixer l'extrémité des fibres de leur vannerie, les Caraïbes se servent d'un fil de pite poissé et noirci avec un goudron qu'ils appellent manni et disent trouver au bord de la mer sous la forme d'un galet noir. La pite sert encore à faire des cordes très solides et, de même que Y aroman, le <c mahot figue » {Musa texlilis) et le ce mahot doux », elle est cultivée. Le ce mahot figue » est un bananier mince dont le maigre régime est immangeable mais le pourtour de la tige fibreuse, abattue, tillée et séchée, donne des brins que l'on natte pour faire des cordes ; le ce mahot doux » est un arbre dont l'écorce fournit aussi des liens. Quant au cachibou et au balisier {Heliconia Bihai et caribaea), ils croissent en assez grande abondance dans la forêt pour qu'on n'ait pas à s'en préoccuper, de même trouve-t-on toujours assez de racines de palmistes.

Outre la vannerie, la fabrication des pirogues est le principal objet de

1. Cf. La Vie paysanne à la Martinique, p. 126 sq.


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l'industrie des Caraïbes. Un gommier {Dacryodes hexandra) au tronc svelte et élevé, est abattu, creusé profondément à l'outil et chargé de pierres dont la pression évase l'ouverture. Les bords sont rehaussés par une planche de ce mahot cochon » ou de ce pois doux » {Inga laurina). Les coques d'une longueur d'environ 4 mètres, ne sont pas peintes, elles apparaissent maculées de rouge autour des fissures que l'on a bouchées avec de la sève de gommier mélangée de cendres et d'une huile rouge achetée à Roseau. Deux hommes peuvent achever un canot en trois semaines et le vendaient sans garniture, en 1936, pour 16 shillings environ. Les Caraïbes offrent encore aux Créoles des planches débitées dans les bois.

On a vu que leurs ustensiles de ménage comportaient des vases creusés dans le bois de gommier, ils se servent encore à cette fin du ce poirier » créole {Tecoma pentaphylla), mais les artisans de ce travail deviennent rares. D'autre part, ils ont entièrement désappris l'industrie de la poterie. Déjà il y a 25 ans, leurs ce canari » ou vases de terre rouge, étaient si mal cuits qu'ils supportaient difficilement le feu, et pour cette industrie les Caraïbes sont aujourd'hui tributaires des Créoles auxquels ils ont transmis leurs recettes et qui travaillent encore l'argile selon des procédés précolombiens par exemple à la Martinique *.

Les feuilles de tabac que les Caraïbes récoltent, sont seulement séchées avant d'être fumées, et ils préfèrent celles que prépare la fabrique moderne. Leurs pipes en terre, dont ils cassent les tuyaux pour que le foyer se trouve contre leurs lèvres, proviennent de Roseau. Ils brûlent de l'huile de ce Carapat » ou de ce Palma Christi » {Ricinus comrnunis) dans des veilleuses consistant en un morceau de calebasse, une boîte en fer-blanc, un verre, munis d'une mèche de coton récolté près de la case; l'huile est recueillie à la surface d'un vase d'eau bouillante où ont été jetées les graines écrasées au mortier. Pour voyager de nuit, sur mer près des côtes ou dans les bois, ils s'éclairent de flambeaux. Pour les préparer, ils coupent un bâton de bois ee Iquac » ou bois « Diable », l'écrasent en réservant une poignée pour le tenir, et collent dessus une couche épaisse de résine de gommier qu'ils entourent d'une ce robe pal1

pal1 Cf. Préhistoire martiniquaise, par J.-B. DELAWAIIDE. Paris, Librairie coloniale, 17, rue Jacob.

Les Créoles sangs mêlés manifestent plus d'activité et d'initiative que les Caraïbes. Nous en connaissons par exemple qui ont improvisé des alambics pour distiller le jus de canne à sucre : une bombe à essence sert de chaudière, une canalisation en bambou formant une ligne brisée fait office de serpentin grâce à un enveloppement de linges constamment mouillés d'eau froide.


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miste » sèche, c'est-à-dire de la gaine résistante enveloppant à la base le bouquet de feuilles du palmiste, il ne reste enfin qu'à ligaturer avec une corde ee mahot ». Ces torches peuvent mesurer 1 m. 10, et si l'on prend soin de les envelopper encore de feuilles vertes de balisier pour en retarder la combustion, elles peuvent servir, assure-t-on, plusieurs nuits. Les Caraïbes font encore du charbon de bois qu'ils portent au Petit Marigot pour le vendre aux Créoles.

En outre certains, plus adroits, fabriquent à l'imitation des Européens, des guitares dont ils jouent après les avoir peintes au roucou. Car ils se servent toujours de cette couleur, en particulier pour décorer leurs petits meubles. Un roucouyer ombrage souvent les abords de la case caraïbe.

Sans doute ils ne taillent et ne polissent plus d'outils et d'armes de pierre, ils n'ont même plus souvenance d'en avoir fait usage. Mais il existerait dans le Sud de la Réserve, du côté, de la Montagne Raymond, les traces d'un atelier de cette ancienne industrie. Il y aurait aussi du même côté, des rochers portant des figures ou inscriptions. C'est en vain que nous avons cherché, personne ne s'est trouvé pour nous en indiquer l'endroit probablement dissimulé par les bois. Un voyageur y avait déjà auparavant perdu sa peine. Cependant il ne doit pas être impossible de retrouver ces intéressants vestiges.

IX. — LA PÊCHE.

La pêche peut être assimilée aux industries traditionnelles continuées avec goût par les Caraïbes et grâce auxquelles ils ont conservé une part de leur originalité. Vêtus sommairement, coiffés de vieux chapeaux, les pêcheurs descendent le matin vers la baie de Salibia. Sans hâte, ils observent l'océan. A l'abri d'un îlot rocheux qui brise les grandes lames, une vingtaine de pirogues ont été hissées la veille sur les grosses roches qui couvrent le rivage. Bientôt en discutant laconiquement sur l'état de la mer où ils ont remarqué des signes visibles pour eux seuls, ils préparent leurs agrès et leurs engins. Ce sont des rames plutôt courtes, un petit mât d'environ 3 mètres, une voile carrée avec un bambou pour la tendre au vent ; ce sont des lignes achetées à Roseau et, pour assommer le gros poisson, de lourdes massues caraïbes appelées boutou. Ces pêcheurs utilisent encore des lignes courtes très résistantes et incorruptibles. Ils les font eux-mêmes en tordant deux brins de fibres d'ananas


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sauvages ou de pite entre la paume de la main et un morceau de cuir fixé à la cuisse par des liens passés autour de la taille et autour du pied. Ils achètent aux Créoles les quelques nasses qu'ils posent dans la mer. Ils

Fig. 27. — Voilure.

ne pratiquent pas la pêche au filet qui n'est guère possible sur leurs côtes.

Bientôt les pirogues des Caraïbes montées par deux ou trois hommes, franchissent les lames qui déferlent et, voiles tendues, disparaissent à l'horizon de l'Atlantique aux eaux mouvantes et pâles ; elles ne fréquentent pas la Mer caraïbe si tranquille et si belle mais qui n'est plus de leur domaine.

