QUESTIONS
DIPLOMATIQUES ET COLONIALES
L'INSURRECTION DES BOXEURS
ET
LA POLITIQUE DE LA FRANCE EN CHINE
Les troubles les plus graves ont récemment éclaté en Chine. Des révoltés connus sous le nom de Boxeurs ont fait leur apparition dans le Chang-toung et se sont répandus dans le Tchi-li. Ils ont attaqué Tien-tsin, ont coupé les chemins de fer et les télégraphes, ont menacé Pékin. Quelques Européens ont été tués ; la vie de la plupart des résidents blancs, ministres, fonctionnaires ou commerçants qui se trouvent dans ces régions court les plus grands dangers. D'un jour à l'autre on peut s'attendre à une catastrophe.
L'attitude du gouvernement chinois en présence de cette révolte a semblé plus que louche. Le général Nieh, envoyé contre les rebelles, a été désavoué. Dans ces circonstances, les puissances civilisées se sont mises d'accord pour réunir d'abord les troupes dont elles pouvaient disposer sur le théâtre des événements, pour les grossir ensuite par l'envoi de nouveaux contingents contre l'ennemi commun.
Telle est la situation actuelle. Il serait oiseux d'entreprendre déjà, sans plus ample information, le récit de ce qui se passe à quelques milliers de kilomètres de nous, et de vouloir anticiper sur un chapitre d'histoire qui s'écrit en ce moment à l'extrémité de l'ancien continent, et dont la conclusion nous est encore inconnue. Au moment où je prends la plume, le coeur serré à la pensée de ce que cet inconnu peut réserver aux serviteurs de la France, et aux Européens qui, enfermés dans Pékin, défendent le pavillon de leur pays, je veux que ce soit d'abord pour leur envoyer mon profond hommage.
Il n'est plus temps de chercher dans une critique du passé un remède au mal qui vient de frapper l'ancien monde. Aussi bien n'estce pas l'histoire d'événements en cours que je prétends faire, ni des QUEST. DIPL. ET COL. — T. X. — N° 82. — 15 JUILLET 1900. 5