QUESTIONS DIPLOMATIQUES ET COLONIALES
MARSEILLE ET LÀ COLONISATION FRANÇAISE 1
II
LES INDUSTRIES DE MARSEILLE ET LES COLONIES
Les ports, grands entrepôts de matières premières, ont des facilités particulières pour devenir des centres industriels. Cependant, aucun document n'indique que, jusqu'au milieu du Moyen-Age, les Marseillais se soient adonnés à l'industrie en même temps qu'à la navigation et au commerce. Mais, dès le début des temps modernes, il est fait mention de leurs manufactures, dont l'importance n'a cessé de grandir jusqu'à l'époque actuelle. L'origine de celles-ci s'explique par le commerce qu'ils faisaient avec leurs colonies commerciales du Levant et de Barbarie : les tanneries, la plus ancienne industrie signalée à Marseille, travaillaient les peaux achetées en Egypte et en Barbarie; les savonneries, qui existaient déjà au XVIe siècle, employaient les huiles de Candie et de l'Archipel et les soudes de Saint-Jean-d'Acre et de Tripoli ; la taille du corail rapporté du Bastion de France excitait la curiosité des étrangers de passage.
Grâce à la franchise du port qui permettait de recevoir sans frais les matières premières et de réexpédier sans aucune difficulté les produits fabriqués, une série d'autres industries avaient été établies à une époque indéterminée, probablement dans le courant du XVIe siècle, à l'époque du grand essor du commerce du Levant : les laines du Levant servaient à alimenter les fabriques de bonnets qui occupaient plusieurs milliers d'artisans ; les laines et les poils de chameaux étaient employés par 6.000 ouvriers ou ouvrières à la confection des chapeaux ; les teintureries avaient une telle renommée
1 Voir Quest. Dipl. et Col. du 1er août, t. IX, p. 129.
QUEST. DIPL. ET GOL. — T. X. — N° 86. — 15 SEPTEMBRE 1900. 21