Dans le milieu de l'après-midi, soucieuses du repas du soir, des mena-


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gères écoutent si elles perçoivent le son de la corne de lambi, coquillage marin percé d'une embouchure pour servir de trompe. En effet, une bonne pêche est ainsi annoncée et les acheteurs s'empressent sur le rivage. Si la mer est houleuse, les pêcheurs doivent franchir une barre qui menace de renverser le canot ; alors la voile étant pliée, celui-ci stationne près du passage difficile, le patron parfois debout à l'avant, observe les lames qui déferlent et semble les compter : elles se succèdent selon une violence inégale et rythmée ; bientôt sur un signe qu'il a donné, la pirogue s'élance, élève sa pointe avant en abordant l'obstacle et plonge; arrivée à terre elle est hissée à 2 ou 3 mètres en dehors de l'eau. La pêche est vendue ; puis les marins vont se laver dans l'eau d'un torrent voisin et y rincent leurs hardes. Il arrive que les barques de retour obliquent vers le Nord et s'éloignent de Salibia ; c'est que la pêche a été exceptionnellement fructueuse et que le poisson sera vendu au Petit Marigot chez les Créoles ; il coûtait 3 pences la livre en 1936. Les pêcheurs ne rentreront alors qu'après avoir fêté leur chance par quelque libation et débarqueront bruyamment à Salibia, tard dans la nuit, à la lueur de leurs flambeaux. Par contre, si la pêche a été nulle, on se contente des légumes que les femmes ont fait bouillir, et cela dure parfois des semaines.

Les plus riches captures sont les dorades et les thons. Quant aux poissons volants, ils affluent comme une manne pendant la période annuelle de leur ce récolte » ; les pêcheurs en rapportent de pleins canots que l'on boucane pour les conserver 3 et 4 mois. Le poisson de rivière est aussi parfois péché ; on l'enivre au moyen du suc de certaines plantes jeté en amont, il ne reste ensuite qu'à le recueillir lorsqu'il flotte sur l'eau.

X. — LE COMMERCE.

Avec le produit de leur pêche et de leurs petites industries, les Caraïbes entretiennent un modeste commerce avec les Créoles. Pour acheter leur linge, leurs outils, le sel, l'huile ou la graisse, ils vendent du poisson, de la vannerie, des pirogues, des planches, des légumes. Il y a quelques années, ils portaient en outre des feuilles de ce bois d'Inde » à une petite distillerie qui fonctionnait près de la mer à Ouaraca. Ils vont offrir leurs marchandises au Petit Marigot tout voisin, mais aussi jusqu'à Roseau où ils parviennent après avoir traversé l'île montagneuse, les femmes portant des paniers sur la tête, les hommes chargés de hottes. S'il s'agit de marchandises incorruptibles comme la vannerie, ils font tranquillement le


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tour de l'île en canot. Si les hommes partent seuls par mer, les femmes s'arrangent pour les rejoindre sur les marchés, particulièrement à Roseau. Plus sérieuses, elles obtiendront qu'on rapporte au logis autre chose qu'un unique pot de sel dont leurs maris se contenteraient volontiers, pour dépenser le plus clair de l'argent en boissons.

Les Caraïbes n'ont pas le sens du juste prix et ne savent pas commercer. Facilement ils demandent trop, facilement aussi ils se rendent aux exigences du client et cèdent leurs denrées à vil prix. Ils n'ont pas non plus le goût de l'économie, ils ne savent pas prévoir, et à la tentation présente du superflu, ils sacrifieront parfois l'essentiel du lendemain.

XL — LÉGENDES.

Voici des légendes que nous rédigeons en serrant de près le simple récit que nous firent les ce Francs Caraïbes » qui en avaient gardé le souvenir :

Pourquoi ce Coucou manioc » ne boit pas à la rivière.

Le ee coucou manioc » est un oiseau que l'on voit peu mais qui se fait entendre bruyamment dans les champs de manioc par temps sec. Il semble alors ce appeler » la pluie avec angoisse, ou simplement il l'annonce. Il a en effet la réputation de ne boire que les gouttes d'eau retenues dans le creux des feuilles.

ee Lorsque ce Papa Bon Dieu » (expression créole) fit la rivière, il dit au ce coucou manioc » d'aider les autres animaux à porter des roches pour faire la rivière. Le coucou lui répondit qu'il avait les plumes trop belles pour un travail comme celui-là. Il lui arriva en punition de ne pas pouvoir se baisser pour boire à la rivière comme les autres oiseaux ».

Légende de Lescalier de la Pointe Jinni.

Le mot ee Jinni » semble caraïbe, le nom créole de cette pointe est ee Raymond ». Il existe là un escalier naturel et géant qui part d'un médiocre sommet où est entassé un chaos de roches nues et qui descend jusqu'à la mer. L'ensemble apparaît d'origine volcanique.

ce Quand Dieu créa la e< tête chien » (petit boa de la Dominique), ce


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serpent vécut d'abord dans la mer. A l'âge de six mois, l'un d'eux devenu très gros, entreprit de construire. Empruntant l'escalier de la Pointe Jinni, il fit maints voyages sortant chaque fois de la mer une grosse pierre qu'il chargeait sur l'extrémité de sa queue et déposait sur le sommet tout proche. Il fit ainsi un refuge où s'étant logé, il aspirait les hommes qui passaient près de lui et s'en nourrissait. Une cérémonie religieuse fit disparaître l'animal qui reviendra à la fin du monde».

Comment le colibri (ce foufou » en créole, ce yereteu » en caraïbe) eut sa belle tête et comment la lune eut sa tête sale.

ce II y a bien longtemps, une fille qui s'appelait Sésé, vivait dans une case avec sa maman et son frère. Chaque nuit elle recevait complaisamment la visite d'un amant qu'elle ne pouvait reconnaître dans l'obscurité. Un jour sa maman s'aperçut qu'elle était grosse et décida de découvrir le mystérieux visiteur. Quand celui-ci revint, un guetteur, posté dans un coin de la case, lui noircit le visage avec sa main trempée dans le suc du génipa afin que, le jour venu, il soit reconnu. Le lendemain on s'aperçut qu'il s'agissait du frère de la fille. Tout le Carbet en fut fâché. Honteux, le délinquant décida de s'enfuir et de vivre solitaire. Il escalada le ciel et devint la lune sur le visage de laquelle on voit les traces du génipa. Cependant Sésé mit au monde son enfant qu'on appela Hiari et, se souvenant de son amant, elle demanda au Colibri de monter jusqu'à la lune avec le petit enfant pour le faire voir à son père. Colibri s'acquitta de la tâche, et c'est en récompense qu'il reçut de si belles plumes sur son corps et une couronne sur son front. Hiari fut le papa de tous les Caraïbes.

Mais jusqu'aujourd'hui, les femmes se méfient de la lune et celle-ci, grosse ou petite, ne visite plus les filles ».

Histoire d'une autre Sésé.

ce II y avait jadis un Indien Àrawak ' qui recommanda à sa fille Sésé de ne pas se baigner dans un certain bassin de la rivière quand elle n'était pas bien portante. Un jour Sésé, oubliant le conseil, alla s'y baigner alors qu'elle était indisposée. Or dans le bassin vivait un serpent ce tête chien » {acayouman en caraïbe) 2 qui, s'emparant de la fille, la rendit mère.

1. Les Arawak seraient les Indiens contre lesquels les Caraïbes luttaient victorieusement dans les grandes Antilles lors de la découverte.

2. Voir à ce sujet les Relations du R.P. Breton, op. cit., p. 46. L'acayouman serait un animal légendaire.


LES DERNIERS CARAÏBES 203

Cependant cet animal se transformait en homme chaque nuit, et la fille prit l'habitude d'aller le rejoindre près de la rivière, à l'insu de ses parents, lorsque le jour était tombé. Sésé mit un enfant au monde dans la case de sa mère et bientôt, chaque nuit, ce petit prit ses ébats dans le bassin avec son père. Lorsque le jour paraissait, tous rentraient au Carbet, le serpent étant caché dans le ventre de Sésé.

