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Titre : Bulletin de la Société d'études scientifiques de l'Aude

Auteur : Société d'études scientifiques de l'Aude. Auteur du texte

Éditeur : Société d'études scientifiques de l'Aude (Carcassonne)

Date d'édition : 1926

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327238873

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327238873/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 15947

Description : 1926

Description : 1926 (A36,T30).

Description : Collection numérique : Fonds régional : Languedoc-Roussillon

Description : Collection numérique : Collections de Montpellier Méditerranée Métropole

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k57192592

Source : Bibliothèque nationale de France, département Sciences et techniques, 8-S-6742

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 17/01/2011

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BULLETIN

DE LA

SOCIETE D'ETUDES SCIENTIFIQUES

DE L'AUDE

36e et 37e ANNEES TOME XXX

CARCASSONNE

Louis BONNAFOUS, Imprimeur de la Société

50, RUE DE LA MAIRIE 30

1926


BULLETIN

DELA

SOCIETE D'ETUDES SCIENTIFIQUES

DE L'AUDE



BULLETIN

DE LA

SOCIETE D'ETUDE SCIENETIFIQUES

DE L'AUDE

TRENTE-SIXIEME ANNEE TOME XXX

CARCASSONNE Louis BONNAFOUS, Imprimeur de la Société 50, RUE DE LA MAIRIE 30

1826


ART. 40 DU REGLEMENT. — La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions ou assertions émises par 1rs auteurs des articles insérés dans son Bulletin ou des Communications faites en séance, mémo- si elles n'ont été suivies d'aucune discussion.


PREMIERE PARTIE

Listes des Membres. - Séances de 1024



MEMBRES FONDATEURS

DE LA

SOCIÉTÉ D'ÉTUDES SCIENTIFIQUES DE L'AUDE

ALIEU (François), archiviste. AMIG'UES (Adolphe), notaire. AUGÈRES (Victor), instituteur. AURIOL (Adrien), professeur d'agr. AYROLLES (Aimé), propriétaire. BAICHÈRE (l'abbé Ed.), professeur. BARRE (Léopold), propriétaire. BÉDOS (Philippe), 'professeur. BENEAUSSE (Maurice), instituteur. BERGASSE (Marius), propriétaire. BONNAVES (l'abbé Sylvain), curé. BOORREL (Charles), _Dr médecin. BRU (Fernand), botaniste. GÀMBON (l'abbé Léon), professeur. CANAL (l'abbé Pierre), professeur. CASTEL (Pierre), ingénieur. GHARTIER (Louis), naturaliste. COMBES (l'abbé G.), 'professeur. DAT DE ST-FODLC (Ch.), rentier. DONNAREL (François), instituteur. DONNAT (Hippolytej, professeur. DOMONT (Joseph), horticulteur. FLEUREAU (Alphonse), professeur. GARY (Léopold), propriétaire. GASTINE (l'abbé M.), professeur. , GAUTIER (Gaston), botaniste. GAVOV (Louis), entomologiste. GAZEL (l'abbé Lucien), professeur. GLORIES (Emile), rentier. JALOUX (Adrien), ■propriétaire.

JEAN (Joseph), propriétaire. JOLLIAN (Ch.-Gabriel), étudiant. JOULIA (l'abbé J.), Sup.duP.Sém. LIGNON (Alban), instituteur. MAHOUX (l'abbé Casimir), curé. MÀLRRET (Bernard), photographe. MARIEU (Charles), propriétaire. MARY (Ulysse), propriétaire. MAUREL (Oscar), instituteur. MITTOU (l'abbé Georges), profess. MOLINIER (Jean), instituteur. MONTÉS (P.), anc. chef d'institon. MOULA (Paul), Dr médecin. MULLOT (Henri), propriétaire. NAVALS (Albert), iiistituteur. NOYER (Joseph), botaniste. PÉRIÉ (Auguste), instituteur. PETIT (Abel), Dr médecin. PILLOT (E.), garde gén. des forêts. PONS (l'abbé Camille), professeur* PRATX (l'abbé Aug.), professeur. •RANCOOLE (l'abbé J.-B.), profess. REBELLE (Guillaume), négociant. RESPAUD (Auguste), instituteur. ROUSTAN (Désiré), étudiant. SIGARD (Germain), propriétaire SOL (Paul), journaliste. SOURBIEU (Ed.), conchyliologiste. : VIGUIER- (Laurent), étudiant. VÉZIAT (Auguste), chef d'instit0*



ÉTAT DES MEMBRES

DE LA SOCIÉTÉ D'ÉTUDES SCIENTIFIQUES DE L'AUDE

Au 31 Décembre 1925 .

Membres liés

M. le Préfet du départenient de l'Aude, M. le Maire de Cariaassoune. M. l'Inspecteurd'Acadéirnie,.

Membres honoraires

MM.

BRESSON. (A.), Préparateur de géologie à la Faculté des

Sciences de Besançon (Doubs). CAREZ (Léon). Docteur es-sciences, 18., rue Hameliii, à

Paris, Géologue. CHALANDE (Jules)., 28. rue des Paradoux, a Toulouse;,

Herpétologue. DEPÉRET (Ch.), Membre de l'Institut, Doyen de la Faculté

des Sciences de Lyon. : DONCIEUS (L.), Professeur à la Faculté des. Sciences die

Lyon. FIAHAULT (Charles), Membre de l'Institut, Professeur à la:

Faculté des Sciences, à Montpellier (Hérault), FLEUREATJ (Alphonse), Proviseur au lypée. à Toulouse, DE GROSSOUVRE, Ingénieur en chef des Mines, a Bourges. JANET (Charles), Ingénieur des Arts et Manufactures, à

Voisinlieu, pjar Allonne (Oise). LAMBERT (J.), Président honoraire du Tribunal civil, a

Troyes, LEMODOE (Paul), professeur de géologie au Muséum National

d'histoire naturelle-


— XII —

MARTONNE. (de), Professeur à la Sorbonne.

MEUNIER, (Stanislas), Professeur honoraire de Géologie au

Muséum d'Histoire naturelle, 3, Quai Voltaire, à Paris. ROUSSEL (J.), Docteur ès-sciences. Professeur au Collège,

5, chemin de Velours, à Meaux. SABATIER (Paul), Membre de llnstitut, Doyen de la Faculté

des Sciences, à Toulouse. VIGUIER (Maurice), Docteur ès-sciences. à Carpentrag

(Vaucluse). VIRÉ (Armand), 8, rue Lagarde, à Paris.

Membres donateurs

MM:

BORIES (Guillaume), à Fabrezan.

BOURREL (Docteur), Les héritiers.

GOURRENT (Docteur), 20, rue des Trois-Couronnes, Carcass.

CRÉBASSOL (Henri), rue du Rempart St-Etienne, Toulouse.

DAVID (Léo), professeur au Collège de Libourne (Gironde).

DON DE CÉPIAN (Maurice). Propriétaire, à Villemoustaussou,

Villemoustaussou, (Capitaine), Lés héritiers. ESPARSEIL (Raymond), à Carcassonne). FAGES (Antoine), à Pennautier. LANOIR (Georges) , Inspecteur des forêts, à Djidjelli

(Algérie). SARDA (Jules), Propriétaire, Château de la Rouquette,

par Lasbordes (Aude). SICARD (Germain), Château de Rivière près Gaunes.

Membres titulaires

au SI Décembre 1925 (L'astérisque indique les. Membres fondateurs)

MM. 1922 AMIEL (Jean), Libraire, à Carcassonne. 1922 AMIGUES (Albert), Notaire, r. du Marché, Carcassonne.


XIII —

1900 AZÉMA-(Jules), Conseiller général, St-Nazaire.

1910 AZÉMA (Lucien), Entrepreneur de Menuiserie, i32,

rue de Lorraine, à Carcassonne. 1923 ALLARY (Joseph); Rue Antoine-Marty, Carcassonne. 1923 AUTHIER (Pierre), Entrepr. de défonçages, Cazilhac.

1923 ALBAREL, Docteur, 5, Rue du Lieut.-Colon. Deynes,

Narbonne (Audey.

1924 AUGE (Louis), Sté Mérid., Usson-les-Bains (Ariège). 1923 ARIBAUD (Bernard), instituteur honoraire, rue Denisse,

Denisse, Carcassonne.

1919 BADES (Louis), Contrôleur des Pos'.es au Bureau des chèques postaux, 8, rue Périgord, à Toulouse.

1925 BALMES (Louis), I6, rue Antoine-Marty,. Carcassonne.

1911 BAQUIÉ (Georges), Géologue, à Nissan (Hérault),

1913 BARBAZA(Auguste) Conseiller général, Capendu. 1895 BARBUT (Georges), Ch. I, p, I.P., Professeur d'Agriculture, rue de la Liberté, à Carcassonne.

1914 BARTHE, Chef du Contentieux et titres à la Société Méridionale d'Electricité, rue Pierre Germain, à Carcassonne.

1899 BATUT (Raoul). Ingénieur agronome, à Enlaure par Labruguière (Tarn).

1921 BONCOMPAIRE (Maurice), Directeur de l'Usine à chaux du Cammazon, Cennes-Monestiès.

1920 BONNAFOUS (Louis). Imprimeur, à Carcassonne.

1889*BONNAVES (l'abbé Sylvain). Aumônier des Soeurs de Gluny, à Limoux.

1893 BORIES (Guillaume), ^Géologue, à Fabrezan.

1911 BORREL (Julien), Entrepreneur, rue du Mail, à Carcassonne.

1891 BUGNARD (Léon). Peintre décorateur, rue du Quatre-Septembre. à Carcassonne.

1891 BUSCAIL (Louis). Propriétaire, Boulevard Orner_

Orner_ à Carcassonne.


— XIV

1922 BUTEL, Professeur au Lycée, à Carcassonne.

19.23- BRUSTÏER, Prospr, Place delà République, 12 ,Limoux,';.

1923 BOUSQUET (Mlle), Institutrice, Fieury (Audej.

1924 BLANQUIER (Alexandre. If, I. P., avenue A. Muilot. 1924 BARDOU (Antoine), propriétaire, Cazilhac).

1924 BERTROU (Marius), Industriel, Pennautier (Aude). 192a BERTHOLKO (Marcel), préparateur, rue des Remparts

St-Etienne, Toulouse.

1925 BARTHÉS (Ernest), propriétaire, à Douzens (Aude).

1905 CAMBOURNAC (Henri), Avoué, 21, r. Jules Sauzède.

1921 CALS (Abbé), Professeur à l'Ecole St,-Stanislas. 1912 CAPELLE (Prosper), ï- rue Voltaire, Carcassonne,,!--'. 1897 CAREMIER (Paul), Notaire, à Trèbes.

1900 CASTEL (Eugène). Prop;.. r. de Verdun, Carcasson.

1912 CASTED (Louis), Propriétaire, à La Reille, près Carcassonne.

1896 CATHALA (Marius), Propriétaire, à Argelliers.

1900 CATHALA (Julien), Instit. en retraite, rue Pierre Germain prolongée, à Carcasisonne.

1922 CATTANEO et Cie, Rue d'Alsace, Toulouse.

1907 CLERGUE (François). Régisseur, (Avenue de l'Egalité 3, à Lézignan.

1891 COLL (Joseph). Banquier, 6, rue Mazagran, à Carcassonne.

1914 COMBÉLÉRAN (Clément), Dr-médeçin, rue de Verdun, à Carcassonne.

1835 COMBÉLÉRAN (Ernest). Rieux-Minervois.

1902 COMBÉLÉRAN (Gaston.g). r. de la Gare, à Carcassonne.

1890 COMBES (Louis), Caissier, Banque Privée, rue de Verdun, à Carcassonne.

1896 COURRENT (Paul), I. P., Docteur -Médecin, rue des Trois-Couronnes, Carcassonne.

1920 GOURRIÈRE (Fernand), Instituteur, à Cuxac-Cabardès.


— XV —

1920 CREBASSOL (Henri), Naturaliste, Rue du Rempart St-Etienne, à Toulouse.

1910 CRÛS (Joseph, Fourtôu par Arques (Aude).

1895 GROS-MAÏREVIEILLE (Antonin), Président du Trihal

Trihal Narbonne.

1923 CAZENAVE (Mlle), Institutrice, Bize (Aude).

1923 CADET (Germain(, propriétaire, Pezens (Aude).

1923 CADOURCY (Mlle Irène), institutrice, Géret (Pyr,-Or.),

1923 GORNAG (Victor), Rue des Jardins 20, Carcassonne.

1924 GALMON (Paul), instituteur : à Cuxac-d'Aude). 1924 COMBÉLÉRAN (Charles, propr, la Gravette, Carcasson. 1924 GOMBIS (Hughes), architecte, 10, R. Andrien, Garcâs.

1924 CAYLA (docteur-médecin), rue Coste-Reboulh, à Carcassonne.

1925 COMBES (Paul), 1, rue de l'Assomption. Paris (xvie). 1924 CABANNES (Joseph), percepteur de Conques, 40, rue

du Quatre-Septembre, Carcassonne.

1892 DALCY (Paul), 25, Cours Mirabeau, Narbonne. 1904 DEGRAVE, Docteur-Médecin, à Lagrasse.

1.905 DELAUDE (Charles). Ingénieur-Agronome, à Cuxaed'Aude.

1921 DÉTOURS (Joseph), Pont du Sou, Cépie,

1902 DELMAS (Louis), A Docteur Médecin à Rieux-Minerviois.

1918 DEMARTY, Comptoir Géologique, 63, Avenue de Royat, Chamalières (P.-d.-D.).

1906 DÉZARNAUD (Baptiste). Constructeur-Mécanicien, 15, rué des Triois-Couronnes, à Carcassonne.

1897 DUCHAN (Louis). Propriétaire, rue de la République, à Caroassomie.

1922 DUPEYRON, Médecin-dentiste, Boul. Orner Sarraùt. 1901 DUPUY (J.-J.). Chef de Comptabilité à la Société

Méridionale d'Electricité, à Carcassonne. _,


— xvi —

1913 DURAND (Joseph), Chargé du Cours de Chimie PCN,

Faculté des Sciences, à Toulouse. 1904 DUSSEAU (Victor). Agent d'Assurances, rue Pinel,

à Carcassonne.

1924 DUCHAN (Alfred), propriétaire, Floure.

1924 DHÔMPS (Ernest), à Citou par Lespinassière.

1909 EMBRY (Pierre) ex-Attaché au Laboratoire de Géologie

Géologie Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, Place du Palais, à Carcassonne.

1893 ESPARSEIL (Raymond), Ingénieur, 15, Boulevard du

Commandant Roumens, à Carcassonne.

1894 ESTRADE (Joachim), Directeur de la Société Méridionale

Méridionale Avenue A. Mullot, à Carcassonne.

1925 ESPARDELLIÈR (Amédée), à Chalabre (Aude).

1922 ESÇARGUEL (Colonel) Rue d'Alsace, 17, Carcasson.

1904 FABRE (Antoine). Médecin-Vétér., Boni du Canal.

1895 FABRE (Numa). Professeur adjoint au Lycée,

Rue du Port 43, Carcassonne.

1903 FABRE (Paul). Maire de Saint-Martin-Lalande, 20,

Rue Riqùet, à Castelnaudâry.

1900 FAGES (Antoine) Propriétaire, à Pennautier.

1901 FARGES (Liépn), Négociant, rue Trivalle, à Carcassonne.

Carcassonne. FARGES (Justin), Négociant, rue Trivialle, à Carcassonne,

1904 FERRIE (Numa). Propriétaire, à Cazilhac (Aude),. 1903 FOURNIE (Georges). Propriétaire, au Château de la.

Forçate. près Villesiscle (Aude).

1910 FRAISSE (Gélestin), Propriétaire, à Argelliers. 1922 FAYET (Léon), Industriel, rue Capus, à Béziers. 1921 FERRAND (Joseph), Négociant, à Âzille.

