QUESTIONS DIPLOMATIQUES ET COLONIALES
LA MACÉDOINE ET SES HABITANTS
L'opinion publique européenne, attirée par les problèmes politiques qui se sont posés au cours des dernières années sur de lointains théâtres, aux Antilles, aux Philippines, dans l'Afrique du Sud et en Extrême-Orient, semble ne plus porter qu'une attention distraite aux questions qui s'agitent sur l'ancien continent. Il y a si longtemps qu'on voit, malgré bien des à-coups, la Turquie continuer à vivre sous un régime donnant l'impression du provisoire, qu'il s'est produit une sorte d'état général d'indifférence à l'égard de la question d'Orient, où l'on semble ne plus apercevoir de menace prochaine pour le maintien de la paix.
Il faut sans doute attribuer en grande partie cet heureux résultat à l'entente, ou plutôt à l'espèce de trêve diplomatique qui s'est établie depuis plus de trois ans, à l'égard de ces régions, entre les deux puissances dont la rivalité y offrait le plus d'acuité et de danger. L'empereur François-Joseph, suffisamment absorbé par les affaires intérieures de sa monarchie, et le tsar Nicolas, qui, sans doute, fixait déjà toute son attention vers l'Extrême-Orient, ont rendu en 1897 un grand service à l'Europe en se mettant d'accord pour se tenir à l'écart des luttes traditionnelles des partis austrophile et russophile dans les petits États balkaniques et pour faire comprendre aux hommes politiques de ces Etats que, loin d'entraîner avec eux de grands empires dans les aventures qu'il leur plairait de courir, ils devraient en supporter seuls les risques et les frais.
Ainsi se sont trouvées écartées, au moins provisoirement, les craintes de complications générales auxquelles les rivalités des petits peuples des Balkans peuvent exposer l'Europe ; mais ces rivalités elles-mêmes subsistent, et, quel qu'en puisse être le contrecoup plus ou moins prochain, il est intéressant de les suivre sur le théâtre où elles sont le plus ardentes : nous voulons parler des provinces macédoniennes, toujours sous la domination du Sultan, mais QUEST. DIPL. ET COL — T. XII. — N° 107. — 1er AOUT 1901. 9