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Titre : Journal de la Société des américanistes

Auteur : Société des américanistes (France). Auteur du texte

Éditeur : Société des américanistes (Paris)

Date d'édition : 1932

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343492856

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb343492856/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Langue : anglais

Langue : espagnol

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Description : 1932

Description : 1932 (T24).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5734929b

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 20/12/2010

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JOURNAL

DE LA

SOCIÉTÉ DES AMÉRIGANISTES

(RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE)

NOUVELLE SÉRIE — TOME XXIV

(Fasc. 1).

AU SIEGE DE LA SOCIÉTÉ

61, RUE DE BJJFFON, 61 PARIS, Ve

1932


:,; :'.;:-. ... : FEDERAT I;Q N:^y£:«- ^ y^JrM

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■'.-'' Secrétariat général : : --.'-V.''

1C J. Uefûe, Secrétariat de.l'AssociationFrançaise '.pour. l'Avancement des Sciences, .28, rue; Serpente, Pài-is1(&"!). -. : ■ .

,1.'— Faune de France, publiéë::par;:jpffieë.-centrai

parus : Eehinodérmes,. p.a^V;ÎCoëhlér,::L5.0.Lf.:-:;(n-ê-'se vend pas séparé^; ; ment).'—r Oiseaux,:par.Parjs/6^ ,'■>' : l :-—Sjpunçuliens, etc.,: pai-jCnéioel, 6 fr..-5G. ^îEâlyëiiètes^eixanteSi-parj: P. Fauvel,--66 fr. — Diptèresvanthomy.idesJ par :E. Séguy, 100 fr..— ; ; Pycnogonïdes, par Bouvier, 'fr.— Tipnîidës^par Pierre, ,36 fr.. -— Amphipodes, par Chevreux etFage, 72 fr. v— 'Hyménoptères vèspïS '■•■• formes, I, par L. Borland, 62 fr.:-— Nématoçèrës piqueurs : Chironomidae,,-par . Kieffer, 2S1V.- .-^- Némaiocères piqueùrs :; Sjrhuliidaê, Gulicidae, Psycliodidae^-par EviSéguy, 25:fr.;^ Diptères vbracliycèrès, ;par. Séguy^ ;62 fi'.. -^-^DipLèMS pupipares,; pariïFalcoz,; 15; : .frf'--* .

i;':^ ::;;jri;;,;L>iptè

', . :bueiy20 fr.^— PolychèteSv:Sédénla,ires,parP^Fauyel;, 85 fr. — Diptères; brachycères :: Asilidas, par E. Séguy, 40 fr. -'<-- Diptèi-és némaiocères :. ' .. Chironomidoe, 111, Gbiro.nôniarjse, par M. G6etg]iebuer,..3.&fr - Hyménoptères vespiformès II, par'L. Berland, ;:40 fr.:" —- Coléoptères ;' Cerambyçidae, par F. Picard, v36 fr. -^-Mollusques terrestres et fluvia-. liles, parL. Germain, t.; I,150fr;.:, t. II, 150 fc S'adresseran Secrétariat général de la Fédération.' .-"".,■'-"' '

„ ;:;IL ,—' Année Biologique; Coinpfgs;;Rendus .;des;.trayXu:x;;!dg;;:bioflqgie ■igénéralé;;;:

^Mf- «•', t\: A bo ntièmè;nLSàrinuël ■ ":■ ;Fra!n'éë 't'fil'bïi-f ;■ :'E trarigër" ^wÔ''ïrl 'ï'S ad ressër;aiï'::i ■ - Secrétariat général.;de Ia-'F.édéràîïon". ' :-;. .;v-^;. -.'■■-' ' :. --^

.TH. — BibliograpMè des Sciences géologiques, publiée; par ; la Société géoiogiquede. France et la Société irançaise de niiriëraTogie.-Prix .v'20 fr> pour la France. S'adresser-jà là;. Société géologique^' 28, rue Serpéntë,v Paris (Qa), ■■ -, ' ■ ,■ ') ::;vv;;;o;:.. ■. ;";■- -'. ; :. - ;^;j

IV. — BibliograpMè botanique, publiée par les Sociétés botanique et mycolo-;

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:0i,:' 'H: ser'àla:Sôè1^ :;':''■" V/iy-J--

Y. -- BibliograpMè américaniste, publiée par la So'cieté des Aniéricanistês et ■ ■.■' distribuée avec son bulletinyjè; iîournal de là Société des; Ainéricanisles/ 61 r rue: de BulTon, Paris (5e):'Abonnement : 70Tr: (pour Ia:France);, '■■; 80 fr.i (pour l'Etranger) ; Tirage a part"de la Bibliographie : 25 ïr.

-VI. — BibliograpMè africaniste,; publiée par la Société dès Africanistes et dis-. tribuéeavec son bulletin, lé Journal de la Sociétédes Africanistes, 61, rue :■; ■ : ••... ,;de.Buflbn, Fîaris (5e). Abonnejnent;: 70 fr» Ipour/Ia.FrancéJlj.SO .fr,;(podr/: ^'ri'.^'VrËtr^^

VIL — Bibliographie horticole, publiée par la Société: nationale d'horticulture : de" France et distribuée avec/le;Bulletin dé cetlejëoeiétë.' S'adresser ;a . la Société nationale d'horticulture de France, 84, rue de Grohellév Paris (7e). /.v' ■■ ' ; "-.;; .:;/;';' . .'--'

. ^MNCIPÀÛX: ARTICLES ;:;piRTJS ; ■ , v :"f

,.-,.:. . ;-:-;• ";:.;..;-.';v';rD^NS LES^BERNIERS :ÏÛMES^:b;K^'ii:.v--^.-^:i;':>■-:.^::::.

:?J'OURNAË':rë| '".RA Sô|î|fE ;-DfeS^^iS^W^^Ï^:yÈ'^^ '■■;; .:. TOME XX (i928j/xxxii-589'p/:;;;ï ""'"''"•■ ■■;■■;■■' =;';;

...F. BLOM. San Cleinente ruins, Peleiil; Guatemala (Chichànlun) (2 %'•)• ~-^--: -11. CONZEMIUS. Los: Inçjiôs Payas de Honduras (suite).;~^- R. de KÉRALLAIN. Bougainville à l'armée du comte de Grasse, guerre d'Amérique, 1781 -1782.';




JOURNAL

DE LA

SOCIÉTÉ DES AMERIGANISTES



JàUSMM;:;

D E LA

SOGllTf;;.î)ES AMÉRIGANISÏES.

(RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE)

^NOUVELLE SÉRIE — TOME XXIV

AU SIEGE DELA SOCIÉTÉ

61, RUE DE BUFFON, 61,

.' PARIS, Ve

1932



'::ÊA;;=GSNGEPTÏOS; :::DE; - E'AME ;;

::y::::ûMm LES IMBIEN-S CUNA ...-

;^Bi:L?ISTHME': DE PANAMA

;(LA::SIGNIFIGATI0N.:DE.TR0IS MOTS GUNA, i -fjmRBA, NIGA ET KURGIN) 1.

t;. V;:PAR EHLAHJJ NORDENSKIOLD. .-

;.; -..::' A Monsieur Lépy-BfuhL: \

■ .. : '■ ■;;'.':.. - Hommage respectueux;,. :'

Il y a quatre ans que je visitai les Indiens cuna de l'isthme de Panama, en eompàgnie de ma femme, du D* S- Linné et de mon fils Érie.; Att cours de hia visite chez ces Indiens, je tombai gravement malade et dûs,: revenir à Panama-Gity, d'où peu après je rentrai .chez moi en Suèdéi De mon voyage je rapportai, entre autres, plusieurs manuscrits, soit écrits pajr; dés Indiens- cùna avec nos caractères, soit dessinés avec leur.pict'qgraphieï Malheureusement, en raison de ma maladie, je n'avais pu en traduire et étuâier de près que quelques-uns. : ,/

D'une: manière;ou d'une autre, il fallait arranger cela. J'invitai dans'ce but un Indien cuna très intelligent, Ruben Pérez Kantule, à venir passerquelque temps en Suède. Pérez accepta l'invitation et voilà maintenant sii mois :qu-il est dans-ce pays.

"Quand Pérez arriva en Europe, il apportait des éléments manuscrits très précieux, qui à un haut degré complétaient mes collections. Il.s'agis^- sait, en premier lieu, de chants, d'incantations, de descriptions de maladies et de leurs remèdes, écrits en langue cuna et principalement eh notre écriture., Pérez a écrit ceux-ci. sous la dictée de vieux hommes-médecine et autres qui les avaient conservés en pictographie, laquelle né :fut transcrite par Pérez qu'exceptionnellement. Nous avons traduit ehéembïe les manusèrits indieiis, et il lès a commentés. De cette thanière, j'ai

1, Traduit du suédois par Mme Robertsson. ' ""■■'■


O SOCIETE DICS AMER1CANISTES

des éléments de très grande valeur éclairant les représentations mystiques des Indiens cuna.

Outre les manuscrits en cuna. Pérez apporta une certaine quantité d'annotations en espagnol et en anglais, faites par lui et.d'autres Indiens cuna, surlout sous la dictée de Nèle, leur chef et grand voyant. Cellesci traitent des traditions et de l'histoire des Indiens cuna, et sont ellesmêmes de grand intérêt. Je .ne m'occuperai pas ici de ces derniers éléments, je veux seulement faire ressortir que, par eux, nous connaissons, entre autres choses, ce que les cuna savent encore de la conquête espagnole de leur pays, et de la colonisation française de leur territoire au commencement du dix-huitième siècle.

La comparaison de ces traditions orales avec ce que nous lisons dans des relations faites à la même époque par des Européens est d'un grand intérêt. Nous avons ainsi un aperçu sur la valeur de la tradition orale comme document hislorique.

Quelques manuscrits en espagnol et en anglais sont même précieux pour la compréhension des idées religieuses des cuna.

Il y a beaucoup de choses à savoir avant de comprendre les textes indiens. Ainsi, la langue des chants, des incantations etautres n'est pas la langue parlée, mais en partie une autre langue que les Indiens cuna ne comprennent certes pas tous. De plus, toutes sortes de circonlocutions possibles sont employées à un grand degré.

Dans l'imagination des Indiens cuna, les histoires delà création jouent un rôle énorme. Chaque chant magique doit être précédé d'une incantation qui parle de l'origine du remède employé, autrement il n'agit pas. Quand, dans les forêts vierges, les Indiens veulent essayer d'attirer vers eux les animaux, ils se baignent dans de l'eau où ils ont mis certaines plantes magiques. Avant lebainune incantation est prononcée par l'homme médecin. Si nous lisons -une de ces incantations annotée par Pérez en pictographie, il s'y trouve : Dieu, Olotililisop, âme blanche, âme noire, âme bleue, àme rayée, âme jaune, âme teintée de rose, âme rouge, table, étoffe blanche, Olokébikdigina et Olokebikdili. Sur ces derniers signes nous voyons des lignes en zigzag. Puis nous arrivons au coffre ulu, etc. ■ Le tout fait l'effet d'une parfaite absurdité. Pour comprendre cette incantation il faut savoir que Ololililisop est la première femme créée par Dieu et la mère du Tout, que purba, âme,-signifie ici menstruation, la table, le sein de la femme, l'étoffe blanche, la vulve, Olokebikdigiïia et OloliébiMïli sont les noms du mâle et de la femelle de la plantepîsep, que les lignes en zigzag représentent le cordon ombilical et que le coffre est l'abdomen de la mère.

De la même manière on emploie des circonlocutions dans d'autres his-


LA CONCEPTION DE LAME CHEZ LES INDIENS CDNA ..-./

toires de là création. Celui qui ne connaît pas ces circonlocutions né corn prend rien, V;.

; J'ai dit que dans les chants et lés incantations, une autre langue que la langue; parlée est employée, et que dans les incantations des circonlocutions; sont d'usage. Il faut aussi que nous sachions que dans les mythes et. les noms propres on emploie des noms d'animaux tout à: fait autres que dans la langue parlée, et que dans les chants, les animaux ont des nômS:spéciaux pour le jour ou la nuit, quelles sorciers ont recours.à des termes techniques pour les plantes médicinales, etc. ^ pour comprendre combien,l'interprétation des textes cuna peut offrir de difficultés. Nous voyons ainsi combien la tribu cunâ est intéressante et combien sa culture est riche.

Les éléments dont je dispose maintenant sur les cuna semblent être " considérables,: mais il découle des discussions avec. Péréz qu'ils ne sont qu'une petite fraction:de ce qu'il y a à trouver chez eux. Là-bas, il y: a des quantités de chants de toute îiature, des calendriers en pictographie, écriture en rébus ressemblant au vieil aztek, des planchettes avec des picfographies gravées en relief,'etc. Nous verrons bien dans un prochain avenir ce qui paraîtra de nouveau. Beaucoup d'éléments disparaissent continuellement, car chaque homme-médecine emporte avec lui ses annotations dans la tombe, et les chants et autres choses semblables subsistent seulement si de son vivant ses élèves lés copient. . Nous voyons ainsi de quelle sorte sont les éléments qui ont été apportés, et qui peuvent être apportés de chez les Indiens cuna. Je vais essayer; de montrer. Comment ils ont contribué à nous éclairer sur l'idée de l'âme chez les Indiens, et sur ce que, dans le langage ordinaire, nous avons coutume d'appeler les attributs de l'âme. Ainsi, c'est la signification de trois mots de la-langue cuna que je vais essayer d'expliquer,"-.purbd, mga, et kurgin. ; . .:..-..

Au cours de cet essai d'explication, mon rapport pourra parfois, certainement paraître inconséquent.Ceci est tout à fait naturel, car la pensée des Indiens quand il s'agit de l'immatériel ou de l'invisible n'est, pas conséquente. Comme M. Lévy-Bruhl l'a exposé de main de maître, leur manière de penser dans bien des cas n'est pas logique.

Piirbd est le seul mot que les Indiens cuna possédant tant soit peu d'unelangue étrangère traduisent par âme. C'est ainsi que même les savants qui s'occupent de l'histoire des religions devraient traduire purba, mais je préfère ne pas le traduire du tout. Il signifie tant de choses !

Purba d'une personne ou la somme dé ses pùrbas 1 est en quelque sorte

1. Le pluriel de paria est -purbagana, mais j'ai toujours employé uni pour le pluriel.'


8 • SOCIÉTÉ: DES AMÉRICANISTËS

son double, en-général invisible. Dans un chant sûrement très ancien,- qui est chanté à là mort d'un Indien cuna, et dont je possède une annotation de Ruben Pérez Kantule, d'après son compatriote Jguatinigine, on trouve entre autres : « Ensemble les parte quittent le corps,-les[purbas des cheveux le quittent, les purbas dés doigts le quittent, les purbas du coeur le quittent », etc. De plus, il y est dit que là purba de l'homme reste en pleurant à l'extrémité duhamac^ et se désole de devoir quitter sa femme, sa maison, sa chasse, etc. Un peu plus, loin le chanteur dit aux esprits qui accompagneront le défunt dans l'Empire des Morts : « Les purbas du mort sont prêtes à se lever. Vous ne devez pas laisser quelque "purba. Si vous laissez quelque purba il y aura du bruit. Si lé mort s'est querellé avec sa femme, vous ne devez paslaisser cette purba, cette querelle ». Plus loin dans le chant, le mort n'est plus appelé purba, mais nagïbe. Tl est évident que chaque partie du corps de l'homme a plusieurs purbas, qui toutes ensemble constituent un tout qui est une réplique invisible du corps. ■• Dans ce chant comme dans quelques autres, qui sont en partie de très poétiques descriptions, on parle du voyage dé l'âme à l'Empire des-Morts et à.travers ce dernier, où la purba est exposée à tous lés dangers possibles et à des destinées merveilleuses. Les^dangers traversés, la purba vit dans l'autre monde de la même manière que dans le premier, quoique dans des conditions bien meilleures et plus heureuses! Là il n?est question que d'une purba.

Dans certains cas de" maladies, surtout quand une personne a eu peur y les cuna se figurent que la purba delà personne a été: ravie par un pôni, un démon. Elle peut être emmenée dans la demeure des démons. Ici noii plus on ne parle pas dé plusieurs purbas, mais d'une purba, Le malade dont la purba est enlevée peut tout de même parler et penser. Je vais reproduire ici ce que Pérez raconte sur quelques-uns de ces cas de maladies.

Une femme cuna. avait été une fois à l'embouchure du Rio Narganâ. Elle y avait eu peur, et quand elle rentra chez elle elle: eut"-une forte fièvre. Elle chercha à découvrir quelqu'un s'en tendant à faire sortir les esprits protecteurs, nuchus. Mais il ne comprit malheureusement pas où était sa purba perdue, et envoyâtes nuchus la chercher à l'île Nargàna. Quand la famille vit que la femme ne se rétablissait j>as, un des proches parents se rendit près de Nèle, le voyant des Indiens cuna qui habite Ustûpu et qui a une excellente réputation pour son pouvoir à découvrir les maladies. Nèle dit que la purba de la femme avait été ravie quand elle était à l'embouchure du fleuve Nârgana, et que les démons avaient déjà emmené sa purba au séeondétage des enfers, et qu'on "ne pouvait pas la sauver. Ainsi, comme la cause de la maladie de la- femme avait été^ expliquée trop tard, elle mourut;


LA CONCEPTION DE L'AME CHEZ LES INDIENS CUNA ".:'•: 9

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.'-;-' Pérez a eu lui-même plus de chance dans un cas analogue. Iletait dans la forêt et eut peur. A son retour à sa cabane il commença à avoir là

^fièvre, et le jour suivant il était tout à fait mal. Pérez ignorait la nature

;de sa maladie, et sa famille lui enjoignit de raconter les songes qu'il avait faits pendant la nuit. Il raconta donc qu'il avait rêvé qu'il s'était rendu au même endroit de la forêt vierge où il avait été. le jour précédent. Les membres de la famille appelèrent alors quelqu'un qui, à l'aide du chant du piment, arriva à faire sortir les esprits protecteurs pour porter secours à l&purbaravie. Il s'assit au pied du hamac de Pérez et chanta ; sur quoi Pérez s'endormit. En rêve il vit des gens aller à l'endroit dé-là forêt vierge où il avait été. C'était les esprits secourables-, nuchus. Ils lui dirent : c< Rentrons à la maison », et il revint à la maison au milieu d'eux, à l'abri des démons. Quand Pérez arriva chez lui, il se réveilla, le chant avait pris fin au même moment. Le même jour il était rétabli.

- Les rêves jouent un rôle prodigieusement grand pour les Indiens-cuna lors de la recherche des causes des maladies, etc. Une personne, par exemple, a été malade et rêve d'un endroit où elle s'était trouvée ^péu j avant. Ceci à pour cause que sa purba a. été enlevée à cet endroit précis -'- et. y est restée. Certains rêves sont de très sérieux symptômes de maladie. Une jeune fille de Nargana rêvait beaucoup de personnes mortes. Pérez conduisit à Nèle lin esprit protecteur, nuchu, que la jeune fille avait tenu quelques minutés dans ses mains. Nèle expliqua que c'était des démons et non des morts qu'elle avait vus, et dit qu'elle devait se baigner dans une-certaine drogue, autrement elle deviendrait folle. - Je parlerai plus, loin des esprits protecteurs, nuchus. "■'-'. La femme nommée en premier lieu mourut de pe que sa purba avait été enlevée et non ramenée à temps à son corps. Ici il n'est question que d'une purba, et on ne dit rien de la manière dont la purba prisonnière réussit à se délivrer du pouvoir des démons. Mais dès sa mort la purba com,

com, à errer dans l'Empire des Morts. L'explication donnée de cela par Pérez, que l'homme'a deux purbas, une qui sera enlevée et une qui ira dans l'Empire des Morts, ne doit être acceptée qu'avec précaution, il faut là considérer comme une conclusion en réponse à ma question. Dans les vieux chants on ne parle que des nombreuses purbas des parties du corps, qui, réunies, constituent une purba.'

D'après Pérez, lorsqu'il s'agit de légers-accès de fièvre, les Indiens cuna disent que Ce n'est pas la. bonne âme purba nûedi, qui a été enlevée mais une purba moins importante. Ceci aussi prouve que les Indiens se figurent que l'homme a plusieurs parte. -

Les gens ont plus ou moins de purba. Quand quelqu'un a été mordu par un serpent., celui dont l'épouse attend un enfant ne peut pas aller


10 ' -.;.- .•'.':'-■ -SOCIÉTÉ-DÉS AMÉRICANISTES; :';■■.

chez lé: malade, car lui et son épouse ont beaucoup de 'purba (pwbdikâ-. nèrba). D'autres personnes peuvent également avoir beaucoup dé purba. Ces ■'dernières peuvent aller chez le malade après s'être drogue de la même manière que celui-ci. Celui qui a été mordu par un serpent; ne peut pas aller au village, car là il y a beaucoup de personnes possédant purba ctnerba..' '■'--":

: Une quantité de maladies n'ont pas leur cause dans ce que la purba & été enlevée. La diarrhée, par exemple, ne s'explique pas de cette manière, c'est pourquoi on ne la guérit pas non plus par des incantations et des chants, mais seulement par des drogues. Elles sont même causées par des démons^ mais ceux-ci n'ont pas enlevé la purba du malade.

La malaria n'a .point, non plus sa cause dans ce que sa purba' a été enlevée. C'est seulement Nèle qui peut décider si une maladie a sa cause dans l'enlèvement de purba. Il fait ceci .avec l'aide de son esprit secourablej nuchu.

Le fait que purba peut se détacher du corps alors qu'on est vivant est évident, puisqu'elle peut entre autres être dérobée. Quand dans un rêve on rencontre une personne décédée, d'après Nèle, ce n'est pas sa purba que l'on voit, mais un démon qui a pris laforme du défunt. Quand quelqu'un racontait au voyant Nèle qu'il avait été chez Dieu qui était vêtu d'un habit d'or et avait un chapeau d'or, ce dernier expliquait que ce n'était pas vrai. Ce qu'il avait vu était un démon qui était venu à lui. '

La majorité-des. Indiens cuna croient que leur purba peut se détacher du corps pendant le sommeil ou quand on est évanoui. Il est très commun qu'ainsi les Indiens parlent des différentes sortes d'événements survenus quand, pendant le sommeil, leur âme a quitté leur corps. Au cours d'un rêve analogue, un Indien apprit que sa fille décédée quand elle était petite avait cinq enfants dans l'autre monde. Un homme de Nargana. alla au village éloigne d'Arquia, où mieux qu'à Nargana les Indiens ont conservé leurs anciennes idées. Il arriva qu'un jour, il tomba d'un arbre et demeura évanoui sur le sol. Aucun des Indiens Arquia ne s'avança pour lé secourir, mais ils s'en allèrent. Quand il revint à lui, il demanda pourquoi ils l'avaient laissé'sans aide, et ils dirent que c'était pour ne pas effrayer sa parte, car ils risquaient qu'elle ne revînt pas prendre possession du corps. ■"'■'"■■'■"■".

Si une personne est un sorcier méchant, tûlekûnedi, il peut pendant le rêve faire du mal à une autre personne. Un homme gravement malade vint un jour trouver Nèle. Il avait été enchanté par un sorcier à Cartî.

11 vomissait du sang et Nèle dit qu'il ne pouvait pas le sauver, car il était trop tard. Quelque temps plus tard, Nèle rêva que ce sorcier venait pour le tuer avec un couteau, niais que les espritsprotecteurs, nuchus,'


LA CONCEPTION DE L'AME CHEZ LES. INDIENS CDNA \i

intervinrent et le défendirent. Nèle dit que sans eux le sorcier l'aurait tué. Il n'expliqua pas si c'était la.purba du sorcier qui était venue pour l'assassiner. .

. Dans le village cuna Ailigandi, se trouvait quelqu'un qui était né nèle, mais qui ne s'était pas baigné dans des drogues et qui par suite n'était pas un vrai voyant. C'ëtaitles femmes -quil'avaient vu naître, qui savaient qu'il était nèle. Des gens rêvèrent que ce nèle venait ^pour les tuer, ou qu'il leur offrait un breuvage, et qu'après l'avoir bu, ils tombaient malades. C'est pourquoi ils comprirent qu'il était un sorcier méchant. Quant à lui il ignorait son malheur. Malgré l'opposition dés plus vieux, il fut assommé parles jeunes gens. ', "

Si quelqu'un rêve qu'il est assassiné et ne réussit pas à se défendre, il meurt pendant son sommeil.'Pérez n'a pas expliqué comment on peut savoir que cela Tse produit. Parfois un sorcier peut échouer.! Nèle dit une fois à Pérez, que pendant son sommeil quelqu'un lui avait donné une drogue dangereuse mais qu'elle n'avait eu aucun effet.

Les cuna ne:craignent point la, purba d'un sorcier décédé. Il n'est dangereux que.de son vivant, et comme on dit, sans le savoir lui-même. . Ce n'est pas dangereux de rêver que soi-même on tue. Cela signifie qu'on va tuer un gros animal.

Si quelqu'un dépose dans la main d'un mort des oeufs; des cils et de ses propres cheveux, d'après ce que la majorité des cunas croient, quelques mois, après il rencontrera en rêve la purba du défunt. Nèle semblé pourtant douter si c'est bien ce dernier que l'on rencontre. D'après lui c'est un démon qui a pris la forme du mort. Même dans d'autres cas Nèle semblé être un peu sceptique. Nèle féminin à Ustûpu, Nèlègûa, dit qu'elle s'était rendue en rêve à un endroit où elle avait vu toutes sortes de gros animaux:et de grands bâtiments. Nèle dit que ce que la vieille racontait était pur mensonge.

L'interprète dés songes à Ustûpu est pourtant avant tout Nèle. C'est à lui que vont les Indiens pour savoir si leurs rêves signifient maladie, malheur, bonheur, ou tout simplement rien du tout. Par suite, il a une influence sur l'esprit des autres Indiens et il y a ainsi une certaine opposition dans la Conception des esprits a Ustûpu, village de Nèle, et dans les autres villages.

Quand la purba d'une personne erre dans l'Empire des Morts, elle est exposée à tous lés dangers possibles, en punition du mal qu'elle a fait sur la terre. On dit, par exemple, qu'elle est dévorée par des bêtès sauvages. C'est toutefois une erreur de croire que de cette manière sa purba est. anéantie. Elle; vit encore. Les Indiens ne peuvent pas concevoir l'anéantissement total.


12 - SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES: .

: Ils ne peuvent pas non plus se figurer que la vie dans l'Empire des Morts soit très différente de ce qu'elle' est sur la terré. Lès morts mangent, boivent, donnent naissance à des enfants, etc. Quand on parle . d'eux, on ne les appelle pas purbagana,ixnais en général strgan^ les vieux. Ceci pour ceux qui sont morts, soit enfants, soit adultes.

« Nous et les animaux sommes pareils », me dit une fois Pérez. Les Indiens cunas ne croient pas à un abîme entre les hommes et les bêtès, comme les chrétiens, Les animaux n'ont pas seulement une purba niais leurs purbas sont des 1 hommes. Parlant par exemple de la purba d'un oiseau, on dit ;.'sîkuidûle, ce qui veut dire «oiseau-homme ». Oh ne dit jamais qu'un animal s'est transformé en homme, car l'animal est déjà homme sous la formé animale.

Quand dans les chants et les incantations on parle des purbas des animaux, ils sont hommes, en général, mais-pas toujours./Nous verrons par contre que les esprits des plantes, en général, sont des femmes. .

Ce raisonnement que les purbas des animaux sont dès âmes d'homme : n'empêche pas que même ceux-ci dans l'autre monde peuvent avoir la - forme d'un animal. Tous les tapirs, jaguars, pécaris tués par;un! Indien le serviront dans l'autre monde. Un enfant meurt-il, il peut aller à Dieu chevauchant sur le dos des animaux tués par le père.

La purba de certains animaux peut d'une autre manière servir l'homme. Un-oiseau ttbo, qui se trouve seulement dans les montagnes Tâkarkûna, si. importantes dans la mythologie cuna, est employé comme remède, soit que l'on en mange la chair, soit qu'on le réduise en cendre. Ceci pour que de la purba du lïbo on puisse apprendre des chants. ;Le chef Colman, à Ailigandi, aujourd'hui décédé, en mangea huit. Il possédait la plus belle voix dé son temps. Parfois les cuna se peignent la langue avec les cendres d'un oiseau, ïlekduhd. Comme cet oiseau est très rare, il s'achète . cher. Si on ne fait pas attention, on peut même se trouver exposé à des falsifications. Les Indiens placent du duvet de cet oiseau dans leurs oreilles, puis se mettent à écouter une conversation tenue, par exemple, en anglais par des marins étrangersi afin d'apprendre ainsi plus vite cette langue. Là purba de l'oiseau estmaître. Avant qu'une personne emploie cet oiseau - ou d'autres, l'homme médecin adresse quelques mots à l& purba. de ce dernier, et explique pourquoi il l'a appelée. L'explication se donne en chantant. Si l'on emploie plusieurs remèdes analogues, il dit quelques paroles à chaque purba en les appelant chacune par son nom. D'autres exemples sont donnés ci-après. Ce que je veux faire ressortir ici, c'est que la purba d'un animal peut être maître de l'homme. .

Il peut être très dangereux de se droguer de cette manière pour, apprendre quelque chose en rêve, si on ne sait pas bien l'emploi exact


LA CONCEPTION DE L'ÂME ;CHEZ LES "INDIENS ; CUNA- ,13

des remèdes. Il y avait un Indien '^àbîgÏM_r-^}^yyQ^èlt;:^ppFenàié-'BÉSi chants, il se procura, alors plusieurs sortesd'ôiseâux utilisés par lés Indiens pour connaître des remèdes, des chants, et des traditions sur les animaux, les gens et les plantes. Parmi ceux-ci, il y avait un oiseau kïga,' qui vit dans la grande forêt vierge. Cet oiseau :crié au-dessus de la tête ou près d'une personne en danger de serpents venimeux, de jaguars ou autres. Les oiseaux sont mangés par celui qui veut apprendre quelque chose. Avant que l'Indien qui se drogue mange un tel oiseau, il prononce une sorte d'incantatioifexpliqUant à s&purba ce qu'il veut apprendre. Quand Pérez devait améliorer son éloquence, il en mangea un semblable, après: que Nèle eût dit quelques mots à la purba de l'oiseau. Les perroquets sachant quelques mots d'espagijol ou d'anglais sont spécialement recherchés. Alors si l'on en mange un, on apprend facilement des langues étrangères en rêve. Un perroquet connaissant beaucoup dé mots étrangers vaut jusqu'à dix dollars.

Pour en revenir à Nabigina, il vit en rêye dés femmes, ce qui veut dire des purbas d'oiseaux, venir à lui. Elles lui apprirent des chants et des traditions. Après un mois de drogues et de rêves, Nabigina avait acquis une certaine quantité de connaissances, et, avec l'aide des susdites femmes, . découvrait même quand on le volait où quand on parlait niai de lui. Nubigiîia devint tout à fait autre et se mita errer commeun insensé disant qu'il, avait une femme ailleurs. Par lés esprits protecteurs, nuchus, Nèle découvrit les rêves dangereux qu'avait Nabigina, et lesraconta aux gens du village l^our qu'on obligeât ce dernier à se baigner dans une drogue appropriée afin que les rêves finissent, et qu'on saclie dans le village le danger de tels rêves. Le village se souleva contre NabigiîW- pour l'effrayer et le faire raconter ses rêves, ce qu'il fit. Il fut obligé de se baigner dans une certaine drogue pour ne plus rêver ainsi ; Nabigina se baigna et se rétablit au bout d'un mois.

Nabigina en rêve avait appris plusieurs chants de la. purba des oiseaux dont il avait mangé le corps. Pendant son sommeil, il avait appris des susdites femmes que son frère et sa belle-soeur avaient volé du maïs dans la grange à maïs qu'il avait dans la foret. Il dit ceci à son frère qui se reconnut coupable du vol.

Nèle a dit que, parmi les oiseaux comme les kïgas, il s'en trouve qui sont dangereux à manger et ce sont eux qui'causent les mauvais rêves.

Celui qui chasse les tortues, les carets, a à la proue de son canot une drogue dans une calebasse. Pérez, une foisj en prépara une et la donna à Nèle qui pendant huit jours chanta comment les tortues étaient créées et comment on pouvait les attirer et ;disànt à l'oiseau qui avait servi à faire la drogue d'aider le chasseur, c'est-à-dire ! jqu'il parlait à la: pûrbd:A^\


14 SOCIÉTÉ DES AMÉR1CANISTES

l'oiseau. La drogue de Pérez était composé d'un oiseau réduit en cendre, de 4 grains de cacao, de feuilles de pîsep, et de fleurs de cocotier. Il faut bien cacher la drogue de la tortue. Si quelqu'autre la voit, elle perd sa force. Il en est de même des autres drogues employées pour la chasse.

Densmore 5 reproduit un tel chant, chanté, quand comme drogue on emploie un oiseau réduit en cendre. Il raconte comment l'oiseau est brûlé, la cendre mélangée aux plantes médicinales, mise dans une calebasse et portée dans le canot. Quand il arrive au large, le chasseur dit à la purba de l'oiseau [Densmore écrit « to the medicinë in the gourd », à la drogue dans la calebasse] :

« Quand nous serons au large.

Je vous enverrai sous l'eau.

Quand vous arriverez au fond de l'eau,

Mettez votre jolie robe bleue

Pour que la tortue vienne à vous.

Changez souvent de robe.

Si la tortue a une robe jaune,

Mettez une robe jaune,

Si la tortue a une robe blanche,

Mettez une robe blanche,

Si la tortue à une robe bleue, ~

Mettez une robe bleue.

Il vous faut faire tout cela pour l'attirer.

Quand vous prendrez la tortue,

Apportez-la au canot et je la harponnerai.

Dites à la tortue que l'homme qui vous envoie ne la tuera point,

Dites à la tortue que je lui enlèverai seulement son écaille

Et que je la renverrai d'où elle vient,

Ainsi vous m'attraperez beaucoup de tortues,

Et chacun dira que vous êtes un bon oiseau ».

Tout comme l'animal est attiré vers le chasseur par le parfum du pîsep, pour l'aimer, la purba de l'oiseau dans ses plus beaux habits entraîne la tortue à un rendez-vous d'amour, qui aboutit à ce que. la tortue est dépouillée de son écaille.

Les cuna ne tuent point en effet les tortues prisonnières, mais ils arrachent les précieuses plaques et rejettent ranimai'vivant dans l'océan, ceci parce qu'il n'y a pas longtemps que les tortues étaient des hommes.

C'est le sort de bien des animaux de servir les hommes. Pérez a ainsi

i. DiiNSMOKB (Frances) : Music of the Tuh Indians of Panama. Sraitlisonian miscellaneous collections, Vol. 77, No. 11, Washington, 1926.


LA CONCEPTION DE L AME CHEZ :LES INDIENS CUNA : : 1 5 .

annoté un chant d'un coquillage femelle, dans lequel, résignée, elle dit que Dieu l'a créée, elle et ses pareilles, pour la .nourriture des hôiïimes qui rejettent les coquilles qui deviennent la possession dés bernards l'ermite. '■' "■■■' :''/-:.■■-■:'

Même les plantes ont une purba, et 'ces purba sont dés humains en général des femmes, înapundurs. Dans ùii chant on parle des cacaos-femmes en vêtements blancs. Quand rhomme-médecineOTa/sfeiz cherche uneplàntèy il parle à la purba de cette plante.. II lui donné des conseils, comme -s'expriment les Indiens. Pour que lé remède ou lé chant du remède fasse ï effet; il faut connaître l'origine de la plante, comment elle fut enfantée par ; la première femme. Quand un homme-mëdecine cherche des drogues dànsla'" "forêt, ou lés donne à un malade, il ne doit pas coucher avec une femme, ;car les esprits, des plantes qui sont femmes jalouses s'en vont pour que :Iâ drogue n'ait .aucUneyàleur. Il y a des hommes-médecine qui sont hiâl. honnêtes et qui violent cette interdiction. La même continence doit être : :ôbservée par celui qui prend le médicament et par ses proches. La fille ; de-Nèle donna un Temède à son enfant. .La-mère respecta la défense,; ;niàis le père eut des rapports avec une autre femme, par suite le remède vn;éut.aucun effet.; ' -:

; ; :En effet, les remèdes provenant des plantes contiennent Une purbà\ Ce qui agit dans toutes les drogues c'est sa înapurbd: Toutefois celle-ci ai'à pas toujours forme humaine, mais est considéré ô1 sûr tout comme un'?pouvolr émanant ;d'un esprit, sous forme dé femme qui garde la drogue ina '■-vtarbé: Comment celaîse fait, Pérez né peut pas l'expliquer; ,,:,:,:!

;;. Aux esprits dés .plantés appartiennent aussiles esprits secourabfes. v Ces bons; esprits aident lés humains dans la lutte contre les mauvais c'est-à-dire les maladies. Les Indiens cuna les appellent suar michugana ou :: sUarinimnngana.. J).an$\es chants ils sont appelésùabanélegana. Commetoutle reste ici sur la tèfréyi^sont l'oeuvre dé Dieu. Les Indiens cuna ont une incantation dans laquelle on dit comment les nuchus ont été:créés; par. -Dieu, quelle est leur origine, épurba eïïilupu, mais malheureusement: Përéz ignore cela, Quand Dieu créa là terre, parmi lés plantes il fit d'abord :lé: palo ; balsa v^M^ôto, appelé quelquefois tionuehuleîe. De ûkuruâla^i, d'autres arbres^ et parfois des lianes, lès Indiens cunà sculptent des figurés qui, autantqùéPérëz eua vu, ont toujours forme humaine. Ce quiimportë. ; dans ces fig'ùres, c'est l'espèce de bois donf elfes sont travaillées: et non Ta sculpture, c'ést-à-dire que l'importaiitce sont lès esprits, les pmbas,:çpii ;:;%é':t'rauveiit:'.dànS;:'.di'fférentes sortes de bois. Lés principales statuettes de: bbis; sont. <lerukùruâlà. Â-t-on différentes figurés sculptées en' ukumâlti. par exemple, elles portent toutes lé nom du bois dont elles sont faites, elles n'oriLpas dé nom individuel. Iln'importé qu'elles nesoiént pas pareilles,


16 .; • SOCIÉTÉ DES AMÉR1CANISTES

si elles sont de même essence. Toutes représentent des Européens, et, à en juger d'après les vêtements, quelques-uns sont du dix-huitième et peutêtre du dix-septième siècle, bu du moins, copiées sur le modèle d'anciennes images dé ce temps. Pérez n'a jamais, vu de statuette de bois représentant un Indien cuna ou une femme cuna avec un anneau d'or dans le nez. Ce sont certaines personnes qui sculptent le bois et parmi celles-ci il y en a de plus ou moins douées.

C'est Ibeôrgun, le grand héros civilisateur cuna, qui a appris aux "gens à se servir de ces statuettes de bois. C'est de Dieu que viennent les chants et les incantations chantés pour queles esprits protecteurs; prennent possession de ces statuettes de bois.

Le plus important rôle des bons esprits est de lutter contre lès mauvais. C'est avec leur aide qu'un homme-médecin ramène au corps une purba ravie par les mauvais esprits. Je vais exposer ici comment cela se passe. Le chanteur s'assied près du hamac du malade, sous lequel il dépose une boîte de figures de bois. En même temps, on brûle ducacao dans un bra-. sier. La fumée en est recherchée des nuchus. Pour la même raison, on brûle même du tabac. Le chanteur pense d'abord à l'origine des nuchus, c'est-à-dire à la manière dont Dieu les créa. S'il ne sait pas cela, lediant n'a aucun effet. -

Ensuite, il commence à chanter, disant : « Maintenant que le soleil est couché, je vais vous faire mes recommandations. Vous n'êtes pas conseillés pour la première fois, car Dieu vous a dit ce que vous devrez faire, de quelle manière vous retrouverez la purba dérobée à un humain. C'est pourquoi je vous donne les mêmes instructions de la même façon que Dieu. Comme j'ai appris que la purba d'une personne avait été ravie par un mauvais esprit, et se trouve maintenant en enfer^ que votre équipement soit prêt, pour effrayer les mauvais esprits. Mettez vos bonnets d'or, et emportez des crochets'pour soulever les étoffes sous lesquelles les mauvais esprits ont coutume de cacher une purba dérobée ». Les nuchus, c'est-à-dire les esprits des plantes des statuettes de bois, partent en bon ordre. Il y a quelques plantés épineuses comme mâski et saïki, qui aident les nuchusLes

nuchusLes arrivent au village des mauvais esprits. Ils prennent conseil les uns des autres, disant qu'ils vont entrer où vit le chef des mauvais esprits, car c'est lui qui envoie ses sujets dérober la pwrtedes humains. Ils disent : « Si le chef se dresse contre nous, nous répandrons la fumée de nos chapeaux pour le tourmenter ».

Ils vont ensuite vers le chef des mauvais esprits, et ce dernier leur dit: « Pourquoi venez-vous me trouver?, » et les -nuchus répondent :.« Nous venons vous rendre visite pour une chose particulière ». Le chef reprend alors : « Dans notre village rien de nouveau n'est survenu, aucun mal n'a


■ LA' COZSCfcP'J'lON DE L'AMË CHEZ LES INDIENS CUNA ; .17

été commis contre votre maître ». hes-Huchus répondent au chef : « Quand nous étions avec notre maître, nous avons ; su qu'un de vos- sujets avait volé sa purba. Nous venons à vous pour essayer de là découvrir ». Lé: ■chef des mauvais esprits répond: « Mon peuple n'a pas fait cela. Comment estil possible de me dire une chose pareille? » -^--« Parce que tuas envoyé ton peuple là où est notre maître »,.. répondent les nuchus. ■ '. .

Le chef des mauvais esprits dit alors : « Asseyez-vous, s'il vous plaît, sur mes chaises », et les nuchus répondent : « Nous n'avons pas l'habitude de nous asseoir sur des chaises. Dieu nous a, créés sans quelque chose,à asseoir ». Le fait est que les nuchus ne veulent pas s'asseoir parce que lé chef des mauvais esprits a des chaises très dangereuses.

« Jouons avec nos chapeaux », dit"le chef des mauvais esprits, et il donne le sien à minuchu, ce dernier-donne aussi son chapeau au chef qui s'en coi lie. Comme il est très lourd, le. chef tombe à la-renverse, disant au nuchu, que son chapeau est très lourd, et qu'il n'en n'a jamais vu de tels.

Les nuchus redemandent si les sujets du chef ont prisonnière la purba: de leur maître, et le chef répond qu'elle n'est pas là. Entendant cela, les nuchus soulèvent leurs chapeaux, et répandent une fumée désagréable dans sa demeure, et celui-ci est hors de lui. Il dit qu'il va leur donner la purbà . de leur maître, pourvu qu'ils ne lui fassent pas dé mal avec la fumée. Alors, les nuchus enfument partout, touchent à toutes les choses du chef, et, finalement, trouventla purba cachée dans une pièce, l'emportent, et, là plaçant entre eux, reviennent au lieu où est. le corps de la purba.

Quand ils arrivent devant celui-ci, ils disent à la purba ". « Ce corps t'appartient, reprends-en possession ». La purba revenue, le chanteur dit aux'. nuchus : « Faites attention et veillez bien de tous côtés, car les mauvais - esprits peuvent revenir poursuivre la pufbade l'homme ». Quand lé chanteur voit que le malade est délivré de sa fièvre, il dit aux nuchus : « Vous pouvez vous retirer ».

Parfois les Indiens disent que les nuchus se rendent près de leur chef où ils ont un village analogue à ceux des humains. Parfois on pense aussi que les nuchus eux-mêmes restent dans les figures de bois. Pérez expliqua cela ainsi : quand une figure de boisa .été utilisée plusieurs fois, il semble, que sa purba reste dans le corps. C'est ainsi que,' comme souvent,les Indiens ici ne sont pas conséquents dans leur raisonnement.

Comme je l'ai raconté, les Indiens emploient continuellement les nuchus pour délivrer du pouvoir des mauvais esprits une purbà; volée de la même manière. Une personne .dont la purba a été enlevée a toujours la fièvre, mais on peut l'avoir sans que la purba ait été ravie, par exemple en cas de malaria. = ;.' :

Société des Américanisles. 1932. 2


:T8" :v.: -SOCIÉTÉ DES AMÉRICÂNISTËS'- / ■ ■ <; . ■' '•%,"',

Les nuchus servent aussi comme d'une-sorte dé/messagers entre lés malades et les sorciers. Quand, par exemple, une personne à-Gaimanes

/dans là baie d'Urabâ tomba malade, elle/prit dans sës/màihs mie figure:' 'de bois, et la: tint dans la fumée au-dessus d'un brasier, sïanâla,^où. brûlaient des grains de cacao; Un parent ou uii ami porta ensuite la figure-dé bois à Ustûpu, et la remit à Nèle, ainsi qué'quelques grains dé eaçao. 11 les

;garda chez lui quelque temps, et, en rêve,Te nuchului dit quelle était là

-maladie de l'Indien à Gaimanes. Nèle ne fit rien de plusà la figure:que dé :la garder une nuit dans sa cabane. Après quoi, il expliqua au messager là maladie de la personne à Caimanes. Celui-ci revint rapportant la figuré de bois et la rendit à soil propriétaire. Il raconta à un homme-médecine de Gaimanes ce que Nèle avait dit de la maladie, et celui-ci essayâ^de trouverles drogues prescrites par Nèle. C'est seulement Nèle qui peut de cette manière décider de là maladie d'une personne, niêiiiè s'il n'a jàniais vu lé malade. Tes autres hommes-médecine ^omme: MaêMedis et; .absegedis ; envoient même leurs figures de bois à Nèle, pour savoir la causé de leurs.

■maladies. //■ :

".',■'. Pérez; croyait autrefois que Nèle avait appris des nuchus quels remèdes'il làut employer pour différentes maladies, mais Nèle lui expliqua^ qu'il les tenait dés dénions dés maladies eux-mêmes. Parfois les nuchus pouvaient lé conseiller.

'..:'■ Quand quelqu'un rêve beaucoup des morts, un chant spécial, sérgântâite, est chanté, et les nuchus sont envoyés iaù■■ciel afin dé; voir, si, lâ-bas^les portes sont bien fermées, afin que les morts ne puissent pas s'échapper en cachette.

- L'utilisation des nuchus par lés expulseurs de peste, absôgedis,.est d'une

-grande importance; Quand dans un village a éclaté Une épidémie causée. par les mauvais esprits, on rassemble une cinquantaine de figures de bois de uliuruÏÏla, et on les aligne contre le mûr-de la maison, puis ùiï absogedi parlé ou pense, comment les nuchus furent créés, ensuite; il chanté. Les

.mtchiis arrivent et prennent place dans les figures de bois. Par dèsincantations et des chants Vabsogedi les envoie lutter contre les mauvaisesprits, qu'ils capturent dans des filets, emmènent et enferment afin qu'ils: né puis-sen'tplus

puis-sen'tplus - ' ■'■-■.■ -' -/

' h'absôgedi chante pendant plusieurs jours.. Quand dix jours sont écoules," on dit que les purbas des figures de bois se sont rendues à la montagne bu dans les forêts, près de leur chef, leur sayla.

Pérez m'a conté un cas où un absogedi assisté des nuchus avait/réussi à écarter une épidémie. C'était dans un village près de Putùrgàndi. Les habitants de ce village avaient abattu quelques vieux palmiers,- et alors les démons, des maladies en étaient" sortis, et la totalité des gens du village avaient la fièvre. / -.. ; ;"


.: LA CONCEPTION DE DAME CHEZ LES: INDIENS CUNA .13

/ QuandY absogedi chante dans un village, il faut se taire, sinonles nuchus sont maudits et ensuite Y absogedi lui-même peut être malade. Nèle a dit ■qu'il est très dangereux d'être absogedi. " ■' ' .

Après une incantation pour une épidémie, ceux qui le veulent peuvent obtenir de Y absogedi la permission d'arracher un peu des chapeaux dés figures de bois. Ces fragments contiennent un peu de purba et onles met dans l'eau du bain pour devenir plus intelligent. On considère que les figures de bois contiennent ïnapurba, remède.'Nous voyons ainsi qu'après ces dix jours la purba des esprits des plantes s'en va, mais il reste toutefois quelque peu de purba pouvant être employée comme drogué. ; Avec l'aide desnnchus une personne peut en rêve apprendre les langues étrangères. Cependant les nuchus, peuvent être dangereux quand on les emploie cela. Quand on se sert d'un nuchu "dans ce but, il faut d'abord : Péclàiref sur ce qu'on désire apprendre.

'.. Lés cuna ne se croient pas entourés des nuchus comme d'une sorte d'anges gardiens. Un Indien cuna éSt-il en danger, il ne demande pas l'assistance des nuchus. Ils n'aident une personne en aucune manière dans ses chasses^ ses pêches, ou dans ses cultures. Nèle emploie les nuchus dans la recherche des objets perdus, mais Pérez ne sait rien de précis sur la manière dont cela se passe.

Dés esprits' puissants se trouvent dans le cacaotier et le piment. Ils peuvent être envoyés à la recherche des purbas volées par ceux qui en Savent l'origine et les chants, et qui par suite peuvent se mettre' en rapport avec ces esprits. Ceci ne s'applique pas aux autres plantes médicinales/

Eu dernier lieu, on remarque, parmi les esprits sécourablés des plantes^ iesmâsartûles, qui sont les guidés du mort vers et dans l'Empire des Morts. ■ Avec le niort on met dans la tombe quatre bâtons de c'a fia brava, .inâsar, peints, ornés de petites plumes et de quelques perles de verre. C'est leur purba qui accompagne le mort vers et dans l'Empire dès Morts. Dans les pictographies, on les voit revêtus d'énormes ornements de plumes, conduisant le mort entre eux à travers les dangers que l'on rencontre pendant le voyage dans l'autre monde. */

Mêmeles pierres ont une purba, et parmi celles-ci, les âlmalêles occupent une place importante. Ce sont des pierres spéciales dans lesquelles les esprits séjournent. Ils n'y occupent pas seulement une demeure temporaire. Au musée de Gothembourg se trouve-une âkualêk où la parte résidait'"' encore, quand je revins en Suède, au dire de l'homme-médecin de qui je l'avais obtenue. J'avais payé 3 dollars pour cette pierre, ce. qui, d'après Pérez signifie probablement qu'elle a troisMlus. Quand on trouve une âkualêle, il faut observer les pierres qui l'entourent. Elles peuvent for-


20 SOCIETE DES ÂMÉRICANISTES /' . " /

mer sur le sol de 1 à 8 cercles. Si Yâkualële est entourée-de 2 cercles7de petils cailloux, on dit qu'elle a deùx;fes|?#,;/IVfe

violent ne peut pas déplacer une âkuaWé. On n'en :trouve ;pas. dan;s/;lësy fleuves de la côte de San Blas, par contré, elles sontiassez communes auxenvirons de Paya. Pour pouvoir se charger d'une SiUalële.ïl faut connaître:; l'incantation de son origine, sinon on peut tomber malade et mourif. Si un ignorant brise une tikualêlc, il tombé malade immédiatement,'-et-meurt; généralement, à moins qu'on ne Yaide.Jjës.âkualëks Cômméles nurfoïÊsvnt employées à la recherche des purbas ravies par les mauvais esprits. J'ai" publié 1 un chant utilisé pour ces incantations. Il est reproduit, à la fois'en pictographie, et en langue cuna avec une traduction espagnole en caractères ordinaires. En guise de commentaire je dois ajouter que, lorsqu'on, entonne ce chant, ces pierres sont misés dans-un vase; avec de l'eau et placées sous le lit du malade. Le récipient contient d'abord un peu d'eau,- mais finalement s'en trouve rempli etléinalade est lave avec. D'une certaine manière les purbas des pierres se transmettent .àF;èau,,.Lap2«-te des âkualëles passent" dans l'eâu tout comme une maladie ..pénètre dans/une

: personne. L'eau froide est bonne pour la fièvre. Aliualêle fait partie;-des; chahtsles plus connus.. Le musée de Gothémbourg:en possède:trdis/yérsions différentes en pictographie : deux presque semblables dessinées; par; : Pérez, une troisième, sensiblement différente, par Inàpidélipô d'Ustùpu/

On jiarle aussi d'autres'pierres, nûsagalëles, mais de-fbrcë et de danger moindres pour celui qui aurait le malheur d'en casser une•.Quand dansTe chant on parle de ,ces pierres, il est seulement question, de différentes sortes dWmalëles. Toute' nUsagalële contient, une purba. En brisë-t-on-une, chaque débris contientunë '-purba., mais cela ne signifiepas qu'il contient un esprit auquel on peut s'adresser, comme s'il était/un.-être pensant.; Nous avons ici un parallèle entre la purba des différentes parties du corps et la purba entière dé l'homme, comme je l'ai mentionné'çi-desBus.:.-■'■"■'

Il semble qu'une personne puisse augmenter sa purba 1 avec celle des : pierres. Pour donner plus de force à sàpurba, Pérez réunitune quantité de pierres et les mit dans l'eau qu'il but.

Même les purbas des pierres sont des humains ; du moins celles des

. nûsagalëles, .c'est-à-dire des cristaux, sont.des femmes.. :.' . . /.;.:/

./."/Les objets fabriqués par un être humain ont une purbà^Qtiarid quelqù-un meurt, oii place avec lui ce qu'il possède: armés, arcs, fièches/" Quelques

■'.-Indiens yiennènt aussi et mettent.avec, lui des arcs, : dés■llèches- en nliniature, et autres objets. Ce sont des cadeaux destinés à leurs parents, défunts,

1. NoRBENSKiÔLD (&vlànà):.[I'iclure-Writings aftd other 'Documents-. -ComparativeËUmô-- gràplricarStua'ies, Vol. 7. :/l, GotëJjorg, 1928. -' ■ / "%.," -'/'/-'-/■' '//^ >


■-'.. LA CONCEPTION DE L'AME.'CIIEZ LES; INDIENS CUNA. 21

et qu'ils chargent le mort de leur remettre dans l'autre monde. On pense -que c'est lapurba des-objets qui accompagne le mort. Dans, un chant, près /'delà couche funèbre: d'une personne, le chanteur dit : « Vous réunirez au /mort lésâmes de tôusTes objets lui appartenant »,

Quand- quelqu'un est;gravement malade, on brûle autour de sa cabane

: de iiombrêiises images; de journaux illustrés, livres et autres. Lés purbas

>; de ceux-ci sont mis en liberté et forment comme toute une boutique devant

: ' la cabane/ Quand des mauvais esprits arrivent, ils ont alors tant à faire à

/.regarder ces choses' qu'ils n'ont pas lé temps de s'occuper du malade.

;. On ne se figùrepas; la purba de tous ces objets comme étant des esprits

'du même genre que ceux des plantes ou des animaux. Ils sont purba, mais

/./toujours inanimés. On se figuré par exemple que la purba- d'un arc a la

-forme d'un arc, où que tout simplement c'est an arc.

/La chaleur- émanant du soleil est purba. Est-on assis près du feu, on en ':■".: sent la purba, c'est-à-dire la chaleur. Par contre, la lueur du feu s'appelle Jtâet. Entend-on dans la forêt la détonation des fusils des compagnons de ./■ chasse, on dit■■ qu'on,;a- entendu la purba du fusil. Le ronflement d'un canot .-, .automobile que l'on entend est sa purba. Le bruit du tonnerre est malpurba. Quand on entend le son d'une flûte de Pan, on entend sa purba. Le murmure d'un ruisseàn s'appelle purba. On dit par exemple « ti purba ïtoge », ■..;• ce qui signifie «j'entends la purba de l'eau ». Le sifflement du vent s'appelle aussi purba. Même la voix d'une personne s'appelle parte. Quand on / entend le cri d'un animal, on dit qu'on entendsapwte. Par contre, l'haleine ne s'appelle jamais/parte.

Dans les mythes/de la création, la menstruation s'appelle parte, et la ■■■/-•semence de Dieupuhba. Si dans ce dernier cas on ne dit pas kuâlu, cela : vient de ce que ce mot est tabou. Mais pourquoi dans ces deux cas, a-t+on choisi le motjpKrte? Cela doit tenir à ce qu'on comprend que la "menstruation est quelque chose de la purba de la femme, et la semence . quelque chose de.lapurba de l'homme. . ///- Les Indiens cuna appellent purba l'ombre d'une personne, mais ce serait /.inexact de considérer cette ombre comme une vraie partie de la pmba' humaine. On peut ainsi sans se gêner marcher sur l'ombre;d'un autre. 11 :.. en est de même pour l'es plantes et les animaux: On dit « sâpi purba ûrbâli -' sigmala », ce qui Signifie : nous nous asseyons à l'ombre sous l'arbre. On / dit que l'ombre de l'arbre est purba, mais jamais que l'ombre est l'esprit. femme qui se trouve dans l'arbre, et cependant on appelle celui-ci purba.

L'image d'une; personne reflétée par un miroir, par exemple dans l'eau, / s'appelle purba. L'échoaussi estpurba. Nous voyons ainsi que le mot purba /à une signification très vaste.

Quand nous voulons essayer de comprendreles dées depurbades Indiens


-22 ■ SOCIÉTÉ DES "AMÉRICANISfES

çùna, nous devons, comme j'ai déjà dit, prendregarde de croirèjqu'ils-soient toujours conséquents dans leur raisonnement, et qu'ils aient une explication pour tout. Pérez lui-même reconnaît ne pas savoir comment dans bien des cas les Indiens se figurent la purba des objets à notre sens inanimés, s'ils se représentent cette purba comme une force ou comme un être pënsantet agissant. La chose est que tout simplement c'est un problème qu'en général les Indiens ne se posent pas. Nous devons également prendre garde de croire que tous les Indiens d'une même tribu aient tout à fait les mêmes idées sur la purba. Nous avons déjà appris que la plupart des Indiens . croient voir en rêve les âmes de leurs parents défunts, alors que Nèle dit que ce sont des mauvais esprits qui empruntent leur forme.

Nous ne pouvons pas traduire parte par «vie», même en accordant à ce mot un sens très vaste. Pour vie on dit toujours tûla. Un arbre mort n'a pas de tûla, mais encore une ou dès purba.Un condyle a une-ou des parte mais pas de tûla. ■ '

J'ai dit que la purba, de l'homme, ou plus exactement la somme de ses purbas■, est en général une réplique invisible de son'corps. Ees Indiens parlent de plusieurs purbas, qui ensemble forment un tout. Ainsi on peut direclairement, sionadditionne toutes les indications de Pérez, les chants et incantations recueillis par lui, que tout, hommes, animaux, plantes, pierres, objets d'art, a un équivalent invisible que parfois nous pouvons voir en rêve. Même à l'état de veille, nous pouvons quelquefois sentir des manifestations de ce monde invisible/comme dans la chaleurdusoleil,le bruitdutonnerre, la musique, etc. Parfois nous pouvons même voir une purba, comme nous nous voyons dans une glace. C'est la purba que nous voyons, mais non pas l'être pensant et agissant.que nous sommes même après.l'a mort. Ce qui est caractéristique pour le mot parte, c'est qu'il n'est jamais employé pour les mauvais espritSj pônis, bien que ceux-ci en général appartiennent au monde invisible. Il est impossible de dire pônipurba. D'ailleurs, on n'appelle pas non plus les morts, purbagana, mais sergan, les vieux. Par purba, on entend toujours quelque chose en général invisible, qui est ou a été récemment lié à quelque chose, de matériel, de visible.

i Toutes les maladies et la mort sont causées par'des mauvais esprits. Ils se trouventpartoutdans le soleil, dans la lune, dansles vents, dans les vieux arbres delà forêt, dans les grottes et dans les montagnes inaccessibles, dans lés enfers et dans les cieux. La terre est constituée de huit couchés, dans lesquelles habitent les mauvais esprits. De l'autre côté de la huitième couche estun autre monde. Nous avons aussi un ciel au-dessus de nos têtes, formé de huit étages. Même là se trouvent les pônis. -

Quant à l'origine des mauvais esprits, Nèle a dit qu'avant le grand déluge ils aA'aient été hommes. Cependant l'origine des pônis est inconnue à la


LA CONCEPTION DE L'AME CITEZ INDIENS CUNA 23

plupart des cuna. Ils n'ont rien à faire avec la purba des êtres nouvelle-' ment défunts, c'est pourquoi il semble que les cuna ne paraissent pas les craindre, du moins au même degré que la majorité des autres Indiens. Ainsi, il est commun que les cuna passent la nuit dans les maisons où ils enterrent leurs morts, et sans se gêner fixent leur hamac au-dessus des tombes. Pérez a /lui-même plusieurs fois dormi seul dansées cabanes et n'a évidemment jamais réfléchi que cela pouvait être dangereux.

Quand des cuna de Huala, qui sont à peine touchés par la civilisation des blancs, au cours de leurs voyages commerciaux, s'arrêtent à Ustûpu, ils ont coutume de passer la nuit dans des huttes renfermant des tombes chez les Indiens d'Ustûpu.

Même la purba des assassins et autres grands pécheurs ne semble pas être redoutée. Il éstcommun qu'après plusieurs années les Indiens essaient de trouver les ornements en or qui furent enterrés avec le mort, et on ne nourrit aucune crainte en portant par exemple un anneau de nez qui avait été enfoui avec un parent. Très rarement, les Indiens disent que les morts apparaissent sous forme de fantômes, et comme il a été dit, Nèle considère que, quand on rêve d'une personne décédée, ce n'est pas elle que l'on voit, mais un mauvais esprit qui a pris sa forme. Une exception étrange est faite pour ceux qui ont été assassinés. Comme la date delà mort d'une personne est décidée à l'avance, si celle-ci meurt prématurément assassinée, sa parte demeure sur la terre jusqu'à l'époque qui avait été déterminée pour sa mort.

Les mauvais esprits sont innombrables. Dans les chants notés par Pérez, un certain nombre en est mentionné. Beaucoup portent des noms d'animaux, mais Pérez prétend que cela ne veut pas dire qu'ils aient forme animale. Quand une sorte de variole s'appelle «.écrevisse », cela signifie seulement que la personne sera rouge comme une écrevisse quand elle aura cette maladie. Pourtant bien des Indiens se figurent que les pônis aux noms d'animaux ont aussi forme animale. Un petit nombre de démons sont représentés comme des êtres à l'apparence fantastique. Nûgarûétchur aune longue trompe et suce le sang des humains. Le nom cuna signifie dents pointues. Nûgarùélchur a en même temps forme humaine. Un autre mauvais esprit est moitié chien moitié femme. Un démon féminin est considéré comme ayant une longue chevelure et la partie inférieure du corps en forme de queue de poisson. Un démon, âchusïniudûbalet, a un nombril proéminent dont il sésert pour se déplacer.

Le commun des mortels en général n'a pas vu la plupart des démons, des maladies. Certaines mouches lumineuses sont des yeux de démons. Les vertes viennent de l'océan. Si une telle mouche lumineuse pénètre dans la maison, quelqu'un tombe malade. Par contre, les grandes mouches


/24 .' _ -■-■'. y -SOCIÉTÉ DÉS AMERICAN ISTES

/-lumineuses. Kilo, sont inoffensiyes. On peut parfois rencontrer un mauvais esprit, nia, sous .formé humaine. Il peut même avoir pris la forme d'un ami, qu'on croit avoir rencontré daiis la forêt, alors que, rentré au village, on apprend qu'il était resté chez lui toute la journée. Plusieurs

/tehoses sont racontées sur la rencontre avec les mauvais esprits, m'as. Dans la forêt, un Indien cuna deGareto rencontra un hommequi portail sur un crochet une sorte de poisson d'eau douce ne se trouvant pas dans les fleuves de la côte atlantique .de-l'isthme'-de Panama. L'homme dit : « Je ne suis pas cuna, je suis nia et je me rends à la côte du Pacifique ». Le ;dêmbn nelui fit aucun "mal. Il est même/arrivé que des personnes ont appris des chants remèdes de tels mauvais esprits, rencontrés par les Chemins; Il y avait une" fois un Indien cuna dans la forêt, mais qui ne réussissait pas à trouver quelque chose à chasser. Il s'assit sur une branche d'arbre. Un «fa, ou pila, s'avança alors vers lui et lui demanda ce qu'il faisait là. Il dit donc qu'il était à la chasse, et, sur la demande de l'autre, raconta qu'il n'avait pas réussi à tuer quelque chose. Le démon déposa un peu de drogué sur la langue de l'homme pour qu'il apprenne vite, et ensuite il lui enseigna la manière d'attirer à lui les animaux, ceci comme al'ordinaire parmie incantation sur l'origine de la bête, purba êïdlupu, et alors il chanta ; de cette manière l'homme apprit bien des choses, et dans la suite il chanta ces chants avant de partir en chasse, où il eut beaucoup plus de chance qu'auparavant.

Un Indien cuna Miguel de Rio Bayano, élève de ce dernier, enseigna à Pérez un des chants. Miguel est un bon chasseur et quand il va chasser dans la forêt il a coutume de revenir avec huit bêtes. Aucun Indien ne savait ce chant avant que l'homme nommé çi-dessus n'eût fait la connaissance de ce ma.

.'-■■ Par les nuchus, Nèle apprend parfois que de mauvais esprits nias sont arrivés au village.

Nèle a beaucoup de rapports avec les pônis, même avec ceux qu'un autre homme ne peut pas voir. C'est pourquoi il est même appelé pônikân a. Gomme il a été dit, ce, sont les démons des maladies eux-mêmes qui sont les. maîtres de Nèle, et lui disent quels remèdes il doit employer.

.Arrivé par exemple lé démon des rhumatismes, il demande à Nèle s'il désire quelque chose, s'il veut apprendre quelque chose. Et il commence à parler de lui et du remède qu'un homme doit employer pour retrouver la santé. Quand une personne a un rhumatisme, c'est que le démon de la; maladie a pénétré dans son corps. Un poni comme le rhumatisme ne peut pas dérober la parte de l'homme.

/ Le plus célèbre maître de Nèle, parmi les mauvais esprits, a été nûgarîtêtchur, mais il y a quelque temps ce pôiii s'en est allé plus loin vers


LA CONCEPTION DE L'AME CHEZ LES INDIENS CUNA .25'-

T'est et maintenant le maître de Nèle ne sait pas si bien la médecine que .-l'autre. Quand unpôni rend visite à Nèle, il a forme humaine.

Les cunas-croient que même les accidents sont causés par les pônis. Si une personne avale une'arête, celle-ci se transforme en poni, même une chaise peut être pôni, si on se fait du mal contre elle. Comment tout . cela se'fâif-il, les Indiens n'en ont aucune ■notion certaine.

Parmi les pônis, on distingue, comme il a été dit, ceux qui dérobent la purba des hommes, et ceux qui entrent dans le corps d'un malade. Si, par exemple, une personne a des rhumatismes, c'est, comme il a été mentionné, qu'un certain pôni lui a pénétré dans le corps. Les cuna ne se représentent pas qu'il soit entré un objet étranger, épine ou autre, dans le corps, niais qu'un démon possède le malade.

J'ai déjà expliqué de quelle manière les partes dérobées par les mauvais esprits sont ramenées au corps. La maladie est-elle entrée dans une personne, le mauvais esprit peut être tué ou expulsé par des drogues. ■_ Comme je l'ai dit, les mauvais esprits redoutent beaucoup le piment, . liâbûr. Cette épice les éloigne aussi de la nourriture. En cas de tempête — il y a de mauvais esprits dans la tempête .— les cuna brûlent du piment à la proue du canot.

C'est Dieu qui envoie les mauvais esprits, c'est-à-dire les maladies et la mort, aux hommes. C'est par suite lui qui a créé contré eux les remèdes protecteurs.

Il ne faut pas confondre parte et nlga. Je vais essayer d'expliquer la signification de Ce dernier mot.

En cuna, courageux est kântîkit, mais ce n'est pas la même chose que nlga, cependant il faut avoir de la nlga pour être courageux. Quand dans une grave situation une personne est lâche, on dit« nlga sûli », il n'a pas de nlga. Il en est dé même de celui qui est timide lorsqu'il s'agit de paraître et de parler dans une grande réunion. Quand un enfant grandit, son nlga grandit aussi. Il ne peut pas aller seul dans la forêt avant d'avoir suffisamment de nlga. Une personne a-t-elle beaucoup de nlga, c'est une protection contre l'attaque des bêtes sauvages. Tous les animaux ont aussi de:Ta nlga, et une bête sauvage a-t-elle plus de nlga que l'homme qu'elle rencontre, il s'ensuit une attaque. On peut améliorer son nlga en portant un Collier de dents de jaguar; cela cependant exclusivement à la supposition que celui qui est doué ait dit ou pensé, comment le jaguar a été créé, et ait chanté le chant-correspondant, en tenant le collier à la main.

Quand une personne est paresseuse, il faut employer une drogue préparée avee des nids de fourmis diligentes, et même avec les fourmis ellesmêmes. Ce remède s'appelle îgli, et on améliore grâce à lui son mga. Pérez connaît au village Playon Chicoun vieillard qui, quand il était jeune marié,


,26/ -SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES ; '/."/.''

était très paresseux. Son épouse le persuada de/se baigner dalis-une drogue pour les paresseux, et il devint dans la suite/très .diligent.. Même maintenant encore, vieux comme il est, c'est un des cultivateurs les/plus , actifs du -village. On emploie même Yîglï comme remède pour lés plantes. Nous l'appellerions « engrais », mais on ne- dit jamais que les

. plantes, ont nïga; les pierres non plus.

D'après ce qu'un vieil homme-médecin à Ailigandi a déclaré à Péréz, nlga est même une protection contre certains rêves dangereux, c'est-àdire contre certains; mauvais esprits. Par certains remèdes on peut même

.dans ce cas-développer .son nlga. Le nlga d'une personne, cbhtrâireriiënt à sa parte, ne peut-pas être dérobé.

■Quand Pérez voulut m'expliquer la signification de nïga, il-dessinâune personne et, autour d'elle, comme une sbrtede nuage de.fumëe, et expliqua ï ensuite que quand les mauvais esprits arrivent contre cela," ils en font le tour pour trouver une ouverture, et quand ilsn'en trouventpoint, ils ne peuvent pas aborder la personne entourée de nlga.

■■'■- De quoi se compose cette fumée, Pérez ne lé sait pas, et là plupart des Indiens, peut-être tous/n'en ont pas une idée claire. Ce n'est pas purba.

/Pour produire la nïga autour d'une personne, onutilise ùù bout dé-liaiie mamgalkïit. Elle forme de grands éeheveaux dans l'arbre, et on doit en

/prendre le milieu sur huit arbres. En même temps que celle-ci on emploie ■plusieurs autres lianes. De ces lianes on forme des croix-r(-y ï et on/les met dans l'eau. Avec cette eau on se fait des ablutions en se servant d'une calebasse. On utilise pendant plusieurs jours la même série; de croix. On

/les renouvelle quatre fois. On prend huit morceaux de sUkûk tuba.que l'on assemble en forme de pieds de chien.

, Quand le nlga d'une personne est épuisé, elle meurt. On ne dit/jamais

-que les morts ont de la nïga. ' '". . ' ' . •

■-./■Ni nlga ni parte ne doivent être confondus avec kurgin. Quand quelque un ne peut rien apprendre, ceci n'a rien à faire avec la purbà: Là faute

/en est au kurgin. --Kurgin signifie cerveau, mais dans bien dés cas il signifie même aptitudes et intelligence; Assez drôlement il peut signifier chapeau. Quand

d'embryon de l'homme seïorme dans la mère, il rec.oit-.de' wwïjqui est représenté comme une femme, une certaine quantité de. : kurgin de diversessortes. Ceci est expliqué en détail par les vieux chants indiens dont j'ai

; rapporté des annotations faites par Guil.lèrm.d Haya et un autreindien cuna, lors dé mon expédition à Panama. Le-chant est "chanté quand une per- "

/"sonné a mal à la tête, ce qui veut dire quand quelque: partie de.son kurgin

, est. malade.. Le chanteur, il'a pas besoin d'être homme/médècin,- il.suffit qù?il sache les chants par coeur.


LA CONCEPTION DE L'AME CHEZ LES INDIENS CUNA 27

; Tout le kurgin, c'est-à-dire toutes les aptitudes, sont localisées dans le cerveau. Un indien peut avoir plus ou moins de kurgin pour lâchasse ou la pêche, mais détellemanière que, dans le cerveau,,le kurginpovoe chaque" ll^éid/activité a sa placé déterminée. On parle de ^ar^mpourle stapirs, pour, lés pécaris, étc/TJme:pèfesonne peut par exemple avoir beaucoup, de kurgin pour apprendre -les. langues étrangères, bu "pour Tieloqnen.ee... On peut aussi avoir du kurgin pour trouver des serpents venimeux. Nèle ne prétend pas que chaque disposition ait sa place dans certaines circonvolutions cérébrales, mais il pensé que le cerveau est formé d'une quantité de sail-. lies ressemblant aux'cimes des montagnes. Quand une de celles-ci pointe hors de la tête,; on; a-mal à la tête. C'est invisible. Nèle dit aussi que le cerveau est comnieûn grand terrain, en partie bon, en partie mauvais. Le. cërveau de quelques personnes a seulement de la mauvaise terre, celui dès autres de la bonne,terre. La plupart ont l'une et l'autre.