1924 FIL (Jules), instituteur, à St-MarceL

1925 FURIE (Eugène), propriétaire, à Cuxac-d'Aude,


— XVII —

1911 GACHET, (Pierre), Receveur principal des Postes en

retraite, rue Georget. 6, àToars. 1906 GRÉPINET, Pharmacien, rue de la Gare, Carcassonne. 1889* GARY (Léopold), ingénieur. 4, Quai de Brienne,

Toulouse. 1892 GASTILLEÙR (Chaiies), Négoc, Rue de Verdun, Carcassonne. .

1889 GAUJON (Victor). Docteur-Médecin, rue Barbes, 3,

à Garcassohne. 1889 GAVOY (Louis), Entomologiste, Avenue de Toulouse,

à Saint-Gaudens (Haute-Garonne). 1889*GAZEL (l'abbé Lucien). Professeur à l'Ecole SaintStanislas, à Carcassonne. 1898 GOURDOU. (Paul). Pharmacien, à Alzonne.

1921 GUTRAUD (Germain), Propriétaire, à Pennautier.

1891 GUIRAUD (Martin), Ingénieur-Constructeur, Avenue

A. Mullot, à Carcassonne. 4924 GUIHO (Pierre), Minoterie du Moulin-Neuf, Carcasson. 1924 GALLY (Alfred), libraire, Rue Victor-Hugo, Carcasson. 1924 GRIFFIER (Gaston), Industriel, Cavanac.

1922 HELENA (Philippe), archiviste, 4, rue Hippolyte Fauré, à Narbonne.

1892 HYVERT (Georges), Ingénieur, quai Riquet, à

Carcassonne. 1924 HYVERT (Roger), Quai Riquet, Carcassonne.

1913 IZARD (François), Constructeur, à Pennautier.

1898 JEANJEAN (Alphonse). Prop, 88, Boulev. Barbes, 1912 JOULIA (Henry), Directeur (du Bureau d'hygiène,

rue de la Mairie, là Carcassonne. 1909 JORDY (Michel), Archéologue, 16, Place du Château (Cité), Carcassonne.

1912 LACROIX (Georges), Représentant de Çomniercesrue Ides Etudes, à Careasgonne.

2


— XVIII —

1904 LAFFITTE, Docteur-Médecin, à Ghalabre (Aude). 1906 LAMBRIGOT (Antoine), Antiquités, rue de Verdun, Carcassonne

1921 LANDRIQ (Mme O.), institutrice honoraire, à Cascastel (Aude).

1922 LANDRIQ (Octave), Instituteur public, à Cascastel. 1925 LANOIR (Georges) S. Inspecteur des forets en retraite,

à CarcasisO'hne.

1895 LASSALLE(Edouard). Horticulteur, rue des QuatreChemins, à Carcassonne.

1904 LAUTH (Frédéric). Ingénieur des Arts et Manufactures, Boulevard du .Jardin des Plantes, à Garcas sonne.

1911 LAVENC (Joseph). Propriétaire, à Fabrezan (Aude).

1916 LEMOINE (Mme M),, Lauréate de l'Institut, Docteur ès-sciences, 71, rue de Rennes, Paris VIe.

1911 LIGNON (François), Propriétaire, à Fabrezan (Aude).

1889*LIGNON (Albian). professeur honoraire à Argeliers.

1919 LOUVRIER (Edmond), Villa Joséphine, Avenue Maréchal Joffre, Villefranche-sur Mer (A.-M.).

1923 LABORIE (Charles), Instituteur, Fraissé-des-Corbières,

1924 LUCET (Félix), propriétaire, Conques (Aude).

1893 MADRENNES (Joseph). Ancien notaire, rue de l'Aigle-d'Or, Carcassonne.

1897 MALRIC (Henri)', 1 Avocat, rue de la Gare, Carcassonne.

1895 MARTY (Léonce), Ancien Notaire, Botaniste, rue Trivalle, 133. à Carcassûnrie.

1894 MATHIEU (Joseph), Propriétaire, à St-Couat-d'Aude. 1907 MAUREL (Jean), Boul. Jean-Jaurès 58, Carcassonnèï 1889 MAYNARD (Antoine), Instituteur honoraire à

Bouilhonnac. 18S9*MITTOU (l'abbé Georges), Supérieur de l'Ecole StStanislas,

StStanislas, Carcassonne. 1901 MOSER (F.), Négociant et Propriétaire, à Lézignasri,


XIX

1904 MOUGNIÉ (Noël), Conducteur des Ponts et Chaussées,- à Arzacq (Basses-Pyrénées).

1903 MOULS (Simon), Propriétaire, à Rieux-M,inervois.

1922 MONTGUX (Raoul), Professeur au Lycée, à Carcassonne.

1923 MALET (Achille), Géologue), Espéraza.

1924 MARAVAL (Joseph), prop., à Romieu. par Carcassonne. 1924 MISTRAL (Léopold), propriétaire, Cuxac-d'Aude. 1924 MONS (Paul), Rue de la Républqué, 55, Carcassonne.

1924 MARTY (Alfred), comptable, à Fabrezan.

! 925 MURÂT, Château de Lalande, par Carcassonne,

1925 MALET, directeur d'école, à Castelnaudary

1925 MONDIES (Paul), Route de Narbonne, Carcassonne,. 1923 MARTROU (Louis), Roqùefort-des-Corbières.

1912 ;NEW-YORK PUBUIC LIBRAIRY, chez J. Terquein et C°, Libraires-Commissionnaires, 19. rue Scribe, à Paras;

1897 NOGUÉ (Osmin), Avocat, Square Gambetta, Care.

1925 NELLY. rue du Palais,à Carcassonne.

1910 OLIVE (Joseph), 43, Rue de la Préfectur, Carcasson.

1914 PATAU, A., Teint.-dégr,, rue delà Gare, Carcassonne.

1901 PAYE (Auguste), Conducteur des Ponts et Chaussées!,

Chaussées!, Tranquille, à Carcaissonne.

1889*PÉRIÉ (Auguste), Instituteivren retraite, 69, Bouleyard Barbes, Carcassonne.

1894 PLANCARD, Docteur-Médecin, 16, rue Bayard, à Toulouse.

1912 PORTAL 1 ; (Louis), Architecte, boul. Corn 4 Roumens, Carcassonne.

1912 POUCHELON (François), Nég., r. de la République.

1897 POUILLÈS (Joseph), 'Horloger, rue de la Gare, à ... Carcassonne.

1921 Poux (Joseph), Archiviste de l'Aude, rue du Marché, à Carcassonne.

1902 PRATX (Clément), i. Propriétaire, à Tuehan.


- XX —

1923 PAGO, Dir. de la Cie «Abeille», r. Mosaïque, Narbonne.

1923 PENNAVAIRE (Jean), propriétaire, Pennautier.

1.925 PujoL(Dr Henri), 17, bd Montmorency, Nârbonne.

1925 PUJOL (Louis), instituteur, à Blomac,

1894 RASCOL (Henri). Pharmacien, à Chalabre.

1892 RAYNAUD (Michel), Négociant, Place Carnot, à Carcassonne.

1889*RESPAUD (Auguste), . inst en retr,, à St-Nazaire. ,

1904 REY (Gustave), Négociant, rue Courtejaire, à Carcassonne.

1892 ROBERT (Marius), Président du Tribunal Civil, rue de l'Ancienne Comédie, 1, Perpignan, 3

1904 ROGER (Léon), Propriétaire, à Homps (Aude).

1914 ROUANET (Pierre), r. Francisco-Ferrer, à Carcassonne

1906 ROUDIÈRE (Henri), rue Courtejaire, à Carcassonne.

1911 ROUGÉ (Auguste) , Représentant de Commerce, 25, rue du Palais prolongée, à Carcassonne.

1919 ROUQUETTE, Libraire, Place Carnot, 21, à Carcassonn .

1923 ROGER (Paul), industriel, Montolieu.

1924 ROGER-ESTRADE, ingénieur, Rue Pierre Germain,

Carcassonne. 1924 REVEL (Pierre) instituteur, Pennautier. 1924 Roux (Michel), régisseur, à Salauze, par Caunes,

1924 ROUQUETTE (Albert), à Kaolack (Sénégal).

1911 RUFFEL (Albert), Prop., r. Victor-Hugo, Garcass.

1925 ROQUES, propriétaire, à St-Clair par iVillegly. j, 1925 RIGAIL (Antoine), propriét., à Puivert (Aude).

1901 SABARTHÈS (Abbé), I. P., Aumônier de la Pitié,

166, rue Jeanne-d'Arc, à Paris (XIIIe). 1904 SAMARUC (Jules), rue Barère, 4, à Nârbonne. 1897 SARCOS (Osmin), Docteur en pharmacie, Place

Carnot, à Carcassonne. 1892 SATGÉ (Albert), Propritétaire, rue de la République,

à Carcassonne. 1896 SEMICHON (Lucien) Directeur de la Station oenolorgigue,

oenolorgigue, Victor-Hugo, 45, Carcassonne.


— XXI —

1898 SEMPÉ (Jean), Docteur-Médecin, rue Courtejaire, à

Carcassonne.

1899 SERRIÈS (François), Pharmacien de lre classe, à

Montpellier,

1909 SICARD (Clémence), 17, rue Malcousinat, à Limoux.

1889* SICARD (Germain), I. P.. Gorespond. de la Commission des Monuments Historiques, au Château de Rivière, près Caunes-Minervois.

1908 SUBERVILLE (Léon), Négociant, Route de Toulouse, à Carcassonne. 1920 SOREL (Henri), rue de la Préfecture, à Carcassonne.

1924 SAINTOUT (Raymond), Président de la Société des

Charbons de Millau, à Puichéric. 1924 SALVAT (Abbé), professeur au Petit Séminaire, à Castelnaudary.

1925 SEGUY (Mme), institutrice à Labécéde-Lauragais (Aude). 1925 SAUREL, banquier, 31, rue Victor-Hugo, Carcassonne.

1893 TALLAVIGNES (Paul), Propriétaire, à Caunes-Minervois.

1910 TRIBILLAC (Antoine), Comptable, à Lézignan. 1902 VIALA (Jules), * Agent-vioyer, à Lézignan.

1899 VIDAL (Edmond), Vins, route Minervoise, Carcass.

1922 VIGNEUX (Georges), Ingénieur, à Douzens.

i.920 VAGQUIER (Etienne), instituteur. 11, rue. Voltaire,

à Carcassonne. 1925 VALMIGÈRE (Pierre), publiciste, 61, rue de la Gare, Carcassonne.

Membres décédés pendant les années 1924 et 1925

MM.

ROUZAUD Philippe, rue de Verdun, Carcassonne. LAMBRIGOT Paul, rue de Verdun. Carcassonne. DURAND Albert, rue des Jardins, Carcassonne. CHIFFRE Jean. Gondr des Ponts et Chaussées, Narbonne,


— XXII —

LISTE DES SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES..

Ain

Société des Sciences naturelles et d'archéologie de l'Ain, à Bourg.

* Société des Naturalistes de l'Ain, à Bourg.

Allier

Revue Scientilique du Bourbonnais et du Centre de la France, à Moulins.

Alpes-Maritimes

Société des Naturalistes des Alpes-Maritimes, à Nice.

Ardennes

Société d'Histoire naturelle des Ardennes, à Charleville.

Aude

* Association amicale des anciennes et anciens élèves des Ecoles laïques, 60. rue de la Liberté, à Carcassonne.

* Bibliothèque Municipale de Carcassonne.

* Commission archéologique de Nârbonne.

* Société des Arts et Sciences de Carcassonne.

* Société Centrale d'Agriculture de l'Aude, à Carcassonne.

* Syndicat d'Initiative de Carcassonne et de l'Aude, à Carcassonne. Bibliothèques des Ecoles normales d'Instituteurs et d'Institutrices,

à Carcassonne.

Basses-Alpes

Société scientifique et littéraire des Basses-Alpes, à Digne.

Bouches-du-Khône

* Société d'Horticulture et de Botanique des Bouches du-Rhône, à Marseille.

Société linnéenne de Provence, à la Faculté des Sciences, à Marseille.

* Catalogue des Coléoptères de Provence.

Société Archéologique de Provence, boulevard Loagchamp, 63, à Marseille.


- XXIII —

Charente-Inférieure

Société des Siences naturelles de La Rochelle (Musée Fleuriau).

* Sociélé de Géographie de Rôchefort.

Côte-d'Or

Société des Sciences historiques et naturelles de Semur. Société Bourguignonne d'Histoire naturelle et de Préhistoire, à Dijon.

Creuse

* Société des Sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, à Guéret.

Finistère

Laboratoire de Zoologie et de Physiologie maritimes de Concârnéau.

Gard

Société d'Etude des Sciences naturelles de Nimes.

Garonne (Haute)

Faculté des Sciences, à Toulouse. Miscellanea entomologica, Directeur E. Barthe, à Castanet (HauteGaronne).

Revue des Pyrénées (Ed. Privât, directeur), à Toulouse.

Société Archéologique du Midi de la France, Hôtel d'Assezat, à Toulouse..

* Société de Géographie, Hôtel d'Assezat, à Toulouse.

* Société d'Histoire naturelle, Hôtel d'Assezat, à Toulouse.

Gironde

Société Linnéenne de Bordeaux.

* Société d'Etudes, et de Vulgarisation de la Zoologie agricole, à Bordeaux,

Hérault

Société d'Etude des Sciences naturelles de Béziers.

Ille-et-Vilaine

bisecla. Revue illustrée d'Entomologie, publication mensuelle de la Station entomologique de la Faculté des Sciences de Reunes,


— XXIV —

Isère

Société de Statistique des Sciences naturelles et Arts industriels du département de l'Isère, à Grenoble.

Société Dauphinoise d'Ethnologie et d'Anthropologie de Grenoble.

Landes *. Société de Borda, à Dax.

Loir-et-Cher

* Société d'Histoire naturelle de Loir-et-Cher, à Blois.

Loire-Inférieure

Société des Sciences naturelles de l'Ouest de la France, à Nantes.

Lot

Société des Etudes littéraires, scientifiques et artistiques du Lot, à Cahors.

Maine-et-Loire

Société d'Etudes scientifiques d'Angers (Place des jHalles, ancienne Cour d'Appel).

Marne

Société d'Etudes des Sciences naturelles de Reims.

Marne (Haute)

* Société des Sciences naturelles de la Haute-Marne, à Chaumont.

Meurthe

Société des Sciences de Nancy.

Meuse

* Société des Amateurs naturalistes de la Meuse, à Montmédy.

Moselle

Société d'Histoire naturelle de Metz.

Oise

• Société Académique d'Archéolgie, Siences et Arts du département de l'Oise à Beauvais,


— xxv - Pyrénées (Hautes)

* Société Ramond, à Bagnères-de-Bigorre,

Pyrénées (0-riêiitaies)

* Société Agricole, Scientifique et Littéraire des Pyrénées-Orientales, à Perpignnn.

Rhin (Haut]

* Société d'Histoire naturelle de Colmàr,

Rhône

Société Linnéenne de Lyon, Mairie, 1, place Sathonay.

* Société Botanique, à Lj'on, 1, Place d'Albon.

Saône-et-Lbirt

* Société d'Histoire naturelle d'Autun.

* Société des Scienees naturelles dé Saône-etTLoire, à Ghàloû-BurSaône, .

* Société d'Histoire naturelle de Mâcon.

L'Echange, Revue linnéenne, Directeur M. Pic, à Digoin.

Sarthe

* Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe, au Mans.

Seine

Association des Naturalistes, à Levailois-Perrèt (Seine); Société Botanique de France, rué de Grenelle, 84, à Paris.

* Société Eutpmolôgique de France, 28, rue Serpente, à Paris.

* Société Géologique de France, 28, rue ' erpente, à Paris. Société de Spéléologie, 34, rue de Lille, à Paris. Muséum d'Histoire naturelle, à Paris.

.* Feuillets occitans, 41, Boulevard des Capucines, Paris

Seine-Inférieure

Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen,

* Société d'Etudes des Sciences naturelles d'Elbeuf,

Seine-et-Marne

* Bulletin de l'Association des Naturalistes de la Vallée de Loihg. Hôtel de Ville de Moret-sur-Loing.


— XXVI

Sèvres (Deux)

Société Régionale de Botaniqne, à Pamproux.

