QUESTIONS
DIPLOMATIQUES ET COLONIALES
L'ALGÉRIE ET LE GOUVERNEMENT DE M. LAFERRIÈRE
Pour la troisième fois en quatre ans le gouvernement général de l'Algérie vient de changer de titulaire. M. Laferrière, qui, par dessus l'intérim si court et si troublé de M. Lépine, l'avait reçu des mains de M. Cambon, a exprimé le désir d'en être déchargé, et tandis qu'il reprend dans les hautes fonctions de Procureur Général à la Cour de Cassation une carrière juridique interrompue seulement par cette mission patriotique, c'est à M. Jonnart qu'échoit la responsabilité sinon parlementaire, du moins morale et historique, de notre première colonie.
C'est une tâche très belle et très lourde ; et il apparaît vite qu'elle l'est également, si l'on remarque qu'elle a tenté les plus hautes bonnes volontés et les a lassées pareillement. Ce n'est d'ailleurs pas le lieu de rechercher pourquoi ces changements certainement précipités, ni l'instant de souhaiter au nouveau gouverneur de lutter sans fatigue contre des difficultés qu'il connaît et qu'il est de taille à surmonter.
Il peut être plus intéressant, au moment où la colonie change de mains, de jeter un coup d'oeil rapide sur les manifestations marquantes du dernier gouvernement, de dégager les directions qui ont présidé à la conduite des grandes affaires et de se demander à quelles idées d'ordre général, à quel plan d'ensemble elles remontent.
C'est à pied d'oeuvre, en juillet 1898, qu'il faut se placer pour en
bien juger. QUEST. DIPL. ET COL. — T. s. — N° 88 bis. — 15 OCTOBRE 1900. 33