Le frère de celle-ci se demandait depuis longtemps pourquoi Sésé avait des graines de balata {Mimusops Riedleana) sans hache pour couper. Un soir il la suivit : elle se dirigea vers un gros pied de balata où elle s'arrêta, alors le serpent sortit de son ventre, monta à l'arbre, puis, soudain transformé en homme, secoua les branches pour en faire tomber les graines. Tout ceci fâcha le jeune homme qui décida de tuer le serpent, ce qu'il fit le lendemain au moment où l'animal montait de nouveau dans l'arbre. Il le coupa en mille pièces. Sésé, toute peinée, ramassa jusqu'aux plus petits morceaux ; elle les enterra et les recouvrit de feuilles. Quelques lunes après, tandis qu'il chassait de ce côté, son frère entendit venir un grand bruit qui s'arrêta où le serpent était enterré ; s'étant approché, il trouva là quatre cases pleines d'Indiens : c'étaient les fils du serpent et de Sésé qui furent les premiers Caraïbes. Ceux d'une case étaient contents de voir leur oncle arawak, mais ceux des trois autres cases étaient fâchés parce qu'il avait tué le serpent. Toutefois les chefs conseillèrent de ne pas tuer leur oncle.

Caraïbes et Arawak échangèrent des cadeaux et vécurent comme des amis jusqu'au jour où Sésé devenue vieille et toujours inconsolée, dit aux Caraïbes ses fils, de tuer un petit Arawak pour venger le serpent. Ainsi fut fait. Mais les Arawak tuèrent alors un petit Caraïbe. C'est comme cela que commença la guerre entre les Caraïbes et les Arawak qui sont ennemis jusqu'aujourd'hui ».

Il ressort de cette légende comme de la précédente, que les Caraïbes reconnaîtraient à l'origine de leur race, une faute ou une anomalie. Les deux récits pourraient d'ailleurs se succéder logiquement si le serpent n'était autre que Hiari et si le nom de Sésé désignait deux femmes différentes, nous n'avons pas pu le savoir. La dernière légende révèle une parenté entre Caraïbes et Arawak. D'autre part, le rôle du serpent fait songer aux gravures rupestres de la Guadeloupe. Soulignons encore le ce jusqu'aujourd'hui » de la fin ; depuis la conquête européenne des Antilles, l'inimitié a cessé entre Caraïbes et Arawak, et pour cause.


204 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

CONCLUSION.

On s'attendait à trouver plus d'originalité dans le cadre de vie et les moeurs des Caraïbes. On est un peu déçu de les trouver si ee créolisés », comme ils disent eux-mêmes. Chez eux assurément, le pittoresque et la couleur locale dont on est si friand aujourd'hui étaient plus savoureux au xvuc siècle. Néanmoins la réalité d'aujourd'hui.si prosaïque qu'elle soit, contient peut-être quelqu'enseignement sur la façon dont peut s'éteindre une race chez laquelle la fierté du sang, d'une noblesse fondée sur une réalité physiologique, n'a pas été servie et défendue par l'énergie, chez laquelle aussi la discipliné religieuse est intervenue efficacement mais trop tard et fut privée trop longtemps du complément d'une éducation matérielle. D'ailleurs cette race en était arrivée, semble-t-il, à la fin du xviue siècle et au début du xixe, à un degré d'abandon d'elle-même qui ne permettait pas d'espoir. Par la loi d'une lourde hérédité, elle était destinée à prospérer dans les aventures de la guerre et de la rapine, et quand un autre cadre lui fut imposé, celui des travaux de la paix, elle fut condamnée à disparaître. Quand elle aura perdu bientôt ce qui lui reste de son intégrité, cette race n'aura plus de place que dans l'histoire ; on peut comprendre ceux qui déploreront alors la disparition d'un fameux échantillon d'humanité.

Très réduits en nombre, les Francs Caraïbes se trouveraient aujourd'hui exposés au danger des mariages consanguins dans un cercle trop étroit, s'ils choisissaient, comme il en a été question, de ne se marier qu'entre eux. Le métissage avec les Noirs et les Sangs mêlés semble, du point de vue humain, la meilleure solution. D'ailleurs on ne voit pas comment on pourrait l'interdire sans prendre de moyens arbitraires et sans faire violence'aux libertés. Dans une grande partie du Nouveau Monde le mélange des sangs s'impose plus ou moins, et souvent à l'avantage de la race noire, à juste titre néanmoins puisqu'elle a su se soumettre et s'adapter avec souplesse à une civilisation, nouvelle et qu'elle domine par sa fécondité. Injustement importée dans les chaînes, ;elle représente aujourd'hui une force lentement conquérante et victorieuse, la race d'avenir dans les Petites Antilles, ancien domaine des Caraïbes où Richelieu avait rêvé créer un peuplement européen.


SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES, 1938.

PLANCHE VI.

Caraïbes de la Dominique. A-B. - Types caraïbes.

C. - Types caraïbes remarquables.

D. - Types caraïbes ou bâtards. E-F. - Types caraïbes.



SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES, 1938.

PLANCHE VII.

Caraïbes de la Dominique.

A. - Porteur de djola. Vannerie du panier caraïbe. Types caraïbes.

B. - Ruche d'abeilles.

C. - « Tambour basse ». Type caraïbe. D-E. - Deux types de mouina.

F. - Pressoir à canne à sucre. Type caraïbe.

G. - De gauche à droite : djola et coui, mortier et calebasse, panier et ce canot ».



SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES, 1938.

PLANCHE VIII.

Caraïbes de la Dominique.

A. - Type caraïbe.

B. - Type caraïbe (exceptionnel).

C. - Provision d'aroman. Type caraïbe.

D. - Construction d'une pirogue. Type caraïbe.

E. - Types caraïbes (remarquer la différence de teint entre les deux).

F. - Type bâtard.



ACTES DE LA SOCIETE.

SÉANCE DU 12 JANVIER 1938.

PRÉSIDENCE DE M. DE GRÉQUI MONWORT, PRÉSIDENT.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.

La correspondance comprend des lettres de remerciements des membres récemment élus.

Le secrétaire général présente les excuses de M. de Lustrac qui ne peut assister à la séance.

M. François EDMOND-BLANC l'ait une communication accompagnée de projections fixes et animées : Compte rendu de mission en Alaska {Mission du Muséum national d'histoire naturelle).

Sont nommés membres titulaires : le R. P. Delawarde et M. Marcos C. Morinigo.

Est présentée comme membre titulaire :

jjme Yvonne SAUPHAR, par MM. Rivet etSouslelle.

La séance est levée à 18 h. ,'10.

SÉANCE DU Ie 1' FÉVRIER 1938.

{Assemblée générale). PRÉSIDENCE DE M. DE CRÉQIII MONTFORT, PRÉSIDENT.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.

La correspondance comprend des lettres de remerciements des membres récemment élus.

M. RIVET, secrétaire général, donne lecture du Rapport moral pour l'année 1937.

M. d'HARcouRT, trésorier, expose la situation de la Société à la fin de l'année 1937 et le projet de budget pour 1938. Ces rapports et projet sont approuvés à l'unanimité.


206 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

M. Claude LÉVI-STRAUSS fait une communication sur Quelques problèmes récents d'ethnographie sud-américaine.

Est nommée membre titulaire : Mm 0 Yvonne Sauphar.

Sont présentés, comme membres titulaires :

MM. Gaston VINCKB, par MM. Rivet et Soustelle ;

Pal KELEMEN, par MM. Rivet etLehmann;

Jacques ROUMAIN, par MM. Soustelle el Lehmann ;

K. O. HENCKEL, par M. Rivet et M" 0 Barret ;

Manoël CRUZ, par MM. Rivet et Lévi-Strauss.

La séance est levée à 18 h. 30.

SÉANCE DU 8 MARS 1938.

PRÉSIDENCE DE M. JOSÉ DE J. NÛNEZ Y DOMÎNGUEZ, MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.

