CLXXXVIH PENSÉES DE PASCAL
trait, l'histoire toute entière travaillera sans le savoir, pour la gloire de l'Evangile, son apologétique, comme la cause qu'elle défend, ne fait vraiment pas mauvaise figure devant le forum de la science contemporaine !
Toute apologétique serait incomplète si elle se contentait de définir et de justifier l'idée religieuse ; elle doit en quelque sorte prendre l'offensive, faire voir que la conception chrétienne est le remède et le correctif aux déviations et aux lacunes de l'évolution intellectuelle d'une époque. — Notre siècle a oscillé tour à tour entre les deux pôles extrêmes de l'exaltation démesurée et de la désespérance énervante delà raison. A l'une et à l'autre de ces deux maladies de l'entendement, l'esprit de Pascal indique et suggère l'antidote.
A l'enconlre des orgueilleuses exagérations du dogmatisme scientifique ou philosophique qui prétend se passer de Dieu et du Dieu des chrétiens, les impitoyables et éloquentes invectives des Pensées conservent leur vigueur el. leur vérité. Quelle que soit leur véhémence et souvent même leur expression excessive, elles sont trop profondément appuyées sur l'analyse intime de notre nature, pour ne point rappeler les prétentions injustifiées du rationalisme au sentiment des infranchissables limites, que leur trace leur fond même de l'être humain : pour ne point, dans une large mesure, « rabattre cette vanité » et « abaisser la superbe » d'une raison, à laquelle ses impuissances donnent une légitime leçon d'humilité dans la connaissance exacte d'elle-même.
Mais par là même, Pascal ne conlribue-l-il pas, pour sa part, à aigrir ce mal cle la désespérance dont souffre surtout la pensée contemporaine? — Il y a presque un paradoxe à voir en lui un adversaire du scepticisme, et cependant nous croyons que peu de livres, mieux que les Pensées,sontfaits pour marquer la digue qui sauvegarde la. puissance essentielle et " légitime cle notre faculté d'entendement.
La doctrine de la désespérance de la raison s'est affirmée, en notre siècle sous une triple forme : brutalement