Société Historique et Scientifique des Deux-Sëvres, à Niort.

Somme

Société Linnéenne du nord de la France, à Amiens.

Tarn

* Société des Sciences, Arts et Belles-Lettres du département du Tarn, à Albi.

Var Société d'Histoire naturelle de Toulon.

Vienne (Haute)

* Société Les Amis des Sciences et Arts de Rochechouart.

Yonne

Société archéologique de Sens.

Belgique

Société Belge de géologie, de paléontologie et d'hydrologie, à Bruxelles.

Brésil

Revisla, Centro de cultura seientifica, Pelotas, Estado de Rio Grande do Sul.

Californie

University of California.

Chili

Musée d'Histoire naturelle de Conception, à Conception.

Egypte

Société Entomologique d'Egypte, au Caire.

Espagne

Physis, pour les amis de la Nature, Apartado, 654, à Barcelona. Inetitucio Catalana d'Hïstoria natural, Carrer del Paradis, nùm, 10, pis 1er, 2e, Barcelona. Sociedad Aràgonesa de Ciencias naturates, à Zaragoza.


— XXVII —

Facultad de Ciencias, à Zaragoza.

Bulletin de la Société Ibérique.

Junta de Ciencias riaturals de Barcelona, Apartado, 393, à Barcelona.

Real Academia dé Ciencias y artes de Barcelona

Laboratoire d'HydrobioIogie et d'Histoire naturelle, Institut général et technique, à Valence.

Etats-Unis

* Academy of Natural Sciences of Phiiladelphia, à Philadelphie:

* The Ûhiversity Press. Berkeley. Galifornia, U. S. A.

* The University of Illinois, à Urbana.

Italie

Academia Scientifiea Veneto-Trentina-Istrianaj à Padova.

,. : ; Missouri

Annals Garden botanical de Missouri.

Pologne

Musée polonais d'histoire naturelle, Warszowie.

Portugal

Annales de Sciensias Naturales, à Porto. .

Saxe

Zoolosïsche Wérke de Leipzig.

Suède

* Société Enthomologique de Stockholm.

Institut géologique de l'Université d'Upsal (Kong, Universitets Bibliothekef).

Suisse

Société Helvétique des Sciences naturelles (Bibliothèque de la ville), à Berne,.

* Société Vâudoise des Sciences naturelles, à Lauzanne.

* Actes de la Société helvétique des Sciences naturelles, à Luçerné.

Urugay Museo National de Montevideo.


ADMINISTRATION DE LA SOCIÉTÉ;

Pour l'Année 1924

COMPOSITION DU BUREAU

Président : M. Joseph Poux. Président honoraire : M. GUIRAUD Martin. Secrétaire honoraire : M. Louis GAVOY.

Vice-Présidents :

M. Edouard LOUVRIER. M. Henri GRÉBASSOL.

Secrétaire : M. G. SICARD. Secrétaire-adjoint : M. BARTHE.

Trésorier : M. Antoine FAGES.

Bibliothécaire-Archiviste : M. SOREL. Conservateurs des collections : MM. SICARD, FAGES,

GRÉBASSOL.

COMITÉ DU BULLETIN (1)

MM. Pierre EMBRY. R. ESPARSEIL GAVOY. AMIEL.

MM. A. FAGES. SICARD.

Dr COURRENT.

MARTY.

COMITÉ DES EXCURSIONS (1)

MM. EMBRY. BARTHE.

C1 ESCARGUEL. CATHALA Marius.

MM. ESPARSEIL.

COMBÉLÉRAN. A. FAGES. G. SICARD.

COMITÉ D'ETUDES

Botanique ; MARTY. Entomologie : GAVOY. Ornithologie : GRÉBASSOL. 'Préhistoire : FAGES, HÉLÉNA, SICARD. Archéologie : Poux, CALS, COURRENT. Minéralogie : ESPARSEIL, DEMARTY.

(1) Le Président et le Secrétaire font partie, de droit, du Comité du Bulletin et du Comité des Excursions,


PROCÈS-VERBAUX des SÉANCES de 1924

Séance du 13 Janvier 1924

PRÉSIDENCE DE M. GASTON COMBELERAN, PUIS DE M. JOSEPH POUX

Après lecture et approbation du procès-verbal de la dernière séance du 16 Décembre 1923, M. Combéléran invite M. le trésorier à rendre compte de sa gestion financière et à établir le budget pour l'année en cours. M. Fages présente ses comptes et ses preyisious pour l'année 1924, Deux contrôleurs, MM. Embry et Crébassol, sont nommés pour la vérification de cette comptabilité.

M, Combéléran, président sortant, prend ensuite la parole et, entérines élégants et précis, nous parle du passé et. de l'avenir de la Société. Il débute en adressant ses remerciements aux membres du bureau qui l'ont si bien secondé ; il félicite ensuite les doyens de la Société, qui ont si bien persévéré dans la tâche première, en maintenant la prospérité de la compagnie : MM. Guiraud, Marty, Fages et Sicard, ce dernier ayant bien voulu se dévouer en acceptant les fonctions de secrétaire que M. Esparseil ne peut continuer à remplir en raison de ses multiples occupations; M. Embry qui a permis à la Société d'éditer l'oeuvre remarquable de M. André David sur la Montagne Noire.

Il adresse enfin de nouvelles félicitations à la Société pour l'élection de son nouveau président et termine ainsi : « Après avoir fait risette au tourisme qui n'est qu'une forme de la fantaisie, j'allais dire de la poésie, la Société d'Etudes revient à la saine tradition, en choisissant un président scientifique. Je ne ferai pas l'éloge de mon éminent ami, Joseph Poux, je craindrais de rester au-dessous de ma tâche. Qu'il' me permette de lui dire simplement que la double élection à la Société d'Etudes Scientifiques de l'Aude et à la Société des Arts et Sciences de Carcassonne est le juste hommage des représentants d'une ville d'art et de sciences au savant qui a entrepris et mené à bien la lourde tâche d'étudier â fond l'histoire et l'archéologie de notre, magnifique cité, tâche qu'aucun jusqu'ici n'avait osé assumer. Carcassonne devra doue à M. Poux une éternelle reconnaissance pour avoir consacré à cette histoire la période de sa vie, où la maturité de l'esprit-,


- XXX —

l'acquis scientifique et la vigueur du corps permettent au savant de se donner pleinement, comme autrefois les bénédictins, ces archivistes de l'époque. Qu'il me soit permis, en terminant, de lui adresser une requête : je lui demanderai de consacrer un peu de son temps à nous aider dans l'oeuvre que nous avons entreprise eu commun pour recon naître, classer et conserver nos vieux monuments de l'Aude, tout ce qui reste d'un passé glorieux. J'adresse le même appel à tous les membres de la Société. »

M. Combéléran invite alors M. Poux à prendre place au fauteuil de présidence.

Le nouveau président, dans une de ces aimables causeries dont il a le secret, prend aussitôt la parole et, en termes clairs et choisis; adresse à la Société une charmante allocution dout, à regret, nous ne pouvons donner que le résumé.

M. Poux remercie d'abord ses collègues de l'empressement gracieux qu'ils ont mis à lui apporter en masse leurs suffrages. Il présente individuellement les nouveaux membres du bureau et fait un éloge flatteur du président sortant, M. Gaston Combéléran, dont l'esprit d'initiative, servi par de rares aptitudes d'organisateur, a imprimé aux travaux de la Société des directives particulièrement heureuses. Il précise le caractère éminemment instructif des excursions de Nârbonne et d'Ensérune, et souhaite que l'initiation archéologique des membres de la Société soit ainsi favorisée d'année en année par des visites plus nombreuses aux centres archéologiques de la région. A propos de la publication du Bulletin, il insiste sur les détails de la méthode de correction typographique et de rigueur critique, qu'il convient d'appliquer dans l'impression des mémoires, pour assurer aux travaux de la compagnie une présentation parfaite. Il se félicite que la publication du livre de M. André David sur la Montagne Noire soit sur le point d'être annoncée II émet l'espoir que la diffusion de ce remarquable essai servira puissamment les intérêts de la Société -en provoquant de nouvelles et utiles adhésions.

Après ces deux allocutions qui ont provoqué successivement de chaleureux applaudissements, on procède à l'installation du bureau.

NÉCROLOGIE. — M. le président annonce la mort de notre regretté collègue, M. Paul LAMBRIGOT et, au nom de la Société, adresse à sa famille ses sentiments de condoléance les plus sincères.

CORRESPONDANCE, — M. Sivade, secrétaire du Comité départemental pour l'inventaire des, monuments historiques non dusses nous écrit pour


— XXXI —

demander la confirmation ou le renouvellement des délégués ' de ta Société à ce Comité, La Société, consultée, maintient le mandat des délégués actuels, qui sont M. le Dr Courrent, M. Embry, M Pages et M. Sicard. Bonne note en sera transmise à qui de droit.

Lettre de M. Clément Pratx, de Tuchan, accusant réception du Tome XXVIII du Bulletin et réclamant l'envoi du Tome XXVII qui ne lui est pas parvenu. Satisfaction lui sera donnée.

M. Roques Sainalair et M. Castel de la Rèille s'excusent de ne pouvoir assister à la séance.

M. l'abbé Baichère a écrit à M. le président en se plaignant qu'aucune communication sur la botanique n'ait paru dans le dernier Bulletin. M. l'abbé Baichère étant un érudit en cette matière, il ne tient qu'à lui de combler cette lacune.

M. Héléna demande que quelques exemplaires du Bulletin soient envoyés gratuitement à certaines sociétés et écoles de Narbonne.

M. Blanquier appuie la demande de M. Héléna. Bonne note est prise de cette question.

M. le président profite de l'intervention de M. Blanquier pour le féliciter de son retour à la Société, qu'il avait quittée temporairement pour motifs valables et qui a été réadmis par acclamation.

PRÉSENTATIONS. — M. Joseph MARAVAL, à Romieu, près Carcassonne, par MM. Poux et Embry.

M. Roger HYVERT, ingénieur â Carcassonne (Quai Riquet), par MM. Guiraud et Jordy.

DÉMISSION. — M. Georges LATOUR, commis des postes à Maubeuge (Nord).

DON. — M. le Dr Courrent offre à la Société un gros nodule trouvé dans les terrains schisteux d'Embres et de Castelmaure. M. Embry nous dit que ce fossile est une tête d'encrine et que, quoique rare, il n'est pas étonnant de le voir recueillir dans ces terrains anciens.

COMMUNICATIONS. — M. le Dr Courrent présente à la Sùefété-, pour être déposé aux archives départementales, un vieux registre de baptême (registre de catholicité) de la paroisse de Cucugnan.

« C'est un cahier petit in-4° de dix feuillets; papier, recouvert parchemin, dont le texte se divise en deux parties. La première (14 feuillets) est le relevé des baptêmes de la paroisse St-Julien et SteBasilisse de Cucugnan, de 1663 à 1672. La série comprend 39 actes dressés et signés par Marc Pech, recteur. La seconde partie est l'état


— XXXII —

nominatif par familles de la population de la paroisse à la date du 16 octobre 1673 (4 feuillets). Le recensement fut opéré par le successeur de Pech, Jean Cambrié. qui avait été appelé à la cure de Cucugnanïle 10 avril précédent. Le décompte accuse une population de 187 habitants (201 en 1922) répartis en 34 familles. Observation intéressante : Les noms patronymiques sont ceux que l'on retrouve pour les familles actuelles. Ce qui indique que les unions matrimoniales se sont surtout effectuées entré habitants de l'endroit et même entre parents 1. Chaque individu est mentionné dans ce cahier avec ses nom, prénoms et âge. Le recteur distingue, en marge, celles de ses ouailles qui ont reçu la communion et la confirmation de celles qui n'ont été que « communiées ». Entre autres détails, il y est indiqué que la dame de Cucugnan était, à cette époque, Marie-Marguerite d'Ârmissan, veuve de M. Castéras-Sournia. Cette dame vivait sur sa terre, en compagnie de ses deux fils, Jean-François et Esprit de Castéras-Sournia, de ses quatre filles, Madon, Jeannette, Gabrielle et Ursule, et d'un personnel de trois domestiques. Le-château de Quéribus était habité d'un bout à l'autre de l'année par la famille détienne Finestre, qui groupait autour de lui, outre, sa femme, deux fils dont un marié et trois petitsenfants.

On trouve des représentants de la famille de Castéras comme châtelains de Pierrepertuse : Jean de Castéras, seigneur dé Villemartini diocèse d'AIet, de 1563 à 1578.

Guillaume de Castéras de 1584 à 158a.

Comme châtelains de Quéribus :

Louis de Castéras en 1584 et 1585. Le seigneur de Sornia, auquel il est fait allusion dans le dénombrement ci-dessus, était châtelain dès 1641.

N. de Castéras, seigneur de Lapalme, avait le même titre eu 1697.

Di 1589 à 1623, Philippe de Gouiet (1er du nom) de Castéras fut nommé capitaine du château de Montgaillard. Il était lieutenant dés archers du roi Henri IV et il fut blessé au combat d'Arqués auprès de S. M.

Philippe de Gouiet (IIme du nom) eut la survivance du gouvernement de son père (1).

(1) La Chesnay des bois. Généalogie de la Maison de Castéras. Dict. de/la noblesse, VII, 335.

Armés de la famille de Gastéfas : Au 1er et dernier de gueules, au château d'argent, maçonné de sable ; au 2 et 3 d'or à 3 massues d'argent (d'Âubais; Pièces fugitives — Jugements sur la noblesse du Languedoc, t. II, 2f partie).


— XXXIII —

En 1788, la Seigneurie de Ségure, près Tuchan, passa à la famille de Castéras, en la personne de Jacques de Castéras qui, pendant la Révolution, renonçant à ses privilèges seigneuriaux, fut nommé pro- ;. curéur de la ville de Tuchan en 1793. Son fils aîné, Denis de Castéras, au service du roi d'Espagne, fut invité, à ce moment, à rentrer en France, Son refus le fit déclarer comme émigré (1). »

M. le Président explique comment les vieux châteaux furent habités jusqu'en 1789 par des gardiens armés, comme les mortes payes de la Cité de Carcassonne, et fait la remarque que si sur ce registre de baptême, les noms patronymiques semblables ;se maintiennent aussi longtemps, c'est que après trois siècles seulement les noms des habitants d'un village cessent en général de se perpétuer.

M. Embry informe la Société que M. Paul Lemoine, professeur de géologie au Muséum, lui a signalé une note de M. Duparc, professeur de géologie à l'Université de Genève, sur les filons de mispickel aurifères de la Montagne Noire. Cette note a paru dans les Archives des Sociétés physiques et naturelles de Genève, vol. 5, mars et avril 1923, pp. 21-24.

M. Embry a écrit à M. Duparc et lui a demandé un tirage à part pour la Société d'Etudes scientifiques de l'Aude. M. Lemoine informe également M. Embry, qu'il y aurait intérêt à faire déterminer la tortue fossile, qui fut remise à la Société par 5!. le DT Courrent au nom de Mme Landriq. Il y aurait lieu de l'envoyer à l'examen de M. le professeur Depérét qui pourrait en donner une note pour le bulletin. L'assemblée se rallie à cette proposition qui sera ultérieurement mise à exécution. Sur la demande de M. Embry, M. le professeur Lemoine est nommé membre honoraire de la Société,

M. le Président fait ensuite passer sous les yeux des membres présents les planches de l'ouvrage de M. David sur la Montagne Noire. M. le Président invite ensuite les membres qui auraient à faire des communications, d'en écrire une note succincte et de remettre cette note sur le bureau au début de la séance, pour avoir la parole à tour de rôle et faciliter ainsi la tâche du Secrétaire.

M. Fages donne pour l'année 1924, le programme des excursions qui est adopté sans observations*

(1) V. Bulletin de la Soc. d'Et. Se.., t. XIV, année 1903, pages 161-163. (Notice historique sur TuchanJ.

3


— XXXIV —

30 Mars : Villalier, Conques, Bagnoles — 27 Avril : Lagrasse. 11 Mai : Hte Vallée du Lauquet — 20 Mai : Mont Alaric. 8 Juin : Arques et Fourtou — 22 Juin : Bize, les grottes. 13 Juillet : la Mer.

