QUESTIONS DIPLOMATIQUES ET COLONIALES
LE HAVRE ET LE COMMERCE MARITIME
DE LA FRANCE
Nous avons la bonne fortune de donner aujourd'hui à nos lecteurs la conférence que M. G. Hanotaux vient de faire au Havre, à la prière de la Société de Géographie commerciale de cette ville. Nos lecteurs apprécieront comme il convient ces pages éloquentes de l'éminent écrivain, qui veut bien assurer à l'avenir son concours aux Questions Diplomatiques et Coloniales.
L'histoire du Havre n'est rien autre chose qu'une perpétuelle manifestation d'énergie. La ville est née d'une volonté calculée; elle a périclité chaque fois que cette volonté a fléchi; elle a repris son élan toutes les fois que la nation est redevenue consciente de ses forces et de sa grandeur.
On a dit déjà que la civilisation a passé par trois phases ; elle se développe d'abord sur le cours des fleuves : c'est la phase potamique; elle gagne ensuite les mers intérieures: c'est la phase thalassique; elle se porte enfin vers les grandes mers qui baignent de leurs flots les continents : c'est la phase océanique.
La fondation du Havre marque, en France, l'avènement de la troisième de ces périodes. Quand Vasco de Gama eut doublé le cap de Bonne-Espérance et que Christophe Colomb, à la suite des marins du Nord, eut découvert l'Amérique, la France, assise sur les deux mers, comprit que son rôle ne pouvait pas se borner à ses destinées méditerranéennes. Elle chercha, sur l'Océan, les points d'où, suivant la nouvelle évolution de la géographie, elle pouvait s'élancer vers les horizons nouveaux. Successivement, elle essaya, si je puis dire, les divers endroits de nos côtes qui paraissaient les plus favorables à ses ambitions nouvelles : Brouage, Lorient, Brest, Rochefort. Parmi ces tentatives, les unes réussirent, les autres échouèrent; QUEST. DIPL. ET COL. — T. X. — N° 91. — 1er DÉCEMBRE 1900. 42