On peut influencer le cerveau avec des drogues. Quand, il y a plusieurs années, Ruben Pérez Kanfule revint chez lui de l'école de Panama où il avait été extrêmement studieux, il avait de violents maux de tête, nous dirions qu'il était surmené. Il s'adressa à Nèle qui sait et comprend tout. ; Celui-ci déclara que-la partie du cerveau de Pérez qui avait kurgin pour l'étude, était pleine-et devait être élargie. Pendant un mois, Pérez dut demeurer-dans un retrait cloisonné de sa cabane, et il lui fut prescrit dé se baigner la tête plusieurs fois par jour avec de l'eau où l'on avait mis certaines fleurs et autres parties des plantes. Après dix journées de lavage avec ces droguëS} Pérez envoya quelques grains de cacao à Nèle, qui., pendant la nuit les brûla dans un brasier slanala, et se fit renseigner en/ rêve par ses esprits secourables, nuchus, si les remèdes avaient opéré. Au matin Nèle répondit que la drogue était bonne. Les grains de cacao avaient été portés à Nèle par quelqu'un de la famille de Pérez, et Un de ses parents se rendit ensuite près de lui pour connaître le résultat. Pendant lé mois où Péréz se-drogua, il envoya deux fois des grains de cacao à'Nèle. Il se conforma à '-un régime sévère, comme c'est l'habitude quand on suit un traitement. . '; - -

Pérez n'apprit rien de nouveau par ce traitement. Il développa, par contre, ses moyens; d'apprendre davantage après avoir suivi la cure. Il faut remarquer aussi que les esprits des remèdes ne vinrent pas le trouver, en rêve. Nèle disait de Pérez, qui a beaucoup de facilité pour comprendre des choses.différentes : kurgin nikkarba. Il n'aurait pas dit cela si Pérez avait seulement de la facilité pour apprendre des chants par coeur./ Cependant il est évident que kurgin dans bien des cas comporte aussi/la mémoire. « Nèle a-une bonne mémoire » se dit toutefois : « Nèle•nâbirkàei'■■».-.. Une bonne vue nûetaïlege n'a rien à voir.avec kurgin.


.28 - .-. SOCIÉTÉ DES AMÉIUCANISTES -.■■■-

Beaucoup d'Indiens se droguent pour développer leur kurgin pour l'étude ; par exemple, les jeunes gens qui sont'eiivoyés à Panama dans les écoles de cette ville. Maintenant que les cuna de plusieurs villages ont organisé des écoles avec des maîtres indigènes, les écoliers sont dûment drogués, ' pour avoir plus de facilité à l'étude. Il n'est pas utile de s'exposer à la fumée des foyers quand on prend un bain ■médicinal- C'est pourquoi Nèle pense faire construire pour les écoliers un établissement de bains dans l'île Ustûpu sur la terre ferme toute proche, inhabitée, où chacun pourra .avoir sa propre baignoire et se baigner dans la drogue qui: lui convient lé mieux pour lui faciliter l'étude de la lecture et.de récriture.

Pérez n'a conté plusieurs exemples de gens qui par des bains médicinaux ont amélioré leur kurgin pour les langues étrangères, mais aussi de personnes qui ont exagéré la médication/Dans le village Nargana. quelqu'un se baigna dans l'eau où l'on avait mis beaucoup de feuillets de livres, et avait ainsi '-.appris l'anglais, mais il tomba aveugle du même coup. Néle dit qu'il s'était trop drogué. Comme il a été mentionné, certains oiseaux bavards sont utilisés comme drogue pour apprendre dés. langues! A Mandinga, par exemple, habité un Indien qui. a vécu plusieurs années à Nargana. Il mangea un de ces oiseaux, parla parte duquel il apprit, l'espagnol sans aucun maître. Pour qu'on puisse apprendre par coeur les chants indigènes, il faut se baigner dans de l'eau contenant des raclures du crâne d'un tardigrade. On peut même se baigner dans l'eau où a été mis un nuchu, c'est-à-dire une figure de bois qui contient un esprit protecteur. Toutefois, ceci est dangereux s'il n'a pas de kurgin pour l'étudeLe patient peut alors devenir fou, c'est pourquoi on n'utilise pas souvent cette drogue. Ilest évident que si quelqu'un a du kurgin pour quelque chose, il peut l'améliorer, mais il doit faire attention dans le cas où il serait, disons, stupide. On se joua d'un Indien cuna qui n'était pas malin, en le faisant se baigner dans l'eau où l'on avait mis des journaux de Panama. Il devint idiot du coup.

Les drogues pour apprendre à lire et à écrire l'espagnol et l'anglais sont naturellement quel que.chose de moderne, mais les idées qui reposent derrière cette coutume sont certainement très anciennes. De même que maintenant on emploie quelques pages d'un livre ou d'un journal reçu des blancs pour plus facilement se procurer des connaissances, on emploie les propres pictographies pour améliorer son kurgin dans l'étude des vieux chants. Les feuilles de papier et autrefois probablement les plaques de bois sur lesquelles on a dessiné les pictographies sont brûlées et T'a cendre en est employée comme remède.

Quand quelqu'un se drogue, par exemple, pour apprendre fes langues étrangères,il ne doit pas dire aux autres ce qu'il fait, autrement les purbas


LA'CONCEPTION DE L'AM'E CHEZ LES INDIENS- CUNA 29

des remèdes, s'en vont. Ce sont ces purbas qui, pendant le sommeil, ;soiit les maîtres de celui qui emploie les remèdes. C'est ainsi par les rêves qu'une ■ personne qui se baigne, ou qui d'une autre manière usé de -certaines drogues, peut apprendre les langues étrangères, et développer.son kurginen différentes directions. Quand une personne a recours à un certain nombre e remèdes pour améliorer son kurgin, l'homme-mëdecin înatûledi, enchantant donne des conseils aux purbas de ces remèdes. II.dit pourquoi il veut avoir leur aide.

Je disais qu'on peut avoir du kurgin pour trouver des serpents venimeux' Celui qui a beaucoup de kurgin pour les serpents venimeux sera suivi par. eux. On peut même avoir du kurgin pour voir des mauvais esprits. Quand il était dans 7 la forêt vierge, Pérez tombait chaque fois sur des serpents venimeux, car il avait évidemment du kurgin pour en rencontrer. Il raconta/ ■cela à.Nèle qui dit-que le moment approchait où il serait mordu p'ar un serpent.s'il ne se baignait pas dans de l'eau contenant un certain remède. Pérez chercha un înatûledi qui se mit à la recherche des drogues appropriées. Quand il les recueillit, il dit à leur parte ce pourquoi il les emploierait. Rentré chez lui, il donna à Pérez certains renseignements et conseils et lui remit le remède. La première fois que Pérez se lava avec drogue, l'homme-médecin Inatûledi, jeta quelques gouttes de l'eau du bain à l'est, à l'ouest, au nord et au sud. Après s'être traité de la sorte, Pérez ne rencontra jamais plus de serpents venimeux. Il était devenu invisible pour eux.

: 11 est évident que les idées sur le kurgin jouent un grand rôle dans la vie'des Indiens cuna. Même les plus cultivés d'entre eux croient que le> .kurgin peut subir l'influence de certains remèdes. Pérez lui-même croit fermement au kurgin,- et il est évident que de mail en a reçu beaucoup pour les .études, et grâce à l'aide de son spleiidide kurgin j'ai réussi, à jëtér un coup d'ceil dans le monde des idées et des croyances d'un peuple étrange. /

. Nous avons fait ï'expérience que les idées des cuna sur ïintelligence, la mémoire ci autres, si vagues soient-elles, ne sont point associées au mot purbà, ce moi que ceux d'entre eux, qui connaissent l'espagnol ou l'anglais, traduisent par âme, mais Mêês à l'acception du mot kurgin. Le son de notre voix est souvent appelé purbà, mais notre emploi- plus ou moins intelligent de cette voix dépend delà; quantité que nous avons de kurgin. .-./'-■

'/Je veux en terminant insister encore une fois sur l'importance que peut revêtir une étude exhaustive et suivie des représentations mystiques des Indiens cuna, d'autant plus que nous pouvons considérer ces Indiens" comme constituant le reliquat d'une des grandes civilisations de l'Amérique centrale. Tout l'art' en de telles études consiste à ne. jamais généra-


30 SOGIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

User, à ne jamais s'étonner, même lorsqu'il semble difficile de suivre le raisonnement de l'Indien. La valeur particulière de ces recherches tient au fait que noUs sommes non seulement à même dé pouvoir contrôler les informations orales modernes par des chants qui selon la tradition ont été conservés depuis des temps immémoriaux, mais aussi et surtout par les pictographies des cuna. Cet avantage est d'autant plus appréciable que lorsque nous étudions la religion des cuna nous devons toujours tenir compte d'une influence possible de missionnaires ou d'autres gens.


/ / WORTEMLISTEN « TUPY », -MÀUÉ

/ '/",- '^ ,./::ÏJND PURÛBORÂ, . , y

VoNf THEODOR KOCH-GRÛNBERG.

« Tupy ». -,

Aufgenommen am 22 Juli 1924 in Manâos mit Horatio Maiigury, geboren am Rio Machado, vom Poste indigena « Rodolpho Mirandâ», Rio Jàmary (Rio Madeira).

Character dei - S proche- -

Endlvonsonanten b, g, etc., sehr weich, oft kaum hôrbar. . e zwischen. gutturalem e und e. Nasalierte Séhlus.svbkale â, i, etc.. ,-fast wie dû, in. fh séhr weiches f. •m haufig wie englisch wh. '

Maué.

Aufgenommen in Manâos am 31 Juli 1924 mit Antonio Ferreira de Lima (Hautfarbe ,: Gesicht :'21/27, Oberarm : 2S/27, Handgelenk (gepresst) :21), geboren im Dorf Kupaiwâ am Igarapéuasû in Maués, vom Posto do Maicy-niirim. . ^ -/■'/■

Charakter der Sprache.

, Aùslautende Konsonanten kaum hôrbar, z. B. (b), {d), (g), (n). e hâufig zwischen gutturalem e und e. Unsichère Laute a, u. -

Purubora.

Aufgenommeii in Manâos am 11 August 1924 mit einem PurûborâJungen von etwa .10-12 Jahren von sehr heller Hautfarbe : Gesicht (Wangé) und Hàndgéleiik : 5/6 (mehr nacli 6 hin). Nàme : Atekâte. (Erhàtte ein kleihes Loch in der Oberlippe). Er stammte vom Rio Manuel Corrêa, Neberifluss des Rio Guaporé, Matto Grosso.


32 SOCIÉTÉ DES AMÉR1CAN1STES

Char aliter der Sprache.

Aile Vokale, besonders die Schlussvokale, zogernd verhalten ; Apostroph '.

Schlusskonsonanten kaum hôrbar. Schluss -o sehr offeii.

% sehr weich, hâufig gelispelt ; zwischen ? und_j>; nicht zu unterscheiden.

« Tupy ». Maué. Purûborâ.

KoRPERTElLE.

Zunge aekû . hengû, hêgû kobe(g), kôbc

Mund acyurû oïu'çyuïu'ç uruâib) 1

Lippe aerembé ohemb'e uruâ{b)tabe'

Zahn aérai haï inkd '

Nase .. aeiï uiaiîgoâ(d) nîûâ 1, înyôa Nasenlocb aepêudd . uiangua(d)aupé

Auge aerakudd. ohehd tokâ' 1 z

Ohr " aenami oehapi zapetô • . Loch im Ohr- aenamikuàd a.hapehetâ(b)

lâppchen

Olirloch als aenamikuàd oheuaurapé ■ lapeiô'^u)',

Gehôrgang ' . - Xapeto"^i{u)'' -,

Stirn aeropâ ohauatôa taplaka'

-. Kopf aeyakâ oyakâ, uyakâ a\à

Kopfhaar . aeàb oyasâ{b),uya^d(b), a^aiaib), à^atàib)

oya-xâ{b) Augenbrauen acrapeyâb ohehapepaxàifî) ... iapîàkâtâ{b) .'■-

Augenwimpern » ohehapepa^b) .1okdbi%ibcd(b) ■

Bart aeyafhahâb inuexà\b) uru{o)btâ{b)

( :—Schnurrbart)

Schamhaar aeramcpuîâb * oyepçid(b), uye- tau

■ - ■ ■ Pî1^[b) '

Wange _ aereMaupé oyciiku'ala*, yaiiiukà'

■ ' uyehkudta .'.-/'- Schlàfen . abedo

Kinn aerenubâ ohanéua yàkoim Sclmlter - aeaséub uiyeke(e)pé,oyekepé aliéua'

1. a zogernd, verhalten.

2. ooflen.

3. Schluss -a hurz.


WÔRTERLISTEN « TUPY », MAUÉ UND PURÛBORA 33

-'.-';« Tupy ». Blaué. Purûbora.

ObeTarm àeyè{u)bâ oyek'e, uyeké (m)bd.

Arm.. » »

Ellbogen aëparaké uipopeakâûg(a) manyakâ'

Hand aepô uipo zvapitd(i)

Handrûcken uipôope

Handilàche . uipapéaua wapitdii)

Finger aefhâ uiponiâ, uiponyâ ivatokd

Daumen uiponyâoade{b) watokahôZeigefinger

watokahôZeigefinger watokadô

Mittelfinger » »

Ringfinger » »

-Kleinfinger uiponyâoade(b) »

Fingernagel . . aef'ôp'e uipéhâpé, uipehâpe ' masokunya,

ma\ukùya

Obersclienkel aeùb iô{b) yupâ(b)

Unterschenkel aetum\ uikaûau-tô ^aptaàùâ

('= mein Schien■

Schien■ bein)

Knie • ■-",.'' aerenepeâ uipeakâng{a) ' mihorâ{ti)

Euss . ' aëpè uipe,: uipé, oipé îib'e

Solile ' .itepew.edeb uipeauâ . xibebiado

Fers'e âcpetà uipea^u^â mi%akâ

Fussrûcken ' fybëïakaâ '/;

Zehen ■ -aepedkâ uipepônyâ. xibedà . ."'////

Zehennagel aepôap'e uipehâpe zjbedabé /-;;.

Kôrper ././/- uipi{d), uipi(d) ./-/

Hais .-. aeyô'd ohoté(b), oyoié{b) apo'à'-

Nacken ■/../..■■ apo'abigô

Kekle . oheuariâ, ohewariâ (m)bu\ukd ./,;:/

Achselhôhle " oipopeepé, uipopeepé gà(n)yaniendogô. ./

Schulterblatt, T \aperepd /;,'

Rippén aeyarukâ ohetolaupé (m)ba%ido

Brust - : aepotià ipo'tiâ porabedô //

Brustwarze beimaekô oinâm, iiinàm, naûâ, nâûâ{n)ï'./-/"

Mann _ uindm ' /.

Weibliche Brust aëkp ' hemi nâùâ(n) ;/"/

Bauch aereb'eg ehomneâ' . zurnakâ' ■■■"--. :"/:/

Gedârme ■ (m)biadô /■/,/,

Société des Âméricanisles, 1932. 3 -. -./;/


34 SOCIÉTÉ,-DES AMÉR1CANISTES

« Tùpy ». Maué. '.-._. Plifûborâ.

Nabel aètôà. uipelom'â hôi:pkâ, hurû(n)kâ

Rùcken aek{u)pekâ uiape &kaâ~(ff).\

Gesâss aerewiap'e , ohetoâ dàlià .

Pénis aerekbi, aerekôi uiahi wibora '- .

Hodensack aerapiâni - ohaâ îâburuM.

lloden aerapiâi ohaâ " •

Vagina - tapupid . - hesêa, hç^câ nyà'me' ;

After i aerewikuad uiopé \ dâkà^e:

Haut ' '. aepid uipë ■ fabie:

Knocben *.. aekù, ikâ , niurun ..-./.

BluL wehé, wehé uipo{o)pe, oipdp'e .kèreuif '/'."

Ader aera\ëg. ■ ohâûî[r) '. iribâ':

Puis uipa{a)kâng{a)

Fleisch aeraô^' ipoi dio..'-

Sehne uhâuiyi(d)

Herz . ' acwcyapèiï) oïùeâ, uïûeâ munaka

Magen - ... uipèâ'. %pkoâ[:

Darin " . imeen (nijUàdé

Speichel -., acrçndé ohend'ehe obe^i ■■'.- ... ■

Urin ■■■.... aelè.. te 0doka .../ /

Schweiss . ... - aereâi, aefcai anhâkô b'u%ùdpâ". '//

Tràne ityôà%ïka /

Kot . tepoti ïtiyd(n) idô,'.

Atem . . hahâni

Schnabel / iti • bât - nyâmeâfy ;

Schwanz ivaya ... hoai'po ' taM /

eines Hundes

Schwanz- - "' ".' pirawaya hoaibcp'ç .'■■""-. veines

veines

Schwanz / :wai(lÔ\ -.'

eines Vogëls "■."/' /'.-"' ■-'. "

Flùgel {i)pepoka~ ibepô '"':.''' "',-'■

Feder - ipépo ibepo^d{b) . tâ(b)'. -

Flosse "' ianerâ, yanerâ ', '.' iek'ç noaido

ELEMENIE UND NATUK.

Wasser ... ehé " ' eç , çefere} 1. o ofleir. ,'--... -. ■■ .


W0RTERL1STEN « TUPY », MAUÉ UND PUUÙBORÂ 33

/ « Tupy ». Maué. Purûbofâ.

FIuss ..lyparanâ ' eé lererehudidi -'.."'"S

'Bach yèukuâb e(e)hiedi '

See (lago) - :enpi(e), eauw'ed, . ; ; --

-■'"-.// eauhw'ed " ■ - /

■f.eûer y^ïatà ariâ "^ {njdamify 1 :'/-/'

-llauch : ::iatasl ehï, ehï \akï{n)yâ

..twohje \ zakunyà, %akenya

;Àsche /./ aliato[b) kidô'{=gliihende'.

/ ' Kohle)

Brennholz / -:::euzOae aiiapé- ■ namiïfi, ncmm$

Himmel■■ - . ■'■:'.:eubâig) âdepé ema(m)bé

Wolke "/./■-- euehi akê{ji)yâ

Regen .aman iamân aman

JNebel euehi

'Wmdîewaû ewelç, ewetù, eueté nahôib)

-Blitz ,-. fupâ mereb'e ■■/■ ■

; Donner y._ » jm^ /■■ ■'

Regénbogen //■,/- ^) -/

Spnne f Hiarâ â{d) tokd - -

Schatten ; heàn anhïg.é çiuirâ, %iwiri .>_■

-Régènzeit -/ iamânmô{r) ' \/

Troëkenzeit ' .^Q%y". â{d)pié{d) -';■/'/

'"%?■■• .fàoérn . ' - ihâdd(g) torô

Nacht y.pitûn ■ iebéré léu, ieu .//■/

-Morgen . :/:Memamehe oande\e)mnt '

-/; / r (=morgensfrùh)

Mittag / -:f4y(e)katn ~àdpoiakè_ ' ■>:

Aiend '[koarahô ika.d'i. .

Mbn4 yahé oaté' . wereyâ /

'S.tern -/yailatâ. . oaikirù ' tokokuyu

Mnrgenstern /; / oaikirualô . /

Plejaden ./■/./. oazfeVw - . - ; -;

Milchstrasse ./;/;-' euaipoa{b)

Erdboden -4u)bé, e{ti)bé ■ éi, é(i) é{i), çï

Weg - : bghé moà(b) . \m)bf <. .'.

£erg '^MOete çiteo, eiteô. ...

1. Dereinzige Unter^ehied von Brennholz.':-(#)rf und H.


3(î SOCIÉTÉ DES A.MÉR1CAN1STES

«. Tupy ». Maué. Purûborâ.

Wald kaà ïâ'pé gat'e{ï)

Gampo eahï

Strand eiti prâya (port.). eimanâ(m)'

Stein ita no murud', buruà.',

{ni)burua .

HAUS, GERAT.

Haus augâ, a(u)gà ïetâ(b), ïnycld{b) ekâ\aka_}

Dach ekad(b), akaâ(b) 1

Silzschemel hapegàb bangohi(r)

Hangematte aus ïya{a)mbé (==HânBaumwolle

(==HânBaumwolle der

AV.eissen)

Hangematte aus inihâb eni. . anikâ[b)

Fasern

Pflanzung kohô 2 ' oikô la .

Kinder trag- ep'oi

binde SpindeT penem'â pogà'

Faden . inimbô ene(i)hapô pod'

Weisser Faden inimbotingi

BauniAvolle amende^il amekiozp po'a

Reuse ikiâ tôlô

r

Backherd mé(b),me(b) -

Tragnetz suki

Tragkorb mai à (runder %iirâ'

- Korb)

Tràg-korb der . ed'À*

Frau fur die

Pflanzung

1. Anlautendes a sehr undeulliçli.

2. o offen.

3. o olîen und zogernd wie a. -

4. ed'd wurde auch aïigegeben fur die lângliche Hângekôrbchen (gezeigt nach Bd. III, Vom Orinoko....). ■"-'■/


'-.-'• -WORTERLISTEN « TUPY :■», MAUÉ UND PURÙBORÂ . 37

■ //«Tupy». Maué. Pwûborâ,

Brustkorb .."' parabedô ■ /

■ Sieb(viereckiges) : panané .

Matte crû tupe, topé -

Kiepè panakû

Reibebrett eue^e

Hôlzer zum akokâib)

Feuerreiben / '././'

Pressschlauch m.ohorâ

Môrser -';:'/" uengoâ

Stôssel .-■ w ueùgoamen

Feuérfaclier tatàpekuâib) membë .'■ hobe

Trinkkûrbis - béa, béa kéya \ahadabe

Topf zûm Kocheii lyâêfebô ôââ zirika

Kalabassenstàri- - tâui, tâwi : der

Lôffel _■;/ ■'" ' kuy'era

Beil (europais- . ewâttaitdb, euehâ(b) zuïyà'

ches) .// ewaûaitâb

Stéinbeil nyehç ÇuêM(.b) ■ wiâ'buruâ ■

MeinBeil- ;.; oh'euhà(b)

Dein Beil éuha(b) :../.'

Sein Beil héuha(b) - .../.- ". .-

Messér ïtakeeï kçs'e roba^inini,

' -". •-■ (r)oba7inini *-'"'/-",

Schleifstein itake' no, nu (i= Stein) // Kanu aus Rinde _ihà(d)

Einbaum earâ monâlb) .

Mein Kanu ./".-,/■' oheearâ.

Dein Kanu çeara . /

Sein Kanu h'eeàra

Riider . aïk(o)ai. apokuità^b) kuikui

Bogen ■(i)wirapâ{d) moriu'a, tâmê ■•'..:

'"-. nïor'eewd(d)

Pfeil 'hoé(b) moreâ, niore'â- kuyabé '" .; .

K-eule . robabekéya " :-/ "

Blasrohr kâliu>d(=Taboca)

Blasrohrpfeil .;//:.. oàiéâmâpetéha(b)' '"."'' /"

1. ■ Zinini = 'kleiii: , ./. ,


38 : SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

«tupy». Maué. Purïïborâ.

Angel piramokonàlb) pin à ubaibopanô'

Gewehr muMPulver

muMPulver

Schrot xuûiu

Hûftsehnur. ' boitape' '

Gûrtel aekoaiwi{d)

Armband itapakord oi[e)ké__ îiliiû

Armband mit iboâhç(b)

Federn 1

Federkrone kangitâr{e) inia(a)pepo^db haranwe

Hut. ■ ' - . T^apeuâ, \apewd

Hose . jjrarâ, Xfra^d

Kamm keafé(b) kçua, kèwa detebyr, d}îc\g)

Kopfschmuck " mandâ{b) - ■

b. Tanz 3

Tanzsclimuck ipe(e)ti 4,

iapelehç(d), (i)yapelebé(d) 5

Trommel . taniunû --..-''

Muiidflôte - ' jr(f'fr kariua, kariwd . meneâ{b)

Fussklapper înyâ(a)mbé

. Bambusflote ■ , huhù (= buzina,

gaità)

Tanz - ta(e)ré(d) hairû

Gesang hâimehé{i) . ■ oatoûçpé{=x'amos

cantar)

Fadenspiel kialdni

FAMILIE, etc..

Leute. • tapéi, tap§(i) meyedè, meyi(b) . wabé(i) ,

Mann- akoimdii) ihàimiâ ' wabèiî) ,"

-1. Wie es die Parintintin tragen. 2.(7;) sehr nnsicher, kann auch (g) sein.

3. Aus « folha encarnada ».'

4. Aus Blâttern geflochten, an der Spitze mit Federn besteckt; in der Hand getragen.

b. Aus Blâttern geflochten, an der Spitze weisse Blatter-\vie Federn; in der Hand getràgen. ..-


/ /MjiîlÏRLISTEN « TtîPY », MAUÉ UND PURÛRORÂ .-'./, 39, ■

..■ ' ■■ /■-;.« Tupy ». Maué. Purûborâ.

Mein Gàtte oh(z)aitô •/

Dein Gàtte éaito

Ihr Gatte h'aito

Vater ^'fnrîtwa. popai, bôpai aba'■■ ....--■■

Mein Vater bôpai

Dein Vater ' !--; ; éuô(d)

Sein Vater -//;.. ' iuè[d)-. / '.,;'

Mutter .-ndyehé maniai ânyâ

Même Mutter- '■■■/-: niômaï

Deine Mutter été

Seine Mutter . ite .'""//'-

Kind :piâ kurumï meroa^inini, -.'.

- /- ■■/ - meruazinini^ .

Sàugling . meroâ', (m)berod:'■■- .

Sohn- oha'lé » -//

Knàbe / kurumï

Bruder . /'/$?$« ohêkee{d) {= mein . b~â

-://:/,■' Bruder) : //V"//-

Schwager '-. hirenerakô, yirene- seroai, \eroai "'

rakô . ■ ' ' - ' . }'-:'■-'-.,

Schwester ' :'ylren(d)ç(g), ohe(i)né(b) (=. a%a " - . /y

-:'yL::-:::hvren{d)e\gf mein Schwes'.

Schwes'. '-■■:■<-■

Weib "•■- \ àunyâ onyàniâ, unyânyiâ bagoyà- . / ---'.-/"

Mâdchen ::kunyâinukà makubdiâ

Mutterbruder :_ yirâmm,yiramûï hâmu bagoyameroâ'. ///'

Vaterbruder ;:.//, » ».

^aterschwester. -i-:. titia

;Mutterschwèster / ' »

Greis -. xflbde nâ ■-■■:, .. ;

Greisin :.vdébi nâ

Grossvater ôvuvû ato(b)'.

Grossmûtter • ; uauô, uàwô ânyàbatâ(i)/

Hauptling ' aipohkûâ (e)gapahu / ;

Weisser / '/-* karaiuà,karaiwâ m

Neger tapayûna .-j ^'-

1. Ziiiini = klenr; --/ - :'

2. Sehrunsicheiij.ob anlau tendes roder h. -


40 , '/// SOCIÉTÉ DES AMÊRICANTSTES '

«Tupy». -Maué. Purûborâ.

Indianer Parin- aitaijâHd

tin tin :

Indianer Muiidù- uanunû,

/ rukû . ' ■..''/'/:.,;■/

MEDIZIN, RELIGION.

/Àrzt paini (n)derét. .--." - -

Afzneimittel môhâ

Tabak .' d%ohû (in)belô ; - ■

Schatteii anhi(g)é {== Son- . ;' ; '

nenschatten)

- SÂUGETIERE.

Affe . kayefâi hanoân {= ùauord, ivàworà

Macaco prego).

Brùllàffe aijegé - / '■//

:Koatâ; kayâhu Jidatâ; %eko" . . '

.FledermaUs andçrâ. balai . violai

/Bunter Jaguar, yau-âra, yawara ayeatô pwti'"'"'.

Sehwarzer . ydttârû(b} Ûgiri (span.) , purumakâifi)

/Jaguar

Puma; yaùâpitâ aueatahô /'/:.

Hirsch (Veado) çbu,éh(u) çté, ete -<■ . edû{b)_ ..-;'.

Fischotter ehe(i) Imtra'port.) pehô'

-Tapir tapera wçwatô tant . // "'

/Kàpivara kapizoà^d) kupietu. ' ' .bihibi :///

Paka karûarûhu pde ' pu(iftâ '---:..,

Aguti dguti aguki .ivaMa'

. Pekari taiâtï hamâù(d)hied'i apuM' - / ;

-Grpssëres Nabel- tâidhû hamâûddadô MiçiiiïlfùjC,.'-.'.

/- schwëin ; ."-'.-

/.;;. (Bisâm) : ;>

Faultier haà -ariûker'e. a'i

-Siuati; kwali môhàh

: Grosser Amei- lâmanduahû ■ hl'mbâ, ln(i)mbâ:, a^ikûri^]-,-- -a^u/

-a^u/ hîmbâ ' ;kûr{ufv

Kleinef Amei- tam.ànduape{b) aliukerewèhi(eb) âyabô'., aiâbô', /,:, ,/senbâr.


WÔRTERLISTEN « TUPY », 1IAUÉ UND PURÙRORÂ 41

«Tupy». Maué. Purûborâ.

Zunge des" gros- hëûgû '

sen Ameisenbàrs

Ameisenbàrs

Rind wewatâ{a)hô[b)

Hund yauafî auaVe anegô'

Ratte hamudyù hapiri badô'

Grosse Wal- larauâ

dratte, die ruft .

Gûrtéltier tatû %ahû \apere

Riesengùrteltier fdtuhù Tphuatô \orokô

Eichhorii agutiwai kutierewatâ uarabâyd', warabdya.

warabdya.

Kuaiidû (Sta- * kwandù mofâV

chelschwein)

Maracajâ ' . ayeatô poru^ï(fi)

Micûra ayeatoa^â

Affe sp. oahôc

VOG-EL.

Vogel wirâ sawowâ, \a%vowd masà[n)yà(n)

El upiâ hupi'â masâ(n)yâakâ(b),

akà.{b)

Arara kaninde hanon

Blauer Arara handn ^ipayâ'

Roter Arara . handnoatô parauâ

/Periquito kerikeri perikiitô (port.) a^upirï[n), a.^iipirï[n)

a.^iipirï[n)

Mutùm (Crax) mûtù wiawù uitâ(b)

Papagei ayûruhu ahod, ahûd iaramû(m)

Jacu (Pénélope) piruhû meyohôdï alibé(u)'

Jacutinga yakupeé niôré 7pâ{ù)kaâ{b)

Urubu urubu uruvû, ufuvii \o{6)wai

Uruburey urubutï uruvuyï

Urubutinga kuimarâ.

Cauré (Mô.we?) tïâ{n)tïùi

Japû xaufwa

Anû ànyô{e)ni


42 SOCIÉTÉ DES AMÉR1CANISTES -.

«Tupy». Maué. Purûborâ.

Ente hipeguhû, hipé(g) epekâ, epë(e)kâ, obâ{i)'.

epe{e)kâ

Taube hirutiatî pekasji ehid .

Hahn oaïpakâ [iii)ba%ari

Henné inaniutï » »

Kûchlein » - »

Inambû inambû ' ohd'i

Inambû grande xpïï{b),' %oa(b)

Inambû azul pod'é'

Tukan ïûkâ(n) nyôkâifi)'

Kolibri ■ hé(e)fi, he(e)d'i %ir.oâ'.

Maguary mâguari .%pgoe

Tujujû tuyuyû

Grosse Eule . uïuku(d) -

. Gaviào rëal heiwafô kokdi (Harpyia des......

des......

J.acamim. ■ ■ ûrë aramâ{ii)

Cararâ kararâ arakapë^)' .'. "

. FISCHE, REPTILIEN,

Fish (i)pirà plrâ. . ebâ'i

Rochen pirapèra . araya iyaû

Pintado ' hurubi . sorubï. kordre

Piranha ' pirânya pirânya. sçubç(d)

Alligator Tfikarè, Xçûiarè yakâré, yakâle, {n^ba^â'

. yakâlé,(i)yakâlé -" '

Landschildkrôte yayuti wawali, oâoali . dabèbora>,tabebora'

.Flusscliildkrôte wawaliwatô . ..

Schlange moya moi manyû

Cabeçudo laid

Matamatâ ^ matamatâ

Jatuarâna (Fish) pïranyïifi)

Zacken auf de m . hoaipokulû(b)

Alligators- '.•".'■

chwanz

Surucucû surukuku


WÔRTERLIS-I'EN « TUPY », MAUÉ UND PURÛRORÂ 43

'//«Tupy». Maué. Purûborâ.

Wasserschlange /^/ sukuri^ù tahani,. taxanî. '

Frosch . ;,J-:1/W oa\â moiboyâ

Krôte ■:■:■:'_famirû oa'sà, kâlï iububû'

.Leguaii [in)baïka

Eidechse hdimaâ{b)

Tucunaré ; iukunaré amokatab'e

Trahira . tareerâ {m)bârauâ

Zittera'al /-/ •■ yokô

Gumarù /;/ umarû

-Aracû /.;/ ..-. oarakû uarako

Pacû . , -'-:.;: pakû / /

Maiidi waitâbo'

Acarâ akarâ ■■■■"..

. Pirarucû pirarûkû

Jandiâ - /■/:■ eyanded

-'/'./. / NlEDERE TlERE. .

Ameise -jàebihi sâH

Sèhr kleine . '//; -;/'" siriâ(b)

Ameisé

Taraeuâ °. :,.V: inikô'

Sauba ;-.-. ' sahai, xahai uV

Tocandira . \ ./,, . (n)dabid'

Marimbonda /////J- (n)daba'i'

/Moskito ~ i;ydtiû . karapanâ ^yù(gj (carapanâ) '.■;-;.'-./■'.'."

Fliege .//%|r« fd(n) '//'■'

Biene -., 'Brû(b), {h-eirû(b) auia,awiâ sâûâ(g) %âûâ(g)_:'

Honig :::èhi(4) (e)nxebi ■ Schmetterling rpdnâm -

Tausendfuss "-. '--; ■/-;; • apeu[n)hâ tabekokô

Laus :.yM(b) . - ç\g)è{b) ' ale\b)

Floh ' iû/- ïô, ïyô uru^â!

; Spinne \:yâjm kïà- kïa - '

/ Krebs/ /-;., ekâ{d)â ■-:■'

Muschel ' taueru'â

.Sandfioh " //// ïô uru\â'

Mutuea ./,///'/- melûk'a // > tayû(g)'


*4 ' ■- . - SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

«Tupy». Maué. Purûborâ.

Prnni - upjû {in)bi^rï(bp--.'

Vogelspinne ^ooi

Mucuini oâlui mfmv^ki -' ."■'"/■

/Skorpion ". . Zflfo{r), Xflpo^d) .dyâiu-f -

/ Spinnennetz kïâe'ni -.-...

PFLANZEN. •

Baum iba afidéib) - uaui(b),]uâu)f(b)

Blatt kaâ ailiae\b)çhô(b) ^bekorôlâ:(b)

AVurzel apopé{m) ahaeb\e)sapô -'-.....

Rinde •'-. . ariaeb{e)p'e

Dom : .''-.. hû,.hû odo"

/ Wuie -.. ipoht '" Y//O

Frucht ià. apià\ ■"-;./■'■

Gras ; . ■: niopeib) mu%è(â)

/Mais aimté , aiiali \iâ'

, Maniok mandiôg nianièg mç(ï)kd'

Maniôkmehi. "'"■-.- {m)burun'i

Bèijû (ni)beiiû be\i)%jï {m)be[ï){û

Cliicha fm]jf %{?

Banane pokoba pakoâ hewa

Batate héteg uïhdû ■• witikâ'

/ïnyam&(Cara) kara àuai'à bob(e)kà'

.Pfeffer ek& ... musé, niu^'e makûïkâ(b)

Pfeilrohr hoâ ' nçi ' iem{§)M ■

/■Zuckerrohr • asùk{e)ra.

Gachaça ' ^iiamord{n) (=

agua da morte)

Orléansstrauch Avrukû oa'kâ{b) ki%ô

Genipapo ' yanipâb ôàbo(b) {m)bi^M{b)l

Genipapo bravo /'/' / mi%itâ{b)

zum Bemalen -

Genipapo zum heiuâ'

Essen "' . " ■"'-'■'.' .//

Pupunha . merâweé(b) yupit(i)kâ(b):

Abacate pakaté'e.(b) '''■'--. '.'' '";/-■.

Miriti mbifiii .',. .miriti yubayâ'y.-

Tucurn tukumahà tithumâ maipkâ'r(== ■_-■'."■ Tucuiiiâ)


W0RTERL1STEN « TUPY, » MAUÉ UND PURÛBORÂ 43

« Tupy ». Maué. Purûborâ.

Assahy oasai^ mi^imbâ'

Mamâo mà(ù)mô . mâkâlâ

lnajâ pôwi .

Baeaba hauehoî horokâ[b)

Yauary iukumâ

Sipô elepô tabé(g)

Macaxera piaka^eja

Abacaxi . . - parapara'â'

Ananas nanâ

Mangueira mângaé(b)

ZAHLEN.

1 aipe ' um mu (m)

2 mokoi doss iuewâ(b)

3 . (m)bolco(d)weuâ(b) Viel ehé[i) ikôhe, ikohé kayâkayâ ■ Wënig kûl{ï)ï zinini

PRONOMINA.

Ich y'ehe oitâ ùmi

Du ndejx en en

Er ' gâha " mil bokô{d)borâ (= .

sie,andere,ihr)

Wir. zwei mii{d)eriâ kayâkayâ

Es sind aile (hier) kayakayâbo(d) Dieser . kanù

Mein (Bogen) .ycwïrapa{d) uiporewâ(d) oaranh

Dein (Bogen) nâeh'ewlrapa{d) epôrewa[d) oaramjcn

Sein (Bogen) gahâwïrapa(d) ipôrewa(d) • oq.ranùbokô{d) (==

Bogen des anderen)

Mein H aus akâ'ûnû Unser (Haus) aieâ{d)

ADJECTIVA.

Gross chai iwatâ hûdedi

Klein nâehai kùmï{n) meroâ{n)

1. Nicht diphthongiséh.


46... ■•■'/. SOCIÉTÉ DES AMERICAN 1STES .. '■ ".

//-«Tupy,». Maué.'- -, /Purûborâ, .'

Hoeh, ndyéha oaiti bû{d) / ' ■ -"

Tief âmohi ihçpeâ ' ado

-Laflg il(u)wô{b) t(e)uâ ." /

;Breit // - ' ipipé

Fetl îga{b) ii^fl

Mâgèr iganmodi l ' vîamf$) -'

Schwer .^ ipotçli) ■kà\S)'_ ':■/

Sehr/sehwer- : - ' M^eâa

Runcl: .. iduçreb'a />//../. '. /

ieieht edipohe(i} :ktidkii0(iï)

Kâlt ; #f Mflfl(ff) edèka^mda (==estâ

;çom frio) ■rfeM(;i)/;(= Fria■■■-.

Fria■■■-. - ■'■ gem)/'; /..

Warm akubahib hakgb) ■doâ^tjdoâ

Trocken . /; km{û^ . -

Krank fjçkiad(b) iahù bdbàlfj).-

Tôt oinonô{b) ikô'rô ,. famoré(n) "-"

^Blind .-'•;;■; ife»-

:Taub . hcuauré .(== er ist

■ ■"■/'; ' ' taub)

Stunim edï/jara

J^ahm- bihsdMhôd'e : /■"

.S/clrwanger ' iéembed'â^

Ont/ -fe'/îi os'H kdpH)0;

Schlecht $nqko(i) """'. ' ber£_: ;\

- / -® - edémûdeda (= ê

■'./■ ' -. . - vérdade)

Lugenhaft \maïhïïdeda(ç= ■

**/::- .■■"'-'■; mentira)

■/. / FARBEN. -

Weiss, ' %(ÛI),^(Â) ikçdii, 'ikedziiiï) 'auaW'_'/■

Schwarz dyapiuvu . h'o{n) \maka{fi]'

Dwhkei - / .-■-.. - ^ ■/;;

Bot . ^m ,fô(i) Mg(è),^)

Blau ■ ' ■■; ^ *&#[*)"

^ett>- i^zrS / $fl& ./ ./.:/// /'-./". -1. o oilen.


• . WÔTÉRLISTEN « TUPY », MAUÉ UND PURÛBORÂ 47

« Tupy ». Maué. Purûborâ.

ZEIT.

Gestern ïâ'pô mànyâ{û)

Morgen - . monkit'e . ton

toro atolâ (= âmanha vamos / ' embora)

Heute meikôrâ

Immer akideta

Jetzt koitô(i)

S.ogleich meikolâ

Espéra uni pouco taftânyâ

Vor langer Zeit mânyâ

ORT.

Redits ipo%czebiâ{d)

Links ipolân(e)

Hier abô[ meyunibé pû{n)

Dort bébo meyem'bé hinape

Fern béa bipe (= là esta !

bei e. Aveiten Gegenstand)

Er ist weg ' atotà

Dbrthin meke'pe

Dorther . meikouô

Rûckwàrts haipepiâ

Aufwârts obéir menyempeuaiti

Unten , . eitoté

Ausserhalb des toendé(m) / Hauses

lm Hâus inyetawé

Ja are ûtoba

Nein ahân e(e)(d), e(d) nôkinô {= nào é)

Es gibt bô(d)

1. Zuersl liabô gehôrt. .


48. SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

« Tupy ». Maué. Purûborâ.

ZEITWÔRTER.

Anbinden etikete(d)

Ankommen ohû %phu- anç.mâ(=chegou)

Arbeiten loiroaipotpâ(b) ■ ~

Atmen ipëh'u .

Béischlaf vollzie- toa^éif) eôna\_c, yuk(e)yûk]

lien îch bleibe hier uitoalepéhoa(d)

Brennen toivJÛ(b) (=

queima!) Bringen elè_rue{d)

Ich erinnere mich nenoâ(ny

Erinnerst du hcnenoâ(ii)' -

. dich? Essen hauù oaleno[b) . ô~

mal beorà à, maïô (= vamos . corner !) '■

beorâ{ — comida) onoô (— ja comi) Fallen taâ(d)

Fliegen topopé a%itâ (— voar,

..■■'.. correr, correu)

., Fliëssen '■'.-• ihèepôt'e (■= der -.- , ;

- Fluss strômt)

Furchten uitôarekéne(=ich biâ{d) (= er liât

. toehâ Furcht)

Gàhnen habe Furcht)

Gehen toetekâ (= andar) ' / .

. Gélie hin und . alolà awazimâ

komme sofort zurûck! Gleichen . lianû nakete (=

diesgleicht dem(àndereix))

1. Mehr vulgar.

2. o = « essen » und « trinken », nur unterschieden durch die Beifûgung : fâe à = . Wasser Lrinken ; beora ô = Speise essen.


WÔTERL1STEN « TUPY », MAUÉ UND JPURUBORA ■■■-■ /*» -:

.:/-.-../ ; ; « Tupy». " Maué. Purûborâ/ ;

Hinabsteigen ■ V av[pa (= stëigê-.'--'

stëigê-.'--' ■'-;/-; hinab!)

Hinaufsteigen i ,/-/• hâmâ ■'( = stéigé/

hinauf!)

Iforen" / . ' .tohendû{b) - '/ r

. ' Ich habe Hungér : -/ ohe_ië'a{d) ' otekà

Hustén hoù . ohoohôe% bukâbuka

".'.K'acken tuatâ oM'a~ oâpa

- Kauen ' ueraïueraïd'è,

'"'..;'■.-/ ■■-';/ // wgrdïweraïd'ê

: Kosten / ';// .toheân.' . ' /'^'/

. Lacheii /, âpôka loekeh hà'a, ha

/Sich Iégen bopâ,{m)bopà {=

."' lege dich!)

Lieben •-■' •' . ./ ';/, unubïkd (= ich-. -

habe dichlieb)

Malen ..-..-/ atnohû{n) hôâûâ(n) . (nijbabikd / •

/Nahen .-:''• /_/-/ totopeï' ■ - / -

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Rudern / .. -. apeweCd) . oâtô- ereapukui (^= kuikui^apayd (=; /

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Vamôs dormir '■//"/■■.. . oatoké(d)

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Schleiien ehaimbé(e) : ./■

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■ ///'/ ■ ./v/.:. ■ ; dich!) ';";/-"

Tàtowieren .■/,'// iwentr 3 .'"'

Tfinkeii . ///,-oeâ /. taueû à [cf. essen] /.'/.//

1. Offene o. ■ .7. ' *: ~ / 2.'bezeichnet ein Stocken am Schluss des Wortes ; vielleicht sehr l'edilzierter:

Konsonant. . . . 3. Eastiwentin. ■-., -

: Société des Américanistes, 1932. 4 .


;-5.Ô.;';'/"■ ///: SOCIÉTÉ .DES .AMÉRICANISTES

./■■■"'« Tupj ".». ' .Maué. Purûborâ.

-Vamps beber. maï\ere ô

'''■-/: agua ./' /- -

Umarmen ~çltâen{e) (= me

den abraço) Tjmkéhfen -'. tadipô(= voltar) ançmâkoyé {—

/ /: voltou(denovo

para o mesmo

''■',.-'■' Iugar))

Waçhsen itàn

"Weinen odyaeo ' totfd) . oepâ

Wissén ■■_ - këmeià{n) (= ich

weiss schon) Wollën àtike[e)%â(d){=e\L

.' '/.../ //" . quero)

, Vorwarts ! âyahô toifô mal


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE

DES

/FÊTES DE- «MGROS■ .Y" CRISTTANOS »

'/■/ -AU MEXIQUE, " ■ ..

■ : PAR RORERT RICARD.

Il est sans douté au Mexique peu de fêtes populaires plus répandues que celles qu'on appelle généralement « fieslas de nioros y cristianos », ou encore « morismas ». On les a signalées et décrites à peu près dans tous lès Etats du centre; : chez les Totonaques de l'État de Veracruz, en particulier à Papantla 1 ; dans l'État de Tlaxcala, à San Bartolomé del Monte 2; dans les environs de Mexico, à San Lorenzo Acbpilco, près dé La Venta, à Milpa/Alta, à San Miguel de Chiconcuac, près de Tetzcoco, à San Martin de làs Pirâmides, à San Francisco Mazap'an, à San Sébastian et à Xometla, dans là vallée dé Teotihuacân, à'Ghalma, dans la région d'Ocuila 3 ; - dans la région -de Toluca (É. de Mexico), à Là Gâvia4;. dans l'État de Morelos, à Tepoztlân et à Coatetelco 5; à Taxco, et dans tout l'État de Guerrero 6; dans tout l'État de Michoacân, én'par1.

én'par1. José G. Montes de Qca, Danzas indigenas mejicanas, Tlaxcala, 1926, p. 27, et José de J. Nûnez y/Domînguez, El a Corpus » en mi lierra, dans Mexican Folkwjaj/Sj.août^septembre1927, p. 191-202.

2. Communication amicale de M. Francisco Fernândez del Castillo.

• 3.-Cf. Excelsioi'i 16mars 1931. —Jean Chariot, La esïélicade las danzas indigenas, p. S et p. 7 (d&asMexicanFolkways, août-sépt.embre 1925). —Noiicias de los pueblos, p. 236 (ibid., août-septembre 1927). — Manuel.Gamio et collaborateurs, La poblaciôn delVallede Teotihuacân, 2 tomes (3 vol.), Mexico, 1922, I, 2, p. 471-472, et II, p. 230, 238, p. 293-297 et'p. 326-362. — Miguel O. de Mendizâbal, El sanluario de Chalma, dans Anales del Museo Nacional, III, 4a Epoca, 192S, p. 101-102 (photographies dans Mexican Folkways, juillet-septembre 1929, p. 127). Voir aussi Frances Toor,- El principio de un iealro nïexicano, p. 60 (dans Mexican Folkways, avril-juin 1929).

4. Communication amicale de M. Joaquln Garcia Pimentel.

b. Cf. Robert Redfîeld, Tepozllàn, a Mexican Village, Chicago, 1930, p. 117-123, et Elfego Adan, Las danzas de Coatetelco, Mexico, 1910 (extr. des Anales del Museo Nacional, 3a Epoca, II, p. 135-194), p. 177-183.

6. Cf. José G". Montes de Oca, Tasco, p. 283 (dans Memorias y Revisla de laSocie-


52 •SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

ticulier à Uruâpan et à Naranjan (lac de Pâtzcuaro) ' ; et au Jalisco, dans plusieurs villages des environs de Guadalajara 2. Et elles ont même débordé sur les plateaux et les montagnes du Nord, puisque M. Alfonso Torp a pu les étudier dans l'État de Zacatècas 3 et M. Garlos,Basauri chez lès Tarahûmaras de l'État dé Chihuahua 4. Encore cette énumération ne représente-elle certainement qu'un inventaire incomplet 5. Il ne saurait d'ailleurs en être autrement ; en dépit de l'effort très intéressant qui a été fait ces dernières années, les études d'ethnographie et.de folklore n'ont pas encore été suffisamment poussées au Mexique, et nous n'avons même pas une simple liste de tous les points où ont lieu les fêtes de moros y cristianos. Notre documentation est donc partielle et fragmentaire. Cependant, si elle n'est pas assez abondante et précise pour permettre un travail approfondi et, dans la mesure du possible, définitif, elle nous fournit des indications suffisantes pour que nous puissions ébaucher l'étude de ces manifestations populaires et présenter quelques observations sur leurs éléments, leur histoire, leur signification et leur origine. Ces observations pourront sembler parfois confuses ; il s'agit d'une réalité si complexe qu'à la simplifier on risquerait de la déformer à l'excès.

dad Gienlifica « Antonio Alzale », tome 50 (1929), p. 195-319), et France.s Tôor, Fiesla de la Santa Vera Cruz en Taxco, p. 84-88 (dans Mexican Folkways, avril-juin 1930). Voir aussi Luis Châvez Orozco, El Romance enMéxico, dans Conie/?zporâneos, juin 1930, p. 266^267, et la photographie dans Mexican Folkways, juillet-septembre 1929, p. 136.

1. Cf. /Nicolas Lëôn,.Los Tarascos, 3e partie, p. .329-330 et p. 431-435 (dans Anales del Museo Nacional, %* Epoca, III (1906), p. 298-479). — R. M, S., Las Paimas. Description de la pesta de las Palmas que se cnlebraanualmenteen Uruapan, dans Boletin del Museo Nacional, 1923-1924, p. 107-108. — Garlos Gonzalez, La Danza de lasSonajas o del « Senior », dans Mexican Folkways,a6ût-septembre:1925, p. 13-15, et La Danza de los Moros, ibid., janvier-mars 1928 p. 31-36.

2. Cf. Ramôn Çoronà, La fiesla de los Tastoanes, s. 1. n. d., et José G. Montes de Oca, Danzas Indigenas,' p. 30-31.

3. Cf. Alfonso Toro, Las Morismas, dansMexican Folkways, août-septembre 1925,' "p. 8-10. " ; ..-

4. Cf. Carlos Rasauri, Ciencias y prâclicas delos Tarahûmaras, p. 232 (dans Mexican Folkways, août-septembre 1927, p. 218-234).

5. M. Ezequiel A. Châvez et M. Dario Rubio nous ont encore signalé l'existence de ces fêles dans l'Etat d'Aguascalientes et dans celui de Guanajuato. —Indications . éparses sur les morismas dans Elsie Clews Parsons, Spanish Eléments in ihe Machina cuit of the Pueblos [Proceedings ofihe iwenly-third International Congress of.Americanisls, New York, 1930, p. 582-603). — Ces fêtes viennent encore d'être signalées tout dernièrement à Orotoxco, Tlax. (H. Vàzquez Santana et J. I. Dâvila Garibi, El carnaval, Mexico, 1931, p. 111-113), et dans Tdifférents villages de l'Etat dé Mexico, en particulier à Jocutitlân et à San Francisco Chejé (Santana et Garibi, Calendario bilingue de fieslas lipicas, vol. I, Eneroy Mexico, 1931, p"._90). À ïlacomulco, Mes., on représente l'histoire de Charlemagne (Calendario bilingue, p. 18).


CONTRlRUTION A L'ÉTUDE DES FÊTES DE « MOROS Y CRISTIANOS » 53

/ I ■ ■ . -

Dépouillées de tous les éléments adventices, les morismas se ramènent à un thème très simple. En effet, elles consistent essentiellement en un simulacre militaire, dont la durée peut varier, et qui est.censé représenter une bataille entre les Chrétiens et les Maures, séparés en deux groupes de danseurs antagonistes. La fête se termine par la victoire des Chrétiens et le triomphe de la Groix, Ce triomphe n'est pas toujours immédiat, du reste,:puisque, dans les morismas de Zacatecas, le second jour, les Maures réussissent à s'emparer de saint Jean-Baptiste et à lui couper la tête; mais le lendemain le roi maure subit le même sort. La seule exception est celle de la danse des Tastoanes du Jalisco, qui finit par la mise à mort de Santiago. Mais cette fête des Tastoanes présente d'autres traits fort particuliers : des moros y figurent bien ; seulement.ils font partie des troupes de Santiago; les adversaires de celui-ci sont des chefs indiens, qui, d'abord vaincus, prennent leur revanche, s'emparent de l'Apôtre et le décapitent. La fête des Tastoanes se présente donc comme une espèce de contamination des moros y cristianos et de la danse de la conquista, dont nous aurons à parler plus loin et dont les fêtes de 1651 à Mexico nous donneront un autre exemple. Toutefois, au Jalisco, on relève cette singularité que le thème commun à ces deux types de manifestation se trouve inverti, puisque, ici, la danse, a pour dénouement la défaite de la Groix.

Le Reto du Guerrero dont nous parle M. Châvez Orozco conte la victoire des armées de Charlemagne sur les Maures. Partout ailleurs, c'est Santiago qui est à la tête des Chrétiens; il apparaît comme le personnage central de la fête, et, à supposer même qu'il ne figure pas du tout dans le Reto du Guerrero, dont M. Châvez Orozco ne donne pas de description détaillée, Charlemagne et lui sont si étroitement liés dans la tradition médiévale que ce type de morismas ne constitue qu'une exception apparente. A la tête des Maures se trouve généralement Pilate, qui apparaît comme l'autre personnage central. Cependant, il n'est pas signalé aux fêtes de Chalma, et dans les danses des Tastoanes il est remplacé par Satan lui-même, flanqué d'Anne et de Barrabâs. L'entourage de Santiago et de Pilate varie facilement : nous trouvons, du côté du premier, « El Embajador ». (Coatetelco, Teotihuacân), Ramiro et le Gid Campeador (Teotihuacân), du côté du second, Tiberio (Taxco, Coatetelco), Alchareo et Savario (Coatetelco, Teotihuacân), Maricadel (Teotihuacân), Tarfe (Coatetelco). Les morismas de Zacatecas ont un personnel, si l'on peut dire, très particulier ; du côté chrétien saint Jean-Baptiste, les Rois


'.34'-. SOCIÉTÉ DES , AMÉRICAMSTES ,

Catholiques, D. Juan d'Autriche; du côté musulman, el rey moro, el moro Muza, las odaliscas. Le moro Muza figure aussi, en face de Santiago, aux fêtes de l'Etat de Guanajuato ; c'est un personnage très populaire au Mexique, et son nom y orné souvent lès enseignes des boutiques et des cabarets.

Il nous paraît inutile de reprendre toutes les descriptions de ces fêtes qui ont été déjà publiées. Mais, pour donner au/lecteur une idée plus précise des morismas mexicaines, nous prendrons un exemple, celui de la vallée de Teotihuacân, parce que c'est la description la plus détaillée dont nous disposions, et aussi parce que la Relaciôn des moros y cristianos de cette région est la seule, du moins à hotréconnaissance, qui ait été éditée. Ces fêtes, en effet/ne sont pas uniquement des pantomimes dansées; elles comportent aussi une partie parlée, qu'on appelle généralement Relation^. Les personnages qui figurent dans la Relaciôn de Teotihuacân sont les suivants, par ordre d'entrée en scène, pour s'exprimer ainsi : « Pilatos, Embajador moro, Embajador cristiano, Santiago, Zabario, Maricadel (ou Maleadel), Soldados moros, Asistehtes, Ramiro, El Cid Campeador, Çristianos ».

Au début, nous voyons Pilate se plaindre aux seigneurs de « son royaume grenadin » de l'insolence du général chrétien RamirOj qui refuse d'observer « .el tratado Maûregato » et de remettre le tribut des cent jeunes filles ; il charge son ambassadeur d'aller en Galice présenter à Santiago une énergique protestation contre l'attitude de Ramiro. L'ambassadeur maure quitte aussitôt Grenade, et l'ambassadeur chrétien l'introduit auprès de « mi gênerai Santiago », auquel il présente le message de Pilate, « Seîior Supremo de los Greyentes ». Santiago lui répond que Ramiro n'a agi que sur son ordre, et il ajoute : « Que reeuerde ese Pilatos la concordiâ de Fernando ; que por ella sea yasallo y prometa pagar tributo, cuarta parte de las rentas. Y asi, id y decidle. Y que en el acto me mande las cenizas de Pelayo y que si asi no lo cumple, que se disponga a laguerra »./L'ambassadeur maure porte cette réponse à Pilate, qui prend aussitôt ses dispositions pour la guerre ; il nomme Zabario commandant en chef de l'armée et de la flotte, et lui donne entre autres les ordres que voici : « Marchad a Africa al momento. De alli partiréis la Egipto. Abrid esos almacenes, abridesos arsenalôs, abrid esos depôsi1.

depôsi1. trouvera le texte de la Relaciôn qui nous occupe dans Teotihuacân, II, p. 333-351 ; malheureusement, la fin du manuscrit manque.


CONTRIBUTION A L'ÉTDDE DES FÊTES DE' « MOROS Y ÇRISTIANOS » 55

tos. Quinientos mil caballos aportaréis de la Arabia... ». Et Zabario, qui est un orateur infatigable, tient le discours suivant : « Oh, mahometanos -de la Asià y de la Africa ; mahometanos caballeros y vasallos, y ya nobles y plebeyos! Mirad queçl honor musulman ha sido vituperado y que siempre "handèspreciado alsanto profeta Mahoma. Han insultado su religion esos rebéldes cristiânos, y asi lavanta'os y moveos,àrmad, venid a yengar esos insultos grandes. Sabéis que ese sante profeta os ha dejado la héjira a ese divino Alcorân con una espada de aeèro.' Aunque su cuerpo sea tan sagrado, suspenso en el aire en cuanto(?) existe en un templo de Médina/ "-Y-'.si acaso no le adoramos, pérderiamos esa joya, pues se iria para el paraiso, y no seriamos mulsumanes ni tampoco mahometanos si al Iniperk> de la Luna no sabemos defender... ». Puis arrive d'Egypte le prince Maricadel (qui devient plus loin Maleadel), à la tète de ses troupes, et lé général Zabario continue ses harangues belliqueuses : « Ea, ejércitos unidos ! Testigos de vuestros hechos y de vuestras grandes hazanas. Yo lie visto vuestra serônidad en las conquistas de la Meca, en las del alto y vasto ' Egipto ; los triunfos de Maricadel hechos en Jérusalem a esos cruzados cristiânos:; en la batalla de la Espaîia, dada a ese Cid Campeador, y confio en vuestro valor... ». Enthousiasmés parées paroles, les soldats maures se livrent à des rodomontades variées, et tout le monde va saluer Pilate, qui félicite et encourage ses troupes. ■

Cependant, chez les chrétiens, Santiago a convoqué Ramiro, le Cid Campeador et l'Ambassadeur, et il leur annonce qu'il a décidé de faire la guerre, pour secouer le joug musulman ; Ramiro et le Cid accueillent cette déclaration par le cri : « Por la cruz del santo sepulcro ! O cristiano independiente, o muerte ! ». Néanmoins, Santiago tente une dernière démarche : il envoie à Grenade son ambassadeur, et le charge d'exiger de Pilate les cendres de Pelayo et lé paiement du tribut, conformément au « traité Fernando ». Pilate accueille l'ambassadeur par des injures^- mais lui répond qu'il accepte une entrevue avec Santiago. Auparavantj celui-ci s'exprime ainsi : « Guâl sera ese caballero que saïga commigo al campo a renir cruda batalla contra ese mulsumân altivo ? Que sàlga ese alcalde Doiicelés o ese valeroso maestro; o si no habladle a Fernando, que es valeroso soldado ; o ese Gonde de Cabra, y si no, Martin Galiudo, que es valeroso soldado : o ese valeroso maestro, que aqui lo espero y aqui lo aguardo ».

L'entrevue de Pilate et.de Santiago n'est pas autre chose qu'un reto, un défi ; Santiago parle le premier : « Monarca mulsumân : mucho me

• 1. L'éditeur de ce: texte, M. Ceballos Novelo, conjecture qu'il faut peut-être lire baj'o. '■-'.;.■'


56 SOCIÉTÉ DES AMÉRICÀNISTES

place el veros, pues antes erais vasàllo y hoy os llàmâis moïiarca ; antés erais tributario y hôy exigis las doncellas, tributo muy afrentoso a un cristiano de Gastilla. Quiero, pues, me cumplâis los tratados de Fernando, y lascenizas dePelayo. Por ellas me pagaréis cuarta parte de las rentas de ese reino granadino, coma tributo y vasallaje, y podéis seguir gobernarido a esos fecundos paises, pues sabéis que yo deseo/el ser cristiano libre, y, ademâs, independiente, y deseo que seais cristiano, è independiente de Marruecos"y del'Asia,y vos os gobernaréis sin pagarningûn tributo de Granada y de sus provincias. Mirad que mi religion castiga muchos delitos que la vuestra los protégé; Bemenasad (?) nuestra religion y sed vassallos de Gristo ; olvidad el hueso imanado de Mahoma, que adorais como unà gran reliquia ». Pilate réplique sur le même ton, refuse de se faire chrétien, et défie Santiago. Celui-ci lui répond : « Os corivjdo por la paz y vos estais por la guerra. A^os no querëis ser'cristiano. Todavia queréis, aun en mi (presencia), doblar las... (?) rodillas àlsuelo de tus diosés. La sangre de tus victimas humèa en los àltareà, en donde el oro brilla. Endos terhplos de Mahoma eliheîenso ondea, y para Colmo de impiedad y orgullo con esa corte sin pudôr y vana has profanado los sagrados vasos. Mas oye, j oh Pilatos ! de Granada tulmperio floreciente sera presa de las manos de cristiano, y manana, entre sangre y hogueras, dando alaridos, vagarân las gentes, derrotados vuestros batallonés. En medio del furor de los combates, se llëvarân las olas hasta el mar hombres, armas y municiones. Espada contra el môroy los tiranos, espada contra los magos mahometanos. Fuego, balas, contra vuéstros dioses vanos, contra mezquitas, torres y trincheras. Luto vestirân las concubinas, y llorarân vuéstros principes altivos de Granada en las soberbias ruinas ; de esas salas y palacios tan brillantes, quedàrân los escombros y cimientos, y en sus déspedazados pavimièntos se arras■trârân las viboras errantes. Bramarân los tigre y leopardos donde crecerân los solitarios cardos ; y este sera vuestro Império. Con que £ queréis ser cristiano ? » Naturellement, Pilate refuse encore, ; et l'on se donne rendez-vous pour la bataille à Tolède et à Clavigo.

Pilate convoque donc le capitaine général Zabario, le prince Maricadel et l'ambassadeur maure, et il leur annonce la guerre. Aussitôt Zabario, une fois de plus, harangue les troupes. Santiago fait de même de son côté, Ramiro et le Gid tiennent des propos enflammés, et bientôt Tes deux armées se trouvent face à face. La bataille s'engage, avec des injures et des défis dans le genre d'Homère. Les Maures sont battus avec une rapidité surprenante ; l'un après l'autre, les soldats musulmans se rendent à Santiago et adorent la Croix; Maricadel, vaincu par Ramiro, se déclare vassal du Christ et de Santiago; Zabario résiste avec un peu


• C0NTRIRUT1ÔN A L'ÉTUDE DES FÊTES DE « MOROS Y CRISTIANOS » 57

plus d'opiniâtreté, ainsi qu'il convient à l'importance de son personnage, mais il finit aussi par s'humilier devant la Groix. L'ambassadeur chrétien part pour Grenade annoncer à Pilate la défaite de son armée.

Nous avons un autre texte, également curieux, celui du dialogue intitulé Reto entre un « Moro » y un « Cristiano », qui se représente aussi dans la vallée de Teotihuacân, à San Sébastian, lors des deux fêtes du village, le 20 janvier, fête du saint patron, et le 8 septembre, en l'honneur de Notre-Dame de Lorette i. Le Maure y finit précisément par rendre hommage à la Sainte Vierge et à saint Sébastien. Ce texte interminable, extrêmement diffus et difficile à analyser clairement, n'est qu'une succession d'insultes, de vantardises et de discours théologiques, d'une lecture monotone et fatigante. Nous aurons à revenir sur le caractère didactique de ce dialogue. Ce qu'il faut relever pour le moment, c'est la manière dont l'auteur, ou les auteurs, bien qu'ils aient cherché surtout à honorerla Vierge., y ont souligné l'opposition de la Croix et du Coran. Le Chrétien s'écrie :

Viva Dios, viva su madré, viva el signo de la cruz, viva el madero triunfante !

Et le Maure lui répond :

l Quién ha dicho a esos traidores que el sacro profeta excelso no han de atender el poder, la grandeza y el respeto . de nuestro gran Alcoràn, a quien rendido venero ?

Il importe de signaler aussi certaines réminiscences dont nous verrons plus tard l'intérêt. Elles apparaissent dans différentes répliques du « Maure » :

Oh, doce pares de Francia ! I Adônde esta nuestro esfuerzo ? I Adônde esta ese Roldân? <? Adônde esta ese Oliveros? Ricarte de Normandia

1. Voir Teotihuacân, p. 351-362.


58 ■■' ■ SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

y lodos sus compafîeros ?...-' ... Te ju'ro por el gran Mauma quecumplo lo que prometo por el nombre de Fierabrâs.

/Mais ce qui joue,un rôle particulièrement important dans ce dialogue, c'est le fameux zancarrôn, l'os de Mahomet, comme le montrent les extraits suivants :

Cristiano.— ... j Como, osado y arrogante,

tan soberbiô y tan al'tivo,

le lias atrevido a decir

por que no hago sacrilicio . :- a ese tu vil profeta,

a ese tu Apolîn maldito,

a ese zancarrôn de Mauma ?... ,"; ■ ^eja ese infâme secta

de ese maldito hueso... Moro.— Que si vieras el milagro

que el santo Mauma esta haciendo

de mantenerse en el aire,

de gusto cayeras muerlo. Cristiano. — Te lie oido, y lie vlsto bien

tu santo titiritero,

heeho de cuatro pilares,

todo de piedra compuesto,

haciendo en cada una esquina

como el imân al acero, • pues el aire mueve al hueso,

que se llama zancarrôn, .

de ese tu dios embusterô...

Déjà lanto alabar

a ese frecuentado hueso,

porque'a mi ley se.han de dar ■'"'.. y a un Dios eterno creyendo...

Quand les deux adversaires sont fatigués de tant discuter, de tant s'injurier, et de se porter des coups inutiles, le « Maure » fait la proposition que voici : - .

Dëjemos ya de las armas :

ya no tenemos aliento ;

vamos a traer nuesti'os dioses, ' '.. .

que nos den valor y esfuerzo.


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES FÊTES DE « MOROS Y CRISTIANOS » 59

En fin, ellos pelearân por nosolros, al momento, y entonces conocerâs quién es verdadero y bueno.

Lé « Chrétien » apporte donc une image de la Sainte Vierge, et-le Maure apporte son zancarrôn, qu'il présente en ces termes :

Este dios que yo présente,

es dios Mauma soberano ; ■•.'■ este es mi Alcorân sagrado,

Marte, Jupiter y Venus. ; Este es el que en las mezquiias

se ha mantenido en el viento

y hace milagros distintos ;

y si no, ruégale al instante

que haga uno de los que lie dicho ;

veràs como todo es cierto.

Este es el que conocemos

por el ûnico dios nuestro ;

por eso lo veneramos

con humilde rendimiento.

En sus capillas y ritos, ■ en sus Iglesias y tem'plos,

damos lo que corresponde,

sacrificios y obsequios.

Ësto se hace en la morisma

con las reliquias y huesos

de Mauma, como ya dije,

que es el dios de los niahometos...

Et le « Chrétien » lui répond :

... ese hueso que présentas es de un condenado arriero ; que habiéndose rebelado entre la Turquia diciendo que él era el ûnico dios y a todos los dejô creyendo...

Cette lumineuse démonstration suffit à convertir subitement le « Maure», qui s'avoue vaincu et convaincu, et qui s'écrie ;

Ahora el dios que yo adoraba, que es ese maldito hueso,


60 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

lo arrojaré yo a los pies demi câballp en el suelo. .--' Que lé,'sir'va de escarmiënto, sepultado en los infiernos, pbrque fué un engafiador ■ _. / de lodito el mundo enlero.

Après avoir ainsi injurié l,e zancarrôn, il le foule aux pieds et le jette au loin ; puis il reçoit le baptême au milieu de la joie générale et parmi les accents de la fanfare du village : '

... yen inter te écho la agûa, dit le « Chrétien »,

suene ese coro festivo

para poder celebrar

el sacramënto y bautismo.

Le Reto est un dialogue animé de force gestes, mais seule la fête de moros y cristiânos comporte des danses. Celles-ci, d'après là description qu'en donne M. Geballos Novelo 1, se divisent en six parties :

1° Marcha. — Au début, lès danseurs sont disposés comme il suit : à gauche, sur une file, Zabario et les soldats maures, à droite, formant une autre file, Pilatos et les soldats chrétiens ; Santiago, l'Ambassadeur maure et le Cid sont au centré, réunissant de ce côté les extrémités des deux files. Les trois groupes se livrent à des évolutions diverses, au cours desquelles Santiago, l'Ambassadeur et le Cid brandissent leur croix et leur épée; à la fin/Santiago fait différents gestes des mains et des bras pour indiquer qu'ils vont combattre pour la croix, et tous avec leur épée jurent de lui être fidèles.

2° Conquisla. — Parmi les différentes figures qui forment cette division, dont le titre paraît assez impropre, il faut relever le défi que Pilatos et Zabario adressent à Santiago, au Cid et à l'Ambassadeur maure, et une brève conversation entre Pilatos et le Cid. Les évolutions finissent par un défi entre Santiago et Zabario.

3° Polka. — Il s'agit ici d'une série de danses pures, si l'on peutdire, sans.signification précise, sauf le serment de fidélité des « Maures », à la fin.

4° Batalla. — Pilatos est assis sur une chaise. « Maures » et « Chrétiens » se livrent à des évolutions qui sont censées représenter un combat,

1. Teotihuacân, II, p. 331-333.


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES FÊTES DE « MOROS Y CRISTIANOS » 61

tandis que Zabario bataille successivement avec Santiago, avec l'Ambassadeur et avec le Cid, puis de nouveau avec Santiago.

5° Muertos en el comhate. — « Chrétiens » et « Maures » se couchent par terre, comme s'ils avaient été tués, sauf Pilatos et Zabario qui restent assis au fond.

& Funerales. — Lutte entre Santiago et le Cid d'un côté et l'Ambassadeur maure de l'autre, puis entre Zabario et Santiago, le Cid et l'Ambassadeur maure 1.

UL'usage

UL'usage fêtes de moros y cristiânos remonte aux tout premiers jours delà période coloniale, car c'est bien par une morisma qu'en! 538 la ville de Mexico célébra la paix conclue à Algues-Mortes entre François Ier et l'Empereur Charles-Quint. Bernai Diaz del Castillo nous a conservé le souvenir de ces fêtes 2. L'organisateur fut le fameux gentilhomme romain Luis de Leôn 3. Il y eut des courses de taureaux, un simulacre de bataille entre Indiens sauvages, un autre simulacre de bataille entre les Indiens sauvages et un groupe de « jinetes y de negros y negras con su rey y reyna » ; mais le « clou » des réjouissances, ce fut la prise de Rhodes. On avait représenté la ville au milieu de la Plaza Mayor, avec ses tours, ses créneaux, et « tan al natural como es Rodas » ; elle était défendue par cent commandeurs, ayant à leur tête un grand-maître et capitaine général, dont Gortés était censé tenir le rôle ; et, continue Bernai Diaz, « estavan en vna emboscada metidas dos câpitanias de turcos muy al natural a la turquesa con riquisimos vestidos de seda e de earmesi y grana con mueho oro y ricas caperuças como ellos las traen en su tierra, y todos a cavallo, y esta van en çelada para azèr vn salto y llevar çiertos pastores con

1. Gn peut remarquer que plusieurs personnages de la Relaciôn sont absents de cette description, l'Ambassadeur chrétien, Maricadel et Ramiro. D'autre part, on s'explique mal le rôle de l'Ambassadeur maure qui figure tantôt parmi les adversaires, tantôt parmi les partisans de Santiago ; il est vrai que la logique et la vraisemblance ne président guère à nos morismas. Ou peut-être y a-t-il eu confusion de la part de M. Ceballos Novelo entre les deux Ambassadeurs.

2. Ch. CCI. Il faut se reporter à l'édition Genaro Garcia (2 vol., Mexico, 1904), II, p. 419-428, ou à celle de M. Carlos Pereyra (2 vol., Madrid, 1928), II. p. 486-494, pouravoirle texte intégral de ce chapitre.

3. Sur ce personnage, cf. nos Etudes et Documents pour l'histoire missionnaire de l'Espagne et du Portugal, Louvain, 1931, p. 161-168.