Après quelques mots pour la préparation de la conférence de mardi 15 courant, sur le carburant national, par M. Devaux, ingénieur i-des Mines de charbonnages de Millau, suivie de quelques projections sûr les excursions de la Société, l'ordre du jour étant épuisé la séance est levée. La prochaine aura lieu le 17 Février 1924.

Le Secrétaire, G. SICARD.

Séance du 17 Février 1924

PRÉSIDENCE DE M. POUX, PRÉSIDENT

Après là lecture du procès verbal de la séance du 13 janvier dernier qui est adopté sans observation, M, Courrent attire l'attention sur une des lettres du manuscrit de M. Gairaud, de St-Benolt, canton de Chalabre, manuscrit qu'il a présenté à la dernière séance, Dans cette lettre est faite une étude géologique et paléontologique 'du territoire de cette commune, et cette étude est accompagnée de dessins à la plume fort remarquables :

1° Une feuille de palmier (flabellaria) ; 2° une tige d'arundinée ; 3° une maxillaire et une dent de Lophiodon ; 4° un maxillaire d'Antracotherium ; 5° deux types de Melanopsis, Ces découvertes datent de 1833 et 1845.

M. Auguste Barbàza, de Capendu. nous envoie un programme pour l'excursion projetée à la date du 20 mai dans l'Alaric. Il se met gracieusement à la disposition de la Société pour lui faciliter cette exploration. M. le Président lui adressé ses biens sincères remerciements au nom dès touristes qui iront visiter l'Alaric.

ADMISSIONS. — Sont admis comme membres titulaires, ayant été présentés à la dernière séance : M. Joseph MARAVAL, à Romieu, près Carcassonne. M. Roger HYVERT, ingénieur, Quai Riquet, à Carcassonne. M. Gervais CADENAT, propriétaire à Pezens (Aude).


— XXXV —

PRÉSENTATIONS — M. Raymond SAINTOUT, Président de la Société des Charbonnages de Millau, à Puichéric (Aude), présenté par MM. Esparseil et Sicard.

M. Théophile MISTRAL, propriétaire à Cuxac-d'Aude, présenté par MM. Marius Cathala et Lignon.

M. GUIHO Pierre François, minotier au Moulin-Neuf à Carcassonne présenté par MM. Léonce Marty et Sicard.

M. ACGÉ Jean Louis, chef de poste électrique à Usson-les-Bains(l présenté par MM. Paye Auguste et Barthe François.

M. ROGER-ESTRADE, ingénieur, directeur de l'Usine à gaz à Carcassonne, présenté par MM. Marty et Guiraud.

DONS — M. Blanquier fait la communication suivante : « J'ai le plaisir d'offrir à la Société au nom de M. Marius Coulouma, de Cuxacd'Aude, quatre fossiles ramassés dans une tranchée qu'il creusait en 1917, sous les obus allemands, dans les sables glauconifères de Jouy près de Soissons (entre Soissons et Laon). Les sables glauconifères du soissonnais (le Suessonien de d'Orbigny) appartiennent à l'étage yprésien de l'éocène, étage exclusivement marin, comme le lutétien qu'il recouvre, tandis qu'immédiatement au-dessous, le sparnacien est caractérisé par des alternances de la mer et des eaux douces. C'est dans ces sables qu'ont été trouvés

Turritella imbricateria

Fusus longaevus

Cardita planicostata

Nerita conoidea

Le grand géologue de Lapparent signale ces deux derniers comme caractéristiques de l'yprésien.

Ces fossiles n'ont peut-être pas par eux-mêmes une grande importance mais ils me paraissent emprunter une grande valeur morale, si je puis dire, aux circonstances exceptionnelles qui les ont ramenés au jour, et, si je me plais à rappeler ces circonstances, c'est qu'elles témoignent du courage et du sang-froid d'un jeune soldat français qui, malgré le danger permanent dont il est entouré, sans souci de la mort qui frappe sans cesse autour de lui, songe à ramasser des fossiles pour son vieux maitre.

M. Fages fait la communication suivante : « J'ai l'honneur de vous signaler dans les comptes rendus de l'Association française pour l'avancement des sciences. (AFAS) au congrès de Montpellier en 1922, deux notes de notre collègue, M. Ph. Héléna de Nârbonne. 1° sur les sépultures énéolithiques du trou de Viviès : cette grotte qui est située


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à 3 kil. à l'ouest de Nârbonne était passée inaperçue, du moins pour la science. En 1917, MM. Héléna père et fils y firent des fouilles très fructueuses. En effet, dans son travail, notre collègue signale neuf

' sépultures contenant les ossements sans ordre de plusieurs individus, le tout recouvert de cendres et de cailloux. En même temps que ces débris humains, ils ont recueilli un grand nombre de pointes de flèches en silex, une magnifique lame de poignard de 0,15 c. de long. Cette pièce est l'une des plus remarquables que j'ai vues ; plusieurs lames de silex, finement rétouchées, des grattoirs, des poinçons, des pendeloques en serpentine, en albâtre, etc , des perles en callaïs, en albâtre, en ollaire, en calcaire, etc ; des coquilles de dentale et des

, dents de sanglier perforées ; 2° Sur de petites perles des ossuaires énéolithiques du Bas Languedoc, qu'il a recueillies dans la grotte sépulcrale de Milhauco à 10 kil. de Nârbonne. Ce sont des perles d'enfilage

d'enfilage pierre ollaire de couleur sombre, les plus grandes, de trois millimètres et demi de diamètre et les plus petites ne dépassant pas un millimètre et demi. Leur nombre se chiffre par milliers. C'est ce qui fait dire à l'auteur de la note, qu'elles devaient être fixées sur les vêtements où elles constituaient des résilles. Pareille trouvaille a été

-.faite par M. Héléna dans les mégalithes de la Rouyre. Depuis, l'abbé J Sera y Vilano en a récolté dans le dolmen de Bescaran, près d'Urgel (Espagne). Comme conclusion, voici ce qu'écrit notre collègue : (( II se peut que les perles des trois habitats sus-nommés soient sorties d'un atelier unique, situé quelque part d'un côté ou d'autre des Pyrénées d'où le commerce maritime les aurait répandues. » M. Léonce Marty fait la communication suivante :

Notre ancien président, M. G. Combéléran, m'envoie à la date du 8 février courant, deux coupures du « Journal » et de l' a OEuvre », relatant dans le a Central News », l'horrible aventure arrivée à deux

jeunes botanistes MM. Joseph Villareux et Georges Gastrou, avec prière d'en donner lecture en séance, comme suite à diverses communications précédentes sur les plantes carnivores, et pour provoquer chez nos collègues le frisson ou le rire, à leur choix.

Ces botanistes herborisaient dans des marais à 60 kilomètres de New-Orléans quand ils ont failli, parait-il, être dévorés par une plante des plus singulières revêtue d'une écorce grasse, ayant l'apparence d'un palmier et dont le tronc émettait des lianes faisant fonction de tentacules comme chez les pieuvres. Nos deux explorateurs s'étant rapprochés pour en cueillir les fleurs munis d'une bâche, il leur fallut plusieurs heures d'efforts pour se débarrasser des étreintes réitérées de cet ennemi d'un nouveau genre. »


— XXXVII —

Inutile de dire que cette plante si redoutable habitant en pays civilisé et exploré depuis longtemps ne figure dans aucune flore, et Dieu sait si les flores en contiennent. Le journaliste américain a voulu faire sans doute ce qu'on appelle une galéjade eu Provence, une charge à Paris, à moins qu'il n'ait voulu protester par le ridicule contre la théorie des plantés carnivores inventée par Darwin et qui a la vie dure grâce à l'attrait du merveilleux sur le bon public, quoique la science moderne ait décrété sa disparition une fois pour toutes, comme mal fondée.

Sans quitter le domaine de la botanique, nous signalerons une assertion émise par M. Barthe à propos du Carburant national dont il préside la Commission, dans divers articles parus dans la «Dépêche», notamment en date du 10 et 13 février courant. Nous sommes loin de blâmer son zèle, mais il nous semble qu'il va un peu loin, quand il prône, pour la production de l'alcool, l'utilisation de «l'agave indigène» que nous trouvons, dit-il, en abondance dans notre Midi. » Le terme d'abondance nous paraît exagéré. L'agave étant originaire de FAmérique extra tropicale, terres chaudes et sèches du Mexique et du Gua - temala notamment, craint l'humidité et la gelée ; il ne végète guère que dans les stations les plus abritées de notre Midi, spécialement là où fleurit l'oranger. Sa culture ne paraît pas susceptible d'être généralisée dans notre France méridionale, puis il serait important de connaître au préalable parmi la cinquantaine d'espèces que renferme ce genre, sans compter les variétés, qu'elles sont celles qui sont les plus résistantes et susceptibles de fournir par le parenchyme de la tige et des feuilles éminemment succulentes la plus grande richesse de sève sucrée.

Enfin, à propos de l'exploitation de nos forêts pour le Carburant national, même en brindilles et feuilles, il serait urgent d'éviter le trop rapide appauvrissement de nos forêts, et de ne pas négliger à la suite des expériences de laboratoire, le prix de revient. L'utilisation des sciures de bois pour le chauffage a déjà causé des mécomptes dans notre région ; il serait bon de ne pas lès généraliser.

M. Eugène Castel intéresse vivement l'assemblée en parlant d'un appareil volant, précurseur des aéroplanes, inventé par son père en 1878. Il se propose d'en faire exécuter un modèle réduit pour les eollections de la Société ; remerciements lui sont adressés par M. le Président.

M. Crébassol, dépose sur le bureau, un inventaire critique des espèces d'oiseaux vivant dans notre région. M. Marty est chargé d'en faire l'analyse pour la prochaine séance.


— XXXVIII —

M. Crébassol donne ensuite la liste des captures intéressantes de mammifères et d'oiseaux faites en ces temps derniers, d'octobre 1923 à février 1924 dans notre région :

MAMMIFÈRES. — Deux captures de Genettes (Vivifere genetta), animal rare dans notre pays ; celles de quelques Putois (Mustella putorius) et Fouines (Martes foina), et celles de nombreux écureuils (Sciurus vulgaris), devenus depuis la guerre très communs dans des endroits où l'on n'en avait jamais vu.

OISEAUX. — Une capture d'Aigle Bonneli (Hierasus fascialus), fort rare dans la région. Quelques captures de Faucons crésserelles (Faleo leiicosulcatus). Deux captures de Pie épeiche (Dryobatus major). De nombreuses captures de Hibou grand duc (Strix bubo), de Hibou moyen duc (Strix otus)et de Hibou brachyote (Strix brachyotus).Une capture de Héron pourpré (Ardea purpurea) et de Héron cendré (Ardea cinerea), oiseaux de passage dans notre région.

Plusieurs captures de Buses communes (Buteo communis) et de Buses cendrées (Pernis apivorus).

Il nous a été donné un matin de l'été dernier de voir une quarantaine environ de Buses passer au-dessus de la ville en décrivant en l'air de larges courbes et se dirigeant vers le Sud-Ouest.

A signaler encore une capture de Grue cendrée (Grus cinerea), femelle vieille, tuée aux environs d'Arzens (Aude), et le passage de quelques cigognes aperçues dans quelques coins du département.

Mentionnons pour terminer la capture d'un Cormoran ordinaire (Phalacrocoenx Carbo), tué sur les bords de l'Aude, au pied du village de Montredon, non loin de Carcassonne. C'est la deuxième capture à ma connaissance de cet oiseau, un autre sujet ayant été abattu dans les mêmes parages avant la guerre de 1914.

Vu en décembre 1923, s'ébattre dans le Fresquel, près du pont de Pennautier, à l'entrée du village, un Grèbe castagneux (Podiceps flur viatilis), qui ne paraissait nullement effrayé du voisinage de quelques spectateurs,

M. Crébassol se plaint ensuite de la disparition croissante de ces êtres ailés et si utiles sous tant de rapports. M. Hyvert intervient et dit que les produits arsenicaux actuellement employés dans les cul" tures viticoles, sont peut-être une des causes prédominantes de cette destruction,

En considération du succès obtenu par la conférence de M. l'ingénieur Devaux sur le carburant national (15 janvier dernier), l'assemblée décide sur la proposition de M. Crébassol, de donner une seconde


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conférence accompagnée de projections, le 11 mars prochain, dans la salle de la Chambre de Commerce de Carcassonne. Cette conférence, donnée par M. Crébassol lui-même aura pour titre : Notre ami l'oiseau. Ses services. Causes de sa disparition. Comment y remédier. L'ordre du jour étant épuisé la séance est levée.

Le Secrétaire, G. SICARD.

Séance du 15 Mars 1924

PRÉSIDENCE DE M. POUX, PRÉSIDENT

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté sans observations.

DONS. — M. Lambrigot fils, au nom de son père, notre regretté collègue, fait don à la Société d'un lot de fossiles de l'Aude et de , quelques haches néolithiques. M. Fages, qui, avant la séance, en a fait une revue sommaire, nous en donne le classement suivant: , Quelques bonnes pièces du lutétien de Couiza, Une belle série d'hip' purites et six polypiers variés du turonien de Rennes-les-Bains, queliques ammonites en bon état du Cènomanien de Sougraigne et un petit lot de l'Aptien de la Clape De plus, trois haches polies en quartzite, ne en phyllade et l'autre en petro.silex ; à notre connaissance cette pièce est très rare dans le Midi, c'est surtout dans le Centre de la France qu'on la recueille plus particulièrement. Elle porte une étiquette lui donnant St-Jean de Briola, comme lieu d'origine.

M. Crébassol, donne pour les collections toute une série d'.oeufs de diférentes espèces d'oiseaux, scientifiquement déterminés,

N. le Président adresse ses remerciements aux donateurs et profite de lette occasion pour féliciter M. Crébassol sur le succès de la conféreace qu'ila donnée le 11 courant et qui a vivement intéressé son auditoire.

COMMUNICATIONS. — M. Fages fait la communication suivante : J'ai

l'honneur de présenter à la Société une hache polie en quartzite récoltie par M. Henri Puel après un défonçage à vapeur dans un lieu dit Caro primo,'commune de Cazilhac (Aude). Cette hache a été laite par piçuage, seul le tranchant a été poli. Cette belle pièce présente à son traichant oblique, une trace d'usure qui a été corrigée par un


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second polissage. Je demande que Cazilhac fasse suite aux communes du département qui ont donné des pièces préhistoriques.

M. Crébassol fait une autre communication au sujet d'un cheval polydactyle : Lors du passage dans notre ville du Zoo Circus, il nous a été donné, dit-il, de voir un cas très curieux de polydactylie sur un cheval. On sait que le cheval n'a qu'un doigt apparent, le troisième, terminé par un sabot : mais il possède sous la peau deux stylets, qui représentent le métacarpien où le métatarsien rudimentaire du deuxième et quatrième doigt. Dans le cas qui nous occupe les membres antérieurs avaient quatre doigts, deux reposant normalement sur le sol, comme chez tous les chevaux et les deux autres bien constitués, mais ne reposant pas sur le sol. Ces cas assez rares dans nos régions, seraient parait-il, assez fréquents dans l'Amérique du Sud-Ouest.

M. Paul Roger, de Monlolieu, promet de nous apporter à une prochaine séance, une copie d'un plan lotier de Monlolieu du xYie sièle, des cachets de la manufacture royale et des cachets maçonniques. M. Roques Sainclair au sujet de l'excursion qui doit avoir lieu à Vil lalier, les Saptes, Conques, Lagardie, etc., nous donne de savants et précieux renseignements et promet son concours pour diriger l'excursion. Vu les fêtes de la Mi-Carême du 30 Mars, l'excursion qui devait avoir lieu à cette date est remise au dimanche suivant, 5 Avril, Il en est de même pour la prochaine séance qui, tombant le jour de Pâques sera avancée de huit jours et se tiendra le 13 Avril, Dimanche des Rameaux. L'ordre du jour étant épuisé la séance est levée.

Le Secrétaire, G. SICARD.

