II. — LE LIVRE DES PENSEES XXXIII
ment qu'on exige, quand il s'agit, non plus d'un simple amas de fragments, mais d'un ensemble ou d'un livre qui ne vienne pas heurter, à, tout moment, le sentiment littéraire du lecteur.
Ou bien enfin, avec un plan et un ordre rigoureusement maintenus, une telle abondance de détails, des divisions si nombreuses, des chapitres si disproportionnés au texte; et trop souvent aussi la suite même du discours si violemment rompue par le mélange de ce que nous avons appelé la poussière des pensées, qu'on se retrouve, par une voie opposée, en face des mêmes ôceuils qu'on voulait éviter.
Et maintenant, comment éviter ces écueils '? Comment échapper à ces inconvénients ? Gomment entreprendre, une fois de plus, la solution d'un problème déjà tant de fois remué par des juges si compétents, par tant et de si éminents esprits ?
Tout d'abord, hâtons nous de le dire, la recherche d'une solution parfaitement satisfaisante serait un non sens et une témérité. Une telle solution est impossible. Tout ce qu'on peut tenter, c'est, qu'on nous passe le mot, une approximation : tout ce qu'on peut espérer, c'est, en s'éclairanl des travaux dotant d'illustres devanciers, d'éviter quelques-uns au moins des inconvénients cl des obstacles qu'ils ont rencontrés sur leur chemin.
Ici se présentent, dès l'abord, deux grandes difficultés : d'une part, les exigences du plan ; d'autre part, l'insuffisance et l'inextricable confusion de ce qui nous reste des Pensées. Si on laisse le plan, on tombe dans l'arbitraire ; ■si on s'en tient au manuscrit, on tombe dans le chaos ; si on veut appliquer le plan dans toute sa rigueur, on ne rencontre trop souvent que le vide.
Gela étant, il ne reste qu'un moyen, ce nous semble, d'éviter ce triple écueil, et d'arriver a. une solution, au moins approximative, du problème, et voici comment il doit s'entendre. x
Maintenir et accuser, dans tout son relief, l'unité et le caractère apologétique qui était le but, le dessein et l'idée mère de l'auteur.