déré dans notre calcul, et l'on pourra se faire une idée de l'immense utilité d'une telle collection, qui offrirait en un seul corps des ouvrages que les géomètres sont si souvent obligés de consulter, et que cependant il est si rare de trouver réunis, même dans les grandes bibliothèques. Si, pour hâter une publication destinée à faire tant d'honneur au gouvernement qui l'entreprendra, il était nécessaire d'ajouter un illustre suffrage à un si grand nom nous rappellerions que Laplace lui-même, qui pourtant n'avait pas pris, dans ses écrits, pour modèle le célèbre géomètre de Bâle, ne cessait de répéter aux jeunes mathématiciens ces paroles mémorables que nous avons entendues de sa propre bouche Lisez Euler, lisez Euler, c'est notre maître à tous.
Nous ignorons quel sera le plan de publication qu'adoptera l'Académie de Saint-Pétersbourg, appelée naturellement à présider à la réalisation de ce projet si libéralement conçu par le gouvernement russe. Nous prendrons cependant la liberté de reproduire à ce sujet le vœu que nous avions déjà formé à propos de la correspondance imprimée d'Euler. Le public s'attend à la publication des œuvres complètes d'Euler, et il serait bien frustré dans ses espérances, si, au lieu de lui présenter intégralement les écrits de ce géomètre célèbre, on lui donnait encore, comme on l'a déjà fait quelquefois, des pièces tronquées ou des extraits. Tout est digne de remarque dans les productions d'un esprit aussi élevé, et l'on ne comprendrait pas que, dans des vues d'économie ou dans tout autre but, on se refusât à faire connaître au public les travaux d'Euler tels qu'il les a rédigés, d'autant plus que l'auteur lui-même a pour ainsi dire protesté d'avance contre un mode de publication qui aurait pour effet d'effacer ou même d'affaiblir les traces de la marche suivie par son esprit dans l'étude d'une question quelconque. On sait en effet que, dans certains cas, Euler, s'étant trompé d'abord et ayant fait fausse route, a voulu exposer exactement au public sa première erreur, et ne l'a rectifiée qu'après avoir déclaré, avec autant de modestie que de raison, qu'il ne croyait pas inutile d'avertir par cet exemple les jeunes géomètres qu'on ne devait pas se fier trop facilement à un premier aperçu.
Un autre point qu'il faudra nécessairement discuter avant de commencer l'impression de ce grand recueil, c'est celui de savoir dans quel ordre on disposera les écrits si nombreux et si variés d'Euler. Dans le premier volume des lettres de cet illustre géomètre, que M. Fuss a publiées, on trouve une liste détaillée de tous les écrits d'Euler. Dans cette liste les divers mémoires sont classés méthodiquemeni, sous différents chapitres qui portent successivement pour titre