QUESTIONS DIPLOMATIQUES ET COLONIALES
LE CONFLIT FRANCO-TURC
Le 5 novembre dernier, une division navale française se présentait devant l'île de Mytilène ; le lendemain les compagnies de débarquement du Gaulois et du Gharlemagne prenaient possession, d'ailleurs sans coup férir, du bureau de douane de Metelin ; depuis 1860, c'était la première fois que nos troupes faisaient acte de force sur le sol impérial.
Tandis que les détails nous parvenaient de cette opération paisible, exécutée comme administrativement, au milieu de populations indifférentes et étonnées, on échappait mal à la hantise de cette autre arrivée d'une flotte française, portant à Beyrouth les deux divisions du général d'Hautpoul, aux pieds du Liban en flammes que nos armes allaient protéger, et dans la joie bruyante d'un peuple meurtri qui saluait ses sauveurs.
Lumière fâcheuse pour juger des actes de l'amiral Caillard; les gestes s'y étriquent, les tailles semblent rapetissées et ces visages de soldats prennent des airs de recors.
Disons tout de suite qu'elle est fausse; il n'est pas vrai que le gouvernement ail rompu avec le Sultan pour assurer à une société financière ses dividendes menacés ; il n'est pas vrai que l'escadre soit sortie de Toulon dans le but de faire rembourser à de demiFrançais des créances douteuses. Pour servir dans un conflit médiocrement glorieux, nos marins n'en servent pas moins les mêmes intérêts que leurs anciens, n'en défendent pas moins indirectement les mêmes droits et si le gouvernement a été acculé à la rupture sur un sujet à première vue un peu ingrat, il serait injuste de dire que la diplomatie française a changé en Orient de direction et de principes.
C'est qu'en effet, sous son apparente complexité, notre politique ottomane est peut-être, dans l'ensemble de nos relations extérieures,' QUEST. DIPL. ET COL. — T. XII. — N° 114. — 15 NOVEMBRE 1901. 37