62 ; SOCIÉTÉ .DES AMÉRICANISTES . .

sus ganados que paçian cabe vna fuente, y el vn pàstor de los que los guar: daban se hùyo y dio aviso al gran maestro de Rodas y que lleyayan los turcos los ganados y pastores ;-salen los comendadores y tienen vna batalla entre los vnos y los otros que les quitarôn la presa del gan[aJdo, y vienen otros esquadrones de turcos por otra parte sobre Rôdas y tienen otras batallas con los comendadores y prendieron muchos de los turcos, y sobre esto luego sueltan toros bravos'para los despartir;.. »l.l.'-:

On se rappelle que ces fêtes piquèrent llamour-proprè des Indiens de Tlaxcala,qui tenaient à célébrer aussi l'heureuse nouvelle et qui ne voulaient pas faire moins que les Espagnols de Mexico. Puisque,à Mexico l'on avait représenté la prise de Rhodes, ils décidèrent de mettre en scène la prise de Jérusalem. Cela se passa le jour du Corpus de l'année 1539. On fabriqua également une ville fortifiée avec un donjon, des tours, une muraille crénelée et ornée — trait bien caractéristique des indigènes mexicains — deroses et de fleurs, « todolleno de rosas y flores », dit la relation de Motolinia 2. En face de la ville se trouvait le logement de l'Empereur, à droite le camp de l'armée espagnole, et à gauche celui des différentes tribus de la Nouvelle-Espagne; au milieu dé laplaza se dressait Santa Fë, où l'Empereur devait s'installer avec son armée. Comme c'était le jour du Çorpus,les fêtes se déroulèrent en présence du Saint Sacrement, placé sur mie tribune et entouré de personnages qui représentaient le Pape, les cardinaux et les évêques.

L'armée espagnole parut d'abord ; toutes les régions d'Espagne J figuraient, et àTarrière-gardevenaient lesî Allemands et les Italiens. Ensuite l'armée mexicaine fit son entrée. « Iban enla vanguardia, écritMotolinia,. Tlaxcal.lan y Mexico ; estes iban muy unidos, y fueron muy mirados ; llevaban el estandarte de las armas, reaies y el de su capitan général, que era Don Antonio de Mendoza, virrey de Nueva Espâna. En la batalla iban los Huaxtecas, Zempoaltecas, Mixtëcas, Colhuaques, y «nascapitanias que se decian del Perû eislas de Santo Domingo y Guba / En la retaguardia ibanlos Tarascosylos Guauhtemaltecas. » Aussitôt les Espagnols donnèrent l'assaut à Jérusalem ; les Maures.sortirent sur l'ordre du Sultan, mais ils furent battus et durent se renfermer dans la ville. Alors ce fut . aux Mexicains à donner l'assaut ; les Maures firent une nouvelle sortie, subirent une nouvelle défaite, et se replièrent de nouveau. Là-dessus la

1. Nous suivons lé texte de Genaro Garcia, II, p. 421-422, en modifiant seulement l'orthographe et la ponctuation pour le rendre plus accessible. Le texte 'dé'M; Pereyra eii diffère sur un point : « ... diô aviso al gran maestro de Rodas. Ya que llevaban los Tur.cos los ganados y pastores, salen los comendadores etc. » (II, p. 489).

2. Motolinia, Itisloria de los lndios de la Nueva Espatla, I, çh. 15, édit. Sânehez Garcia, Barcelone, 1914, p. 84-93.


CONTRIBUTION A l/ÉTUDE DES FÊTÉS DE « MOROS Y CRISTIANOS » 63

Galilée, la Judée, la Samarie, Damas et toute la Syrie envoient des renforts à Jérusalem ; les Maures réconfortés font aussitôt une troisième sortie»/ bousculent si rudement les Espagnols et les Mexicains que l'Empereur-, ; informé de cette grave situation, décide de partir en personne, avec une troisième armée, pour Jérusalem, ou il arrive flanqué du roi de Erancéet du roi de Hongrie, « con sus coronasen laseabezas ».

Tous ensemble s'installent à Santa Éé. Les Maures sont d'abord pleins/ de terreur, mais ils reprennent courage et remportent même un avantagé sur les Espagnols. Alors l'Empereur dépêche un messager au Pape pour lui demander le secours de ses prières. Le Pape ordonne aussitôt des prières dans toute la chrétienté, et concède un jubilé; Puis, avec ses cardinaux, il se met à genoux devant le Saint Sacrement et commence à l'implorer/ L'armée espagnole en fait autant. Un ange apparaît, qui les rassure, leur annonce que Dieu a seulement voulu les éprouver., que leurs prières sont/ exaucées et que le Seigneur leur envme TApôtre saint Jacques. Dès que. celui-ci se montre, sur son cheval blanc, au milieu des acclamations dés Espagnols, les Maures, saisis de panique, s'enferment dans la ville./Les Mexicains alors essaient d'enlever celle-ci ; mais ils sont repoussés. A leur tour, ils se mettent en prière. Et un autre ange apparaît^ et leur tient;; un discours analogue à celui du premier : Dieu a voulu les éprouver et leur montrer que sans son aide ils ne peuvent rien; mais il a exauce leurs prières, et il leur envoie saint Hippolyté,dont on célébrait la fêté le "jour où Tlaxcaltèques et Espagnols, fraternellement unis, prirent la ville/de Mexico. Saint Hippolyté arrive en effet/monté sur un chevalnoir; Il se met à la tête des Mexicains, Santiago à là tête/des Espagnols,/etTon donné; l'assaut. La bataille est fort dure, jusqu'au moment où apparaît Tarchàhgé saint Michel qui s'adresse aux Maures : Dieu/leur pardonne tous leurs péchés parce qu'ils ont respecté les Lieux Saints, niais, à la condition qu'ils se convertissent et fassent pénitence, Le-Sultân et les Maures, subitement éclairés, décident de se rendre : le Sultan envoie à l'Empereur sa lettre de soumission, signée « El Gran Soldân de Babilonia, y Tetrarca de Jerusalén ». Puis il va rendre hommage à l'Èmpèreur et au Pape« Traia también muchos Turcos o Indios adultes que de industria teniân para bautizar, y alli publicamente demàndaron el bautismo al Papa, y luego Su Santidad mandé a un sacerdofe que los baulizase., los cuales: ; actualmente fueron bautizados. Con esto se partie el Santisimo Sacramento, y tornô a andarla procesiôn por su prden ».

Outre les fêtes racontées par Bernai Diaz et Motolinia, nous connaissons


64 - SOCIÉTÉ DES A5ÎÉRICANISTES

l'existence d'un certain nombre de réjouissances qui eurent lieu durant la période coloniale et qui peuvent être rangées dans la catégorie des fêtes de moros y cristiânos. C'est ainsi que pour célébrer l'arrivée du vice-roi comte dé: Monterrey, dans les dernières années du xvie siècle, on organisa à Guadalupe une Escararnuza à laquelle pri t part la fleur de la noblesse mexicaine; les uns, habillés en chevaliers de Malte, défendaient un château qui était attaqué parles atttresj déguisés en Turcs 1. En 1649, les fêtes de là consécration de la cathédrale de Puebla comportèrent des moros y cristiânos 2.Le 7 mai 1651/les bouchers de Mexico célébrèrent la fête de la Sainte Croix par des manifestations du même genre; il y eut une màscaradeoù figuraient des indiens, Moctezuma, Cortés, "des Maures et le Grand Turc, une pantomime où l'on voyait les Maures s'emparer de la Groix et l'emporter dans un château au haut duquel apparaissaient le Grand Turc, « sèntado con noble gravedad y acompaîiamiento, y la Gruz én/lugar emmente »?. D'autres fêtes de moros y cristiânos nous sont signalées à Mexico en mai 1688, en janvier et en mai 1689, en l'honneur de la Sainte Croix 4. Au xvme siècle, les fêtes de moros y cristiânos paraissent s'être multipliées ; dans la seule Hisloria del Toreo de M. Nicolas Range!, on peut relever en effet : octobre 1732, à Puebla, pour,la célébration dû deuxième centenaire de la fondation de la ville ; fin 1732, àMéxico, pour fêter lareprise d'Orah et de Mers el Kebirpar les Espagnols; février ; 1733, iàTIaxcala, .pour le même motif ; août 1738, à Tlaxcala encore, à l'occasion de solennités en l'honneur de Notre-Dame de Guadalupe; décembre 1755, à Mexico, à l'arrivée du vice-roi, marquis de las Amarillas ; janvier 1788, à Mexico encore 5. En 1762, les fêtes du serment de fidélité a; Charles H! comprirent aussi, à Pachuca, des carreras de moros y cristïanos^ en présence dû Grand Turc 6. Enfin, la saison tauromachique

1. Cf. Genaro Garcia, Don Juan de Palafox y Mendoza, Mexico, 1918, p. 213-214, et Manuel Romero de Terreros, Torneos, mascaradas y fieslas reaies en la Nueva Espana, Mexico, 1918, p. 40,

2. Cf. Nicolas Rang-el, Hisloria del Toreo en, Mexico, Epoca Colonial [4329-182-1], Mexico, 1924, p. 34.

3. Cf. Rangel, op. cit., p. 87-88.

4. Cf. Rangel, op. cit., p. 99 et Mariano Cuevas, S. J., Hisloria de la Iglesia en Mexico, tomeIII, 3e édif., El-Paso, 1928, p. 497 note. La date donnée par le P. Cuevas est du reste inexacte; c'est en janvier 1689, le lundi 24, qu'eurent iieu les moros y cristiânos en l'honneur de la Sainte Croix, el non en janvier 1687, mois où le journal d'Antonio de Robles ne signale aucune fêle de ce genre (cf. Diario de Sucesos Notables, dans Doc. para la hisloria de Méjico, tome II, Méjico, 1853, p. 468-470,et tome III, même date, p. 7).

/ 5. Rangel, op. cit., p. 125, p. 127, p. .134, p. 139 et p. 192. .45. Cf. Romero de Terreros, Torneos etc., p. 78-79.


CONTRIBUTION À L?ËTUDE DES FÊTES DÉ « BÏOROS Y CRISTIANOS » 65

organisée à Mexico en décembre 1803 comportait des évolutions de moros y cristiânos'. ... ' .

Au Miéhoacân, lés fêtés de moros y cristiânos étaient particulièrement éii honneur; Dutempsvdù ehroniqueurfranciscain LaReâ, dont l'ouvrage parût en 1643, le combat avait lieu entre Chrétiens et Chichimèques, mais le thème était exactement le même./Cette intervention des Indiens sauyages/senible remonter au xvie siècle^ du moins les avons-nous vus paraîtreen 1338 ayant la prise de Rhodes, et, d'après la tradition guadaluj4n^ji?rS4éIasol_énriéllep le 26 décembre

1531, pour transporter d'image miraculeuse à la chapelle du Tëpeyac, les Indiens simulèrent une bataille entre Mexicains et Chichimèques 'l. A l'époque de La Rea, c'était pour célébrer la fête de l'Invention de la Sainte Groix.que les Târàsques se livraient; à ces simulacres. "Le P. Mafias de Escôbar, religieux augustin qui, dans la seconde moitié du xvnr 2 siècle, consacrait aux missions de son Ordre au Michoaeân un ouvrage pesant et diffus intitulé Americana Thebaida, nous parle de fêtes dumênie genre. Mais, chez lui, c'est bien de « Maures » qu'il est question, et les fêtes avaient lieu, comme aujourd'hui, pour honorer le saint patron du village. Les Indiens se divisaient en deux groupes, les moros, tous à cheval, commandés par le Grand Turc, lui-même entouré de captifs, et l'infanterie espagnole, ayant à sa tête un capitân, .flanqué d'un sargento, d'un maestro de campo, d'un alferes et de cahos. Lés fêtes duraient huit jours, et comportaient pendant les sept premiers dès courses de taureaux auxquelles prenaient part' « Maures » et « Chrétiens ». « El vltimo dia, écrit Escobar, tienen en la plaza su combate guerreando Moros, y Cristiânos los quales quedan siempre vietoriossos, para asï âprisipnar alos Moros, que pressos y amaniatados, los traen ante el Ministro, para que en la puerta de la

1. Voici un extrait du programme, tel qu'il est donné par M. Rangel (op. cit., p. 335) : « Primer dia. Toros y a là tarde se presèntarân dos cuadrillas de Moros y Cristiânos, veslidps con toda propiedad, y montados en buenos caballos, con el respectivo séquilo de Cautivos y Esclavos : Jugarân, corrérân y escaramuzarân algunos en Pofros que ?io han ienido silla : Sus evoluciones serân caracoles, peynes, parejas, otros circulos y labores de mucha vista y- dèstrezà : Los précédera un gran golpe de Mûsica, con cajas e instrumenfos, para el gobiefno y manejo de ellos ». On voit par ces détails que cette morisma était en fait une espèce de fête charra, très mexicaine.

2. Cf. Florencia, La Eslrella del NortedeMé&icofch. XIX (édit. Agustin de la Rosa, Guadalajara, 1895, p. 115). Ce récit, qui vient de Miguel Sânehez, a été repris parles historiens modernes des apparitions et du culte de Notre-Dame de Guadalupe, par exemple La Virgen del Tepeyac, Gaadalajara, 1884, p. 45-46, et Agustm de la Rosa, Disserlatio Ilislorico-Tlieologica B. M. V. de fxuadalupe, Guadalajara, 1887,

p. 141. . . "'.;..■

Société des Américanisles. 1U32. 5


66 -■■/■/;"■ SOCIÉTÉ DES ATvIKRICAMSTES .

Iglesia le haga là cèremonia de que los baptiza, y con csto dan fin a sus fiestas » i. ■ : '//

: : Il est probable que la fréquence et le succès des morismas durant la ■ période coloniale ne s'expliquent pas uniquement par ce besoin de divertissements qui, à lirëlés documents d'alors, paraît avoir été un des traits dominants de la population de la Nouvelle-Espagne. Ils s'expliquent aussi par ce fait qu'au xyine siècle /comme au xvic la lutte contre les Maures était uii sujet d'actualité, auquel on s'intéressait vivement et que l'on suivait avec attention. Ainsi le second évoque de Nouvelle-Galice, Fr. Pedro de Ayala, écrivant à Philippe II le 6 février ^565, de Guadalajara, commence sa lettre eii ces'termes : « El alegria que yo e recibidode lasbitorias que Nuestro Senor a sido sernido dar a Y. M. asi en lo del Peîiol como en lo de Melilla a sido como de verdadero sieruo eapellân'y vasallo de Y. M..;... ^ » 2. La bataille de Lépante fit certainement beaucoup de bruity d'autant plus/que, si Ton en.croit ceriains historiens, une image de Nôtre-Dame de Guadahipe aurait orné le navire d'André Doria 3; Gonzalez de Eslaya consacre un de ses coloquios à la victoire des armes chrétiennes^, que l'on/commémorait pompeusement le 8 octobre de chaque année^. On fêta de manière analogue la reprise d'Oran en 1732, et la Gazetajde Mexico, publiait fréquemment des nouvelles de cette place, de Meknès, de Geutâ et de Constantin o pie .

1. Americana Thëbàida,. Gh. NUI. Nous avons suivi rêxêëÏÏent'travail du D 1' Nicot : lâs Leôn, Los Ta.rasc6s. Terçera Parlé. Etnôgrafia post-çorlésîanâ ;y<açtual, :dansAnales .del Museo Nacional de-Mexiço, - 2a Epoca, tome IÎI (1906), /'p/29.8-479, spécialémen. i: p. 329-330 et ■p;. 431-435/ies chroniqueurs ne disent,pas'Bi.iSaùjgiigb; figurait dans ces :fêtes;; mais c'est assez vraisemblable. — D'api'ès M. MigUëïiGlali:n;dbj:':pn.'à'tar^Liï.'cëlé_'-:

bré aussi a Colihiâ, durant la période coloniale, les. fêtes de moros y cristiânos '(cî_.

Colima. en -eZ espacio,enel'tiempoy,enla vida, p. 246, diïns/BpZe&i^e laSocïedad .Mexicana de Geografia y Esladtstica,.tome 41 (1929), p. 225-27.6)// ..-'..'''■-'

/ 2. Francisco Orozco y Jiménez, Çolecciôn de Doc. hist. ihêclilos of.inûy ràros referènies

referènies Arzobispado -de Guadalajara, vol. I, Guadalajara,31922,/pi 280. 3. « Una preciosa imàgen de la Guadalupana de Mexico ijue.lioy se venera en el

puèblo de San Esteban.de Àveto en el Norte de: Italia, andiivo nâda'menos que en la

Nao Alniiranla del célébré An.drés Doria durante la colosal/batalia de Têpanto. Hay ■;.sobre ella tradiciôn seriày. âceptàble, aunqué todaviâ no.pârëfee, o no quieren ensefîar/

la documehtaciôn original que se conserva en el Àrchivo délâ.ÇâsaDoria'Paniphili ».

(Mariano Cueyas, S.. J/yAlbum Hislôrïco Guadalupano, Mexico, 19^30, ; p. 265).: /

4.. Gonzalez de Eslava, Coloquios espiriiuales y'. sacrameniâlësy pdesias sagrâdâs, ::M..J, Garcia Icazbalceïa, Mexico,; 1877, p. 153-161. ;« Cbl^uio/-Doce./Dèfla^Batalla: ■Naval que. el.Sérënisimo Principe. D.Juan dé Austria tuvbcôn/elTnrcb'/n' // // /S. d, Gazeta de. Mexico, ir? 35. (octobre 1730), dans Nicolas.' Leôn, •Bibliografia

mexicana delsiglo XYIÎI, Sécciôn Primera, Segurtda Parte,/Méxiéô, 1903, p. 207,;


CONTRIBUTION, A. D'ÉTDDE DES 3?ÊTES DE. «MOROS ï CRISTIANOS ». ^ 67 :

Enfin, nous avoïis une Relaciôn qui est certainement de l'époque coloniale : c'est la Destfucciôn de Jerusalén, dont le texte nahuatl a été publié, avec une traductioii castillane, par Pàso y Troncoso'*. A dire vrai, les Maures ne figurent/point dans ce texte; ce sont les Juifs qui les remplacent. Mais à leur tête nous trouvons notre vieille connaissance Pilate, et c'est là, croyons^iious, qu'il faut chercher l'explication du rôle joué par pilate et divers autres personnages, comme Archelaûs, dansles moi'ismas actuelles/ G'est pourquoi nous rattachons cette Relaciôn au même groupe que lès spectacles que nous venons d!examiner 2.

ypici la liste des personnages, à laqueUe nous ajoutons entre parenthèses lés formés plus ou moins fantaisistes querevêtent leurs'noms dans la copie nahuatl:

PERSONAJE QUE NO HABLA La Veronica (Berunica/Vèrunica,.Pironica)

PERSONAJES QUE HABLAN

Vespasiano Emperador (Berbasiano, Bervasiano, Vervasiano, Pervâsiano, Verbasiano).

Tito su hijo (Tidos, Tiros)

Caio Senescal (Gain, Gain)

Clémente discipulo de Cristo

Gaballeros romanos

Un juglar

Nobles de Viena (Biana, Viana, Piana)

Un guardiân

Pilatos Gobernador (Pilatus, Pi/

Pi/ /

;Arquelao Bey (Archareo, Alchareo)

Alchareo) Gaballero Jafel Senor de Jafa (Jàfa) Jacobo liuéspedde Gain Judios principales J udios plebe3'os Un esclavo judio

Au début de la Relaciôn on Ut ces lignes : « Aqui se asienta su vida

1. Biblioteca Nâuatl. Vol. I. El Teatro {cuadernô 4°). Destruction de Jerusalén. Auto en iengua mexicana (anônimo) escrito con letra de fines del siglo XVII. Traducido al caslellano por Francisco del Paso y Troncoso, director en misiôn del Museo Nacional de Mexico, en homenaje al XIV Congreso Internacional de Orienlalislas celebrado en Argel de 19 al 26 de Abrilde 1905. — Florence, 1907.

2. M. Ceballos Novelo a en outre publié un fragment 1res court des Alchileos (= Alchareos, Arquelaos?) de Teotihuacân (Teotihuacân, II,p. 329-330) où apparaît le Caio de la Destruction sous la forme de Gallin, et où c'est Santiago qui joue le rôle de Vespàsien.


68 SOCIÉTÉ DES AMÉRICAN1STES '

del Senor Santiago Apôstol. Gômo aconleciô (que Yespasiano) â ella. la gran ciudad de Jerusalén, la destruyo comhatiendo, (y) â los Judios y â " Pilatos. Aqui esta principiando su plâtica :lo que se dignô decirle (â Pilatos) cuando alla mandé â Caio. De modo que de ella, (la) gran Ciudad (de) Roma, pasarââella,â Jerusalén, cercadeél, de Pilatos ». Paso y Troncoso ne s'explique pas la première phrase. Nous croyons qu'elle signifie simplement que la pièce se déroulait en présence de Santiago, que l'on voulait ainsi honorer, de même que Y auto de Tlaxcala, le jour de la Fête-Dieu, se passait devant le Saint Sacrement 5. Cet autre trait nous autorise à ranger la Destrucciôn de Jerusalén parmi les morismas.

La Relaciôn est na turellement assez confuse et parfois incohérente : le texte nahuatl présente de grandes difficultés, et il en résulte que Paso y Troncoso a été réduit à traduire littéralement, et parlant, d'une façon qui n'est pas toujours aisément intelligible. L'empereur Vespasien a envoyé Caius son sénéchal porter à Pilate une lettre, où il dit à celui-ci son mécontentement de voir qu'il refuse de payer le tribut annuel. C'est Archélaûs qui transmet le message à Pilate, lequel ne sait que répondre ; Archélaûs lui conseille de ne pas tenir compte des reproches de l'Empereur etd'afïïrmer ouvertement son indépendance. Les chefs des Juifs approuvent les conseils d'Archélsûs. Pilate charge donc.Caius de répondre dans ce sens à l'Empereur. Le sénéchal rentre à Rome; il emmène sainte Véronique, dont le voile doit guérir le visage de Vespasien. Celui-ci les reçoit aussitôt, ainsi que Clément 2, qui raconte à Vespasien la vie et la Passion du Christ et lui présente le Saint Suaire ; mais, avant de se laisser guérir, l'Empereur tient à jurer d'aller à Jérusalem venger la mort de Jésus. Puis Clément et Véronique lui passent le voile sur le visage. Il leur demande alors quelle récompense ils désirent; Clément répond qu'ils ne souhaitent aucune récompense terrestre, il prie seulement l'Empereur de se faire chrétien et de conseiller à ses sujets de se faire chrétiens comme lui.

A la tête de son armée, Vespasien part pour Jérusalem. Il somme Pilate de se rendre, qui lui répond par un défi. On livre bataille sans résultat décisif. Jafel suggère à l'Empereur de prendre la .ville par la famine et lui indique le moyen de protéger son armée de la soif. Pilate comprend qu'il

■ 1. « Su vida del Senor Santiago » signifie sans doute que Santiago était représenté par un acteur en chair el en os. On peut se demander du reste s'il n'y a pas ici une confusion plus ou moins consciente avec saint Jacques le Mineur, dont la tradition faille premier évêque de Jérusalem. — Voir plus haul la note sur les Alchileos de Teotihuacân.

2. Le. texte n'indique clairement ni qui est ce personnage, ni de quelle maladie est atteint l'Empereur. L'histoire est peu intelligible si l'on ignore la légende de sainte Véronique. Sur cëdérnier point, voir plus loin.


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES FÊTES DE « MOROS Y CRISTIANOS » 69

est perdu, et il charge Archélaûs d'aller implorer la clémence de Vespasien; mais celui-ci veut une soumission sans conditions. Archélaûs, désespéré, se suicide en se jetant sur son épëe, et c'est Monques qui porte, à Pilate la réponse de l'Empereur. Après une discussion avec les Juifs, Pilate décide alors que tous iront se jeter aux pieds dé Vespasien pour le toucher de pitié. Mais il commence par aller voir.Titus, qui écoute ses protestations de repentir et qui accepte d'intercéder auprès de son père/ Il échoue : Vespasien est furieux contre le rebelle et refuse de lui pardonner. Pilate se résigne donc à se rendre sans conditions ; à son discours Vespasien répond en lui rappelant la Passion et la mort dû Christ, puis son insolente rébellion contre l'autorité de l'Empereur; Pilate ne mérite aucune pitié. Vespasien l'enchaîne lui-même, et il ordonne de vendre les Juifs comme esclaves. Puis Clément lui demandé encore d'accepter le baptême, et Vespasien répond par un acte de foi. Là-dessus on voit apparaître lés nobles de Vienne, qui prient l'Empereur de leur livrer Pilate ; ce sera pour eux et pour leur ville un grand honneur que de lé garder et de lui infliger le châtiment que l'Empereur lui imposera. Vespasien finit par accéder à leur supplique; au dénouement nous voyons Pilate à Vienne; son chien vient hurler devant sa prison. L'esclave qui le garde révèle aux chefs de la. ville, en échange de la liberté, jiourquoi Pilate ne/peut pas mourir : c'est qu'il a sur lui un linge que portait le Christ le jour de la Crucifixion. Les chefs . vont trouver Pilate, lui ôtent ce linge, et il meurt aussitôt.

III

A l'époque actuelle, c'est en général le jour du patron du village que l'on célèbre les fêtes de moros y cristiânos. Toutefois, ce n'est pas un usage absolu : les morismas de Zacatecas ont lieu à la Saint-Jean-Baptiste, celles d'Àguascalientes le 31 juillet, à la Saint-Ignace '; à Papantla —. comme à Tlaxcala du temps de Motolinia — c'est au moment du Corpus que s'exhibent « Maures » et « Chrétiens » ; à Chihuahua, c'est pendant la Semaine Sainte. Mais la date la plus intéressante pour nous est/éer-- tainement celle de Taxco. Miss Frances Toor nous signale en effet que, en 1930, les fêtes de l'église de la Santa VeraCruz de Taxco, qui comportaient des moros y cristiânos, furent célébrées le 27, le 28 et le 29 mars. Elle ne paraît pas s'être demandé pourquoi des fêtes en l'honneur de la Sainte Croix eurent lieu à cette date-là; Or, si l'on consulte un calendrier, on constate que, en 1930, le quatrième dimanche de Carême tombaitTé

1. Communication amicale de M. Ezôquiel A, Châvez.


70 /SOCIÉTÉ 11IÎS AMÉRICAKiSTES

30 mars, et que le vendredi précédent, 28, on célèbre en quelques endroits la fête des cinq plaies de ; Notre-Seigneur ; mais surtout, le quatrième dimanche de Carême, dimanche de Laelare, qui est une espèce d'arrêt jo\*eux au milieu-de cette période de pénitence, analogue au dimanche de Gaudete en A vent, est: en partie consacré à la pensée et au culte de la Croix, et, à Rome, la;station a lieu à l'église Sainte Groix de Jérusalem, fondée par sainte Hélène pour y recueillir les reliques de la Vraie Croix. Ce lien 1 entre les Têtes de moros y cristiânos et le culte delà Croix n'est pas un fait isolé. Nous savons aussi qu'au Michoacân, d'après La Rea, les combats de Chrétiens et Chichimèques avaient lieu le jour de l'Invention de la Sainte'-Groix (3 mai), et que, en 1651, en J 688 et en 1689, à Mexico, les fêtes de la Santa Çtuz comportèrent des exhibitions de moros y cristianos].

Il faut se rappeler d'autre part que, le 16 juillet de chaque année, on célèbre en Espagne une fête intitulée El Triunfo de la Santa Cruz.; cette fête commémore la fameuse bataille de Las Navas de.Tolosa(12^2) contre les Maures, au cpùrs'de laquelle, suivant la tradition, la Croix apparut à l'armée chrétienne quirâttfibua la victoire à cette manifestation miraculeuse. Ce titre de Triunfo. de-la Santa Cruz, on pourrait aussi bien le donner à nos morismas ; la Relaciôn de Teotihuacân est à elle seule significative. De ces observations, il résulte que l'on peut préciser la portée liturgique des-fêtes de moros y cristiânos et conclure qu'elles sont liées au culte de là Groix. Elles y sont liées du moins dans une certaine mesure, car il n'est pas permis d'être absolu sur ce point. Il importe de ne pas oublier, en effet- que la « Junta Eclesiâstica » de 1S39 interdit aux Indiens de se livrer à des areitos lors de la fête du patron de leur village 2, ce qui permet de supposer qu'ils avaient pris l'habitude de le faire. Il s'agirait donc de deux traditions' concurrentes qui auraient également .survécu. '"'".'

Considérées comme une représentation symbolique du triomphe delà chrétienté sur le paganisme ou l'erreur, les fêtes de moros y cristiânos doivent être rapprochées d'autres réjouissances populaires qui ont été signalées sur différents points du Mexique. La plus caractéristique est la fameuse danse de la conquis ta, qui représente la victoire de Corlés et des Espagnols sur Moctezuma et ses troupes, et qui a été relevée surtout

1. Cf. Rangel, op. cit., /p. Su'et p. 99. En 1051, les féies eurent lieu le dimanche 7 mai, c'est-à-dire le dimanche après l'Invention de la Sainte-Croix. —M., Darîo Hubio a eu l'obligeance de nous signaler qu'à Guanajuato les fêtes de moros y cristiânos ont lieu au mois dé septembre, pour l'Exaltation de la Sainte Croix.

2. Cf.icazbalceta, DonFrày Juan de Zumùrrugn, Mexico, 1881, Appendice, p. 120121.


CONTRIBUTION À ' L'ÉTUDE DES FÊTES DE « MOROS Y CRISTIANOS » 71dans

71dans d'Oaxaca, par exemple à Juquila et à Zaaehila l ; à Zaachila, outre Gortés et Moctezuma, la dans'e met en scène Alvarado et « las Malinchés », incarnées par deux petites filles. A Juquila, Moctezuma et ses sujets sont forcés d'adopter le christianisme, tout comme de vulgaires Maures. A Zaaehila, le dénouement est plus tragique : Moctezuma est pris et mis à mort, comme Pilate. Ainsi que nous l'avons fait observer, la fête des Tastoanes du Jalisco peut être regardée comme une contamination, avec renversement du sujet, de la conquista et des moros y crfstianos.YJn autre exemple du même cas nous est fourni par la fête célébrée à Mexico lé 7 mai 1651 en l'honneur de la Sainte Croix ; le second de ces deux éléments y dominé, mais Cortés et Moctezuma y figuraient à côté dès Maures et du Grand Turc 2.

Certaines fêtes de Carnaval doivent être aussi rapprochées de la lutte entre les Chrétiens et les sectateurs de Mahomet, par exemple le fameux carnaval de Huejoztingo (Puebla), qui comporte des simulacres guerriers où figurent les Turcs, Tes Français, « los Zuavos », les Zapadores, les Zacopoaxtlas (Indiens de la Sierra de Puebla qui combattirent avec succès les Français en 186i), les Tarahûmaras, des Indios Bàrharosetle célèbre bandit Agustin Lorènzo avec ses hommes s.. Nous y verrions volontiers une fusion des moros y cristiânos avec des scènes inspirées de l'histoire du village et dé ses luttes contre les ennemis de l'extérieur, étrangers ou pillards. ..-':■'■■

D'autre part, le rôle prépondérant joué par Santiago dans ces manifestations montre de façon évidente qu'elles sont étroitement liées au culte de ce saint. La chose rie saurait surprendre puisque Santiago était; avec sainte Foi, lé grand patron des chevaliers qui luttaient pour la Croix contre le Croissant. Elle a même été marquée, inconsciemment, par un chroniqueur arabe, qui déclareque la ville de Santiago est pour les chrétiens ce qu'est la Kaaba pour les musulmans 4." Et ce lien nous amène

1. Cf. Frederick Starr, In Indian Mexico, Chicago, 1908, p. 30, et Adolfo Velasço, Semblanza de la.villa de Zaachila, Oax., aniigua capital del reinô de los Zapotecas, p. .163-187 (dans Bol. de la Soc. Mex. de Geog. y Est., tome 41 (1.929) p. 131-171)//A Zaachila, cette danse s'appelle « danza de las plumas ». — Dans Mexican Folkways, avril-juin 1929, p. 60, Miss Toor ne s'explique pas defaçon claire, et l'on ne comprend pas si elle a vu la danza delà conquista dans l'État de Mexico ou ailleurs.

2. Cf. Rangel,'op. cit., p. 87-88.

3. Cf. Mexican Folkways, janvier-mars 1929, Carnavales en lospueblos, p. 10-49 (Huéjotzingo, par Frances Toor, p. 14-27).

4. Cité par Bédier, Légendes épiques, III, Paris, 1912, p. 74.


72 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

immédiatement à chercher dans les Chansons de geste l'origine lointaine de nos moros y cristiânos: De fait, des éléments communs apparaissent . aussitôt çà" et là : mêmes idées fantaisistes sur l'Islam et les musulmans, dû reste communes à tout le Moyen Age 1, mêmes disputes thëologiqùes, mêmes défis, mêmes messages insolents, même multiplication des ambassadeurs. On a pu relever dans le 'Reto de Teotihuacân Ta mention des Douze Pairs, de Richard de Normandie^ qui figure quelquefois parmi eux, et de Fierabras. De même, le /?eio du Guerrero semble se rattacher à l'épopée carolingienne 2.

Ge qui vient singulièrement confirmer cette hypothèse, c'est l'existence à Martres-Tolosanes, sur le chemin de Saint-Jacques, d'une fête de «Maures et Chrétiens » qui se célébrait encore au moment où M. Bédier publiait la deuxième édition de ses Légendes épiques. Il ne nous semble pas inutile de reproduire la description qu'il en donne d'après MM. Ernest •Roschach et Antoine Thomas ; on y retrouvera le thème des morismas mexicaines. « Tous les ans..., le dimanche de la Trinité, les jeunes gens du bourg se costument les uns en Sarrasins : turban blanc et rouge à gansés d'argent, plastron yèrt orné d'un croissant jaune, ceinture de soie écarlate et pantalon bleu à bouffantes ; lés autres en chevaliers chrétiens : ils portent la cuirasse et des casques chargés d'une croix d'argent sur le timbre. Tous sont armés de lances et chaque camp a son étendard: c'est, pour les chrétiens, une bannière bleue, ornée de l'image de saint Vidian; pour les-Maures, un drapeau mi-partie de vert et d'orangé avec des croissants argentés. Ils assistent tous à la grand'messe, chrétiens et mécréants, fort dévotement, puis ils escortent le clergé qui, chantant Tliymme de saint Vidian, porte en procession son buste en bois doré. Le cortège s'achemine vers la fontaine miraculeuse où le saint mourût. Pendant cette marche solennelle, les. bonnes âmes voient, perler dés gouttes de sueur sur le buste doré du martyr. Parvenu sous les ombrages de la source, le célébrant y lave l'image du chevalier en mémoire de ses blessures/et les deux armées se déploient face à face dans un champ dont on a loué la récolte pour Tannée. Aussitôt commencent des évolutions guerrières : les flammes rouges, noires, blanches et bleues flottent au vent, les cuirasses étincellent, les vestes orangés, 1 les turbans rouges resplendissent dans la verdure, et les chevaux de fermé, affranchis pour un jour

1. Cf. John Kirtland Wright, The Geographical Lore of the lime of the Crusades, - American Geographical Society, New York, 1925, p. 297.

2. Il nous paraît superflu d'insister sur tous ces traits qui sont bien connus, surtout depuis Les Légendes épiques de M. Joseph Bédier (4 vol., Paris, 1908-1913). Pour les deux premiers volumes, nous nous servons de la deuxième édition, Paris, 1914 et 1917. . ■<•■"'


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES FÊTES DE « MOROS Y CRISTIANOS » 73

de leurs servilés corvées, représentent du mieux qu'ils peuvent; les fines montures des;infidèles et les destriers des paladins.... »,L Ce tournoi rustique se termine par la capture du drapeau des Maures.

Mais il est bien évident que l'on ne peut légitimement parler que d'une origine lointaine. La matière, les thèmes, les personnages des Chansons de geste ne sont probablement pas venus directement en NouvelleEspagne. D'un autre côté, l'hypothèse des Chansons de geste n'explique pas tout : beaucoup d'éléments de nos morismas leur paraissent étrangers; si. elles sont une des sources lointaines du Reto de Teotihuacân, on y chercherait vainement l'origine des Moros de la même région, ou de la Destrucciôn de Jerusalén,. Mais nous avons été tout naturellement

■ entraîné jusqu'à elles parce que les trois genres littéraires avec lesquels nos fêtes sont en étroite connexion ont recueilli et transmis, mêlée du reste avec beaucoup d'autres éléments, la matière des Chansons de geste V Nous voulons parler de la Primera Crônica General de Espana, du Romancero et des romans de chevalerie.

C'est ainsi, en effet, que l'on retrouve dans la Primera Crônica General l'épisode central et certains éléments de la Relaciôn de Teotihuacân. La. Crônica raconte que Ramire IeL; d'Asturies refusa de reconnaître le traité qu'un de ses prédécesseurs, le roi Mauregato, avait conclu avec les Maures et par lequel les Chrétiens s'étaient engagés à livrer à ceux-ci tous les ans cinquante jeunes filles nobles et cinquante jeunes paysannes/ Au cours de la guerre qui fut la conséquence de ce refus, les Chrétiens, faillirent être vaincus, et furent obligés de se réfugier sur la colline de

-Clavijo : pendant là nuit, Santiago apparut en songe au Roi et lui promit son aide pour là bataille du lendemain. Le jour suivant, en effet, l'Apôtre, monté sur un cheval blanc, combattit-parmi les Chrétiens, qui remportèrent là victoire s.

Mais, naturellement, la Relaciôn de Teotihuacân n'a pas échappé à ce système de contamination qui est un des traits caractéristiques des moiismas. Ce n'est pas Ramire Ier qui réclama aux Maures le corps de saint Pelage, le jeune martyr de Cordoue; c'est Sanche Ier « el Gordo », et la .

1. Légendes épiques, I, p. 425-426.

2. Cf. Menéndez y Pelayo, Tralado de los romances viejos, I (Madrid, 1903), p. 12, . et Origenes delà novelà, I (Madrid, 1905), p. cxxvn, et R. Menéndez Pidal, Estudios lilerarios, Madrid, s. d.r (1920), p. 218-232, Poesiajuglâresca y juglares, Madrid, 1924, p: 309 sq., et La EspailadelCid, Madrid, 1929,-.p. 9-10 et p. 970-971.

3. Primera Crônica General de Espana, éd. R. Menéndez Pidal, tome I (texte), /Madrid, 1906, § 629, p. 359-360. Sur le roi Mauregato, § 605-606, p. 344-345. — Sur

la bataille dé Clavijô et le tribut des cent jeunes filles, voir Antonio Lôpez Ferreiro, Historiâde la Santa A.-M, Iglesia de Santiago de Composlela, II, Santiago, 1899, p. 73

sq~ '■


74 L .. SOCIÉTÉ DES ÀMÉRICANISTES

restitution n'aurait d'ailleurs eu lieu que sous le ; règne dé son fils, Ramire III 1. Sur ce point, il est probable qu'il s'est produit une autre confusion; la «coneordia de Fernando », dont il est question dans la Relaciôn, peut être Une allusion au traité conclu entre Ferdinand Ier « el Màgno: » et le roi de Séville Almotâdid, qui s'engagea' à payer tribut et à lui rendre le corps de saint Isidore}. Seulement, à Teotihuacân, Pilate apparaît comme roi de Grenade,, et on est alors tenté de penser à-un autre. traité, qui comporte un tribut également, le traité conclu entre saint Ferdinand et le roi de Grenade Mohamed Alahmar, qui devait lui verser chaque année 150.000 maravédis 3. Aiiioins encore qu'il ne s'agisse d'un troisième traité et d'un troisième Ferdinand, ignorés l'un et l'autre — et pour cause -^ delà Primera Crônica General, le traité qui fut signé . en 1483 entre les Rois Catholiques et Boabdil, fait prisonnier à la bataille de Lucena par le comte de. Gabra et Yalcaide de los Doncelés 4.

Ces détails montrent,"' et il est bon-d'y insister, qu'il ne faut pas se laisser aller à des identifications et à des rapprochements minutieux.et trop serrés ; il y a dans les fêtes de moros y cristiânos, justement comme dans les Chansons de geste et les romans de chevalerie, une énorme part de fantaisie, tantôt volontàirej tantôt inconsciente, et ce serait les dénaturer que vouloir leur donner, une base historique trop précise. Bien: que l'édition delà Primera Crônica General procurée parFloriâil Docampo à Zamora en 1541.■ait été fort populaire, il serait sans doute égaleriient imprudent, dans l'étatactuel du problème, de présenter la Crônica General comme la source directe delà Relaciôn de Teotihuacân. Il y à peut-être eu des intermédiaires qui nous échappent, et tout ce que l'on est en droit d'affirmer, c'est que les éléments essentiels de cette Relaciôn se retrouvent dans la Primera Crônica General de Espanst. -,--.--.

■ Si, à propos de la; « coneordia de Fernando », se présente aussitôt à l'esprit la pensée de la fameuse bataille de Luceria, c'est que le Santiago dé Teotihuacân, dans un de; ses discours-guerriers, fait appel aux deux

/l. Prim. Cran. Gen., § 721, p. 422, el § 724, p. 424. ./.".'

2. Prim.Crôn. Géra., § 809-810, p. 489-491.(Sur le fait, cf. Menéndez Vi&&\, Espana del Cid, p. 147-148, et le commode petit manuel de M. Angël Gonzalez Palencia, Hisioria de la Espana inusulmana, Coll. Labdr, Barcelone-Buenos Aires, 2e: édit., 1929, p.-76. .:- j"'■.■ .

3. Prim. Crôn. Gen., § 1070, p.-746. Cf. Gonzalez Palencia, 'pp. cit., p. 110.

4. Cf. Gonzalez Palencia, op. cit., p. 114; Voir aussi la note de M1Ie Blanchard" Demouge à son édition des Guerras Civiles de Pérez de Hita, l*e partie, p. 326.


CONTRIRUTION A. L'ÉTUDE DES FÊTES. DE «: MOROS Y CRISTIANOS » 75

-héros de la victoire chrétienne, l'alcaide de los Donceles et le comte de Cabra, Ces deux personnages viennent vraisemblablement du Romancero t, dont on connaît l'étonnante fortune au Mexique 2.

D'ailleurs, les paroles de Santiago, sont presque textuellement empruntées au romance dit de Garcilaso de la Vega, cercada esta Santa, Fe. Qu'on en juge:

,1 Guâl sera aquel caballero Que sea tan esforzadô Que quiera hacer conmigo Batalla en aqueste câmpo? Saïga uno, salgan dos, ; .': ' Salgan très o salgan cuatro :

El alcaide de los Donceles -

Saïga, que es hombre afamado ; Saïga ese conde de Cabra, 'En guerra experimentado ; • Saïga Gonzalo Femândez-,

Que es de Côrdoba nombrado, _ O si no, Martin Galindo,

Que es valeroso soldado; Saïga ese Portocarrero, Senor de Palma nombrado, '-'/'■ O el bravo Don Manuel ...-,' Ponce de Leôn Uamado,

Aquel que sacara el guante . '■'

Que por industria fué echado ■ ■-. Donde estaban los leones,

Y él le sacô muy osado ;

Y si no salen aquestos,

.-'" Saïga el mismo rey Fernando, Que yo le daré a entendér Si soy de valor sobrado 3.

D'autres personnages de nos morismas ont vraisemblablement la même origine, comme Tarfe et el moro Muza, empruntés sans doute aux romances fronterizos 4. Et du reste on retrouve dans le Romancero à peu

i. Cf.-Menéndez y.Pelayo, Tralado de los romances viejos, II (Madrid, 1906), p. 212

2. Voir l'article de M. Châvez Orozco cité au début de la présenté étude, et aussi lés indications de M. Menéndez Pidal, El.Romancero, Madrid, s. d. (1927?), p. 185T89, . '■ ,/ /

,3. Durân, Romancero General, -II, Madrid, .1926^ p. 128, et Luis Santullano. Romancero espanol, Madrid, 1930, p. 952-953.

4. Le moro Musa,-qui apparaît dans les morismas de.Zacatecas, figure aussi dans


76 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

près tous les autres thèmes des fêtes de moros y cristiânos : la prise de Jérusalem par Titus, lé tribut de cent jeunes filles, la prise de Rhodes \.

Liée à l'inspiration du!Romancero, on peut envisager aussi celle d'un livre qui a exercé une grande influence.non seulement dans les pays espagnols, mais sur la littérature universelle ', et dont la popularité au Mexique est attestée par Fernândez de Lizardi 3 : il s'agit des Guerras Civiles de Granada de Pérez de Hita 4. Il serait peut-être excessif d'aller chercher dans le type conventionnel du Maure galant et amateur de combats de taureaux, crééparle roman hispano-mauresque, l'origine du lien qui apparaît fréquemment entre les corridas et les fêtes de moros y cristiânos: Mais, si Ton veut donnenine source précise aux morismas de Zacatecas, où apparaissent à la fois lé moro Muza, les Rois Catholiques et D. Juan d'Autriche, on peut proposer de préférence le roman de Péréz de Hita, dont la première partie finit sur le récit de la prise de Grenade par les Rois Catholiques, et dont la seconde partie est consacrée à la rébellion dès Morisques en 1568, rébellion qui fut écrasée par D. Juan d'Autriche. Nous avons là un de ces phénomènes de contamination comme nous en avons déjà tant vu.

Seulement, ici encore, nous sommes obligé de faire la même .observation que pour la Crônica General. Rien ne nous prouve que le Romancero et les Guerras Civiles soient des sources immédiates. Mais, jusqu'ici, les intermédiaires nous échappent. ,

L'influence des romans de chevalerie paraît avoir été plus diffuse5 sauf sur deux points précis. M. Châvez Orozco voit la source du Reto dé Guer-r rero dans cette Hisloria de Carlomagno, qui est encore très populaire aujourd'hui, et qui ne serait, d'après Menéndez y Pelayo, que le travestissement espagnol du Fierabras français 5. Ce qu'il y^a de certain, c'est

celles deGuanajuato. C'est un personnage fort populaire au Mexique. A Atemajac del Valle, près de Guadalajara, nous avons pu rélever un « Sàlôil Càntiha del Moro Muza ».

1. Durân, Romancero General, I, Madrid, 1849, p. 300-301 et p. 416-417 (Santullano, Romancero espanol, p. 356-358), et II, p. 147-148.

2. Cf. Menéndez y Pelayo, Tralado de los romances viejôs, ïll, p. 263-265,

3. Voir ElPeriquillôSariiiènlo, Ie partie, Ch. III.

4. Edition Paula Blanchard-Demouge, 2 vol., Madrid, 1913-1915. Sur le type du Maure galant et amateur de corridas, voir José Maria de Çossio, Los loros en la poesia caslellana, Madrid, 1931, I, p. 67-70.

5. Origenes de la novela,l,p. cxxxvin.


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES^ FÊTES DE_« MOROS Y CRISTIANOS » 77:

que ce roman a exercé une influence évidente sur le Reto dé Teotihuacân, en particulier le combat d'Olivier ef de Fierabras i.

D'autre part, en i 908, Bonilla y San Martin a publié un roman de chevalerie intitulé La Destruicion de Jérusalem, qu'il range parmi 1 les « libros: extravagantes » 2. Ce texte n'a pu être connu de Paso y Troncoso, dont la publication est de 1907. On sait que, pour ce dernier, la source de l'auto mexicain est un texte limousin,- et il se donne beaucoup de peine pour expliquer comment la connaissance de ce texte a pu parvenir jusqu'au Mexique. L'hypothèse, avouons-le, n'est guère satisfaisante. Bien que nous n'ayons pas encore réussi à voir le texte limousin et que^ par conséquent, il nous soit interdit de nous prononcer de manière absolue, nous croirions plus volontiers-que la source de Yauto mexicain est lé roman publié par Bonilla. Le thème de ce roman se rattaché à la légende de sainte Véronique guérissant de la lèpre l'empereur Tibère par l'attouchement du Saint Suaire, qu'elle laisse ensuite au pape saint Clément, et à celle de Pilate telle qu'elle a été vulgarisée au Moyen Age par l'Evangile apocryphe de Nicodème 3. Il est exactement le même que celui dé-la pièce mexicaine, et tous les personnages de Yauto, sauf Monqués, se; retrouvent dans le roman. On ne peut relever que deux différences de quelque importance : l'épisode des femmes, qui, au cours de là famine, mangent leurs enfants, a disparu de Yauto mexicain, vraisemblablement supprimé par les missionnaires, peu désireux d'entretenir chez/leurs néophytes le souvenir de l'anthropophagie précortésienne. En second lieu; dans le roman, Pilate est condamné à mourir de faim dans une maison/ isolée, au milieu du Rhône, sur une île qui est emportée par le fleuve dès .qu'on l'y a laissé.

Ce qui ferait aisément conjecturer que le roman a été connu au Mexique, c'est que l'on y voit figurer des personnages qui ne se retrouvent pas-;

1. Le roman de Charlemagne s'édite et se vend encore aujourd'hui à Mexico, chez/ Maucci, sous le titre suivant : Hisloria del Emperador Carlos Magno en la cùal se trala de las grandes proezas y hazafias de los doce Pares de Francia y como fueron vendidos por el traidor Ganalôn, y de la cruda ]>alalla que luvo Oliveros con Fierabras rey, de Alejandria. Traducido por Nicolas de Piamonle. Voir en particulier p. 37 sq., 110, 174sq., 189 sq. et 207 sq.

2. Libros de Caballerlas, II (Madrid, 1908), p. 376-401.

3. Voiries articles Veronica ei Pilate dans The Caiholic Encydppedia, New York,, XV, 362-363 (Antoine Degerl) el XII, 83-84 (ArLhur S. Bar ne s). Notons -en passant que Brunet, dans ses Evangiles apocryphes (2e édil., Paris, 1863, p. 226), signalé la publication à Lyon en 1510 d'un ouvrage dont la troisième partie est intitulée Là. destruction de Hierusalem et Vengeance de noslre Saulveur et Rédempteur Jésus-Ghrisif faide par Vespasien et, Titus son/ils. Notons aussi que toute cotte histoire figure dans la Primera Crônica General, § 157-183, p. 112-136.


78 SOCIÉTÉ DES AMÉR1CANISTES

dans Yauto nahuatl, mais qui jouent fréquemment un rôle dans d'autres morismas, tels que Barrabas, qui apparaît dans le roman comme sénéchal de Pilate, et Joseph Jafaria, qui est peut-être le Zabario de nos-fêtes. Quant à Pilate lui-même, et surtout si l'on tient compte de la fantaisie qui a présidé à l'élaboration des Relaciones, on s'explique sans peine que, chef des Juifs châtiés pour le crime du crucifiement, il soit devenu ensuite le chef des Maures, les ennemis de la Croix par excellence.

A l'influence des romans de chevalerie, il faut peut-être joindre celle des récits de voyages plus ou moins imaginaires. On peut se demander si l'os de Mahomet, le zancarrôn, cité dans la Relaciôn de Teotihuacân et qui tient une place si considérable dans le Reto 1, n'est pas emprunté à un livre fantaisiste qui parut pour la première fois-à Salamanque en 1547, qui eut un énorme succès et qui fut, par la suite, très fréquemment réim- ' primé, le Lihro del Infante don Pedro de Portugal, el quai anduvo las cuatro parlidas del mundo. On nous y' raconte en effet que, par faveur spéciale, l'Infant et ses compagnons purent pénétrer dans la Kaaba et qu'ils y virent le zancarrôn de Mahomet suspendu entre huit aimants 2.

On voit que, si l'on voulait essayer de dégager des cycles dans les fêtes de moros y cristiânos, il en faudrait, provisoirement du moins, distinguer trois : le cycle de Santiago, le cycle de Pilate et le cycle que nous appellerons grenadin. Mais encore faut-il observer que ces trois cycles s'entremêlent à chaque instant, et parfois de façon très confuse ; Santiago et Pilate vont presque toujours ensemble ; et si la Relaciôn de Teotihuacân, par exemple, doit être principalement rattachée au cycle de Santiago, elle,comporte des éléments qui appartiennent et au cycle de Pilate et au cycle grenadin. A ce propos, il importe de noter que l&Destruction de Jerusalén représentée à Tlaxcala en 1533 n'a rien de commun avec Y auto publié-par Paso y Troncoso et le roman de chevalerie, dont l'auteur de la pièce s'est inspiré ; la Destruction de Tlaxcala n'appartient pas au cycle de. Pilate, mais à celui de Santiago, avec une influence du cycle-grenadin (Santa Fe), et des éléments purement indigènes.

C'est un lieu commun de dire que l'activité apostolique des mission1.

mission1. le 'retrouve encore dans» le Coloquio de Gonzalez de Eslava consacré à la bataille de Lépante : « Yo andar con el devocion — To mezquila eî romeria — Adorar lo zancarrôn... »,- dit (p. 156) le Turc dans son castillan convenlionnellement incorrect. .C'est d'ailleurs un thème fréquent dans lo théâtre espagnol, de même que la tradition du cercueil de Mahomet, maintenu en Pair, à La Mecque, par quatre aimants d'égale force. Voir la noie finale du présent arlicle.

2. Cf. Menéndez y Pelayo, Orîgenes delà novela, I, p. CDVIII-CDM.


CONTRIBUTION'-À-'.-L'ÉTUDE DES FÊTES DE « MOROS Y CRISTIANOS » ' 79

naires de xvie siècle est à l'origine des fêtes actuelles de moros y cristiânos !. Mais il est nécessaire de préciser et de nuancer cette affirmation.

ha morisma la plus ancienne dont nous ayons connaissance est celle de 1538, qui nous est contée par Bernai Diaz, morisma conçue et représentée par des. Espagnols et dont le principal organisateur fut un gentilhomme italien, Luis de Leôn Romano. La morisma, très indienne au contraire, qui eut lieu à Tlaxcala l'année suivante, n'apparaît que comme la réplique de celle de 1538 ; avec l'instinct d'imitation qui est fréquent chez.ces peuples, les Indiens, ainsi qu'il ressort du texte de Motolinia., voulurent faire comme avaient fait les Espagnols, et même mieux. Mais les Franciscains de Nouvelle-Espagne étaient les dignes fils de celui qui aimait à s'appeler le jongleur du bon Dieu, et il paraît certain que, si les Frères Mineurs de Tlaxcala n'eurent peut-être pas l'idée première de ces fêtes, ils jouèrent un rôle essentiel dans leur élaboration. Le pardon accordé par Dieu aux musulmans parce qu'ils ont respecté les Lieux Saints est vraisemblablement un trait franciscain ; rappelons-nous qu'à la suite de la prédication de saint François en Orient, le « sultan de Babyloiie », c'èst-à-dire du Caire, concéda la garde des Lieux Saints aux Frères Mineurs, qui ont toujours été fort attachés à ce glorieux privilège. Bien plus, certains chroniqueurs franciscains prétendent que ce sultan, Meleàlim, Melec Equémel, ou encore Malec Alâdel dans les textes.espagnols, aurait • été bel et bien baptisé par saint François 2. Le Maricadel ou Maleadel de là Relaciôn de Teotihuacân doit être identifié,avec ce sultan de Babylone, et il.reconnaîtrait aussi une origine franciscaine 3. ; Si ce ne sont pas les missionnaires qui, à proprement parler, introduisirent les morismas en Nouvelle-Espagne, ce sont bien eux, très probablement, qui les apportèrent dans, nombre dé communautés indiennes,/ et, là où ils ne les apportèrent pas, ils travaillèrent très activement à leur développement et à leur succès. Nous savons qu'un de leurs soucis était dé remplacer les danses et les fêtes païennes par des danses et des fêtes chrétiennes ; en effet, ils jugeaient impossible et cruel de priver les nouveaux convertis de divertissements auxquels ils étaient accoutumés

1. Voir par exemple Teotihuacân, II, p.-293-294, J. G. Montes de Oca, Danzag indigenas, p. 25-26, et Garlos Diez de Sollano, ds RevislaMexicana de EsludiosHislôricos, se'pt.-octobre 1927, p. 225.

2. Par exemple Fr. Juan de Calahorra, Chroniça de la Provincia de Syria y Tierra Santa de Gervsalen, Parte Primera, Madrid, 1684, Liv. I, ch. 14, p. 47. Il est probable que le P. Calahorra n'àTait que recueillir une tradition bien antérieure.

3. On peut penser aussi aux Malique Alabez du Romancero el de Pérez de Hita. Mais il n'est nulle part question du baptême d'un Malique Alabez, et, en outre, dans, la Relaciôn de Teotihuacân; certains traits font de Maricadel un prince oriental.


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depuis de longues générations ; une Suppression brutale et absolue aurait été dangereuse, eh risquant d'amener Tés Indiens à pratiquer en secret leurs anciennes fêtes ; ils préférèrent donc sagement une substitution. Les principes qui/les guidèrent ont été bien résumés par Acosta, qui. parlant dès danses, s'exprime ainsi : «... nô es bien quitâr-selas a los Indios, sino procurar no se mezcle supersticion alguna. En Tepotzotlan, que es un pueblo siele léguas de Méjico, vi haeer el baiîe o Mitote, que lie dicho, en el, patio de la Iglesia, y me pareciô bien ocupar y entrctener los Indios los dias de fiesfa, pues tienen necesidad de alguna recreaciôn; y en aquella que es pûblicay sin perjuicio denadie hay menos inconvenientes que en otras, que podrian hacer a sus solas, si les quitasen estas... >->l. II y a donc lieu de considérer les morismas comme la forme chrétienne des danses guerrières auxquelles se livraient les Indiens avant la conquête, et qui sont bien connues.

Peut-être y a-t-il lieu de les considérer aussi comme le terme de toute une évolution. Nous ayons vu incidemment que, d'après la tradition guadalupàna, il aurait existé, dès la fin dé 1531, des simulacres de bataille -entre Mexicains et Ghichimèques, et qu'au Michoacân, selon La Rea, le combat avaitlieu entre Chrétiens et Ghichimèques. Les Chichimèques ont survécu, mais de façon sporadique, comme à lluejotzingo. En gros, ils ont été définitivement vaincus par les Maures. A quelle époque, c'est ce qu'il nous paraît impossible de préciser. Le rapprochement entre le texte de Là Rea et celui d'Escobar ne mène pas bien loin ; ils ne donnent ni l'un ni l'autre d'indications chronologiques, l'un, parle des missions franciscaines,l'autre des missions augustines, et il ne s'agit peut-être même pas de la même région, puisque, au Michoacân, les Franciscains descendirent à peiné en Terre Chaude 2. L'hypothèse que l'on peut aventurer, c'est que les religieux, surtout après la décision du concile de 1365, qui interdisait les dansés profanes, même dépouillées en apparence de tout caractère païen 3, furent amenés à substitucrles Maures aux Chichimèques. Sans doute, ceux-ci étaient plus familiers aux Indiens, mais les Maures apparaissaient plus clairement comme les ennemis des Chrétiens, leur présence donnait à la fête un caractère plus nettement religieux, et le triomphe de la Croix sur le Croissant montrait mieux la supériorité delà

■ ï. Acosta, Hisloria Natural y Mora.1 dé las Indias, Liv. ■V:I/- éh/;;28;/Hyip--'227-. 228'..-- '■■- /. .■'/-•-./. / •"/''/'. '■.■./■/'■//:'■ /'v/':/

2. Cf. Miguel O/ de Mendizâbal, « Elliehzq de Juçutâcalo ». "Mexico/1926, p ./28, . 3. Cf. Concilios Provinciales Primero, ysegundo celebradosen la muy noble, y muy leal ciudad de Mexico, etc., édit. Lorenzana, Mexico, 1769, ch. LXXIÏ, p; 146147.■/.

146147.■/. :/ '"'■■-.•../;■' '^//;' ■'■ ■/•■/. /\--/:/ ;/ /".


CONTRIBUTION-.A L'ÉTUDE DES FÊTES DE « MOBOS Y CRISTIANOS » 81

vraie religion f. Ils y trouvaient en même temps l'occasion de développer chez leurs néophytes le culte de la Croix, pour laquelle les Indiens acquirent vite une grande dévotion 2.

Ce qui confirme l'intervention des missionnaires dans la représentation des morismas, c'est le caractère didactique de certains passages dés Relaciones. Dans notre analyse de la Destruction de Jerusalén, nous avons indiqué les discours de Vespasien sur la vie de Jésus et sa Passion. Le. Reto de Teotihuacân est rempli de tirades catéchistiques. Ce n'est d'ailleurs, il faut le reconnaître, que l'exagération d'une tendance déjà notable dans la Hisloria del Emperador Carlomagno. En voici une à titre d'exemple :

Creed en-un Dios trino y uno,

autor de las cosas creadas,

que este es solo el verdadero ;

esle Dios nos diô la gracia ;

este Dios incomparable

con su poder créé a nuestra aima.

Mirad que por amornuestro

quiso tomar carne humana,

encarnado en una virgen,

que es Maria, paloma blanca,

y habiendo venido al mundo

el redentor de las aimas,

quiso derramar su sangre

de sus venas sacrosantas

para remedio del mundo

del cautiverio en que estaba,

.1. Il faut remarquer que pour Baltasar de Obregôn (Hisloria de los descubrimientos aniiguos y modernos de la Nueva Espana, Mexico, 1924), le mot « alârabe » est synonyme d'idolâtre et de païen. Décrit par exemple, au sujet de Francisco dé Iba- rra : « Evité las abominables matanzas y carnicerias de carne humana y otros bestiales vicios y pecadosen que Vivian sujelos y obstinados aquellos alârabes, idolâtras... » (Liv'. I, ch. 6, p. .47) ; de même Liv. I, ch. 29, p. 181, et eh. 30, p. 185. — Cf. aussi Pablo Hemândez, S. J., Organizaciôn social de las doctrinas guaranles de la Compania de Jésus, Barcelone, 1913; I, p. 100 : « Aduares de alârabes montaraces », llamp con mucha razôn el P. Lozano â las moradas de los indios guaranles en su estado salvajë... ».

2. Cf. Mendiela, Hisloria Eclesiâslica Indiana, édit. Icazbalceta, Mexico, 1870, Liv. III, ch. XLIX, p. 307-310. ""•.-'

Société des Anïéricanisles, 1932. 6


82 SOCIÉTÉ DES AMÉR1CAN1STES

Et la même recherche apparaît dans la Relaciôn dés Moros y cristiânos. Écoutons par exemple cette espèce de sermon que Santiago adresse à ses soldats : « Venid, hijos, que cual sombra vaporosa todo pasa en èl valle de amarguras. Los ojos levantad a aquéllas alturas, y alli el bien contemplad, que en Dios reposa. Nos os engane mortal caducà gloria ; ni el fugitivo aplâuso de la gente ; ni oro, pompa, ni belleza. A cada instante traed a la memoria que en polvo se convierte la grandeza. Esta es la voz de Dios en cuanto existe ; desde la cinia del Imperio llega ; nada.â su vibraciôn résiste. La entiente el juste y venera el triste ; là teme el sabio y el rigor no niega. Esa es la voz que cuando todo calla, en el silencio de la noche oimos, y ésa es la voz que eii medio de la batalla, de los revueltos aires cuando. estalla, en el cârdeno relâmpago sentimos. Esa es la voz que la oye (en) el oido del inocente nioribundo suena, le presta consuelo al afligido, la que hace al cristiano un ardiente héroe en la lid y mârtir en la guerra. Esa es la voz cuyo acento, un dia, Con fuego céleste consumiô a Sodoma. La que Israël en el desierto oia. Esta es la voz que por la cruz sagrada prdmetio la Victoria a Coiistantilio ; la que dirige altiempo en su jornada ; la que sacô et mundo delànada ; la que dicta sus leyes al destino. Al eco de esa voz, dobla el guerrero la rodillâ en el campo de batalla ; toma el leôn carâcter de cordero ; abre en robusto alcâzar altanero vasta brecha en su sôlida muralla. Al son de esa gran voz, el mundo entero pregunta a su Hacedor y vuelve a la nada ; el sabio, el monarca y el guerrero caen cual lluvia enriguroso enero, sinlibro, cetro iii blason ni espada. . . ». -J

Le caractère catéchistique de ces fêtes se montre à d'autres traits. h'auto de la Destruction de Jerusalén de Tlaxcala est lié au culte du Saint Sacrement, et il finissait par le baptême, tout à fait réel, de bons Indiens habillés en Turcs ; celui de Paso y Troncoso aboutit au baptême de Vespasien et de Titus ; les moros y cristiânos de Michoacân se terminaient également par un simulacre de baptême ; et il en est de même de la Relation et du Reto de Teotihuacân. C'est le triomphe du christianisme ; mais il ne s'agit pas seulement d'un triomphe militaire et politique ; il s'agit avant tout d'un triomphé spirituel et religieux. Les infidèles reconnaissent la suprématie dés. chrétiens, mais surtout ils acceptent la religion du Christ. Dans cette préoccupation d'ordre proprement spirituel, il faut voir aussi, évidemment, la main de l'Église.

,/ : ■ :.< v '" ' ■'"■:.-'

. De toutes ces remarques, il résulte que les fêtes de moros y cristiânos qui apparaissent aujourd'hui comme une manifestation purement indienne,


CONTRIBUTION-A L'ÉTUDE DES FÊTES DE . « MOROS Y CRISTIANOS » 83

car la population créole ne s'y livre plus, sont, au moins dans leur forme, des fêtes purement européennes. Elles ont recueilli l'héritage traditionnel du Moyen Age occidental : protégées par l'isolement dans lequel ontlongtemps sommeillé Tés. communautés indigènes, les légendes épiques et romanesques de l'Europe médiévale vivent encore, avécles déformations qu'implique la vie elle-même, dans les campagnes mexicaines et sur lés lèvres des paysans du Morelos ou du Michoacân —de la même façon que certains termes et certaines expressions de la langue du xvie siècle. Gela prouve, une fois de plus, que, pour retrouver l'Espagne d'autrefois, il est souvent nécessaire, et suffisant, de sortir d'Espagne.

Il faut rappeler toutefois, en terminant, que sur ce point la mère-patrie s'est montrée aussi conservatrice que la vieille colonie 1. Pour commémorer la reconquisla, on représente tous lès ans à Grenade, ou du moins l'on représentait encore au moment où Menéndez y Pehayo écrivait son Tratado de los romances viejos, une famosa comedia de moros y cristiânos, intitulée El Triunfo del Ave Maria, que l'on attribue parfois à Lope de Vega et qui est probablement de la fin du xvue siècle : on y voyait mis à la scène les exploits de Hernando de Pulgar et de Garcilaso de la Vega et les blasphèmes du moro Tarfe-. Les représentations de moros y cristiânos sont encore fréquentes dans la région de Grenade. On les trouve aussi dans beaucoup d'autres coins d'Espagne, dans la province de Valladolid, ' où l'on célèbre des entradillas de moros y cristiânos, dans la Galice elle Leôn, où Ton voit lés Chrétiens, commandés par Santiago, reprendre aux Maures les cent jeunes filles du « tratâdo Mauregato » 3. Mais la région la plus riche en morismas semble être le Levant. Le 31 décembre de chaque année, à Palma de Majorque, on célèbre par une morisma la reconquête de la ville en 1229. Les moros y cristiânos de Jijona, de Sax et d'Onténiente ont la même/signification, ainsi que les fêtes d'Alcoy. Celles-ci remontent au moins à 1578, et voici comment Vicente Carbonnell les décrit au début du xvne siècle : « Én cuj^o dia (de San Jorge) se hace una regocijada Procesiôn ; ilustrândola una Compaîiia de Cristiânos

1. Cf. Manuel Garnie, Mexican Immigration lo the United States, Chicago, 1930, p. 109-110. Nous sommés, obligé de nous séparer de M. Gamiosur un point : nous ne croyons pas comme lui qu'il y ait eu fusion, nous croyons qu'il y a eu substitution. Sur les fêtes et danses dé moros y cristiânos en Espagne au xvie et XVIIe siècles, voir l'introduction de Emilio Cotarelo y Mori à sa Colecciôn de Eniremese's etc., Madrid, 19.11, p. CLXXI-CLXXIV..

2. Menéndez y Pelayo, Tratado de los romances viejos, II, p. 234-235. Cf. Durân, Romancero General, II, p. 125-126.

3. Le jeu de petites filles appelé los zarcillos de oro paraîtrait faire également allusion au traditionnel tributo de las tien doncellas. _


84 SOCIÉTÉ DES ASJÉRICANISTES

Moros y de Catôlicos cristiânos cuyo alferez es el que elige el Justicia y este el que nombra el capitan de los moros. Por la vuelta de la procesiôn llèva ël Justicia el Estandarte maj-or de la Villa ; y dé los cordones los demâs ofi.ciales. En la tarde se haeen algunos ardides de guerra divi^ diendo la Compania en dos tropas, componiendo la unalos cristiânos y la otra los moros, que sujetos a liciones de milicia se estan belieosamente arcabuceando... ».

La morisma d'Alcoy présente un trait particulièrement curieux, c'est que parfois on y organise des groupes d'indios bravos i. Seraient-ce les Ghichimèques mexicains que nous retrouvons sur les bords' de la Méditerranée, comme nous avons retrouvé le Cid et le moro Muza au pied dés volcans de l'Anâhuac et parmi les.mines d'argent de Zacatecas? Un éminent archéologue espagnol, M'. Pablo Gutiérrèz Moreno, estime que l'architecture coloniale mexicaine,-née de l'architecture espagnole, a ensuite exercé, par une espèce de choc en retour, une influence appréciable sur l'architecture péninsulaire. Pourquoi le même phénomène ne se serait-il point produit dans lé domaine des traditions populaires 2 ?

•1. Emilio Cotarelo signale des danses de salvajes en Espagne au xvie siècle (op.

.cit., p. CLXXI-CLXXII) et un baile de indios appelé El Cachupinofyers 1660 (p. CCXXXVI). "■'..-'■'.

2. Les morismas péninsulaires nécessiteraient une élude qui nous aurait mené beaucoup trop loin. Nous nous sommes contenté de faire quelques sondages dans des travaux de vulgarisation ; nous avons utilisé l'article Folk-lore dans le/volumeEspana de l'Encyclopédie Espasa (vol. XXI), ainsi que l'article Clavijo dans la même publication (vol. XIII, 748-74-9), et une Guîa de Alcoy publiée'en 1925, dont M. Juan Guerrero Ru iz- a bien voulu nous communiquer les pages relatives aux moros y cristiânos. M. Jésus Morante Borrâs a consacré un article illustré aux moros y cristiânos d'Onlenienle dans le Mundo Grâfico de Madrid du 8 octobre 1930, et M. José Alfonso a décrit ceux dé Sax dans le même magazine, 17 juin 1931.

Il faut observer que la-plupart des thèmes des morismas péninsulaires et américaines se retrouvent dans le théâtre castillan (par exemple Las famosas Aslurianas de Lope et El rayq de Andalucia y Genizaro de Espana de Cubillo de Aragon, Los hechos de Garcilaso de la Vega y moro Tarfe de Lope, La Hierusalén casligada dé Francisco

. de Rojas et Los desagravios de Crislo de Cubillo). Mais il ne saurait être question non plus d'aborder ici l'étude des liens qui peuvent exister entre lé théâtre et ces fêtes populaires, d'autant plus qu'elles sont encore insums_amment connues. Il y aurait là un curieux sujetde î-echerches pour les spécialistes d'histoire littéraire. Sur le thème moros y cristiânos dans le théâtre espagnol, on pourra consulter les intéressantes indications rassemblées par M. José F. Montesinos dans son excellente édition du Pedro Carbonero de Lope (Publ. duCeniro de Esludios Histôricos: Teatro Espaflol Antiguo, VII, Madrid, 1929, p.' 167-201'et p. 218-226). Voir aussi, pour la littérature en général, M. Herrero-Garcia, Ideas de los espaiioles del siglo XVII, Madrid, 1928, p. 553-609. ' '


. :r/:l .. NOTE' ■ : ' , -..■■

- .--''■'/./ SUR LA

DURETÉ Dm .HACHES PRÉCOLOMBIENNES

DE I/ÈQUATEUR ET DU MEXIQUE,

PAR A. CLÉMENT.

E- Seler (5) et E. Nprdenskiôld (4) ont, dans des travaux de haute valeur, publié les résultats de leurs recherches sur la dureté de divers outils de provenance mexicaine et péruvienne.

Grâce à M. Paul Rivet, j'ai pu faire une série d'essais sur un certain nombre d'outils de bronze et de cuivre appartenant aux collections du Musée d'Ethnographie du Trocadéro.

J'ai choisi plus spécialement les outils pour lesquels il est utile qu'il y ait .une différence de dureté dans les différentes parties. Ces essais ont été faits sur les trois points qui, dans une hache, sont les plus intéressants : le talon, le milieu de l'outil et le tranchant.

Les essais ont été faits selon la méthode de Brinell, déjà exposée par Hultgren (4), sur une machine Bollée avec une pression de 750 kg. et une bille de S mm. de diamètre.

Les résultats présentés dans le présent travail ont pu être mis au point' grâce aux bons soins de M. Angeilieux, chef du service de traitement thermique des Forges et Ateliers de Meudon, qui a bien voulu se charger de les exécuter dans ces établissements.

Ges essais ont été effectués en mai et juin 1931.

Dans l'interprétation des résultats, "on doit tenir compte des possibilités d'erreurs résultant, en particulier, de la difficulté d'avoir-, avec des objets à surfaces courbes et souvent corrodées, une surface parfaitement horizontale, qui permette une pression absolument normale de la bille.. Il arrive souvent que, sous l'effort de la bille, l'outil glisse dans le sens axial et que l'empreinte soit plus ou moins ovoïde et par conséquent inutilisable.

Les recherches ont porté sur 16 haches équatorieiihes et 4 haches' mexicaines.