Séance du 13 Avril 1924

PRÉSIDENCE DE M. POUX, PRÉSIDENT

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté sans olservations.

M. Auge offre pour les collections de la Société une brancle de corail et deux monnaies anciennes en bronze qui seront sounises pour la détermination à notre collègue, M. l'abbé Cals.


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ADMISSIONS. — II est ensuite procédé à l'admission des candidats présentés à la dernière séance, le. 16 Mars. Ce sont : '

M: MONS Paul,, rue de la République à Carcassonne,

M. LUCET, propriétaire à Coliques.

M. BARDOU, propriétaire a Cazilhac.

M. BUTEL, propriétaire au Sommail, par Ginestâs.

M. COMBÉLÉRAN, employé à la Cie Méridionale de T. F. à Carcassonne.

Tous sont admis à l'unanimité.

PRÉSENTATIONS, — Sont présentés pour être reçus à la prochaine, séance :

M. REVEL, instituteur à Pennautier par MM. Poux et Barthe.

M. GALLY, libraire, rue Victor Hugo à Carcassonne, par MM Roques . et Sorel,

COMMUNICATIONS. — M. Roger, de Montolieu, présente et Offre à la . Société, un calque d'un vieux plan lotier dé Montolieu datant du XYIe siècle, et plusieurs empreintes de sceaux de la manufacturé royale de cette localité, ainsi que plusieurs empreintes de cachets maçonniques. Il fait à ce sujet une intéressante communication.

ARCHÉOLOGIE.— M, l'abbé Baichère signale dans le Dictionnaire d'Archéologie Chrétienne par Dom. Z. Cabroi, dont lès; fascicules EV-LXI ont paru lin Février 1924, la description de plusieurs sarcophages, sculptures et inscriptions du VIe et du XIIe siècles, trouvés à =. Nârbonne et dans les environs. Des moulages de ces objets sont mentionnés au Musée de St-Germain en Laye, tandis que les originaux se trouvent à Narbonne, soit au musée, soit à l'église St-Paul.

M. Baichère ajoute qu'il tient copie, dans ses notes archéologiques, d'une lettre qui lut adressée pair Tournai à Cornet Peyrusse, à l'époque où quatre de ces objets furent découverts. Savoir :

1° L'inscription du YIIe siècle, provenant de Mandourellê (commune de Villesèque des Corbières) relative à un Wisigoth chrétien, nommé Trasemir.

2° Une plaque sculptée à relief plat du YIe siècle, trouvée dans l'ancienne église des pèlerins à Narbonne, représentant une croix pattée et gammée, aux branches de laquelle sont suspendues les lettres Alpha et Omegà, avec, au-dessus de la croix, un vase dans lequel boivent deux colombes.

3° L'épitaphe trouvée dans le sol où a été construite la gare du chemin de fer à Narbonne, concernant un gallo romain, Dometius, qui vécut 37 ans et mourut en 527.


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4° L'épitaphe des trois enfants du seigneur juif, Paragorus, lesquels décédèrent en 689, deux ans environ, avant l'avènemedt d'Egica, roi des Wisigots à Narbonne. Tournai avait d'ailleurs signalé tous ces • objets dans le catalogue du Musée de Nârbonne et le Blant a reproduit les descriptions données par ce dernier dans l'épigraphie chrétienne de la Gaule.

Dans le Dictionnaire archéologique de Dom Z. Cabrol, les descriptions dont il est question sont aux colonnes 1179-1182 ; les inscriptions de Mandourellê, (Villesèque des Corbières) et la plaque sculptée à croix pattée de l'église des pèlerins de Nardonne, s'y trouvent très bien figurées.

Toutes les références bibliographiques, connues déjà sur ces inscriptions et les sarcophages de l'église St-Paul, y sont aussi reproduites,

M. Brustier, de Limoux, nous fait parvenir un travail fail par lui sur la formation des eaux minérales d'Alet.

M. Cathala d'Argeliers, annonce l'intéressante découverte d'un cimetière énéolithique à Gabezâc.

M. Blanquier expose en s'appùyant sur les travaux de M. Armand Gautier une théorie nouvelle sur la formation des eaux thermo minérales. Cette théorie basée sur une très sérieuse argumentation, explique l'efficacité thérapeutique des eaux minérales par la radio-activité qu'elles doivent à leur origine plutonienne. A la suite de cette communication une discussiou s'engage sur les phénomènes de radioactivité des eaux minérales qui perdent une grande partie de leur efficacité, dans un bref laps de temps, par suite de l'élimination rapide de leur puissance radio-active. M. le Président, M. Sorel et M, Blanquier, prennent la parole à ce sujet et confirment les dires de l'auteur de la note précédemment lue. Cette communication comme ; les précédentes, sera insérée dans la IIIe partie du bulletin de l'année 1914.

M. Fages, fait passer sous les yeux de l'assemblée, le mobilier funéraire de l'abri sous roche de Rouvenac, admirablement présenté dans un cadre sur fond rouge : M. Fages accompagne cette présentation de.,. la communication suivante : « Dans la séance du 14 Novembre 1906, j'ai signalé une trouvaille de l'époque Robenhausienne faite par mon ami F. Hassarnaud qui gracieusement me l'avait offerte. Par un motif que je veux taire, je n'ai pu jusqu'à ce jour vous présenter cette récolte. Je suis heureux aujourd'hui de pouvoir vous montrer ce remarquable mobilier funéraire, qui se décompose comme il suit : un bracelet strié


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en calcaire marmoréen, dix-sept grosses perles de nuances variées en roches diverses, une en test de cardium et une palette triangulaire en schiste vert. Je demande à prendre date pour fournir un travail documenté sur cette trouvaille et son habitat »

M. Germain Sicard fait ensuite le compte rendu très succinct de l'excursion du 6 courant à Villalier, Conques et Villegly. qui a eu un plein succès ; il termine en adressant au nom de tous les excursionnistes ses plus chaleureux remerciements à notre collègue M. Périé, pour la manière cordiale et généreuse dont il les a accueillis à leur passage à Villegly.

Sur la proposition de M. Blanquier, on décide d'écrire à l'Ecole palatine d'Avignon (Vaucluse), pour demander l'échange du bulletin.

M. Marty, suivant son babilude, fait d'une manière humoristique et attrayante l'analyse des derniers fascicules publiés par la Société agricole et scientifique du Roussillon et par îa Société d'histoire naturelle de Toulouse.

On termine en agitant la question du programme de l'excursion du 27 courant, à Lagrasse. Sitôt celui-ci mis au point, il sera communiqué à la presse.

Avant de lever la séance, M. le Président adresse ses souhaits de bienvenue à notre nouveau collègue M, Maraval, qui assiste pour la première fois à une de nos réunions.

L'ordre du jour étant épuisé la séance est levée.

La prochaine aura lieu le 18 Mai.prochain,

Le Secrétaire, G. SICARD.

Séance du 18 Mai 1924 tenue à Greffeif, au cours de l'excursion dans la vallée du Lauquet

PRÉSIDENCE DE M. J. POUX, PRÉSIDENT.

En prenant séance, M. le Président remercie M. le Maire de Greffeil de l'excellent accueil qu'il a bien voulu faire à la Société et rappelle les titres nombreux que M. l'abbé Ancé, ancien curé de Grefïeil, s'est acquis à la reconnaissance du pays et aux souvenirs de la Société d'études scientifiques de l'Aude dont il fut un des membres les plus actifs. Il énumère ensuite les titres scientifiques du vénérable ecclé-.


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siastique. M. le Président donne ensuite la parole au secrétaire pour la lecture du procès-verbal de la dernière séance, qui est adopté sans observation.

ADMISSIONS. — Sont reçus, à l'unanimité, à titre de membres actifs, les candidats présentés à la dernière séance et qui sont : M. REVEL Pierre, instituteur à Pennautier.

M. GALLYAIS, libraire, rue Victor-Hugo, à Carcassonne.

PRÉSENTATIONS. — M. LARNE Lucien, administrateur du domaine de Malves, par MM. Roques et Sicard.

M; le Dr PUJOL Henri, 11, Boulevard Montmorency, à Narbonne, présenté par MM. Fages et Héléna.

DONS, — M. Landriq fait don à la Société de deux photographiés représentant : l'une le roc d'en Bertrand, près de Camps, et l'autre un dolmen sans dalle de couverture, II envoie en même temps Ja communication suivante : « Nous vous adressons : 1° une vue du roc : d'en Bertrand ; 2° une vue inédite d'un dolmen. Ce mégalithe ne s'élève que de quelques centimètres au-dessus du sol. La dalle de couverture git à l'est du monument, je crains qu'il n'ait été fouillé. J'ai trouvé, en allant le photographier, soit dans le dolmen, soit autour, des poteries et des débris d'anses de forme allongée. Le ; dolmen des Escamels à Cubières nous a donné une récolte de perlés et de pendeloques de forme les plus variées. Quinze variétés, soit pour la forme soit pour la matière employée :

1° rectangulaire, plaquette d'os.

2° allongée, en os d;oiseau.

3° rond, petit caillou transparent, percé en haut, blanc.

4° petit caillou rose en forme de graine de ricin.

5° une grosse perle en albâtre.

6° en cardium de formes diverses.

7° noires en matière inconnue ; et d'autres que je ne puis dessiner ici. »

M. Fages lit ensuite une note sur les nombreux objets préhistoriques recueillis à Grefieil et dans les environs par M. l'abbé Ancê, et qui, malheureusement, Ont été éparpillés et donnés par lui. Il conti- , nue-en parlant des divers modes de sépulture dont faisaient usage nos ancêtres énéolithiques, et en cite les différents genres que les. chercheurs ont observés dans plusieurs coins du département.

Il termine en demandant que l'on veuille bien lui signaler toutes les trouvailles-se rapportant à ce sujet. . .


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M. Germain Sicard prend à son tour la parole et rappelle, en quelques mots, le souvenir de l'excursion qu'il fit à Greffeil en compagnie de M. Dat de Saint-Foule, alors président de notre Société, le 13 octobre 1890, et les fouilles fructueuses qu'ils opérèrent, sous les yeux de M. l'abbé Ancé, dans un champ de sépultures à urnes signalé parce dernier. M. G. Sicard fait ensuite un résumé succinct dé ce que les membres de l'excursion pourront voir dans les anciennes abbayes de St-Polycarpe et de St-Hilaire que l'on ira visiter dans l'après-midi.

Sur la proposition de M. Sicard, on prend la décision de demander au Syndicat d'Initiative de Carcassonne, qui nous prête un si utile concours, de vouloir bien compter la Société d'études scientifiques au nombre de ses membres actifs. On fixe ensuite au 29 courant, jour de l'Ascension, la date de l'excursion à Capendu et au mont Alaric.

Après aveir remercié lés donateurs et les auteurs des communications qui ont su rendre intéressante cette séance, tenue en pleine excursion, M. le Président, au nom de la Société, témoigne encore une fois sa gratitude à M. le Maire pour son aimable réception dans la mairie, et termine en demandant aux habitants de Greffeil. de signaler à la Société d'études scientifiques de l'Aude toutes les trouvailles qui pourraient être faites en fait d'objets préhistoriques nombreux dans cette région.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. La prochaine séance se tiendra le 15 juin prochain.

Le Secrétaire, G. SICARD.

Séance du 15 Juin 1924

PRÉSIDENCE DE M. POUX, PRÉSIDENT.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté sans observation. M. le Président adresse ensuite, au nom de la Société, ses félicitations à notre collègue, M. l'ingénieur Hyvert, pour la distinction honorifique bien méritée que lui adécernée le Ministère de l'Instruction Publique en le nommant officier de l'Instruction Publique.

DONS. —, M. Germain Sicard, de Rivière, offre àla Société un échantillon de minerai, pyrite de fer, de la nouvelle mine de Rieussec, commune de Citou.


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M. Esparseil dépose aussi pour les collections plusieurs échantillons de minerai, dont un de Bauxite provenant de Boutenaç.

ADMISSIONS. — M. LARNE Lucien, administrateur du domaine ïde Malves. présenté par MM. Roques et G. Sicard.

M. le docteur PUJOL Henri, 17, Boulevard Montmorency, à Narbonne, présenté par MM. Fages et Héléna.

M. Alfred DUCHAN, propriétaire à Floure, présenté par MM. Poux et G. Sicard ; proclamé à l'excursion du 29 mai, au mont Alaric.

M. Hugues COMBIS, architecte, rue Andrieu 15, à Carcassonne, présenté par MM. Barthe et G. Sicard.

M. FIL Jules, instituteur à Fourtou, présenté par MM. Cros et Fages ; proclamé à l'excursion du 9 juin, à Fourtou.

PRÉSENTATION. — M. GRANAT, président de la Société des médaillés militaires de l'Aude, présenté par MM. Roques et G. Sicard.

COMMUNICATIONS. — On donne lecture de deux communications de M. l'abbé Baichère : une sur quelques plantes rares de la vallée du Glamoux ; une autre sur le lieu probable où se trouvait l'antique oppidum de Pech-Melio, dans la vallée de l'Orbiel.

M. et Mme Landriq, instituteurs à Camps, envoient une note sur la découverte d'un cromlech dans la commune de Rouffiac-des-Corbières, le 5 juin 1924, au lieu dit Counozeil, cote 411 : c'est le troisième monument de ce genre signalé dans l'Aude.

M. Fages nous adresse une note sur le résultat de ses fouilles récentes dens la grotte du Trou de la Borde :

« Mes dernières fouilles dans la grotte du Trou de la Borde, cne de Villegailhenc, m'ont donné d'assez fructueux résultats et je suis heureux de pouvoir vous présenter une partie du mobilier funéraire recueilli en ce lieu, il se décompose comme il suit : 1° une perle en verre soufflé; 2' trois en verre polychrôme, quatre en terre émaillée et un bouton en bronze. Je crois pouvoir rapporter cette sépulture à l'âge du bronze parce que des objets similaires ont été recueillis dans le cimetière de Caranda (Aisne) et aux Grons des Vertus (Marne).

Moins heureux que ceux qui ont fouillé ces champs de sépultures, je n'ai pas eu la bonne fortune de récolter des armes en bronze; fautil d'après cela émettre l'opinion que je me trouve en présence d'une sépulture de femme ? Sir John Evans nous dit dans son remarquable ouvrage: « Les Celtes ». (1) avaient du goût pour les parures qu'ils portaient, en colliers, mais ils se couvraient en outre les mem(i)

mem(i) livre XXXVI.


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bres de bracelets, d'anneaux, et le corps de lourdes ceintures Composées de perles multicolores (1). Les femmes se réservaient des parures très légères, telles que les admirables colliers en grains de cristal de roche, en cornaline, en verre et en terre vernissée, qui ressortaient sur leurs robes simples et leurs gorges blanches ()2. »

Deux épées et le fragment d'une troisième ont été trouvés dans la caverne de Bum, avec un grand nombre d'instruments en bronze et des colliers en verre polychrome et en or.

M. G. Sicard, propose à la Société de faire l'acquisition de l'an nuaire de l'Aude qui Vient de paraître et pourrait être utile à bien des égards. Adopté.

M. le Dr Dupeyron, demande à quelle date aura lieu la visité de la Cité, sous la direction savante de nôtre Président, M. Poux, qui rendra cette visite si intéressante. M. le Président la fixe au 29 juin : on se réunira à 10 heures à la porte de l'Aude.

On passe ensuite à l'examen du programme de l'excursion à Bize du 22 courant: on invite les adhérents à s'inscrire le plustôt. possible avant le 18 au Syndicat d'initiative. Suivant le nombre d'adhésions, l'excursion se fera soit par la voie ferrée, plus coûteuse dans ce cas, soit par l'autobus habituel.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.

Le Secrétaire, G. SICARD.

Séance du 20 Juillet 1924

PRÉSIDENCE DE M. CRÉBASSOL, VICE-PRÉSIDENT.

En l'absence du secrétaire excusé pour cause de maladie, M. Barthe. secrétaire-adjoint, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, qui est adopté sans observations.

PRÉSENTATIONS. — M. GARRIGUES Paul, propriétaire à Caunes, par MM. Sicard et Fages.