La correspondance comprend des lettres de remerciements des membres récemment élus.

Le secrétaire général présente les excuses de M. de Créqui Monlfort, qui ne peut présider la séance, et de M. de Lustrac.

M. Heinz LEHMANN fait une communication, accompagnée de projections sur Le fonds pré-colombien du Musée de VHomme.

Sont nommés membres titulaires : MM. Gaston Vincke, Pâl Kelemen, Jacques Roumain, K. O. Henckel et Manoël Cruz.

La séance est levée à 18 h. 30.

SÉANCE DU 5 AVRIL 1938.

PRÉSIDENCE DE M. DE CRÉQUI MONTFORT, PRÉSIDENT.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.

La correspondance comprend des lettres de remerciements des membres récemment élus.

M. Gaston VINCKE fait une communication sur son Voyage chez les Indiens de la Guyane.

Est présenté comme membre titulaire :

M. SAUVAGEAU, par le Dr Rivet et Mlle Barret.

La séance est levée à 18 h. 30.


ACTES DE LA SOCIÉTÉ 207

SÉANCE DU 3 MAI 1938.

PRÉSIDENCE DE M. JOSÉ DE J. NÛNEZ Y DOMÎNGUEZ, MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.

La correspondance comprend des lettres de remerciements des membres récemment élus.

Le secrétaire général-adjoint présente les excuses de M. de Créqui Montfort et du Dr Rivet qui ne peuvent assister à la séance.

Il annonce que M. Pal Kelemen qui avait très aimablement accepté de prendre la parole en a été empêché, rappelé brusquement aux Etats-Unis.

Il rappelle que le Congrès des Américanistes n'aura pas lieu en 1938.

M. Paul COZE fait une communication accompagnée de projections sur Le symbole des scalps.

Est nommé membre titulaire : M. Sauvageau.

Est présenté, comme membre titulaire :

M. Douglas TAYLOR, par MM. Rivet et d'Harcourt.

La séance est levée à 18 h. 30.

SÉANCE DU 14 JUIN 1938.

PRÉSIDENCE DE M. DE CRÉQUI MONTFORT, PRÉSIDENT.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.

La correspondance comprend des lettres de remerciements des membres récemment élus et une lettre de M. Clavery, s'excusant de ne pouvoir assister à la séance.

Le secrétaire général fait part de la mort de deux de nos membres d'honneur, MM. Robert Lehmann-Nitsche et Konrad Theodor Preuss.

II dit quelques mots du Musée de l'Homme dont l'inauguration aura lieu le 20 juin et qui à la fin de l'année 1938 deviendra le siège de la Société.

M. Bertrand FLORNOY fait une communication, accompagnée de projections sur les Cérémonies religieuses el magiques des Indiens Jivaro.

Est nommé membre titulaire : M. Douglas Taylor.

La séance est levée à 18 h. 30.




SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES, 1938.

PLANCHE IX.

Monuments anciens de Saint-Domingue. A. - Tour crénelée d'Ovando. — B. - Fort. — C. - Ancienne église des Jésuites (Ministère des Finances). — D. - Cathédrale. — E. - Eglise de l'Hôpital Saint-Nicolas. F. - Église des Franciscains. — G. - Ex-couvent des Dominicains. — H. - L'Alcazar.


MÉLANGES ET NOUVELLES AMÉRICANISTES.

Les premiers monuments chrétiens du Nouveau Monde {Planche IX).— Le principal intérêt de la ville de Saint-Domingue; appelée nouvellement « Giudad Trujillo », réside sans doute dans les souvenirs archéologiques qu'elle renferme et qui sont les témoins de la première installation dés Européens en Amérique. Ils datent pour la plupart du premier quart du xvie- siècle.

Par Une lettre envoyée d'Espagne, Christophe Colomb persuada son frère Barthélémy de fonder une ville à l'embouchure de l'Ozama, à proximité des mines d'or de la H'a-ïna qui se trouve un peu à l'Ouest '. Gë fut la « Nouvelle Isabelle ». (TJri premier établissement espagnol sur la côte nord de ; l'île avait déjà été nommé ce Isabelle »). Un fort y fut élevé, il prit lé nom de ce Santo Domingo » qui devait plus tard s'étendre à toute la ville.

Les Espagnols bâtirent d'abord sur la rive gauche, mais leurs constructions de bois furent bientôt détruites par un incendie. Ne subsistent aujourd'hui que les murs d'une modeste chapelle où Christophe Colomb chargé de fers par Bobadilla serait venu prier. La seconde ville fut élevée sur la rive droite où elle est encore, à la place où se trouvait un carbet indien 2.

Un fort d'allure féodale élève au bord de la rivière quatre étages de créneaux, surmontés du drapeau de la République et une échauguetle sur laquelle se dresse une sentinelle comme Une cigogne au bord de son nid. Il aurait été commencé vers 1502:par le cruel et habile Ovando, second gouverneur. Restauré plusieurs fois, il a apparemment perdu son caractère primitif {PL IX, A).

Le souci de la défense a visiblement primé à Saint-Domingue. On y trouve les restes d'une ceinture de fortifications : des pans de murailles, des forts sur les hauteurs {PL IX, B),et une porte imposante ouverte sur l'embouchure de la rivière. ...',-..

Dans la ville, d'anciens monuments sont encore en service, ainsi la'cathé-i drale {PL IX, D). Elle aurait été bâtie de 1520 à 1540 (on a dit par erreur 1512) par l'archevêque Alexandre Girardini. C'est un monument peu élevé et massif, se

1. La découverte des mines de la Haïna aurait été provoquée par une aventure plausible bien qu'elle ait l'agrément d'un conte. Il y est question d'un Espagnol fugitif, d'une reine indienne qui s'éprend de lui, l'épouse et pour le disti-aire de sa tristesse lui'révèleet lui donne les gisements d'or.

2. Cf. Carte par Ducis. VIARD dans VHistoire des caciques dxHaïti, par E. NAU. Paris, .G. Guérm,, 1894. , . • ';■ :

Société des Américanistes, 1938. 11


210 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

réclamant de l'art gothique espagnol et auquel de petites baies en plein cintre ou rectangulaires, un toit à faible pente, un clocher à arcades donnent un aspect archaïque. Toutefois certaines parties ont été construites ou restaurées selon le style Renaissance. L'intérieur est divisé en trois nefs, les nefs latérales sonl occupées sur toute leur longueur par des chapelles dont chacune aurait été confiée à l'une des principales familles delà Colonie. Plusieurs conservent des souvenirs, c'est un tableau de la Vierge offert par Isabelle la Catholique, c'est une croix de bois grossièrement taillée, plantée primitivement sur l'emplacement choisi pour édifier la Cathédrale et la ville. Une chapelle est consacrée aux ce Immortels », une autre qui se trouve près du choeur du côté de l'Epître servit, dit-on, de chambre au corsaire anglais Drake le soir d'une victoire. Celui-ci d'un coup de sabre enleva l'une des mains du gisant qui l'occupe et qui représente l'évêque Rodrigue de Bastidas. Le pays, où l'on oublie si volontiers, a néanmoins gardé de Drake le souvenir d'un voleur et d'un démolisseur d'églises. La destruction de la Cathédrale à coups de mines et de pioches n'aurait été évitée que par une rançon exorbitante. Quant aux richesses des vases d'autels lourds d'or et de pierreries, elles figureraient aujourd'hui à Londres, au British Muséum. A l'entrée de la nef centrale se dresse un magnifique tombeau de Christophe Colomb datant de 1887 et qui ne s'harmonise pas avec le milieu où on l'a placé.