86/

SOCIÉTÉ DES AMÊRICANISTES

A. Haches équatorleimes.

Les outils de l'Equateur sont d'origines diverses : 8, provenant de la collection Giinsbourg/ont été trouvés près d'Azogues, les 8 autres", récoltés par le Docteur Rivet, proviennent 1 de Monay/1 de Puha-Vieja,

Fig.- 1. — Haches ÉquatOriennes.

4 dTngapirca., 1 de Jordan et l de Pucarâ ; 15 sont originaires des tribus canari et 1 des tribus puEia.

Ces outils ont été étudiés aux points de vue typologique et chimique par R,Verneau et P. Rivet (6).

L'Equateur étant par exeellence'le pays des' objets de.cuivre/tous ces oulilssbnt en cuivré pur. Pourtant le n° 60.753 d'après l'analyse effectuée


NOTE SUR LA DURETÉ DES HACHES PRÉCOLOMBIENNES

87

(6) contient des traces très nettes d'étain. En outre, les nos 9.713 et 60.753 contiennent des traces de soufre.

Ce sont des pièces dont les poids varient de 0 kg. 190 à 1 kg. 220.

Fig. 2. — Haches'ëquatoriennes.

Les résultats des épreuves de dureté effectuées sur ces outils figurent dans le tableau ci-dessous. Dans ce tableau ainsi que dans celui qui est relatif aux outils mexicains les chiffres donnés dans la colonne N de dureté indiquent un coefficient de résistance, obtenu en divisant la chargé employée pour l'essai, soit 750 kgs par la surface de l'empreinte obtenue.


88

SOCIETE DES AMEE1CANISTES

Nombre N de dureté.

Nos. Poids. . Origines.

Talon. .Milieu.- Tran. chant.

——— ._ _ _ . - —___ — _

60 750. 0, 190:Monay, Coll. Rivet 72 .' ,- " - 72. ■ ..- -72

60 742 • . 0,370 Puna Vieja » 67 72 . / 95

60 782 0,440 ingapirca- » 72 ; 82

9 717 0,475 Azogues, Coll. Giinsbourg ' 77 95-77

9 7.18 0,480 » » 72 77 82

60 753 0,540 Jordan, Coll. Rivet 95 m 121

60 746 0,580 Ingapirca » 56 ;59 .82

60 745 0.680 » » 89 ,77 , 72

9 716 0,820 Azogues, Coll. Giinsbourg - 89 89 95

9 '719 0,880 _ » - . ■» 72 59 '72

60 756A 0,900 Ingapirca, Coll. Rivet S2 67.: 89 .-.

9 714 0,930 Azogues, Coll. Giinsbourg 103 103 .95 .•"■

60 7541 1,000 Pucarâ, Coll. Rivet 72 67 77

9 713 1,145 Azogues, Coll. Giinsbourg 86 89- 77

9712. 1,210 » » 80 -82 80 .

9 715 1,220 » » ■ 112 86 "' 86

On constatera par le tableau ci-dessus que :

7/outils ont une dureté au tranchant supérieure à celle du, talon ; 4 ont une dureté au talon supérieure à celle du tranchant ; 2 ont une dureté égale du- tranchant au talon, et une dureté différente au milieu; 1 a une dureté uniforme; pour 2 enfin, qui présentaient une forme irrégulière du talon, il a été impossible de lire les empreintes de la bille.avec certitude à ce niveau; ces. deux haches présentent une dureté du tranchant supérieure à celle du milieu de l'outil.

• Parmi les 7 outils qui ont une dureté supérieure au niveau du tranchant/celui chez lequelTa proportion entre la dureté du tranchant et la dureté du talon est la plus élevée est le n° 60746 (hache en cuivre pur) avec 1,;4'64. ■■'■-...'■'

V11 est à remarquer que la hache à oreilles n° 60750, qui, parmi les objets étudiés, a le plus faible poids, a le tranchant ëbréché et une dureté uniforme.

B. Haches mexicaines.

/ Le poids des haches d'origine mexicaine varie de 0 kg. 450 a 1 kg. 030.

Ces outils ont déjà été décrits aux points de vues typologique et chimique par AEsandaux et Rivet (3).

Lès résultats que j'ai obtenus sont résumés dans le tableau ci-dessous :

I. Ces pièces étant incomplètes, ces poids sont approximatifs.


NOTE. SUR LA DURETÉ DES HAGHI5S PRÉCOLOMBIENNES

89

—;—= : — : :—: : : ;—

'■'"■■"-■ Nombre N de dureté

_N0S. Poids. Origines. Étàin. " ~~="=*~~'v—°*T„

Talon. Milieu. \r.an' chant.

.2.703 0,450 dallée de Mexico, Coll. Cliaruây 1,3à 3,8% Î8 51 56

24.400 0,500 »" Coll. Lnbadie néant 53 49 50'2

50'2 0,980 Vallée de Mexico, Coll. Chamy 1,3 à 3,8% 53 53 56

■ 2 705 1,030 » » 1,3% 56 53 53 .

- Fig. 3. — Haches équatoriemies.

Il ressort que sur ces 4 pièces les n 05 2703 et 2704, qui ont une certaine teneur d'étain, ont une dureté plus grande au niveau du tranchant, dans une proportion d'ailleurs relativement faible. . ;


*90

SOCIÉTÉ DES AMÉRIÇANISTES

G. Conclusions.

/De tout ce qui précède, il se dégage d'une manière générale que les populations ëquatpriennéS et mexicaines devaient employer un procédé

Fig. 4. — Haches mexicaines.

pour durcir le métal dans les parties de l'outil qui devaient supporter les chocs. Mais nos résultats sont loin des'coefficients de dureté obtenus par


NOTE SUR LA DURETÉ DES HACHES PRÉCOLOMBIENNES 91

Seler (S), soit 7,5-4,5-3,7, respectivement pour le tranchant, le milieu et le talon, résultats obtenus avec un appareil différent de celui-que. j'ai employé, l'appareil Martens à pointe de diamant.

Les résultats, que j'ai obtenus, se rapprochent davantage de ceux de E. Nordenskiôld (4), ce qui doit s'expliquer par l'identité de méthode.

L'hypothèse envisagée par Seler et Nordenskiôld, qui- attribuent le durcissement du cuivre et du bronze à un martelage à froid, m'apparaît comme des plus plausibles, dans l'état actuel de nos connaissances sur la technique du cuivre et de ses alliages.

Pourtant seuls des examens micrographiquês confirmeraient de façon certaine cette hypothèse. J'espère d'ailleurs que des circonstances ultérieures me permettront d'orienter des recherches dans ce sens.

D. Bibliographie.

1) CRÉQUI-MONTFORT (G. de), RIVET (P.) et ARSANDAUX. (H.). Contribution à l'étude de Varchéologie el de la métallurgie colombiennes. Journal de la Société des Américanistes de Paris. Paris, nouvelle série, tome XI, 1914, pages 528-591.

2) RIVET (P.). Note complémentaire sur la métallurgie sud-américaine. Journal de la Société des Américanistes de Paris. Paris, nouvelle série, tome XIII, 1921, pages 233-237.

3) ARSANDAUX (H.) et RIVET (P.). — Contribution à l'étude de la métallurgie mexicaine. Journal de la Société des Américanistes de Paris. Paris, nouvelle série, tome XIII, 1921, pages 262-280.

4) NORDENSKIÔLD (Erland). The copper and bronze âges in South-America. Comparative ethnographical Studies, t. IV. Stockholm, pages 110111. Appendice A, pages 173-181.

5) SELER (Eduard). Bericht ùber die chemische und physikalische Untersuchung einer mexikanischeii Kupferaxl. Compte rendu de la XVe session du Congrès international des Américanistes. Québec, 1906, tome II, pages 405-411. •

6) VERNEAU (R.)et RIVET (P.). Ethnographie ancienne de l'Equateur. Mission du Service géographique de l'Armée pour la mesure d'un arc-de méridien équatorial en Amérique du Sud. Paris, tome VI, 1912, pages 264269 et 327-335.



'/ W0RTL1STEN A;US AMAZONIEN, ' ;

: /■ VON CURT NIMUENDAJÛ. ' ■/■/-

: / !.. — MfiiA (A, B und C) : Tsoliert. .'//..

■ IL — MUNDURUKÛ : Tupi-Eamilie. III.AHIKÉ-U : Tùpi-Familie.

-■'■■ IV. — PARMI (Arâra) : Kariben-Fâmiliê.

/■■■':/■ .. Diakritische Zcichen : ' :■//

â : tôntraaender Vokal

/- . O

â : langer Vokal

'. ïturzer Vokal ■■ à /;■ Nasal

a : Guttural e, i : sclxwach hôrbar

g : zwischen a und o

ij, : zwischen H und o : . ë : zwischen e und a

e : vvié im dèutschen « ghe »

g : wie im dèutschen «ohne »

ii : hâlbvokalisches ng .

y : halbvokalisehes i

w, hâlbvokalisches u

c : spanischës ch

s : deutsches sch

x \ spanischës j

X : deutsches ch in « ich » ..

X : stimmhaftes englisçhes th .///

d : zwischen d und r ,//;/

b : zwischen b und m, aspiriert

p : zwischeri p und'/, aspiriert

-/ :\-- ';:' I. ■— MURA •

A,/: Gewahrsmann Augusto Curuba; Aldea do Arary, Unterer Rio

//' '/.'. Madéira. ■ /'//

B./: » Bodeco aus der Aldea do Gapivara, z. Z., in Cururùzinho,

Cururùzinho, Mamory (Autâz-Gebiet). Tj. : » Capitào Clémentine aus der Aldea Murutihga

(Autaz-Gebiet).

A. B.- 'G. '/^

-Kopf apac

Slirn ici :

/"Auge . kusé ./,.. /'/

Nase ilawé


M:

SOCIÉTÉ DES AMERICANISTES

/;v -" ■. . A, ■ B. • ... . G.

Naseiiloch - iaw'èive

Ohr apoe

Gehôrgang awi .

Mund kawi

Lippe ■ apêse

Zunge ipue

Zahn ailôe

liaàr apaitai

À-Ugéiibrauen kosiiwirai ■/'.'.-■;

Ëart isaitâi /.

Hais • bge

Tvejile .' boetûe

Brust . Me

Rûcken Aidai

Bauch .kgûi -.-■-.■

Nâbel cahui

Schult.er apisi

Arni ' apese

Ellenbogen apicûiue' ... " /

Haiid mai

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Sonne huesé hûesë huisi

Moud . kahaia kahâiâ kahaiai

Néumond kahaiai asâ raba

Vollmond . kahaiai wâxuà raba

abnehmender kahaiaiïvuibi ràha

Mohd '■'■'-


'';'"■/"'"-/, WORTLISTEN AUS AMAZONIEN 95/

: _A. B. G.-'

Stern " .. kâhâiiahi kahâïahi kahâiaihi

Siidlichés ... . ■' pirâri tiiahi arahâ

Kxeuz, a und fl .

Kèntaur, 3 und [i pirâri awaihi arahâ

. Milchstasse,hel!ste; ■■/■

Stelle piuwisi

Dunkle Stelle i;ii

der Milchstrasse . . (zw. " Kreuz " . ;

. 'und''Kehtaur") /'/ ' pirâri

Schutze (Sterne/: ;/ ' . der Milchstrasse;

zunâchst). piahâuri

Nacht • :àxùe

Tag ::huesè iriariaha

Schatten gpéhe yane ûpihiàrabà .■'.

Trockeiizeit ' biiese "..'■■■

Régenzeit peahuase

.Wind . " ."■: ighq.i

Wolke / 'poese

B.litz -piahia buraha . - . ' . .

Donner . / piâi

Regeh . pet ipeburahâ

Régènbogen :ixuyarâese kgiâi(= dieRegen■'/■"'

dieRegen■'/■"'

der Herr der Re- ■■■/.',.' '

: genbôgénsch-/ kaâi tuhâi

... lange -

■Féuer -jmài -

Bf.ennhol.z :jmâi huai

Kohle '--'■",;. .hùâti huacï.

Asche - huacï kub'e

Rauch . puâai

Wasser . ; . -,.pee

Wasserschaum / piuwisi

Fluss peahoâse

Amazonas Kasari ."'/•■

.Mâdeira ';'■" Kasârie Kasâri Uwiboahai

Autaz . Watââhï Kasarihi

See abui


-96 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

A. B. C.

Lago Murutinga Biubiahi

Erde ' bçrç bere

schwarze Erde- biribiupâi.

L'o'ehj Grube oui

Sand lâhoase

Stein. apuçe ati

Berg beiairai .

"YVald uwç

Leute . kaii ka-iî arahâ . -

kacï (^= die Mânner)'

Mann irehe

Weib iûëhe ■ kaeri araraha (=

die Frauen)

Kind wahâi

jujiges - Madchen kunyamuku

/ Gréis kaai tiihye

Greisin kari iruhue

Mura Bohurâi

Mûra-Sprache Bohuârai-arase

Mura vom Autaz Waiâahe ara

. Mura vom Mataurâ Mataurâ âhe

Yûma -Dyahui . Dyahiiï Yahui

Arâra v/Aripuanà Karar'e Kaaâi

Torâ TÙraa

Parintintin . Toepehe Wâhai

Waldindianer . kaii ïjaxi

Mundurukû Pai/isi Palisï . Paitisë

Miranha / Tauasuahi

Purupurû (Pau- -

mary) Wirisahi

Katawisi . . Uhuiwirisahi

; Neger, Negerin nibipâia(=~Neger) ■'- biupâià

Weisser . awç . ' awi

Weisse auri -

das Haus des /Weissen awi kayèrahâ

nieine Familie se âesé

mein Grossvater bâeruhùe


WORTLISTEN AUS AMAZONIEN 97

A. B. ' G.

meine Grossmutter se aria

mein Vater se pài

sein Vater . dahihûisa raba

meine Mutter bâeï

ihre Mutter i-mài araba

mein Oheim fulira

meine Tante 5e tia

mein altérer se tôhui ârâ

Bruder

meine Schwester se âes\

mein Sohn se huisa raba "si buesa rahâ se huisa raba

der Sohn des Cabo Qabo huisa raha

meine Tochter se kâ râhâ si kâ raha

ihre Tochter kâ raha

meine Gattin si bâï'sa râhâ

seine Gattin ibâisi araha

Wilwe âriase

mein Schwieger- se ratiu

vater

meine Schwieger- se raisg

mutter

Râuptling titsawa

Zauberer pgrôbâhe

Arznei ahâi

Krankheit. " ij,bâbesê

Leichnam . kâiabâese

Totenseele kâieupéhe

Heiliger ïupâraa

Haus- kaâe kaâi

Weg ari

Stangenbett basé base

Schlafmatte pahôese pâhui

Hangematte pesé apesê

Boot arâwâai arawâ

Rindenboot iyùwi

Ruder pipé

Ruderer pebâesahe

Bogen - ihâe

Bogenschnur ihuehue

Société des Américanistes, 1932. -


98. SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

A; B. G.

Pfeil pgrâhai

Fischpfeil . kahâi

Pfeilspitze| fur suwibâ - : Scliildkrôten

Harpunenleine iyâ ,

Keule ipue

Angel bâirihi bârihi

Spitze del Angel isubaesi

■. Fisclinetz pesa Klebwachs powé

Spindel isgwe

Faden ininïii

Koehtopf huaâi huâai

irdenër Topf - Url huaâi

Wassertopf burahd

Cuia âtai

Flasehenkùrbis ilij,hûi

Feuerfiicher pahôese

Korb tgûï

Mëlilkorb kahâi

Tragkorb . ... liadwe

Korb aus Palmstrdh kaàwi

Tor'é-Flôte iyùwe

Kamm isiwé

Kleiderstoff bâsaai basai

Hut : sapèwa

Gurtel • isuwé .

Eimer itiihd

Sack . tubuhfyi

- Trommel isywf isuwi' (== Trôin■

Trôin■ Caracacha . ... dàrehihi

klèinë Guitarre : ibiëhûâhai .

Axt tâisi . tâisi -.

Messer kahaïiûse kahàiupi kahâiyuhï

Buschmesser basitai

Schëere baeyûhui

Nadel pebiûsahi

Spiegel waruâ ■

Bank bânko


WORTLISTBN AUS AMAZONIEN 99

A. B. C.

Flinte / ,. huawi

' Reibbrett cibàrehé

Tipity .' .. aâi

Mandiocasieb aâi

Mandiocamehl apaise

-' Tapioca âebehï

. Beijû isèbë

Fischbrûhe . âbûi > :,■//-

Essen /'■'... êse . ;

Kasiri aésë

Schnaps '■..'■'" peitisë

Zigarre /. ihûaai

Affe ' dahïai - ' .

Briïllaffe , /■.cibler ëe

Barrigudo kapgrûi

Cuxiû liaibai

Fledermaus huahûe

Yaguàr ybâhûirâi -bawnahî

Puma •. . bahûiai besa

Fischotter pebâwe

Hund --dahâurie dahôrii dahauri ./•

Hûndin / iuéhe

Hundesehwanz ''/-:;' daxori datûi

Meute -, . • aibàsi dahurï ', //--'.

Capivara piâuuhé

Paca .■-/.■."■ kaahé

Cutia /• . aili

Tayaçû-Schwein: bahûëse

Taitetû-Schwein bàdi

Reh baitué

■ Rind kabati " /.

Pférd kawarùï

Tapir kabacié

Deiphin piahaurii piahâuri

Lamatin . pirarê pirâreï . pirâri

gr. Ameisenbar bâhue

kl. Ameisenbar : idohuehi

Riesenfaultier bahaura

- Gûrteltier bâhue. dârehihi ...■/ /


100 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

A. B. G.

Fell is'uwê

Schwanz iratûe

. Vogel huetâhahï tuehi, tuèhi

Feder isitâi

Flûgel ïp'oaai

Ei isitgeFalke

isitgeFalke tuesi

Harpye Jgësë uriâ

Aasgeier ûpue. upui

-Kônigsgeier kabgrôhùe kàburui

Speciit pàwatâi

roter Arara kahaïai kâaai - kàâai

Papagai Itàhaïahi kââai

Periquito ' kââhi

Tucano abari abari

Garachué * liarasui

Anum Coroca paài

, ".. { tawahâi

Japiim \

Xincoà daauri

Gigana adarisai

Pomba trocal . pëehï

Jacamy ddbaae . yakami .

Mutum mit gelbem dapuhûe dapûhui dapohûi

Sehnabel

Mutum mit rôtem buiwapâi

Sehnabel ~

Urumutum peberai

Jacû liababaré yakûi

Inambû tahye itahui itahûi

grosses Inambû itahui uri

TJrù huitdehi

Iluhn paahï iyâe pâëhi

Hahn paehï

Kûcken paehï kwehihï

Hùhnerei paehe tûë

Hùhnernest paehipasârahâ

Einhorn. kubyiûi

Maguary cahurihi


WORTLISTEN AUS AMAZONIEN 101"

./'■ .A. B. C.

weisser Reiher cahûrihi kubi

Pavàozinho do rio wayuhûi

Taucher kayuaai

gr. Wildente ûpase

kl. "Wildente uéhi

junge Ente .uéhi ikuaiseuhï

. isabahabesahï uéhi

Krokodil kouhai kuwdha

Camaléào kabàrai kabarâï

Tartaruga iuûwe oùwi

Jaboty -kahïurë kahiûrïi

Schlangè cvraiï

Giboya kouiai

Sucurijû kouiâi

Jararaca peûliuhai

Fisch esé isi arahâ

Flosse âpise

Pirarucû bihïùâ bixiwâ

Tambaquy . 'baciriise bacirïsç

Aruanà karauarâ karauârâ

Acary iyûhuï

Tucunaré kaâurëahï kauriâhï \"

Jaraquy tithiaïhl

Trahira kâij,wï

Piràpitinga > kaiparehé

Jatauarâna ipâe

Piranha baiiuhiâhï baeyûhui

Sûrubim uwi

Poraqué ibgreï

Rochen pohuhiâhï pebâwi

Schmetterling huapurai

Biene ûbari

Honig ahâe

Wespe . Mrehë

' Ameise -ibghûe ibghui

Tocandira kuuç

Termite kaâirâhai


102 SOCIÉTÉ' DES "AMÉRICANISTES

A. B, G;

Garapana ipâhï

Laus ciëé ' ./■'■•/•

Floh towé

Spinne ûwé

Tausendfuss tghiiasé

Regenwurm iuhuase

Baum Û

Holz iî

Rinde iyuwi

Tauary-Bast tauari basi

Wurzel iisaai

Blatt niai

Blute yubai

Frucht ai

■ Càstanheira lehl

Catauré âsapai

Paxiuba âbue

Bacaba xwarahaç

Açahy "poârahai

Taquara kaxaibûe

Timbô iexûe , .

Canna braba awasae

•pfelfer idari

Tabak ïcihe

Urueû ayûwe

Batata bârahai

; Gara ciipàe

Mandioca âhui

Macaxêra isûbaisâ

Mais cixuahai

Baumwolle ip'ese

. Banane purâhea - . '

Wassermelone . aalahauâsahç ■■'■,■

gross ■ . urihi uré

klein kâihihi

kleine Angel bàrihi hikueïhi

kalt âri ' ■

heiss - itâiraha


WORTLISTEN AUS AMAZONIEN 103

A. B. G

gut, hùbsch bâese

schleeht, hasslich bâbehï

ho lier Baum ie péese

îliedrig cyhiise

ich bin mûde uùporaha se

mager pâhihi

dick paiabahâ

neu âase

ait itupûi araha

trocken âese

nass ipiiâha

krank ibâbaha

tôt '- ■ ■■ Iwabaise

wohlriechend . puiibaha

stinkend iûe araha

schmutzig . birihi araha

taub awabâhâ

stark (Getrank) itlse

hell hjbé

dunkel waxô raha

rot beese

rote Erde biri'biise

rotes Zeug . basai beesë

gelb beese

blau, schwarz . mbiupâya schwarze Erde biri biupâi

weiss hjbé . -

eins - puhehi, puehéhi

nur I Mehlkorb kahiâi'hUhihi àràha

zwei miiltôia

. 2 Mehlkôrbe . . mumm kahiâ araha

drei . mi^sapurï

wir sind 3 yanèmusapûiaraha.

vier, u.s. w. (portugiesisch)

viel aibâse

viel Essen isi âpa rahâ

viele Mehlkôrbe - kahiâi apa raha:

er liât keinen Sohn ' hui kabahâ

es giebt nicht kabahâ es is.t kein Fisch da. isi kabahâ


lu^' SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

A. B. G.

jelzt piiahï

heute piiahï araha

morgen 1 /., '.

. Ï cuaheu

gestern ) .•;•,.■■■

morgens '■ahdhiahi

abends ahui araha

hier d§ru araha

dort dàhi

redits bahâe ;,

links Jwsèesi

nahe ihi âraha

weit itâhuaha kaâMaraha{=

weit von dem

.JBàhtj. ' 0Dei 1 hgdyahi (= er .

ist oben) :

unten bidaihi (= er ist

unten) auf dem Holz iâ dâç awi iapawihi (— iapâ ihi awâi

Weisser auf âraha

dem Holz) kahâiupi iapau

ihi (= Messer

auf dem Holz) aufdemBoden birâhi abawara

àrâha hinter dem Holz yuhuahj araha

unter dem Holz birg iàhi unter der Hange- pisi dyaihi

matte in dem Koffer bàû.kowahe . -

in dem Haus kayuahe

in der Hânge- àpïkûahi

matte apisu ara {~er ist in

der Hangematte) in dem Hut • Sapéwâa kgwahi

vor dem Holz yapaiuxwaiaraha

ich bin Mura se Buxwâra:araha

ich bin krank bâbaha se

er ist krank / babahàï


W0RTL1STEN AUS AMAZONIEN 105

A. B. C.

dieser dahi

jener' ist ein Mura nabi Buxwara

araha wir aile sind Mura yane abaahi arahâ

Buxwarâi

mein Vater se pai

mein Haus se kaie raha

meine Hânge- se apisi

matte deine H ange- dee apisi

matte das Boot ist dein nia araua raha

sein Vater . dahihûisa raha

er ist sein Sohn ahai huisa raha

die Hangematte apisi kaiahi

des Mannes wieviele Sôhne norisu huisarihi

hast du? wieviele Sôhne norisu huisarihi

hâter? wieviele seid ihr ? norisu aarilu

wo ist dein Haus? ukaiarixi

komm essen ! ikwaai isaâï

ich bin beim Essen se bay araha sie sind beim Essen isi kwaâi ahâ

sie haben schon ge- suûi kwaâi ahâ

gessen er geht essen isi kwaabahâ

er geht auf dem mesa awaihi kwaâi

Tisch essen ahâ

er geht auf der birahii kwaâi ahâ

Erde essen Essen esé

Vielfresser iibahâï

Schlangenfresser cirait kwahâ

er schlaft aitâha

ich gehe fluss- peboahi abahâ

aufwarts ich gehe mit ne piuasuaah aabâha


106 . SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

A. B. G.

ich gehe fort se abisaihi araha

er geht fort abisaihi arahâ

. dort geht er hiâbi kuwïï

jetzt geht er . piiahi suàa piahâ

lasst uns gehen ! yanê aâbisaihi arahâ

. geh fort ! deyâ âbisai araha

abâià

geh nicht fort ! abi iuâa

morgen werde ich cuwaihiahi se abisaihi

gehen arahâ. ■

.'morgen wird er ge- cuwaihiahi abisaihi

lien araha

gestern ist er gegan- suôa {piu ) piahâ

gen

sie haben 2 Tapire nwkuoi kwâbàaâi ahâ

■ getôtet kabaci

sie haben nichts ikwabaaài iabahâ . getôtet

sie fahren fluss- pidiwahi âbisahi

abwârts

sie sind fluss- pébéahi

aufwarts

sie sind flussab- . pidiwahi

wàrts

der Hund liegt dahuri aitabiru

er fùrchtet sich baya'râ

verstopife seine (des iwaihi ibabusaihi

Wildes) Grube

der Tambaquy ist ibohâi isaiba bacirise

voiler Ameisen

II. — MUNDURUKÛ.

Aufgenommen mit der Indianerin Tùmazia am Rio Paracuny, sùdlicher Zuflûss des Paranâ do Urariâ. — Màrz 1926.

Kopf waà Mund ubi

Haar warab Zahn urâl

Auge wetâ Zunge ukù

■ Nase warabé Ohr wanyaibé


■ WORTLISTÉN AUS AMAZONIEN 107

; . A. B. G.

Hais wanyubé Oberschènkel uraû

Arm ubâ Untersehenkel uranyupâ

Hand ) . ,, . Fuss wei -

Finger ) • * Brust ukampi

Nagel ubàrâ

Sonne wasi'é Erde ipi

Mond wasi Gebirge kairiad

Stern wasuptâ Stein witâa

Siebengestirn tawadyirâ Sand kauririd

naehts isinvabe Schlamm ' kaërëb

tags kakiâ Tôpferton wayrum

Feuer ] - v, ' Donner nubanû

Brennholz ) es donnert odyepurugn momAsche

momAsche rairi baad

Kohle rasa naboe Regen mombaad

Rauch rasa rign, tign Wolke kabiukad

Wasser iribi Himmel kabi

See iyriMann

iyriMann mein altérer Bru- ukipid âdyure

Weib awiyâ der ç?

Gatte ogtob » 9 uaniû adyure

meine Gattin wutaysi meine altère ueiiid abed

mein Sohn tf ogpud Schwester ç?

9 uid meine jùngere ueisid idid

meine Tochter cf urasïd Schwester cf

■ 9 uid mein Oheim uodyurid

mein Vater webai meine Tante uoyéi

sein Vater oebai mein Grosswater adyudyud

meine Mutter usi meine Grossmut- abubû

seine Mutter tësi ter

mein jûngerer ukipid idid mein Urgrossva- orub'i

Bruder cJ 1 ter -

Haus eg-â Bank bânkô

Hutte sidyab Matte Çg-teb

Hauspfostén eg-a-ib Topf itï-â

Dach . yariuri-piga Wassertopf kamati

Hangematte Vègr^,, ara Wasserkûrbis wai-â


108 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

A. B. G.

Korb uru-â Bratstander ivl

Korbwanne yuba-â boucanierles iperegrad

Bogen Xflreg Fleisch

Pfeil îjb Brûhe ti

Angel pinyâ Boot hj.be

Tipity wayumpé Ruder kuikuyâb

Sieb parâd Axt wu-â

Rôstpfanne wa'ên Messer kise

■ Mandiocamehl "sin Seheere pirâï

Tarobâ-Getrânk ) „. Nadel awi

Beijû ) Eisen tasirâ

Pferd kavarû Yaguar wirâ

Rind biupad Fischotter awarè

Tapir biu Taiaçû-Schwrein radye

Reh rapsëm Taitetû-Schwein 7,adektyû

Urubu urupû Mutum witîi

roter Arâra karû Huhn sapukâi

Papagai paràwâ

Krokodil apâd Schlange poibé

Jaboty pui Sucurijû poi siri

Fisch asimâ Pacû pakureb

Tucunaré pijtib ■ Rochen iwabtéb

Biene ikû Floh waricaurâ

Honig eid Termite isiwaa .

Laus kib Spinne . iruâ

gross yobugnâd eins pantâ

klein yupicad zwei sebsebtâ

dunkel kabiûg drei cebapftâ

heisses Wasser iribl rasibti vier cebaribribtâ

kaltes Wasser iribi cegli geh essen ! ) ëcëkûn.

rot, gelb ipagpekad gehtrinken ! y etékûn

blau iremremâd tote ihn ! eyauka

schwarz yukad schlafe î ësed

weiss irecad


WORTLISTEN AUS AMAZONIEN 109

III. AlilKÉM.

Gewâhrsmann : Para, gebûrtig vom Rio Gandeia (linker Zufluss des

Rio Jamary), z. Z. in Manâos Juli (1926).

A. B. G.

mein Kopf u-g meine Hand u-py

mein Auge u-asupâua meine Hand- u-pu-pa

meine Nase u-nygpi flache

mein Nasenloch ■u-inyanipi-niaâba. mein Handrû- u-pu-ohjlû

mein Ohr u-risâba cken

Gehôrgang gpikuru-maâbg mein Finger u-pij,

mein Mund u-ligrumg mein Daumen upy-té

meine Lippe u-karuma-upâ ■ mein Zeigefînger u-pu-erg.

méin Zahn u-nyayâ - meinMittelfînger u-pij-seratgrg

meine Zunge u-kupâ mein Goldfînger u-pu-gnyërâ

méin Haar u-apisâwa mein kleiner u-pu-onelàwa

meine Augen- u-esa-iueba Finger

brauen mein Oberschen- u-nyumq,

meinSchnurr-l kel .;

bart [ U'kwi-sàbg mein Knie u-pi-kinyû

mein Kinnbart } mein Unters- u-soy'ébçt

Kôrperhaar sâbg chenkel

mein Hais u-d'ébg mein Fuss u-pi

mein Rûckgrat u-okele-cba meine Zehe u-pi

meine Brust u-hirutû mein Zeliennagel u-pi-kisg,

wreibliche Brust n'gmq . meinFingernagel u-py.-kisg.

mein Nabel u-p'érg meine Ferse u-pi-asg

mein Schamhaar u-isa-kwi-sâbg Knochen ëba

mein Geschle- u-sggbg mein Fleisch u-pisgyâ

chtsteil cf mein Blut nyae

Geschlechtsteil 9 sgg mein Schweiss u-kotûrâ

mein Hinterer u-pldg mein Harn u-sï

meine Schulter u-oké_ mein Kof u-nyidg

mem Arm u-nà Leichnam uis-pgbg

mein Ellenbogen u-na-kinyo Totenseele uis-amèerg

Himmel . ifémâ Neumond ati ngàrâ

Sonne ngg Stern burupgwg

Mond ati Milchstrasse -syùra


1T0 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

// ; A. : ■ B. ' :; G.

Séhattén aâmg . - Morgen ngqi ihab.

Qsten nga uytg.bg, ■ Miltag gd

Westeh iigg mgyamg Abend nggmgyid

/Nord-Sûdrich- ûgg sgggrg Nacht -.; ngàniqyâ.

: . tung Wasser ese

Feuer sgnu Fluss syâra, ese

Brennholz sâûgg. Rio Madéirâ Esë-iaya

Raueh somi-niiïq ■ Rio Machado Esç-amada

Tîohle. somi-arok^yâ Rio Jamary Piurûdâ

;Wind ■ ngo-iyii Rio Gandeia '.' SépeJoirirâ.

Blitz ) ..„ , ,, Quellbach esë-apâ

rv caparakg .. - •• , ' ,~

Donner ) -b lussmundung ese-heremg

Wôlke ngô-pi-syurâ Stromsch-nelle niàndû

Regen e Sumpf, See eçtyg. . ,-'■

Regenbogen sgd-màâba Erde ëya-. ■■.--/.

Regenzeit 'è-'grg Stein iso'g, isg'g

Trockenzeit Agg ngaranâ Sand sohj-iyâ

Mann gtâ mein.Vetter u-Mrg:

Weib y-spârâ \ meine Base u-pârg.

-Knabe uygbirâ meine Grossmut- u-timuyâ

Mâdchen usparitg. ter

die Mannschaft ian-tsô mein Sohn. ç? .u-s'êrâdas

.u-s'êrâdas uspa-tso méin Sohn ■■}■':«■■'. '". „

:Grëis ui-mûya meine Tochter) "° . .

G-reisin -Ui-niaya. . meine Tochter u-puirg.

mein Bruder )Q /..,.: mein Gatte u-maâo:-■ ... -

même Schwester^ / ° meine Gattin .^ u-sgyg,,u-ïsggyg

hxéin j.ûngerer .. Zauberer - : : M-abgyâ . ° /

///Bruder c? u-kërg bôser Zauberer ; ui^-gkigrâ.

/'meine Schwester u-pârg unser Freund uUpïiâ .

mein Vater ,u?pa ' ' ufr-tonô

/sein Vater i-pg ; miser Feind uis-gmbg.bg -.

même Mutter u-ti Brasilianer ) j--

seine Mutter i-ti Bolivianer ) ° ■'"-/

niein vaterlicher u-âbâyâ Weisser . kpapgkg.

Ohèim Neger ' p-pâmnq,

mein mùtterli- 'u-tairâ Indianer -';- sébefe . :

/cher Oheim Jarû \ .-../,..

meine Tante 'u-hâyâ :\ Ûrupâ^ . sgbete


WORTLISTEN AUS AMAZONIEN

A. B. C

Tupi do Rio Ma- Tqnn Tanz aii'gmg

çhado Arznei ui-ag.bg

Parintintin ■' sobetë-atû Menschenspur i-pi

unser Dorf uiâ-pitû mein Federdia- u-pengânig

unser Dorfplatz ui-akâdô dem

Haus âkg Nasenschmuck nyâpi-bû

Hauspfostèn akg-tûng. (aus Harz)

Tùr . aliâ-rapï Ohrschmuck (aus gpi

Weg paâ Federn)

Pflanzung ngâ Kleiderstoff pa

Hafen btiopa Hose soyebg.

Boot nggya meine Bluse u-ghûna

Bogen ' gdëbâ ' Meissel aus Cu- mundq-nyqyq

meine Bogensch- ii-gdëbg-sombù tiazalm

nur Feuerbohrer sgmi-gtqbq.

Taquarapfeil mumpadâ Tontopf mburg

Taquaraspitze - munipàdo-i-nyôyg Wasserkalebasse bun'gng

Flederung des i-papâ Guia (ungesch- mgmpâ

Pfeils wârzt)

Pfeil mit Kno- nampisû Korb sirqbàmâ

chenspitze - napisyû Matte mbl

Angel tyùbg-gd'qbg Bratstânder isiabgkgrga

Axt hi-kgnkgnâ Fisch oder Flei- isiobeebg

Messer hï-iig sch,boucaniert

Buschmesser hi-pâ Reibbrétt (aus hiygpahikgbg

Bank nygmbû ' Baumrinde) -

Hangematte erernb^. Rôstpfanne burohipapa

Spindel syuntyûng Mahltrog âmg

Faden ëruré Mahlklotz mgntâng :

Oberarmband nampikâng Maismehl ngiyg-tàkg

Knieband pitukidg Beijû paya

Gùrfel • sokoiû Kasiri ayyM-pgkg

Kindertrag- apûya Essen pydugbg

schlinge Flôte sgbû

Wildspur i-p-ii Brûllaffe àig-pikù

Fell pa Coatâ 'qnqmg

Schwanz' i-sepôyâ Barrigudo tasyuruii

Affe gva Fledermaus qygri


112 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

A. B. C.

Yaguar gmaku-trgmâ Paca mugngtû

Puma gmaku-s'qmâ Capivara ' gpimpi

Maracajâ gmaku-i • Reh ndë

Fischotter tarârg Taiaçû-Schwein tso-istâ

Raposa gniaku-sarà Taitetû-Schwein tso-sesôya

Irara gmaku-cma Rind gpinipi-atù

Coati iruyâ Pferd irubg-tu

Hund gmaku-pgkg Tapir irubg, ir'ibg

juriger Hund gmaku-pgkg-erg Tamanduâ gmerq.

Meute gmaku-pgk-pitâ Ta tu- tso-syu

Ratte pgri-i Coandû ngu,

Pereâ pgri-p'gkg Faultier .

Cutia mund'g Mucura ngnkgng

Feder i-s'gbâ Cigana dyaiâ

Flûgel i-papû Anum âyâ

Sehnabel i-moyëpâ Juruty umidâ

Nèst i-pisâkg Juruty (weissch- kuyagbg

Ei i-syupi wânzige)

Harpye mbggb-atù Rollinha t'ê-i

Caracarahy mbggbi-i Jacamy syùyg

Kônigsgeier syûkg Jacû mareya

Urubu gskurû Mutum fava misyiï,milvû,

Murucûtutû pegpékg Urû kurundù.

roter Ar.âra pàrg Huhn kurundu-atû

gelber-Arâra qrgtâ Jaô pgmgpiûbg.

Papagai ngu Maguary' gskgrgyâ

Periquito iding weisser Reiher kgkg. '

Ariramba ibgsgkgrg Tauchervogel burgmburgbâ

Specht urupâdg Cararâ ipgpapuirg

Tucano niâkgdg Pavàozinho do sânrn

Japiim arig-i rio

Xincoà tikga Moschusente kukû

Jacaré gsû Jararaca gsû-etsarâ

Teju-açû sohu-grisù Sucurijû sgd-madwâ, sqrqEidechse

sqrqEidechse maâbg

Landschildkrôte mbûbg Krôte Cururû tururâ

Tracajâ nibùbg-pâkg Baumfroseh . manig.

Sehlange s'grg ~


WORTLISTEN AUS AMAZONIEN 113

h '-- , ■■/.""

Fisch ■ . tyiibg Acarâ été

Grate . 'iyubg^cbg Piranha . ip-sgyâ.

Séhuppe îtyubg.'-pà Mâhdihy mbgfgbg

. Flosse ■"-'■"' tyubg-papû Poraqué nyûg-iù

-Tambaquy. / iwatipaayâ Sôrubim iwg-tâ

Pacû ;" fpgku.' Jacundâ ipahirikg

Tucunaré ' -ëtè-pgkg Rochen giyu

Aeary . ' ' fdï - v /

/Riene :êrg- Termite ngùbq.

.. Honig <'er4-së Laus géëbq . ■//■-■■/

Wëspe '/;' iiggbg . Elch nyungq. ■//'/■

Schmetterling "•■ ; papa Vogelspinne - gpayâ

: Eâfei. grgbûrâ Skorpion këdn'grg

Sauva <■ mbing. Tausendfuss idingpâ

Tocandira - iiompi Krebs . ara

Feuéraméise ^sai'gbg Regenwurn ngirâbg

Baum ébq~ Gipô tepû

Holz 'ébg: Açahy iri

Blatt ebg-sâbg Bàcâba ëbyi

Blute ;'.-■.. ebg-gsiirg Anajâ puni ":■''.

; Rinde . ...ébg-pa Burity pày-'g

/ Wurzel zbq-liunyambu Mais.. ' ûgiyg , ',,/..

Dorn hu Mandioca nggk-tâbg

'..- Fjucht. )èWg '. Macaxera . ngglig. - ; ,

Bast ïëpâ /Gara gh'g

Gâstanheira pmjyg-ebg B.atate ghû ■"'-■-

.Câstanha fniityg. Kiirbis tifrû

Seringuéifa i "ika-ebg Bonne (unbekannt) / '/

. IVUlch der Serin- >ùr.g-se Tâbâk (unbekannt) '/

;gueira -.: './' Urueû ekû

Cedro . MM Baumw^olle erurû-sgbâ

/ Embauba --grgfgi Banane - pgkû ' /./

gross ■■'-■'.;.-t'àhrui lang . hgrgni napâ .

klëin . -sâraidi ■ kurz teg napâ.

. kalt '""' j-kïgrâ . weit • âpata

keiss -i-gkuba nahe hgtaià ^ / /

breiter Weg ''.:'pàagrgbg . hûbsch ■ ta-puaâ-i \- Société des Américanistes, 1932. .8


114 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES - .. .

dièse ist hubsch hgg i-piigd weiss . ipgkg,

dièse ist hûbscher hgg mun i-puqà eins mundâpâ

dièse ist am hûb- hgg mun ■ i-pu'gd zwei pgtâm '■-■ ■

: schesten ' ddnan drei .'_ moiûm

hasslich . ta-saranâ-i vier ligrâiïta

er ist nicht liâss- ma i-sarâna fûnf uis^put

lich - sechs mundâpâ uis-pukuder

uis-pukuder hasslich hgg i-sarâna r'ûgt

der ist hasslicher hgg mun i-sarana sieben pqtam uis-pukurder-

uis-pukurder- am hass- hgg 'mun i-sarana ûgt

lichsten danan u. s. ~w. u. s. w.

redits u-pg Jcgtâ zeliri uis^pu. pqmâ

links ' u-pg nya ein Messer mundâpâ hi-Hg

rôt is'gma zwei Messer pgtâm bi-ipg

, blau i-kerg viele Messer .katad hi-itg

schwarz ■ i-cmq wenige Messer saraid.hi-iig

- ich . uân da liegt meine hub ii-sqyg

du i aàn Frau

er - . iân ' ich esse ii-pudu-ti-ni-un

wir uita er isst ta-pudu-ti-ni-i

ihr . aità ich habe schon u-pudïtrni-un :

■sie iân, iân-isg gégessen '"/

mein Haus u-âkg er bat schon ge- ta-pud-uni-i

dein Haus a-âkâ, gessen

sein Haus i-âkâ ich werde essèn M-pudu-ti-uh

unser Haus -■■ uïs-âkg er wird essen tapudu-ti-i

: éuer Haus ai-âkâ iss ! a-pudû .-

t ihr Haus i-âkq lasst uns esséhl mûïn^puââ;

'■■■■: "- ich sitze u-kub-ni-qn . esset! ■_' gis-pudù

du sitzest . a-kub-ni-gn ich esse nicht ma u-pudu-ti-ni

ér sitz't ta-hib^ni er isst nicht ma i-puolu-ti-ni :

./.'wir sitzen uis-kub-cu-ûita ' ich liabe nicht ma u-pudû

ihrsitzt gis-kubr-sU-âita gégessen

sie sitzèn ta-kub-su-i , "er hat nicht gê-/ ma i-pudû

da steht meine hg u-sgyg gessen

Frau ich werde niteh nia u-pudu-gâg

da. sitzt meine 'ni u-sgyg essen

Frau er wird nicht ma i-pudu-gâg

essen . ■


WORTLISTEN AUS AMAZONIEN 115

iss nicht! nia a-pudu-qâg ich habeihn ge- i-u-un

hier wrerden .wir hubuis-pudu-abg- bissen

essen ich habe midi u-u-un

den Urubu isst gskurû ma ni- s'ebissen

man nicht ' tiutad er liât sich ge- ta-u-i

Ort wro man isst i-pudu-qmbi bissen

Essen i-pudu-gbg sie beis.sen sidi ta-u-tu-sq-i

nimm das zum kaatgbgrg a-iiûd er ist schmutzig fa-pagn-i

essen ich habe ihn schich

schich H.-^« «-m-a. fe mutzig geessen

geessen i-mu-pagri-un

der Mais ist zum iigiy'g ui-tigii ich habe mich

essen schmutzig ge,

ge, mich essen ! syub u-pudû macht u-mu-pagn-un

er geht essen i-an i-pudu-ti Schmutz i-pagn-ya

er will essen ; ta-pu dugâg-i ein Schmutziger gtâ paqn-ya

icli will essen ii-pudu-gdg-un ich habe mich auf * <

gieb mir das Mes- hi-itq pu-hiri den Boden geser

geser setzt ey-u-kupg min

giebihm das Mes- hi-itq. pi-hiri . ich habe ihn auf

ser! den Boden gei.ph

gei.ph dir das bi-ita pu-yahitikg setzt es-un-i-mu-kupg /

Messer, er hat sich auf

gieb uns das Mes-- hi-itg pu-la-hiri den Boden ge.

ge. ! . setzt / es-i-kupg

ichgebe(dasMes- ma u-yahiti schneiden igléno

ser) nicht schneide ! iqlâng.

er gieht (das Mes- ma i-yahiti schneide mit dem

ser.) nicht Messer ! hi-itq-pi aliéna

ich bin gek.om- u-ud-un Schnitt ' isdgi'

meh . er schlaft in der . ta-katyu-i erennf

ich gehe u-iaii-un Hangematte pipa

ich trinke Wasser u-aseuli-un schlaf t er? ma ï-katyu

ichwrerdeWasser u-iaii-un u-aseù schlafstdu? maa-kaiyu

trinken du schlàfst a-kaiyu-an

er trinkt ta-seu-ti-ni-i ich wiil schlafen u-kad-aç-un

die da steht w^ar ha ituga sa u-sqyq er will schlafen ta-kad-ag-i

meine Frau . isaruâtukad ich will nicht schjene

schjene wird meine aka u-sgyg lafen ma-u-kad-ag

Frau w^erden lass mich schlaer

schlaer mich ge- u-u-i ■ fen ! svub u-kad

bissen -


116 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

Schlafplatz i-liad-gmbi die Manner gehen qtâi-hg-ii,\ispàrg

hier ist sein Sch- ubi-kalgbg und die Frauen hgta i-sqti

. lafplatz bleiben

er ist gestorben ia-pgb-i wrozu ist das? manaaàtikq,

tôte ihn ! igkù uni mein Boot zu u-ng'gyâiakati

tôte ihn nicht! ma-an-igku-ti machen

Tôter n-ygku-grg w^ohin gehst du? muhgman

hier hat er getô- ich (gehe) nach u-gqyâ-pi un

tet hq. ta-iqku meinem Boot

er ist schon ge- er geht nach Ma- Manâo-pi pitâtq

gangen ta-iar-i nâos

geh ! a-târa ■ wer ist es ? ma man

ich gehe flussauf- was ist es ? mara man

■ warts isëhud u-atuki wo ist er? mumqn-i

ich gehe flussab- isë ndikob u-atuki wann gehst du? mû am àtaiikq

w'àrts woliin gehst du? mûhqm atatikq

komm! a-syu a-urûû was willst du? ma mpa-aqdâkq

er kômmt tà-uud-i ich will ein Me- hi-ita p-u-gd âkq

der Ortwoer lier- i-uutqbq sser

kam ich bin hungrig u-gùi-pudu-un

unser Tanzplatz ui-angakgbg auf dem Stem isgq kupa-i

ich -habe ihn (mit i-àsyûku-uH unter dem Stein isgq samipa-i.

dem Pfeil) ge- vor dém Stein isgq at'éy-i

schossen liinter dem Stein isgq kur'gdi-i

der ist (mit dem . akà i-asyûku-qmâ bei dem Stein isqq iyqu-i

Pfeil) geschos- bei mir u-iyqu-i

sen er ist in dem Boot ngqyâ-pipa-i

die(Pfeil-)Schuss- Psyuku-gbg wir sind in dem âkq-pipa- uila

telle Haus

ninini das hin ! kaatqbqrq heute,jetzt kaid

du gehst und ich a-târa, hqt ■u-sali- gestern ngq-mqyâ

bleibe ka morgen dimuiidây

IV. —PARIRI (Arâra).

Gewahrsmann : der Pariri-Indianer Tiniârâ vom Rio Iriuanâ, linker

Zufluss des Rio Pacajâ de Por tel, z. Z. in Belém do Para, August 1926.

Kopf mumci Nase inân

Haar irctput . Schnurrbart ipotpûl

■ Auge eûurû Mund . ipçri


W0RTL1STEN AUS AMAZONIEN

il?:

Lippënloeli iboeâli

Zunge - ilii; Geschlechtsteil 9 è'H

Zalin iyén, yéri Schulter itorati

Ohr" ipârtân Arm apari^-mpru)

LoehimOhrïapp- EUenbogen abolëli

■■ chen ipanacâli Fingernagel amôën

Kéhle . itcpulu Hand ) . ,.

■ . - r ; . _,.■">■ - emiah

Brust imâripun b mger )

Brustwarze mànâri Oberschenkel ibet

Bauéh . imin Knie etëkumulj

Nabel ■ . ippli Unterschenkel iptin

Rucken . imgwen Fuss ipûn

Geschlechtsteil(-^ énpen, ëmurù

Himmel kapo Rauch- kampiklnq

Sonne : cici Wind aptenû ■

Mond nung Wasser paru

Stem cirin Stromschnelle ëton

Schatten itinri Regen kgnpo

Feuer kampot Erdboden orôiï

Brénnholz y Ci Stein ipi

GInt empôri ' Berg itépili

Kohle kampurut Wald ituwâ

Asche wenâda ■ Weg ônma

Mann iô Yurûna Pârupodari

Weib " ibût Açurinî Nerimg

Kind, - . imëren Eigennamen <$ Timarà

Pariri (Arâra) Pâriri Arakiném ■

' Opingdkôm . .9 ^i

Timilém : Qimilhn Cinûn

Parakanâ Palakanâ Titilka

Kayapô Àotika

Haus auta Glirfeder ipanadkân

Hangematte gtuât Nasenschmuck innapiâli

Schamsehurz .epïpoi Oberârmband imbie

Kleidérstoff gppinô Handgelenkband dutkgn

Hut imômpôi Knôchelband ipcimimul

Penisstulp . enpën min Perlen ,■ kuli .

Fëderdiadem afàMri Stammestâto- erepkun

wierung


118

SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

Bogen topkat, arapé Messer pulepte.

Pfeil pifôm Topf • qrinko

Bogenholz (?) itgpti Tragkorb ew'ém

Bogenschnur enwéd Korb aramiumium

Pfeilspitze yatilo Môrser gnnebli

Kerbende des ' apon (Feder?) Feuerbohrer werig

Pfeils . ., dessen senkrech- iô

Pfeilfiederung awqbkôtowot. ter Stab

Fischpfeil Hy, dessen wagrech- ibût

Vogelpfeil ibyli ter Stab

Taquarapfeil wapi Spindel kodegewaiôro

Widerhaken der yakili Kamm . yemkâd

Pfeilspitze Tanzrassel kamâb

Eeule apôn, yeikô Flôte eiki

Angel opine - . Tanz or.éni

Boot mobâ Skalp imompi

Ruder marapqt. Trophae aus der ipolpi

Axt opinëum Gesichtshaut

Aife tawé Capivara iimcurë

Brùllaffè arûn Irâra wayùkq

andre Affenart kuyeg Reh warckô

Yaguar okorô Riesengùrteltier otkôimq

Puma qwomàd Gûrteltier otpira

Maracajâ ' weirô

Vogél laléni Papagai « Uru- kawig

Nest apôi bû.»

Ei . imù Ger^de torquata aradkâd

Harpye (Trasae- kudhikûi Eule ' lurâimg

tus) Momotus momo- motifrg

Falke (Spizzae- wocfgq ta

tus) Gotinga cotinga )

Falkemitweisser cigi Gotinga cayana ) "°

Brust Guiraûna kalakiot

Gauré pëwit Rapazinho dos piqkut

roter Arara kara velhos

gelberArâra awi. Xincoà ■ ij.rocigau

Papagai roro Latrea cinerea cëciwit

Araçary kâkak Gaboré l'ûlë

Araçary mitroter kaôiï Falke mit gefleck- pëwit

Brust tem Bauch


W0RTL1STEN AUS AMAZONIEN

119

Microtrodon amadkô Japû karakiôt

roter Sabiâ tolocé Kolibri tagati

Specht tiékilolô Mutum pawi

Tanguruparâ • timotulùt Jacamim arabina

Phoenicocercus karaug Juruty watimi

Trogon anakâ Pomba trocal potapu

Querula cruenta tqwalqwadkeni Jaburû ibcimaum

BacUrâu payakurà

Krokodil wakat Fisch wqt

Kamaleon tuwëtium Kiifer niëlitôn

Schlange qkôi Laus emiali

Baum yei Baum-wolle kodegewât

Mandioca kilén

gut kur'èp weiss taptikiyeni

schlecht ilupè blau ekuyulëm

krank apûdub rot cimilëm sehwarz , takilikinëm

eins nané drëi atâganane

zwei . atâg vide loris.

ich ur'g er, jener mô, mbo, mon

du gmorô

auf ibimpo, iopig bei edpap,. hotpôto

unter iomnô

komm ! orepko lege-es hin (?) yogpiig

geh ! il à er schlaft owinki

setze dich ! igwamko er ist gefallen . qûtéle ■

stelie auf! ' wâumko er schiesst -.(mit .uaneptan

nimm ! mê dem Pfeil)

bringe lier ! enëpko er tanzt orëmpe bringe hin ! • anko ■



FOLKLORE DU HAUT-AMAZONE,

.. : PAR LE MARQUIS DE WAVRIN.

Légendes des Ahuarunos (Awahun).

LE FEU. — ■ L'oiséâu-mouche avait froid. Il arriva tout transi à une hutte, où il y avait du feu. Les habitants remarquèrent qu'il s'approchait trop de la flamme, mais lui s'en rapprochait de plus en plus. Eux, peines de voir qu'il allait se brûler, l'éloignaient et le poussaient un peu en arrière, mais il s'obstinait à se rapprocher ; eux le repoussaient de nouveau, il se rapprochait plus encore. Par inadvertance, il mit sa queue dans la flammé, se brûla et s'envola, la queue toute en feu.

Comme il volait ainsi avec la queue enflammée, il rencontra des arbres secs et partout où il se posa, il mit le feu. C'est ainsi que les Indiens connurent le feu. : . ."■;;

LE MANIOC. — Lès anciens ne connaissaient pas le manioc, leur nourriture était composée de fruits d'une liane, le « wrashik », lorsqu'ils tombaient. Il les fallait bien soigner ; et comme ils n'avaient pas de feu, ilsles réchauffaient sous leurs bras (tsukap, sous-bras). A force de tant lés chauffer ainsi dans .leurs sous-bras, lès enfants attrapaient- la lèpre « kutchap » et beaucoup en mouraient. -

Alors, une femme; qui allait à travers la forêt à la recherche de ce fruit, arriva à Un ruisseau qu'elle voulut traverser. En le passant, elle trouva une branche de manioc et en fut fort surprise : «D'où peut venir cela ? » Elle suivit le ruisseau afin de voir d'où ça pouvait être venu. Elle : arriva de la sorte en un endroit où elle vit une femme, qui était occupée; à peler du-manioc sur la rive. Toute surprise, elle lui dit : « Que fais-tu, soeur, quepèlès-tuià ? « — « Je pèle-du manioc », répondit l'autre. Alors * céllè-ci lui dit :.« C'est cela le manioc? J'ai entendu dire que jadis il existait du manioc. Donne-m'en un peu, pour que j'en sème moi aussi. » La femme répondit : «Je ne puis t'en donner, mais je vais te donner un talisman. » Et -elle lui donna un enfant, en lui disant d'en faire ce qu'elle voudrait. « Demande du « masato », demande du manioc, demandé ce que tu voudras, avec cela tu auras ce que tu désireras. »


122 ' SOCIÉTÉ DES AMÉUICANISTES

Alors là femme retourna chez elle, et quand elle arriva à sa maison, avec l'enfant, elle lui demanda une urne de « masàto » et une marmite de manioc cuit. Son mari, qui avait été chasser dans la forêt, rentra affamé ; elle lui présenta le masato. « Qu'est cela? » lui dit le mari •— « Prends-le simplement en silence », lui dit-elle. Le mari but le masato. Dès lors, ils vécurent bien de la sorte, buvant le masato et mangeant tout ce qu'ils désiraient.

La femme dit: «Je vais appeler les diables. » Elle appela les diables qui lui volèrent l'enfant... C'est pourquoi ils l'ont perdu, ils ne l'ont plus, mais ils ont gardé le manioc.

LES DIEDX DU PONGO. — Cumpana habitait le Pongo avec sa femme; ils vivaient au sommet de là montagne qui domine la rive droite. En face de làj sur le sommet qui domine l'autre rive, quelque peu en amont, habitait Ataghus (dieu), ils se causaient entre eux, se voyaient sans cesse, se parlaient tous les jour|s.

Un jour, la femme de Cumpana était descendue au bord dé l'eau pour laver les vêtements. Tandis qu'elle les frottait, Ataghus survint et la vit. Sa jambe était nue. Dans cette position il remarqua toute sa jambe, et plus haut. Alors, il lui dit qu'elle devait lui appartenir, qu'il la voulait : « J'ai désir de toi, je te veux, tu te coucheras avec moi. » — « Je ne puis, car Cumpana est mon mari. » -— « Cela n'empêche ; tu habiteras avec lui mais viendras me trouver. » .

De ces rapports/la femme devint-enceinte d'Apaghus. Quand Cumpana la vit dans cet état, il comprit, se fâcha, la frappa (la blessa à la tête de coups de couteau, selon leur façon usuelle) et dit : « Je ne reste plus par ici. »

Il s'en fut vivre au loin, emmenant toutes ses femmes.

Apaghus continua à appeler la femme ; mais l'endroit était vide ; et il se lamenta. Une pirogue d'Awahun descendit pour pêcher. Elle fut brisée et tous ceux qui la montaient périrent. Ainsi furent détruites toutes les embarcations qui se risquaient dans cet endroit. Elles étaient brisées dans les tourbillons, et ceux qui les montaient étaient noyés. L'odeur des cadavres devint insupportable. « Je ne puis plus vivre ici ; je m'ennuie depuis le départ de Cumpana et la mauvaise odeur est intenable. » Il monta au ciel en jetant au Pongo ses caisses, parce qu'il partait pour ne plus revenir. Les grosses pierres, saillantes au bord de l'eau, sont les caisses qu'il jeta.

Variante. — A la rive du Pongo vivait un « panghi » (un boa) dans une caverne de la montagne de Wnkanki. Il existe encore


_ F0LK-L0R15 DU HAUT-AMAZONE -123

la un oranger. Là, un Dieu se disputait sans cesse avec un autre, qui habiLait en haut de la rive d'en face. Ils se querellèrent, se battirent, et depuis lors le Pongo s'ouvrit un passage. Auparavant, le Maranoïi ne passait pas là.

LE SOLEIL. — Le soleil est un homme. Il avait de nombreuses femmes, de la famille des grenouilles (quant à leur aspect). Il vivait avec elles en bonne harmonie. Tandis qu'il était à la chassé, l'une d'elles, en voulant sauter, se blessa et se rompit la jambe en tombant d'un tronc qui bascula. Elle cria : « how ». Elle voulut rire et dire : « Ha, ha, Aay », comme rient les femmes ; mais ne put que dire : « How, how », comme la grenouille qui se fait entendre lorsqu'il va pleuvoir.

Le soleil fut de nouveau à la chasse et ordonna à une de ses fenimês de préparer des haricots pour son retour. Cette femme remplit une marmite de haricots qu'elle mit à cuire. En cuisant, leur volume augmenta et la marmite déborda. En voulant les empêcher de tomber, elle brisa le récipient. Quand le soleil rentra affamé, il ne trouva que le désastre causé par cette femme et la réprimanda. « Inutile, je t'ai dit de cuisiner parce que je pensais bien que j'aurais faim en rentrant et tu n'as fait que détruire toute la provision de mikka. Je ne t'avais pas dit de préparer le tout, mais seulement autant qu'il en fallait pour manger à présent. Par ta faute tout est perdu. »

Une autre fois, comme il était encore parti pour la chasse, il lui ordonna d'arracher les mauvaises herbes et de préparer des « pifayos »■- 1. A son retour, il la trouva encore occupée à détruire les herbes. Rebuté de tant de stupidiLé, il posa une planche à broyer la yuca pour le masato sur une plante de pifayô, sur les feuilles. Là-dessus, il posa encore un panier et monta sur le tout lui-même. Rapidement l'arbre grandit et il s'en fut au ciel. Ceux qui cherchaient à grimper ne pouvait y réussir et tombaient. C'est en vain qu'on essaya d'abattre l'arbre ; on ne parvint, pas non plus à rappeler le soleil. C'est pourquoi le soleil est resté là-haut,

LA. PLUIE. — La pluie est un homme. Il pleuvait- par trop. Alors un guerrier s'en fut pour le combattre. Il rencontra la « Pluie », ne le reconnut pas et lui dit : « N'as-tu pas vu la Pluie, je vais la tuer. » — « Si, elle vient par là ; attends-la et tu la verras arriver bientôt. » L'autre attendit et l'averse passa, elle s'en fut en grondant et accompagnée de tonnerre, vers lés montagnes. Le guerrier se rendit compte qu'il avait été dupé. Il poursuivit la pluie, mais sans jamais parvenir à la rejoindre.

d. Fruit d'un palmier dont les Indiens font également du masato ; ils appellent ce palmier: « u3rae ».


124 ■ " , ■ SOCIÉTÉ DES AMÉRIGAN1STES

'■'■ ' " ■■ "

DÉLUGE.-—Interrogés, tous les Indiens me répondirent qu'ils •n'avaient pas connaissance d'un déluge ; que leurs ancêtres n'avaient jamais parlé d'une grande inondation. Par contre, tous savaient seulement que certains hommes disent que les anciens, les vieux, parlaient d'une terrible sécheresse. Toutes les rivières étaient à sec. Il ne restait qu'une seule mare d'eau dans laquelle habitait un «panghi» (boa) qui dévorait ceux qui s'y risquaient.

Toutefois, l'idée d'un déluge n'est pas absolument inconnue.

A la quebrada de Tuneinsa, un peu en aval de celle de: :Qrpcusa, affluent de la rive droite du Maranon, à la suite des tremblements-de terre de juillet 1928, les Indiens construisirent un radeau, ils avaient projeté d'y construire de petites cases pour les enfants. Ils devaient y semer des graines de toutes sortes, ainsi que de petites plantes comestibles, des tubercules et y apporter dans ce but de la terre, afin de sauver la race en cas de grande inondation. En diverses quebradas du Haùt-Maranon, les Indiens construisirent des radeaux, et ils dansèrent complètement nus, pour apaiser le dieu qui provoquait les tremblements redoutés. - ' i ' .-.'-■. • '

Quelques traits de moeurs des Indiens du Pongo (Jivaros),

L'ATTAQUE D'UNE HUTTE. — Quand les Jivaros ont des raisons de craindre d'être attaqués, ils doublent la paroi de leur hutte à l'intérieur et construisent un mirador pour surveiller les abords immédiats, soigneusement déboises au préalable.

L'ennemi de son côté s'est préparée Les guerriers ont pris l'attirail de guerre. '

: A l'ordinaire, l'homme marié ne porte qu'une couronne de plumes comme ornement de tête, sans y ajouter la dépouille d'un oiseau. Lé célibataire porte au contraire cette couronne avec un oiseau. La femme mariée se pare de brassards.

Quand il .va partir pour une expédition, le guerrier arbore une couronne ornée de plumes de la poitrine du toucan (pinche). Dans la bande qui correspond au front, est cousu un morceau de peau avec des plumes bleues; dans la bande voisine, un morceau de peau avec des. plumes vertes.

Si la couronne porte diverses bandes vertes, c'est signe que l'homme n'est pas sûr le sentier de lia guerre.

Ou bien encore, le guerrier se coiffe d'une sorte de toque faite d'une peau de petit singe séchée ; les pattes de l'animal sont réunies sur la couronne, pour la faire tenir sur la tête. La tête pend sur le: front de l'homme. Dans les trous des yeux sont insérées des graines rouges et noires.


• . F0LK-L0RE DU HAUT-AMAZONE 121:

Si l'homme s'est orné de peintures fantaisistes, cela n'a aucune signification, mais si ses yeux sont entourés de grands cercles noirs qui agrandissent l'orbite, cela veut dire qu'il va à la guerre. De grands traits larges ont la même signification. J;

La veille du combat, tout le monde se peint tout lé corps en-noir.

Il s'agit de trouver des alliés, mais comme-on est toujours plus moins, en délicatesse, il faut prendre ses précautions et palabrer. Une troupe de guerriers se présente donc en parlementaires à une case du voi-": sinagë. Ils sont reçus par un nombre égal de guerriers de la hutte.

On commence paKun simulacre de combat rythmé. Les deux rangsdéï Iguerriers se font face, se traversent et retraversent. On s'arrête. Leshabiânts de la hutte parlent en brandissant leurs lances ou leurs fusils, tandis que les étrangers: les regardent immobiles. Puis, les rôles changent et. c'est le tour des étrangers d'accomplir les mêmes gestes et rites. Ils se crient des mots .hachés, scandés, sur un ton de menace. On s'interpelle à tour de rôle, sans interruption. Le deuxième acte commence par l'approche d'une femme qui présente le « masato » aux étrangers. Les pourparlers s'engagent- On convient de la paix entre soi et d'une alliancecontre un ennemi commun. Chacun boit une gorgée, la femme présen-; tant lé vase à la ronde, d'abord aux étrangers, puis au chef de la hutte et à ses guerriers. On n'interrompt pas les gesticulations jîour cela.

L'alliance esLcopoIuè, On présente des sièges aux nouveaux amis, tàn*f: dis que les habitants' de la hutte restent debout. On continué à discuter f face à face. Les visiteurs se relèvent, récommencent leurs gestes violents^ tandis que, sur un signe de leur chef, lés guerriers changent de vis-à-vis. On finit par se jurer: amitié entre soi et mort à l'ennemi commun.

Ensuite, on boit le. «masato » et l'on s'accroupit autour de quelque aliment, qu'on se partage, chacun ayant soin de manger un peu des mêmes morceaux. Puis, oh se lave les mains. .-'■■_'•■

Le chef de la hutte, debout, est alors entouré et il questionne chacun à tour de rôle sur ses rêves. Les uns ont fait un songe heureux, les autres : un songe néfaste. Si les premiers l'emportent, l'attaque de la hutte ennemie est décidée. Les guerriers recommencent leurs vociférations et leurs ges1tiçulations. Puis on fait le plan de l'attaque et on l'accepte.

La hutte à attaquer est cernée par les assaillants, qui s'approchent en ; rampant pour se dissimuler. Quand ils sont tous arrivés, ils se tiennent; prêts. Les assiégés n'ont pu avoir le moindre soupçon. Au premier coup: dé fusil tiré par le chef, tous se précipitent. Les morts sont criblés de s coups de lancesrpar tous les assaillants qui s'acharnent, mutilêritj coupent les têtes,, s'il s'agit d'ennemis de race appartenant à un grand. 1: groupe ennemi. Puis les assaillants se retirent, non sans avoir laissé sur


126 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

le sol leurs couronnes et ornements et les douilles des cartouches tirées. Si, au lieu d'attaquer une hutte, il s.'agit simplement de fuer un sorcier

ennemi, un espion étudie d'abord bien ses habitudes et le nombre de ses partisans. Le plan d'attaque est formé d'après les renseignements qu'il fournit. Les assaillants ne s'en prennent qu'au sorcier ; lés autres habitants de la même hutte ne sont pas inquiétés, ils peuvent se sauver ou regarder tout effarés. Si toutefois les amis de la victime sont en nombre,

ils se lèvent, prennent leut's armés et essayent d'empêcher le meurtre. Les assaillants leur crient : « C'est fait, il est mort ; nous ne sommes

: venus que pour tuer le sorcier qui a fait mourir nos enfants ; -nous sommes frères. » Si cela devient nécessaire, ils se battent et arrachent les armes aux défenseurs du sorcier, puis ils se retirent. '

Plus tard,-ils envoient un parlementaire proposer la paix. Si l'assassinat est impardonnable, s'il s'agit de la mort d'un frère ou d'un fils, etc., les parents jurent de le venger. Les autres, aussitôt après leur attaque, et dans la crainte des représailles, se retranchent dans leur case. Parfois durant un an, les meurtriers n'en sortent sous aucun prétexté. Un coin leur est réservé dans la case pour leurs besoins. Ils savent que l'ennemi rôde aux environs et que, si l'un des meurtriers est surpris dans la « chaera » où dans la forêt voisine, il est tué. Le mort est vengé', le sang est payé. Ce sont les parents de la nouvelle victime qui devront poursuivre la vendetta. Quelquefois la paix .peut être obtenue finalement grâce au payement par les meurtriers du prix du sang aux parents du mort.

v S'il s'agit d'un blanc, c'est plus simple ; un homme le tue par derrière par trahison, tandis qu'en causant amicalement et en riant un homme l'a désarmé, sous prétexte par exemple d'examiner ses armes. Ainsi saiis défense, la victime est criblée de coups et achevée.

LA DEMANDE EN MARIAGE. — La jeune fille est donnée en mariage par son > frère, non par son père. C'est le frère qui reçoit lès présents, un fusil souvent, ou un objet de valeur.. Le père et la mère se contentent de menus cadeaux. Pour obtenir une femme, l'Indien doit se faire agréer de la famille de la fille. 11 leur apporte le produit de Ses chasses, etc.. AU début, il fait à peine allusion à ses désirs et tarde longtemps avant de demander ouvertement la femme. Parfois jusqu'à 3 et 4 soeurs sont mariées à un seul individu, s'il sait se faire estimer, apprécier et aimer de la famille. La veuve est, en général, reprise de suite par le frère du défunt. Il a sur elle comme un droit d'héritage. D'autre part, celui qui épouse une veuve se charge.de ses. enfants; mais si elle a une fille,, dès que cette dernière est jugée nubile, elle devient, de plein droit, femme du mari dé sa mère, après ou même en même temps qu'elle.


F0LK-L0RE DU HAUT-AMAZONE . . 127

Légendes des Jivaros (Groupe Shuara ou Suhara).

L'Indien Cachinto et d'autres m'ont rapporté ces contés : -

à peu p/-ès dans lés mêmes termes.

-L'OISEAU OUNGOUÎIJ. — L'oungoumi (que les Brésiliens du Matto Grosso. appellent l'oiseau-boeuf) était un guerrier. Il avait conquis une « tzantzâ » (une tête-trophée) et la portait, sur la poitrine suspendue à son cou, La huppe de cet oiseau « oungoumi », transformé alors en guerrier,, n'était autre que son diadème de plumes. La « tzântza » ballottait lorsqu'il était assis, mais restait suspendue à son cou.

Un jour, il déclara que le moment était venu de célébrer la fête. Ce pourquoi, il envoya le singe « tséré » convier un petit nombre d'amis, vu qu'il n'avait pas beaucoup de vivres, ni de boisson fermentée. Mais le. « tséré » invita beaucoup plus de monde qu'il n'était convenu et insista eh -outre auprès du-« tchiva » (oiseau connu par les Blancs sous le nom de « trompetei'o ») pour qu'il chantât durant la fête, car sa voix est sonore et ses longues jambes sont propices à la danse. ■".;■■

La compagnie fut nombreuse, car tous les invités se présentèrent et se divertirent fort. La fête allait prendre fin lorsque survint le singé roux - ..(( yacouma ». Dès son arrivée, on lui donna à boire dans une petite caleH basse. Il demanda : « Pourquoi me donne-t-on une si petite calebasse? Elle ne me suffit pas à moi! » Ce disant, il avala la calebasse avec son contenu. Mais la calebasse resta coincée dans son gosier et il'fit dé grands: efforts po.ur la rejeter. Il Criait « Ho-hoô-hôo-hoo » (l'Indien imitait le cri du singe roux), mais elle resta et forma un « titi » (un goitre). . Lé« tzema » (ouistiti où petit singe connu sous le nom de «marisôj») assistait aussi à la fête. Au moment de prendre le « natenia » (la boisson stupéfiante), les autres invités lui demandèrent de vérifier si elle était refroidie. Il y plongea les deux mains. Usé brûla et cria « tsi-tsi-tsi >i eii lès montrant aux assistants. Il en guérit, mais ses mains gardèrent les marques des brûlures. C'est pourquoi elles ont gardé cette teinte jaunej de mênie que c'est d'avoir bu lé « natèma » que sa bouche est noire,, bordée de blanc. . '-'-■ \ :; .

Quand la, fête eut pris fin, tous s'en retournèrent et l'oungoumi garda pour toujours sa « tzantza ». "^

Ainsi me le racontèrent mes vieux parents, « apachero », termina, VIi%^ dien. -,

CONTE DU SERPENT OU DU DÉLUGE. — Les anciens dé la tribu envoyèrent


128 . . SOCIÉTÉ DES'AMÉRICANISTES

trois jeunes gens à la chasse aux « pavas » (espèce de faisans), aux singes, etc.. Après une journée de marche, ils parvinrent au pied d'une montagne. Ils y dressèrent un abri « laka » et, dès le lendemain, se mirent à la poursuite du gibier. L'après-midi, ils apportèrent beaucoup d'oiseaux, qu'ils firent boucaner sur le feu.