M. MARTROU Louis, propriétaire à Roquefprt-des-Corbières, par MM. Fages et Barthe.

(1) Bulletin de la Société archéologique du Finistère 1883. (2) L'âge du bronze en Grande-Bretagne.


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ADMISSIONS.— M. GRANAT, président de la Société des médailles militaires. 11, rue Courtejaire, à Carcassonne, par MM. Roques et Sicard.

M, BEHTROU Marius, industriel à Pennautier, par MM. Fages et Barthe.

COMMUNICATIONS. — M. l'abbé Baichère signale une station intéressante de plantes près Villegly, sur les bords du Clamoux.

Cette communication, avec liste de plantes, fera suite au rapport de MM. Roques et Sicard sur l'excursion du 6 Avril 1924 à Villalier Conques et Villegly.

M. Léonce Marty présente une note Sur de nouvelles plantes rares recueillies dans l'Alaric et qui semblent végéter dans un habitat quine leur est pas naturel.

Notre montagne d'Alarie réserve toujours d'agréables surprises à ses fervents adorateurs. M, Rouquet vient d'y découvrir au sommet, sur des rochers battus par le vent, un Ephedra non fleuri ni fructifié, ; qu'il prit tout d'abord, à cause de sa ressemblance, pour une prêle, malgré la singulière station de cette plante amie des eaux. • Cet arbrisseau a bien été appelé, à cause de cette ressemblance, Ephedra equiseliformis par Webb, mais dans sa riche syuonymie, c'est le nom d'Ephedra Nebrodensis Tinco qui a prévalu aujourd'hui par son antériorité. Il est le seul représentant en France avec Y Ephedra distachya L.. vulgairement raisin de mer, de la famille des Gnétacées, voisine des Conifères.

Sa patrie est la région méditerranéenne et l'Asie Mineure, son extérieur modeste n'attire pas les regards, aussi est-il connu depuis peu. Grenier et Godron ne le citent sous le nom d'E. Villarsii que sous les murs de la citadelle de Sisteron, ne lui attribuent sans doute par erreur d'impression qu'une hauteur de 1 à 2 centimètres ! Gillêt et Magne n'en font pas mention,

L'herborisation de l'Alaric, faite le 12 juin 1888 par la Société botanique de France au cours de la session de Nârbonne, Sous la direction de M. Gaston Gautier, ne mentionne pas l'E. Nebrodensis qu'il signala -ultérieurement dans les ruines du Château de Pierrepertuse, et S Massac, sommet des Hautes-Corbières, sur les rochers de Cagolièrê ér dé la Girbaude. »

M. Fages présente quelques pièces provenant de la seconde époque de l'âge du bronze (Larnandienne) recueillies à LeUe (Aude) en 1885, Notre collègue n'a pas de données certaines sur l'origine de la trou-


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vaille, mais croit qu'elle provient de la cachette d'un fondeur...Quatre fragments de bracelets et un talon de lance sont les, seuls, objets qua recueillis notre dévoué collègue M. Bugnard, l'habile peintre décorateur.

M- Fages espère qu'en étudiant plus sérieusement l'endroit où ces objets, ont été mis à jour. on pourrait faire encore d'autres découvertes. Il se promet de faire une enquête à ce sujet et de, nous donner des renseignements plus précis.

MM. Marty et Crébassol prennent quelques-unes des. publications déposées sur le bureau pour en faire l'analyse.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.

La prochaine séance aura lieu le 19 Octobre 1924,

Pour le Secrétaire empêché, le Secrétaire-adjoint,

BARTHE.

Séance du 19 Octobre 1924

PRÉSIDENCE DE M. GASTON POUX, PRÉSIDENT, PUIS DE M. GAVOY, ANCIEN PRÉSIDENT

M. Barthe, secrétaire-adjoint, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance tenue le 20 juillet dernier, et qui est adopté sans observation.

ADMISSION.— M-Paul GARRIGUES présenté, à la dernière séance par MM. Sicard et Fages, est admis à l'unanimité.

PRÉSENTATIONS. — M. DHOMPS Ernest; propriétaire à Citou; par MMSicard et Barthe.

M. Roux Michel, régisseur au domaine de Salauze, prés CaunesMinervois, par MM. G. Sicard et Albert Duchan.

M. SOURNIES, médecin-vétérinaire départemental à Carcassonne: par MM- Saintout et Roques Saintclair.

M. -MARTY Alfred, comptable, 13, Square Gambetta, à Carcasonne, par MM: Barthe et Blanquier.

Après ces préliminaires, M. Poux prié M. Gavoy, membre fondateur; de la Société, ancien président, secrétaire honoraire, ne résidant plùs; à Garcâssonne, mais de passage parmi nous, eh raison de la-psiff

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importante qu'il a toujours prise aux travaux de la Société, de vouloir bien occuper le fauteuil de la présidence.

Après les remerciements de celui-ci, salués par les applaudissements de l'assemblée, M. Barthe donne la listé des nombreux ouvrages provenant des sociétés correspondantes et arrivés pendant la période des vacances.

Plusieurs de ces travaux sont remis par le président à MM. Marty, Hëléna et Crébassol pour en faire l'analyse,

. DONS. — M. Albert Rouquette, notre compatriote, actuellement dans l'Afrique Centrale, fait don au musée de la Société d'une peau de serpent de 3 m- 10.de loug : c'est le second envoi qu'il fait à la Société. Aussi M. Poux propose-t-il. pour le remercier, de le nommer membre correspondant ; ce qui est adopté à l'unanimité.

COMMUNICATIONS. — M. Blanquier offre à la Société des échantillons de fer hématite provenant de la Bretagne, et dépose, à ce sujet, une note qui paraîtra dans le bulletin. M. Esparseil fait observer que le gîte signalé par l'auteur de la note et qui se trouve dans l'arrondissement de Châteaubriant, est un des plus intéressants de la France.

M. Marty fait une communication sur deux plantes nouvelles pour le pays, découvertes par notre collègue, M. Rouanet:

A signaler la découverte, toujours par M, Rouanet, notre collègue, de" deux plantes intéressantes aux environs immédiats de Carcassonne ; elles ne sont pas nouvelles, mais nous servent d'indice pour leur persistance et leur rayonnement,

L'une, là Salria silvestris nous vient du levant, Europe centrale et méridionale ; elle croit dans les lieux herbeux : Var, Bouches-duRhône et Aude. Elle a été trouvée à l'Estagnol, à son point extrême peiUrètre de dissémination vers l'ouest.

L'autre, le Cyperus végétas est une plante américaine, naturalisée dans notre sud-ouest, de Bayonne et Bordeaux. Elle a progressé jusque dans l'Hérault ; elle végète vigoureusement sur les bords dé l'Aude, près Carcassonne.

Voilà deux invasions, pacifiques heureusement, qui attaquent notre Midi par les deux pôles opposés, est et ouest.

M. Rouanet nous à encore remis un maigre échantillon d'une plante munie d'une seule fleur à l'aisselle d'une feuille et grande 'comme une tête d'épingle ; il provient de l'ancien jardin des évoques, à Villalier. C'est probablement le Menispermum virginicum, à feuilles 'non peltées.; cet arbuste est dioïque et la fleur de l'échantillon présente est femelle. Il peut se reproduire abondamment, à défaut de


graines, par ses racines traçantes. Nous possédons dans notre jardin un bel arbuste grimpant de Menispermum à fleur mâle, mais c'est Te Menispèrmum du Canada à feuilles peltées, plus vigoureux que le précédent. Il serait intéressant, le cas échéant, si nous ; possédions les deux sujets, de tenter la fécondation qui rie pourrait être qu'hybride.

Mme Landriq, maintenant domiciliée à Cascastel, envoie une note avec croquis sur une hache néolithique de forme particulière, recueil lie par M. Dupré, maire de la localité.

M G.. Sicard. de Rivière, présente à la Société toute une .série d'objets provenant des fouilles qu'il opère, avec l'expresse permission du propriétaire, M. Léon Perrière, dans_ un ossuaire néolithique, situé dans la commune de Laure. Cette série comprend plusieurs colliers en perlés faites en test de cardium, au nombre de 600 environ, en silex votifs finement retouchés, en objets en bronze et en fragments-de poteries, le tout trouvé.au milieu d'un magma d'os brisés, entassés sans ordre, entremêlés de pierres plates, et sans doute ensevelis dans cette crypte après avoir subi dans une sépulture provisoire une désincarnation complète. Ces fouilles sont encore loin d'être termi. nées ; un mémoire sera remis à la Société après l'exploration complète de cette multiple sépulture. La plupart de ces .objets, ont été déjà présentés au Congrès historique et archéologique des Sociétés savantes du Sud-Ouest, tenu du 8 au 12 septembre dernier à St-Gau dens (Hte-Garonne) ; l'auteur de ces fouilles, représentant la Société d'études scientifiques de l'Aude à ce Congrès, donne ensuite de cette assemblée un bref sommaire des, travaux, et qui aura place dans notre prochain bulletin.

QUESTIONS DIVERSES. — On. demande s'il n'est pas envoyé trop d'exemplaires de notre bulletin aux Sociétés correspondantes, certaines ayant cessé d'exister ou de publier. M. Crébassol répond qu'il a fait le nécessaire pour qu'il n'y ait pas d'abus. Cette question amène celle du catalogue de la bibliothèque : une partie considérable de ce catalogué, composée de fiches, a été déjà faite par notre regretté collègue, M. Pech. M. Blanquier, aidé de M. Sorel, se charge de mener à bien ce travail si nécessaire.

On discute ensuite sur le projet d'excursion à Vendres et au château du Nègre, pour aller visiter les ruines du temple de Vénus elles splendides collections dé M. Mouret, recueillies à Ensérutie : le programme définitif ne sera mis au point que dans le courant de la semaine, suivant le nombre des adhésions.


— LII —

M. Raymond Esparseil fait part à.la Société de la visite qu'il a, reçu de M. Roule, en sa qualité de conservateur des collections du musée de rarcassonne ; il demande s'il ne, serait pas bon pour la Société d'études scientifiques de demander un local pour loger ses collections gui, en.somme, seront un jour propriété de la ville et constituent déjà le commencement d'un musée d'histoire naturelle, que toutes les villes un. peu importantes ont le souci de créer un ; à ce sujet, M. Crébassol cite l'exemple de la ville de Montauban. Une discussion s'élève à ce sujet. On demande si la Société ne perdrait pas son auto.nomie et ne deviendrait pas esclave des municipalités successives : on-rappelle l'expulsion de la Société des arts et sciences de son local au Musée, à l'avènement d'une municipalité nouvelle. Prennent ;part à la discussion MM. Poux, Blanquier, 'Gùiraud, Louvriei- et Marty. Il est'décidé qu'une délégation' de 'quatre membres Ira faire unie démarche pour demander un local au chef de la municipalité dé Carcassonne.

-Avant de clôturer la séance, M. Crébassol, vice-président, à la tète d'une maison de toxidermie à Toulouse, demande qu'on lui permette d'ajouter à son en-tête commerciale préparateur de la Société d'études scientifiques de l'Aude », ce qui lui est accordé par acclamation.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 4 heures.

Laprochaine aura lieu le 16 novembre 1924. Le Secrétaire,'.

G. SICARD.

Séance du 16 Novembre 1924

PRÉSIDENCE DE M. POUX, PRÉSIDENT.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté sans observations.

ADMISSIONS. — Les divers candidats présentés à la dernière séance sont admis à l'unanimité, comme membres titulaires, ce sont :

M. DHOMPS Ernast, propriétaire à Citou, présenté par MM, Sicard ■et Fages.

M.. SOURNIES, vétérinaire départemental à Carcassonne, présenté par MM. Roques et Saintout.

M. MARTY Alfred,,comptable, Square Gambette, 13, à Carcassonne; par MM. Barthe et Blanquier,


— LIII

M. Roux Michel, administrateur du domaine de Salaue, près Caunes-Minervois, présenté par MM, Sicard et Fages.

DONS. — M. Hyvert envoie pour les collections des fragments d'un dolium très épais ; à la prochaine séance, il fera une communication à ce sujet.

M. Crébassol fait don d'un pivert naturalisé par lui (Picus viridis).

M. G. Sicard offre une série de 20 médailles antiques, dont ,18 romaines, une Ibérienne, d'Emporium, et un denier melgorien, recueillies aux environs de Cannes :

(1) Monnaie de la colonie de Nimes, au crocodile.

(2) Lucilla (Annia Lucilla); Luci, Veri uxor .183. LUCILLAE AVC

ANTONINI. AVC.F; (Buste).

(Revers) VESTA S-C — Vesta debouta côté d'un autel allumé, tenant le simpulum de sa droite et un palladium de sa gauche.

(3) Antonin le pieux; 138161. ANTONINVS— AVG. PIVS. (Revers effacé). (Cannes).

(4) Monnaie de la colonie de Nîmes (pareille au n° 1). (5) Claude — 41-54. Tête à gauche.

TI — CLAUDIVS — CAESAR — AVG.

(Revers) S. C. Minerve casquée se tournant à gauche, avec un bouclier à sa main gauche et Une petite lance a sa main droite (Laûre).

(6) Crispina Gommodi uxor — 183

CRISPINA — AVGVSTA (Buste).

(Revers) Minerve droite avec bouclier à la main gauche posé à terre et lance (presque disparue) à la main droite. (Cannes).

(7) Claude,— .41-54.

Il — CLAVDIVS — CAESAR — AVG. (tète).

(Revers) CONSTANTAE — AVGVSTI — C. Victoire debout, avec.une palme à la main droite et s'appuyant de la gauche sur une,,lance. ...

(8) Auguste.

CAESAR,—PONT — MAX, (tête à droite).

(Revers). Autel de Lyon orné de figures entre deux colonnes sur

montées chacune d'une victoire et au dessous ROM — ET — AVG.

(Cannes).

(9) Constantin II. 335 340

CONSTANTINVS — IVN — N. G. (Buste de Conslantin laure à droite). (Revers) GLORIA. EXERCITVS. exerguè S. P. G; RV: Deux enseignes

entre deux légionnaires,


— LIV —

(10) Auguste. ,

DIVVS — AVGVSTVS — PATER (tète d'Auguste à gauche). (Revers) Autel romain à plusieurs colonnes entre les lettres s. C. à l'exergue.FROviDENT. (Cannes).

(11) Claude.

CAESAR — DIVVS — CLAUDIUS - AVGVSTVS,

(Revers) femme assise tenant de la main droite la haste, de la gauche ? (Petite pièce d'argent trouvée, à Cannes).

(12) Julien II. 360.

D N.'IVLIANVS — NOB — CAES. (tête de Julien à droite). (Revers; Guerrier perçant de sa lance son adversaire renversé. Exergue REPARATIO (petit bronze frappé à Constantinople.) (Cannes);

(13) Denier melgorien. RAMVNO (POL ?) accosté de deux fanions ? (Revers) MAIDONA — 4 aunelets. (Trouvé dans les terres de Rivière

(commune de Laure).

(14) Monnaie celtibérienne d'Ampurias (Espagne). 1er siècle. Tête de Pallas. P. C. V. Q. — C. C. Q. : Légende celtibérienne, caractères romains.

(Revers) Pégase et au-dessous E. M. P. O. R. (Cannes).

(15) Constantin 11, 315-340.

D. N. CONSTANTINTS — IVN. P. p. AVG. (tête à droite laurée).

(Revers) FEL. TEMP. REPARATIO. (L'empereur écrase de son talon et frappe de sa lance un prisonnier : au dessous s. AVG.

(16 — 17 — 18) Constantin III (421).

D. N. CONSTANTINVS. NOB. C. (tête à droite).

Revers) FELIX. PROCESSVS. L'empereur foule un ennemi à ses pieds et porte un bouclier à gauche et une lance à droite, et au-dessous ALEP.

(19) Constantin III (421).

D. N- CONSTANTIN VS. P. P. — CAESAR (tête, à droite).

Revers : comme aux trois précédentes.

(20 Gratien (379).

D. N. GRATIANVS — NOB (CAES).

(Revers) (FELIX. T) EMP. REPARATIO. L'empereur foule un ennemi à ses pieds.

