QUESTIONS DIPLOMATIQUES ET COLONIALES
LA QUESTION AGRAIRE EN ALGÉRIE
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L'attention s'est portée en Algérie, depuis quelques années, sur la tendance manifestée par un certain nombre de tribus indigènes à aliéner leurs terres au profit d'Européens et d'Israélites par voie de ventes volontaires ou judiciaires, sans se réserver pour elles-mêmes des étendues suffisantes et des moyens d'existence réguliers. Des rapports particulièrement inquiétants furent envoyés par plusieurs administrateurs; le Gouvernement général s'en émut, et créa pour étudier la question une Commission spéciale, dite Commission de protection de la propriété indigène. Celle-ci fit procéder à une enquête auprès des diverses autorités algériennes, pour se rendre compte de l'étendue du mal signalé et rechercher les moyens propres à y porter remède. Nous nous proposons d'indiquer ici, en résumant les principaux faits révélés par cette enquête, comment se pose la question agraire en Algérie.
Cet ordre de problèmes n'est pas nouveau pour les lecteurs de la Revue : ils n'ont pas oublié la savante étude de M. Usborne sur la question agraire dans le Pendjab 1 et la discussion du rapport de M. Anton à la session de la Haye de l'Institut colonial 2. Les mêmes questions se sont posées dans diverses colonies: des bouleversements économiques inévitables se produisent lorsque le peuple conquérant introduit sans ménagements suffisants le régime de liberté des transactions et de libre disposition du sol usité dans les métropoles européennes. Les petits propriétaires indigènes souffrent de ces change-.
1 C.-F. USBORNE : La Question agraire dans le Pendjab (Quest. Diplom. et Colon., 1er avril 1901, t. XI, pp. 387 et suivantes).
2 C. NOUFFLARD : L'Instilut colonial international et la session de la Haye (Quest. Diplom. et Colon., 1er juillet 1901, t. XII, pp. 31 et suivantes).
QUEST. DIPL. ET COL. — T. XII. — N° 115. — 1er DÉCEMBRE 1901. 41