302 PENSÉES DE PASCAL
VIII. *— Unité, multitude. — En considérant l'Église comme unité, le pape quelconque est le chef, est comme tout. En la considérant comme multitude, le pape n'en est qu'une partie.
Les Pères l'ont considérée tantôt en une manière, tantôt en l'autre.
Et ainsi ont parlé diversement du pape.
Saint Cyprien. Sacerdos Dot.,
Mais en établissant Une de ces deux vérités, ils n'ont pas exclu l'autre.
La multitude qui ne se réduit pas à l'unité est confusion; l'unité qui ne dépend pas de la multitude est tyrannie.
IX. — On aime la sûreté. On aime que le pape soil infaillible en la foi, et que les docteurs graves le soient dans les moeurs, afin d'avoir son assurance.
X. — Il ne faut pas juger de ce qu'est le pape par quelques paroles des Pères (comme disaient les Grecs dans un concile, règle importante!), mais par les actions de l'Eglise et des Pères, par les canons.
XI- — Le pape est premier. Quel autre est connu de tous ? Quel autre est reconnu de tous ? ayant pouvoir d'influer par tout, le corps, parce qu'il tient la maîtresse brandie, qui influe partout.
Qu'il était aisé de faire dégénérer cela en tyrannie ! C'est pourquoi Jésus-Christ leur a posé ce précepte : Vos aulem non sic.
XII. - La, manière dont l'Église a subsisté est que 1» vérité a été sans contestation ; ou si elle a été contestée, il y a eu le pape, et sinon il y a eu l'Église.
XIII. — L'Église enseigne et Dieu inspire : l'un ej l'autre infailliblement. L'opération de l'Église ne sert qua préparer à la grâce ou à la condamnation. Ce qu'elle fa 1' suffit pour condamner, non pour inspirer.