Le jour suivant, ils s'en furent encore à la chassé: Mais en rentrant, ils ne trouvèrent plus rien de ce qu'ils avaient laissé. « Qu'est Cela ? qu'est cela? Comment notre gibier a-t-il disparu? »

Le 3° jour, ils dirent : « Que l'un de nous reste ici et qu'il observe en se cachant dans la forêt, qu'il voie ce qui se passe et pourquoi notre gibier disparaît. » Lorsque le Shuara fut seul, un énorme arbre creux se mit à résonner. Un serpent « panghi » en sortit, qui avala tout le gibier et, de nouveau, il ne restait plus rien quand les chasseurs rentrèrent, SÛT le tard.

Le guetteur leur dit qu'un « panghi » était caché dans çelarbre immense : « C'est lui qui a volé notre viande, c'est ainsi ! c'est ainsi ! »

« C'est bien, répondirent les deux autres, il ne faut pas s'effrayer. Demain, nous apporteront beaucoup de bois sec, nons le mettrons tout autour de l'arbre où se tient le « panghi » et nous y mettrons le feu. Nous verrons bien et nous connaîtrons à <ruelle espèce d'animal nous avons à faire ».

Ils dirent cela et, durant deux jours, ils amassèrent du bois à brûler et le disposèrent autour dû tronc de l'arbre. Beaucoup, beaucoup de bois. Le troisième jour, ils y mirent le feu. A force de brûler tant de bois, l'aprèsmidi, il se produisit un grand bruit qui fit trembler tout l'arbre. Le « panghi » tomba dans le bûcher et y grilla si bien qu'il se répandit aux environs une odeur de poisson.

Alors, celui qui était resté en observation dit : « Je vais manger cette chair alléchante, qui dégage un si bon fumet. » — « N'en mange pas! ça te ferait mal, n'en mange pas ! » — « Gela me plaît, je veux en manger, pourquoi n'en mangerais-je pas? Cela me plaît !»

Il fit ainsi, en mangea et dit aux autres : « Mangez également cette chair si bonne. » Eux refusèrent : « Nous n'en mangerons pas! » ' ■'- Or, parla suite, le mangeur demanda à boire de l'eau parce qu'il avait terriblement soif. II commença à boire de l'eau, à boire, à boire. Il dit que sa soif était si dévorante qu'il lui fallait se plonger dans une mare, car il ne pouvait plus supporter la brûlure et devait boire encore.

Tous trois s'en- furent, mais le ventre de l'homme enfla. Arrivé à un étang, il s'y plongea et lés deux autres l'y laissèrent.-

Le lendemain, ils revinrent le chercher et virent que l'étang s'était agrandi et transformé en lac. Le guetteur était couché au centre et avait déjà pris l'aspect d'un serpent. Il leur cria : « J'ai déjà besoin de manger de la viande, ne venez plus me voir, car j'ai faim. » ■


FOLK-LORE DU HAUT-AMAZONE 129

Une jeune fille de la tribu, qui s'approcha pour voir, fut dévorée.

Quand les autres revinrent le voir, il leur dit :.« Je vais éclater,et faire

déborder les eaux. Fuyez et réfugiez-vous sur la hauteur, sur l'arbre le plus

■'.élevéj--car l'eau va tout inonder. » Il dit cela et, lorsqu'ils furent arrives

sûr une hauteur et montés sur un palmier très haut, il éclata et Peau

monta partout, sans.lés atteindre toutefois.

Ils attendirent sur leur arbi'e que l'eau Commençât à baisser. Alors, ils: jetèrent une graine de palme et constatèrent quel'eau était encore profonde. Ils prirent une autre noix avec le même résultat. Puis ils jetèrent unefeuille sèche qui çlàqua sur le sol; ils comprirent alors que la terre était: libre et qu'ils pouvaient descendre. Tout était couvert de boue. Us nereh-.; contrèrent personne, car tous les humains étaient morts. Ils s'en furent plus loin, en d'autres régions, on ne sait où.

C'est tout ce quérn'ont conté mes parents. Ce doit être de ces hommeslà: que nous descendons. Je ne sais rien-de plus. Vr

L'ORIGINE DU FËÙ.-7-^-Un Jivaro du.nom.de Taquia » possédait le féu dans sa maison, dans une cavité. Seuls, lui elles membres dé -sa famille le détenaient et refusaient d'en donner aux autres. : :

Les autres dirent: « Gomment faire pour avoir du feu? Taquia seul en a : et, nous autres, nous souffrons faute d'en avoir. Comment faire pour avoir dû feu, car Taquia est courageux et terrible, comment faire? »

Alors l'oiseau-riioûche dit : « Rien n'est plus facile que de se procurer dû feu, de voler dû feu. Moi, je suis bien passe par la porté et même j'ai sucé des fleurs à l'intérieur. A moi, il ne peut rien faire, » : Les autres lui dirent : « Procure-nous du feu ! donne du feu! «Mais lui répliqua : «' Qui mé paiera ? qui me paiera pour voler du feu? » -~ «Êh bien ! puisque c'est si facile, apporte-nous toujours du feù et de toutes façons nous te paierons. » •—?« Je l'ignore, mais lui peut-être me tuera, si je vole, du feu. » —- « Va donc, en passant" attrape une braise et reviens en volant. » —- « Non, car, si je faisais comme ça, ceux qui se tiennent auprès de l'entrée fermeront brusquement la porte, m'emprisonneront et-me tueront. Vous autres, vous ne réfléchissez pas. En opérant si hâtivement; ils me tueraient. Groyéz-vous que je puisse dérober si. facilement le feu?:» Puis il ajouta: «Je vais à la demeure de Taquia, j'attendrai qu'il tombe une forte averse, je mé mouillerai et lorsqu'ils ouvriront la porte, je passerai .par l'entrebâillement., ils me ramasseront, car ils me caressent, ils m'aiment.» :. ■' ■-■'■-'■" ■'■..

Et il fit comme ilavait dit. Les parents de Taquia le ramassèrent : « On ::varapprivoiser, l'amadouer », diren,t-ils. Ils le portèrent tout tremblotant près du feu : « Pàuyre petit ! Pauvre petit ! il faut le sécher !»

Société des Àiriëricâïïistes, 1932. 9:


130 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANlSTES

, Lui fit Semblant de;voleter et, par deux fois, il se laissa retomber. A la 3e tentative, il passa, soudainement sa queue sur le feu et quand le feu y eut pris, il s'envola" vers la de m eure des autres.

Les Taquia crièrent : « Voleur de feu! rattrapez-le ! », mais il étaitdéjà arrivé chez les voisins. |

■Même légende.— Un jour que la foudre avait incendié un arbre sec,des Indiens Unupi et Gakhèkal me répétèrent le même conte sur l'origine du feu et ils nie narrèrent en outre les contes suivants :

-..LA.LUNE. ^- Lé conteur indien dit : « Je tiens ce conte de mes aïeux. » La lune « N.anto» était uni homme. Il descendit un jour d'une haute montagne pour venir chercherj femme. Un renard « cokantjama » qui était femme, Voulut l'épouser, niais -mal satisfait, il la dédaigna et le renard se retira. La lune chercha alors une autre femme et dit : « Je suis descendu pour chercher des femmes qui soient bonnes, je n'en trouve pas. » Il partit en disant : «; Je retourne à ma montagne où j'étais en paix. J'ai cherché des femmes bonnes, il n'en existe pas! »

Là lune reprit : « Je:suis.encore jeune ! » et regardant le soleil : t< Ce doit être une femme, je vais voir, ce doit être une femme du genre qui me convient et qui doit être bonne. »

Il en approcha pour se rendre compte. Le soleil lui dit : « Pourquoi approches-tu? Ne sais-tu pas que je suis homme. Tu cherches une femme, si tu: m'approches, tû te tueras, car je brûle tout. »— « J'ai très froid et c'est pourquoi je désire me mettre à tes côtés. » — « Comment le ferais-tu? car dès que tu approcheras, tu te brûleras la ligure, retourne, va-t'en ! » — « Pourquoim'enretourneràiT-je, puisque je cherche la chaleur et que sur les montagnes il fait froid? » —.« Regarde autour de moi, les plantes sont desséchées, ta montagne lie brûle pas, retournes-y, ici tu te brûlerais. » La luné, se retira. « Va ton chemin, lui dit le soleil, va ton chemin ! »

La lune s'en alla de son côté et, depuis, elle évite de se rencontrer avec le soleil qui cherche toujours à lui faire dû tort.

Elle s'écarta quelque peu et ils ne se virent plus.

", LA CRÉATION DU MONDE. — Le soleil se faisait vieux. C'était déjà un petit vieillard. Il dit : « Puis-je pester ainsi sans personne à qui parler? Je ne nie marierai pas, je suis déjà vieux, .niais-, par contre, je vais faire des hommes. » Il envoya un homme sur une montagne afin qu'il y vécut et qu'il y put guerroyer.

Il lui dit : <>. La lune a beaucoup de monde. Vas-y faire la guerre et extermine tout ; épargne seulement et amène-moi les femmes ! »


FOLK-LORE DU HAUT-AMAZONE • 131

Cet homme partit en guerre, mais ne rencontra pas d'humain. Par contre, il trouva des chauves-souris. 11 s'en retourna et dit : « Pourquoi nous as-tu envoyé là-bas? Il n'y a que des chauves-souris. » — « Pourquoi n'en as-tu pas rapporté au moins une,-que je la voie? »

Les hommes s'en allèrent, laissant le soleil seul. Mais le soleil les rattrapa et leur dit : « Vous vivrez même si l'on vous tue. Vous pourrez succomber ou mourir momentanément, mais vous guérirez complètement. »

Le soleil appela l'insecte que nous connaissons sous le nom de « amaroundo ». C'était autrefois un homme qui avait été transformé en insecte venimeux et mauvais. Il alla voir ceux qui ressuscitaient et leur enfonça son dard (sa lance) en plein coeur. Alors, ils moururent complètement:et ne ressuscitèrent pins. Et voilà pourquoi à présent nous mourons.

Autre version, -r- Le soleil envoya aux hommes un homme du nom de X.,,, chargé de leur présenter une banane et un fruit de « yaso » (sorte de. noix). 11 avertit les autres : « Prenez Cette baguette et lorsque X.., vous offrira la banane et le yaso, prenez garde, refusez-les et battez-le avec la baguette ! Ceux qui en mangeront seront de pauvres Jivaros. Ceux qui refuseront et le cravacheront seront des Blancs et riches. »

C'est pourquoi vous autres vous êtes blancs et nous des Jivaros. Cela doit provenir de ce que chacun fit alors. C'est un fait.

FAMINE.— Il y.eut une famine. Les gens se disaient : « De quoi allonsnous vivre? » Ils ne mangeaient qu'une sorte dé graine. Une femme alla à la recherché de quelque vivre. Elle trouva au bord d'un ruisseau dés! épluchùres de manioc et des peanx de bananes : « Qu'est cela ? » Elle remonta la rive et entendit des gens qui riaient. Elle s'approcha et vit qu'ils avaient dû manioc et des courges. Elle en fut effrayée : « Vous autres vous possédez beaucoup de denrées, donnez-m'en! » Une vieille lui répondit : « Quelle nourriture te donnerions-nous ? Il n'y a rien pour toi. Mais emmène cette fillette, elle te procurera tes aliments; soigne-la bien et demande-lui tout ce dont"tu as besoin, aussitôt cela se trouvera à portée.- Demande du manioc, des courges, etc. ; tout ça paraîtra aussitôt. » Et, en effet, ce qu'elle demanda apparut, même le gibier, et c'est depuis qu'ils jouissent de tout cela.

LE DIABLE VOLEUR. — Jadis la paix ne régnait pas. Le diable volait des jeunes filles et même des hommes. Les hommes se réunirent et se mirent à sa poursuite. Us découvrirent la caverne où se cachait le « Twanchi ». Mais ils durent s'en retourner sans avoir pu pénétrer dans la caverne. Ils amassèrent beaucoup de piment et allumèrent un feu devant l'entrée de


132 . - SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES ;

la caverne. Aloi's nombre de papillons et de chouettes « ambucha » commencèrent à en sortir et à tomber. C'étaient les femmes qui s'étaient ti'ansformées. Seules, les jeunes filles récemment capturées n'étaient pas encore métamorphosées en chouettes ou en papillons de nuit. On les emmena et elles furent sauvées.

ORAGE. — L'orage est une sorte d'homme. Sa demeure est là-haut. Nous ne savons pas exactement où. Son nom est « Nayanasa ». Il souffle l'eau. C'est lui qui engendre le vent et fait les éclairs. Il se met en colère -et tonne.

ORIGINE DES PORCS DOMESTIQUES. — Pour attraper des porcs, le Jivaro «Cambanama» parcourut les monts boisés. Il trouva un jeune porc et l'éleva. Ce pore devint très grand, eomme ça (l'Indien.fit le geste pour me montrer sa taille). Un autre Jivaro vint à la case de Cambanama et demanda la main de sa fille. Alors qu'il se trouvait.là, la truie était pleine. L'homme obtint la main de la fille qu'il emmena et aussi là promesse de l'envoi de la truie.. Comme elle tardait à venir, il envoya un certain Cawanza (qui était un oiseau) rappeler la promesse, Cawanza arriva et réclama la truie. Le propriétaire répondit : « Causons lin peu et fume ce tabac !»

Après avoir fumé ce tabac, Cawanza ne réclama plus et s'en retourna.

Le gendre envoya encore un autre émissaire en l'avertissant de se bien garder de fumer, à moins d'éteindre chaque fois son tabac. Le messager arriva, demanda l'envoi de la truie et ne -fuma pas : « C'est bon; j'envoie la truie, mais surtout qu'on lui fasse un bon enclos »,

L'homme emmena la truie, mais il fit un enclos trop faible avec de simples baguettes. Quand il retourna la voir, il trouva une quantité de porcs. Il voulut leur donner à manger dés fruits de « tuyos ». Les porcs prirent peur, rompirent l'enclos et s'échappèrent.

L'homme les poursuivit à la piste, mais il ne retrouva qu'un petit cochon. . Les autres restèrent perdus.

A la suite de cela, il n'en reste plus de grands, mais seulement de pas plus grands que ça (ici un geste indiquant la taille). . -

Variante. — Le soleil « Etsa » avait une femme dont le père, Cumbanama, lui envoya dire : « Puisque tu vis avec ma fille, envoie-moi un de ces grands porcs dits « cuehima ! ».

Il envoya d'abord l'oiseau « piche» (domihico) dire à Etsa que soii père Cumbanama demandait dés cochons. Piche n'obtint aucun!'résultat, car il fumale tabac, quelui offrit Etsa, et se grisa. Cumbanama enyoya alors


"'■-. FOLK-LORE DU HAUT-AMAZONE 133

tsùcanga (un autre: oiseau) et ainsi de suite plusieurs autres. Tous, avec le même insuccès,, car tous fumèrent.

Enfin, il envoya Cawanza et Igna, qui eux ne fumèrent pas et répari--

•-. direntle tabac par terre. Comme on leur demanda s'ils n'allaient pas bien, ils répondirent : « Nous n'avons rien,mais Cumbanama nous envoie seulement pour demanderles porcs. » — « C'est bien, mais alors que Cumbanama fasse un .enclos fort et solide. Je lui enverrai les porcs. Que sa femmëles appelle,, Ha iront tous seuls. Mais quand elle appellera, qu'elle: appelle fort et surtout que l'enclos soit bien résistant. »

Les messagers rapportèrent la nouvelle. Cumbanama fabriqua un enclos et y jeta la-pâture; Maisi l'enclos qu'il fit était trop faible.

■'■-. Sa femme appela, bien fort. De tous côtés, les porcs accoururent et pénétrèrent dans ljenclos. Mais dès que le vieux:Cumbanama alla les voir, ils s'effrayèrent et s'ëçhappèrent de tous côtés. Sa femme les poursuivit,

"mais ne pût retrouver qu'un petit jeune qu'avait mis bas une truie.

Il était de la petite race. Cumbânaman'eri eut pas de grands, car Etsa dit: « Puisque tù n'as pas fait un enclos assez solide, il n'y aura plus que de petits porcs ».-. .

LES ÉTOILES, —■La luné eut un fils du nom de « Yanguami« (une comète), qui voletait de côté et d'autres. Il rencontra Cocanchama (animal que les Espagnols appellent « raposa ») qui lui dit : « Comme je serais heureux d'aller en ta compagnie ! » — « Agrippe-toi à cette petite corde, tiens-la bien, mais ne me regarde pas, porté tes regards sans cesse vers le bas ! TÙ monteras ainsi jusqu'à une roche sur laquelle tu t'assoiras. » -En effet, Cocànéhama atteignit cette roche, s'assit et leYanguami disparut. Survint alorsle « uyuyu » (genre de scarabée), qui perfora la roche. Le cocanchama (femelle) se trouva pleine et mit bas. :Le Uyuyu lui dit : « Tu resteras ici et d'ici, nous répandrons des êtres. »:

Ils élevèrent d'âbôrd le « ucuicu » (aigle qui se nourrit de poisson et vole entre les nues et était fils de uyuyu). Puis ils eurent un autre fils, ismi (faucon qui se nourrit d'oiseaux).

Uynyù voulut les éprouver et leur dit : « Vous voilà assez forts pour pourvoir à vos propres besoins. Allez où VOUS voudrez, partez d'ici ! » -,

Ucuicu alla chezlalune qni lui demanda : « Que viens-tu faire ici, pourquoi viens-tu? n'approche pas, car je suis froide. Va vers Etsa (le soleil) ; chez lui, il fait chaud, ici, tù ne résisterais pas. Je désire savoir comment il est et s'il est vieux;?.»

L'oiseau alla voir le soleil. Mais dès qu'il approcha, il se brûla déjà un peu les ailes : « Attends, ne me brûle pas, laisse-moi approcher et te voir ! » Etsa lui répondit : « Va voir comment est le chemin qui mène à la


134 SOCIÉTÉ DES AMÉRICAN1STES ■'■-"'•

lune, Dis-moi comment il, est, j'irai la voir. » Le ucuicu alla voir le sentier dé la lune et revint dire : « J'ai été voir, le chemin est bon ; mais peu avant d'atteindre la lune, il y a un endroit qui est très froid. »

Etsa alla rendre visite à la lune. Lorsqu'il approcha, elle lui dit : « J'ai peur de toi, tu es plus fort que moi. Arrête-toi plutôt, je vais aller vers toi. Il faudrait que tu franchisses une eau que tu" brûlerais, que tu ferais évaporer, tu me ferais mal ; donc il vaut mieux que je la passé, moi. » Elle arriva toute, tremblante. Le soleil l'embrassa et là tint embrassée longtemps. La lune lui dit : « Lâche-moi! » Mais il la retint ; « Lâchemoi ! lâche-moi ! » ! .

Ucuicu dit alors : « Quand la lâcheras-tu donc? Je te montrerai le chemin. » Mais le soleil ne la: lâcha pas ; il la retint au contraire et lui dit : « Pourquoi n'as-tu pas d'enfants ; moi, j'en ai et j'ai du pouvoir et de la force pour éclairer. » — « C'est bien à cause de cela même que j'ai peur, dit la lune, lâche-moi! » Le soleil la tint encore et lui dit : « Tu-auras des enfants qui t'aideront. Avec eux tu éclaireras..Tu seras inutile. Moi, j'éclaire le monde entier. » Il baisa la lune et, ce. faisant, lui donna un coup sur l'oeil. C'est pourquoi elle n'a qu'un oeil entouré d'un cercle noir. Mais elle lui donna également un coup, ce pourquoi, il n'est plus aussi fort. Il est heureusement borgne, sans quoi il eût été trop fort et eût tout brûlé. ' ' - -' ' . •.'.*■'

Là lune reçût un autre coup, qui la rendit obscure. Ils se séparèrent alors.

Ucuicu dit : « Ne crains pas, il t'a aimée, il t'aime. » -— « Tù m'as .trompée et m'as fait faire du tort. » — « Ne crains rien, les étoiles t'accompagneront. »

La lnne envoj'a Ucnicù à la recherche d'une femme pour lui. Il descendit à la demenre de l'oiseau ùcupacha. Il y.fut éconduit : « Il n'y a pas ici de femme ponr toi, pourquoi viens-tù? vas-t'en!., etc.. ». Il alla alors chez l'oiseau amicou ; arrucou entraîna ÙCÙÎCÙ très haut et le vainquit. Ucùicù tomba en mauvaise posture, comme une femme renversée. La lune commanda alors : « Que les étoiles naissent de lui ! » Le jaguar, le puma, le tapir, le chien, l'oiseau tsema, etc., passèrent, mais aucun ne voulut le toucher. Seul, le mayouma le vit et fit usage de ueuièu et c'est ainsi que naquirent les étoiles.

L'EAU. — L'eau se concentre en bas, là où tout se confond, dans une grande caverne, puis elle remonte vers Ayanasa, qui fait le vent et la disperse- de son souffle de tous côtés.


F0LK-L0RE DU HAUT-AMAZONE 135

Région du Putumayo.

CROYANCES DES "WITOTOS. ■—Les Witotos se croient les descendants d'undieu qui leur apprit à produire le feu en frottant ou, mieux dit, en battant l'une contre l'autre deux pierres noires. Ce dien Kusinamuy est plein d'attentions ponr eux. A part lui, il n'y a rien d'autre dans le ciel, mais il y a de mauvais esprits dans la forêt.

Le soleil est homme, méchant, tandis quela lune, qui est également un homme, est bon.

La lune a une femme, mais pas d'enfants. Ces astres ont toujours existé dans le ciel. Le soleil ne voulait pas de la terre, qui ne lui convenait pas. La nuit, il passe sous la terre.

Le soleil est mari de la lune ; leur beau-fils est l'étoile du matin.

Quand le grand lac baisse, l'eau revient par en haut. Une fois, Kusinarnùy répandit beaucoup d'eau, pour faire peur à tout le monde, lui seul survécût.

Au début du monde, il y avait fort peu de terre. Ailleurs dans un autre endroit, il y en avait beaucoup, c'est là que |Kusinamuy deriieura avec ses-fils. Il existe .encore plusieurs enfants de lui.

Kusinamuy lance l'éclair qui tue les gens, quand il se fâche.

L'âme monte au firmament.

De tous temps, il y a eu des sorciers, envoyés par le dieu. Il leur avait appris à guérir les gens... Jadis-on ne mourait pas; on devenait très vieux, si vieux que l'on ne voyait plus et que l'on n'avait plus de dents. On mourait de vieillesse. On enterrait les morts qui vont demeurer avec le dieu au ciel, parce que ce sont ses enfants.

"Nous enseignons cela à nos enfants, ponr que plus tard ils nons succèdent.

Un homme s'était abîmé en voulant se peindre de noir ainsi qu'il se doit pour devenir sorcier, mais il ne prit pas garde de jeûner et mangea un petit poisson. Il devint fou, se métamorphosa en boa et se jeta à l'eau. Petit au début, il grandit. Il amena avec lui sa femme et ses deux filles et multiplia. Il était méchant, c'est pourquoi les boas tuent et mangent les gens.

Jadis les vieux savaient des histoires ; nous n'en connaissons plus. Nos parents contaient leurs histoires et ne mouraient pas : c'est parce que nous n'en savons plus que nous souffrons de maladies.

Les premiers hommes sont sortis d'un trou de la terre : Kusinamuy avait une femme ; nous sommes leurs descendants.

C'est le dieu qui souffle le vent pour voir les hommes et afin de nous empêcher de mourir... L'ouragan, envoyé par les sorciers, est méchant. Après leur mort, leur âme continue à faire le mal.


136 SOCIÉTÉ DES AMÉRICAN1STES

Les étoiles sont des gens, élevés par Kusinamuy comme nous élevons des poules, des perroquets. Tandis que l'homme Lune est bon et rafraîchit, le Soleil est mauvais et cherche à brûler... Quand l'homme Lnne est à l'occident, tout petit, on sait quand les femmes enfanteront, car c'est de liai que les femmes sont malades. Quand il est petit, à l'orient, il arrivera une fille; quand il est petit, à l'occident, c'est un fils.

La terre est immobile ; le soleil bouge. A midi, la soeur du soleil lui donne à manger. Il a deux soeurs; l'une habite au ciel, l'autre à l'est.

Kusinamuy est un dieu tout puissant, mais à qui les Indiens .ne prêtent aucune attention, et qu'ils ne respectent guère.

Taïfé est un diable, de figure laide, de la taille d'un homme. 11 ressemblé à une vieille. Il vole beaucoup d'enfants pour' les manger, en commençant parles ongles, puis les yeux, puis le reste [ce que moi j'explique par leur façon de pleurer, ajouta l'Indien].

Puinaima est le frère de Kusinamuy. Il veille sur les cultures et fait tout ce qui est bon ; mais quand il se fâche, il envoie la pluie et le mal,

La femme.de Puinaima est Puiriainuo, belle, fort jolie et fort riche. Elle vif sous l'eau, où elle a son ciel. Parfois, elle parle à ceux-'qui lui plaisent,leur donne des conseils au sujet de leurs cultures. C'est le génie du bien pour la femme.

Khanapa, le génie du mal, vit dans la forêt, où il cherche à faire le mal. Il est horrible, abuse des femmes dans la forêt, vole les enfants qu'il égare SOÙS bois.

Hameo, l'a foudre, est un génie destructeur envoyé par les sorciers, de même que le tigré et le boa qui sont des sorciers métamorphosés. Sachant qu'ils ne peuvent le tuer, les Indiens se laissent tuer par lui sans se défendre; certains implorent le jaguar qu'ils considèrent comme invulnérable, puisqu'il est sorcier.

TRAITS DE MOEURS. — Les Indiens s'enivrent avec du tabac, afin de voir les esprits qui les renseignent la nuit. Ils boivent le jus de tabac avec beaucoup de respect. Celui qui se permettrait de jurer en absorbant du tabac serait châtié par les sorciers, comme par Puinaima s'il parjurait.

A cet usage, lès Indiens cueillent les feuilles vertes du tabac. Ils les cuisent jusqu'à ce qu'ils obtiennent un liquide foncé, y ajoutent alors du sel qu'ils tirent de cendres alcalines de « cetico » bouilli, jusqu'à former une pâte. Ainsi condimenté, le jus de tabac est mis à cuire jusqu'à ce qu'il forme lui aussi une pâte assez consistante. Quand on vent faire un serment on un acte solennel, le tabac est distribué par le sorcier ou par un chef. Ce produit s'appelle « hiera ».


FOLK-LORE DU HAUT-AMAZONE 137

CONTES PUTOIAYOS. — Des Witotos, ainsi que d'autres Indiens du Putùmayo, m'ont'dit le conle de la lune, homme et inceste, dont la figure fût noircie par sa soeur (Voir ce conte rapporté par les Indiens du Napo].

L'oiseau connu dans le pays sous le nom dé « veuve » a sa légende. Une femme voulut quitter, avec son mari, la région où ils habitaient. Ennuyés à la pensée d'emmener leurs enfants, mais ne voulant pas les tuèr^ ils se résolurent à les abandonner, à lès perdre dans la forêt.

Le père voulait les tuer; la mère le supplia de les laisser vivre, elle préférait les abandonner, mais ne voulait pas les voir mourir. De concert, ils imaginèrent donc un plan. Ils s'enfoncèrent au loin, dans la forêt, ce qui fatigua les enfants, un garçon et une" fillette. An soir, ils s'endormirent profondément. Les parents alors s'écartèrent sans faire de bruit: et en effaçant leurs traces. Ils s'embarquèrent sur une pirogue et fuirent _au loin, comme ils l'avaient résolu.

À leur réveil, les enfants appelèrent en vain. Ils s'égarèrent et se mirent à pleurer. Peu à peu, leur voix se changea en une lamentation. Kusinamuy eut pitié d'eux ; il transforma le garçon en oiseau-veuve et: la fillette en petite cascade de ruisseau, au bas d'un étang. C'est pour cela que, par les nuits de lune, on entend les, appels de l'oiseau-veuve, - toujours à proximité de quelque nappéd'eau, dont on peut entendre l'éter- , nel murmure.

Le soleil et les étoiles sont vêtus d'étoffes rouges. Le soleil est un homme. La pluie sort du milieu dé son corps ; il urine. La lune, sa _ femme, a ses périodes. Les étoiles sont leurs enfants que le. soleil soigneLes grandes planètes sont des hommes, les petites sont des femmes, et lés plus petites sont les pendants d'oreilles. Les étoiles descendent sur" la terre pour voler les jeunes femmes, mais elles laissent les vieilles. [Mais pourquoi me demander cela, vous le savez puisque vous venez de là-haut, dit la vieille qui me racontait ces légendes, vous savez tout cela]. La première femme qui vint de là-haut nous donna le « pifayo » (fruit, du palmier) et tous les produits de nos cultures et les fruits, ainsi queleien. Elle nons enseigna le moyen de le produire en frappant deux pierres. Làhaut habitent les étoiles (les Blancs?) ; en guise de maisons, ils habitent dans de grands arbres, à frondaison abondante et à gros fruits 1.

Le tonnerre est errant ; il se promène à travers tout l'espace jusqu'au moment où il tombe avec grand fracas. C'est un homme parce qu'il fait beaucoup de bruit. C'est lui qui est la cause de tous les maux, qui envoie les maladies.

1. Arbre de la famille du cacao, connu en Orient péruvien sous le nom de « macambe ». "'"' ^


138 SOCIÉTÉ DES AMÈRICAN1STES . .

L'arc-en-ciel naît et aide l'éclair. Quand le tonnerre provoque les maladies, si l'arc-en-ciel paraît, les gens doivent mourir. Il est néfaste de montrer l'arc-en-ciel de la main, car il ronge les ongles qui ne repoussent jamais.

Quand les Indiens se comportent mal, le soleil se montre plus brûlant, pour les punir et c'est pourquoi nous nous'■.'cachons. Ou bien la foudre tombe sûr nons pbur nous châtier. La Inné est bonne ; elle aide, éclaire pendant la nnit ceux qui veulent aller à la pêche.

Dans le ciel, il n'y a que des feuilles blanches, beaucoup d'arbres à feuillage blanc. ■ -

Quand il pleut, l'eau fait Croître les rivières, tout est blanc, et les nuages remontent vers le soleil qui urine et.les rejette. Le diable « Foé » monte au:ciel pour parler avec les étoiles... Il va de tous côtés et se transforme.. Il tue les femmes, prend l'apparence de leurs maris,: et, ■■'après avoir eu des relations avec elles, les fait mourir. Parfois, il se transforme en tapir et tue les femmes. Le tapir n'est pas un animal, mais bien une personne. Il prend l'aspect de leur mère ponr égarer les enfants et les tner.

Il y a très longtemps de cela, les animaux parlaient. C'était alors de tons côtés un bruit énorme. Depuis que les hommes sont, venus" (qui, eux, parlent encore), ils ne parlent pins.

Quand l'un de nous meurt, son esprit cherche- à nous effrayer pour que nous mourrions également.

L'ânie des sorciers se transforme en jaguar qui fait beaucoup de mal. Après sa mort, le sorcier continue jusqu'à ce que nous mourrions et que nous nous rencontrions avec les animaux dangereux.

Tioya, le premier homme, eut des enfants. Quand il eût le chagrin de perdre un enfant, il s'en alla an ciel. 11 brûla la première terre actuelle. Ce dieu nous laissa le tabac pour que nous puissions communiquer avec lui. Il emporta le manioc et les gens, eurent faim. Mais grâce au tabac, on put avoir de bons conseils.

AUTRES LÉGENDES. —- [Légendes et traits de moeurs racontés par une vieille femme de la tribu éteinte des Namanékhamongo [ennemis du groupe disparu des Ikhaanakou)]. Ses parents mangeaient le haut du buste et les jambes des prisonniers ennemis. On jetait les pieds, car c'est là que se logent les tiques. La tête était dépecée, mais on y laissait une touffe de cheveux pour pouvoir la porter en trophée. Puis les os, entièrement blanchis, étaient peints, et ce crâne était enfourché parla nuque ou suspendu au-dessus du « manguare ». Le morceau dé prédilection était la cuisse. Les mains étaient fumées, et, après la danse, on les por-


."'■'"■/ FOLK-LORE DU HAUT-AMAZONE 139

tait entre ùn homme et une femme. On les gardait jusqu'à ce qu'on ait

obtenu de nouveaux trophées. Une main, emmanchée sur une tige de bois

' en guise de rallonge, servait à puiser lecâsabe:. Les os des jambes et des

bras servaient de flûtes pour les bals. Pour inviter les amis à venir man.gêrla

man.gêrla humaine, on battait lés manguàrés : tjo-Idki-tie-luki-tio-kikitobetia-gôgôgô, chantait la vieille imitant le son dé l'instrument. On répandait du sang sur la terre où l'on dansait. Les dents, perforées, étaient enfilées et on en faisait dès colliers. -.-■"'

Comme.je.la questionnais sur la possibilité pour elle de monter comme d'autres jusqu'au soleil, elle répondit.: Je suis très vieille, le Soleil ne me voudrait plus. Je voudrais bien aller là en haut ; mais les jeunes, qui en sont revenues, disent que c'est fort loin et je n'arriverais jamais jusque là.

: Je rie connais pas cet Etre que l'on ne voit pas ; je sais qu'il se trouve parfois soùs la terre, parfois dans le firriiament.

Un: long tronc flexible, qne l'on frappait du pied en cadence, servait à broyer les prisonniers. Ceux-ci étaient laissés en liberté chez leurs

: vainqueurs et les servaient, énattendant d'être délivrés par lesléûrs, sinon

• il ne leur restait qu'à espérer d'être vengés après avoir été immolés i.

GROyANÇES DES BOROS. — Le soleil, homme très grand et tout puissant, chauffe là terre et fait croître lés plantes, en particulier le tabac; grâce à lui on peut travailler.

La lune, femme du soleil, a ses époques. L'étoile du matin est leur fille ; elle annonce l'arrivée du soleil, qui passe sous la terre et va. . . disaient nos aïeux. Il ne mange pas, boit seulement le cawané ; la lune et les étoiles sont des femmes qui mangent les gens.

L'eau se lève et retombe. L'éclair est du feu qui vient, du tonnerre. Ce sont les grands sorciers qui l'envoient pour nous exterminer ou causer des maladies. De même, l'arc-en-ciel annonce les maladies. C'est un

1. ' Plusieurs anciens employés dé Arana me contèrent que jadis un employé, ayant été capturé parles sauvages, fut mangé. Sa compagne assista à la fête et on l'obligea à manger de là chair de son mari en attendant son tour à elle. On avait fait avaler, par force, à l'homme lui-même, un morceau de sa propre chair. Le supplice de rhomine fut, selon la coutume, accompagné de danses. Alors, quand, abrutis par la fêtej les siens dormaient, une femme, prise de commisération pour celle qui allait être sacrifiée à son tour et qui avait un petit bébé, la délivra en lui faisant signe de - rie pas faire de bruit. Emportant le petit enfant qui ne pleura ni ne bougea, comme s'il avait compris le danger, elles atteignirent la rivière. La sauvage indiqua de marcher dans l'eau même, afin de ne pas laisser de trace. Elles finirent ainsi par arriver au rio où elles rencontrèrent des Blancs et furent sauvées. C'est par cette femme qu'on connut le sort de son mari.


li-'O SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES - "" " '

sorcier qui se présente avec son hamac. Après leur mort, les sorciers se métamorphosent en : tigres ; seul le coeur vit. C'est pourquoi nous ne pourrions le tuer puisqu'il ne meurt pas avec le corps de son possesseur. Quand il est de bonne humeur, il mange ce qu'on lui donne ; sinon il mange les gens. Ceux qui meurent disparaissent; seule, leur âme vient parfois rôder. On enterre les gens avec -tout ce qu'ils ont possédé, parce qu'ils ont vécu ainsi. Ce n'est que par conception morale qu'on les entoure de tout cela et non dans le but que ça puisse leur être matériellement utile dans l'autre .vie.

Mei, esprit malin, vit dans la forêt-où il fait le mal. II se présente parfois sous divers aspects : tapir, chevreuil. Il tue.

Dans l'eau vivent d'autres esprits ; lés dauphins, les boas, les autres esprits de l'eau, les poissons, sont bons.

Shikhtaguaya, être suprême, nous regarde. Bon avec lés bons, mauvais avec les mauvais, il est fort susceptible.

D'un petit morceau de terre sortit l'ancêtre dont les humains eurent une nombreuse postérité. Il avait une femme, le soleil, Neubha.

Le nuage est formé du vent. Il bouge constamment • nous ne savons d'où il vient. Le faucon se voit tantôt sous formé d'un oiseau et tantôt, quand il a faim, sous l'aspect de nuage. Quandle vent souffle très fort, il fait tomber les arbres. C'est le tâtu (armadillo) qui vient à la course ; sa vitesse forme l'ouragan. -

Le froid vient des rivières lors des crues. Les pierres" cheminent comme les gens quand l'eau envahit la forêt. Le froid s'en va ensuite ailleurs. Nous ignorons où va cette eau des rivières.

Jadis les animaux se réunissaient pour sucer du tabac ; à cette époque ils parlaient. Ils disaient que, quand les gens les tuent, eux également doivent essayer de les tuer. -

En même temps que l'homme, le. feu naquit d'une pierre, En naissant l'homme frappa les pierres et le feu se produisit. Avec cet.homme naquit tout : les plantes et les fruits. Avant cet homme, il y avait une partie de la terre où des plantes, des arbres poussaient. Quant aux plantes alimentaires, elles naquirent en même temps que le premier homme, qui vint parce qu'il n'y avait personne et pour qu'il y eut des gens. La femme naquit en même temps que lui. Et en même temps naquirent les animaux, qui alors parlaient. L'âme de ce premier homme partit; nous ne savons quand, ni où elle alla. Nous ignorons d'où vinrent les autres races humaines et ignorons le nombre d'enfants qu'eut le soleil.

Quand on tue un boa (l'indien emploie ce mot), il converse avec ceux qui l'ont tué ; mais il parle tant bien que mal, pour appeler ses compagnons, pour qu'ils le vengent.


■'.."■'""■-FOLK-LOKE DU HAUT-AMAZONE 141,

Tout était eau ; il y avait peu de terre. Le boa naquit (il avait la forme d'un homme). Il tira de l'eau une femme, blanche, Navenebane-: gua. D'eux naquit d'abord le tabac, puis une femme, Matehoutahemegua, puis l'étoile du matin, qui eut comhie femme Navene. L'étoile du matin^ Mekheretchicieko, naquit sous l'eau. Le boa avait sa demeuré sur un petitmorceau de terre peu étendu parce qu'il était à proximité de l'eau. II vit toujours et voyagé SQÛS l'eau.

Il sema, et, en absorbant du tabac, il inventa comment on fait dés enfants avec sa femme. Il fit d'abord le soleil pour obtenir la chaleur et pour faire pousser ses cultures. Le soleil vécut d'abord ici en bas, sûr là ferré; il s'en fut en haut pour produire l'été (saison sèche), car auparavant il pleuvait'saris cesse et tout était couvert d'eau. Après avoir euâ manger, il eut une femme, fille de l'aigrette, qui était également un humain. Les mauvaises plantes de tabac étaient dés orphelins dorit soleil était cause. H eut plusieurs enfants : l'ananas, le pifayo, etc... Un de ' ses enfants vécût avec la lune, La lune est l'astre des blancs ; nous, Iridiens, n'avons que le soleil. La lune naquit également d'un boa.

La pluie vient des étoiles. Le soleil envoie sa femme préparer le casabe ; quand elle passe la pâte, il tombe de la pluie. Les étoiles sont des gens, comme nous Indiens. Seule, la lune est anthropophage.

L'eàù descend jusqu'où elle peut, puis remonte et s'évapore. Les nuages sont de la fumée qui se forme de l'ambiance.

Le vent est le.faucon; l'éclair, tchitcliiba, est le tabac qui, au moment d'être mis daris un vase, éclate et produit le tonnerre, et du feu quand: le sorcier prend dû tabac. L'arc-en-soleil est un serpent. C'est le chef des pirogues. Les Indiens n'en ont penr que parce qu'il paraît soudain. Il est coloré comriië ces'étoffes, et il est inexact qu'il cause des maladies, , L'éclair est bon^ il n'est mauvais que lorsqu'il est en colère.

Un horiïme mangea un oiseau (le moritete des Péruviens). Il brisa un os, ef dé l'eau jaillit de la terré. Il voulut fermer le trou, mais d'autres se formèrent. Il s'en suivit une inondation qui tua les gens. Tons furent ; exterminés : lui seul se sauva. Un oiseau-moûche vit l'endroit où l'eaù était reténue. Il détruisit ce barrage et l'eau s'écoula. Pour descendre jusqu'à Téndroit où l'eau était retenue, il était entré dans une noix. Il rencontra la fille de celui qui avait fermé l'écoulement de l'eaù. Cethomme aperçut l'oiseau quand l'eau s'écoula et descendit. Sa fille prit:; l'oiseau et", le plaça près du foyer. L'oiseau vola un peu de feu qu'il alla porter à son père, l'homme qui s'était sauvé. Depuis lors, nous avons du feu. Quatre membres de sa famille s'étaient échappés ; les mauvais furent ceux qui avait bouché l'écoulement de .l'eau.

Aumékouhérriégùa, la soeur de l'oiseau-mouche,-survécut. Lui, son


142 SOCIÉTÉ DES AMÉRICAN1STES

nom était Pavio. C'est d'eux que proviennent les hommes qui se multiplièrent.

Quand les sorciers meurent, ils vont en haut. Leur âme se métamorphose en jaguars, boas, tapirs, chevreuils.

Le chevreuil, ainsi que le tapir, est.un diable; c'est le sorcier du paludisme.

C'est la soeur de là lune qui se chargea de lui noircir la face. Il 1 lui dit : « Ne me touche pas! », mais elle lui passa la main sur le visage, car elle voulait le lui peindre et il s'y refusait. Alors elle sauta et lui passa la main enduite de « wito ». Sa soeur descendit ensuite sur la terre etc'est grâce à elle que se répandit l'usage des. diverses peinturés. ■' '

L'oiseau qui chanté « Ka-ha-gùua » est une femme qui mangea son frère. Depuis lors, elle pleure, à l'écart,les nuits de lune.

La femme de cet homme était la chouette « peetsou », qui les berça ne ■chantant. Elle abandonna ses enfants, dont l'un mangea son frère. C'étaient des diables.

Un homme nommé Poncouroù eut sur la terre une querelle avec sa femme Kakhamoegua. De colère, l'homme s'en fut au ciel. Sa femme, -restée sur la terre, le pleurait, et dès qu'elle le put, s'en fut également là-haut. Son mari la reçût mal, ne voulant pins d'elle';-aussi dût-elle redescendre snr la terre où elle se transforma en oiseau et pleure sans cesse. Elle chercha où loger le soir, s'arrêta n'importe où, et pleura en disant « dji-i-o », pour appeler son père.

Un homme avait une fille qui se trouva enceinte. Personne ne voulait d'elle, la croyant enceinte de son pèrèj alors qu'en réalité elle l'était d'un ver. Tous ceux qui habitaient - avec eux partirent. Le père resta seul là, plein de honte. Avec sa fille il cueillit des fruits, des graines. Il grimpa à un arbre où il cueillit des fruits qu'il lança. Ils tombèrent sur le ventre de sa fille. Alors naquit un poisson « mirikoti » (arahuana en espagnol, poisson qui ressemble au peichi). Elle lui donnait à manger. Un jour, elle laissa l'enfant dans un berceau et s'en fût à la « chacra » pour cueillir du manioc Le père aperçut l'enfant et le jeta à l'eau, A son retour, elle trouva le berceau vide et pleura, Son père lui dit : «Est-ce l'enfant d'un homme? et c'est pour cela que j'ai tant de honte ». EUe fut à la rive et se trouva de nouveau enceinte, mais cette fois;il en naquit une hache. Elle envoya cette hache avec les baies qu'elle trouvait à son père. Elle entrait dans l'eau, et pour le remercier de ce qu'il avait fait pour elle, lui envoyait cela. Elle vécut désormais sous l'eau, et appelait les gens. Sa famille la méprisa ; seul sou père lui envoyait des vivres par l'intermédiaire du crocodile. " •

1. La lune est considérée comme un être masculin.


; . FOLK-LORE DU HAUT-AMAZONE 143

" Jadis les Boros étaient anthropophages, les morceaux de prédilection étaient les- bras et lés mollets. La tête cuite était placée au centré du lieu de danse et, après qu'on avait mangé la cervelle et la chair, on dansait. Les mains, ainsi que la plante des pieds, étaient très goûtées.

CONTES D'UN AUTRE GROUPE BORO. — Créée par le faucon, la terre était, loute petite ; elle grandit. Le soleil (un homme) monta au ciel où il resta pour l'éclairer. Il brûlait et incendiait tout ce qui existait sur la terre ; lés hommes périrerit.

L'èau sert à refroidir la terre. Le soleil en emporta une quantité énorme qu'il jeta sur la terre. Le feu s'éteignit, mais Comme la terre entière flambait jusqu'à l'intérieur, l'eau restait bouillante. -. . La lune la refroidit, elle jeta de l'eau ainsi que le soleil. Ils ramassaient l'eau quand ils descendaient à l'horizon, et la rejettaient de là-haut, sur nos têtes. Les fortes a'verses proviennent de ce que lé soleil se lave là face. Sa soeur est l'étoile du matin. Sa mère et sa femme vivent sous la terre, à travers laquelle il passe par un*tunnel, après avoir passé à l'horizon où il recueille l'eau qu'il rejette d'en haut, ainsi que la lune. Il est méchant, c'est lui qui envoie la foudre et toutes les maladies et qui brûle. C'est un grand sorcier. ;

Les ouragans sont envoyés par un autre grand sorcier qui souffle, tanV tôt d'ici, tantôt de là, pour détruire. On ne peut le voir. . La lune est un; homme qui couchait avec sa soeur, qu'il rendit enceinte, ;.Sa m ère s'étonna - et ordonna de découvrir l'auteur. Alors elle lui passala main enduite dé « wito ». De honte, la lune s'enfuit là-haut, pour s:è cacher, elle n'ose se ûioritrer, cachée parfois et n'ose rejoindre le soleil. v . —Les Indiens dùPûtùmayo font bouillir les feuilles de tabac. A misCùisson, ils y ajouterit du sel de potasse tiré des cendres de l'écorce d'un palmier. Ces cendrés ont été bouillies jusqu'à former une jaâte dure. Le tabaCj ainsi condimerité, est bouilli jusqu'à concentration. La masse est/ tamisée pour en" éliminer les fibres. Les Indiens le gardent dans dé petits récipients où ils trempent les doigts et en prennent un peu dans là bouche. Les sorciers surtout en absorbent.

..-: Croyances des Ocayna,

LA CRÉATION. — Au début, la terre était toute petite, fabriquée par le faucon. Peu à peu elle grandit et atteignit sa taille et son aspect actuelsD'abord, il en naquit une femme, qui vivait seule. Elle appela et un homnie se présenta, la rendit enceinte, d'une fille d^abord, de deux fils ensuiteLé ciel, alors, était très bas, et quand la crue des eaux inonda tout, ilé y


144 SOCIÉTÉ DES AMÉR1CAN1STES

montèrent. Le soleil(homme) resta là-haut et, depuis, le ciel est très haut.

LE SOLEIL, — Ce soleil qui nous éclaire n'est pas le premiers soleil. Le premier était le frère de l'actuel, qui brillait alors fort peu. Son père, dans son emportement, tua le premier. IL était en colère. Alors la mère, qui demeurait sur la terre, pleura et lui garda rancune. Elle enterra le mort, avec les bras elle fit des haches et avec les jambes des fusils K Le cadet voulut venger le mort et tua son père. Dans sa colère, sa face s'était enflammée et, depuis lors, il nous illumine. Quand le soleil vivait sur la terre, il possédait du tabac, de la coca et des plantes, qu'il nous laissa. C'est lui qui nous enseigna à allumer le feu, en le faisant tomber d'une pierre battue sur une autre. -r

LA LUNE. — La lune est un homme qui dormait avec sa soeur. Pour le découvrir, elle lui passa sur la figure lés mains enduites de << wito ». De honte, il se cacha et s'en alla derrière le soleil, sans oser le rejoindre. C'esf lui qui nous a enseigné à nous peindre. Il ne mange que le casabe, prend le cawane, tandis que le soleil dévore parfois des gens. L'étoile du matin est la femme avec laquelle danse le soleil, qui nous apprend à danser.

LE FEU.--— Pour procurer le feu aux Indiens, l'oiseau-mouche:pénétra, par-dessus la cloison, dans une habitation où on en avait/.'■:. Il fit le malade (ce qui en réalité était faux) et ainsi il put voler un tison.

LES ALIMENTS. — Les Indiens manquaient d'aliments. Une femme aperçut une fourmi (les fourmis, en ce temps-là, étaient dés humains) qui emportait une râmille de manioc. Elle lui demanda d'où cela venait, la battit pour l'obliger à le lui indiquer, « Ne me frappe pas ; suis-moi, et jeté le ferai voir ; il existe une grande « chacra » où se trouvent toutes sortes de plantes ». La femme la suivit ; et elle trouva en effet les plantes convoitées. Elle perdit pourtant les germes et les boutures. Alors, ce furent les crapauds qui lui montrèrent le chemin et lui rendirent les plants.

Un vieux, très barbu, étranger, apparut jadis, qui donna aux Indiens les plantsde jmca et de banane. Après quoi, il entra dans l'eau et disparut dans cet élément où il habite.

TARAC. —La mère du chien avait du tabac, une seule plante qui donna

1, Ayant marqué mon étonnement, les Indiens m'ont répété ce mot.


F0LK-LQRE DU HAOT-AMAZONE 148:

une feuille énorme, Elle là cueillit et en remplit un panier. L'ayant bien tordue et pressée, elle la suspendit pour la sécher au-dessus du foyer. Quand le chien, à son retour de la chasse, vit cela, il crut que c'était uri: excrément. « C'est dégoûtant ; jette, cette saleté ; quelle idée as-tu garder ainsi de là m... ? quelle saleté ! ». Et il jeta le tabac ,-dèhors., Là mère chien pleura, alla ramasser le tabac qu'elle nettoya, disant ; « G'fest du tabac; je vais te montrer comment l'utiliser », Ainsi nous est venu le :tabac que nous avons conservé. -

■ COCA, H-La coca est cuite, légèrement grillée, puis broyée parles Indiens du Putumayo jusqu'à ce qu'elle soit réduite en fine poudre. On la filtre à travers un tamis serré. On y ajoute un peu de chaux tirée 4e la cendre d'une plante. Les Indiens ont la bouche presque constamment •pleine, de coca qu'ils mettent des deux côtés entre les'joues et -, les : mâchoires, non d'un seul côté comme le font les Indiens de la « sierra » du Pérou. Ils mettent tant de coca à la fois dans leur bouche que les joues en sont gonflées et que souvent ils peuvent à peine parler. ?

; Beaucoup d'enfants ont la mauvaise coutume de manger de la terre ou dû eopal, ils en restent rachitiques.

Conte Tuey.

LA LÉGENDE DU DÉLUGE. — [Contée par un Indien du groupe Tuey, tribu: très hostile aux civilisés et qui habite entre le rio Napo et le Curàray]^ Uri homme vivait qui était maître du canal par où l'eau s'écoùlè. Un beau jonr, il l'ouvrit et il s'en suivit une inondation. En aval, vivait alors un autre homme. Ce dernier alla trouver le premier, armé d'un tranchant; (sabre d'abatis?), '

Ensemble, ils allumèrent dû feù pour faire leur cuisine, mais l'homme d'aval reprocha à son voisin d'avoir laissé échapper l'eau. Il le, tua et lé brûla.

Il fouilla. ensuite dans les cendres, sur les conseils d'une vieille femme. Il ne trouva qu'une main et un doigt de pied. Il les recueillit et les enveloppa daris des feuilles. Le lendemain, il s'aperçut qu'il en tombait dés gouttes, qui se transformèrent en un enfant.

La vieille le lava, mais, au cours de cette opération, l'enfant tomba à l'eau. Alors, elle appela deux loutres (les loutres parlaient dans ce tempslà) et les envoya à son secours. Elles le sauvèrent en effet, mais le rnân-; : gèrent.

Mais elles laissèrent deux doigts du pied et de la main. Des gens les Société des Âméricanistes, 1932. 10


146 SOCIÉTÉ DES AMËRICANISTES

mirent dans une « manlaca » (sorte de corbeille en fibres qu'on suspend au toit de la maison) et voilà que de nouveau des gouttes en tombèrent, qui, le lendemain, se transformèrent encore en un enfant. Celui-là vécut et devint une sorte de divinité. G'ést dé lui que naquirent et se multiplièrent les humains.

Lors de l'inondation, un homme et sa soeur avaient aussi survécu. Ils gagnèrent les hauteurs et y abattirent un arbre. Ils le creusèrent, comme on fait pour fabriquer les tambours, lis en bouchèrent soigneusement les deux extrémités, s'enfermèrent dedans et selaissèrent aller au courant (à rioter que cette tribu ne connaît ni pirogues, ni embarcations d'aucune sorte et que, pour traverser les rivières un peu larges, ses membres se eontenterit, en guise de radeau ou de^ouéë^ d'un tronc d'arbre d'essence légère ou de deux troncs liés ensemble).

Ils échouèrent sur une hauteur où ils abordèrent. Ils ensemencèrent la terre et cultivèrent leur champ. Ils eurent beaucoup d'enfants.

Cet Indien me raconta d'autres souvenirs, mais avec hésitation : Le .premier homme lâcha un aigle qui lui rapporta des fruits de palmier. Sa femme les mit à cuire pour en tirer de l'huile et il en sortit un enfant.


DAS EABIRI (NORDOSt-BRASILIEN),

VON G. H. DE GQEJE*.

I. EINLEITUNG

§ 1. Bêim Durchblâttern des von Lucien Adam aufgestellten Vokabillars dés Kailri, meinte ich gewisse tjberemstimmungen mit anderen Spràchen Sûdamefikas zu verspûren, und dies veranlasste mich, dàs Kariri nochmals zu untersùchen. Es karii dabei vie! Neues heraùs, aùch Einiges, das vielleicht wichtig ist fur die allgémeine Sprachwisseù-, schaft.

Die Kariri, die jetzt wohl nicht mehr besteh en als Volk mit .eigener Sprache, wohnten im Nordosten Brasiliens, etwa in der Nâhe von Pernambucô und Bahia. Es wifd angénommen, dass das Kariri èine s'èlb-L' stândige Sprachfaaiilie darstellt ; die vier dazu gehôrigen Spràchen sirid, nur dialèktisch uriterschieden, Ùber seine Yerwantschaft mit anderëri Spràchen, besondërsdem Karibi, sieheKapitel IV.

Meine Beispiele sind hauptsâchlich dem Dzubucua-Dialekt entlëhût, " wozu ich benutzf habe : Catecismo da Lingua Kariris, composto pelo R, P. Fr. Bernardb de Nantes (Lisboa 1709), publicado de novo por Julio Platzmann. Ediçào facsimilar. Leipzig 1896. . ■

Ab ûnd zu habe iclïdën Kipea-Dialekt (Beispiele gemarkt K) herarigezOgén, àùs : Arte de Grammatica da lingua Brasilica da Naçào Kiriri; çoriiposta pelo P, Lùiz Vincencio Mamiâni (Lisboa 1699). Secunda Ediçàov Rio de Janeiro, 1877 2.

Der Gathecisiiio da doutrina christào na Lingua Brazilica da naçào Kiriri, vom P. Mâiriiani 3, stand mir nicht zur Verfûgung. Aueh Adairi hat denselben nicht beùutzt.

1. Conférence à la'24e Session du Congrès International des Américanistes, tenue à Hambourg en 1930»

2. Deutsche Ubersétzung der ersten Ausgabé, in : Beitrâgè zur Sprachenkundè von H. C. von der G-abeîentz. Leipzig, 1852. Dièse -Ûbersétzung ist nicht schlecïit, aber "0 sr. de Gàbeléntz, como quasi todos os traductoréSj nSo poucas yezes illidiïi as difficuldades de sua èinpreza adulterando o texte; quandù nâo poude tradûzir, riscoti". (VorbericKt der Rio de Janeiro Ausgabe).

3. a) As ff. prelim. contém : titulp ; prologo Ào îeytor ; Cantiga, na lingua liiriri para


148 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

Ben Vokabùlaren des Dialektes" von Pedra Branea und des Sabuja, von G. F. P; vonMartius (Beitrâge zur Ethnographie und Sprachenkundè Amerika's zumal Brâsiliens, II, Leipzig, 1867) habe ich keine Beispiele , eritnorninen. :■ ■ ' .-"■■' ' . : ; ! ■ i ;

Ich bin der einheitlichen Transkription Adams gefolgt, habe jedoch anstatt ca, co, eu, cr : lia, ]w, ku, kr geschrieben.

Das schône Werk Lucien Adanis, von welchern meine Abhandlung eine Fortsetzung seiii moçhte, heisst : Matériaux pour servir à l'établissement d'une grammaire comparée des dialectes de là famille Kariri. Bibl. Ling. Américaine, Tome XX, Paris', 1897 J. .

caniarèm os meninos da dùutriria coin a venâo eh versos casielhcmos do mesmo métro; o Stabat Maier dohrosa, vertido na lingua kiriri sobre Nossa Senhora ao pè da Gru% ; licenças dâ Cornpanhiade Jésus de 1697 e do Sancto Off)cio,do Ordinaïio e doPaço de 1698; e Àâvertencià sobre apronunoiaçâo da-lingm kiriri. E' dividido e-m trezpartes"'-efraz a significaçâo - portugu'eze corr.respondénte,âplira.se da lingiiâ kiriri, .':'."' '"

"Este Gatechismo é no Brâziï tâo raro cornp a Grammatica do mësmp auctor, pois d'elle sôse-conhece egualniente a existencia de ùm unico exemplar, q.quàl pertêneë ao: inui distincto bibliopbilo fluminënse sûr. Francisco Antonio Mdrtihs, que o-conserva em.grande eslimaçâo. - -....'■

(Â. do Valle Cabrai, Biblipgrapbia das obras tanto imprësas.: como manuseriptas rélativas â lingua Tupi ou Guarani làmbem chamada Lingua gérai do Brazil. Àiin. Bibl'.nâc. Rio de Janeiro, Vol". VlH, 1880-81)- - -'. .

" b) O Catecismo dà doùtrina christan na lingua-brasilicada riaçani Kiriri, rarissimo livro do jesuita ilaliano Lùiz Yin'cenzio M.amiani, nesse trecho que, eonbecemos atravez -da transeripçâo de Capistrano de Abreu, enumera assim alguns dos seus costumés e crenças :

" " Curar os doenles çom assopro; curar de palavras ou com canligas; pintar o dpërite de genipapo, para que nâo seja cpnfrècido do diabo e nâo mate ; espalhar cinza a roda da casa aondé esta o defunto para que o diabo dablnâo passe a matar outros; botar cinza no caminho quahdo se leva uni doente para que o diabo nâo va' atraz délie; esfregar uma creança com porco de matlo e _lava-la com aloâ, para que qùandb for grande seja boni caçador e bom bèbedor ; nâo sabir de casa de madrugada nem â nbite para nâo se topar com a bexiga. no eaminbo ; fazer vinbo, derrama-lo no châo e vàrrer o adro dâ casa para correr com as bexigas ". (R. Garcia, Elhnographia. Inst. liisl, e ged'gr. bras. Dicc. hist., gebg'r. e ethn. do Brasil, Rio de Janeiro, 1922).

c) O.brâ rarissima e preçiosa, A Bibliotbeça Naeional possuia até 1923, quando a consultei muitas vezes, um exemplar que, âctuelmente, jâ, là, nâo existe. (Tb. Pompeu Sobrinho, Conlribuiçâp para o esludo das affinidades de Kariri. Rev. trim. do Inst. dp Gearâ, Tomo XLII, 1928). :.'..: i ■' :

i. A l'usage de ceux qui voudront se servir de cet ouvrage, je donne ici quelques : .errata., ,'•'■

:." p. gKipea ;ç/;.=;cb français ; p. 9 il me semble qu'il faut écrire les substantifs de la cinquième déclinaison, et les verbes de la cinquième conjugaison avec Vu initial, et,qu'il faut écrire qmâra çh.a.nson,ramïsa main, nwdti aigre, amddi pour (com de carga) au lieu de wara, misa, vjdti, mddi, ;■§§ 25, 28 eboho, aboho, avec : probablement = après §§ 24y,^7;^p...7.8.ara (grande maison) est le .même mot que eia; p. 84 era maison,


<-.: DAS KARIRI •-- 1*»

II. AFFEKTCHARAKTER DER.KARIRI-SPRACHE ; PASSIVE STELLUNG DER PERSON;

KATEGORIEEINTEILUNG..',-.'

.. ':§ 2. Vôrgang,.Zustand, Ding und Person. — a) Seben wir uns einen Aussagesatz vom gewôhnlichen Typus an : i pah 2 i- 3 nia 4 Abel | / no 6 di-j popo] Smohodse | y mo 10 d- nuka- 12 Me 27 i- i4doo 1 geschlagen ' werden 2 das 3 Sterben 4 Abel o von 6 sein 7 altérer Brader 8ohne Ursache 9 weil 10 sein 11 Liebe 12 nicht 13 ihm 14 ZÙ (Abel wnrde von seinem Brader ohne Ursache getôtet, weil er ihn nicht liebte).

Der Satz besteht ans vier Hauptteilën; Znerst wird aùsgesprochen der Teil, der den Vorgang andentet, ùnd in diesem Teile geht das packtëVorgangswort pah ausrufartig voran. Ebensogehen in den anderen Téilen die Prapositionen no ùnd mo, welehe aueh Ausrufcharakter haben -.(.§' 4) voran. Der emotionelle Character der Sprache macht sich hier gleich bemerkbar.

Fast immér lâsst sich nachweisen, dass dasjenige, was am stârksten mit Affekt erfullt ist, vorangeht, nnd dasjenige, was nàher bestimmt, oder.begrenzt, folgt. Vgl. dazu : / îupâ 2 Bad%e 1 der Gott 2 Badze, r ikâgri 2 dseho 1 die Gûten, 2 Menschen (die guten Menschen), 1 dseho 2 buhe 1 Menschen 2 lebendig (Kategoriewoft § 6)-rot (die roten Menscheri)y' lâra 2 hradzp 1 Haùs 2 (des) Viehes (Stall), 1 runu 2 niêwo 1 Topf 2 (des) Teùfels (die Hôlle), und Zusammenstellungen, wie 1 nedi-2 ohe 2 gut 1 vertrauen.

lisez dra (après un préfixe personnel erd) maison ; p. 83 damiii être porté, 1. damui être porté sur les épaules, Kip. udaim fardeau sur les épaules; p. 85 ham'c-bucu-a jeunes chiens, 1. tigres blancs = chiens ; p. 85 hitso-te rada terre misérable, terre de misère, 1. ihitso-te rada cette terre, ihitso-ie-festas les fêtes mentionnées ici, Kip. mo igid^â ici même, do igid^â bientôt ; p. 87 me (dire), 1. me, unie; p. 92 rada terré, 1. rada, urada terre, pays; p. 94 tsébu tête, 1. tsebui, d^ebu tête ; do i-d^ebu-te au commencement ; p.-95 toki kie-te (vierge),' 1. tohi Ke-te ; p. 95 to pouvoir, faire, to détacher, descendre de, 1. to mettre, faire, Kip. -to (faire) souvent, à plusieurs reprises; p. 96 nhebui reins; dos etc., 1. uhebui hanches, lombes, Kip. usebl, Pedra (M) sebï; p. 97 wa, owa aller, voyager, voyage, est probablement une erreur; p. 100 bucunu loge,-cage, 1. abatis abandonné; p. 101 cara unu (ronfler) 1. crara unu; p. 104 h (écbâbo'iilure), 1. co ; p, 107 seti lieu, 1, useti cordon; p. 107 [tingï) verge, baguette, 1 "roseau à flèches;-p. 107[towanido) souiller, 1. embourber (? portugais atolar).;:p..l08.ugu-wone (se. fiancer), 1. usarunguwoiie ; ajoutez : (11 ?) bi palper, bid^ehro, bidyHiro visage, buidi, K. bïdi cendres, idhu MM, Pedr&ts'choâ-Mûbiih, Sahu]a t^o-Mûhlih tonnerre, he traduire, indmie,'. Kip. tuâeiïe jadis, uho nièw'o les pièges du diable, sopotïiu ,ivaiwka cantiques païens, ivanidispà-. raître, worodse.i-bada le son des trompettes. Dans plusieurs mois Kipéa,-il faut rem-, placer ï par ?.. Ajouter dans les vocabulaires les mots Kipea jomis par ,yon der Gabëlenlz dans sa traduction. .;.. .. 1..'.-. ..■: ..:■-".


15Q SOCIÉTÉ DES AMÉRICAK1STES

Gewiss liegt in den Satzen des Typus pah i-îiia Abel, die; instiriktive Absicht vor, den Vorgang zuerst zu nennen, so dass er ùrigeschwâcht erscheint. Denn, wenn die Person mittels eines Proriomens angedeutet werden soll, so gebrancht man statt eines Personalprafixes, ein selbstandiges Pronomen hinter dem Vorgangsworte, z. B. ï wanihutsu 2 onadse 3 hi-\ na 1 es wird getanft 2 dû 4 von 3 mir.

Dièse selbstandigen PronOmina, welche bestehén ans einem Personalprafixemitdem Worte adse Wesen, Art oder Natur (nur I und II Person; III Pei'sori siehe § 3'b), werden ubrigens nie anstatt eines Personalprafixes gebrancht. Man findet sie sonst nùrnoch in Ausdrûeken, wie i onadse 2 Eia 1 du, 2 Eva ! i iadse 2 a-pad^u-a 3 tupâ 1 ich (bin) 2 eùer Herr 3 Gott.

Wenn das Vorgangswort als Bestimniùng hinter einerii anderen Worte àusgesproclien wird, so wird, wenn die Person mittels eines Pronomens angedeutet werden soll, éin Personalprâfix gëbraucht,' z. B. 1 bo 2 hi- 3 pah 4 i-fia-a 1 damit 2 wir 4 von ihnen 3 gepeinigt werden, K 1 tvi-h'i. 2 do 3 di- 4 pa 1 er ging 2 um 3 (sein) 4 getôtet werden, 1 mo 2.hû- 3 wanihitsu- 2 a4110 j■ ware 1 wenn 2 wir 3getauftwerdeii4 vom 5 Priester.

Das Verhâltnis zwischen Vorgang und uninittelbar betéiligter Person, ist in allen diesen Fâllen dasselbe. Und dass der Vorgang und die Person dabei fur den Kariri eine Gesamtempfindung waren, zeigt sich bei den - Pluralformen, wo das Wort wie eingefûgt erscheint zwischen dem Personalprâfïxe und derii zu diesem gehôrenden Pluralsuffixe, z. B..tno liuwanihutsu-a wenn geta uft werden wir, no hu-kdgri-a wenn wir gut sind, h^pad^u-a miser Vater. Die Personalprâfixe werden nie selbstandig gëbraucht.

b) Mari da'rf wohl annehmen, dass der Sprecher, wefin er von der III oder II Person redete, die Sachlage so vorstellte, wie er sèlbst gewohnt war sie zu erleben. Der Satzbau ist fur aile Personen diêselbe.'

Sodann zeigt mis die Sprache, dass in den genannten (— ùnd wie ^vir gleich sehen werden aueh in anderen—) Fàllen, die zëntrale Tatsache fur den Kariri war, die Empfindùng, dass Offenbarungen da warén, sei es dass das Erlebnis aus der Aùssenwelt kam, aùs dem Kôrper, oder sonstwie entstand. Insoweit er dabéi aûch ein selbstàridiges Eigenwesen empfand, mnss er dièses wie passiv-mitgenommen, oder wahrnehniend-empfindend gefiihlt haberii.

'.{-.- Vgl. C. C. Uhlenbeck, a) Het passieve karakter van het verbum transitivum bf van het verbum actionis in talenvan Noord-Amerika, b) Het identificeerend karakter der possessieve flexie in talen van Noord-Amerika. Versl, enMed. Kon. Ak. v. Wèt., afd. Let t. 5,11, Amsterdam, 1916. — Âhnliches lâsst sich nachweisen im Warau, im Karibi und im Tùpi-Guarani.


DAS KAR1R1 1.51

Die Person, die fur uns Urheber dèr Handlung ist, wird nur so nebenbëi .erwàhnt (j no 6 di-■ J popo), ùnd mit derselben Prâposition no, die bei Zèitangaben und dgl. wird gëbraucht (z. B, no kaya-pli am Mittag, i kûd^eya-hehe 2 m i-nia 3 Jiu-buiho 1 wir sind tranrig ein wenig nur 2 werin sterbt 3 .unser Anvèrwàndte) ; vgl. aueh AT § 11.

Die Verbalwurzel;fur sich ist, soweit es sich nachgehén lasst, weder passiv weder aktiv. Z. B. verratet pah gesehlagen werden, deùtlichi dass es entstanden ist als spontaner Affektausdruck (§§ 18, 21); es ist dem Worte " patscli ! " vergleichbar. Wanikutsu getauft werden^ bedeutef wahrscheinlich wani heidnisch hu kraftig oder lehendig d%u Wasser, also " abwaschen des Heidnischen ". Zu den zahlreichen Verbendieser Klasse, vom P. Mamiani und von Lucien Adarn " Passiva " genennt, gibt es keine " Aktiva " die denselben Vorgang andeuten.

c) Dass -die sprëchende und hôrende Seele des Kariri, innig mit der Wëlt verbunden war, kommt aueh an den Tag bei der Analyse der Wôrter

"(Kapitel III). In einem hohen Grade korrespondieren die kleinsten Wortelemente mit gewissén geistig-seelischen Elementèn im Vorgang, irii ' Verhàltnis, im Zustànde oder im Dinge. Da findet man aber aueh, dàss fur den Kariri, wenigstens in den Tiefen der Seele, weder ein prinzipieller Unterschied bestand zwischen das nur-Seelische und Seelisches das sich bezieht auf etwasin der Aussenwelt, weder zwischen Vorgang, Zustand, Eigënschaft und Ding. Manches anderes in dieser Spracheùnd im Arawak, Warau; Karibi und Tupi, deutet in die gleiche Riclitung. Die Kariri-Wôrter, die speziell dienen ùm mehr-oder weniger auf éiri" Diùg als solchès zu dëuten, besagen wahrscheinlich nur, dass an einer Stelle im Weltensein Verdichtung oder konzentrierte Energie empfunden wird, siehe §§ 3, 12, 15. Es verraten aueh die magisch-religiôsén Auffàssùngen, die Wôrter die mit dem Besitz ZÙ tùn haben, nnd besonders im Kariri der Gebrancli der Kategoriewôrter (§ 6), dass dièse Indianer das Ding nnd die Aùssénwelt auf einem anderen Seelennivean erlebten, wie

• es der jetzige Eùropaer in seinem Denken tut. Die fùhlende Seele batte dié Aussenwelt nich so stark heraùskristallisiért, wie es bei uns der Fall ist. "■'-.-

Wenn wir nun sehen, -dass der Kariri in genau derselben Weise sagtë

. K6di-pa er wird getôtet, und di-hrabu seine Brast, di-dhe seine Mutter dera sein Raus, di-ro seine Kleidung, dann wird wahrscheinlich, dass Person und Ding dabei ungetrennt, oder in irgend einer Weise innig verbnndéh waren, aber dass keineswegs nnser Verhàltnis von " Besitzer " nnd " Besitz " da war.

d) Von derselben Art wie die " Passiva ", sind die Zustandsw.ortèr oder Eigenschaftswôrter. Das zeigt sich bei kâgri, das sowohl mit. der


152 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES ,

Bedeutung " geheilt werden ",.wie -" gesund, -gut, schôn oder- liëilig sein "■", gëbraucht wird, ùnd bei K kuîïi " abgekiihlt werden. " iiind; " kalt. sein-". Dabei sehliessen sich an, - die als Zustandswort- gebrauchten Dingworter : i pâo 2 un 3 kede, 4 utona: yboôo~ï l-Brot-2-jenes 3 sicher, 4 Mandiokamehl 5 entwedér? (ist es Brot,; Oder ist es Mandiokamehl ?) 1 i- 2 hura-3 îiino 4 onadse1 der 2 Sohn 3 Gottesi du (dubist der Sohn Gpttes). - - ; - .-.-.:.. -. -..■ ■ -■

e) Nicht anders liegt die Sache bei den scheinbaren Intransitiva : 1 teMi 2 idse 1. es ist gekommen 2 ich (ich bin gekommëri),' r â-h'iei-d^h:'• 2 hi3 te l.zu eùch 2 ich 3 bin gekommen. Oft ist der Kàriri-Ausdrùck wirklich sacligemâsser-wie derùnsrige : 1 id^ene 2 hi-3 d\iklo- 2 a 4 mo $i-dbiï 1 laus Furcht 3 gèstûrzt 2 ùris 4 in 5 das Fener (aus. Fùrcht, driss wir ins Fenër stûrzen). ._.'..: ■ •-. .:, : .