Un autre édifice mérite l'attention, c'est l'église de l'ex-couvent des Dominicains {PL IX, G). Elle remonterait à 1510 et semble bien être le monument le plus ancien des Amériques qui soit encore en service.On y célèbre le cullesous des arcades et des voûtes où se rencontrent l'art gothique et le roman, entre d'épaisses murailles dont les baies ne laissent passer qu'un demi-jour et qui semblent conserver dans le vaisseau une part de l'ardente piété d'autrefois. Sous une voûte peu élevée se développent des arcades en plein cintre et des croisées d'ogives, des arcs diaphragmes délimitent les croisillons du transept, la tribune est assise sur des supports en encorbellement décorés de sculptures, bustes humains ou animaux, sortant de la pierre, monstrueux et grimaçants, el qui semblent d'inspiration romane. Comme dans les autres sanctuaires espagnols l'imagerie et la statuaire sonl expressives, cette dernière comporte souvent le vêtement galonné. On remarque une ce Pietà » émouvante l.

Subsiste encore une ancienne église des Jésuites qui abrite aujourd'hui le Ministère des Finances {PL IX, C). Sa façade a un aspect austère et défensif avec ses contreforts multipliés, ses étroites ouvertures et le drapeau qui flotte à son sommet. Elle ouvre sur une rue où s'élèvent encore de riches demeures construites par les premiers colons.

1. Dans cette église vint très probablement prier le dévot Henri ou ce Henriquillo », chef indien habile et magnifique qui mit fin à la servitude de ses congénères — il avait été élevé par les Dominicains. Là aussi durent retentir, au scandale des colons espagnols, les condamnations répétées d'une politique injuste et cruelle à l'égard des Indiens. En effet, ce furent surtout les Dominicains, par exemple le célèbre Père Montésino et Las Casas, qui se signalèrent parleur zèle pour les Indiens.


MÉLANGES ET NOUVELLES 211

Des ruines imposantes se dressent d'autre part qui donnent à la ville le cachet d'un musée. Naguère abandonnées, elles sont aujourd'hui entretenues avec soin. Ainsi celles de l'hôpital Saint-Nicolas, de l'église des Franciscains et de l'Alcazar de Diego Colomb.

L'hôpital Saint-Nicolas fut commencé en 1503 probablement par le gouverneur Ovando. Des murailles considérables, dévêtues et en partie effondrées, laissent voir leur appareil de briques jointes avec de la terre rouge. Elles sont percées de baies en plein cintre ou rectangulaires et de grandeur restreinte. En circulant sous les arcades appuyées sur des piliers sans décor on trouve des fûts engagés dans les murs et couronnés d'une bague sculptée d'où sortent et s'étalent de fines nervures, certains reposent sur des encorbellements. Commencée une dizaine d'années après la découverte de l'Amérique, cette construction est un témoin de l'essor rapide et de l'esprit créateur de la colonisation espagnole.

L'ancienne église des Franciscains {PL IX, F) donne l'impression d'une masse qui dut être imposante. Dans ses murailles de pierres et de briques liées avec une pâle terreuse, maintes reprises sont visibles. Comme à la cathédrale, des chapelles occupaient les nefs latérales, sous ces chapelles des caveaux étaient creusés où l'on prétend qu'aboutissent de mystérieux souterrains. Tout près on trouve les restes de la chapelle annexe du Tiers-Ordre. Ces constructions datent comme les précédentes du début du xvi° siècle.

De même encore l'Alcazar de Diego Colomb {PL IX, H), majestueux témoin de puissance militaire. Le caractère de son architecture est féodal et sa décoration très simplifiée. Diego Colomb, fils de Christophe Colomb, succéda à Ovando en un temps où les Espagnols n'avaient plus à craindre des Indiens mais de leurs propres désaccords f.

Dans l'ensemble l'architecture des premiers sanctuaires américains bâtis pour la plupart durant le premier quart du xvie siècle est assez composite. Tout d'abord les travaux n'ont pas suivi le canon gothique flamboyant proprement dit, ils se réclament d'un art de caractère archaïque d'où les formes romanes ne sont pas exclues. Parfois ils ont été achevés en style Renaissance. Les petites baies à plein cintre qui mesurent la lumière, n'ont pas donné lieu à la pose de vitraux. Les toitures sont peu élevées et à faibles pentes, on y aperçoit des tourelles basses couvertes d'une calotte hémisphérique. Composés d'une couche de terre entre deux parements de briques, ces toits très épais protègent bien delà chaleur mais semblent plus adaptés aux climats de l'Espagne qu'à ceux des Tropiques aux pluies diluviennes. Les murailles atteignent des épaisseurs de deux mètres, pierres ou briques plates y sont noyées dans un mortier de terre rougeâtre et grasse, assemblage que l'on appelle tapieria et que le soleil semble avoir cuit et doré. Le P. Labat parle, peut-être avec exagération, de la solidité des constructions espagnoles de Saint-Domingue qu'on ne pouvait

1. Ovando, excellent gouverneur, aurait été rappelé sur la volonté de la reine Isabelle parce que trop dur pour les Indiens.


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parfois abattre p irce qu'elles étaient scellées dit-il, avec du sang de boeuf (Cf. P. Labat, Nouveaux voyages aux îles de VAmérique, Paris, Delespine, 1742, VII, p. 189). La terre grasse n'est pas un mortier si fameux. Toutefois l'impression que donnent ces constructions est celle de la volonté de s'installer sur place pour y demeurer définitivement, volonté qui caractérise la colonisation espagnole.

La décoration des édifices est celle de l'art espagnol des rois catholiques et du style Isabelle, mais pour une part seulement que domine nettement l'inspiration postérieure de la Renaissance d'ailleurs souvent hispanisée. Les travaux s'étant poursuivis à l'époque de la transition et de l'avènement de l'art italien en Espagne, la décoration plus que l'archileclure en participe et des édifices de structure gothique sont habillés de revêtements à la mode florentine ; les appliques aux fantaisies, d'orfèvres représentant des végétaux ne sont pas rares. Les autels et le mobilier en général, révèlent une influence complète de la Renaissance ; dans le dur bois des Iles, les ouvriers qualifiés, venus d'Espagne dès le début de la Colonie, ont sculpté toutes les complications de l'art italien. La Renaissance n'a pas remplacé cependant les ee Pietà » espagnoles si tragiques dans leur naïveté et combien plus spirituelles que les statues imposées par le renouveau artistique. Ces maigres vierges de bois peint, engoncées dans des chappesde velours galonné d'or, élèvent toujours vers le Christ leurs pâles et douloureux visages. Couronnées d'une coiffe blanche comme d'une auréole elles joignent leurs mains dans un geste passionné sous l'étoile brillante d'un coeur percé de sept glaives. A côté de la douleur, l'Espagnol a aimé figurer la mort et sa méditation facilement macabre a décoré les pierres tombales des sanctuaires d'une végétation de crânes et de tibias '.

J.-B. DELAWARDE.

La « quema de Judas » en Amérique. — L'usage que l'on désigne par ces mots a été relevé au Mexique, dans le Sud-Ouest des Etats-Unis (Arizona), au Brésil et aux Canaries (voir ma note dans le Journal, n. s., tome XXVII, 1935, p. 472, et rapprocher Rafaël Heliodoro Valle, Mexico impondérable, Santiago de Chile, 1936, p. 193-197). Une réjouissance semblable a été dernièrement signalée dans le journal de Paris La Croix, avec photographie (numéro du 10li avril 1938) : il s'agit de la pendaison de Judas par les chrétiens noirs de la Mission de Murimbo, dans la préfecture apostolique d'Urabâ, en Colombie, sur la côte du golfe de Darién. Il est évident que cette pratique a un rapport direct avec les manifestations populaires qui se sont greffées sur les cérémonies de la Semaine Sainte. Mais il peut s'y être mêlé un autre élément : l'antisémitisme, 'Dans son gros livre Por la vieja calzada de Tlacopan (Mexico, 1937,

1. Nous ne fûmes à Saint-Domingue que le temps d'une escale, notre documentation historique fut nécessairement hâtive, nous la donnons sous réserve. Nous avons visité les lieux sous la direction d'une personne autorisée que nous prions de trouver ici l'expression de notre vive reconnaissance.