COMMUNICATIONS. — M. Fages lit une note sur les objets préhistoriques qu'il a recueillis dans la grotte du Trou de la Bordo, elle paraîtra in extenso dans le Bulletin.

M, Crébassol donne la liste des dons qu'il a fait à la Société en octobre et novembre derniers : deux fungia agariformis — une bran-


— LV —

che de corail rouge (Corallium rubrum)— une gousse de cotonnier — caoutchouc de Madagascar — lige et fruits de Jaquirety — tige* d'orseilie — un lézard fouetté queue, naturalisé — un pic vert (naturalisé).

QUESTIONS DIVERSES. — M G. Sicard présente une note envoyée par M, l'abbé Baichère sur la fontaine du château de Malves, et qui arriva trop tard pour paraître dans le dernier Bulletin.

M. Sorel, bibliothécaire, demande l'achat de fiches perfectionnées, pour achever le catalogue de la bibliothèque qu'il doit faire avec l'aide de M. Blanquier, ce qui est adopté.

M. le Président propose d'autoriser la visite nos collections, à certains jours, les élèves dès différents établissements d'éducation .de la ville de Carcassonne. L'assemblée entière se rallie à cette prdposition.

M. Crébassol demande que le titre de membre correspondant soit donné à M. Philippe Lacome, conservateur technique du Muséum d'hist. nat. de Toulouse (adopté).

M. Léonce Marty donne ensuite l'analyse de divers ouvrages - il nous parle de St-Bertrand de Comminges, où la Société pourrait bien faire une excursion cet été, et finit par la lecture de notes intéressantes recueillies dans le Bulletin de la Société de Géographie de Rochefort : il est regrettable qu'une note sur ces questions n'ait pas été remise au Secrétaire qui ne peut que les signaler;

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 4 h, 1/2; La prochaine aura lieu le 21 Décembre pour les élections et le . renouvellement du bureau.

Le Secrétaire,, G. SICARD.

Séance du 21 Décembre 1924

PRÉSIDENCE DE M. J. POUX, PRÉSIDENT.

Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance-du 16 Novembre 1924 qui est adopté sans observations.

DONS. — M. Albert Rouquette, membre correspondant, actuellement à Haoulak (Haut Sénégal), nous envoie deux peaux de caïmans et des échantillons de roches du Niger.


— LVI —

M. Esparseil fait don de plusieurs minerais, Barytine, lignite, galène, provenant des environs d'Auriac.

M. Pierre Embry donne un beau plan eu relief du port de Djibouti,, sur la Mer Rouge, et plusieurs volumes rares offerts par M. Rolland., du Roquan. Ce sont : 1° Cosmos : essai d'une description physique du monde )2 volumes; 2° Abbé Rogier : Observation sur la physique, sur l'Histoire naturelle et sur les arts (2 vol.) ; 3° Oscard de Rolland du Roquan : Description des coquilles fossiles de la famille de rudistés. Carcassonne 1841 (plusieurs exemplaires). Une lettre de remerciements sera adressée à M de Rolland.

M. Hyvert fils dépose sur le bureau tout un lot de fragments de poteries antiques ornées de dessins en relief et des plaquettes de revêtement romaines recueillies par lui entre Vendres et Nissan.; il enverra prochainement une note à ce sujet.

M. Crébassol offre pour les collections : un Varan du désert (Varanus arenarius), un Orvet (anguis fragilis), un sygnatte aiguille (sygnatus acutus), naturalisés par lui.

M. le Président adresse les remerciements de la Société aux donateurs, dit que nos collections s'enrichissent si vite que la place va , bientôt manquer, et félicite M. Crébassol au sujet de la nomination de son père, qui vient d'être, promu général à Toulouse.

COMMUNICATIONS. M. Pierre Embry, à propos de son don du plan en relief du port de Djibouti, fait la communication suivante : Ce plan en relief de la ville de la rade de Djibouti, côte des Semalis, a eté fait en 1905 par M. Paul Embry en vue de la construction d'an port sur ce point de la côte africaine. Il est très intéressant pour l'étude de la formation des récifs madréporiques qui constituent le fond sous-màrin de la rade. Le même plan figure au Musée Océanographique de Monaco et au Musée Colonial de Vincennes.

M. Esparseil donne, lecture d'un mémoire sur les gîtes ferrifères concédés dans les Corbières an point de vue métallogénique, historique, géologique et analytique

M. l'abbé Paichère envoie un travail sur les couches géologiques tertiaires du Minervois ; il signale sur le territoire de la commune de Villegly, â l'est de la gare du tramw, des couches de gypse fibreux, à mi-cote de l'escarpement du coteau de Ste Anne, sur la rive gauche du Clamoux. Il indique, en outre, dans cette petite région et au bas de l'étage lutétien (éocène) des assises calcaires correspondant aux calcaires à lignites de l'Hérault. Le charbon grossier qui a été recueilli sur certains points, principalement à l'est de Villegly, brûle


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avec une forte, odeur bitumeuse, qui semble annoncer; dans son soussoldes nappes de pétrole. A la suite de cette communication M. Esparseil fait observer que si l'on suit et l'on prolonge la direction des couches signalées par M, l'abbé Baichère au-delà de Cessenon, on arrive directement à Gabian, où l'on, découvre actuellement des (sources de pétrole.

M, G. Sicard donne lecture d'une note de M. Héléna sur les découvertes effectuées dans l'allée couverte de St-Eugène .(commune de Laure) et émanant dû procès verbal de. la séance de la commission archéologique de Narbonne du 3 Décembre courant,- M, G. Sicard fait

ensuite part à la Société d'un article paru récemment dans le journal l' « Eclair " et ayant trait à de magnifiques boiseries en chêne sculpte

et doré, qui se trouvent dans l'église, de Lapradelle-Puylaurens et mériteraient d'être classées pour assurer leur conservation.

M. Fages remet son mémoire sur, la sépulture néolithique de Roûvenac. .

M. le docteur Courrent remet sur le bureau et donne lecture d'une notice très détaillée sûr la.grotte, de l'Aguzou ou Caune d'En Bouco, près des Bains d'Usson ; des chemins ont été tracés sur le flanc de la montagne pour faciliter l'accès de cette vaste et intéressante caverne. M. le docteur Courrent profite de ce qu'il a la parole pour nous tracer les grandes lignes d'une excursion au château de Puivert ; il se chargé du programme et prendra la direction de cette belle course pour la rendre le plus commode possible aux membres de la Société.

M. 'Hyvert fils, à l'appui de ses dons, nous décrit ,de quelle manière ont été découverts les différents débris de dolia et de poteries ornées, parmi lesquels un fragment qui est le fond d'un pot sigillé; il enverra à la Société un mémoire complémentaire à ce sujet.

M. Crébassol fait une commùnication sûr les divers dons qu'il vient défaire à la Société et, à l'aide du tableau noir, nous initie, par d'iiabiles schémas, aux moeurs des différents animaux naturalisés par lui et qui feront l'ornement de nos collections.

M, Amiel entretient l'assemblée d'un livre récemment paru, oeuvre posthume de M. Rivais, ancien député de l'Aude, littérateur distingué, qui a déjà écrit des ouvrages fort intéressants sur le département ; la couverture est illustrée par notre spirituel caricaturiste et habile dessinateur, M. Dantoine, Ce livre contient une foule d'anecdotes contées avec le plus.pur esprit gaulois et mériterait d'être dans toutes lés mains.


— LVIII —

On procède ensuite aux élections pour le renouvellement du bureau.

M. LOUVBIER Edouard est élu président pour l'année 1925, à l'unanimité, par 40 voix dont 12 par correspondance.

Le Bureau est ainsi constitué pour l'année qui va s'ouvrir :

Président, honoraire : M. GUIRAUD Martin.

Secrétaire honoraire : M. GAVOY Louis.

Président : M, LOUVRIER.

Vice-présidents : MM, CRÉBASSOL et BARTHE.

Trésorier ; M. FAGES.

Bibliolhécaivc-ar claviste : M. SOREL.

Secrétaires : MM. SICARD et BLANQUIER.

Conservateurs des collections : MM. CRÉBASSOL, FAGES et SICARD.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. La prochaine aura lieu le 18 Janvier 1925 pour l'installation du bureau, à 2 h. de l'après-midi, dans le local ordinaire de la Société.

Le Secrétaire, G. SICARD.


— LIX —

NOTE SUR LA SITUATION FlNANCIÈRE

DE LA

SOCIÉTÉ D'ÉTUDES SCIENTIFIQUES; DE L'AUDE à la fin de l'Exercice 1934

V par A. FAGES, Trésorier

La Société avait en caisse à la fin de l'exercice 1923. 1.047 fr. 50 Elle a reçu pendant l'année 1924. 4.840 05

Total.............. 6.247 55

Les dépenses s'élèvent à. 1.169 80

L'excédent des recettes est de. 5.077 75

Les Recettes et les Dépenses se décomposent comme suit :

RECETTES

Solde en caisse au 1er Janvier 1924 1.407 30

171 cotisations à 10 fr. ......... 1.710 »

Subvention du Conseil Général...... . .....; 200 »

id. pour l'ouvrage David,.....;... ,...1,000 »

Subvention ville de Carcassonne. .... 500 .

id. ville de Narbonne. ............... 500

24 membres nouveaux à 13 fr 312 »

Recettes diverses (vente du Bulletin, intérêts en

compte conrant, insignes, diplômes).............. 618 05

Total .. 6.247 55

DÉPENSES

Loyer .... . 400 »

Concierge et facteur..,...... 80 »

Impositions- .... ........ ... 19 25

Assurance contre l'incendie........ ......... 22. 90

Eclairage, et chauffage, ........... ... .16 , .50

Fiais de conférence................ .... 39 20

À reporter.. 577 85


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Report. 377 85

Mobilier et entretien 375

Frais d'excursion 45

Entretien des .collections— . . -35

Correspondances frais,de recouvrement. 37 95

Dépenses des secrétaire et trésorier 99 »

Total 1.169 80

propositions pour le Budget de 1926

RECETTES

Solde en caisse au 1er janvier 1925. 5.077 75

171 cotisations à 10 fr.. ... 1.710 . »

20 membres nouveaux à 13 fr 260 »

Subvention du Conseil Général 200 »

id. Ville de Carcassonne 500 »

Total... 7.747 ,,75

DÉPENSES

Loyer — 400 »

Concierge et facteur ,80 , »,

Impositions 25 ,

Assurances. ... 25 »

Éclairage et chauffage 20 »

Mobilier et entretien 50 «

Impression et brochage ouvrage David- 4.000 »

Frais d'envoi du Bulletin 150 »

Impressions diverses . 100 . ,

Frais de bureau secrétaire et trésorier 80 »

Abonnements 40., »

Frais d'excursions 30 »

Dépenses diverses ou imprévues 350 ».

Solde à reporter à nouveau 2.377 75

Total 7.747 75



Séances de 1925


ADMINISTRATION DE LA SOCIETE

Pour l'Année 1928

COMPOSITION DU BUREAU

Président honoraire : M. GUIRAUD Martin. Secrétaire honoraire : M. Louis GAVOY. Directeur honoraire : M. Joseph Poux. Président : M. E. LOUVRIER, puis .M. H. CRÉBASSOL.

Vice-Présidents :

M. BABTHE. M. HÉLÉNA.

Secrétaire : M. G. SICARD. CITP

Trésorier : M. Antoine FAGES. A Bibliothécaire-Archiviste : M. SOREL. Préparateur des collections : M. GRÉBASSOL.

COMITÉ DU BULLETIN (1)

MM. Pierre EMBRY. A B_. ESPARSEIL. GAVOY. AMIEL.

MM. A. FAGES. SA - SICARD. I P Dr COURRENT. IPMARTY.

COMITÉ DES EXCURSIONS (1)

MM. EMBRY. BARTHE.

C ESCARGUEL. I CATHALA Marius.

MM. ESPARSEIL..

COMBELÉBAN. À. FAGES. G. SICARD.

COMITÉ D'ETUDES.

Botanique ; MARTY. Entomologie : GAVOY. Ornithologie : CRÉBASSOL. Préhistoire : FAGES, HÉLÉNA, SICARD. Archéologie : Poux, CALS. COURBENT. Minéralogie : ESPABSEIL. DEMARTY.

(1) Le Président et le Secrétaire font partie, de droit, du Comité du Bulletin et du Comité des Excursions.


— LXIV —

PROCES-VERBAUX des SÉANCES de 1925

Séance du 18 Janvier 1925

PRÉSIDENCE DE M. POUX, PUIS DE M. LOUVRIER.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

M. Poux, président sortant, fait part à la Société de la mort de M. Philippe Rouzaud, notre collègue, depuis 1892, vice-président du Syndicat d'Initiative, décédé à Carcassonne le 7 janvier courant. Il adresse à sa famille les sympathiques condoléancee de la Société.

M. Poux est heureux de souhaiter la bienvenue à son ami M, Pago, conseiller municipal de Narbonne, et à M. Héléna fils qui continue dignement la tradition scientifique de sa famille en marchant dans la voie tracée par son père.

Il rappelle ensuite les travaux aussi nombreux qu'intéressants, auxquels s'est livrée la Société pendant l'année écoulée ; il remercie les donateurs dont la générosité embellit nos belles collections scientifiques ; il adresse ses éloges à ses collaborateurs dont le dévouement lui a facilité sa tâche, et. après avoir procédé à l'installation du nouveau bureau, il invite M. Louvrier, son successenr, à prendre place au fauteuil présidentiel.

En un discours, très humoristique et très fin, M. Louvrier-fait l'éloge de ses prédécesseurs, à la valeur desquels il est heureux de rendre un juste hommage. Puis il définit le but et les traditions de la Société, auxquels il entend demeurer fidèle : étudier son pays pour le mieux connaître et le mieux aimer,

Ces deux discours sont couverts d'applaudissements.

Afin de mieux assurer la continuation dans les travaux de la Société, l'unité dans l'effort commun. M G. Sicard propose de désigner un directeur élu pour plusieurs années et, conformément aux statuts, présente dans ce sens une motion signée par dix membres.

M. le Président est heureux de s'associer à cette motion, et M. Poux est élu à l'unanimité directeur pour une durée de trois ans, Le résultat de cette élection, qui rend hommage à la haute valeur de M Poux et aux Importants services qu'il a rendus à la Société, est chaleureusement acclamée.


— LXV —

EXCURSIONS. — Les, excursions pour 1925 ont été fixées ainsi qu'il

suit :

10 Mai. — Région narbonnaise : La Clape.

1er Juin. — Région limitrophe : St-Bertrand de Comminges (Hte-Gar.)

14 Juin.— Région des Corbières: .Villerouge, château de Termes,

Durfort. 28 Juin.— Région du pays de ïierkorb : Château, de Puivert, Chalabre. 5 Juillet. — Région du Minervois : Caùnes, carrières de marbre

Notre-Dame du Cros. 19 Juillet. — Région dû Razès : Bram, Prouille, Fanjeaux, Montréal. Fin Août. — Une exeûrsion supplémentairt aura lieu à Minerve.

M. le D1 Courrent soumet le programme de l'excursion à Puivert, qui est approuvé à-l'unanimité.

DONS. — M. Crébassol offre à la Société, pour ses collections, deux goélands naturalisés, provenant l'un de Sigeàn, l'autre de Coursan.

M. Sorel offre au nom de M. Lambrigot, antiquaire, 1° un coffre en 1er, dit (du trésorier de guerre aux armées), datant de la fin dû XVIIIe siècle. Ce coffre a été déterré, Croit-on, sur un ancien champ de bataille, aux confins de l'Aude et des Pyrénées-Orientales.

2° Une serrure de la même époque, Remerciements aux donateurs.

PRÉSENTATIONS, — M. Paul COMBES, 1, rue de l'Assomption, à Paris (XVIe), présenté par MM. Esparseil et Embry.

M. l'abbé SALVAT, professeur au Petit Séminaire de Castelnaudafyi présenté par MM. Sicard et Fages,

M, PUJOL, instituteur à Blomac présenté par MM, Fages et Barthe.