• f) Schliesslich gibt es noch die scheinbaren Transitiva, : bei welchen das Persorialpràfix die Person'andentet, die fur uns. Sùbjekt ist, und einé Form mit dë'r Prâposition do, die Person die fur uns Objekt ist. Dièse Vérben deiïtën,aber. Avahfscheinlicb aile àuf einen Zustand, odér sog'af auf Dingartiges, z. B. die Wurzel u: die Empfiridung, dass .die Seele, odereine Seele, fiihlendôder denkend, lebendig oder erzeugënd ist.-Davon mit -lia festgehalten, oder schOn, gut : ukaLiebe, lieben, mit -U leicht berùhreri : ubi sëhen,. anhôren, mit hamaplè Prâposition " zum Nùtzen " : uhamaple verarsachen! ■'-.-■-- '..'"'■ .

., DerLant edriickt aus : die Empfindùrig der Hemmung, dès leichten Widerstandés. Daher emûssen, verpflichtet sein, undig Laàt.

Kolo stelilen,.;das beim P. Mamiani aueh zudieser Grappe gehôrt, bedeutet^:^ dà.s Aufbewalirte,- Zuvuckgelegte ; bidzelirada vërabscheuen, wahrscheinlich: verzérrtes Gesicht.- . - .

- Die: Person, diè nach unserer Auffassung, handelndes Subjekt ist, ist fur den Kariri empfindende Person. Ein Akkusativ-Objekt gibt es nicht. Die Person,:die nach unserer Auffassung Objekt ist, erleidet nicht unmittelbar dasjenige was vom Verb angedeutet wird,'sondera sie stëht unter dem Zwang des- Wôrtchéris da (§ 4a). In. genan derselben Weise wië man sagt 1 Mgri 2 kede 3 do 4 k-ubi-a J kanatsikie 6 Missd-1 1 gùt 2 sieher 3 do 4ùnser-ànhoren5 tagliçh. 6 Messe ? (ist-es gut, dàss wir tàglich die Messe anhôren?) .sagt man -1 uka 2. kede- 3 Anjos 4 ku-do-a-?- 1- Liebe^ sicher-3 Engel i-do uns.?, (lieben die Engel uns ?).' :: Dièse scheinbaren Transitiva nehriieri aueh .wenn sie am Anfang - eines Satztèiles:stehenV dàs Personàlprafix, vielleicht. weil der Kariri.sie nicht fûhlle wie bewegliche Vorgange, sondera wie rnhige Zustândè, z. .B.î ku-e-à.2 dehe^3 do 4 h-wipaboè^a.ï unsre 'Pflicht !2. aueh 3 do 4 uriser-beichteri (wir miissen aueh beiéhtén). .--.!■-.:


DAS KARIRI

Î53

■.'- §3, Prononien und Verhal'nomen. —'a) Die Personàlprâfixé entsprachen vielleicht folgendén Gefiihlen : I ht- : hier-jetzt,-vgl.r ihi'§ 10 ; il a- : Welt-gegenùber-riiicli ; III di- : feststehénd ; Iplur. exclusiv (der Arigeredete ausgeschlossën) ku- : k riahe und stark oder' fest zusammen « lebendig. •■''■, - ; '

: Die Personalprafîxe (und dazu im Plural die Pluralsuffixe) werden vereinigt mit den Worgangs-, Zustands- ùnd Dingwôrtern;- mit-Moe,. das Wesen, formen sie selbstandige Pronomina der I und II Person (§2).: Sie werden-aueh mit den Prapositionen verbunden, die dann als Postpo,

Postpo, erscheinen. Bei diesen Postpositionen wird III di- nur gëbraucht wenn sie reflexive Bedeutung baben, was sich ausserdem zeigt im Suf-? fixe -ho. Sonst gebrancht man ein Pràfix i- (punktartig-intensiv?).-.'■• : Das Pràfix i- wird ansserdem gëbraucht bei Dingwôrtern mit der Bedéù-,'

Bedéù-,' eines Artikels, z.- B. / pedi 2 idse 3 mo 4 nïno jf i- 6 pad%u 1 es wird geglaubt2 (von) mir 3 in 4 Golt 5 der 6 Vater, T bui-kli 2 i-3 buir'â 4 bo y. di- 6 popo 1 es flùchtete 2 der 3 jûngere Bruder 4 vori-5'sein 6 altérer Brudër, 1 i-tsoho-ba 2 i-îïahike 3 1-4 popo j aboho 6 di- 7 -buirâi es.w.urde 2. vërlangend 3 der 4.altère Bruder 5 nach 6 sein 7.jûngere-Brader.. :-.;.-; Weiter wird i- gëbraucht bei den fragerid gebrauchten Postpositioriën i-àoô-àe fur wem, und i-domo-de in wem? weshalb?, und schliesslich bei Vorgangs- und Zustandswôrtern, wenri die unmittelbar beteiligte Person nach diesëm Worte genannt wird, jedoch selten wenn das Wort am Anfang eines Satzteiles steht, und nicht wenn dàs Wort mit u oder ha anfàngt, obwohl es ausnahmsweise das u verdrângt.

Lucien Adam meint (Adam §§ 34, 43), dass i-, und vor einem Vokale h-, K s-, das Personalprafix der III Person nicht-reflexiv ist, und dass dièses Personalprafix bei den vielgebrauchten Prâpositionen do, bouJ s-. \v. durch Abnùtzung verschAvuùden seie. Man mûsste aber fragen, ob genùgende Veranlassùng vorliegt, uni anzùnehmen, dass der .Kariri ùrspru.ngliclidiesésstreng-logischeoderu.ber-logische System der Personsandeûtung gehabt hàt, ùnd dasselbe dann wieder vernachlassigt hat, so dass schliesslich etwas entstanden ist, das viel primitiver anmùtët'. Dass der Kariri wirklich unterschied zwischen z. B. bo ùnd i-boy jÀur i-bo-a, ist zu sehen in : di-tsoho-li (diehaben) i-po (das Auge) bo (damit; ohne Personal-prafix und ohrie Pliiralsuffîx) £&-fl(entwischen, plur.) i-bo (dort-von), die Augen haben zurii entwischeri vor dort. Die Théorie Àdams lasst uns aueh im Stich da •wo-'-'ào und bo- gëbraucht werden im Imperativ und Vokativ. — Gehôrt riicht das h- zum Worte? Vgl. i-habe das hoYiii^'d-u-. habe-ohe-li der seine Pflieht nachkommt. S, no'eh § 9-und Adam. S. 9. ■'. b) Wahrscheinlich 1 dentet in deri Demonstrativa und Interrogativa a auf" wer " odér -'-' was ", u-, wi, 0 auf '^ ^wie -"-; :-:de-= es ist- so, undr


154 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

wahrscheinlich mit Fragetori : ist es so? ; -/£■== innerlieh konzentrierl, personhaft ; -ro item in einer schwereren Weise. Daher :. .

Demonstrativà : âli, âro, plur. âro-a,beide fur Personen und Dinge, un, deutend auf einen Vorgang ; âli wird gëbraucht wenn Umschreibung foïgt, âro und un wenn keine Umschreibung folgt.

Interrogativa : âde welch ? (fur Personen und Dinge), Antwort âde-li ; mo âde wo? wide wie?, Antwort wide-U; ode weshalb? ode-iho wie'viele? ode-ngui wenn? Antwort_ode-li.

Die F rageist ein Suggériereri der Antwort. Die Frage enthâlt -de oder feie,feststehend, festgestellt, es ist so (stummes e) und Mme, wenn nach etwas Enërgisches gefragt wird. Die Antwort wiedérholt den Hauptteil der Frage, mit-/z'bèi den Interrogativa, und wenn die Antwort nur -.' ja " oder " nein " sein kônnte, mit -H bejahend, -di verneinend.

Beispiele : wide i-d%e ; — widè-li Jesu Christo was war sein Name ? —, es war J. C, 1 âde kune 2 d-u-niîio-li 3 arâkel — 4 âde-li j ywrâo î.wer ist 2 der Schôpfer 3 des Himmels? — 4 es ist 5 Gott, .hamaple-de kune?-^ do k^emoeple-a fïïr -wem (liât er gesehaffen)? —-fur uns, i,ku-e-a kede 2 do kuka-a i-dool — 3 ku-e-hi^a 1 miissen wir 2 ihn "lieben-?— 3 wir mûssen, I krodse kede 2 do-ihi-3 i-hia-te 4 li-ai-d%a1 3 krodse-di 1 ist er mâehtig 2 jetzt 3 'beim Sterben 4 gegen uns ? — 5 ist-machtig-nicht, -

c) Wenn in âli, an die Stelle von a, deutend auf ëiii Stûck Weltgéschehen oder Weltensein im allgemeinén, Bestimmtes tritt : di- lest am ■Or'te, mit einem Worte das eine Sache andeutet, so entstehen folgende Formen :d-aki-U'dev Eigner der Herde, K d-era-ri der Herr des Ilauses;

Hierbei schliessen sich unmittelbar an die d—K Partizlpiën, welche andeuten die bei dem Zustand oder bei dem Vorgang unmittelbar beteiligte Person. Dièse Person steht passiv-mitgenommen in denî Zùstand oder dem Vorgang (§2).;Di-pa-U der Getôtete, di-niîïo-ïi der gesehaffen ist,- di-Mgri-li der Heilige, di-kâgri-kie-H der Kranke.

Bei den scheinbaren Intransitiva und Transitiva deutet das Partizipium eigentlich auf die Person, die den Zustand empfindet ; di-ba-li der wohnt, d-uka-h à&v liebt, oder der mit dem schônen oder starken (ko) Gefûhle (u) behaftet ist. So aueh di-Jwto-ii Dieb = der mit dem Zurûckgelegten ikoto) behaftet ist, anschliessend bei K d-era-ri der Herr des Hanses =. der mit dem Hause behaftet ist. _

In derselberi Weise wie d-u-ka-li der liebt, gibt es, parallel an di-pa-li der Getôte, u. s. w., d-u-pali der Môrder, d-u-nino-li der Schôpfer, d-ukâgri-li der Heiler, d-u-Mgri-Me-M der krank niacht, obwohl sorist keine Verben u-pa- tôtôn, ù. s. w. angetroffen Averden.

Aile dièse Formen haben eine bewegliche Bedeutung; es sind keine starren Substantiva. Beispiele : 7 do ku-bid^ekrada 2 do ku-buâga-te 3 d-upa--


DAS KARIRI . 155

h Jésu Christo 1 lasst uns verabscheuen 2 unsre Sûnden 3 die gefôtet haben J. C, / âli J. C. 2 di-hia-li 1 dieser J. C, 2 welcher gestorbenist, i utu 2 d-ahia-li 3 dseho 1 die Frucht ~2 welche sterben macht 3 die Menschen, 1 milagre 2 di-to-li 3 ï-îia \ Wundern2 welche getan werden 3 von ihm 1 iianeid%e 2 d-ulo-li 3 kloboe 1 ein Kônig 2 der anrichtete 3 ein Fest, K un di-kâgi-ri, uro i-bure dièses ist besser als jenes (dièses das Gute, dièses schlecht). ' - '"'

d) I-me tupâ = es spricht Gott, i-me-te tupâ = das Wort Gottes. Das Wort ohne Sùffix deutet auf die vorùbergehende Erscheinung ; mit dem Suffixe '-te (vgl. § 14) deutet es auf die Grappe oder im allgemeineh auf etwas das Festigkeit oder Dauer hat. In derselben Weise : di-krodse-teseine Macht oder ausgeûbte Macht, 1 dadi-kli 2 Jesu Christo 3 mo 4 i-dadite 1 es ist gesessen 2 J. G. 3 in 4 dem Sessel, a-koto-te das von dir Ge'

Ge'

Das Suffix -te wird aueh gëbraucht bei Wôrtern, die Eigenschafteri oder menschliche Verhâltnisse ausdrûcken (oder bei Wôrtern die anf -e aùsgehen?) um die Mehrzahl, oder wahrseheinlieher die Grappe anzu^ deuten : 1 âde 2 bule 3 di-bule-li 4bo j i-bule-le 6 wohoye ? 1 welches 2 Bôses 3 (ist) das Bôse 4 aùsser (Superlativ) 5 Bôsheiten 6 aile? id%e der Name iàxe-te die Namen, ârodse-te die alten Leute, d-umarâ-te JudeoJa seine Feinde die Jùden. Aueh : i-adse-de wir, I plur. inclusiv (i-adse ich), hi-tode Aàâô unser Urahn Adam.

e) Das Pluralsuffix -a, (= sich ausbreiten der Andacht ?) -wird gëbraucht wenn zwei oder mehr gemeint sind, béim Pronomen, bei Namen von Menschen und bei Namen A^on Gegenstànden, welche Menschen angehôren : ku-urio-a i-na-a wir werden geholfen von ihnen, k-atse-a wir, a-pad^u-à euer Herr, wiîïu-a kleine Kinder, Apostelo-a die Aposteln, K bechiè-a Pfïanzungen, Sakramento-a die Sakramente.

-Te-a, ist angetroffen worden bei aide Tier, aîde-te-a die Tiere oder die Tiefheit, tetsi Frau, tetsi-te-a die Frauen. Merkwûrdigerweise hat aueh im Waràu das Wort tida Frau, unregelmàssige Pluralbildung : tatu-tuma {-tuma Pluralsuffix).

§ 4. Prâposition und Adverb. — a) Der Imperativ ist das unpersônliche/ Wort do, der Vokativ das unpersônliche Wort bo (wenn man eine Frau anredet aueh wohl w/a§ 16). Es folgén darauf Wôrter, die das Gebot odér den Wunsch und den Ausruf nâher bestimmen.

Beispiele : spreche, o Heiliger! do a-me bo Santo\ do dein-Sprechen bo Heiliger ! ; nenne ihre Namen ! do peleto i-d^e-a e-nal do genannt werden die Namen dir-von! K lass mich gehen ! bahi-wi ! bo-mein-gehen !

Do (hinter Personalprafix : -doho, -doo und da wird ausserdem in fol-


156 . SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

gefiden Fallëh gëbraucht ; allen diesën ist gemeinsarii, dass' dasjenige, vvas;mit do verburiden ist, unter Zwang steht, feststeht oder festgestéllt wird; -.';"

. i) j do'2 isoho-di 3 arâke 1 do 2 seiri-Futururii 3 Hiriimel (es werde der. Hinlriiel), I do 2 pri 3 â-le 4À-do-a .1 dô2 verlàssen werden 3 dein.Zorn 4 do ihnen (sei ihriëri nicht bôse) ; ."-■■.'

2) 1 te-kli 2 idse 3 do 4 a-netso j hi-iia 1 es ist gekommen 2;.ich.3 do 4 dein gesehen werden 5 mir-von (iclibiri gekommen um dich zu sehen),

1 krods'e-kie-ba 2 dseho 3 do 4uro, 3 tupâ 6 di-kndse-li 7 do 8 i-moro i mâch-: tig-riicht-ist 2 Mensch 3 do 4 jenes, 5 Gott 6 der Mâchtige 7 do ,8 so'.tun (der.Mensch kariri das nicht, nur Gott kann es) ;

-'. 3) 1 kâgri 2 kede 3. do -jji-ubi-à .5 kanalsikiè. 6 Missal 1 gut 2 sicher3 do 4.ûnser-hôren 5. tàglich ^.6 die Messe .(ist es gùt,. dass wir taglich die Messe hôren?), 1 i-tsoho 2 kede 3 a-buâga-le4 do j kotol 1 es ist 2.sicher .3 ■ deine Sûndé 4 do 5 stehlen (hast du die Sûnde des Stehlens betrieben ?), K id^-upodo 2 do''i sabuka 1 mein Gebratenes (Kategoriew^rt §: 6 b.) 2 do 3 lluhn,:iwi 2kedeze-3 do -4 munakie, J i-d^e-kli 6 do j Adam, 1- es entsteht

2 plôtzlich 3 do 4 Jùngling 5 es wnrde genannt 6 do 7 Adam; :

4) Dadi- — dooder da mit Personalprafix III di- '■ dadi-fiia (er gibt sich.) um gétôtet. ZÙ werden ; &uc\ix da in : da-dsekie oeÊwosçhweige', Tenfel !.-■■• -.5); 1 he-kii 2 onadse 3 kede 4 do 3 me 6 do jbtikleke S boho?:i_ ist eingerieben 2 du 3 sicher 4 do 5 Genipa 6 do 7 Uruku 8 entweder?, (hast du dir den Korper mit Genipa oder mit Uruku bernait?), / pah-ba 2:do 3 uklé 1 es wird geschlagen2 do 3 Schwert (er wurde mit dem Schwertegetqtet) ; -,' 6). 1di-kli 2 i-po 3 do 4 di-wâtie-li 1 es wurde gegeben..2'Augen 3 do 4 der-ohne sëiender (den Blinden v\mrde das Gesicht gegeben) ;

7) 1 a-ka-2\kede 3 do 4 hu-paàzu-a 3 niho's' 1 deine Liebe 2 sicher 3 do 4 unser-Vater 5 Gott? (liebst du Gott?). "

Es fiihrt uns das ebèn angefûhrte regelrecht in den Zusamnienhang zwischen Laut ùnd Sittn in dieser Sprache (Kapitel 111). ManIcann empfind,en, aber ancli àùsserlich beobacliten, dass béim d die" Sprachorgane ein " zwingen " ausùben, oder ein '• fest am Orte sein " dastellen. Was das 0 angeht, so lâsst sich beim Vergleichen mit demi ahnen, dass i ein géeignéter Ausdruck ;is.t; fur aktive Seéiéneinstellung, Spannung,' augenblicklichyliier.und klein, 0 aber fur ;abwartende Seelenei.nstellùng, unbeweglich, Raurii. . . ;".. .::...

Dann aber ist dièses, do. einfach derA.kt.des Z^'ingens der, statt als voile Tat in der AussenAyelt ZÙ erschéinerij sich a.ùsgiesst.ineine Tat der Sprachorgane,. die hôrbar; wird als do. Beim Imperativ ist es fast wie ein instinktiver. " Aiibahriungszauber ".. .-'■■;. -. . ":

. Gleichartige A.ffektâusdrûçke oder aneinandergereihte Afîektausdrûcke, die am Anfang eines Satzteiles gëbraucht werden, sind :


: ; - , : DAS -KARIRI ■"■ :-'-. ■■ 157;

..::?b) Prâpositiorieiit[hintèr Personalprafix:Postposition) : ■'■-.' tu; ■J-i:''î ideho mit (Jefeststeherid ho sich behauptend), id%ene,'A\isFurcht, Aclitung oder Scheu (d%e Weseû ne gehorsam?), ibete zurii■;Behufe von; (sichschâm'eri) vor, (wartén) àuf (be leicht te kommend; es ist >fast gënau dassélbe wie Arà-wak' ibiii odêv-ibici), ipeneho vor; in Gêgenw'art-^e^nV sichtbar)," 'Ê.-iwomhe ùhter, ùnterlialb (wo-w unsichtbar) ; te; .(hinter; Ppr.'fe', ai, bel, gj):gegen (Affekt": sich behaùpten), K saibï von (nur :irid)(-ueiko sàibïbàdzp ich-brauche eine.Axt);aboho, K woboho' hinter (wo. unsichtbar.? bo aussén), hamadi zum Nirtzeri,raus Ilùlfe, aus Liebe, zum Z.wecké:(?«a mild? di.îeststehend), bamaple item mit Bewegung (^/e fliessend) hamui zu - einem Orte (wîàï.nach derSèite), &am ZU oder gegen das-was still odèr unterworfen ist ; ••;;''-;!

«o (hinter Ppr. ' m) zur Zeit, Pp. des Ablativs bei den sogenànnten Passiva:(Affekt vielleicht j: das Stille, Grand odèr Ursprung); do (hinter Ppr. -doho, -doo) Pp. des Akkusativs bei den scheinbaren Aktiva, und des Dativs, u.s. w.y bci Vokativ, Pp. damit, aus, ùbertrefferid (Affekt. : anspruchslbs, vorsiclïtig oder mild hervortretéri ôdér-berùhren), mo (hinter Ppr. -domoho -do'mê) in, am Orte, wegen, erwagerid, sèelisch verweileùd in (Affekt : nicht hervortreten, zurùckhalten),' K prodehe, prodehemï iiber, ausser, jenseits;... ':.;::: '-'.-..-. :'-'..'- ,■- ;;

. e) do un zu dem Zwecke, deshalb, mo un deshalb, do-ihi, K ào-igl jetzt, K bo-igïyon \ûevfnio4hï,li:mo-igï hier, dahâdsi dort, /eflto'nahé, mani fera, nwhodse ohne Ursache,". moenahâ heute, kaiiatsi- mor'gen, kedexe sogleich, mofcbald,\ kene iû der.alten Zeit, kieho vorher; hinten am Satze no dehê aueh, .nelu wirkliçli;• .:"::.-' • . ' -

d) hamo so ist es, habuihâ es ist wahr,ko aber (Affekt : starke Behaup? ivaïg),-kohoja, es'isf: sprkoho-boe-ro ganz gewiss; /eofo dieser ist es, do koho hiérauf, danri, kede darauf,- MO/J indém, weil (no âlï ?),-ttiaro deswëgen, deshalb-(i-rto-uro?),'ibo'no aber, doch. -'■■■ -, ,-'-,.-y..- ..".-'

§ 5- Suffixe.. Redûplikâtion'.. a) Die "Bedeutung der Wôrter kanh in- der verschiedensten Wèise begrenzt werden durcli Suffixe,, die sich anch anbaùfén kôrineh, z. B. âi-nià-nu-kie-li.die stérbén-konnen-riicht;, cbnfissâoMi-d-ploh"obwohi sie gëbeichtet haben. \i ; i,

i, Bedeutung ist pff leicht ZÙ errateri, Z. B. -kli,K -kri, 'Suffi x des Perfektës = festgëworden ; es ist dièses nicht eiri meclianisch gebraùçhtés Teriiporalsùffix; soriderri ein lebendiges Wort ; man" sagt K mineheji-te dieseri Morgeri kamér, und nicht minehe si-te-kri.

.'■: Ôft findët" nian: Wôrter die selbstandig gëbraucht ^verdën, als Suffix, z.-R. : bëpli schreçkën, -dièpli plôtzlich, bihe.èiiis, einzigi, -bïhe sogleich. -:,:Dié Reihénfolgé ist nicht "vvillkùrli'chy.z; B: -wivd.'.,-Mi, Sùffix'des .Per^


158 SOCIÉTÉ DES AMÉRICAKISTES

fektes, immer der Wurzel angehàngt, wâhrend -di, Suffix der Zukunft, am Ende des Satzes steht.

Die oftvorkommënden Suffixes sind :

-de (ohne Akzent) es ist so, -de (rriit/Akzent und wahrscheinlich mit Frageton; hinter einem Satze kede) ist es.so"? -di, K -di (dê-wil) es ist nicht, -ivido/séhr, -id%e wesenhaft, sehr, -M, K -ht sicher, rbo sëlbst,% -ho àbsichtlich, K -koho umsonst, K -yetvo umsonst (gratuito),: -hehe massig, sanft,langsam, weriig, -ron, K -rere ein weriig, -(w) une angènéhm, K -tsa dicht, derb, K -pepe brockenweis, -nu kônnen, -ploh bedirigungsweisë § 12 g),-Menicht; ' . .,...

K -dihi von weiteiri, K -dedi nahe, K -chi bis dahin, K -betido insgeheim ;

,-a Mehrzahl des Vorganges, des Zustandes oder der Person, -buye-a, -boe-a Vielzâhl itenlj -klubui in starkem Masse, -bupi ein wénig, -loboe zusammen, -boho oder, éntweder ;

-ngui, K -ingi wenn, Zeitpunkt, -ha, K -bae Prâsens, Imp., Fut. = aueh (?), -Mi Perfëkt, *di Futurum, -bihe sogleich, -bêpli plôtzlich, -ituanfailgen, im Begriff sein, -barâ anfangend, K -ta bevor, K -to oft, -idadeohne àufhôrën, -rone wiederholt, -manê weiter, nochmals, noch melir, K -che neulich, von neuem,-kieho vorher, K -nio die Handlùng war schon geschëhén.

b) Man findet aueh oft Zusammenstellungen mit -wigehen, '^pele nielien, u. s. w. und die verschiedensten anderen Zusamnïênstellùngën, z. B. mete rufen = tekommen me sageri, arâked%o Wolke = drâh "-.'Firmarrient d%o Regen oder Dichtes, di-pele-ron-U der ein weriig offênbart(beichJ;ët); di-pele-kaitu-li der verschweigeïidoffenbart.

■-.;.'. c) Zusammenstellungen in welchén^ das zweite Wort ein -, eigenes Personalprafix hat : pàa\u a-nu dein Gattè (Vàter deiries: ,'Kindés), pad^u di-nu ihr Gatte, i-ha dz-îMgebârt werden, pah i-nid getôtet werden (p^schlagen nia sterben), me â-le-kli kede? gesagt dein-Zorn-Perfek1>sicher ? (hast du gëschiriipft ?), du-i-d^o-li der Arzt, du-â-â^o-li do pu der dichrhit blasën gènes et (J^o gesund). -- ;

, d) Reduplikation wird gëbraucht wenn dieselbe Eniplindùng sich wiederholt. Beispiele : hoho verschieden sein von, bududu eingewickelt weràen, titi titi-barada es bebt die Erde, wâwâàe fasten, marna weibliche Brast, dipâ^o glànzen, fùnkeln -{d%p Regen), nufiu Kinder, i-wowo die Pfade, hamo"mo-kle-hle die. gefleekten (Jilè) Tiger (hâino), èz«^wî zurùckgëgében werden.

§ 6.: Kategoriewôrier.-— a) Bei der Analyse der Wôrter findët man, dass jedem. Eirizellaute ein bestimmter Sinn entspricht:; Und inderii der; Kariri riur eine beschrâ_nktë: Anzahl der Laute gëbraucht : êtwa 5 bis 7; Voka-


DAS KARIRI 159

leri und 11 bis 13 Halbvokalen nnd Konsonanten, teilt er éigentlich dieganzë Welt ein in 5 bis 7 nnd in 11 bis 13 Urprinzipien. Das spielt sich wahrscheinlich ira Uriterbewussten ab ; und es ist Instinkt oder Urtrieb. Tri einer béwusstëren Weise zeigt sich der Hang znr Ordnùng bei den Kategorie wôrtern.

Die Dirige sind eirigetéilt in etwa zwôlf Arten : 1 Schùsseln, Banke u, s,.w. be (wrahrsch. leicht beriihren), Berge Kbe (== boesteigen ?), 2 leberidige Gegenstàride, àusgenommen Vôgell, • Hâuser, Pfeilen, Gelasse, u.. s. w. bu (Ërseheiuung des Lebendigen, leberidige Gestalt), 3 Steiiiëj Vôgel, Sterne, Regen und runde Dinge wie Beeren kn, klo (fest zusamv riiengeballt) ; 4 Flùssigkeiten und Flûsse klu (zusamriienhalten des Lebën-; digen oder trinkbar ?§ 2l), 5 Trauben und Bûndel K epru (pru anschwellend e Last ?), 6 Holz, Beinen, Dingen die aus Holz gemacht sind KM (glatt, leicht, bleiçh, zàhe ?), 7 Seile, Schlingpflanzen, Fàden, Sehlingèn K ho, hoi (Widerstànd gegen ziehen ?), 8 Gegenstânde von Eisen, Ktiochen oder spitzige Dinge K ya (festhaltend, festhâkend), 9 essbare Wiir-'■' zêln inui, mu (verborgen), 10 Brunnen, Lôcher, Offnungen, Umzaunlin-- gëri, Fëlder nu .(Urspruhg des Lebendigen ?); 11 Haute, Kléider und TucherK ro (festirisiehselbst, konzentriert), 12 Wegen, Gësprâchë, Rederi:, -Gëschiçhteri K won (ro konzentriert wo Weise .; woro Wort). -.- -':-:

Diesen Wôrtern ■werden als ein naher Bestimmendës angehàngt, Wôf-; ter der Anzalil, dés Massés oder der Faf be. Man sagt also fur roter MensëH (Indianer) : dseho] bu-he. = Mensch, Erschéinùng des Lebendigen, rot;; genaû so wie man sagt der Gott Badze : tupâ badiçe = Gott Badze. V

Aueh ohne dass der Name des Dinges genennt wird: di-klo-iho seirië Schaaren (iho viel),: bu-ku-plob obwohl es weiss ist (bu weiss'obwollljy: bu^pi wi-kli ein kleines Kind wurde er, mo î-buku-te iû dem weissenDingé (die Hostie). . ■'■■;'■

:Als selbstândiges^^ Wôrt : i-ro die Kleidung, kro, K ukro Stein.

Dièse Katègoriewôrter verraten, dass der Kariri sensitiv war fur die Erscheinungén des Lëbëiis (aueh der Pflanzen), der Bewegùng ùnd der; Kraft ; Zabi, Mass oder Farbe nannte ernur an zweiter Stelle, nàch déni Kategorieworte (vgl. hierzu § 2e). Und weiter las.st sich aus dem, Gebrauche des w (§8) yermuten, dass die Erscheinungén des Lebens sëiùë Séele in sëhr besondërër Art berûhrten. Vielleicht sind wir hier derri magischen Erlében-riahë. Aueh das dém u verwandtew vérdient in die-- sër Bëziehung unsre Aufmerksamkeit. ' ft:

1, Vôgel sind anâersartig wie andere Tiere : vgl. C. H. d. G., The Arawak lâng-uage of Guiana, Verh; Kon. Ak. v. Wet. afd. Lett. n. r. XXVIII, 2, Amsterdam, 1928, §167 d). Aueh oft in Mylhen. ■■


160 SOCIÉTÉ DES -AMÉR1CANISTES

:b) Es gibt noch eine zweite : Kategorieneinteilung^ ;die zeigt, dass der Kariri das Besitzverhâltttis. viel méhr'dynamisch^eberidig'fûhlte, als es bëiuns der' Fall.i'st. Éf sagte namentlich nicht: einfach « mein Hûhn », soiidërri nach Umstânde K d%-ùba do (§ 4a3):sabuka/mem mir geschenktes Huhn, K hi-ëki dosabuka mein Huhn das ich gezogen habe, u.s.;w. -.> . ■ .-'Die. etwa zwôlf Kategoriew.ôrter dieser Art sind : haki:, K êki Tier das im Hause gezogen ist (vgl. noch hikie Besitz, hiki-a jùnges Mâdchen), . waplu Wûdy.îvaklu kati wilder, Honig, K uàpru Wild, .Waldfruchtè Ù. s. W,,' ûde Gekochtes; K upodo^ Gebratënes, K udje geerntéte Gemiise, K tiaîii aùf dem Açker'.gebaùtes Mandioka,Kwfo> grùn gësammelte Frùchte, K uito'Gehxadenés^uboronunu■ im Kriége Erbeutetes, Sklaven,K ukisi, K wanubatsa Ausgeteiltes (Wild, Pfeileùnddgl.), K.uba Geschenktes,e Last, Qetragehes. '-.:<;■■ ■. ... \ \

III. DIE EINZELLAUTE ALS WURZELN ; PHONÉTISCHES. : ;

';.,§-7. P. Mamiani sagt : « Aile einfachen• Verba' dieser Sprache sind einsilbig, und .wenn man den ganzen Wortyorrat der Sprache kenrite, sq : wurde sich wahrscheinlich zeigen, dass sie durchaus aus einsilbigeriWôr ? térn besteht, welche als Wurzeln dienen, um Komposita zu bildën/yvie imllebràischen. Gewiss ist, dass die meisten Nomina und Verba welche mëhr als zw^eiSilben haben, Komposita sind. » ' ;■ ■(

Die Analyse lasst sich aber noch; weiter fortfuhreri. Mëhr.oder weniger deutlich 'zeigt es sich, dass die einsilbigeri Wurzeln die mit dem gleiçhen Konsonant anfangen, ihrem Sinne nach verwandt sind ; das: gilt aueh von den Vokalen ; oder niathematisch ausgèdrûckt, man findet etw-a heiha. : ho-=be: ba : bo, u.s.w. • ; ;;,:.

Das sollnun gezeigt werden in den folgenden;§§. Wenn aucli wegen Raùftimangels nicht bei jedem Worte die vollstândige Analyse gegeben wird (soweit sie gefunden ist), so wird der Lesendè doch;riichtaIlzuyiel Muhé haben, sich davon zù ùberzeugen, dass dièse Sprache yidrkliçh in hohem Grade vori den Gesetzmâssigkeiten der 'beschriebënèn Art durchtrarikt

durchtrarikt ■ ' ■'■■.-.'.,'.'. ;;^: J: :: -':);:

r Nun muss ich aber warnen, dass die Einzellaute nnd deréneinfaehe Zusammenstellungen, sich bezielien auf die Gefuhls- und Willenswërte, dié in den Vorgàngen, Verhaltnissen, Zustânden und Dirigeri anwésërid sind, und durchaus riiçht unmittelbar auf die Gesichtsbilder oder die logisclien Begriffe, Es ist etwa so, dass die Idée sich:Ausdriickt in Affèktén,

.1. Th. Pompeu Sobrinho,a. O. (Note zu ■§-!)..hat -w'ohtscbpneUyas davon .geahntf


DAS KARIRI 161

Natûrlieh ist die Beschreibung der Werte der Einzellaùte nur ein Versuch und ist wahrscheinlich hier oder dort ein Wort unrichtig gedeufet worden.

§ 8. Gefûhlswert der Voliale. — 1 : intensiv-pùnklartig, nahe, klein, beweglich, Prinzip.

E : Hemmùùg ; etwas materieller wie i.

A : weist hiri auf ein Ort, ein Etwas oder elnen Vorgang gegenûber demSprecher ; die Realitàt der Sinnenwelt, vielleicht aueh die Dauer.

O '. unbeweglich, Verhâltnisse, Raum. -

U : das Eigenleben der Seele, Beweglichkeit, Leben(auch der Pflanze), magische Potenz.

Ui, K ï (i mit Kehlton, russisches y, das dicke i im Tupi) ist wahrscheinlich u-i, w-i, siehe § 20 a). Ausnahme ; K do ighl hier (= do Un).

E (stummer Vokal) : keine besondere Bedeutung.

Beispiele : siehe folgende §§, besonders §§ 9 und 17, § 3 b), und weiter :

1) K bo-igï von hier, K bo-uro, bo-ro-ho von da.

2) Y a bedeutet vielleicht -hakend oder festhaltend [yaboe mischen, yakloro Fischhaken, K uyafidzi Sporn, yara Geschwûr, yabalu-hamo ein wiitender Tiger, e-dXeya traurig sein (àxe Wesen)]. r

3) Zu e : e eine Last, A'erpflichtet sein, Me gebunden, -Me Négation, K he ach ! wehe ! edë verachten, K niïde Ubelkeit empfinden.

4) Zu u : K yuh, yuhya, yuhyarete hui ! pfui ! Ausruf der Verwunderung,, des Abscheus; der Freude u.s.w., uka Liebe, Wunsch, urio geholfen werden, unu \eiden, schlafen, K une traumen, ubi sehen, hôren, uple Luge, ubele kennen, ubabani hoffen, umuikede Befehl, uhamaple verursachen, und die anderen Verben der fùnften Konjugation des P. Mamiani ; und vgl. § 3 c) ;

tu sich beraten, deriken, tuitu sich freuen, tutu i-dhi verlangen (i-dhi Herz), -nu konnen ; bule schlecht, buâga sùndig, bukeke schôn (bu § 6a) ; u deutend auf das "wie " § 3 b) ;

utu Frucht, K puru Blume, utona Mandiokamehl, K umaïba Nachgeburt, Eiweiss, utsuïuiFisch.koder, dxu Wâsser, ku wahrsch. Kôrpersaft in : âkui -weinen, K i-po ku Trane (po Auge), eku Speichel, kutsu Inkarnatfarben, kuîiie kalt sein (Saft sterben ?) ; K ekudu Gelenke, K kru Schwanz, upu blasen, ukewo Gift ;

ukie die Sonne, uyaboe Wellen des Meeres, hudu, i-dhu Feuer ; K uwo Schwager, umârâ Fèirid ; udya Messer, uklê Schwert, uîïewoBoot, K ubuitoPfeil, K userid^e Bogen, utôrârâ- Buch, und viele andere Worte dieser Art (fùnfte Abwandlung des P. Mamiani) ; Kategoriewôrter mit u § 6. Société des Amérïcànistes, 1932. 11


162 SOCIÉTÉ DES . AMERICANISTES

§9. H= Selbslbehauptûng, Sanfter Druck.—■ P. Mamiani sagt:'Dièse Sprache ist sehr guttural ; die Konsonânten, besonders t und p habeii oft die gutturale Adspiration h nach sich.

a) -M (nach einer o :-ho) bejahend.; -

■' b) he luftartig eritwischend, schlupfrich, in : ehe eritwischen, K heht aùsgleiten, straùcheln, hewi Wind,. hemûi Rimmel, hegesslbi wërdén, K be Eingewéide, kohe verfaùlt, dsihe Galle, he iibersetzen (traduire) ;

ç) ha K a, sa in der Welt sein, in der Sinnenwelt stehén, vielleicht Dauer, in : ha empfangên werden (das Kind), ha di-hu gebâren (di-nu ihr Kijid), K sa i- kro keimen (kro Stein), bd-pele vërjagt werden:.. ha-be Lobn, -belôhnt, vergùlten werden, ha-mo so.ist es, habuihâ es ist wahr, Wahrheit, /jg-z'M festgehalten, verschlosseri sein to-ïhâ a-bene-te haltet eure Ohrën verschlosseii ; .'■''"■

d) foselbstàndig, raumlich-selbstândig, in : ho, ha, a,K ho,sa,-a gegen, hoho verschieden sein von, -ho selbef, sichselbst. " K -ho absiclitlich, mohodse ohne Ursache, ode-i-ho wie viel ? i-klo-i-ho bâti viele Jahre (Mo Kategoriewort bâti Stern), wohoye aile, ho fliegen, ho (. ... bani) .sich werfen "(...- a.ui),toho durchbohren, d%iho sich spaltén (die'Erde), uho Schling.

§ 10. K, g = fest, stark, nahé. ■— a) do-ihi, K do-igl ^etzt,-ngûi, K -ngi (-no i-gi 1) Zeitpunkt, K bo-igl von hier, mo i-hi, K mo igl hier, mangui eine gewisse Person {.-mono i-gi so wie hier 'X),mo âra mangui in einem gewis- ' sen Dorfe, K igi diesen, wiki flùchten (wi i-gi ?), gl gespurt -werden, Me gebunden sein, K Mechi Haar (K chi larig), K Mtsi Sand, MM Gescliwùr, kede benachrichtigen, zeigen, umuikede Befehl, kede^e augeiiblicklich}

b,.c) -Me schôn, bù-kèke kôrperlich schôn, K Mçeweiss, hell, ukie Sonne, ëiri Tag, hâgri gut, gesund, schôn, heilig, geheilt werden, mê-ka-Me .verleumden (me sagen7«'é:Négation), uka Liébe, kabi verzeihen (vgl. habe L'ohn, belolint, vergolten werden), lia anrufen, nennen (vielleicht Heiliges anru:fen);

anru:fen);

c) kd festgehalten, nahe in : K umïmïka Band, nelrn aufbewahrte Sache, ralia. der Fisch an der Angel, katsi nahe ;

d) ko testes, festgehalten in : ko% 4d), Kko Fruchtkern, Jioibe Stirn, bu.-.'/eo-Thon, K ukoto Spëise welche aufbewâhrt wird, kie-koto Knotenschimr

mit dem sie zàhlen (fo'e gebunden), Jwto gestohlen werden, stehlen, hekodo Ernahrung, Kraftmittel, K i-kû dasMahl, K eiJw aùsruhen, ûeko bedûrfen, wekole Geiz, ukaiko verschweigen.

§ .11. AT= siill sein; ein Ursprung sein.-^- a) ninio, nino gemacht werden, nifio Gott, uni die Seele, der Geist eines Verstorbenen (vgl. «K § 3 b), K ■une die Absicht hahen, sich vornehmèn -uni-kle, K ii-fe es .wird.beab■sichtet, es ist beschlpssen ;


; DAS KARIRI 163

b) ne gehorsam sein, ansehen, -ne (in Zusammenstellungen) sichtbar, ne\ hôret ! a-ne-a ! seht ! nia sterben, nabetse vergessen (ubete kennen), nedi zùtrauen, hoffen, neto gedenken, neiso bekannt sein, angehôrt werden, unaschenken, Gabe ; '":

c) nahe Anfûhrer oder Machthabender sein, ana Wille, Wunsch, na-te 'Arbeit ;

d) no Ursprang Oder Zeitpunkt andeutend (§§ 2 b), 4b), haho, Kvimo versôhnen ,

e) -nu kônnen, nunie bewahrt werden, nu Loch, Brunnen, nudi einen Entschluss fassen.

§ 12. L, r, K r =^-konzentriert, in sich selbst gefestigt. — a, b) -//, -ro Personhaftes.§ 3 b; c) ; no-li weil [z kù-e-hi-a 2 no-li 3 uka-Mi 4 Mubûi 3 ku-do-a 1 ja wir rirussen (ihn lieben) 2 weil (er) 5 uns 4 sehr 3 geliebt hat] ; -le Charakter, menschlicbe Eigenschaft, in : u-le, le erregt sein, widerstehen, i-le-wido der Zorn [wido séhr), bu-le schlecht sein, na-le hàsslich sein, banâ-re siçh furchten, kâg-ri gut sein, wâgâ-le arm sein, ùnu-i-le • Arger, weho-le Geizy nemo-le verachtèn, leto streng, rauh sein ;

c) K erâ Blatt, yard Geschwûr, urada die Erde, raidi beerdigt -w^erden, Maraido herabsteigen, MrflAnfang, anfangen, lâbui zu Ende kommen (but fliehen), rawani Gefahr (wani verschwinden) ;

d) ro Kleid, K bùrp Rinde, -loboe zusammen, K te-ro komm her (te kommen) ;

e) Kbad^u-ru Bràtrost {badxii Rauch), K uerû Sieb, ruîiu Topf (nu Loch), rute alte Frau (gerunzelt ?) ;

f) M-, h'- = fest, in : kli-kie bitten (fest-nieht), Me Flecken, K kra trocken, kla-rada die-Erde bearbeiten, klanuki-te mo kro-be-ye ausgemeisselt im Felsen, krad.%o Flëisch, Vieh, Mo eingeschlossen, eingesperrt sein, kro ein Stein, klodi stark sein, krodse màchtig sein, und in vielen anderen Wôrtern ; .

g) p-l, pi-, pr- — fiiehend, strebend, heftig, in : pli verlassen wrerden, dopri lasse! (prohibitiv Ù. dgl., § 4 a), bepli schrecken, buidapfi gepeitscht werden, pli Blnt, pelé herausgehen, verkùndigt werden ; pelé aueh in vielen Zusammenstellungen ; -ploh et^va : aufgeschwollen, locker, nicht fest, in : 1° 1 Judeo-a-ploh 2 d-u-podede-li, 3 'ku-buâga-te-a 4 d-u-hamaple-li 3 un 6 nelu 1 obwohl die Juden 2 festgenagelt haben 6 dennoch 4 haben 3 unsre Sùnden 5 jenes 4 verursacht, z iadse-ploh 2 a-pad^u-a-idze, 3 ibono 4-hi-bid%ekrada ^.ardo-â 1 obwohl ich 2 wirklich euer Vater bin, 3 dennoch 4 verabscheùë ich 5 euch, 2° z ideho-de ploh 2 ku-lekropobo-a ? 1 mit wem wohl wiirdëri 2 wir (zu) kampfen (haben) ? do anikiengui-phh k-aidxa-di (lasst uns berëuen) damit er Mitleid mit uns habe, K -proh Suffix des


164 " SOCIÉTÉ DES AMÉRICAMSTES

Optativùs, dés Conjùnctivùs Imperf. nnd K -pnh o wenn doch (Lat. utinâm), 3° K prowi umfallen (ein Baum), K bïpro fallen, K pro-dehe ùber, ausser, jenseits ; plu,-pru das Wachsen oder Anschwellen in der Nâtur, in : wa-plù Wildes (Katego rie wort), K epru Traube (Kategoriewort), K puru Blùme, K nepru Kamm des Haïmes. • ".

: ;;. § -13. D — fest am Orle, der Wille und der Sclrwerkraft werwaîidt^—- a) K dî Haupthaar, K ubadiJFederschmuck, Kbadi angeklebt sein, di gegeben werden^ tiédi zutrauen, hoiïen, pedi glâuben, K me^dedi1ns Ohr sagen, K todi-dedi sichuâherii, K udedi Umzàunùng ;

b) dede geformt, geknetet werden, podeâo festgenagelt werden (po ein Schlag), bududu eiùgewiçkelt werden;

c) dadi sitzen, Kiàiiam Boden liegen, K daba ausruheri, K; daib sich M-ùmmen, dato-kudu knièn, K dada-wi gebuckt gèhën, kriechën, dahâdsi

': dort, -irdade fortwàhreiid, âmsig ;

-d) do zwingend §4a), do éintreten, eingefùhrt werden, gëgëssén.werden,dotse eingeschlagen werden ;

e) K duhans. " .'

§ 14. T= gerichtet nach einem Punkte, gerichtete Kraft i kurzë Bëîùegung■ — a) ti, K H stellen, herabsteigen, K tinghi Pfeilrohr (K utotongïSt3.h)i-K titi zittern, tili titirada Erdbeben, bâti Stërri, iid%tboe Blitze ; ■■".'■-- , b) te kommen :

■V-'c) iha-ba Mudza San Miguel Archanjo die palme des ÉrzerigelsMichaels zelgend, ih'ae tedzi vèrgewaltigt werdeû, eine Frâù, tdto i-nia yom Todé ùberrascht werden, tamuidi angeboten, geopfert werden, iami-K ulamî Treibstachel ;

d) to hirigestellt werden, K belo Stâb, K koto Wurfspiëss, K toba mit. der> Hand gezeigt werden, Mo gedrùckt werden, K to, toto rurid, tôhô durchbohrt sem,-to hingestellt sein, fortwâhrend oder oft geschehen, todi aneinem Orte gestelltwerden, ioide widerstehen ;■■

e) K -ilu beschaftigt sein mit, tu-ruru-Me, ta-ruru-Me (.-.. fo).keiùAcht geben (. . .auf), tu nachdenken, to Grossvater.

§ 15. Dz, dh, ds,ts, s = geformt oder organisiert, das Wesen (iibersinnlich oder sinnlicV), dicht. — a) dzi wahrsch. " etwas schwer und hier " in : . liatsi nahe, dahâdsi dort, kanatsi morgeri, dz^wi fortgehen, d%i fallen ;

b, c) dzi Holz, udhù, K usu Feuerholz, Feuer, dsebu, K tsâbu Kopf, dzeka Gipfel eines: Berges, K tseto buçklig, K -tsa derb, dhe beissen, K dza Zalin, K saFett, -K; sane Stoff, dhe, ^.fleischig in : aidhe Fleisch, Tier, nabidze, ïi.nèbi Nase (ne aufmerksàm M bërûhren), wolidze Mùnd (woro Wort, Laut), dzeliuSpeichel (ku Lebenssaft, weiss) ;


DAS KARIRI 165

metse inspirieren (me sagen), d%e Name, âdse Anjo die Natur eines Engels, âdse nino die gôttliche Natur (im Jésus Ghristus), krodse macht haben, i-waîiutse der Neid (wahu beneiden, i-wanu-kie Nachstenliebe), umalïdza Krieg (umâra Feind), alid%a, alidze Krankheit (h-a-li seiend-personhaft) wanadzi Reilmittel (wana verschwinden), K aetsi und utsi beziehen sich auf ein Substantivum von welchem die Rede war, und dessen Namen man sich nicht mehr erinnert ; aetsi " se usa com as pessoâs", utsi " se usa em genero neutro ", aàse-hidze Fûrst, -idse wesenhaft, sehr ;

d) à\o Regen, ti-dzp regnen, tso, dso ausgegossen werden, K sôko Urin, Ksôde testieuli ;

e) dzu. Wasser. -

Vgl. hi,- he licht oder leicht, dso dunkél oder Masse : ihine das Licht, tayu-be-he Gold (tayu Geld), he lùftartig entwischend § 9 b) ; badzji Rauch, kotso schwarz, schmùtzig, K isôkupi Keule, K bodzp Beil {bed%e Stiel), udsoho beleidigen. •

§ 16. M. z=z leise berùhren ; verweilen. — b, c) hama-di, hama-ple aus Liebe, zum Zwecke, ma Vokativ (der Priester sagt ma nu-tedzi o Tochter! aber bo nu-ra o Sohn ! ; aueh bo Maria o Maria !), urne sagen, K me Meinung ; . '. .

e) madi, madi-o schwer, mah (wahrsch.) leiden unter der Hitze ;

d, e) mo in, an., seelisch verwreilend in § 4 b), moto géfûllt sein, -mui gegen, an, nach der Seite, mui aufgenommen, empfangen werden, muinaho-te die Gemeinschaft, muihoho-buye-ba no tupâ gesammelt werden allé von Gott, moenahâ heute, K muhe Fischnetz, muihi Rosenkrantz, Korallen, Kmu-te Verstopfung, mudu Schosz, mui, mu Wurzel.

K und m : 1) me-woro-ki schreien, me-won-mu sanft rèden (me sagen won Wort, Laut, 2) katsi nahe, dama fern, mani weit (dazu : mahê fortgehend, -marié ûbertreffend, K uba-mana die Pflanzen, wahrsch; die Pflanzung, mane Laùfgraben, K mena Palissade, K mera Feld. Der Gegensatz k nahe, m weniger nahe oder im Umkreise, liegt nicht besonders .vor der Hand ; sie erscheint aber besonders dentlich im Tnpi und im Karibi. Im Arawak ist ka- anwesend, ma- abwesend, -ka sicher, -ma nicht ganz sicher. Man findet aueh wohl^ augenblicklich, m zogernd.

■ § 17. B = in bescheidener Weise berùhren ; zum Porschein kommend. — a) (u1)bi betasten, ubi sehen, hôren, bihe ein, einzig, -bihe sogleich ;

b) be leicht bérûhrt in : Kategoriewort § 6a), be pflûeken, K bewi, bêle mit dem Kôrper nàhern, bénie ein Zeichen sein, hebe-dzu-tupâ Taufwasser (dzu Wasser tupâ Gott), ibele behufs, (hoffnend) auf, (sich schamend) vor, bewi geschehen, plôtzlich geschehen, bepli erschrecken, -bèpli plôtzlich ;


166 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

c) ba wohnen, vérweilen ;

d) bo Vokativ, nach anssen, u. s. w-. § 4 b).

§ 18. P = mit Kraft berùhren ; nach dussen strebend. — a) pi an einen Ort gestellt werden, pide anf einer Stelle gestellt sein, bapi ZÙ Bett liegen, pita Hângematte, pi-hoho getrennt, geschiedën werden, pi-one.iâeho den Beischlaf mit ihm halten (one angenëhm, K ne mëmbrum yirilis, ideho mitihm), pi klein (hinter Kategoriewort) ;

h) ptneho vor, in Gegenwart von, pedi fëstgemacht, gegrifferi;werden, glauben, pe- kaûsativ-Prâfîx ;

c) pah i-nia getôtet werden, pani funkeln (ne, ni sichtbar), wipaboe beichteri (boe viel) ;

d).po ein Schlag, podedo genagelt Averden, le-kro-pobo Kriëg fûliren, poklu. vorwerfen, potu schrecklich ;

e) upu, pu blasen, K puipu rauchern, K upodo etwas Gebratenës.

;:'■■§■ 19. F findet sich nur in einem Worte des Pedra Branca Dialëktes und in einem Worte des Sabuja, welche zu entziffern mir niëlit gelùngen ist, ;

§ 20. W (englisches w) = unbestimnnt, oder unsichtbar aber dochwirklich.— a) uivi, wi werden, for.tgehen, wi-de wie ? K wima Wedel, hewi Wind ; ui, K "i (russisches y) verschwinden, fortwehën in : bui, K bï laufen, flùchten, buidi, K bîdi Âsche, "K. sombl Blute der Mais, K pi Gras, K dï Kopfhaar, -mili, K -ml nach der Seite, gegeri, an, ubuin, K ublro Bauch (ro Umliùllung) ; ■ b) we After ;*

c)' wahi.verschwinden, uwani suchen, K tuanido sich verbergen,.K wonehe unter, unterhalb, wanu Neid, wâ-kie nicht sein, wâ-di es ist nicht, nein, wâwâde fasten, wâgâle arm sein, buâga Sùnde, sùndig, wâgâbuisieh verirreri, K loôgehri toll werden (kri stark, fest), peleto-wâgâ ,liede-wâgâ voraussagen (peleto bekannt geniacht sein, kede gezeigt werden), wâwâga spôttisch ;

d) wo die Weise, i-wowo Pfad, woro etwa " Wort " in : woro-dse i-bada der Schall der Posaunen, un-bui, K woro-bï Nachricht, Erzàhlung, molidze Mund, Sprache, K woro-re Dolmetsçher, K woro-yd Spion,K woro-ne auslegen ; -wohe, -one angenëhm, i-wodo trunken sein, wodiko verfluchen, K kampfen (dilw stark?.), uhwo Gift, niéwo Teufel (wahrsch:. Natùrgeist). .'■■"-.

§'21. Erklârung aus der Lautgeberde. Sonstige Lautbilder (Lautsymbole,


DAS KARIRI 167

Lautmetaphere).— Es ist nicht allzu schwierig zu erkennen, dass ein Zùsammenhang besteht zwischen demjenigen was die Sprachorgane tûn beim hervorbringen eine Lautes : Muskelspannung, Bewegung, Form^ Ort und Gefuhl, und dem Sinn dièses Lautes. Besonders deutlich erscheint das, wenn man die Verwandtsehaftën und Gegensàtze betrachtet: Es gehôrt also zu jeder dieser elementaren Ideen eine bestimmte kôrperliche Tat, die aueh in bestimmter Weise im Kôrper lokalisiert ist d).

1. Es kônnte den Anschein haben, als ob ich hier in einer unerlaubten Weise subjektive Empflndungen hérbeiholte, um dié Erscheinungén zu erklâren. Dazu môchte ich sagen, dass das Phânomen, dass in diesen Spràchen aile, oder fast aile, Einzellaute of eine bestimmte und immer ungefâhr dieselbe Bedeutung haben, jedenfalls objektiv-empirisch festgestellt ist. Es kam das zuerst wie zufallig bei der Analyse der gedruckten Arawak-Texte ans Licht. -—Nur ware es môglieh, dass die Formen und Wôrter, in denen dièse Lautsymbolik keine Rolle spielt oder gespielt hat, zahlreicher sind als ich ursprûnglich mein te.: :

Der Zùsammenhang zwischen Laut und Sinn in diesen Fallen lâsst sich, wie schon in§4 gesagt, oft ausserlich an der Sprachgeberde beobachlen. Z. B. kann mari den Gegensatz i-o in den Rôntgenphotographien wiederfinderi; besonders wenn man dazu noch auf die Muskelspannungen Acht gibt.

Dies kannnun zu der Vermutung fiiliren-, dass in grossen Ziigen dièse Lautsymbolik' vielleicht in der menschlichen Natur liegen kônnte. Und dièse Vermutung findet eine Vorlaufige Bestatigung in dem was in Spràchen anderer Weltteile gefunden worden ist (— systematisehe Untersuchungen nach dieser Richtungjsind noch fast gar nicht ausgèfûhrt worden). - ' .

Die Bedënken einiger erfahrener Sprachforscher gegen dièse Sache weiss ich wohl zu wûrdigen. Es will mir jedoch erscheinen, dass sie den neuen Funden doch nicht voll gerecht werden.

— Schliesslich môchte ich noch etwas sagen uber das subjektive -Einpfinden der Laute. Meine bisherigen Untersuchungen in siidamerikanischen Spràchen beschrân-, ken sicb auf die Buchstaben, die in gedaaklichen: Begriffen gefassten Bedeutungen derselben, .und die Lautgeberden. Man bleibt dabei zwar auf sicherem Boden, aber das seelisch-lebendige Wesen der Laute, das nur erlebt werden kann, erfas'sl man dabei nicht. ■

Wie es Professor G. D; Meinhof bei der Diskussion hervorhob, gebraucheri die Dichter oft WôrLer dié bestimmte Laute enthalten, um durch den Laut die Affekt^ wirkung zu:verstârkeri., — Man darf nicht erwarten, dass eine solche Wirkung nur dann eintreten wird, wenn der Laut im Gedichte dem Ursinne des Lautes entspricht. Es zeigt aber dasl in Gedichten bei M. Grammbnt (Onomatopées et mots expressifs.. Revue des langues romanes XLIV, Paris, 1901) und das w in einem Gedichte"berW. H. -K. Elink Schuurman(Ôvei' het ontstaan der taal uit de spraakatomen, Yei'slag Provinciaal Utrecbtsch Genootsehap' van Kunsten en Wetenscbappen 1923) ungefâhr. denselben Àffektwert wie es in diesen indianischen Spràchen und in zahlreichen Niederlândischen Wôrtern gefunden wurde (1 nicht im Kariri, Karibi, Tupi und . Warau; Kariri und Kaiùbi 7 ist wahrscheinlich urspriingliches r).

In umfassender Weise hat R. Steiner sich mit den Lauten beschaftigt (siehe u. m. Rudolf Steiner, Spi'achgestàltung und dramatische Kunst, Die Kunst der Rezitation und Deklamation, Eurythmie als sichtbare Sprache, Dornach, 1926, 1926, 1927). Ich -


168 SOCIÉTÉ DES AMÉRICAKISTES

Dann aber darf es uns nicht wunder riehmen, dass z. B. ùpu, pu blasen, erklart werden- kann als eine Dastellung des Âktes des Blaseris, aber aueh aus dert Sinn der Einzellaute erklart werden kann; Andere Wôrter dié vielleicht zusammenhangen mit der menschlichen Tat, sind : K hehe laehen, K krara dz^unii ich schnardie, klu trinken und KategoTiew.ort fur Flussiges, klu-klu-te Bêcher, hami Futter, hamo Tiger (" happeri '-), me sagen, nu essen, K kanen, mania Zitse, wëibliche Brast.

\Nunu Zùnge, ist vielleicht aus dem Anweisen dés Organes entstanden.

: Auf der anderen Seite gibt es Wôftêr die sowrohl als Nachahmung eines Lautes in der Aussenwelt, wie aus den Sinn der Einzellaute erklart .werden kônnen : hewi Wind, pah geschlagen werden, po ein Sehlag, K toto-ngi Stab, K-n.-sagen, K siriri-te Sage, tso,dso ausgegôssen werden, bui Fuss, K pepe-le Fusssohle, K upepe Spielball.

. Die unmittelbare Ausdrucksweise erscheint in der Reduplikation, § S d),und vielleicht machte ersich geltend in Akzent, Tônhôhe ul s. w. Eine einfache Unterstrichung des Wortes darf man vielleicht sehen in jenem Akzente von dem P. Mamiani erzahlt, dass er sich gewôlinlich àuf den letzen Vokal aller Wôrter findet ; wénn sich mehrere Akzente in einem Worte finden, so ist dies ein Zeichen, dass das Wort zusammengesetzt ist, urid jeder Teil iri der Zusammensetzung seiriën Akzent behalt.

§ 22. Phonetisches (Ergànzj.mg Z}i LucienAdam pp. i-<f). —a) Personalprafix II a- : a-nka deine Liebe, wird -a-ka ; a-nd dùrchdich, wird e-na ; a-aboho hinter dir, wird anhi-eboho (L. A. schreibt ani-) ; a-haniaple fur, wird anhi-amaple ; a-aa]st dû, 'wird on-adse, Kew-àtsa;

b) (h)a wird e : ku-hamaple-a îiiv uns,wird Mi-emaple-a; i-buâga-a ihre Sùndën, wird i-buâge-a ; hi-aboho hinter mich, wird hi-oboho ;

c) i-a wird i-d^-a, hi-u wird hi-dz-u oder dz~u ; âïi-a dièse, wird âli-dz_a; hani-a zu ihneri, wird hani-dza-', k-ai-a gegen uns, wird.ka-ai-dza ;

• d) 1) i- beeinflusst die folgende Silbe : i-doho ZÙ ihm, wird i-dioho ; hi-n'a durch mich, wird hi-na; 2) und vërsehwindet selbst : Tiate Àrbeit, Tiino. Gott ;

e) h = y : hemui, K yemî aùfwarts, nach oben, Himmel, habuihâ, K sâbïya in Wahrheit, .. .

. habe nach Hëimkehr vom Kongresse versucht, unter berufener Leitung, mich ein

' wenig einzuarbeiten in die Geberden die in der Lauteury.thmie'das Wesen der verschiedehëi)

verschiedehëi) ausdriicken. Es zeigte sich mir in viele.n Fallen eine unverkennbai'e

unverkennbai'e den Werten der Laute im Arawak, im Kariri u. s. w., wie

- sie bei der Analyse dieser Spràchen ans Licht gekommen sind.


DAS KARIRI 169

IV.-VERWANDTSCHAFTEN DES KARIRI ; FREMDWÔRTER.

§ 23. Eine "Lautsymbolik" worin die Einzellaute ungefâhr denselben Wert haben wie im Kariri, fîndet sich in mehreren Spràchen; und ich halte es durchaus fur môglich,dass kùnftige Untersuchungen den Beweis liefern werden, dass man es hier mit etwas Allgemein-Mensch-lichem zu tun hat, . •

Indiesem Falle kann es leicht môglich sein, dass bei mehreren Vôlkern, uriabhangig von einander, fur einen Vorgang, ein Verhàltnis oder ein Ding, dasselbe Wort enlstanden ist. Z. B. mag die auffallige Ubereinstimmung zwischen Kariri kr-, kl- Kraft, ùnd pi-, pr- fliessend, mit den Lautgruppen kr-'und pi- (fl-, vl-) in Indogermanischen Spràchen, wohl in dem Wesen der Sache begrûndet sein, aber es ist doch nicht besonders wahrscheinlich, dass sie Uberbleibsel einer Vôlkerverwandtschaft oder. alte Entlehnungen sind. Wenn man deshalb annehmt, dass Kariri K puni Blume, K epru Traûbe, und Lateinisch fïos, frux, pullulo u. s. w., unabhângig von einander entstanden sind, dann haben aueh Arawak puli, furi spriessen, Tupi putira Blume, Karibi ipuili Blume, epere Frueht* vielleicht nichts zu tun mit den genannten Kariri-Wôrtern.

Es gibt mehrere soleher Ubereinstimmungen zwischen Kariri, Karibi. Tupi, Warau und Arawak, aber die Ubereinstimmungen zwischen Kariri und Karibi sind weitaus am zahlreichsten. Es sind das. Ubereinstimmungen zwischeri Kariri und der Karibisehen Spraehfamilie, nicht bloss solche zwischen Kariri und der Sprache ihrer Karibisehen Nàchbarn, den Pimenteira.

§ 24. Kariri und. Karibi. — Das Karibi hat wahrscheinlich kein besônderes d und b ; A im Kariri ist oft p i m Karibi.

Es scheint mir, dass im Karibi die Ubereinstimmung zwischen Laut und Sinn sich nicht so rein erhalten hat wie im Kariri.

Im Karibi (aueh im Tupi und Warau) finden sich deutliche Anzeichen fur die passive Stëllung der Person. Das Karibi ist im Satzbau nicht so stark emotionell wie das Kariri.

■ 1; Wenn im weiteren von Karibi die Rede ist, so meine ich die Karibische Spraehfamilie, obwohl meine (noch nicht abgeschlossenen) Untersuchungen sich hauptsâcblich auf die Stamme an der Nordkuste beziehen. Wôrter ohne Angabe des Stammes = das Kaliiia-Wort; Nummer ohne Buchstabe = vergleicheudes Vokabular von Lucien Adam, mit G == item von de Goeje. Tu z= Tupi ; Gu = Guarani; Nummer dabei = vergleicbendes Vokabular der Tupi-Guarani-Sprachen von Lucien Adam.


170 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

Das Karibi (aueh das Tupi, Warau und Arawak) bat das Médium des .Verbes, das im Kariri fehlt. Nur eine Forai : do a-dze-nùne bute di'cTi ! (nune gehiitet wrerden) érinnert stark an das Médium im Karibi : Cum as^apoika-k trenne dich. Es will mir doch vorkommen, dass dièse Ubereinstimmung nur eine Zufallige ist. Vielleicht sind die Mediumformen der genannten Spràchen hervorgegangen aus alten Formen die den u- Verben im Kariri, § 2f), verwandt ware.n.

Das Karibi hat Anklange einer Kategorieandeutung : Besitz, weleher Tier oder Fleisch ist, wird mit eki 97 angedeutet (vgl, liariïyhaki § 6b), sonstiger Besitz mit kir, Cum muki G 42 oder oiele (= etwas Gegebenes?). Vgl. aueh die von Penaixl mitgeteilten Zauberlieder der Einweihung, in denén inan Tiere in folgender Weise anspriçht \y-eM tonolo . kulewako mein Haustier Vogel Papagei, tonom'uinaipuli Tier Tapir.

Ich gebe nun die Liste der ûbereinstimmenden Wôrter in Kariri und Karibi, darin sich aueh einige zweifelhafte Ubereinstimmungen befinden. Bei einigen dieser Wôrter gibt es aueh noch ciiïe Ubëreinstimmung mit Tupi-Guarani.

Kariri K aga ach ! wehe ! (von Frauen)

hi- Personalprafix I

a- ». II '.

i- » III

di- » III « selbst »

ku- » ■ I. plur.

do Wunsch-Prâposition

he Kategoriewort fur Beiri und Holz dsebu, K tsâbu Kopl

po Ange

bene Qhr

nabidzç, K nèbi Nase ■

nunu Zùnge

hebi Lippe, hebe Ufer

Karibi .

akaya ! Ausraf-dés Schmerzes (von Frauen), Gu angai ! welié !

y- §27ff.

ai-

ai-

tu-, ti-_

ku-, kio?v,

kio?v, Akawai tua ; • Gu toWunsch oder Aùfforderung (toj-endu dass er bore !).§ 91

y-e Zahn, y-e-po B'ëin 124, 122

asa Kopf, use Kopfhaar:2.20,usa^ku GehirnG 1

opo-ti sehen, gucken, Gùm finden 237 - ; ;

pana 246

enaîa, Gurii euna 141

nu 228

Cum etpi 138 ; Tupi emlhl-ivd-TAn■

emlhl-ivd-TAn■ Ufer, Gn embey Ufer 112


DAS KAKIRI 171

woro (in Zusammenstellungen) Wort, Mund

padz-ware^ ware Priester (padzu Herr,

Vater) .

woro Flanke oder Riicken ubuiro Bauch, we After

mudu Gebarmutter bo Arm

amoedha, K-amlsâ Hand • but Fuss but flûchten Mz Geschwiir

K ekudu Gelenk

ku Saft, lebendiges oder bewegendes 'Wasser kune kalt K sôko Urin

d\o, tso ausgegossen werden, dzp Regen, 'dzu Wasser

ara Mann

politâo Jùngling

boito verheiratet sein

buirâ jùngerer Bruder

buike jûngere Schwester, K baeke

Nichte Tiïke Grosnlutter dhe Mutter dze N'ame" K se Herr

bidzamu Zâuberarzt Karïri Name der Kariri

aura-na sprechen, ole-ma atmen,»/o blasen, Cum htioro Kehle 168J 323, G 346 ; Tupij Gu yuru Mund 191

ware singen G 456a

Cum avot 1 '

poburo Brust, ue-mbo Bauch, ue-ka

kacken 160, 289, G 459 ; Tu iwera

iwera Gu ygue, Tu ie Bauch

102 103 mune 217

apo 34 ; Tu Gu po Hand 304 Cum emia 105

pu 287, "290 ; Tu pi Gu py 296 Akawai ahburin G 491 kirisi Pocken 87 ; Tu kita Knoten,

Geschwùr ku in Wôrtern fur Gelenk und fur

Kraft 229, G 8, 405, 551 &*33, 77, 79, 80, 83, 98, 166, G.

118,496,510 Cùm kemui-z-ke 76 Ch suku 53 . isoli Stromschnelle, Fall, Cnm

asuka aùstriefen, asulita trôpfeln

53 Cum warazo 151 poito 255

puiiu Ehegattin 283 Cùm pin 265 Ch pose Nichte 251

Cum noto 226

sano 299

Cum eset 129

Cum e'semo Meister 132

Cum piase 264 ; Tu paye Gu pai 279.

Kari-na u. s. w. Name einiger

Kariberistâmme 70 ; Tu kariwa

Zauberer, Karibi 201


172 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

ba wohnen, verweilen, bd-te Wohnung, Hangematte

K. u-ba-mana die Pflanzen (-ung)

K mena Palissade

unewo Boot -

ro Kleidung

runu Topf

utona Mandiokamehl, Kassava

ka (das starke Wesën der Zeit?) in : no liaya des Nachts, no i-liaye friih morgens, kayd-pli Mittag (pli verlassen sein), Jiaboone dustem (wohé,

' wane ùnsichtbar), ka-inie, kehie in der alten Zeit (i-hia sterben) kanatsi morgen, lianatsi-kie jeden Tag

K ekuwobuye der obère Himmel

hewi Wind

boedo Berg. boe steigen

boele, bute Pflanznng

ukewo Gift

KeraBlatt

puni Blùme

K epru Tranbe

mui essbarer Wùrzel .

wa-Me, wa-dl Négation

wo in der Weise, weil

ka anrufen, kede zeigen, aussprechen

■kohe verfaulen

kâgri gùt, gesùnd, schôn, Me schôn

riâle hâsslieh, banàre fùrchten ne, Tiuhie gehorsamen ne sehen, hôren

neka aufbewahrte Sache

nane regieren

bâta, pata Ort, Dorf 253,^«/7Mlangematte

253,^«/7Mlangematte Pflanzung amena-ri Dorf G 45 Cum kanawa. 65 5 . Oy orok Federkrone 238 . Cum mne'48 Tarn ute Kassava ■ - ko in : koko Nacht 74, koye Naehmittag,

Naehmittag, unlângst, koropo

morgen, kohan gëstern ; vgl. - noch konopo Regen 7.7, Iwnomeru.

Donner 208

hapu Himmel 67, kao hoch, oben 62 pepeito 258 ; Tu bïwetu, Guybyiu 156 uepui Berg 180 Guaque tufuite G 70 okoyu Schlange 95 ari, Cum arête 43

ipuili 119 ; Tu puti-ra, Gu yboty 158 epere Frucht 118 imili Wurzell73 ua, Cuin was~i~ke § 114,.Cum va-k(pui-r)

va-k(pui-r) uara 150

ka, akara- sagen 3,59 ko-la 94 Mira schôn 81 ; Tu, Gu katu gut,

•wlrklieh 204 t-ena-li-ke fùrchten, Cum na-mal09 i-ne-ndo, Cum i-na-ma ehren . ene sehen, enu Auge 115; Tu enu,

Gu endu hôren 117 eneha Schmucksaclie, HandelsartikelG90

HandelsartikelG90 anonu befehlen

î.'Ûber den indianischen Ursprung dièses Wortes : J. Williams, El erigèn del vpcablp " canoa ". Revista de Derecho, Histpria y Letras, Ano XXIII, Tomo LXIX, Buenos Aires, 1921; ■■-.'.


DAS KARIRI 173 -

unu léiden

unu schlafen, K une traumen ule, K re zorriig, anfgeregt lâbui (lambuî) ZÙ Ende gehen

titi-titi erbeben

toho durchbohrt sein

tu denken

madio schwer

me Genipa-Farbe

unie sagen

habe Lohn, belohnt werden

ubi sehen, hôren, K bï nach jemand

suchen buye viel, aufwachsen pi klein

pah geschlagen werden, po ein Schlag

podedo nageln upu blasen

pu braten

uple Lugewi

Lugewi -ui. verschwinden

wo, Cum hue martern, tôten 156

wone-ki 112 .

ore-ko zornig Averderi G 418

romo, irambu sterben 185, Abgelaufenes

Abgelaufenes ; Tu rïrï, Gu ryryi ato ein Loch, nahen Tam putu 280 aiiioci-mbe, awosi-mbe 20 me Zeichen 206, 207 Cum maimu Wort, sprechen i 92 epe 90, 117 ; Guepy Lohn 124 Upisuchen 177

ta-pui-me viel, poto gross 32, 78 . Cum pi-saka w^enig 266; Tu miri

klein, wenig, Gu -mi ein wenig apo zerstossen 29, pu-tu Kriegskeule

G 62 ; Tu nupa, Gu nupa schlagen258

schlagen258

apoipyo ; putu-putu-li Nagel G 67,460 Akawai pozjma; pepei-tuWind; ipoma,

ipoma, po-to Feùer anzùnden ;

Cum wapoto Fener 149,.258,269,

G 436; TÙ peyu blasen, GÙ ipeyu

wehen, Tu mu-apu, Gu mbo-pu, ".

mbo-bu ein Instrument blasen pu G 536

Oy ayupe G 402; Gu yapu -wina Bewegung vom Gegenstande

weg, Postposition G 369 ; Tu s-ui,

Gu -gui § 30

■ Das Wort kuku, Oheim, nach welchem Martius- seine Sprachgruppe der Guck oder Coco zusammenstellte, karin Macht-Macht bedeuten (wie im Warau da-ku wahrscheinlich Familie-Macht). Es kann unabhangig ûberall dort entstaùden sein, wo das Mutterrecht herrschte ùnd die Laùtë der Sprache ùrigefahr denselben Wert hatten wie im Kariri.

§25 Fremdwôrter. — Wahrscheinlich axis der Lingua Gérai : karai Europâer, tapuinu Neger; - tupâ Gott, dapiika K sapuka Huhn, K balwba Banane, K waruaSpiegel, u-tàyu Geld.