MÉLANGES ET NOUVELLES 213

p. 75-81), M. Artemio de Valle-Arizpe a été amené à étudier de nouveau cet usage, qui, dans la ville de Mexico, a pour centre principal l'actuelle Calle de lacuha. Il rappelle que l'on ignore la date précise de l'apparition de la quema de Judas, et que les textes n'en parlent pas avant 1785. Il rappelle également qu'il y avait en Nouvelle-Espagne un grand nombre de judaïsants, que l'Inquisition poursuivait ceux-ci avec opiniâtreté, et, que fréquemment, lorsqu'elle n'avait pas réussi à les faire appréhender, ils étaient condamnés à être brûlés en effigie. De là serait née la coutume de brûler des mannequins représentant Judas, pris comme symbole du peuple juif. La question se pose de savoir si l'on peut avancer la même explication pour les manifestations qui ont lieu —ou qui avaient lieu — en Colombie, au Brésil et aux Canaries. Il faut noter seulement que, dans l'Espagne du xvne siècle, le Juif apparaissait souvent aux yeux du populaire comme un personnage destiné par définition à être brûlé (cf. M. Herrero-Garcîa, Ideas de los espanoles del siglo XVII, Madrid, s. d. [1928], p. 650-651). En outre, je vois qu'un usage analogue est signalé en Pologne, de façon vague il est vrai. L'écrivain qui relève le fait, M. Arnold Mandel, le regarde comme une manifestation d'antisémitisme : ce Le ce Juif mercantile, usurier, brocanteur, boursier ou avocat, est certainement celui ce qui a été le sujet le plus utilisé dans le folklore, la caricature et la littérature <t polémique antijuifs. Dans les différentes époques, sous les différents travesee lis, il fut le eeShylock » de Shakespeare, le ee Lumpenjund » de la satire popuce laire allemande. C'est encore à lui que pensent les paysans polonais, quand ce pendant leurs processions ils traînent à travers la campagne et frappent un ee pantin symbolique, nommé ce Judasz » ... {Les Juifs, Coll. ce Présences », Paris, 1937, p. 108). Malheureusement, l'enquête que j'ai essayé de faire faire en Pologne, grâce à l'obligeant intermédiaire de Mad. RosaBailly, secrétaire général des ee Amis de la Pologne » à Paris, n'a pas abouti jusqu'ici. De loute manière, il ne semble pas que, dans ce pays, l'on puisse envisager une influence des procès inquisitoriaux, puisque le problème des ce chrétiens nouveaux » n'y existait pas. Enfin, la quema de Judas doit être rapprochée d'un autre usage qui existe également en Europe, celui de brûler au début ou la fin du Carême un mannequin que l'on charge de tous les méfaits de l'année précédente (cf. Arnold Van Gennep, Le folklore de Bourgogne {Côle-d'Or), Gap, 1934, p. 69, et Le folklore de la Flandre et du Hainaut français, tome I, Paris, 1935, p. 148-152, p. 178 et p. 187). La quema de Judas se rattacherait par là au cycle folklorique dit du bouc émissaire. Mais je préfère laisser aux spécialistes le soin d'interpréter les données éparses que j'ai rassemblées ici à leur intention.

Robert RICARD.

Population du monde. — Les « Annales de géographie » (t. XLVII, n° 265, 15 janvier 1938, p. 108) reproduisent les chiffres publiés par la Revue allemande e< Wirtschaft und Statislik » (17e année, n°21, novembre 1937, p. 873) pour la'répartition par continents des 2.116 millions d'habitants qui peupleraient le globe :


214 SOCIÉTÉ DES AMÉUICAN1STES

SURFACE POPULATION POPULATION DENSITE

(millions de km 2) (millions d'habitants) °/„ AU KM 2

Europe 11.4 526 24.9 46.2

Asie 41.6 1.162 54.9 27.9

Afrique 30.1 151 7.1 5.0

Amérique 42.9 266 12.6 6.2

Océanie 8.6 U 0.5 1.2

Monde 134.6 2.116 100. 17.5

P. B.

Les grands empires du monde. — Voici, suivant les mêmes sources, comment se classent, d'après la surface et la population, les dix plus grands empires du monde (métropoles et colonies).

D'APRÈS LA SURFACE

(milliers de km 2)

1. Empire britannique.. 34.938

2. U. R. S. S 21.176

3. Empire français 12.425

4. Chine et possessions. 10.362

5. États-Unis et posses. 9.682

6. Brésil 8.511

7. Empire italien 3.789

8. Argentine 2.793

9. Empire belge 2.422

10. Empire portugais. . . 2.191

D'APRÈS LA POPULATION

(millions d'habitants)

1. Empire britannique. . . . 516

2. Chine et possessions... 437

3. U. R. S. S 171

4. Étals-Unis el possessions 144

5. Empire français 111

6. Empire japonais 99

7. Empire néerlandais 73

8. Allemagne 68

9. Empire italien 51

10. Brésil 42

P. B.

1res étrangers en Amérique. — Les statistiques mondiales fournies par les recensements de 1910, 1920 et 1930 ont été publiées en 1936 par le Bureau international du Travail. Nous retiendrons surtout les chiffres concernant l'Amérique, relevés dans l'article de M. Georges Mauco*.

En ce qui concerne la totalité des étrangers, c'est l'Amérique qui vient en tête, en 1930, avec un chiffre de 10.580.000 (le monde entier en comptait alors 28.900.000) se réparlissanl surtout entre les États-Unis (6.300.000) et l'Argentine (2,800.000).

Et voici l'accroissement du nombre des étrangers entre 1910 et 1930.

Canada + 721.000 États-Unis + 688.000 Argentine + 470.000

1. MAUCO (Georges). Les étrangers dans le monde. Annales de géographie. Paris, t. XLVII, 1938, p. 1-8.


MÉLANGES ET NOUVELLES 215

Chiffres qui ne sont dépassés que par la France (-f- 1.555.000), les Indes néerlandaises (882.000) et la Malaisie britannique (869.000). Au contraire, au Chili, les immigrants ont diminué de 29.000 pendant cette même période et l'Allemagne, la Suisse, l'Angleterre et l'Egypte enregistrent des diminutions encore plus importantes de leur population étrangère.

Si maintenant on considère le pourcentage des étrangers dans chaque pays, c'est l'Argentine qui vient en tête avec 26 °/0, le Canada ensuite : 6 °/0, puis les États-Unis, 5 °/0. Dans ce dernier pays, il y a une diminution depuis 1920, époque à laquelle la proportion était 7 °/0. Par conséquent, l'augmentation des nationaux est importante depuis quelques années puisque malgré un apport de 668.000 étrangers en 20 ans le pourcentage de ceux-ci a baissé de 2 0/o.

L'étude de l'origine des étrangers montre que, en ce qui concerne l'Amérique, l'émigration se fait en général sur le continent même. Sur les 2.781.600 migrants d'origine américaine répartis dans le monde en 1930, 2.580.000 se trouvaient dans les différents pays d'Amérique. Le tableau reproduit ci-dessous fait d'ailleurs admirablement saisir le sens du mouvement démographique américain.

