QUESTIONS DIPLOMATIQUES ET COLONIALES
ALSACE-LORRAINE 1
HISTOIRE ET ÉTAT DES PARTIS
En 1871, quand le traité de mai eut été signé à Francfort, ceux des Alsaciens-Lorrains qui n'avaient pas pu ou pas voulu quitter les régions annexées se trouvèrent seuls, face à face avec le gouvernement et l'administration des vainqueurs.
Ce fut d'abord une lutte farouche, intransigeante. Les Alsaciens-Lorrains avaient été livrés purement et simplement, sans conditions : ils étaient les vaincus conquis. Tous les droits et toutes les libertés, — liberté de la presse, droit d'association, droit de réunion, —leur furent retirés. Le silence et l'ordre régnèrent.
En 1874, les Alsaciens-Lorrains furent appelés à nommer quinze députés au Reichstag de l'Empire.
Un parti autonomiste chercha à se constituer et à faire élire ses chefs. Trois ans après l'annexion, alors qu'il était impossible de prévoir ce que serait l'avenir et ce que tenterait ou ne tenterait pas la France, les autonomistes, sans avoir lutté, renonçaient à critiquer le traité de Francfort. Ils demandaient seulement que l'Alsace-Lorraine ait la situation la meilleure possible dans le jeune empire allemand. —Les candidats autonomistes furent partout battus.
Quinze députés partirent pour Berlin avec le mandat de protester contre l'annexion. Ces protestataires ont personnifié l'Alsace-Lorraine pendant toute la première partie de son histoire, la partie héroïque.
Les quinze députés alsaciens-lorrains signèrent et demandèrent à discuter devant le Reichstag la motion suivante :
Plaise au Reichstag décider que les populations d'Alsace et de Lorraine qui, sans avoir été consultées, ont été annexées à l'Empire germanique
1 Voir Quest. Dipl. et Col., 1er février 1904 : La Question d'Alsace-Lorraine. QUEST. DIPL. ET COL. — T. XVII. — N° 170. — 16 MARS 1904. 26