174 .""■■':' SOCIÉTÉ DES AMERICANISTES -

Unsichër, ob ursprùngliches Kariri oder aus der Lingua Gérai : uniârâ

i-Eëind (Tu mara-moâangMxieg fùhren232), K pïka Bank (Tu àpyka-ba 66),

niâdi 0.1. (K'âdi rieclïen, duften, niant Salz, aber aùch Tu yâifdii Gunandy

■D1261). -"" "' ■' . *'..;■'./ ' '

Mit dem Cotoxo (Gès) hat das Kariri gemeinsam : gène Bohne.

Pprtugiesisch ist yiëlleicht kiirote Lôiïel, merata Eisen (mrilhat, martello,

. espada?) K, kabafu Pîerd y und einzelne Wôrter wie EspiritpSanto, kabara

Ziegë, karneiro Schafbock.Ii.gora Neger = Angola? iiri Catëciiismuslieisst

es, dass die Verbrécher nach Angola geschickt werden. Aueh Bptokudo

engora Neger.

Ein eingèfuhrtès Wortmag noch sein madïkïMais.

§ 26. Das Camijô,— Die Sprache der Carnijô, yori denem irian nieint, dass sie Abkômmlirige der Kariri sein kôrinten, hat wohl einige Wôrter die dem Kariri âhrilich sind, aber es' will mir vorkomnien, dass dièse Sprache doch nicht zur Kariri-Gruppe gehôrt. Brinton teilte sie ein bei den Ges 1.

V. ETHKOGRAPHISCHES.

; §27. Magie und Religion. — Es ist kein Wunder, dass bei einer Seelenverfassung wie sie sich in dieser Sprache zeigt (§ 2), die Welt in eine Anzahl von Potenzeri erscheint, mit denen der Mensch fortwahrend zu rëchnen hat, nicht àls eine Anzahl von Dingen, mit dèneri er tun kann was efwill.

Deutliche Spùfen einer magischen Auffassung fariden wir bei dem u § 8 ùnd bei den Kategoriewôrtern § 6. Einiges ùber den Glauben der Kariri erwahnte P. Mamiani in seinem Catecismo (sielie § 1 Noté 3b). Der ^Catecismo des P. de Nantes (S. 68, 113,128-130, 176, 194,211:; 212, 262, 290^294, 328, 356) erzâhlt, dass folgende Sachen zudem alten Glauben gehôrtën : 1 sich d!ie| Haut bemalen oder bestréichen mit Uruku oder Genipa; 2 beichtenim Walde (moleidse; das Wort leïdsebedêutet vielleicht le, re charakterhaft, riiânnlich idse Wesen, wirklich, sehr) ; 3 die .Trinkfeste (ka sopohiii : lia sagen, riënnen so ==■ tseho Menshlp-one.'Wollust■?)'"'; 4 den Kranken anblasen ; 5 Asche strëueri Tùridùni das Bëtt des Kranken, uiri den Teufel zu verscheuehen ; 6 sich vom Zauberàrzt wahr1.

wahr1. C. Brànner, Notes upon a native brazilian language, Proc. Am. Ass. Adv, Science 1886, in Portuglësischer UbersetzungimRev. dolnst. Hist.eGeogr.Brasileiro Tpmo .94, vol. 148,1923, .Rio de Janeiro, 1927; Mario Melo, Ôs Carïiijôs de Àguas Bêlas. Rev.do Inst. Arcb. Hist. e Geogr. Përnambucano, vol. XXIX, 1928-29., aueh. in Rev. do Mus. Paulista Tomo XVI; 1929 ;. D. G. Brinton, The American'Râce.New York, 1891, p. 241. ^ ' : .


DAS KARIRI ' ' - 175...

sagen lâsseri. In : dieser Béziehûng sind noch folgende Wôrter intéressant : bid%dmuZaùberaizt(bi .leicht berùhren d\amui verbannen), niêwo Teufël;: wahrscheinlich Naturgeist (nia sterben^ Tod wo umherirrend?), klu-niêwo Kiïrbis,;. wâlirschëinlicli deutend anf die Zàuberrassel (Mo eingesehlossen, 0dér kro Stein u lebendig, magisch niêwo Naturgeist).

: Den alten Glauben riennt P. Bêrnârdo de Nantes hemumu-te wânie (hemu Hiïrimel; also das Him-himlische der Heiden?). Die Leute die diesen Glaùbên hatten, nënnt er Chumimi<<- eùre Verwanten, rote Menschen wië ihr » (dseho^hemu^ivuiï^eute der Himnieln? es kann aber aueh das Wort zûsammenhangenmit Sume, den Namén eines Heilbringers der Tupi). N . Die Chumimi oder; die Kariri glaùbten, dass es drei. Gôtter gab : dër Vater Badze, der Sobn Politâo, ùnd der Genosse oder Frennd Wanaguidze. Und w^eiter glaùbtëri'sie, dass Gott zwei Sôhne hatte, die mit einander lit Streit gefieteri. Der Jûngere ging fort. Vielé Jahre spâter ging mit Erlaùbnis des Vatèrs, der altère Brader aus, uni ihn auf der Erde zu suchen. Aber er wurdè vom jungeren Brader und dessen Nachkômmlingen beleidigt und an einem Baum gebunden. Er starb vor Dûrst, ùnd seine Mutter weintesebr. Nach seinem Tode erschien er ihnen noch mehrmals. bis erzûni Himmel aufstieg und nicht mehr gesehén wurde. Mann erkennt hier die Gesehichte des Ghristus. Die Zwei Bruder eririnern an Kain und Abel oder an die Gesehichte vom verlorehen Sohn. Abér es kann aueh. die Indianersage von den Zwillingsgôttern, und vielleicht noch mêhx alt-Indianisches hereinspielen.

Bad^e ist- wahrscheinlich dassêlbe Wbrtwie paàzu Vater oder Herr. Wanaguidze bedeutet' etwa wana ùnsichtbar idze sehr oder Wesen und kann sehr w^ohl (Heiliger) GëistlDedeuten (vgl. nochwanad-zi Heilmittel). Politâo wird aucli gëbraucht mit der Bedeutung « Jungling ». Aber es ist mir nicht gelungen denUrsprung dièses Wortes zufinden,und es ist môglich, dass es ursprùngliëh der Nâme eines indianischen Kulturhelden ist, z. B. des Jurupary der Uaupes-Indianer. Es wiirde namentlich aueh geglaùbt, dass Politâo das Gluck aùf der Jagd ùnd beim Fischfang ansteilte, ùnd dass er wollte, dass die Indianer den Lippenpflock tragen 1.

P. B. de Nantes Mieinte, dass die alten Indianer teilweise bekannt vyaren mit den christlichen Wahrheiten, und dass dièse ihnen vielleicht vom Apostel Sankt Thomas mitgeteilt worden sind (Cat. S. 1772).

1. Bei den Chiriguanos war es der Aguara-Tunpa (Fuchs-Gott), einer der Zwillingsgôtter, der :den Ihdianëfn den Gebrauch des Lippenpflocks lehrte. A. Métraux, La -Religion des Tupinamba, Paris, 1928 S. 28. Bei den Botokudos verlangte der Stamm■

Stamm■ Maret-Knmaknien das Tragen des Lippenpflocks. H. Ploetz und A. Métraux, im. . Rev.Tnst. Etn. Un. .Nac. Tucuman I, 2a 1930, S, 127, 210.

2. Âhnlichës sagten dië Mission are bei den.îupi; der Name Sumedes Heilbringers. soïlté der Name des ApQsteîs Thome sein. Métraux a. O. S. 16.


176 • SOCIÉTÉ DES. AMÉRICAKISTES "'-'.''

Die Kariri glaubteri, dass ihre Urahnen ans einem grossen Sëe entstandenwaren, der im Nordënlag. Man vergleiche damitdzti Wasser, tso, dso aùsgegosseùwerden (ûrid dso Regen), tsoho sein, erzeûgtwerden,. dzpho gesund sein, dseho, K tsoho Mënsch, hi-.(a-, di-) bidzpho ich (du, er) persônlich.

Urid weiter : wie schon gesagt (§ 2), fûhlte der Kariri wahrscheinlich sichselbst wie passiv-mitgenomnïen oder wahrnehmehd-enipfîndend in der Welt. War es nun vielleicht aueh so, dass er diesé Welt wie ein Mûttefliches-Weibliches, oder die-MuJttër wie represeritativ .fur dië: Welt ■;fuhite?f Vgl. AireWésen, Art (§ 15) dzê Name, dhe, K &^Mûtter, Kdzedze altère Schwester. Sichërheit ob die Kariri aucll das Mùtterreeht; hatten, habe ich nicht erlangt; vgl. aber § 24 kuku.

§ 28. Weitere Besonderheiten aus dem Catecismo (S. <)2, 13^,2^6, 359) u. s. •w. — 1 die Kariri liatten Lehmhutten ; 2 beim Zahlen bédienten sie sich der Knotenschnur (Mekoto ; Me gebunden sein koto zuruckgelegt, aufbewâhrt ?) ; 3 die héidnischen Kariri konnten, wenn sie verheiratet waren, wieder auseiriandérgehen ; 4 es gab (in 1709; vielleicht nicht ursprûnglich ?-) Frauen und Mâdchen, die ihre Gunstgegen Bezahlurig schenkten : die Indianer gaberi Fisçh, die Neger Vieh oder Fleisch, die WeissenTùch, Glàsperlen, Schmucksachen. ,

Nieûhof 2 sagt, dass die Kariri in Dôrfern wohnen, dass sie grosse Hangematten anfertigeri und dass sie keine Blasrohre, sondera Bogen haben. Aùch Rab von Waldeck 3 nennt die Kariri,

Geschichtliches iiber den Kariri findet sich bei Pereira Studart 4 nnd Garcia 5. Zur Zeit Martius' und Wied's waren.die Kariri schon auf dem Wege ihren Nàturstaat aufzugeben ; letzterer sagt, dass sie sîuximtlich dem Staate als Soldaten dienen 6. Professor O. Quelle sagte mir, dass er im Jahre 1927 in diesen Gegenden nur noch Menschen fand, dëren Kôrpermerkmale ihre indianische Herkunft verrieten 7.

. 1. Âhnliche Auffa'ssungen vielleicht bei den Arawak : §§ 190, 169,168, 166 b, c.

2. Johan Nieuhofs Gedenkweèrdige Brasiliaense Zee- en Lant-Reize,. Amsterdam, 1682.

3. Caspar Barlaeus, Nederlandsch Brazilië (1647) in het Nederlandschbewerktdoor S. P. L'Honoré Naber. .'s Gravenhage, 1928.

4. C. Pereira Studart, Contribuiçâo para a Èthnologia Brasileira. 'As tribus indigenas do Cearà. Rev. trim. do Inst. do Cearâ Tomo XL, 1926.

5. R. Garcia a. O. (Notôzu § i).

6. Martius, I, S. 347-3S2, Maximilian, Prinz zu Wied u. Neuwied, Reise nach Brasilien in den Jahren 181S bis 1817. Frankfurt.

7. Vgl. O. Quelle, Die Bevôlkerungsbewegung in Nordpstbrasilien; Festschrift Ciir Alfred Philippson. Berlin-Leipzig, 1930.


-;■;",.: DAS -KARIRI :~ "- 177-,

" § 29. Mulmdsslichë Bedeutung einiger Wôrter [soweit nicht schon vôrher\behdiir delt).--—a) arâke . das- Firmament (ara Haus /«schôn), henmi Himmel (he Lùft oder entfërnt nmiSeite), hewi Wirid (AeLuft wi fortgehen), b'aii Stern, Jahr (ba verweilen ti s.teehender Pùnkt)j ukie die Sonne, Tag (u beseelt, lébendig Me:schôn), liayaliu der Mond, Monat (kaya Nacht ku weiss oder■';' Lebënssaft) ;

. b) boro-ne-ntui rechts (bon liant? ne sichtbar mui Seite), boro-wanidu-mui ■ links (K ivdnido sich verbergen). Also wàren die Kariri wahrscheinlich. . rëchtshândig ;

c)bihe 1 (M diinne Erseheinùiig he leicht?) wilane 2 (wite geschièden sein

ne siëhtbar),wiianedilie 3■ (dikç stark?), K sumarâ orobek- {umara Feind =

Nàehbar? lobée zùsairimen) Weiter wird âuf Fingern nnd Zehen gezahlt,

. z. B. ked-dmoedha loboe .10 unsre-Hânde-zusanimen. Die Zahlwôrter bëim

P. Mamiani sind arg verstûmmelt ;

. dydziku Àffe (dzi fallen -ku vérmôgend.oder gewrohnt), doye Capj'barâ (do èssenye viel),■' nierii Schlange (nia sterben ; also der Todliche?), muidze ' Fisch (muj verborgén dzç Fleischliclies), hamo buliu Hund (hamo Tiger bu Kategoriewort ku weiss), katiHonig (ka gut ti steehend?) ; .'■;-..

: e) muikuiM.andi6k&(mui Wurzel, Kategoriewort £K weiss)', to/efefe UrukuFarbe [bu Kâtegoriew^ortHeFlecken lie schôn), me Genipapo-Farbe (m sanft he beschmiereii?) propui/hielone (Papaja?), Kprebu Kùrbis (pru Kategoriewort ^î^. angeschwollen);

f) idhi, K'-'ïî Herz (dh, s dicht, fleisclilich? i intensiv), ipli Blut (pi.ûiessend; spritzend),.K te-ipri Ader (te f ein uni géricht.et), me Knochen (m veiy borgenebleich? vgl.-.'.Warau miiehûe.Knochen), bene Ohr (be 'Kategoriewort fur Sçbùsseln u. s. MT. ne sichtbar, vgl. bene Zeichen), po Auge (schar ansehen vgl. § 24), buyehoho Kôrper (bu Kategoriewrort ye gross hoho sich behaûptend^ âmoedha,"-K amîsa Hand (hariiui zu einem Orte sa fleisclilich), bo Arm. (naeh aussen), but, K bï Fuss (== laufen, fTiehen) ; in Zusammenstellungen folgender Art mit -ri, -ro § 3b : K bi-ri-ebaya¥uss-Ha.ge\, K-bo-- ro-po Ellbogen; .•'.-'.

g) ara, era Baus, Kniera Feld, K bara Korb (K era Blatt), bupte Nahrang, boèiePilà.nzung (bu Kategoriewort iho vielfé Partizip), K wanene Landhaùs (waheverschwihden ne sichtbar, also vielleicht der Ort w^o man sich bei Geiahr'oderùm allein zû sein versteckte, wie es bei den Indianern ùblicli ist):, MBffîwBôot (u beseelt, beweglich ne stïilIUO Weg, vgl. hanuwo gefegt werden) ; .

h) ara Mann (h-a dasein ra fest, kraftv'oll), umara Feind (u lébendig m dort ara yt&nn),kamara singen (lia aurufen umara dèn Feind?);

feto'Weib (te, ta'weiblich to'Wesen?), tibudana Jungfrau [vgl. ii-nia2na

.- -Société des Américanistes, 1932. 12


178 .; . SOCIÉTÉ DES AMÉR1CAN1STES '■'.-" '-';' V ■"::

3 danààzii 1 er stirbt 2 vor 3 Durst (d- sein dna Wunsch dqu:Wasser), dsebudanaFieber^âsebuIiopî)]; -':c

-'.-. die fôlgenden,Worter entlialten eine Art Réve'r'entialsuffixle,' Me,H schôn::C teke Enkelin (fe-weiblicb),:Mjî-j'unges Madchen, K ige Kind (heiie unverhei-^ fatèfês Mâdchen ; he leicht?), K)urêgë Ehemann (re'.aùfgeregt, mahriliéli),. nike Grossmutter, K Grossvater (ni still u lébendig), winu Sâùgling. (zu. ùnbestimmt i klein nu Kind), ra2«w Kinder, Untertaiier, nur a Sohn,-nuteâziTôclïtër-(aMMann, tetsiFrau),ubonnunuGeîangenen,BlilaYen, Kriegsbéùtë ,(boru festgehalten oder Haut hunu Ùnterlaner), K Ttiho die Indianer (ito

"viel):;V,;..:-;; ''-;'..■■-;, .;.,.:-:"-.

V rbuïho; Fàmilie (bu Kategoriewort iho Vielheit),boùo heiraten (iooft oder fortwâlirend), buirâ .jungerer Bruder, builie jùngerë Schwester{ara- Mann,

'h schôn),.popo. altérer Bruder (po Schlag, also dërKanipfer,; wie: aueh; wahrseheinlich bei den Warau und Arawak), kuliu Qhéinr(ku%iaol\t):yl -^wàràë, K woyc Heide,. wilde Tapuyas (== ùnsichtbâr). .;.,,.-■' ..'■;:-..;■'".';':v,,/s;


ACTES"- DE -XA:-:S;0€rÉT:É.

'■■J ; ',.. SÉANCE DU 24 NOVEMBRE Ï931.

■PRESIDENCE DE- M. LE GÉNÉRAL LANGLOIS, MEMBRE DU CONSEIL.

Le procès-verbal de la séance précédente,.-estlu et adopté.

La correspond ahce comprend des lettres dé reniercieménts des merribres récëhiriient.élus.! "'

Le secrétaire : gé'péral fait part de la niort de M. EdouardConzémius.

Il salue lé conférencier, M. Nordenskiôld, et ;Mme Nordenskiôld, qui assiste à là séance. '■:■'-

M. Eflaiid NORPENSKIÔLD et le général LANGIÔIS font une conférence, accompagnée dé projections, sûr Les forteresses des Incas.

. M. Erland NORDENSKIÔLD fait une communication sur L'âge de l'a tumhaga en Colombie.

Sont présentés comme:membres titulaires : T MM. Juan CANTER, par MM. Ravignahi et Rivet ; '■;.■-,- Rjcardo R. CAILLET BOIS, par MM. Ravignâniet Rivet; . -

M1,e Elvlra de ALVEAR, par M. Rivet et Mlle Barret.

' La séance est levée à 18 h. 30.

; I- -SÉANCE DU 12;JÀNVIËK 1932: ....v;:.

■'-.■;■-'"■.■ PRÉSIDENCE DE "M. LE GÉNÉRAL, LANfiLoià, MEMBRE .DU CONSEIL. " '

: Le procès-verbal de la séance précédente est lu ,et adopté. . ,,:

Lacorrespondarice comprend des lettres de remerciements des membres réceriimeilt élus. -'-'"■■."., -•':'"-."-. -;' '"-:-

Le Président,présente les excuses du: Docteur Rivet, secrétaire général^ gui ne pourra assister aux séances pendant quelques mois, étantallé présider le Congrès: préhistorique de Hanoï.

; 11annonce la mort de M. Auguste Géniri, et lanomination de Mmo Irène Péyré comme chevalier de la légion d'honneur.


ISO SOCIÉTÉ DES AMÉR1CANISTES

M. Paul GOZE présente le film tourné au cours de sa récente mission au Canada. ;;

Sont nommés membres titulaires : MM. Juan Ganter,;Ricardo R. CaiHët Bois, . Mlle;Elvira de Alvear.

Sont présentés, comme membres titulaires : , MM; Pierre CHAMPION, par MM. Rivet et Rivière ; Alfred SMOULAR, par MM. Rivet et■Lester. .

La séance est levée à 18 h. 45.

SÉANCE DU 2 FÉVRIER 1332.

(Assemblée générale). '■_■'■-. PRÉSIDENCE DE M. DE GRÉQUI-MONTFORT, PRÉSIDENT.

Le procès^vefbal de la séance précédente est lu et adopté. - ■'_ ■ -

La correspondance comprend des lettres de remerciements des membres récemment élus. .-.'.• -..-.-'..

Le Président présente les excuses d-e M. le général perrier,- de M, de Marge; rie et de M. Rivet qui ne peuvent assister à la séance. .

En l'absence de M. Rivet, secrétaire général, MUe Barfet, secrélaire-généraladjoinl, donne lecture du rapport moral pour l'année 1931 ; M. d'Harcourt, trésoiler, présente le bilan de la société au 31 décembre 1931.

Le contre-amiral LOIZEAU fait une conférence sur Les indigènes des rives du Saint-Laurent a Varrivée, des Français.

.Sont nommés membres titulaires : MM. Pierre Champion et Alfred.Smoular. Est présenté comme membre titulaire : M. César UKIBE, par MM. Rivet et de Wavrin.

: La séance est levée à 18 h. 30.

.SÉANCE DU 1er MARS 1S32.:::;;;

■' PRÉSIDENCE DE M. VOSY-BOURBON, .BIBLIOTHÉCAIRE. .

Le procès-verbal delà séance précédente est lu et adopté. La correspondance comprend des lettres de remerciements des membres récemment élus.


: ;• . . ACTES DE LA SOCIÉTÉ ,l-8i

■'■■'. M. Jacques PERRET fait une communication sur Les Indiens Emérilions de la Guyane française, parmi lesquels il a vécu plusieurs mois, et présente itnë série d'objets ethnographiques recueillisau cours dé son "séjour!

Est nommé membre titulaire : M. César Uribè. Est présenté comme membre titulaire : -■''■'

... M. André CLÉMENT, par M. Rivet et Mlle Barrét.

La séance est levée à "18 h. 15. .". ; .:

f: SÉiNGE DU 5 AVRIL -1932. r ;

PRÉSIDENCE DE M. VOSY-BOURBON, BIBLIOTHÉCAIRE.

:i:Lé:prqcès-verbâl;dë:Iaprécédente séanceest lu et adopté.

La correspondance comprend des lettrés deremeroiements des membres rèçérnment élus. :

Le secrétaire, général fait part des remerciements de M. Génin, pour le câblé qui lui avait été envoyé: à l'occasion de la nîort de son frère, notre collègue " M. Auguste Génin.

Au cours de la séance^ le R..P. Audrin, de la.Mission de Gonceiçâo de Àrâguaya, revenu en France après un séjour de vingt-neuf ans au Brésil, est présenté àla Société; .

.--.- LeR.P.GùÉNiN. fait une conférence sur La récente expédition de Mgr Thomas chez les Gorotirés, et présente une série d'objets ethnographiques recueillis: en pays earajâ etcayapo.

Lé P. Guériin fait ensuite passer quelques scènes du film Urubamba, tourné chez lés Màchiguëiiga du Pérou.

'■ Est nommé membre titulaire : M. André Clément.

Sont présentés comme inembres titulaires : ","

MM. LÔPEZ ALVAREZ, par MM. Rivet ët.deWavrin;

Pedro Pabïo ANZOLA, par MM. Rivet et de Wavrin ; :Joaquin GARCIA BORRERO, par MM. Rivet et de Wavrin;

Miguel Â: CABRERA M., par MM. Rivet et de WavVin> "■' .-;.-.. -

comme membre coffespondant : M. Rubéiî PÉREZ-KANTULE, par MM. Nordenslci.ôld et Rivet. .'..'-. ";,;■

La, séance est levée "a 18 h. 30. ' ■ : -.


182 " SOCIÉTÉ DES AMÉRlCANISTES '".--.

SÉANCE DU-3 MAI 1932.

PRÉSIDENCE DE M. DE CRÉQUI-MONTFORT, PRÉSIDENT.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et; adopté.

La correspondance comprend des lettres dé "remerciements des membres récemment élus et une lettre de M. Pérez Kantule^ Indien Cuna, collaborateur de M. E. Nordenskiôld. •'■'.'-.'

Le Président exprime à M. Rivet, récemment revenu d'Indochine, la joie de tous en le voyant reprendre sa place parmi nous.

Le Président présente le conférencier, M. Alfredo Benavides, professeur d'histoire et d'archéologie à l'Université de Santiago du Chili.

M. BENAVIDES fait une conférence, acconipagnée de nombreuses projections, sur L'architecture sud-américaine.

Sont nommés membres titulaires : MM. Lôpez Alvarez, Pedro Pablo Anzola, Joaquin Garcia Borrero, Miguel A. Cabrera M. ; membre correspondant : M. Rubén Péi-ez Kantule.

Sont présentés comme membres titulaires :,

MM. Félix EBONÉ, par MM. Grégoire-Micheli et Rivet;

Alan BRODRICK, par MM. Rivet et Rivière ;

Adolfo BERRO GARCIA, par MM. Barbagëlata et Rivet ;

Vincent PETRULLO, par MM. Davidson et Rivet',

José M. VÊLEZ PICASSO, par MM. Rivet et d'Harcourt. ,

La séance est levée à 18 h; 30.

:-. SÉANCE DU 7 JUIN 1932.

PRÉSIDENCE DE M. DE CRÉQUI-MONTFORT, PRÉSIDENT.

procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.

La correspondance comprend des lettres de remerciements des membres récemment élus.

Le Président donne de meilleures nouvelles de la santé de M. Rivéf^ atteint depuis quelques jours par une crise d'appendicite.

M. ARSANDAUX fait une communication, avec pi'ésentation d'objets, sur métallurgie précolombienne de Vargent au Pérou.

M. MONTANDON fait part de Quelques considérations sur les métiers à lisser précolombiens par comparaison avec ceux de l'Ancien Monde. ,

. Sont nommés membres titulaires : MM- Félix Eboné, Alan Brodrick, Adolfo Berro Garcia, Vincent Petrullo, José M. Vêlez Picasso!

La séance est levée à 18 h. 15. -..-■■_


NEGRGLO'GIE.

ALEXIS MANUEL AUGUSTE GÉNIN.

-.''. Notre Société vient de perdre un de ses plus fidèles amis, la science améri.çanîste un de ses plus'ardents adeptes. A. Génin est mort à Mexico le 3 décembre 1931.

à Mexico, le 19 juin 1862, de père français et de mère belge, A. Génin ■fit ses études à: Paris, chez les Frères dés Écoles, chrétiennes à Pa'ss'y. Revenu .au Mexique en 1879, il travailla dans la niaison de commercé dé ses parents et, voyageant .dans tout le pays, commença dès lors à s'occuper d'histoire et d'archéologie mexicaines.

;jl collabora aux journaux français du Mexique : Le Trait d'Union, le CoUrV i-ier Français, le Petit Gaulois, le Mexique et le Journal Français dû Mexique, où: il publia nombre d'articles sur les moeurs et coutumes du pays, sur. ses ressources 'agricoles':;.©!, minières, ses voies de communication, etc., etc., fonda en 1883, avec M.;J. L. Régâgnon et H. Henriot, le Journal-revue du 14 Juillet, au bénéfice de la Société de Bienfaisance française de Mexico.

Loi's;de;la participation du Mexique à l'Exposition Universelle de 1889, le Gpuver.iierrient français exigea que ce fût un: de ses nationaux qui représentât les planteurs de tabac et les fabricants de cigarettes et de cigares mexicains. M. Géniri, "ayant parcouru toutes les régions qui/produisent du tabac au Mexique età Cuba, et ayant étudié la question a fond, fut présenté.par le gouvérnë-- mënt mexicain et àgréé;.;par le gouvernement français ; il fit à Ce titre partie de" Jà Commission Mexicaine.

Après trois ans dé séjour en France pendant lesquels il collabora a La France Illustrée et prépara, avec-M. Eugène Boban, l'a. publication du catalogue de; là collection Aubin-Goupil (Codex hiéroglyphiques et manuscrits mexicains de l'ancienne. Collection Boturini), il revint au. Mexique, s'occupa de nouveau d'affaires Commerciales et industrielles et continua à parcourir et à étudier le

pays. ; ■'-" _;;>-. ;,;': ..;■'.

-En 1892^:1eMinistère de l'Instruction Publique et des Beaux-Arts de France le: chargeait'une mission au Mexique, pour y faire des recherches-archéologiques et étudier l'état:de l'instruction publique. A. Génin envoya" .ses premières collections au Musée du Trocadéro à Paris en 1893 ; deuxième envoi en 1895;" troisième envoi en 1922. En 1893, 1895 et 1922, il envoya des collections d'his-


184 . SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

toire naturelle : Botanique, Entomologie, Ornithologie et Minéralogie, au : Muséum d'Histoire Naturelle à Paris. '.,'..'-- '■ ".■

- En septembre 1929, par mon intermédiaire, il expédia une nouvelle collection d'objets archéologiques mexicains au Musée du Trocadéro.

Ses communications sur la Botanique et l'Archéologie du Mexique, ont été . publiées par le « Journal de la Société des Américanisfës de Paris; » et par lé"3 «.Bulletin officiel du Ministère de l'agriculture ». "•".."-- '■-■■.

A- Génin, revenu au. Mexique fin 1879, y resta jusqu'en 1889.; il retourna, ensuite en France, en 1892, 1894, 1896 et 1900 pour des séjours de six mois, ; pendant lesquels il parcourut aussi la Belgique, l'Espagne, l'Angleterre, l'AHe-.. magne, l'Italie et les Etats-Unis, regagna le Mexique en 1900, pour ne revenir en France qu'en 1922. Ce fut sa dernière visite. Fatigué, déjà atteint du : mal qui devait avoir raison de sa robuste constitution, il ne devait plus tenter ; de nouvelle traversée.

J'avais eu l'occasion-de voir A. Génin en 1922 à Paris. Pendant les deux:. missions que j'accomplis au Mexique et en Amérique centrale, en 1929 et en ; 1930, les liens d'amitié qui nous unissaient se resserrèrent grâce à notre commune passion '.pour.les études américanistes. Je lui rendis souvent visite dans .. sa paisible demeure de la rue de Rosales, transformée en un véritable musée. On y admirait sur le balcon qui dominait un calme patio une des plus belles col-"'. ïections de cactées mexicaines qui ait jamais été formée. De vastes salles étaient; pleines de vitrines où les minéraux, les pièces de monnaies, les so.uvenirsrhis-;: toriques, les-collections ethnographiques et archéologiques du Mexique,: recueillis avec une patience inlassable, étaient rangés avec art-et soigneusement étiquetés.

A. Génin, guidé par son seul instinct de chercheur et d'artiste, avait compris tout l'attrait des vieilles.civilisafions mexicaines. Par. son propre effort,; il était arrivée une. connaissance approfondie de leurs différents aspects.. Ces pierres et i ces céramiques lui parlaient et lui racontaient leur histoire. 11 les "aimait en savant et en lettré. Car cet archéologue était aussi 1 un poète dont l'imagination pouvait au besoin suppléer à l'insuffisance des documents. Sa. fantaisie aimait à s'évader des limites du connu et du certain, et à recréer en quelque sorte les-, aspects d'un passé dont les témoins sauvés ne lui apportaient qu'une image incomplète. C'était, je crois, une des caractéristiques essentielles, probablement le trait dominant, de son caractère. C'est sans aucun doute par cette flamme' intérieure, par son enthousiasme et sou idéalisme, qu'il avait acquis parmi nos compatriotes du Mexique — une des plus belles.et des plus intéressantes colonies, françaises de l'étranger—un prestige et une autorité considérables. Je n'ai pas. à:: insister ici sur l'oeuvre littéraire de A. Génin dont l'Académie française avait, consacré le mérite en lui attribuant en 1924 le prix de la Langue française à l'étranger. : .

Pour nous américanistes, Génin restera avant tout l'homme qui a généreuse-;.


NECROLOGIE

;18§

meiitèni-ichi nos collections ethnographiques et archéologiques, celles de Belgique,, de. Tchëco-Siovaquie, de Pologne, réalisant par ces dons magnifiques la plus utile, la plus efficace propagande pour nos études et pour l'admirable pays qu'ilâvâit adopté comme.seconde patrie. ,

Il a Voulu qu'après sanlort, son. action bienfaisante Continuât à s'exercer sur nous. C'est ainsi qu'il nous â légué, outre les plus beaux livres dé sa bibliothèque, une somme importante pour nous permettre de continuer notre oeuvre, et qu'il a fait don au Musée d'ethnographie du TroCadëro d'une nouvelle collection destinée à;compléter celles qu'il lui avaient déjà -offertes. Le nom de A. Génin est inscrit dans l'escalier d'honneur de ce Musée parmi les bienfaiteurs de rétablissement. Son souvenir restera de même gravé dans les Coeurs de tous les membres de la Société.■

; -J'J'.''f' " -.''" P- RIVET.




SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES, 1932.

PLANCHE I.

Ocarinas anciens à cinq sons du Michoacdn.


MELfflGlS:ÈT NOUVELLES-AMERIGÂNISIES;

L'ocarina à cinq sons au Mexique. — Dans l'étude que j'ai consacrée à l'oca-;, rina à cinq sons en Amérique avant Colomb (Journal de la Société des Aine'- ricanistes, t. XXII, 1930),j'avais cru pouvoir écrire que cet instrument avait seulement atteint au nord le Guatemàla^t le Yucatân où lui avaient été substitués des sifflets à une note, parfois-très gros, d'un tout autre caractère que ceux de l'Amérique Centrale. Je n'avais pas trouvé de documents gui me permissent de dire que l'ocarina avait gagné des régions plus septëntrioiïales. Or, M. Alfonso Caso, directeur du Musëo nacional de arqueologià de Mexico ^yiënt de me faire connaître que ce Musée possède-.cinq ocarinas en ferre cuite foncée appartenant à la culture larasquê et provenant de la province'du Michbacân. On trouvera sur la planche I la reproduction dès cinq instruments, photographiés chacun sur deux faces différentes. Ils s'apparentent à première vue aux'ocarinas', du Costa Rica, bien que d'une facture plus rudiriiëntàire. D'après M:Caso, les nos 1, 4, 5 représenteraient des crapauds stylisés, le n° 2 représenterait une tète de serpent et le n° 3, un oiseau aux ailes ouvertes. Tous possèdent, outre des trous de suspension, quatre perforations '■,;■ ils donnent'donc cinq notes/ Ainsi l'ocarina a atteint au nord la région sud-ouest du Mexique. L'influence dé la civilisation chibchà s'est-elle fait sentir jusqu'en pays târasqué? S'agitll d'un apport accidentel suivi de copies? L'avenir, saris doute, nous le dira:

''.":'':,..'■ V ' ;' R. B'HABCOUHT. ■''■■,...

; À propos des Indiens Kukara du Rio Vérde (Brésil). —- lin erstert Helft von Band XXIII dès Journal de la Société dès Américanistes, hat G. Loukotka eine 1901 von V. Fric am Rio Verde aufgenommene Wbrtliste yerôfferitlicht durch die er zu dem Schluss gelangt, es handle sich uni eine ri eue ùnd isoliert stëhende Sprache. /."..- ''_■

'■" Ich kennèderifraglicheri Indianerstamm und seineSprachè yOrizwei'Besucben lier die icli. 19.6.9 .jiiûd 1913 machte. Es liandéli sich durchaus nicht uni ëinën neueri Stairini sondërn. iirii : eine Bande jérier von den Brasïliàrierri als. « Gliavantes » bezëiçhnetëri'Opayé. '

Dié alteriGrenzën der gr'ôssten Ausdehnung dièses Slammes sind auf deryori mir (und nicht von Hs v. Ihering, wie der Titel angiébt) èntworfeHëri:un"d gezeiclitietea;'« Mappa Ethnographico do Bi'azil méridional.»:(Rëv.Mus^P.aulista, yill) eingetragen. Durchdië éindringendëri Viehzuchter wurde der Stâmm in der zwëiten Halfte des vorigen Jahrhunderts zum Tell àusgërottet ùnd der Rëst in eine Anzahl yôn Bariden zersprengt, welche teilweise dië.Fûhlùng unter-


188 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

einander verloren hattén. Als der Serviço de Protecçâo aos Indios 1913 vërsùchte, die Reste auf einer Réservation am linkén Ufer des Rio Ivinhema zu sammeln, béstanden die folgenden Banden die ich aile persônlich kennen gelernt habë : ■"' .

1. Der Hauptteil des Stammes in dem sumpfigen Winkel zwischen dem Ivinhema und dem Paranà, zu beiden Sèilen des Samambaia Und sùdlich vom Rio Pardo. Er besfand aus zwei Banden mit zusammen etwa 100 Kôpfen. 1909 setzte die eine dieser Banden nach der Ostseite des Rio Paranâ ùber und hauste dort einige Zeit in der Gegend der Mùndung des Rio Santo Anastaçio, im Staat Sâo Paulo worauf sie wieder nach Matto Grosso zùrùckkehrte.

2. Die Vaccaria-Bande, einige 30 Kôpfe, zwischen Brilhante und Vaccaria. Sie war stark durch paraguayische Matesucher beeinflusstso: dass aile Mitglieder ausser ihrer eigenen Sprache aueh das paraguayische Guarani spràchen. Ihr eigener Dialekt weist einige unbedeutende Abweichungén gegenùber dem der andern Opayé-Banden auf. 1913 brachte ich sie bis auf eine Familiê die zuruckblieb, nach der Réservation am Ivinhema.

3. Die Tabôco-Bande, in den Sûmpfen am Oberlauf des gleichnamigen linken Nebenflusses des Rio Negro (miindet unterhalb von iGorumba in den Paraguay). Die Bande wird von den Brasilianern nach einérn frùher, in jener Gegend hausenden, heute ausgestorbenen andern Starnm als « Guachy » bezeichnet. Die andern Opayé, von denen sie sich offenbar schon frùhzeitig trennlen, nennen sie Wahéi (:= Landschildkro.ten). 1913 siedelteii aueh sie, einige 40 Kôpfe stark, nach der Réservation am Ivinhema um, kehrten jedoch sehr bald wieder nach dem Tabôco zurùck, wo sie noch heute zu finden sind. Sie yerstandigten sich mûhelos niit den Opayé des Ivinhema. -

■4. Die Rio-Verde-Bande, etwa 40 Kôpfe, streifle zur Zeit mèines ersteu Besuches Von der Mùndung des Tieté bis zum Rio Pardo und stand mit den beiden Banden sùdlich dièses Elusses in engem Verkehr der damais durch die Ànlage dèr Slrasse làngs des Rio Pardo ùnd die damit verbundeneBesiédelung etwas uriterbrochen ^vurde aber noch 1913 in geringerem Mass wei.terbestand. Die Sprache ist jener der beiden sùdlichen Banden vollkoriimengleich, 191:3 machte ich mit Angehôrigen dieser Bande an der Mùndung des Rio Verde den Anfangzu einer Wprtliste, die ich âber nicht fortsetzte, wëil mir die vôllige Ubereinstimmung mit der Mundart der Opayé des .Ivinhema sofort auffiel. Ausserdem war dielndianerin Kitayâ, der ich etwa ein Vierfel meines Sprachmaterials verdanke, ein Milglied der Rio-Verde-Bande und erst vor kurzer Zeit von diesëm Fluss nach dem Ivinhema herùbergekommen, so dass sich in meinen Aufzeichnungen der Satz findet : « Kitayâ ist vom Rio Vérde..gekommen-». Dass die Rio-Verde-Bande also dieselbe Sprache spricht wie die ùbri'gen Opayé steht ausser alleni Zweifel. .

Wie ist nun bei dieser selben Bande jene Wortliste zustande gekommen die G. Loukotka zu der Meinung veranlasste, es handle sich um einen rieuen, von den Opayé verschiedenen Stamm? Zweierlei ist môglich : Erstens, kônnlen am Rio Verde zwei Stâmme gehaust haben von denèn der eine die Opayé,


MÉLANGES.ET NOUVELLES AMÉRICANISTES 189

der andre die von V, Friëaufgezeichneté" Sprache rêdete und von denen idërs lêtztere in dem Zëifraùm zwischen Fric's und m.einèm Besuch (1901-1909) spur-: los verschwùnden; isf. D.âgegen spricht jedoch dass weder die Uberlieferung der Brasilianér îioch die der Opayé selhst, -einen zweiten Stamm in dieseni Gebiet kënnt und dass das Gebiet viel zu'Ideinist als dass sich darin ein Stamm vor Brasilianern und Opaye gleichzeitig verbérgen kônnte. .,.■■

Die zweité Môgliclikéit, die.fur mich die -;séhf: wahrscheinlichere ist, ware; diedass Fric's Dolmetsçher, der « Kaingûà.» (Pàraguàyèr?) Guzmân den Rei-: sendën einfach angélogen: hat als er ihm arigab, die Sprache der « Ghàvante.s.» ;. zû'kènrien, in ;dër;Anuâhme dass entwëdér .jener das doch nicht bëurteilén kô.nne oder dass die ■Opayé des Rio Vêrde: ebërisagut paraguayisches Guarani : verstândéii wie■ die dèr.Vaçcaria die ér'vielleicht kannte. Am Rio Verde angekommeil half er sich aus der Klemme so; gut er kônnte : Er nanntô die eineHalfte dei' Vokabeln die der Reisende abfragte in m.ehr oder weniger schlëcht âusgesprochenem Guarani (Nos 2-5, 8- 10, .14, .18,: 21, 23, 26-30 der Wortliste) und phantasieil.e.einfach die andre Hâlfte dazu. Nur ein einziges Wort in seinër Listé scheirit échtes Opayé zu sëiri : scharz = kâulalo : Opayé;.:' kaorâ.

Dass Fric's Dolmëtscher: mit einiger Phàntasië begabt, besw. zu faulen Wit--" zen geneigt war,. ist aueh aus den sonstigen Angaben zu ersehen die er dèm Reisenden ùber die. «Ghâyantes » machfe, z. B. ùber ihre Regenzeitlager." Fric's Angabe, er habe derartige Lager 60: Meilen vom Fluss entfent gefunden; ist mir schon deshalb ùnvërstândlich weil es ;in der;ganzen Zone kein Zwi-: schenfïussgebiet giébf wëlehes aueh nur aniiahernd eine solche Breite' hatte.,

: Es wâfe dies wahrlich nicht die erstederarfige Fâlsehung durch Dolmetschër;. die mir vor Àugeil ;gekpmnien ist. 1911: stellte Vsieh dem Indianerinspêktor von Sâo, Paulo ein -Kaingâng-Dolmetsehér vor der die von mir abgëfragten Vokabeln mit der grôssten Seibstverstândigkèit àùf Guaranî angâb, und 1921 ; naiinte mir ein mit der Ûber.wachung der.-Mûra-Pîrâhâ (Madeiragebiet) beàûft . tragterBeamter des.ServiçoVle Protecçâo âo| Indios eine Anzahl von Wortën, àngëblichaûs der Sprache dièses Stammes, 'die er vôllstândig ' fr'e'i ; ërfûrideri hatte, ohne aueh nur wenigstens auf eine laûtïichë Ahnljchkeit zu sehen.

; -...'..-•' Gurt NîMOENDAJÛ.

Noté sur la technique d'un tissu ancien du Ghaco argentin. -^ Le fragment de tissu, dont les;deux faces sont reproduits sur la planche II a été trouvé par MM. Emile -et Duncàn Wagner au cours d'une des fouilles archéologiques qu'ils exécutent, depuis des années déjà, dans la région dé Santiago deî Estero (Châco argentin), fouillés fructueuses qui leur ont permis d'exhumer de fort belles poteries polychroriiespréhispaniqués.

-y Le tissu en question est vraisemblablement contemporain de ces poteries. L'es restes de .textile"- sont toujours très rares dans les stations archéologiques du Ghaco en raison de l'humidité destructive du sol, faible de nos jours en : certaines de ses parties.^ .inais nullement négligeables il .y.a encore quelques"


190

SOCIETE : DES. AMÉRICANISTES

siècles. Le fragment trouvé présente un doubje intérêt : il témoigne de l'état avancé des connaissances textiles chez le peuple dont il émane ; il a été tissé - au moyen d'une technique non décrite, à ma connaissance, jusqu'ici et que je n'ai pas vu employer telle sur les étoffes anciennes du Pérou.

La pièce mesure environ 2 cm. 1/2 de haut sur 4 cm. de large. Elle est constituée par le croisement de fils simples, bien tordus, d'origine végétale (coton?). Malgré sa fragilité et les restes de terre séchée qui adhèrent aux fils, j'ai pu l'étudier facilement au compte-fils.

Le tissu présente sur l'une de ses faces des lignes parallèles de petites brides doubles incorporées régulièrement dans le tissu à des dislances fixes. Tout l'intérêt de l'analyse du tissage réside dans le mode d'obtention des brides. Le sens du tissage n'est que probable : les brides doivent appartenir à la trame. Admettons-le pour les besoins de la description.

L'armure est unie, sauf une légère irrégularité aux points où les brides sortent du tissu ou s'y incorporent. La chaîne recouvre en grande partie la trame peu visible; celle-ci d'ailleurs est beaucoup moins serrée que les fils de chaîne ne sont rapprochés. On compte au cm. carré 30 fils de chaîne environ, contre 23 fils de trame dont seulement 11 duites incorporées au tissu et 6 brides libres composées chacune dé deux fils. Comme aspect extérieur, abstraction faite des brides, le tissu se rapproche dû rëps. Il est très fin et très régulier. ":

Voici comment la trame était passée : La première duite est introduite en armure unie (armure de toile) entre les 18 premiers fils de chaîne; elle franchit

Fig-;5. — Schéma du tissage d'un tissu ancien du Qhacp Argentin.

en surface la largeur des ; 18 fils .de chaîne suivants (forriiant ainsi la. première: moitié de la bride; double).; elle .s'incorpore-'" régulièrement aux 18 fils qui viennent.après, franchit de nouveau en surface 18 fils suivants, et ainsi de , suite. La duite de -retour parcourt en sens;inverse lé' même chemin et forme de cette manière.l'a seconde moitié des brides doubles. La troisième duite franchit en surface les 18- premiers fils de éhaîne,' s'incorpore aux 18 fils sui- . vants et ainsi de suite; La quatrièmedulte (dé retour) parcourt exactement, mais en sens inverse, 1 le chemin de .la troisième.. Là cinquième, et la ;'sixième dùites ': sont passées Comme la première et la seconde et la septième et la huitième comme la troisième et là quatrième ; le tissage se poursuit avec cette alternance. Le serrage des dûites les unes contre les autres donne seul au tissu '


SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES, 1952

PLANCHE IL

Tissu ancien du Chaco argentin (grossissement 3 diamètres). I. Endroit; 2. Envers.



■ -MELANGES: ET NOUVELLES AMÉRICANISTES 191

son aspect d'armure continue «l unie; chaque partie de duitë incorporée entre -les fils de chaîne, par suite d'un léger décalage dû à la; pression,;semble continuer la duiLe, précédente, sous la bride forniée;.par; celle-ci ;(fig..5).;: :: Je n'ai pas trouve, jusqu'ici, de tissu ancien du Pérou offrant, des ligues dé; ;bridès systématiques;::en tous points comparables à celles; qui viennent d'être décrites;. Dans quelle intention: ces brides étaiènt-ëlies faites ? Il est difficile de le.dire. On peutàdmettrë cependant, que le fil de, trame était à l'origine d'une couleur différente .de. celle du fil de chaîne ; en ce-cas, la trame, étant presque invisible dans Tesjpartiés tissées, l'étoffe aurait présenté un fond: de teinte unie surlequel se seraient'détachées, en clair, ou en foncé, désalignés' parallèles constituées pair les brides, parties libres dé la trame., ■-.

"R. D'HABCOURT.

Apropos de la découverte de l'Amérique. — Dans une brochure de 19 pages rédigée en langue portugaise, éditée à Lisbonne et intitulée : Priorité des Portugais dans la découverte de F Amérique du Nord et des îles de l'Amérique centrale, l'auteur, Carlos Roma Machado dé Faria e Maria, premier secrétaire général de la Société de Gédg-raphie de Lisbonne, après avoir analysé succinctement The book of knowledge ; ihe children EnciclOpedia, dé MM. Sir Arthur Mee, de Temple Chambers de Londres, Hollarid Thompson -Pli. D1', du Collège de la Cité de New York, John Findley L.L. D,, Commissaire d'éducation du même État, croit pouvoir tirer les conclusions suivantes :

1° le premier qui ait découvert l'Amérique du Nord (péninsule du Labrador) aurait été un Portugais, du nom de Joâo Vaz Corte Real avant l'année 1472;

2° les îles d'Haïti et autres voisines (dès Antilles) auraient été découvertes par des Portugais, entre 1462 et 1480 ;

3° Miguel Corte Real, fils de Joâo Vaz Corte Real, aurait été le premier Européen ayant vécu de longues années au Labrador, il y aurait été connu comme chef des Indiens Wampanois;

4° 23 ans avant l'Italien Verazzano, c'est-à-dire en 1501, le Portugais Gaspar Gorte Real aurait découvert remplacement actuel de la ville de New York, du rio Hudson, du fleuve Saint Laurent et de là baie d'Hudson;

5° le passage Nord-Ouest.aurait été découvert en 1588, c'est-à-dire 143 ans avant Davies et Behring, par un pilote portugais du nom de Joâo Martins3 au service de l'Espagne;

6° La ville de San Francisco de Californie aurait été découverte en 1512-1543 par le Portugais Joâo Rodriguez Cabril et en 1595 par le Portugais Joâo Serômenho ;

7° Le Portugais Antonio Galvâo aurait été l'auteur de A projets de canal interocéanique par l'isthme-de Panama. Ces rapports auraient été présentés en 1550 au roi d'Espagne, et l'un d'eux préconiserait précisément les localités ou points par lesquels passe l'actuel canal interocéanique ;

8° Ce n'auraient pas été les désastres maritimes, au cours desquels les Corte


192 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES1 V; . J ;

Real furent engloutis par les eaux (?), qui firent abandoniîerraux- Portugais; les terres découvertes par eux en Amérique du Nord, mais'biénla division Aordon-; 'née vers 1520 par le pape, suivant les accords du traité Tordésillas, des possessions mondiales d'Espagne et du Portugal, en 2 parties égales;

9" L'accusation injuste des Corte Real comme trafiquants d'esclâvês provient de ce que les Portugais utilisaient la main-d'oeuvre dès 'indigènes américains pour les travaux agricoles, surtout à l'île Terceira des; AçOrës ';;■;

10° Les Portugais auraient découvert l'Atlantique occidental avant C. Colomb.

Le nom du Canada aurait deux éïymologies poHUg^sesY. . 1° soit lieu étroit; (fleuve Saint-Laurent) ; L;

2° soit richesse de la région." - .:.;::.-: ".. ' V

Il est bon d'ajouter que le savant auteur de la brochure et; des conclusions en question est Portugais et ne peut que faire l'éloge de.iSes eornpatriotes, sans tenir compte des .origiiiës génoise, corse ou espagriôlèi^/igranct navigateur. Colomb, et qu'il vante,.peut-être avec -raison, l'oûvragë, récent: publiéà Lisbonne par MM. SantosetAntpriioFerreira de. Serpa prétendan|:quëCristov;am Colombo : s'appellerait plutôt Salvador Gonçalvez Zarco et serait ïfils dé l'infant Fernando et d'une-dame noble de l'île Madère. . iX

■-'-:. ' •' Désiré PECTOR,

Découverte récente du vrai nom etde lanatiOnaliiedeChrisïophe Colomb, —

La clé de l'énigme posée aux chercheurs depuis 4 siècles; d'après laquelle le

grand navigateur auraitiétéoriginairesôit de Corse, soit d'Italie, soit de Gâta- .

Ipgne, a été enfin déchiffrée. D(ans. son Ouvragé :ïnlïlniéf'iSefyfidorGonsalves

; Zarco (CrisLôbal Colën), os livros de Dom Tivisco (Lisbonne: 1©30); Tauteur,le

■ major G. L. Sàntos Ferreira;; 1 grâce à1 ùneilngénfositë ;ëti;p urië^patiëncë'ftdriiir' râbles, a pu prouver par Un déchiffrement original lè-'.niystére du nomet de la, nationalité de Colomb. Son nom véritable ;.de Salvador .Gônsalves;Zarco aurait été transformé par Colomb en Cryptogrammes latins etliébrêux, qui auraient ainsi caché mystérieusement l'exacte identité ef'lâ véritable patrie du navigateur. Pourquoi donc ce mystère? C'est d'abord que Colomb voulait laisser ignorer son passé curreçom.endavel » {dissipation de sa fortune en Italie, Grèce et Turquie, ses fautes commises a l'île de Ghio (?)] et voulait se réhabiliter. L.e public espagnol devait ignorer ensuite sa.descenda.nce d'une familleroyaièportugaise. Car il aurait été le bâtard de rinfahtportugais Dom Fernando et Bd-unë.?Zàrco, delà famille du premier « donatario».de Funehal (île Madère). Il est prouvé que l'une des,

■ nièces de JoSoEsmeràldo Gonçalves .Zàrço, ou de son përe,-èt de laquelle, s'était amouraché l'infant Fernando, avaitëté envoyée parcéidërnier àiGênes 1 pour J' faire ses couches. C'est là sans doute,: en 1456, que serait■ néle grand' navigateur du moins d'après M. Jôàquim Coélho de Çarvâllo, le distingué secrétaire général de l'Institut de Coimbrà (yëir-sa communication dÙ?M: juin 1929 à l'Académie des sciences de Lisbonne). Ou trouve Colomb à Funchâl. ,enl470, puis, de .1474 à 1475, résidant dans"le palais du seigneur féodal: dû lieu, Joâo Gonçalves" Zarco, Colomb avait 2'4 ans quand il perdit sa femmef iFilipa Mpnis ou 'Mufiiz,


MÉLANGES ET NOUVELLES AMÉRICANISTES 193

fille très noble de Bartolomeu Perestrelos et d'Isabelle Monis, tous deux apparentés à de .hauts .personnages palatins. En 1489, Colomb avait 33 ans. Il n'était pas tisserand, ni fils d'ouvrier textile de Gênes, jamais il ne s'était-appelé Colombo et ri'avait jamais rien écrit en italien. C'était un homme très bien élevé et instruit (d'après Humboldt) ; il connaissait plusieurs langues, dont le portugais,. l'espagnol (qu'il parlait mal, avec!"accent' portugais, d'après Ricardo Beltrân y Rôzpide, secrétaire général de la Société de Géographie de Madrid, et membre de le Real Academia dé la historia, de la même ville), il parlait aussi l'hébreu, le grec, le latin, etc.. et s'était assimilé la Bible comme un théologien. Le soupçon traditionnel, que Colomb était juif, disparaît du fait que, si les Zarco étaient originaires de Tomar (Portugal) où abondaient les juifs, ils étaient catholiques et le type de l'amiral portugais Zarco était l'antithèse du type sémite.

L'ingénieux déchiffrement du mystère de cette question fait par le major G. L. Ferreira a été confirmé de tous points :

l°parT'ouVrage de 126 pages intitulé: Thealro genealogico que contém as arvoresde coslados das principais familias do Beyno de Portugal e suas colonias,pelo Prior Boni Tivisco de NasaoZarco y ColmaemNapoles —por Novelo de Bonis M. CX. II (1112). Or, ce Dom Tivisco était un prêtre qui se cachait sous l'anagramme dé Jacinto de Sousà Sëqueira ou plutôt Fr. Jeronymo de Sousa, cousin de Colomb, et mort à Madrid en 1711;

2° par les recherches historiques elles nombreuses citations d'ici même « ConpZrmaçoes hûtoricas » du savant historien portugais Antonio Ferreira de Serpa, ancien Consul général à Lisbonne de républiques latino-américaines, auteur, entre autres articles de journaux de Lisbonne en portugais : C. Colomb était portugais et son nom véritable était Salvador Gonsalves Zarco (O Século, 3 août 1927) ; Vile de St. Domingue, Hispaniola ou Haïti fut découverte par lés Portugais (O Século, 15 mars .1930) ; Questions d'histoire : Les découvertes atlantiques dv XIVe siècle ; Très récentes solutions du problème ; En marche pour la vérité (Republica, 14nov. 1931); Qui était CristovâoColumbo (Crlstôbal Colon) (lhid.,'2\ janv. 1932). :

■"-L'auteur prétend que ses assertions sont dépourvues de toute préoccupation : nationaliste. .-'".'

; :.Le Gouvernement portugais avait intérêt à cacher le mystère de la naissance et . dé la nationalité de Salvador Gonsalves Zarco. Le Gouvernement voisin espagnol en savait aussi long sur la même question: en effet, le roi Carlos V fit défense à Fernando Colomb, fils naturel de Colomb, bibliophile émérite aussi bien que grand chercheur, de poursuivre ses recherches sur les origines de son père. Cette défense est exposée tout au long dans le volume XXXIII du Boletln de : la Real Academia de la historia de Madrid (année 1898). On ne voulait pas que Fernando sût que son père était l'oncle paternel de Dôila Isabel de Portugal, que sa soeur était la reine; Eléonor et que sa femme était fille du roi Dom Manuel Ij frère de Salvador Zarco, et pourtant Colomb ne jurait jamais que par San Fernando, le nom de son père.

Pùreste, ce qui prouverait que Colomb ne fut pas un vulgaire artisan, et qu'au contraire 11 était de sang royal, c'est qu'en 1488 le roi de Portugal Dom Joâo II Société des Américanistes, 1932. 13


194 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

lui écrivit une lettre aimable en lui envoyant un sauf-cônduit, et qu'il n'avait pas de secret pour lui; en 1493, lors de son retour d'Amérique, Colomb reçut à Séville du roi Jean, alors monarque despotique, une lettre le complimentant et le traitant d' « ami spécial' ».

Le fils légitime de Colomb, Diego Colomb, n'aurait pas été nommé page du jeune prince Dom Joâo, l'héritier présomptif delà couronne du Portugal, si son père avait été de basse extraction.

Autre preuve de la nationalité portugaise de Colomb :

Le dernier quart de l'écusson de l'amiral Colomb était de couleur bleue, avec 5 « besantes » d'or « postes en sautor », emblème du Portugal. Car, sous le règne de Joâo II de Portugal, les navires portugais, qui naviguaient soit pour les conquêtes, soif pour les découvertes, portaient pavillon bleu orné de 5 disques blancs, dans les mêmes dispositions que les « quinas » royales (Voir à ce propos l'article intitulé Bandeiras navaes Porluguesasdesde o XV século, par le major G. L. Sanlos Ferreira. Lisbonne, 1898).

Toscanelli etGirardi, contemporains italiens du navigateur Colomb, le considéraient comme portugais.

Le portulan de la bibliothèque du vicomte de Santarem, attribué au cosmographe Joâo Freireet considéré « comme un très beau travail », contenait inscrits les noms de 36 navigateurs portugais, parmi lesquels figurait Colomb.

Il y aurait peu t-être lieu de changer l'historique delà découverte de l'Amérique, et d'orienter les études américanistes dans un autre sens que l'actuel : on se baserait pour ce faire sur les travaux récents si érudits de MM. le major G. L. Sanlos Ferreira et le consul général Antonio Ferreira de Serpa. On pourrait alors déclarer, il nous semble :

1° que le nom véritable de Christophe Colomb devrait être celui de Salvador Gonsalves Zarco, bâtard de descendance royale portugaise;

2° que le célèbre navigateur était d'origine et de nationalité portugaise;

3° que la priorité devrait être attribuée "aux Portugais seuls dans la découverte de l'archipel des Açores (1320-1357), de l'Amérique du Nord (CanadaLabrador, Nord des Etats-Unis actuels) et des principales Antilles telles que. Haïti (1467).

" Ces. diverses découvertes seraient susceptibles de détruire les thèses de Harrisse (donnant à Colomb une origine génoise) et de UUoa (lui donnant une origine catalane).

Désiré PECTOK.

Encore la nationalité de Colomb. — Suivant Excelsior (Mexico, 20 octobre 1931), le professeur-Francesco Greti aurait découvert aux Archives des Indes de Séville un diplôme original des Rois catholiques nommant Colomb amiral des Indes avant son départ pour le voyage de découverte du Nouveau-Monde et différentes lettres l'autorisant à user d'un écusson héraldique. Une lettre particulièrement importante porte la date de 1499. Le Professeur Greti aurait fail d'autres trouvailles importantes dans les Archives du Vatican. Il résulterait


.■".MÉLANGES ET NOUVELLES. AMÉRICANISTES fi9b'

dé tous ces faits; nouveaux que la nationalité génoise de Colomb ne saurait être mise, en doute. Enfin!

'■::--':'- *. P. R.

Souvenir historique,-de Cavelier de la Salle. — « L'Intransigeant ». du 10 mai 1932 publie: la dépêche suivante :

Une .dépêche d'Amérique nous apprend que la plaque apposée en 1682, par Ç'àveliër de'Ma Salle;, sur la plage du golfe du Mexique, â été trouvée par un pauvre chasseur .et détériorée par cet homme qui en ignorait la valeur. La Société historique de Louisiane, qui vient d'être.saisie du fait, va prendre des mesures pour restaurer la plaque.

P. R.

A propos de Boturini.'— En 1923, la Academia Mexicana de là Historia a fait apposer à Mexico, sur la maison qui. porte le numéro 23 de la Galle de cincuenta y siete (ancien callejôn de Dolorës), une plaque qui porte l'inscription suivante :"-« Lorenzo Boturini— Dùque deBena —Senor de Torre y de Hono —

'Aprendio lengûas ihdigenas -— Viviô en una casa.de esta calle en 1743 7- J-'undô museo con 330 eod.iees. jeroglificos— Por su amor a nuestra historia vietima del

, Virrëy Fuenclara-^-Absuelto en Madrid en 1745-—Academia Mexicana de la H.istoria^-Mexicoy 1:923 ».

. : M. Rafàèl Garcia-G.râilados consacre à celte inscription deux articles dans le journal Excelsior(29. et 30 octobre 1931).-M. Garcia Granados démontre que Bpturiiïi n'a jamais été duc de Bena, rappelle qu'il n'est pas sûr qu'il ait étudié

les langues indigènes,:qu'il n'a habité la rue où l'on a apposé la plaque que jusqu'au 4'février 1743, etpr.écise que, parmi les inventaires des papiers de Boturini, celui qui donne lecliiffre le plus élevé n'arrivé qu'à 319 pièces, dont le tiers tout au plus pouvait être représenté par des manuscrits hiéroglyphiques. M. Garcia Granados étudie enfin sommairement le procès de Boturini : pour lui, la cause principale de ses: ennuis, c'est qu'il était entré au-Mexique, bien qu'élran/ger,

qu'élran/ger, l'autorisation,du Conseil des Indes, et qu'il recueillait des aumônes pour le Couronnement dé Notre-Dame de Gùadalupe à l'aide d'une bulle ponti. ficale.qui n'avait point le visa du Gonseildes Indes. Au contraire, sa; passion pour

l'histoire mexicaine: paraît avoir fait naître la sympathie de.ses juges, et c'est là sans doute qu'ilfaut chercher l'explication de son acquittement. Cet acquittement serait d'ailleurs,, d'après M. Garcia Granados, non pas de 1745, mais de la fin de 1746. .

Dans son numéro du 15 novembre 1931;Excelsior publie une réponse de

M. Ranlô.n Mena;aux articles de M. Rafaël Garcia Granados. M. Mena s'efforce

. dé réfuter.les observations de M. Garcia Granados sur le titre de duc de Bena

: attribué.à'Boturini,. sur,le nombre des côdices de son musée, sur sa connaissance, des langues- indigènes et sur lés Causes du procès qui lui fut intenté. M-Mena terminé par ëëttë phrase, que nou.slivrons à l'appréciation du lecteur :


196 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

« Los demâs reparos hechos a la lapida son suposiciones deljoven Garcia Granados, apreciaciones personales, y no hay para que detenerse en ellos ».

R.R.

; Bibliothèque américaine de l'Institut des études américaines. — L'Institut des Études américaines, que le Comité France-Amérique a fondé il y a deuxans et demi, vient de créer une « Bibliothèque américaine «dont le. premier volume porte le titre de « Initiation à la vie aux Etals-Unis M;- 1; Préfacé par M. Charlëly, recteur de l'Université de Paris, ce livre est dû à la collaboration de la Comtesse M. de Bryas, MM. Gâudel,. C. Cëstre, J. Gompeyrot, B. Gônnèr, H. Dubreuil, A. Gaulin, G. Lechartièr, P. Lyautey, J. Milhaud, L. Réau, H. Rouy, F. Roz, A. Siegfried, F. Strowski, A. Viallale.

Le tome II, dû à l'Abbé Groult, sera intitulé : « Le Français au Canada » et se terminera par une étude de M. Georges Goyau. Le tome III sera consacré aux « Constitutions des nations américaines » par B. Mirkine-Guetzévitich.

P. R.

L'Amérique à la «.Semaine de Missiologiè » de Barcelone (y 930). ■— Les rapports présentés à la Semaine de Missiologiè de Barcelone en 1930 forment, sous le titre de Semana de Misiologia de Barcelonais deux premiers volumes de la Bibliolheca Hispana Missionum (Barcelona-Sarriâ, Escuela Tipogrâfica Salesiana, 1930). Voici le relevé des articles "susceptibles d'intéresser les américanistes :

TOME I. — Amand Van der Mens Brougghe, Método. misionero histôrico, p. 27-50; . - '

J. Lôpez Alijarde, C. M. F.,, Carlos III de Espanay las niisiones,n. 95-130;;

Guillermo Vàzquez N.ûnez, Mercedaire^ La conquisiâ de los indios americanos por los primeros misionerosj p. 179-197; ■-;.

Pedro Leturia, S. J.,Las grandes bulas misionales deAlejandro VI: 1493, p. 209-251;

Buenaventura Salazar, O. F. M., Monografia de las misidnes franciscanas en el Ecuador, p. 253-279 ;

Aguslin J. Barreiro,0. S. A., Los misioneros espanoles y la filologia, p.281293.

TOME II. — Casimiro Morcillo, Apuntes de historia de la misiologia en Espana, p. 23-47;

A. Carriôn, O. P'., Doctrina que sobre la predicaciôn del Evangelio y su aplicaciùn en los lerrilorios descubiertos y conquislados. por Espana ensenaron los Dominicos Fr. M allas de la Paz, Fr. Francisco de Viloria, Er. Domingo Bâtiez y Fr. Pedro de Ledesma, p. 59-81 ; .

i. Librairie Delagrave, 1D, rue Soufflet, Paris Ve.


MÉLANGES ET NOUVELLES AMÉRICANISTES .. > 197,

Guniersiudo, dé Estellà, O. M. Cap., Situaciôn canônica de las ântiguas misiones dé America, p. 103-114 ;

, José Carreilo, S. S., Aportaciôn cienlifièà de los misioneros salesianos en las règiqnes niagallanicas,-p. 167-182;

Alanasio Lôpez, O.F. M., Los doceprimeros apôstolesdeMéjico,n. 201-226;

Pedro M. Vêlez, O. S. A., El aguslino Fr. Martin de Rada, insigne misionem moderno, p. 279-299 ;

Jésus Jambelz, S. J., Producçiôn cienlifiço-niisional delosJesuilas expulsados de Espana. y sus dominios por Carlos 111 (4 767), p. 301-337.

. R.-R.

Dictionnaire général du Canada français.— Nous lisons dans « L'Intransigeant » du 19 juin 1932 :

La Société historique de Montréal (Canada) a décerné sa: médaille de vermeil au Père Lejeune, O. M. L, pour le meilleur ouvrage historique.publié en 1931 sur le Canada français.

. Le P. Lejeuné est. l'auteur de plusieurs ouvrages d'histoire et surtout du «Dictionnaire général, du Canada français» paru récemment, oeuvre iriipprtattte en deux volumes contenant le nom des personnes et des lieux géographiques qui ont joué un rôle dansles annales de ce pays.

.""'.--• P. R.

Publications sur l'histoire des Jésuites au Brésil. —M. J. Lûcio de Azevedo vient de donner une seconde édition (Coïmbre, Imprensa da Universidade, 1980) dé son livre déjà classique Os Jesuitas no G^o-Parâ. Suas missoes e a colonizaçâo, dont la première édition a paru à Lisbonne en 1901. Cette seconde édition représente un texte soigneusement revu et notablement modifié. Outre un certain nombre dé corrections et d'additions de détail, on relève quelques rémaniements. Le second chapitre, sur la fondation des missions, comprend des indications nouvelles sur les premiers établissements des Jésuites au Maranhâo, leurs difficultés avec les Franciscains et l'activité du P. Luis Figuei.ra (p. 43-48). En revanche-,, au chapitre X Gompanhia de Comércio), M. j. L. de Azêvedo a supp.ririié plusieurs pages sur la biographie de Pombal, qui lui auront sans doute paru une digression inutile. L'estampe qui représentait la ville de Para au xviiië, siècle a disparu, à.cause de son. « médiocre intérêt pour le lecteur ». La cartedes missions du Grâo-Parâ et du Maranhâo au xvme siècle a été remplacée par la reproduction d'une carte de l'Amazone au xvne siècle, de valeur historique bien supérieure. On regrette.que la table des matières de la seconde édition ne soit pas aussi détaillée que celle de la première; cette lacune est heureusement compensée par l'addition d'un index analytique qui ' manquait dans la publication primitive. ,

. D'autre part, M. J, Lûcio de Azevedo-a achevé il y a quelques années la publication en trois gros volumes des lettres, de Vieira (Càrtas do Padre Anto-


198 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

nio Vieira, Coïmbre, Imprensa da Universidade, 1925, 1926 et 1928). C'est la première édition réellement méthodique de celle correspondance, si importante sous tous les rapports. Le second volume, qui va de septembre 1662 à décembre 1673, el qui correspond à l'exil et au procès de Coïmbre, puis aux quatre premières années du second séjour à Rome, ne contient rien qui se rapporte directement aux affaires d'Amérique. Le premier volume, au contraire, est très riche en documentation brésilienne. Il débute par la Caria Anna que la Province du Brésil envoya en J626 au Père Général, et dontla rédaction avait été confiée à Vieira, en dépit de sa jeunesse (il n'avait alors que dix-huit ans); on y peut lire, avec les renseignements habituels sur la situation et l'activité de la Province, le récit des événements des années 1624 et 1625, en particulier de la prise de Bahia par les Hollandais (p. 1-74). Puis, après la correspondance des missions diplomatiques en France et au Pays-Bas, el du premier séjour à Rome (1646-1650), nous retrouvons le Brésil, durant plus de huit ans, de janvier 1653 à juin 1661; mais dès 1651 c'est la pensée du Brésil qui domine, pour un temps, la vie de Vieira. Les .lettres de cette période forment un ensemble incomparable pour la connaissance du nord du Brésil au xvii 0 siècle et de la vie des indigènes à cette date, aussi précieux pour l'ethnographe que pour l'historien. L'index analytique, où l'on a soigneusement relevé les noms des tribus indiennes, en facilitera le dépouillement. Le troisième volume contient, après les lettres des deux dernières années de Rome et des six années portugaises (1674-1681), la correspondance de Bahia, où Vieira se retira en 1681 et où il mourut en 1697. Malheureusement, les questions indigènes y jouent un rôle moins important que dans les lettres de la première période brésilienne. Mais un des appendices apporte dix lettres inédites relatives à celle période, et presque toutes d'un grand intérêt. .11 faut signaler aussi, vers la fin du séjour au Portugal, l'importante lettre du 2 avril 1680 au supérieur de la mission du Maranhâo (p. 428-439).

L'Imprimerie de l'Université de Coïmbre, que dirige le professeur Joaquim de Carvalho, et à qui nous devons ces publications, nous a donné aussi, dernièrement, le premier volume des relations du P. Fernâo Guerreiro, relatif aux années 1600-1603 (Belaçâo anual das coisas que fizeram os Padres da Companhiade Jésus nas suas missdes, éd. Arthur Viegas, lome I, Coïmbre, 1930). Le Brésil n'y occupe qu'une place très petite. Le livre IV de la seconde partie contient cependant six chapitres qui s'y rapportent. Le plus intéressant est le sixième, consacré aux Indiens « gaimures » (p. 389-395).

. Robert RICARD.

Ouvrage d'un Carme du Mexique. —'-. Dans tes Éludes carmélilaines .(17° année, vol. I, avril 1932), le R. P. Jean-Marie de l'Enfant Jésus commence à publier, avec une traduction française, dés extraits du Libro de la Contemplaciôn Divina, ouvrage inédit rédigé dans la première moitié du xvn° siècle par le P. Antonio de la Cruz, qui gouverna comme provincial la province carmélitaine de San Alberto au Mexique.

Robert RICARD.


'• V , :' MÉLANGES ET NOUVELLES AMÉRICANISTES " .199

Pnhlicàtiôii d'oeuvres rares sur le Mexique. — M. Alberto Mascarenas, directeur de laBariqùe du Mexique, a offert son appui à M. Enrique Fernâridez Ledesma, directeur de la Bibliothèque nationale, pour la publication oula réédition d'oeuvres rares, que possède cet établissement, notauiment les vieilles chroniques de Remesal, Burgoa et Vâsquez. D'autre part, sous la direction de M. Rafaël Lôpez,!' « Arehivo gênerai de lanâciôn » estén train d'imprimer la « Grônica de Michôacân » du Père franciscain Pablo Beaumont. L'oeuvre paraîtra en trois volumes, et sera mise en vente. au prix de 15 pesos (Excelsior. Mexico, 18 avril et 27 mai 1932). .'■■'" v

■', -■ - "-. "■"-■ ' P. R. "'V"-

L'histoire de la région de Puehla. —Il ne me paraît pas inutile de signaler, le recueil de Mgr Pedro Vera y Zuria,. archevêque de Puêbla, Carias a, mis sèniinarislas en la primera visita pastoral de la arquidiôcèsis (2a ediciôn, corrëgida, Barceloria, 1929). La seule lecture du titre pourrait faire penser aux spécialistes qu'il s'agit uniquement d'un ouvrage d'édification. En réalité., ces lettres . constituent aussi une description extrêmement minutieuse del'archidiocèse de Puêblaj avec une foule d'indications sur la population, ses ressources, sa langue;; ses coutumes, Ses superstitions. C'est dire que les ethnographes et les linguistes/ - auront profit à lés feuilleter, d'autant plus que ;Mgr Vera a. visité bien-des points d'accès difficile. Quant aux hisloilens, ils trouveront là un tableau, par-, tiel sans doute, mais singulièrement instructif, du catholicisme mexicain vu par l'intérieur et observé 7 par un homme cultivé, loyal et mesuré. En outre, si la documentation de l'auteur n'est pas toujours originale, s'il emprunte beaucoup aux vieux ouvrages de Mendieta et de Ponce et au travail récent de M. Enrique Jùan Palacios (Puebla. Su. territorio y sus habitantes, je ne Connais quela première partie, parue à Mexico en 1917), il a eu la chance, par sa situation même, de pouvoir examiner les archives paroissiales, et il en a.tiré des renseignements fort précieux pour l'histoire locale. Dès maintenant, ce recueil de lettres rendra aux américanistes— surtout aux américanistes d^Europe, qui sont condamnés ;'i travailler plus souvent dans les livresque-sur le terrain -— le même genre de services que l'itinéraire du voyage de - Ponce et les vieilles descriptions régionales de l'époque coloniale. Il sera-d'ailleurs curieux de comparer lesimpressions.de Mgr Vera avec celles de. notre confrère M. Môisés: Sâenz, qui a parcouru en partie la même région et qui a fixé dans sa brochure ; Èscuelas fédérales en la Sierra de Puehla (Mexico, 1927. Cf. Journal, t. XXIIi,"; 1931, p. 456) le souvenir de sa tournée d'inspection.