POURCENTAGES DES IMMIGRES EN :

PAYS D'ÉMIGRATION AFRIQUE ASIE AMÉRIQUE EUROPE OCÉANIE

Allemagne 0.5 0.6 74 24 0.3

Angleterre 3.8 3.8 80 3.1 8.9

Espagne 26 0.3 21 53 0.2

Italie 17.6 0.4 58 33 0.6

France 73 3.5 10 11 1.6

U. R. S. S 0.5 5.2 80 13 0.1

Europe entière 10 2.7 61 24 2

États-Unis 0.9 3.1 78 17 0.9

Amérique entière 0.2 1 92 6 0.1

Afrique entière 82 2 I .7 15 —

Chine 0.3 97 2.4 — 0.6

Japon — 92 4.7 — 4.4

Inde 17 66 11 — 5.5

Asie entière 3.2 83 5 3.5 2,2

P. B.

Les principaux résultats des explorations de Gurt Nimuendajii chez les Indiens du Brésil (1937). — Le célèbre explorateur et ethnographe germanobrésilien Curt Niinuendajû a continué en 1937 ses recherches chez les Indiens Gê. Ces explorations, qui complètent les magnifiques travaux poursuivis par Nimuendajû au cours de ces vingt dernières années, ont été réalisées grâce à l'appui de YInstilute for Social Sciences de l'Université de Californie, sous les auspices du Dr. R. H. Lowie.


216 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

Dans une lettre datée de Para, 12 février, Nimuendajû nous écrit :

ce J'ai remonté le Tocantins jusqu'au 10° de latitude Sud et j'ai fait un séjour chez les Apinayé et les Serénle pour terminer les observations faites chez les premiers en 1928 et chez les derniers en 1930. Mon intérêt était surtout dirigé vers leur organisation sociale. Mon voyage a duré du 25 janvier jusqu'au 4 septembre.

En 1932, l'ordre social et la vie morale des Apinayé avait subi un tel choc que je m'attendais à trouver cette tribu réduite à quelques individus. Mais en dépit de son petit nombre (160 individus), cette tribu a fait preuve d'une force de résistance incroyable. Elle s'est ressaisie et après 20 années d'interruption s'est remise à célébrer ses anciennes cérémonies d'initiation pour autant qu'ils en étaient encore capables.

Les choses allaient très mal chez les Serénte. Comme ces Indiens sont trois fois plus nombreux que les Apinayé, j'avais espéré faire chez eux une abondante moisson. Je les trouvais en pleine décadence physique, morale et culturelle. Une épidémie de petite vérole qui faisait encore rage pendant mon séjour ne fit qu'ajouter à cet effondrement.

Le système de l'organisation sociale des Apinayé semble avoir été le suivant :

Villages circulaires. Phratries ( ce moitiés » ) matrilinéaires, matrilocales mais non exogames, en rapport avec la lune et le soleil. Une de ces ce moitiés » occupe le Nord et l'autre le Sud du cercle des huttes. Leurs fonctions ont un caractère religieux, cérémoniel et sportif mais ne sont pas de nature économique.

Le mariage est réglé par l'appartenance à quatre classes {kiyè) dont les membres se distinguent par des ornements et des pratiques rituelles particulières. Ces groupes matrimoniaux ne sont pas localisés. Le système est grosso modo comme suit : Les hommes de la kiyè A doivent prendre femme dans la kiyè B, ceux de la kiyè B dans la kiyè C, etc. Les garçons appartiennent à la kiyé paternelle, les filles à la kiyè maternelle.

Il est en outre chez ces Indiens quatre classes d'âge, dont seule celle des guerriers possède une réelle organisation. Les rites d'initiation comportent deux phases, la seconde étant accompagnée d'une période de réclusion. Les jeunes gens non mariés ne sont pas rigoureusement tenus à l'écart.

Je n'ai pas trouvé de sociétés des hommes ni aucune organisation à but économique.

Ces Indiens ont deux séries de noms propres masculins et féminins qui correspondent aux ce moitiés » et sont transmis par le frère de la mère ou la soeur du père. Plusieurs de ces noms sont des titres cérémoniels qui sont associés deux par deux, l'un appartenant à une moitié et le second à l'autre moitié. Le port de ces noms crée des obligations rituelles au cours des fêtes.

Les résultats que j'ai obtenus dans le domaine religieux peuvent brièvement se résumer comme suit : le Soleil et la Lune, tous deux des êtres humains sont les créateurs des hommes et des moitiés. Le dieu Soleil est l'objet d'une grande


MÉLANGES ET NOUVELLES 217

vénération alors que la lune a une importance secondaire. Visions données par le soleil. Les étoiles sont sans signification religieuse. Il n'est pas d'intermédiaire entre le dieu Soleil et les hommes qui s'adressent à lui directement. Les morts ont des rapports avec les hommes, les animaux et les plantes. Les hommes-médecine sont les intermédiaires.

Passons maintenant aux Serénte :

Leur village est en fer à cheval avec une ouverture à l'Ouest. Ils ont des ce moitiés » patrilinéaires, palrilocales et exogamiques. Ces deux groupes sont associés au soleil et à la lune. Le premier est situé au Nord et le second au Sud de cet arc. Chaque ce moitié » se compose de trois clans qui se distinguent par des ornements et par leur situation. Ils comportent aussi un quatrième clan qui est une tribu étrangère qui s'est associée à eux.

Le milieu du fer à cheval est occupé par le warâ où les jeunes gens vivent avant leur premier rapport sexuel. Il ne s'agit donc pas d'une maison des hommes.

Les jeunes gens du warâ, se répartissent en 5 classes d'âge qui se distinguent par des ornements propres.

Toute la population de l'un et l'autre sexe est divisée en deux équipes sportives qui diffèrent par le port de certains ornements. La participation est laissée au choix des individus. Les sociétés d'hommes ont des fonctions cérémonielles militaires et économiques et sont parmi les organisations les plus importantes de la tribu. Chacune possède deux chefs qui correspondent aux moitiés. Seule la société Akémha possède des rites d'initiation avec une longue période de réclusion.

Noms propres : Chaque société des hommes dispose d'une série de noms de femmes qu'elle octroie par paire à une jeune fille de chaque moitié. Ceci a lieu au cours d'une cérémonie qui se rapporte au nom. Les noms d'hommes consistent en quatre séries : ceux des deux moitiés et ceux des deux tribus amalgamées. Ils sont simultanément décernés à des intervalles de plusieurs années à tous les garçons qui ont grandi entre temps. Ces noms sont transmis parle grand-père ou le grand-oncle paternel.

Religion : culte du soleil et en une certaine mesure de la lune. Les planètes Vénus, Mars, Jupiter et les étoiles sont les intermédiaires entre ces deux astres et les hommes. Lors des périodes de sécheresse, on s'abstient de boire pour exciter la pitié du soleil. Les homme-médecine sont en rapportavec les démons des étoiles appartenant à leur moitié ».

Dans cette même lettre Nimuendajû annonce qu'il entreprendra en juillet

1938 l'étude des Indiens Kamakan.

A. MÉTRAUX.

Mission Paul Goze en Amérique du Nord. — Notre collègue Paul Coze, accompagné de MM. Raymond Gid et J. Schaeffer est parti à la fin du mois de juin pour un voyage de 4 mois à travers les Réserves indiennes de l'Amérique du Nord. Us feront au moyen d'une roulotte automobile les quelque


218 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

20.000 km. que représente leur itinéraire, car ils passeront chez les Sioux du Dakota, les Corbeaux et les Pieds-Noirs du Montana, les Arapaho du Wyoming, les Navaho, Hopi, Pueblo de l'Arizona et du Nouveau-Mexique. Leur voyage a un double but : ils comptent rapporter des documents (objets, films, photographies, aquarelles) et compléter l'enquête de Paul Coze sur les phénomènes métagnomiques et les symbolismes ; un but de propagande française dans les villes traversées, par conférences, prospectus, etc.

