QUESTIONS
DIPLOMATIQUES ET COLONIALES
LES CHEMINS DE FER TUNISIENS
DEVANT LE PARLEMENT 1
Le résultat le plus direct et peut-être le plus heureux de l'interpellation de M. Berthelot discutée à la Chambre dans les séances des 8 et 15 février dernier a été de soumettre au contrôle du Parlement la création des lignes de chemin de fer à construire en Tunisie. Certains écrivains ont déploré un pareil résultat. Ils y voyaient une atteinte grave au régime du protectorat et ils gémissaient sur la lenteur des discussions parlementaires qui ajournerait indéfiniment l'exécution de travaux indispensables au développement du pays. Ils oubliaient que la métropole est au premier chef intéressée à surveiller les concessions accordées, soit au point de vue financier, soit au point de vue de la défense nationale. Car, même en admettant que la Tunisie ne réclame pas le concours financier de la métropole, il n'en est pas moins vrai que la construction de certaines lignes pourrait avoir la plus fâcheuse répercussion sur les lignes auxquelles l'État assure la garantie d'intérêts.
De plus, au milieu des compétitions multiples des centres tunisiens, l'intérêt de la métropole se trouvait absolument noyé. Le contrôle parlementaire assurera sa sauvegarde. Par lui la question sera haussée jusqu'à l'intérêt national et en même temps on pourra présenter un plan d'ensemble sans être obligé de se laisser guider par de simples intérêts de clocher.
1 Voir, sur le même sujet, JEAN DESGARENNES : Les chemins de fer en Tunisie (Quest. Diplom. et Colon., 15 mai, 1er juin et 1er juillet 1900, t. IX, pp. 593 et 670; t. X, p. 25).
QUEST. DIPL. ET COL. T. XII. — N° 113. — 15 OCTOBRE 1901. 29