Robert RICARD.

Revista del Museo nacional de Lima. — Sous la. directiôn.de son nouveau directeur, M. Luis E. Valcarcel, le Musée national de Lima reprend uaé nouvelle activité. Une revue, Revista del Museo nacional, dont j'ai reçu le premierfascicule, publiera les travaux d'archéologie et d'ethnographie péruviennes des


200 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

différents travailleurs du Musée. Ce premier fascicule est très bien présenté et illustré. Il contient des notes du Directeur sur Une timbale en bois du Cuzco et sur le:personnage mythique de Pukara ; une; excellente étude de E- -Yakôvleff sur les Falconidés dans l'art et les croyances des anciens Péruviens et un bref travail de Th. Valcarcel sur la musique péruvienne. 11 faut souhaiter que la jeune revue puisse continuer son effort pendant de nombreuses années.

, P. R. ■

- Population du monde. —- D'après l'Annuaire statistique pour l'année 1931, publié par la Société des Nations, le chiffre de la population totale du globe au 1er janvier 1932 est de 2 milliards, 12 millions, 800 mille, en augmentation.de 20 millions par rapport à l'année précédente. Voici comme se répartit cette population :

Asie 1.103.000.000

Europe 506.000.000 ;

Amérique 252.000.000

Afrique 142.000.000

Océanie 10.000.000

,- P. R.

Population de la ville de Québec. — Le dernier recensement municipal donne le chiffre de 139.846 habitants répartis ainsi qu'il suit : Français-Canadiens catholiques : 127.782; Français-Canadiens protestants : 64; catholiques de langue anglaise : 6.086 ; protestants de langue anglaise : 5.022. (Québec, novembre 1931).

P. B.

Augmentation de la population aux Etats-Unis :

Année. Population. Augmentation.

1790 , - 3.929.214 • —

1800... 5.308.483 35.1

1810 7.239.881 36.4

1820 9.638.453 33.1

1830 12.866,020 33.5

1840 17.069.453 32.7

1850..., 23.191.876 35.9

1860 31.443.321 35.6

1870 39.818.449 26,6

1880 - 50.155.783 26.0

1890 62.947.714 25.5

1900............ 75.994.575 20.7

1910:..... 91.972.266 21.0

1920.......:...; " 105.710.620 14.9

-, 1930............ 122.698.191 " 16.1

- (Bolletlino délia reale Société geografica iialiana, avril 1931).

P. R.


--;' MÉLANGES ET NOUVELLES AMÉRICANISTES - 201

L'immigration aux Etals-Unis. —Depuis que M. Hoover a donné l'ordre en septembre 1930 aux consuls américains à l'étranger de refuser les visas aux immigrants qui risquaient de devenir une charge pour le pays, leur nombre-n'a ' essé de décroître. En octobre on n'a compté que 3.913 arrivées contre 10.857 départs (dont 1.663 déportations). Dans l'année fiscale 1930-1931, on avait enregistré 280.000 arrivées et 290.000 départs. Cette année, la diminution des arrivées sera encore plus marquée.

Le Public Ledger (27 décembre 1931) constate avec satisfaction que l'année

1931 a apporté une importante contribution à la solution d'un des grands problèmes nationaux : l'immigration et l'assimilation de la population d'origine étrangère. Le Bureau du Recensement vient de faire connaître que la population étrangère aux Etats-Unis ne s'était augmentée que de 283.000 individus, soi*- 2 °/0 pendant la période 1920-1930. Ce pourcentage est lé plus faible qu'on ait .enregistré antérieurement. Enrte 1850 et 1860; l'accroissement de la population étrangère avait été de 1.900.000 ; de 1900 à 1910, il avait dépassé 3.000.000. La réduction considérable dans la dernière décade est due à la restriction de l'immigration par les lois de 1917, 1921, 1929 elles récentes mesures du gouvernement de M. Hoover, Pour l'année 1931, les départs ont dépassé les arrivées de 10.237 (97.000 immigrants, 107.000 émigrants). Le Bureau du Recensement fait aussi savoir que le nombre des naturalisations augmente régulièrement. En 1930, les naturalisés comptaient pour 55 % de toute-la population d'origine étrangère, contre 46 °/0 en 1920.

Cette baissé du nombre des immigrants continue. Alors qu'en janvier

1932 le nombre des étrangers qui auraient pu entrer aux Etats-Unis, d'après le système des contingents, s'élevait à 14.838, on n'a enregistré que 842 entrées, soit une diminution de 94 °/0. L'immigration mexicaine et canadienne, qui n'est pas soumise au système des contingents, a baissé aussi de 90 à 96 % (Kansas Cily Times, 9 mars 1932).

P.R.

La population de Mexico. — D'après le recensement dû 15 mai 1930, la population de la ville de Mexico était de 974.108 habitants, mais un décret, en date du 18 août 1931, a incorporé à la ville une zone de banlieue peuplée de 54.960 habitants. La population de la capitale est donc aujourd'hui de 1.029.068 habitants, dont 461.659 du sexe masculin el 567.409 du sexe féminin (El Universal, 20 septembre 1931).

P. RL'émigration

RL'émigration Juifs marocains en Amérique du Sud. — J'ai consacré dans le Journal (Nlle série, tome XX, 1928, p. 4-27-429) une noie à l'émigration


202 SOCIÉTÉ DÉS 'AMÉRICANISTES .'■'';

des Israélites marocains en Amérique du Sud. J'y apporte aujourd'hui quelques compléments.

Contrairement à ce que j'écrivais au début de cette note, le, phénomène avait déjà été signalé en passant par Eugène Aubin, dans son livre encore précieux, Le Maroc d'aujourd'hui (6"édit., Paris, 1910), dontla préface est datée déTanger, décembre 1903. Au sujet de Larache, Aubin écrivait : « Parmi les Juifs, quelques négociants et beaucoup d'artisans ; un mouvement .d'émigration vers l'Amérique du Sud commence'à se dessiner dans la communauté, qui est pauvre et peu organisée » (p. 91). El plus loin : «-. . , la jeunesse s'habille de vêtements . européens, s'occupe de plus en plus d'affaires commerciales el tend à émigrer vers l'Amérique du Sud » (p. 361).

'D'autre part, notre agence consulaire d'Iquitos (Pérou) et notre consulat de . Buenos Aires ont eu l'obligeance de m'envoyer un certain nombre de renseignements, que je résumerai ici: A Iquitos, l'existence de la colonie Israélite- marocaine est sensiblement antérieure à l'année 1905; elle est Composée presque exclusivement de Juifs de Rabat; quelques-uns viennent de Môgador, fort peu de Casablanca. La crise commerciale qui sévit dans l'Amazone en 1912-1913 a forcé plusieurs d'entre eux à regagner le Maroc; ceux qui ont pu rester ont fait d'excellentes affaires, en particulier par suite de la guerre de 19l4, Ces commerçants israélites sont spécialisés dans le commerce d'importation et d'exportation ; ils exportent en Europe les.produits tropicaux de la région; quelques-uns possèdent de très importantes plantations de côlon. La plupart vivent maritalement avec des Péruviennes et abandonnent généralement leurfamillé, mais en lui laissant des ressources, quand ils rentrent au Maroc. Les Juifs marocains d'Iquitos sont en majorité protégés français. La communauté coïriprend dix-huit membres à Iquitos même, et onze dans la région. Il n'y aurait pas de Juifs marocains à Lima et dans les autres villes du Pérou.

En Argentine, on n'a faitaucun recensement spécial des Israélites marocains. On évalue leur nombre à quelques milliers. La colonie, dontlës commencements datent de 1886, est dispersée dans toute la.république; toutefois,, ils sont particulièrement nombreux dans la province de Santa Fé et le territoire du Ghaco. La plupart d'entre eux sonf originaires de Tétouan et de Tanger. La communauté est assez riche et importante pour posséder, des synagogues et des cimetières et pour avoir organisé diverses institutions de bienfaisance.* Sur ces deux dernierspoints, je dois uneliste très précise à l'amabilité de la revuede Buenos Aires Israël. Il me paraît inutile de la reproduire ici ; je la tiens bien volontiers à la disposition des spécialistes que la question intéresserait.

Robert RICARD.

Cannibales en Alaska. — Le Dr Hrdlicka a découvert dans l'île Kodiak, au large de la côte de l'Alaska, les premières traces de cannibalisme chez des habitants préhistoriques de l'extrême nord américain. Il a trouvé, parmi des débris de cuisine, de nombreux os longs humains, ouverts pour l'extraction de la moelle. Ces os ne portant pas de traces de feù, la chair en était donc consom-


-MÉLANGES ET NOUVELLES AMÉRICANISTES 203

mée crue ou bouillie-7-en admettant toutefois qu'il y ait eu consommation -(Scien.ce. Supplément, janvier 1932).

"■". ': : P. B.

L'homme glaciaire en Amérique. — La Division d'anthropologie et de psychologie du National reSearch Council of United States a pris des dispositions ^pour que les découvertes faites occasionnellement par- les ouvriers travaillant dans les régions glaciaires ne soient pas perdues pour la science. Des conférences et des brochures distribuées aux corps de métiers susceptibles de creuser les régions glaciaires sont les premiers moyens d'éviter la perte de documents précieux, du fait de l'ignorance des ouvriers et même souvent des ingénieurs (Nature, janvier 1932).

P. B.

Pictographies du centre du Wyoming. — Le Dr Renaud a décrit deux séries de pictographies dans une partie du Wyoniing inexplorée jusqu'alors par les archéologues. A 15 milles environ au sud de Moneta, el à 77 milles à l'ouest de Câsper, on a découvert ces pictographies sur des falaises de grès. Les signes sont en forme de boucliers ou de cercles, et coloriés. Les teintes encore visibles sont lé vert foncé,.un orangé pâle el un rouge pourpre. Ces cercles sont souvent groupés par dix ou douze. Dans chacun d'entre eux on distingue des figures animales ou humaines, soit une seule, soit deux ou trois, une centrale et les autres plus petites .artistiquement groupées. Pour de multiples raisons, ces représentations ne peuvent dater de moins de deux cents ans, et elles sont peut-être plus anciennes encore. On rencontre en outre des figures gravées, humaines ou animales, et des signes pétroglyphiques communs groupés ou isolés. Cette dernière catégorie "est sans doute plus récente que les figures coloriées. Parmi les animaux représentés, on trouve le daim, le buffalo, l'antilope, de petits quadrupèdes, des serpents et des-oiseaux. La tourterelle, généralement coloriée, n'apparaît que dans les figures circulaires (elle n'existe plus dans là région). On remarque aussi différents genres d'anthropomorphes : certains aux épaules pointues et aux parties sexuelles exagérées, d'autres, plus rares, représentant des figures humaines avec une grosse face, ou tête, pas d'épaules, et un cou aussi large que le corps qui est rectangulaire; les bras sont levés dans un geste d'adoration; Un troisième type porte lance et bouclier et rappelle celui de Sand Creek au sud de Laramie.

: A 19millesau sud-est de Lander, un autregroupede pictographies a également été visité : il comprend des représentations réalistes d'hommes et d'animaux . (Nature, novembre 1931).

P. B.

Voyage d'étude d'archéologues mexicains. ■— Trois spécialistes des questions d'art colonial, MM. Rafaël Garcia Granados, Luis MacGregor et Lauro E. Rosell.


204 . SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES '''",-.■■""'.■■ ' .

ont fait dernièrement un rapide voyage d'étude dansles États de Puébla, Tlaxcala et Veracruz. Us en font le récit, intitulé Sobre las huellas prelérilas, dans le journal Excelsior (12, 15, 18, 22, 25 et 26 janvier 1932). Les voyageurs se sont d'abord arrêtés à San Felipe Ixtacuixtla, près de Tlaxcala, qui conserve les restes d'une église.franciscaine, et à San Nicolas Panotlàn, dont le sanctuaire rappelle celui d'Ocotlân; puis, après avoir de nouveau étùdiélëfamëux nionastère franciscain de Tlaxcala, ils ont visité Tepeyanco, avec sou couvent franciscain en ruines et son intéressante église paroissiale du :xvue-xviiiè siècle; San Esteban Tizallân, où "s'élève, sur l'emplacement du palais de Xicoténcatl, une chapelle ouverte qui a déjà été signalée par M. Manuel Toussaint (Revista Mëxi- . cana de Esludios Hislôricos, juillet-août 1927, p. 173:180), et Atlihuétzian, dont l'église baroque a recueilli différents objets provenant de l'ancien monastère détruit. Après un séjour infructueux à Huamântl.a, où l'accueil hostile de la population-ne leur permit pas de travailler, M. Garcia Granados et ses compagnons descendirent vers l'Etat de Veracruz, s'arrêtant d'abord à Përoie, où se trouve une importante forteresse delà fin du xviue siècle, et à Jalapa, pour gagner ensuite Coalepec, puis remonter sur Amozoc et Tepeaca, dans l'État de: Puebla. Le couvent-forteresse de Tepeaca est particulièrement célèbre. De Tepeaca, les voyageurs allèrent visiter lé monastère franciscain, peu connu, de Cuauhtinchàn, probablement achevé en 1593, el où ils ne trouvèrent plus trace du lonalàmall dont parle Mendieta ; il paraît certain que, sous la, couche de chaux dont on les a revêtus en 1817, les murs de l'église sont:couverts de fresques analogues à celles deHuejotzingo, d'Acolman, d-'Actopan et d'Atzcapotzalco ; en outre, elle contient un magnifique retable de Juan de Arrûe. Le couvent franciscain deTecali, que les trois archéologues étudièrent ensuite, est très différent des autres constructions de l'Ordre; l'église, sur plan basilicàl, comporte trois nefs. -Elle est aujourd'hui à moitié en ruines, et le très beau retable plateresque quis'y trouvaita été transporté dans l'église paroissiale. Le dernier arrêt notable du voyage, avant le retour à Mexico, fut Acatzingo, qui conserve un grand nombre de tableaux de l'excellent peintre Miguel Jerônimo Zendejas.

Robert RICARD.

Découverte dans l'Etat de Vera-Cruz. —Le Dr Miguel Arroyô Cabrera, inspecteur d'archéologie de l'État de Vera-Cruz, a découvert près de Maltrata,en un point appelé Tepoyatitlàn, de grandes sculptures zoomorphes, trois importants monticules et les vestiges d'une citadelle. Une exploration riiéthodique sera entreprise sous les auspices de la Direction des Monuments préhistoriques du Secrétariat de l'Éducation publique (El Universal. Mexico, 28 avril 1932).

P. R.

Don au Musée de Mexico. — M. Teodoro A. Dehesa, ancien gouverneur de l'État de Veracruz, à-donné au Musée national de Mexico trois sculptures préhispaniques provenant de la région totonaque. La première représenterait un


MÉLANGES ET NOUVELLES AMÉRICANISTES 205

prêtre de Quetzalcoatl/et les deux autres la déesse Centeotl [Excelsior. Mexico, 8 janvier 1932). : ' .

"-' " :;'.''.>::'--'. ' - R.R.

Découverte dans |e District fédéral. — A Mixquic, juridiction de Milpa Alta, on a découvert récemment deux belles colonnes de basalte sculptées et deux statues. Notre collègue Eduardo Noguera, de la Direction des Monuments préhistoriques, a été envoyé sur place pour étudier ces intéressantes trouvailles [Excelsior. Mexico, 14 octobre 1931).

P. R.

Vestiges archéologiques dans le Michoacàn. —Aux environs de Tacupa, dans l'État de Michoacàn, à la limite de l'État de Guerrero, M. Guillermo Magana signale l'existence de ruines importantes qui lui ont été indiquées par un vieilindien José Trinidad. Il aurait trouvé des murailles en bon état de conservation. Une prospection scientifique de ce site sera sans doute décidée [El Universal. Mexico, 22 février 1932).

. ' D'autre part, on aurait trouvé dans les environs du village de.Cuitzeo (Michoacâh) les restes d'un grand mammifère de l'âge quaternaire; on y aurait découvert également des -poteries et des objets en obsidienne appartenant à .'la période prëhispanique. Le village de Cuitzeo et les environs ont été déclarés aussitôt zone archéologique. Les érudits locaux demandent à celte occasion que l'on prenne des mesures pour la conservation du couvent augustin de Cuitzeo, qui remonte:au xvie siècle(Z?2;ceZsior. Mexico, 19 et 20 mai 1932).

-■--.' R. R..

Un acte de vandalisme à Morelia (Mexique). — On annonce de l'ancienne Valladolid, aujourd'hui Morelia (E. de Michoacàn), que l'on a commencé à démolir,- pour en utiliserles matériaux à d'autres fins, l'aqueduc construit au xvme siècle sur l'ordre;de l'évêque Fr. Antonio de San Miguel; la population ■ est vivement émue par Ta disparation prochaine de ce monument, auquel elle était fort attachée et qu'elle considérait comme un élément Classique du paysage urbain de Morelia (Excelsior. Mexico, 13 janvier 1932).

R. R.

Découvertes archéologiques à Manzanillo (Mexique). — L'action érosive de la houle et des tempêtes sur la plage de Salagua, près de Manzanillo '(E---.de. Colima), a amené l'apparition de.restes archéologiques, idoles et poteries, qui ont été envoyés au Musée National de Mexico (Excelsior. Mexico, 17 janvier 1932).

".,'- R. R.


206 ■'■:■■ SOCIÉTÉ- DES AMÉRICANISTES .

Fouilles à Cholula.— L'architecte Ignacio Cuevas, de la Direction des Monuments préhistoriques,, fouille depuis plus d'un .an là célèbre pyramide de Cholula (Puebla), où il a mis au jour des murs couverts de hiéroglyphes, des vases, des idoles et de nombreux restes intéressants (Excelsior. Mexico, 15 juillet 1932). ':':■■

P. R.

Godex de Cholula. —Excelsior (Mexico, 16 octobre: 1931) et El Universal (Mexico, 13 octobre 1931) publient des notes au sujet d'un codex dit « Codex de Cholula », codex nahuàtl, qui a été traduit en espagnol par M. Mariano J. Rojas avec la collaboration de MM. Pedro Barra et José Ordônez. On trouve entre autres choses dans ce document la relation de l'arrivée du roi Quetzalcoa'l au Mexique. Il en résulterait que Quetzalcoatl serait arrivé parles régions zapotèques, c'est-à-dire par la région d'Oaxaca. U tenait à la main un rameau, au moment où la barque qui le portait toucha les terres mexicaines.

P. R.

Exploration dans l'État de Morelos. ■— Une exploration importante de l'Étal de Morelos va être entreprise par le Secrétariat d'Éducation publique. Le but; de la mission sera principalement la zone archéologique de Ghimalacallân et du Cerro del Venado, dans le municipe de Tlàlquillenango (Excelsior. Mexico, 18 avril 1932). ' < ■ .. ■;' '■';■'.; /..".

*.'. :" ".P. R. .

Trésor archéologique à Ghilapa. — El Universal (Mexico,."'9-avril 1932) signale la découverte par un paysan de Texmelincan, Chilapà, État de Guerrero, d'un véritable trésor archéologique composé de 57 pièces en or, jade, cuivré, coquille, céramique et obsidienne. Ces objets ont été étudiés par le Professeur Enrique Juan Palacios, qui conclut de cet examen que les civilisations mixtécozapolèques sont dérivées dé la civilisation toltèque. Il faut';signaler;parmi les objets découverts un disque en or, orné au repoussé, de 152 mm. de diamètre. L'ornementation de cette pièce consiste en deux serpents: entrelacés et deux figures humaines. Il s'agit sans doute d'unpectbral. Le trésor comprenait encore: un collier de 32 perles d'oi'de 13 millimètres de diamètre, des boucles d'oreilles en or, des grelots et des anneaux de cuivre, des sandales (gnarache) en cuivré, une ceinture en or, etc..

'-■'.' '."" -■ ;- P.'-R:

Les fouilles à. Monte-Albin- — M. Alfonso Çaso a pu cOmniéneer ses fouilles à Monte-Albân (Cf. Journal, Nelle série, t. XXIII, 1931, p.:468-469). Elles..ont donné les remarquables résultats qu'on pouvait en attendre, et '.lai-presse mexicaine nous apporte presque chaque jour des détails sensationnels sur la valeur et


V; ~:;'"'■ MÉLANGES ET NOUVELLES AMÉRICANISTES " '. .207

-, lé nombre des objets archéologiques découverts; Rappelons que les fouilles > sont faites par M; AÏfonsp Caso, avec la: collaboration de MIle Éùlalia Guzman '.-■et de MM. Martin Bàzân et José Valenzu.ela. Tout d'abord,; les travaux ont mis à jour un certain nombre de sculptures de danzantës. La principale pyramide a .été découverte et consolidée. Mais l'intérêt principal'des fouilles réside dans lès objets trouvés dans les tombes mises à jour au cours des travaux. Il semble que, jusqu'à ce joui', neuf sépultures aient été explorées. Certaines furent d-une extrême richesse. Dans la tombe n° 7 notamment qui renfermait six corps paraissant avoir été enterrés assis, on trpuya des bracelets et -des objets d'or, .encore, adhérents aux squelettes, des colliers de perles, des'--pièces de jade,, des vases d'albâtre, dés pierres précieuses, des os,sculptés. Un masque en:or, deux pectoraux,, un diadème, des bracelets et un collier de mêfflemiétal et toute une série " de bijoux variés Sont figures dans le supplément 'dominical du 24 janvier 1932 dujournâl Excelsior. La tombe n° 9 a mis à.joùr surtout de lacë.ramiqùè.Toùte '.cette magnifique collection a élé transportéé.au Musée, national de Mexico qùle président de la République:, notre érainent collègue OrtezRubiôj a pu les admirer -dès le 9 février. Le; Ie 1' mars, celle exposition a été'Ouverte au public et le droit d'entrée fixé à 50 centimes fournira lesfônds,destinés à unëseèonde'pampâgnë,; Depuis lors, d'autres objets précieux retrouvés dans la terré.dé la tombe ri0?: ont été expédiés par M;. Alyaro Bazàn. Ce jsonl surtout des grains dé collier.èn-. . or, des perles, des fragments de turquoise, des objets en jade^ en coquille et de: ^petites boules d'or filigranées. L'enthousiasme suscité par lé succès de l'explo: ration est tel que déjà M» Alfonso Casô à à. sa disposition pour la prochaine carnpàgrië la jolie somme de 20000 pesos. >:

. .; Jë-iie ferai que mentionner la triste campagne, dont les journaux de Mexico : se sont fait l'écho, tendant à mettre en doutela valeur et l'authenticité des objets découverts. Elle ne fait pas honneur à celui qui souleva cette controverse avec laquelle la science, semble-t'il, n'a rien à voir. Un conflit plus curieux s'est élevé à l'occasion dès fouilles de Monte-Alb.ân.. L'État d'Oaxâca réclame en effet" la; propriété du trésor découvert. Celte réclamation est la rançon du fédéralisme,. Il semble d'ailleurs que le Secr-élaria t d'Éducation publique envisage la possibilité dècréer à Monte-Àlb.àn un musée local, comniè Celui qui existe à Tep.ti' huacân, pour abriter toutes les collections provenant.des fouilles (El Universal. - Mexico, 9 mai 1932); Cette décentralisation présente Cependant certains inconvénients et il semble qu'il' serait utile que le Musée national conservât' au moins une; partie;des collections, car bien des voyageurs, qui peuvent aller à Mexico, . n'auront pas l'occasion dé "faire le voyage d'Oaxâca. D'autre part,; il est certain . que des collections aussi précieuses seraient plus en sécurité à Mexico qu'à. Monté-Albân,, ' -V ".."■-

' En terminant, signalons l'intéressante hypothèse émise par notre savante ;,cbllèg-ue,;MmeZélia Nuttali. Selon elle, il-estpossible que le grand roi Guauh- , ;fémoû,, l'illustré défenseur de Tenochtitlàn, ait été enterré à Monte-Albân.et que la: tombe n°7'soil précisément sa sépulture (Excelsior. Mexico, 23 et 24. mars: 1932). En effet, Mme Nuttali croit avoir reconnu^ sur un pendentif en-pr-y', ïd'un travail merveilleux, extrait de cette: tombe; Je noni Iriéroglyphique- ;dë


208 .'•.'-,". SOCIÉTÉ DÉS; AMÉRICANISTES . . '' ■'/

Cuauhtémoc. L'idée est séduisante et nous attendons avec impatience l'article où Mme Nultall fournira les preuves* qu'elle; a déjà exposées aux membres de l'Académie Antonio Alzate. -■'"■■-

Nous nous associons de tout coeur à...nos amis mexicains pour adresser ; a M. Alfonso Gaso et à ses collaborateurs nos plus sincères félicitations pour les résultats obtenus et nos meilleurs voeux pour la prochaine Campagne, de fouilles qu'ils vont entreprendre. .-■

-■.,-:-'''-:-/" '.;,P.;:R.;ét'.R,.-,:R.;:'-;',:^

L'antique cité de Guiengola. — Dans le numéro d'Excelsior du 5 avril 1932,1e professeur Alberto Escalona Ramos, de l'Université de Mexico, attire l'attention sur -l'intérêtque présenteraient des fouilles systématiques sur le site de l'antique cité de Guiengola dans l'Etal d'Oaxâca, qu'il est allé reconnaître pendant les vaçancesde Pâques. Il va trouvé des centaines d'anciennes habitations indigènes, placées sur des terre-pleins artificiels, de grandes murailles, une vaste cour de 150 mètres de longueur entourée de constructions, parmi lesquelles on voit deux pyramides bien conservées, encore recouvertes de leur sluck primitif, d'autres cours plus petites avec des édifices pyramidaux et circulaires. M. Escalona Ramos suppose que cette ville est plus ancienne que Monte-Albân et que son exploration révélerait une synthèse des civilisations maya et zapotèque. Avec une dépense de 2000 à 2500 pesos, on pourrait relier en moins de deux heures Guiengola à la station de chemin de fer de Tehuanlepec.

P. R.

Découverte d'un codex mixièque. — Un nouveau codex a été acquis par le Middle American research Department de l'Université Tulane. 11 a été pour cette raison dénommé « Codex Tulane ». Ce codex, acheté à une dame américaine, qui l'avait découvert à Mexico, est sur peau de cerf el peint en bleu, rouge et jaune. Ge codex mixtèque mesure 12 jsieds, 5 pouces de longueur sur 9 pouces de largeur. Chaque figure est accompagnée d'une légende parfaitement lisible. A la fin, il y a des inscriptions en latin. Le document se rapproche comme style du codex Dellesa, publié par la « Junla Colombiana » à Mexico, en '1892. Il serait presque contemporain de la conquête. L'histoire de ce codex paraît être la suivante. Il aurait été longtemps en possession de Samuel Daza de Tlaxiaco. A la mort de celui-ci, son frère vendit le document à un négociant espagnol Félix Muro, des mains duquel il passa sans doute à celles de la dame américaine qui le céda à la Tulane University.

Le Middle American research Department se propose de publierprochainement cet important document (Excelsior. Mexico, 23 mars et 4 mai 1932).

P. R.

Importantes trouvailles::à. Ghichénjizà^— M; Karl Ruppèrt, archéoïùguëde;


'\ '.. MÉLANGES ET NOUVELLES AMÉRICANISTES , 209

l'Institution Carnegie, à découvert, a Chichén ltzâ, une plateforme avec dés sculptures et des peintures. Les sculptures en haut relief représentent 17 prisonniers, aux vêtements compliqués, liés avec des cordes, qui vont vers un chef armé, deboutsur deux personnages prosternés (El Universal. Mexico, 29 janvier

;i932): ...

Par ailleurs, un télégramme de Vera-Cruz en date du 22 mai 1932 (Excelsior. Mexico, 23 mai 1932) annonce qu'à l'ouest du temple des Guerrier, en face d'un « cenote », on a découvert une chambre aux parois couvertes de peintures qui paraissent indîquer.que l'on se trouve en présence d'une tombe de rois mayas, laquelle doit renfermer de grands trésors. L'exploration a élé suspendue pour consolider les parois et obtenir l'autorisation de la poursuivre du gouvernement mexicain.

Enfin, les journaux mexicains annoncent que sous l'escalier septentrional du monument appelé « El Castillo », le 14 juin 1932, on a découvert un petit sarcophage renfermant des os humains el dans une auge de pierre carrée, dont la cavité intérieure mesure 61 cm. de côté et est profonde de 27 cm., un trésor comprenant quatre lances d'obsidienne dont la plus grande mesure 40"sur 11 Cm. et là plus petite 30 sur 8 cm., deux poteries dont l'une renferme des os de serpent, semble-Uil, et l'autre une quantité de petites pierres (jade et turquoises) et dé grains de collier, deux mosaïques de jade et de turquoise d'un diamètre de 23 cm.,vuné tête de crocodile, de petits os, un morceau de jade de 10 cm. de diamètre et beaucoup d'autres objets qui appartiennent à des colliers et paraissent être de jade et de turquoise. H semble que létout ait été enveloppé dans un linge fin dont on a trouvé quelques traces (Excelsior. Mexico, 16, 22, 25 juin et 10 juillet 1932; El Universal. Mexico, 21 juin 1932).

P. R.

Mission d'étude du Professeur Hermann Beyer. — Le Professeur Beyer de l'Université de Tulane, Nouvelle-Orléans, est parti le 26 février pour Chichén ltzâ afin d'y étudier les inscriptions maya de ce monument. Cette mission a pu être réalisée grâce à une subvention de 45 000 dollars delà Fondation Rockëfeller (Excelsior. Mexico, 22 février 1932).

P. R.

Découverte d'une nouvelle cilémaya. — Le botaniste C. L.Lundwell a découvert, en décembre 19.31- une nouvelle cité maya à laquelle il a donné le nom.de Calakmul. Une expédition dirigée par Sylvanus Morley-àconfirmé en avril 1932 l'importance xle cette découverte. Ces ruines se trouvent dans l'État de Campëcheprèsdù rio Desempeno, au centre d'une région inexplorée et établissent un lien entré les ruines déjà étudiées ou repérées de l'État de Campeche et celles du nord du Guatemala. La ville est très étendue. Son centre civique et religieux lie mesure pas moins de un mille 1/4 de longueur et 1/2 mille de largeur. Les temples, lèspalais, les cours et les places sont recouverts par la forêt Société dés Américanisles, 1932. ïi


210

SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

vierge. La région est inhabitée et visitée seulement de temps à autre par les chercheurs de « chicle » (Excelsior. Mexico, 1er mai, 28 mai, 13 juillet 1932).

P. R.

Expédition archéologique dans les Antilles. — Mr. H. W. Krieger, de VUnited States national Muséum, est parti au mois de février pour les îles de San Salvador et Cuba, où il se propose d'étudier les amas coquilliers et autres vestiges archéologiques (Science, février 1932).

P. B.

Préhistoire de la Colombie. — Le P. Debilly, du séminaire d'Ocana, département de Sanlander del Norte, a fouillé avec un de ses collègues, le P. Escobar, plusieurs tombes indiennes de la région. Un cercle de pierres disposées à la surface du sol marquait l'emplacement de la fosse. Celle-ci avait 1 m. 50 à 2 m. de profondeur. Les chercheurs ont trouvé dans chacune au moins quatre ou cinq urnes déforme curieuse. Toutes ces urnes (fig. 6) de forme plus ou moins

Fig. 6. — Urnes funéraires d'Ocana (Colombie)

cylindrique portent un couvercle plat sur lequel est assis un personnage, homme, femme ou enfant. Urne et personnage sont de plus petites dimensions quand il s'agit d'un enfant. Ces personnages ont la tête large et plate, les mains sont posées sur les genoux, dans la pose d'un paysan devant l'objectif d'un photographe. Les jambes sont pendantes. Les visages sont variés et ne manquent pas d'expression, bien que l'exécution soit assez maladroite. Les hommes sont pla-


MÉLANGES ET NOUVELLES: AMERICANISTES214

AMERICANISTES214

ces sur un petit tabouret de trois ou de;quatre:pieds ; les femmes sont assises àù^pntraire à, mêmejfefcouvercle. Tous sont la cloison du riez et le lobule 1 de:; . l'ôreilIë perforés ; ppurta ni, certains portent .aux,'oreilles une sorte de bijou: L'uyne est géné'râlemènt ornée latéralement d'une tête d'animal en relief,;: « mprôcoy » où Cerf et au même niveau porte des sortes d'anses plates percées', d'un trou vertical. A l'extérieur, la terre a.une teinte rouge, àl'intërieur elle est npire.:Les personnagës^sont creux (tête et trône).. Certaines urnes renferment

Fig. %-----Sarcophages de Gonco.rdia (Colombie),

;une::terre brune trës^fôxicée, encore fraîclièjët humide; d'autres, les plus nomr

nomr contieririent dés ossements calcinés.:

Par ailleurs, le, Pèreftôcliereau nous signalé la ' découverte .â GOncordia (dépar.

(dépar. d'Ahtoqùia) sur la-rive gauche* duvGàuca de grands sarcophages taillés: dans une'andésite décomposée, dont les cristaux-sont encore en. place. Ils ren-"

.vferrri.ai.erit~d.es' ossements humains et des bijoux d'or. Il y en avait un grand et deux petits. Ces sarcophages ont ou avaient un couvercle. Ils ont la forme d'un parallélépipède reçtarig-lë'(fig. 7). Le plus grançlmesurel m..;80 de longueur, sur-, vSS.cinyde largeur,et ;38v cm: de hauteur. Les parois ont7 cm. d'^épaisseùr; la cavité

.inférieureà,27.çm. dé hauteur. Les petits sarcophages ont unelongueur de 67-cm.,

. une hauteur de 23 eiri,, une épaisseur de parois de 7 cm.. Leupeavité a une profondeur de 17:cm. L'union du couvercle et dé la.caisse est assurépar un rebord saillantde" 3, cm., environ taillé dans l'épaisseur de, la paroi,- soit, aux dépens: du. b'ord;dù sarcophage mê.irië, soit aux dépens'dubof d du: couvercle. Le sarçophiâgë:. çômpletest riiurii dé 4 oreilles : 4 pour le couvercle, 4 pour Ja caisse elle-même;.

V^W'-G.i.- :tGG:S-;-:"- - '\~''^y-:':'-:.-'''^-'''-: :v::.;ïP;Ii- "::^;;"-.;


■212 -•' SOCIÉTÉ DES AMÉRtÇAlS'ISTES'.--■■"'■; '-.".- .;;..'

' Expédition en Amérique du: Sud. ---Donald Beatty:èsl.parti,,encompagnie dé deux autres pilotes, pour faire une: exploration méthodique de la Colônibiéy :;; de rÉqUaleùr ètdù Pérou (Excelsior. !MëxicQ,:Mv:oCtôbrè-i93l.). ■■;. ! "; :. ";_'■:

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Découverte archéologique en Equateur. -—Nous avons reçu l'intéressante lettre suivante de M. André Le .Mallier, Ministre/dé France à Quito : « J'ai reçùderpièrenient la visite de M. Jijôn.y Gaâirianô. « Mon interlocuteur était allé voir les fouilles qui,.à San-Gabriel,l'antique Tusa (Province du Garchi), mettaient à jour un sépulcre "Contenant des trésors ; ; ceux-ci consistaient^ disàit-on, en bijoux dorés placés auprès des dépouilles du; cacique défunt par les. mains pieuses de sa famille.... :

M'; (<. Le but dé nôtre voyagé, me dit,M. Jïjôn, ëtàitvd'étudië&sur place lesdëcôU-: '.vertes effectuées à San-Gabriel, Nousayons réalisé nôtre projet; vgrâce à. ]âbo.nnë volonté mise par tous les habitants à noiis.faire part de ce qu'ils savaient : à l'égard de ces trouvailles, On a dit que, .méfiants et réservés, ils s'efforçaient . :de cacher les. richesses rencontrées et.se refusaient à fournir des.données utiles pour la science ; or, nous avons Constaté tout lé contraire; et nombreux étaient les laboureurs qui venaient nous offrir des objets anciens,

« La fameuse tombe a des proportions Considérables ; elle a la forme d'un puits cylindrique, avec niche latérale. Suivant cërtâinstémôins^,elle â conténù plusieurs corps ; d'après une autre opinion, elle n'en* a renfermé qu'un seul, ce que .nous; croyons plus probable ; des bois de fougère, dé palmier, de bambou fermaient l'entrée de la niche, dans laquelle.ontété rencontrés les tré- ;

-'sors^dont les. journaux et les conversations alléguaiéntla'présërieé. Ilyavait; bien une centaine dé lames arrondies, nùllemerit travaillées, en icuivrë^dôré^: perforéësà deux endroits, comme pour être cousues sur. urie>élôffé; ce qui nous a donné à supposer, .qu'elles faisaient partie d'une armure. Nous avons également trouvé quatre petits anneaux d'or, qui nous ont paru: être des boucles d'oreilles. .-■.-..'■"'.-■' -"'.■''■

'■ "« Le service decéramique qui accompagnait le: défunt consistait en quatre, vases. L'un d'eux était brisé; les trois autres, qui s'ajoutent aujourd'hui à nos collections,-étaient"dès vases rustiques, sans ôrneniënts,'ët de fabrication locale ; un autre3 recouvert d'une peinture négative,; apparaît, avec.ses ornements, sa; pâle et sa forme, comme évidemment fabriqué; dans,la province de;

vLeÔri, chef-lieu : Latacunga^et de Tungurahuayehef-heujfÀmbatp; il appartient

:ï;à;l'époque de Pànzaléo I; le troisième, dé mêriië' provenance/ est;or4é;;d'une;; 'peinturé et rappelle les fabrications dù.temps:de::panzâïëô;liy il ërirésulte! que : là tombé récemment découverte doit être. considéréevcomniè,immédia'temëîit . postérieure à.i:ëpÔquë;de Tuncaliuan.

'■."..''«-La présence, dans la province du Carchi, dé plusieurs « Panzaleôs » est:. assez: surprenante. Nous avons :publ.ié des rénseigneriients sur les découvertes d'objets datant dé Panzaleo I et de Panzaleo III enTmbâbùra, et sur une trouvaille du temps "de Panzaleo r(cpntemporain de Tunëabùan^-effectuée à Guano


'■" -MÉLANGES ET NOUVELLES AMÉRICANISTES 213

(prèsdeRiobamba), niais jusqu'ici on n'en avait signalé aucune dans la région du Càrchi. L'explication de la grande dispersion géographique de ces vases est évidente ; -..ce sont des articles de commerce, comme, au Mexique et en Amérique; centrale, les poteries à demi vernissées. Actuellement, d'ailleurs, les Indiens: de Pujili,(Panzaleôs) parcourent une bonne partie de l'Equateur et vendent les marmites (fabriquées par eux, commerce qui possède certainement une:, histoire presque iriillenaire.

« Le cacique dont la tombe a été récemment découverte à Tusa était un homme riche, qui employait de la vaisselle provenant des localités limitrophes de là région dés Sicclios, lesquels, au dire dé Beneficio Borja, avaient Coutume: aux temps préhistoriques, d'aller à Pimampiro (province d'Imbabura) chercher ducoton et delà coca.

*, Grâce à la présence d'objets en cuivre, on a-pei'séyéré dans les recherches v.elj,trouvé' dans la tombé située à San-Gabriel ou existent aussi des « ; kapas: >>:,;' faites de mollusques, des vestiges carbonisés d'étoffe grossière de coton. .?: ;

« Nous: n'avons pas pu découvrir d'autre tombe du même genre, .que ocelle -dontnous venons de parler. Mais l'obligeancede MM. Arturo,nous a permis.de mettre à jour, sur leur terrain « Le Gapuli >>, six.sépulcres de l'époque: dé la décoration négative. A Paja Blanca, nous avons visité un très important gi'oupë. de ce que l'on nomme.inexactement « bôliios », maisons circulaires qui exigent une étude méthodique. A San-Gabriel et Garçhi, nous avons pu examinër; les trousseaux placés dans les sépulcres.} à l'ëppque. de Tuncahuan,

« A: Manabi, à Chimborazo, à l'antique Canar (dans les/endroits caractéristiques dé-cette période), en plus de là céramique avec décoration négative et sur peinture, il existe une autre décoration positivé ; nous n'avions pas connaissance deCette dernière comme existant dans le Garchi ; mais maintenant, il nous a été possible de l'étudier ».

■-Telles-sont lès données communiquées par M. Jijôri y Caamano sur les fouilles réalisées xlans Je I^ord dé l'Equateur, :

■ ■ •':'. " ■'.'■, ■■ ■'.:''. André LE .MALLIER.

Â;propos de tsantsa :— J'ai reçu de M,le Professeur T. O. Minnaerl, une carte" postale illustrée évidemment destinée à une vaste publicité. - D'un côté, sont figurées quatre tsantsa, ces têtes réduites bien connues des Indiens Jibaro du haut Amazone. Ces spécimens rie sont pas de très bonne qualité. Deux au moins ne Sont pas fabriquées: avec des têtes d'Indiens. Les deux vautrés, de -meilleure, facture, ne portent.pas.-là-ligature labiale que les bons échantillons présentent: toujours. Mais là n'est pas la question. Ces quatre iriomiës sont accompagnées de la légende suivante : « Aux sources mystérieuses de l'Amazone..(Brésil, Equateur, Pérou) vivent, sauvages et indépendants, éparpillés daiis les forêts vierges impénétrables, encore quelques millions de débris d'une race humaine contemporaine peut-être de l'Atlantide » (les italiques sont de moi). Du côté réservé à la correspondance, on lit : « Par quel procédé secret atavique, préhistorique et.,, moderne à la fois, mieux que les momies des


214: . SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES ,;

Pharaons de l'Egypte, parviennent-ils à réduire'la fêle :d'uri: homme, conservant ses traits essentiels ??? '";,," . « Nul au monde ne le sait, nul ne lé saura jamais, car la raCe est à la veille de disparaître de la Planète, ; et tout homme pâle assez téméraire pour s'en approcher est infailliblement abattu, décapité et.., et la cervelle sucée du crâne évidé a le don de « transfuser dans le cerveau du « chasseur Jibaro » les vertus viriles et intellectuelles du torturé, à condition qu'il conserve sur lui la tête réduite, dont la préparation dépasse une année dé travail.

« Cette collection macabre, unique au monde, tant parle nombre de « têtes réduites » en une seule main, que par sa valeur inestimable, nous vient d'être rapportée en Belgique, dé ces ■-.pays mêmes, par M. le Professeur T, O. Min-, naert, qui les tient volontiers à: la disposition des noùibreux sceptiques ne pouvant croire àTaulhencité de ce phénomène absolument inexplicable ».

Cette extraordinaire notice est suivie de la mention : Tous droits réservés. La réserve est vraiment inutile, car aucun savant sérieux n'aura l'idée d'y puiser. Il-est difficile, en effet, d'accumuler en quelques lignes plus d'erreurs grossières.

Je la livre aux méditations de tous les américanistes, de tous les ethnographes, qui savent depuis longtemps à quoi s'en tenir sur' les Indiens Jibaro, leurs tsantsa, la fabrication et le'rôle social et religieux de ces trophées, d'après les travaux de Moreno Maiz, Bôllaert, Philippi, Lubbock, -Golirii, Mantegazzà, Chantre, Hamy, Virchow, 'Giglipli,- Àmbrôsetti, Rivet,: Karsten, Tessmann et tàùt d'autres ethnologues ou voyageurs. Lé procédé 'est':si bien connu que des imitations arrivent constamment en Europe. Je soupçonne d'ailleurs, sans pouvoir l'affirmer, n'ayant pas eu en mains les spécimens rappôrlés par M. le Professeur Minnaert, que sa propre collection en renferme deux.

Que penseront les missionnaires el les Blancs installés en pays Jibaro, les voyageurs qui comme M. de Wavrin ont filmé leurs dansés et leurs cérémonies, de cette affirmation ridicule que « tout homme pâle assez téméraire pour s'en approcher est infailliblement abattu, décapité, etc.. »?-. "'*

J'entends bien qu'il s'agit d'une carie-réclame destinée à frapper le public, mais vraiment l'ethnographie ne nous oiTre-t-ellepas assez d'attractions vraies pour que l'on-en soit réduit à de tels moyens pour attirer-sur elle l'intérêt de la masse? Est-ce servir notre science que de tenter de lui recruter des adeptes en leur racontant des histoires dé brigands? . '. :; v P," RIVET

Découvertes archéologiques au Venezuela. — La Pfeiisa (Buenos Aires, 12 avril 1931) publie un intéressant article sur les collections recueillies dans les: environs du lac de Valeneia par le Dr Requena. Les pièces recueillies sont au nombre de 3.500. Elles comprennent un grand nombre dé crânes, pour la plupart déformés, des haches, des marteaux, des ciseaux: en pierre, beaucoup de:pièces de céramique zoo.morphes et anthropomorphes^ des.'■■colliers,-.d.es objets en os, en ivoire, en jade et autres pièces précieuses;: J'ai eu l'occasion de signaler l'intérêt que présenterait sans aucun doute une exploration systéma-


MÉLANGES ET NOUVELLES AMÉRICANISTES 21S

tique de Venezuela, qui reste le pays le moins connu au point de vue archéologique et ethnographique, malgré les beaux travaux de Emsl et de jahn, pour ne citer que ceux-là. Il serait à désirer que le gouvernement vénézuélien apportât son appui à un tel projet. La richesse archéologique de la grande république n'est pas douteuse. Les résultats obtenus par le D!' Requena en apportent une nouvelle preuve.

P. R.

Une expédition espagnole dans l'Amazone. — « Les Débats » du 28 novembre, 1931 publie la nouvelle suivante : - ."•-...

Une expédition espagnole qui sera dirigée par ùri savant, M. Iglesias, qù'acr compagneront plusieurs autres savants, se mettra en route au mois de janvier : prochain. - _ ■ -

Le navire à bord duquel s'embarquera cette expédition sera une barque à voile et à moteur d'une puissance de 150 HP, qui comprendra trente hommes d'équipage. 11 portera quelques embarcations spéciales capables de naviguer, sur les rivières de la région jusqu'aux Andes. Il sera pourvu de tous les perfectionnements modernes et de tous les instruments pouvant enregistrer les observations géographiques et météorologiques désirables.

% P. R.

Exploration du Dr Vellard au Paraguay.:-^ J'ai reçu de notre savant; col- , lègue une intéressante lettre qui montre combien a été fructueux Son voyagé au Paraguay :

J'arrive de chez les Guayaki, el malgré tous les pronostics et l'assurance donnée par tous, les gens du pays que ces Indiens étaient insaisissables, j'ai pu mettre la main sur eux. Depuis le 10 mars, j'étais dans fa forêt, suivant leurs traces, avec" 8 hommes dont 2 Indiens '"bwihas servant de guides. Ce voyage a été fort dur : forêt déserte, épaisse, temps presque toujours mauvais, ; ravitaillement difficile, tout devant être porté à dos d'hommes, impossibilité de chasser pour-ne pas effrayer les Guayaki. Une première expédition, de douze jours, m'a permis de me rendre compte de la région habitée parles Guayaki, et de visiter une vingtaine decampements abandonnés; nous avons vu des traces récentes, datant de deux ou- trois jours, mais pas Un Guayaki.j:-n"oûs étions entre les Rios Taquary et Tovatiry, département de Ajos. La ^^.expédition, d'une durée de 8 jours vers l'arroyo Howy et l'arroyo Guassu (départ, de Caaguassu), n'a révélé que de vieux campements et des tracés anciennes. Là dernière expédition, la bonne, a duré 2 semaines: je l'avais fait précéder:;de-, plusieurs explorations faites par les mbwihas ; mais ceux-ci n'osent_.pas s'avènr" turer seuls très loin dans la forêt el leurs indications étaient peu précisés. Ce n'est que le 4me jour que nous avons trouvé des traces récentes, très bien marquées. Nous étions dans une région éloignée de toute ha"bitatiqri,Ori personne ne s'aventure, sans ohraje de madeiras ni y erbales.; Les ; gâm-;


216 .SOCIÉTÉ vDÉSvvAMÉRICANISTES I-' >. '■".'-

pemenls des Guayaki .n'étaient pasvfibien- dissimulés que dans les .régions;;" précédentes; des sentiers très nels: y conduisaient et ils n'étaient pas eùlourés'-..,' d'abattis d'arbres Comme les précédents:. Ils étaient aussi plus grands et possédaient en moyenne 10 à 12 feux au lieu de 2 à 4. Une pluie torrentielle'nous,'

.'.■.à. Obligé à nous arrêter pendant 3 .j©ùrs;;ll a fallu pendant;ce ténips ënyô^er :

; deux Indiens chercher des vivres à,mon campement JDrinçipal.-Enfin le ;22 avril,:: a midi, nous étions tout, près d'un-campement Guayaki;; on ne saurâitparler .de. ; village, pour ces nomades. Nous, nous sommes -cachés-.'dans les-fougères,: à:

'200 mètres environ et nous avons pu rions approcher- même plus.près polir ; observer ce qui se passait. De 4 heures du soir, à 4 heures du matin, j'àipu ■ '■' tout observer et noter. Un peu avant lé jour, nous nous sommes rassemblés^ pour.entourer le village et essayer d'entrer en relations amicales avec les Guayâ-Lki. J^avâis apporté dés cadeaux à cette intention. Pendant la nuit, les Guayaki::

Mi'avaient pas paru inquiets. Cependant depuis 3 jours, j'avais l'impression .d'être;; suivi, et à diverses reprises,.nous avions entendu des.cris de singe, cris de rak'.:

liëment ou peut-être cris d'alarme dé Ces Indiens. Pendant que nous, nous;pré- • parions* et qu'il faisait encore nuit, nous avons.été nous mêmes: attaqués par les Guayaki : cris de singe suivis d'une volée de flèches; ils étaient sur leursgardes. Il a fallu nous défendre; j'avais donné l'ordre de tirer en l'air pour lès, :

-effrayer ; mes hommes n'en ont guère tenu compte; hëùreusëmentTobscÙfitë ;;

.rious protégeait contre fes flèches, et. protégeait aussi les Guàyalu. Je :né pense ■ pas qu'il y ait eu plus d'un blessé Guayaki, celui qui venait en fêle, avëeim-:: tison à la main. De notre coté, pas de'blessés. Ce fut très court;; .'les ■■Guayàld;:

.;se dispersèrent et 5 minutes après,.nous étions:dans le campement malheùreu--: sèment vide d'Indiens.' Nos..'2'.guides phwilïas avaient disparu, Je ne devais les;■■■ revoir que 3 jours plus tard. Dans le campement j'ai fait l'inventaire dés objets;i existants et attendu lé jour. Les Guayaki avaient emporté presque toutes leurs;; armes. Une heure après le jour, ils nous ont attaqués de nouveau, cette:.fô;ié.:.': bien protégés parla forêt et nous -à découvert. Pendant 10 minutes, tir pëùvêffi- ; cace dé côté et d]aulre. Après cela, j'ai Ordonné là retraite pour éviter d'êtrev obligé de faire dès victimes. Les-Guayaki:s'étaient retirés à 200 mètres de lai; Par malheur, je n'avais plus que 6 hommes par suite de la défection de mes. deux Indiens. Il a fallu se résigner à n'emporter que peu d'objets, mais: j'ai:: quelques exemplaires dé tout ce qui: se trouve. Chez lès Guayaki ; 3 hachés dev:

■.'.gierre.... avec; leurs .manches, 2 pierres: de hache sans hia;nchés,-5 arcs et; une: ; vingtaine dé flèches, (dont un are"d'enfant),:,5 poteries,: 4 ppts;én cirë^Stioïliè^v: deux" flûtes, des paniers, des cordes de divers types, un tamis, des -'iàmëÇ'vdë:-;'-

'vrôseau préparées pour faire.dés flèches,: des tissus dont un non leriftirièj-.

"montrant le mode de travail,; de la cire, des pelotes de .fil, des;ficelles,': des cordes en crin et en cheveux, 5 où 6 types de panier, des-derits.: emmanchées dans dès os, .seuls- instruments' de ces Indiens etc.., en tout Une "centaine d'objets- choisis, forte; charge pour 6 hommes. En sommé, les Guayaki révèlent par leurs poteries, leurs cordes, leur vannerie et": sur- . tout par leurs petits tissus; un degré de -culture bien supérieur à.ve que:jè:- pouvais imaginer. J'en ai été fort surpris; Il y avait des animaux domestiques


MÉLANGÉS ET NOUVELLES : AMÉRICANISTES 217;

attachés, à part, '.coatis/-sangliers et singes;: Lé village comptait une trentaine' d'hômriies, 40 femmes environ, deux bébés et 1 garçon de 12 àllaris que j'aurais bien voulu emmener pour étudier leur .langage et leurs coutumes. Il a

vfàllu. laisser, une partie délips provisions etmëmë;des couvertures; trop lourdes à porter avec là. charge des collections.?' Ce fut.une retraité, râpidévpoursuivis 1; par lés:Guayaki,,qùi;pàr 2 fois nous attaquèrent encore.; Je rie sais pas comment rious n'avons pas eu' dé blessés. Ce n'est que48 heures après que la poursuite a cessëill était tenips, il nous restait 6 cartouches de revolver et 4-cartouches .decliàsse.! Nous dirigeant, à la boussole, nous avons fait plus dé 50 kilomètres par jour dans cette région, fort accidentée, nous contentant de galettes et de tërërëyne pouvant pas\a;llumer de feu. Nous étions épuisés en "-arrivant .à mon Camp le -dimanche, danslariiiit. :-:' -[.'Jç "' '';.,

'-Toutes lés collections sont bien arrivées;; ce voyage est un succès inespéré,

■'.étant: donné là difficulté de; trouver et .diabôrdèr les "Guayaki qui multiplient leurs incursions dans lés.estancias depuis quélquestémps. Ils ont tué beaucoup de boeufs, de. chevaux et- de moutons, vojévdu maïs -et."..dû manioc et blessé plusieurs péons paraguayens dans les environs. A mon retour au camp, une .très:'désagréable surprise m'attendait. Mes 2 guidés "'b.wihas .étaient déjà là ; ; ils

,ônl/àpportë:dé chezjes Guayaki un pot deiriiel, des. flèches j.l coati vivant et uri bébé :Guayaki de 2 aris 1/2 environ, qu'ils; se'proposaièht dé vendre à Ajbs, Plusieurs personnes achètent ainsi des: petits Guayaki, J'en aivù 4 dans ces conditions. Naturellement j'ai confisqué le tout, mais je suis fort embarrassé de l'enfant. Il parlait le premier jour; depuis, il ne dit plus un mot/ ne pouvant se'.faifë comprendre. Il a; toutes ses dents, il est:très craintif. Je vais le photographier, l'étudier, le radipgi'aphier, si possiblëj à Asunciôri, le. mesurer, le pésè"f:3\èrisui'te.,.'.'sim'a"'ni'ërë:fae veut pas s'e.n chargei^ jéle confierai àùne.famillè d'icivqùi.l'éfèvera. Àvez^vdus quelque recôniriiàndafiori à me faire:à ce sujet? Quêlqùë.étude? ou biehledésirez-vpùs? - YV.aWt-ïl intérêt à le garder avec moi pour l'étudier dans son développement ? J'attëri'd's votre réponse pour pretidre

: uùe;déeisIon. ;'. : ". ;;,; ; ,;,-.- -

.Je.teririinë l'étude dés .-"Indiens mbwihas. Ce sont des Indiens appelésKa'iguans parlésPâraguaye'ris:Sous ce nom, on confondà races distinctes dé cette, région : les sB'wihas delà région de Kaaguassu-Stô Joaquim ; les Pampas de Tafroyo

c Mpriâahy ; les Chirippôsvdë la région des yërbajés dùnord^est,Toùs:"ônt dèslàn^- .gàges'différents, quoique tous comprennent et parlent plus pu nioins le Guarani. Lés::mBwilias,lës sèulsvqùe j'ai pu étudier,: pris comme je l'étais par l'étude des Guayaki, parlent uri dialecte guarani, assez différent du guarani actuel des paraguayens. J'ai fait un vocabulaire comparé de ces 2 idiomes ; ils me paraissent

■,-ây-pl.Ê;ëôriservé'ïa..Tëiigioii-: Guarani, le cultédë Tupa, celui du soleil ou namSdû qu'ils/ .distinguent dé T.upa ; Tupâ habite l'occident et le -soleil ■ie levant (Il y'â:;ëricoredeux.grànds*aiîtres dieux au" nord et au sud). J'ai déjà-obtenu le texte d'uiië prière à nairiadu. J'en obtiendrai encore d'autres, car j'ai maintenânt;toutë leur confiance^ Il a fallu 2 mois pour l'obtenir. ; . '

Eu somme, mon "voyage: au Paraguay â donné lés résultats Suivants : une; grande collection complète de 300 objets riiàkas ; v


218 ; .':-; SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES:;:-- -"/ :; '/.-.■'■■■■■

des urnes funéraires trouvées près d'AsUnciôn ;

quelques ossements fossiles, en assez mauvais état ; : ;

notes et photographies de pélroglyphès du Cerro de Villarica ;

collection guayaki, d'une centaine d'objets; . ,

collection mbwiha, non encore terminée ;

petite collection toba, du Chaco argentin ;

un squelette toba; v

un squelette guayaki;

peut-être un squelette mbwiha (en négociation).

J'ai tous les éléments nécessaires pour écrire un article sur les Makas, un autre sur les mBwihaSj un autresur les Guayaki, de courtes noies sur les Toba argentins, très dégénérés; un vocabulaire toba, un vocabulaire maka très complet, un vocabulaire mbwiha très complet, avec yocahulaire comparé du guarani moderne; deux mémoires pourla Société de Géographie ; des notes pour la Société de Biogéographie; enfin une collection zoologique assez réduite, le temps et les moyens de transport m'ayant fait défaut. -",

J. VELLARD.

Rappelons que le voyage du Dr Vellard au Paraguay a été en grande partie décidé grâce à l'initiative de M. Ricardo Lafuente Machain, de Buenos Aires, et réalisé pour Une bonne.part grâce à sa générosité. :

. ,-•,' :■-::-.-. , : .P.ïRlVET.; ,,:

Mission en Bolivie. — Le Dr WëndellC. Bennett, du département d'anthropologie du Muséed'histoire naturelle de New.York, est parti au mois de mars de cette année pour la Bolivie afin d'y étudier, les vestiges des.races antérieures aux Inca (Excelsior. Mexico, 13 mars 1932).

■ -P. R.- .

1 Exposition d'art ancien américain. —Le 5 décembre 1931, a été inaugurée à Berlin dans les locaux de, l'Académie prussienne dés Arts (Pariser Platz 4) une magnifique exposition d'art ancien américain. Celte exposition a été organisée parles Musées d'État en collaboration avec l'Académie et l'Institut ibéroaméricain.

'::;'.:.-- P. R.

VIIe Congrès international des Sciences historiques:. — Cet important Congrès se tiendra à Varsovie du 21 au 28 août 1933. La Cotisation a été fixée à 4 dollars américains (où à la somme correspondante en monnaie des différents pays) pour les membres actifs, et à 2 dollars pour les personnes membres de leur famille ou les accompagnant. Seuls les membresactifs 'recevront les '-pilbli-. cations. Les séances auront lieu à l'École polytechnique de Varsovie. Outre


MÉLANGES ET NOUVELLES AMÉRICANISTES -'21-9

l'intérêt général de ce Congrès, TamériCanisme.ytrouvëras.a part,' C'est ainsi qu'une séance spéciale est prévue pour uii: rapport de notre savant collègue, le Professeur Déprez, sur « Les conséquences économiques et socialës-dé la découverte de l'Amérique » : une autre.communication du 'Professeur E. R, Àdajr a pour titre : « Montréal, the évolution of an am«ricân eity ».:Lë prësidéiit du Comité organisateur est le Professeur Broiiislaw Dembiriski de l'Universitë de Poznan, le secrétaire général M. Tadeusz Manleuffel, chargé cours à l'Université de Varsovie. Les versements de cotisations pour France peuventêtre faits au Bureau de chèques postaux de Paris n° 600.12. -,;',..-."-.''."

^-v ; :î: ■/' ; :-p. R. ■--::;-■

. Gonqrès international d'anthropologie. —Le Royal -anthropoIqgical Ihsiïtule de Londres a proposé l'institution d'un Congrès internafionalrd^anthropologiè: Ce congrès, en deux sections : Anthropologie et Ethnologie, aurait mêmes statuts et même constitution que le Congrès international dés sciences préhistoriques et prolohisloriques qui doit se tenirpour la première fois à Londres peridarit l'été de 1932. Quatre langues officielles pourlesmemoir.es. Réunion-tous lés quatre ans, la même année que le Congrès international des Attiéricânistes en Europe (ce qui: mettrait le 1er Congrès international,d'anthropologie en 1934),-L'Allemagne a déjà envoyé son adhésion au Congrès (Science, janvier 1932).

"': "'■■'. Pv B. ■'"'"

American anthropological Association.—Au meeting de l'American anthropologicâl Association tenu à Andover, Massachusetts, le 29 décembre 1931, le Bureau pour 1932 a été composé ainsi qu'il suit : Président, John R. Swanton ; premier vice-président, Warren K. Moorehead ; second vice-président. Wilson D. Wallis; secrétaire, John M. Cooper ; trésorier, Edward W. Gifford ; éditeur, Robert II. Lowie ; éditeurs-adjoints, Edward W. Gifford, Frank G. Speck et Frank H. H. Roberts, Jr. ; Comité exécutif, A. Irving Ilallowell, II. Newell YVardle el M. W. Sterling [Science, janvier 1932).

P.B.

Ecole d'archéologie à Las Vegas.—- Une nouvelle école d'archéologie a été ouverte a Las Vegas ainsi qu'un Musée, avec comme directeur M. J. I,"Me; Cullough, professeur d'histoire à l'Université normale de New Mexico, Ces nouveaux organismes sont sous le contrôle 1 de l'Université: riOrmale {Science, octobre 3931). " '..';-.-yv':-;■■...- ,-":: .

-.-■' '""".- v ;:- P> B,' ."".'■■'■

Laboratoire d'anthropologie à Santa Fe (New. Mexico).—: Uri laboratoire d'anthropologie a élé officiellement;ouvert:à^Santa^.Eé^fiew, Méxie.o,le,ler septembre 1931. Ce laboratoire, dû àla générosité de■!. John D, Rôçkefeller Jr.,


220 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

sera le point de départ de nombreuses expéditions scientifiques ayantpour but l'étude de l'origine et du développement des Amériques. Les travailleurs particuliers seront favorablement accueillis et auront toutes facilités pour leurs recherches. Le Dr. A. V. Kidder a été nommé président du Bureau de direction (Science, 9 octobre 1931).

P. B.

L'École française de Mexico. — Le second pensionnaire de cette École (cf. Journal, t. XXIII, p. 269), M. Weymuller, rentrera en France fin septembre, ayant terminé le travail de géographie humaine qu'il avait entrepris au Mexique dans l'état de Morelos. Le 8 octobre, son successeur, M. Jacques Soustelle, agrégé de philosophie, accompagné de sa femme, s'embarquera pour Veracruz. M. et Mme Soustelle feront une enquête ethnologique approfondie d'une tribu mexicaine. Signalons que la thèse du premier pensionnaire de l'École, M. Robert Ricard, est à l'impression. Elle paraîtra dans les « Travaux et Mémoires de l'Institut d'Ethnologie de l'Université de Paris » (191, rue Saint-Jacques) sous le titre : « La conquête spirituelle du Mexique ; essai sur les méthodes et l'apostolat des ordres mendiants en Nouvelle Espagne de 1523-24 à 1572 ».

P. R.

Les « Sud-Américains à Paris ». — L'Office mondain du Sud-Américain (2, rue du Colonel-Moll, XVIIe, Tél. Galvani 35.21) vient d'éditer un ouvrage contenant toutes les indications concernant les relations France-Amérique latine : noms et adresses de tous nos hôtes de marque sud et centre-américains (résidant à Paris), renseignements divers sur les organismes parisiens latino-américains, mouvements maritimes France-Amérique du Sud, etc.. (L'Echo du Mexique, septembre 1931).

P, B.

Y aie Universily. — Dr. Edward Sapir, de l'Université de Chicago, est maintenant chef du Département de sciences sociales de Yale, et Sterling, professeur d'anthropologie et linguistique (El Palacio, novembre 1931).

P;B.

Prix Sylla Monségur.— Le prix Sylla Monségur 1931 a été attribué à Francis de Miomandre pour sa traduction des « Légendes du Guateniala » de Miguel. Angel Asturiâs;

P. B.

MACOK, PBOTAT FUGUES, IMPHIMEUnS. MCMXXXII,




— S, LINNÉ. Les recherches archéologiques de Nimuendajû au Brésil (1 carte, 6 fig., 2 planches). — R. LEHMANN-NITSCIIE, Le mot « gaucho », son origine gitane. — J. LOMBARD. Recherches sur les tribus indiennes qui occupaient le territoire de la Guyane française vers 1730 (d'après les documents de l'époque) (2 cartes). „— W. C. MACLEOD. The sullee. in Norlh America : ils antécédents and origin. —-'A. MÉTRAUX. Une découverte biologique des Indiens de l'Amérique du Sud : la décoloration artificielle des plumes sur.les oiseaux vivants

- (1 -carte). — E. C. PARSONS. Spirit cuit in HayLi.-— J. WILLIAMS. The Warau

' indians of Guiana and vocabulary of their language.

• , Tome XXI (1929), xxxi-556 p. .

J. de ANGULO et L. S. FREELAND. Notés on the-northern Paiute of California.— A. Irving HALLOWELL. The physical cliaracleristics of the Indians of Labrador. — Cestmir LOUKOTKA. Le Setà, un nouveau dialecte tupi. — A; MÉTRAUX. Les Indiens Waitaka. — George MONTANDON. Découverte d'un singe d'appa/ renée anthropoïde en .Aniérique du Sud. — Gui t NIMUENDAJÛ. Lingua sérénle ; Zur Sprache der Maué-Indianer. — Nociones sobre creencias, usos y costumbres de los Catîos del occidente de Anlioquia. — E. NORDENSKIÔLD. L'apiculture indienne ; Les rapports entre l'art, la religion et la magie chez les Indiens Cuna et Chocô, — Etienne B.'RENAUD. ElMorro, une page d'histoire surun rocher du Nouveau-Mexique. — C. G. RICKARDS. The ruins of Tlaloc, state of Mexico. — Marc de VILLIEES. La Louisiane, histoire dé son nom et de ses frontières successives (1.6S1-1819). •— Marc de VILUERS et P. RIVET. Deux vocabulaires inédits recueillis au Texas vers 1688. — James WILLIAMS. The Warau Indians of Guiana and vocabulary of their language (suite).

TOME XXII (f930), XLIV-543 p.

K. BIRKET-SMITII. Folk wanderings and culture drifls in northern Nôrth America (2 cartes). — C. H. DE GÔEJE., The inuer structureof the Warau language -of Guiana. — W: THALBITZER. Lés magiciens esquimaux, leurs conceptions du monde, de l'âme et de la vie (9 fig., 15 planches). —J; JIJÔN T CAAMANO. Unagran mareacultural eïiel.N. O. de Sud America (16 fig., 13 planches).— R. LEHMANN-NITSCHE.- Anciennes feuilles volantes de Buenos Aires ayant un caractère politique, rédigées en langues indigènes américaines. — R. d'HARcotmr. Technique dupoint de tricot à Nazca(l planche) ;—L'ocarina à cinq" sons dans l'Amérique préhispanique (6 planches). — E.'NeRDENSinÔLD. Huayru game (3 fig.). — E. NOG-CERA. Algunas caractérîslicas de la cerâmica de Mexico (21 fig., 5 planches). — G, NIMUENDAJÛ. Zur Sprache der Ku'ruàyaIndianer. —.S. RI-DEN. 'Unetêle-trophée de JNfasca(l planche). — F. J. Du val RICL. A. pacificaçào e idenlificaçâo das .afinidades linguisticas da tiibu Urubu, dos estados de Para e Maranhâo 1928-1929. :

TOME XXIII (1931), xxvui-606 p.

J. de ANGULO el L.S. FREELAND. The Lutuami language (Klamath-Modoc). •— J. de ANGULO et M. Béclard d'ÎÏARcouRT.- La musique des Indiens de la Californie du Nord (1 lig.', 1 carte). — R. DANGEL. Das Chinchaysuyu der Departamentos Huanuco-Ancash. — H.U. DOERING. Ein Analogon des'Zackenstab-Dàmons der Nasca-Malerei in JNÎeuseeland (10 fig.). ■— K.G. IziKOWITZ. Le tambour à membrane au Pérou (6 fig.) •— G. LOUKOTKA. Les Indiens Kukùra du rio Verde, Màtlo Grosso, Brésil. —- W. G. MACLEOD. Child sacrifice in Nôrth America," with a note on suttee (I carie). — R. RICARD. L'incorporation de l'Indien par l'École au Mexique (6 planches). — F.J. Duva) RICE. Short Aparai vocabulary. —J. VELLARD. Pétroglyphés de la région de l'Araguaya (9 fig.). — M. de VILLIERS. L'établissement de la province de la Louisiane avec les moeurs des sauvages, leurs danses, leurs religions, etc. Poème composé de 1728 à 1742 par Dumont de Montigny (18 fig., 1 planche). -^- Marquis de WAVRIN. L'ascension de Huayna Pichu (9 fig., 1 planche).

NOTA. — Chaque lame l'enferme, outre de nombreuses nouvelles américanistes, dus analyses des travaux récemment parus se rapportai)l aux éludes américaines, el.j depuis le lome XI, une bibliographie américaniste complète publiée sous la direction de M. P. Rivet.


JOURNAL

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SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES.

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rj- Koch-Gfùuberg (.Thepdpr): Wôrterlistën « tupy »," maué und purùborâ 31 ;„,Niniiuendaju-1(Curt). -Wortlisten^.ausv^maz'opien.;■,■-,. i .^:^.-V-^.'..ït^y^".^-^;...i>'ixvy\;( !''":;V-0^,.-'

Nordénslciôld: (ErJand)V La cdncéplion/de l'âme chez les Indiens Cuna-de : ; 7 .

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■;ii^àyriîi-^MWgMÎs-'-d'e).^-';'FbIk-io're/;^ :<ïï\:.'A%ïï

Actes de la Société (novembre .1931-jùfn .1932). ... .. . ^.;V:. :. ;;.;...;".....!'. - 179

Nécrologie :^V;Gënin^ v;.%Jv.;: ,,./■.,';..: ... .;.:;. ...;^. ■ 1^3

Mélanges el'nouvel les américanistes.. '£ .-.. "..--. .:v. ..-..-.--. :. ii:. . '.-'. .....:.,.> i;v. 187

:-.■■:' LesvcpmmUnications:: concernant fevrédaction et les; demandes d'adhésion:à

la Société doivèntiêtre adressées a M. P.: -Rivet,; secrétaire général, au siège de via .Spciéléy,6;f;.rpe:;dè,Rulte^

trésorier,' 138,; avenue: de Wagram, Paris (:17e).\ La Sociétéy,à un compte:dè

chèques/postaux:: Parîsvn 0 1394:97. ;*:;'■■•"''. ■ .'■■■.;_ ."'.;. :-;-...,.";: v:-■"'. - v : «;■-.

Cotisations : •

; Membres delà. Société résida nf en France.'. ... -.■'.". . .:.v: V. ■ • ■. 50 francs.

/^.MMèmJïres'';^^

Abonnement d'un an : .70 francs (p.our.'là France):; !80;jr.ancs.:(ppur l'étranger)-.;

■■v-' -:yi':; '.■v:^':V Bibliographie: améncànislë ■:: -25 ■.francs.;; ;':';'■'-vJ : /. ::.■■;.;;;;v

:v-vLa; jSoçié.té^ppssédant

épùisésàyàif l'été; r'éiiripriùiés éii; fac-similé, est e -les demandés/quiIul::,serniérit;adresséés.-'' -:--:• ' ■'■"■■ .:'■■ ':-'Ki-.::.■' v^'L

' La"collection complète(l'?:^ ëst:vendue::;2j47Ôfrï

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WACO.N,,riipT.AT..FiVÏ^HKSv:vlMl,lUwniIilS.' .—- ÏUCMXXXII. .