QUESTIONS DIPLOMATIQUES ET COLONIALES
LA SITUATION EN EXTREME-ORIENT
LES FAITS ET LES PERSPECTIVES
Jusqu'ici rien ne permet de croire que le conflit extrêmeoriental doive amener les complications qu'on en pourrait craindre. La neutralité des tierces puissances est réelle. Les hostilités ne prennent d'ailleurs pas la tournure qui pourrait faire redouter des interventions de puissances occidentales. Le Japon n'est pas écrasé, tant s'en faut. L'Angleterre n'a donc pas à envisager l'hypothèse dont parlaient certains de ses journaux en disant qu'elle devrait protéger ses alliés contre un désastre. Satisfaite, mais peut-être aussi portée à la réflexion en apprenant les succès des Japonais, elle se montre, par ses journaux, un peu moins aigre qu'avant l'ouverture des hostilités. La période où l'on pourrait faire appel à l'alliance anglojaponaise, et par contre-coup, à l'alliance franco-russe, est donc encore éloignée, en admettant même qu'elle doive jamais s'ouvrir.
Peut-être même des événements se produiront-ils qui retourneront, pour ainsi dire, les préoccupations et les opinions de certains des tiers. Le péril à craindre, en ce moment, n'est pas celui qui pouvait naître d'une défaite trop complète du Japon, mais bien celui qui risque de sortir de sa victoire. Il n'est pas contestable que jusqu'ici le Japon a l'avantage et qu'il l'a tout particulièrement aux yeux des Extrême-Orientaux. Il a occupé presque toute la Corée sans que la Russie fût préparée à lui faire la moindre opposition. Il bloque la flotte russe à PortArthur ; il a de son côté pour ainsi dire tout le mordant de la guerre. Et le Japon ne perd pas une si belle occasion de pousser la propagande asiatique que certaines puissances européennes
QtffiST. DIPL. ET COL. — T. XVII. — N° 169. — 1er MARE 1904. 20