Paul Coze avait obtenu, avec l'appui du docteur Rivet, une Mission du Muséum national d'histoire naturelle et du Ministère de l'éducation nationale. Enfin le Ministère des Affaires étrangères, et, aux Etals-Unis le Déparlement des Affaires indiennes les ont assurés de leur aide.

P. B.

Une expédition au Gran Ghaco. — Notre collaborateur et ami Alfred Métraux, revenant à l'américanisme après avoir consacré quatre ans à l'élude de la Polynésie et notamment de l'île de Pâques, se propose de partir en septembre pour le GranChaco.il vient d'obtenir une bourse Guggenheim qui lui permettra de séjourner en Amérique du Sud pendant un an et de compléter les travaux qu'il avait entrepris en 1932-33 chez les indigènes du Chaco en particulier chez les Toba-Pilagà.

J. S.

Congrès de l'Association française pour l'avancement des sciences. — Le congrès se tiendra cette année à Arcachou, du 22 au 27 septembre.

P. B.

Voyage du Dr Rivet en Amérique. — Notre secrétaire général s'est embarqué le lor juillet pour New-York. De là, il devait gagner Mexico, puis la Colombie où il fera une série de conférences sur l'origine de l'homme en Amérique et représentera la France aux fêtes commémorant le quatrième centenaire de la fondation de Bogota.

P. B.

Mort de Robert Lehmann-Nitsche et Konrad Theodor Preuss. — La science américaniste a perdu celle année ces deux grands savants allemands. Des nécrologies paraîtront dans le prochain fascicule du Journal.

P. B.

Distinction honorifique. — Notre éminent collègue, M. José de J. Nûnez y Domînguez, secrétaire général du Musée national de Mexico a été nommé membre de l'Académie nationale d'histoire de Colombie.

P. B.

Le Gérant : M. A. DESBOIS.

PttOTAT FRÈRES, IMPRIMEURS, MAÇON (FRANCE). MCMXXXVIII.




FÉDÉRATION

DES

SOCIÉTÉS DE SCIENCES NATURELLES.

Secrétariat général:

M. J. Verne, Secrétariat de l'Association Française pour l'Avancement

des Sciences, 28, rue Serpente, Paris (6e).

I. — Faune de France, publiée par l'Office centra! de Faunislique. Volumes parus : Éehinodermes, par Koehler, 150 IV. (ne se vend pas séparément). —• Oiseaux, par Paris, 65 fr. — Orthoptères, par Chopard, 35 fr.

— Sipunculiens, etc., par Cuénot, 6 fr. 50. — Polychètes errantes, par P. Fauvel, 66 fr. — Diptères anthomyides, par E. Séguy, 100 fr. — Pycnogonides, par Bouvier, 14- fr. — Tipulides, par Pierre, 36. .fr.::

— Amphipodes, par Chevreux et Fage, 72 fr. — Hyménoptères vespiformes, I, par L. Berland, 62 fr. — Nématocères piqueurs : Chironomidae, par Kieffer, 28 fr. — Nématocères piqueurs : Simuliidae, Culicidae, Psychodidae, par E. Séguy, 25 fr. ■— Diptères brachycères, par Séguy, 62 fr. — Diptères pupipares, par Falcoz, 15 fr. — Diptères nématocères : Chironomidae, Tanypodinae, par M. Goetghebuer, 20 fr.-— Polj'chètes sédentaires, par P. Fauvel, 85 fr. —Diptères brachycères : Asiiida;, par E. Séguy, 40 fr. ■— Diptères nématocères : Chirouomidas, III, Chironomarite, par M. Goelgliebuer, 36 fr.— Hyménoptères vespiformes, II, par L. Berland, 4.0 fr. — , Coléoptères : Cerambycidae, par F. Picard, 36 fr. —Mollusques terrestres et fluviatiles, par L. Germain, t. I, 150 fr., t. II, 150 fr. — Diptères nématocères : Chironomidae, IV, par M. Goetghebuer, 45 fr. — Tardigrades, par Cuénot, 35 IV. — Myriapodes Chilopodes, par H. W. Brolemann, 100 fr. — Copépodes pélagiques, par N. Rose, 140 IV.— Tuniciers (fasc. 1) : Ascidies, par H. Harant et P. Vernières, 35 fr.

IL — Année Biologique, Comptes rendus des travaux de biologie générale. Abonnement annuel : France : 75 fr. j Etranger: 100 fr. S'adresser au Secrétariat général de la Fédération.

III. — Bibliographie des Sciences géologiques, publiée par la Société géologique de France et la Société française de minéralogie. Prix : 40 fr. (pour la France), 50 IV. (pour l'Etranger). S'adresser à la Société géologique, 28, rue Serpente, Paris (6°).

IV. — Bibliographie botanique, publiée par les Sociétés botanique et myçologique

myçologique France et distribuée avec les Bulletins de ces Sociétés. S'adresser à la Société botanique, 84, rue de Grenelle, Paris (7e).

V. — Bibliographie américaniste, publiée par In Société des Américanistes et

distribuéeiavec son bulletin, le Journal de la Société des Américanistes, 61, rue de Buffon, Paris (5e). Abonnement : 70 fr. (pour la France), 80 fr. (pour l'Etranger). Tirage à part de la Bibliographie : 25 fr.

VI. — Bibliographie africaniste, publiée par la Société des Africanistes et distribuée

distribuée son bulletin, le Journaîde la Société des Africanistes, 61, rue de Buffon, Paris (5e). Abonnement : 70 fr. (pour la France), 80 fr. (pour l'Etranger). Tirage à part de la Bibliographie : 25 fr.

VII. !— Bibliographie horticole, publiée parla Société nationale d'horticulture de France et distribuée avec le Bulletin de celle Société. S'adresser à. la Société nationale d'horticulture de France, 84, rue de Grenelle, Paris (7e).


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SOMMAIRE, DU TOME XXX (Fasc.-l).

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Delawarde (R. P. J.-B:). Les derniers Caraïbes. Leur vie dans une

■', Réservé- de la Dominique. ., ... . .... . .:■.■. . .", , 167

Falkenburger (F.). Recherches anthropologiques-; sur là 'déformation

artificielle du. crâne. . , . .,:...., ....... 1

Hallowell (A. L). Notes on.lhe material culture ofthe Islah;d;:l#kleSalultéaù'x 129 Rickards (C. G.). Monograph on oriianients on zapotec IuhéTaTy,:urns.. 147 Rivet (P.),,el Tastevin (G.).: .Les lang'ues arawak du/.Pjùr^eLd.U'Juruà ' : (groupe araùâ).... .-..-... ,■...''.■;'.-...,-.:,.'.. .V. » ;■■,'■.'■■...,;':.;!:. :/. .. .■;■'.-?.;■<. : -71 Tastevin-(C), cf. Rivet (P.). ''"'"'"'./.'"'- :

Un vocabulaire cora. Manuscrit inédit,, publié par J. Soustelle. . . .'.'-. ...i . 141 VeSlard (J. À.).'.-Contribution à. l'archéologie-:'.dès Andes, yéhézuéliehirës':,

/(première note).. .. .. '."'.". ............ ^ . '.' '.' .. ;..,..; .; 115

Actes de la Société (janvier-juin 1938) ......;.......;, 205

Mélanges .et nouvelles améi-icanistes. ;'. . . .... . . :. .;...:;;. .209 :

Cotisations :

Membres de la Société résidant en France. ...... " - 60 francs.

Membres de la- Société'résidant à l'étranger .............. 90 francs.

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La Société possédant un stock complet de ses publications, les'fascicules épuisés ayant été réimprimés en fac-similé, est en mesuré de répondre à toutes les demandés qui lui seraient adressées.

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MAÇON, PICOTAT FUEUES, IMPRIMEURS. — MCMXXXVII1.