ADHÉSION. — Le Syndicat d'Initiative de l'Aude accuse réception de l'adhésion de la Société d'études scientifiques de l'Aude à ce Syndicat, en qualité de membre actif.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 3 h. 1/2.

Le Secrétaire-adjoint, BLANQUIER.

Séance du 17 Février 1924

PRÉSIDENCE DE M. LOUVRIER, PRÉSIDENT.

-Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adop.é.

.3


— LXX —

M. Bories, donne les débris de deux machoires d'ours fossiles, trouvées dans la grotte de la Coquille, près Fauzan. L'une est de l'ursus aretos, lautre de l'ursus spoeleus. Celui-ci est le type d'une espèce gigantesque, grande comme un taureau, qui se distingue de tous les ours vivants tant par sa puissante stature que par son front fortement bombé.

COMMUNICATIONS. — M. Fages présente une hache en cuivre, à bords droits très allongés, de l'époque Morgienné, seul reste d'une cachette de fondeur, découverte en janvier dernier à Fralssé-Cabardès.

Cette cachette contenait dix haches de même nature qui ont été vendues à vil prix à un marchand de vieux métaux. Il est pénible et profondément regrettable, que par cupidité ou par ignorance, disparaissent ainsi tous les jours des trésors archéologiques que renferme notre sol.

Lecture est ensuite donnée d'une lettre qu'au nom de la Société, M. Esparseil adresse à M. le Maire de Carcassonne pour que, lors de la désaffectation de l'école du Musée, la municipalité veuille bien mettre à la disposition de la Société les locaux nécessaires pour y installer ses eollections scientifiques. D'après les termes très précis de cette lettre, il reste bien entendu que la Société demeurera toujours propriétaire de ses collections et que le fait par elle de loger dans les locaux de la ville, n'impliquera jamais pour cette dernière le droit d'en revendiquer la possession. L'ordre du jour étant épuisé la séance est levée.

Le Secrétaire adjoint, BLANQUIER,

Séance du 17 Mai 1925

PRÉSIDENCE DE M. CRÉBASSOL, PRÉSIDENT.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Les publications reçues dans le courant dû mois sont déposées sur le bureau et soumises à l'examen des membres présents.

CORRESPONDANCE.— Dans la correspondance, figure : 1° une lettre de M. Sicard fils, excusant son père qui, malade et alité, ne peut assister â la séance. La lecture de cette lettre est écoutée avec émotion et, sûr


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la proposition de M. Guiraud, président d'honneur de la Société, celle-ci, vivement affectée par la maladie de son dévoué secrétaire, dont le zèle éclairé est au-dessus de. tout éloge, lui adresse ^expression sincère de profonde sympathie et ses voeux de prompte guérison. 2° Une lettre de M. le maire de Carcassonne en réponse â celle qui lui avait été adressée par la Société, pour lui demander de mettre à sa disposition des locaux nécessaires à l'installation de ses collections scientifiques qui s'entassent de plus en plus dans des salles trop petites. Dans cette lettre, M. le maire fait espérer que, l'école du Musée une fois désaffectée, il sera possible à la Société de s'installer dans les locaux vacants, occupés pour le moment par cette école-, 3° Une lettre de M, Mondies, remerciant la Société de son admission.

ADMISSION. — M. Jean CAYROL, régisseur à Pennautier, est admis comme membre titulaire.

PRÉSENTATION. — M. CABANNES, fondé de pouvoir à la Trésorerie Générale, présenté par MM. Rouanet et Amiel.

BULLETIN. — Conformément à un vote des membres présents, M. le Président désigne M. Esparseil pour faire un choix des travaux à publier dans le Bulletin de 1923, et à soumettre ce choix à l'approbation de la Société lors de sa prochaine séance.

DONS. — M. Esparseil donne des échantillons de minerais de fer des minières de la Mayre, commune de Cascastel, et de minerais de cuivre de la vallée de Caudebronde ; un oenf de poule présentant un cas de tératologie fort remarquable ; et une étude sur les lignites du bassin du Minervois, travail qui a été publié dans la Revue de l'industrie minérale du 15 février 1925. Des remerciements lui sont adressés par M. le Président.

EXCURSIONS. — M. Barthe donne lecture d'un compte-rendu rédigé par M. Hyvert fils, sur l'excursion faite récemment à Minerve, qui aurait renfermé bien plus de détails, si le mauvais temps et une pluie persistante n'avaient pas contrarié l'excursion ; on projette de la renouveler au printemps de l'année 1926.

CAMMUNICATIONS. — M. Blanquier donne lecture d'une note dans laquelle M. Fages signale l'existence d'une grotte non encore fouillée, au lieu dit Ravin de Sault, dans la commune d'Argens. Cette grotte, connue dans le pays sous le nom de l'Eslramaïré, est située dans un vallon très pittoresque, aux rochers abrupts, et domine le lit d'un


— LXVIII —

instituteurs le suivre dans cette voie, qui, tout en faisant connaître et aimer notre beau département, fournirait de précieux matériaux aux historiens de l'avenir.

M. Crébassol ajoute à la collection ornithologique deux nouveaux spécimens : Vanneau huppé (Vanellus Cristatus), mâle, au plumage de noces, et Bergeronette grise (Motacilla alba) Des remerciements sont adressés aux donateurs.

COMMUNICATIONS. — M. Fages fait passer sous les yeux des membres présents, deux grandes boucles en fer, une petite croix en cuivre et quelques poteries, dont une en terre rouge porte la marque du potier* Ces divers objets ont été recueillis dans un silo au Mas-Stes-Puelles, par M. Tauriviel ; M. Fages qui a fait des trouvailles analogues à Pennautier, les attribue à l'époque wisigothique.

ADMISSION. — MM. Jean MURAT et Aimé MALET présentés à la dernière séance sont élus à l'unanimité membres titulaires.

PRÉSENTATIONS. — Mme SEGUY, institutrice à Labécède Lauragais ; M. BARTHEZ Ernest, propriétaire à Douzens, présentés par MM. Cathala et Blanquier.

M. MONDIES Paul, conducteur et inspecteur de la voie des tramways à vapeur de l'Aude, par M. G. Sicard et Roques St-Clair.

VOEU, — Snr la proposition de M. Amiel et â la majorité des membres présents, l'assemblée, considérant que les monuments classes comme monuments historiques, doivent être protégés, que leur protection doit s'étendre jusqu'à leur périmètre et surtout dans leur silhouette ; considérant que celle de la Cité de Carcassonne a été déjà atteinte de la façon que l'on sait, et que l'on est à déplorer, se trouve de nouveau menacée une seconde fois; Emet le voeu que soient suspendus les travaux que l'on y effectue près de l'hôtel déjà existant, et qui consisteraient à élever sur cet emplacement un hôtel plus considérable que le premier, et que les pouvcirs publics, l'Etat, le département, la commune et les Sociétés savantes, veillent plus que jamais à sa sécurité.

L'ordre du jour étant épuisé la séance est levée.

Le Secrétaire-adjoint :

BLANQUIER.


— LXIX —

Séance du 19 Avril 1925

PRÉSIDENCE DE M. CRÉBASSOL, PRÉSIDENT.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

Les publications reçues dans le courant du mois, sont déposées sur le bureau et soumises à l'examen des membres présents,

Lecture est donnée da la correspondance, notamment d'une lettre dé M. le Préfet, remerciant la Société des félicitations qu'elle lui a adressées, à l'occasion de sa nomination au grade de Chevalier de la Légion d'honneur.

ADMISSIONS. —: Mme SECUY, institutrice à Lâbéeède-Lauragais ; M. BARTHEZ Ernest, propriétaire à Douzens et M. MONDIÈS, inspecteur de la voie des tramways de l'Aude, sont admis comme membres titulaires.

PRÉSENTATION. — M. Jean CAYROL, régisseur à Pennautier, présenté par MM. Fages et Sicard.

EXCURSIONS. — La Société s'occupe des conditions, voies et moyens à utiliser pour les prochaines, excursions, projetées à Minerve, à la Clape et à St-Bertrand de Comminges.

DONS. - M. G, Sicard fait don à la Société de deux empreintes en cire rouge d'un sceau égyptien en bronze, recueilli par M. Ludovic Lanet dans une de ses terres situées à Siran (Hérault). C'estle sceau du Pharaon Amenophis III de la XVIIP dynastie, qui régna à Thèbes de 1692 à 1661 avant Jésus-Christ. Ce pharaon étendit son vaste empire et éleva de magnifiques monuments dont on voit encore des restes importants à Médinet-Abôu, près de Louqsor, sis à côté de la célèbre statue connue sous le nom de Colosse de Memnon, qui, frappée à l'aurore par les rayons du soleil, rendait des sons harmonieux. . Ce phénomène étrange est affirmé par le géographe Strabon et par plusieurs autres écrivains de l'antiquité dont les écrits font autorité. Diverses explications dont aucune n'est satisfaisante ont été données de ce phénomène. Pourra-t-on expliquer Irn jour, par quel bizarre concours de circonstances, le sceau du pharaon Amenophis III est venu échouer dans une vigne de Siran.


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NÉCROLOGIE. — M. le Président fait part à l'assemblée du décès de M. Durand, ancien maire de Carcassonne, survenu le 3 Février, et, au nom de la Société, adresse à la famille ses compliments de condoléance.

COMMUNICATIONS. — Notre collègue, Madame Landriq, annonce la découverte d'un nouveau dolmen dans la commune de Villeneuve-lesCorbières, au lieu dit a. Coumo de l'Agnelo », à 800 mètres à l'est du village. Ce dolmen, en mauvais état et déjà fouillé, ne lui a fourni que quelques rondelles en cardium et une sorte de grattoir en silex.

M. Amiel fait passer sous les yeux des sociétaires quelques pages des premières épreuves du cartulaire de Mahul, corrigées de la main de l'auteur. L'assemblée s'étonne que l'on n'ait ja mais rien fait pour conserver la mémoire de ce savant et puissant travailleur; aussi, sur la proposition de M. Amiel et du colonel Escarguel, brillamment appuyée par M. Poux, l'assemblée : « considérant que les éminents travaux historiques de Mahul sont d'une importance telle qu'ils ont été des plus utiles à tous les savants qui se sont occupés de l'histoire de notre département ; considérant qu'il convient, dans l'intérêt moral de notre pays, que le nom de cet érudit concitoyen soit perpétué dans sa région natale ;

Emet le voeu, à l'unanimité de ses membres, que le nom de MAHUL soit donné à une place ou à une des rues de la ville de Carcassonne.»

M. Poux fait part à la Société d'un intéressant mémoire sur l'enseignement de l'histoire locale à l'école primaire, par M. Malet, instituteur à Castelnaudary.

M. Embry remet un mémoire de notre nouveau collègue, M. Paul Combes, ayant pour titre : « L'Erosion des roches dures par les eaux courantes et les Marmites des Géants à Montolieu. »

DON. — Au nom de M. Gally, libraire à Carcassonne, M. Blanquier offre l'important ouvrage récemment paru : Les grandes hypothèses de la science moderne, par M. Lazerges, inspecteur d'académie de l'Aude, membre né de notre Société.

ADMISSIONS. — MM. Paul COMBES, l'abbé SALVAT et PUJOL, présentés à la dernière séance, sont admis à l'unanimité.

PRÉSENTATIONS, — M. Jean MURAT, au château de la Lande, commune de Pennautier, présenté par MM. Pierre Embry et Joseph Poux.

M. Aimé MALET, instituteur à Castelnaudary, présenté par MM., Joseph Poux et Pierre Embry.


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DÉMISSION. — M. LOUVRIER annonce que, quittant le département il est obligé de donner sa démission de Président. Là Société lui témoigne Ses regrets unanimes et procède immédiatement à l'élection des président et vice-président. Sont élus par acclamation : Président, M. Henri CRÉBASSOL ; Vice-président, M- Philippe HÉLÉNA.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.

Le Secrétaire-adjoint, BLANQUIER.

Séance du 15 Mars 1925

PRÉSIDENCE DE M. CRÉBASSOL, PRÉSIDENT.

Le procês-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

NÉCROLOGIE. — M. le Président fait part à l'assemblée de la mort de M. Chiffre Jean, notre collègue, conducteur des ponts et chaussées, à Nârbonne, décédé à la fin du mois dernier. Il fait l'éloge du défunt et, au nom dé la Société, adresse ses compliments de condoléance à la famille

DISTINCTION HONORIFIQUE, — A l'occasion de la nomination de M. le Préfet dé l'Aude au grade de Chevalier de la Légion d'honneur, l'assemblée est heureuse d'adresser ses félicitations les plus sincères au premier magistrat de notre département, membre né de notre Société, pour la distinction honorifique bien méritée dont il vient d'être l'objet.

CORRESPONDANCE. — Le dépouillernent de la volumineuse correspondance, reçue dans le courant du mois, montre que la remarquable monographie de M. André David, sur la Montagne Noire, obtient partout le succès espéré. De toutes parts nous arrivent de nombreuses souscriptions à cet ouvrage dont le retentissement est déjà considérable dans la région. M. Philippe Héléna remercie la Société de l'avoir élu vice-président et s'excuse de ne pouvoir assister à la séance.

DONS. — M. Pujol instituteur, fait don d'une monographie sur La Nouvelle dont il est l'auteur. La Société serait heureuse de voir les


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torrent. Elle mesure environ 4 m. de profondeur, et l'on peut y pénétrer par une ouverture de 1 m. 90 de hauteur sur 0 m. 90 de largeur. Des fouilles méthodiques pourraient nous révéler le passé de cette caverne trop bien placée pour ne pas être intéressante. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.

Le Secrétaire-adjoint, BLANQUIER.

Séance du 21 Juin 1925

PRÉSIDENCE DE M. CRÉBASSOL, PRÉSIDENT

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. le Président dépose sur le bureau les publications reçues pendant le mois et les distribue aux membres présents pour examen.

NÉCROLOGIE. — M. Pierre Embry annonce que M. A. S. Meunier, le distingué professeur de géologie, dont il fut longtemps l'élève, est mort à Paris le 24 avril 1925. M. Meunier a publié sur les métérorites et sur la géologie du bassin parisien, plus de 500 travaux qui font autorité dans le monde savant. Sa perte laisse un grand vide darisla science internationale. La Société s'associe aux voeux de M. Embry pour adresser à la famille de M. Meunier ses sincères compliments de condoléance.

CORRESPONDANCE.—Une lettre de M. le maire de Nârbonne, promettant de présenter au Conseil municipal de cette ville, en l'appuyant, une demande de subvention.

La Montagne Noire.— L'important onvrage de M. André David, ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure, a été distribué aux sociétaires présents. Ce travail ne saurait être assez recommandé à tous ceux qui s'intéressett à notre région, comprenant les départements de l'Aude, du Tarn, de l'Hérault et de la Haute-Garonne.

ADMISSION.— M. CABANNES, fondé de pouvoir à la Trésorerie Générale de l'Aude, 44, rue du Quatre-Septembre, est élu à l'unanimité comme membre titulaire.

PRÉSENTATIONS. — M. Urbain BLANC, ministre plénipotentiaire, délégué à la résidence de France, au Maroc, présenté par MM. le


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docteur Courrent et le colonel Escarguel.

M. Léon NELLY, rue du Palais, 20, présenté par MM. Poux et Embry.

M; SAUREL, banquier, rue Victor Hugo, présenté par MM. Poux et G. Combéléran.

M. GOSTE Paul, banquier, rue Victor-Hugo, présenté par MM. Poux et G. Combéléran.

MEMBRES DONATEURS ET HONORAIRES.— Sur la proposition de M. Pierre Embry : M. Léo DAVID est élu membre donateur; M. Paul LEMOINE, M. Emmanuel DE MARTONNE sont élus membres honoraires.

DON.- M. Germain Sicard offre à la bibliothèque de la Société la notice qui vient d'être publiée dans le Bulletin de la Commission archéologique de Narbonne, sur la chasse gothique des Saints Martyrs de Caunes.

BULLETIN— En exécution de la décision prise dans la séance du 17 mai dernier, M. Esparseil a dressé la liste des mémoires qui seront publiés dans le Bulletin de 1923. La Société approuve cette liste en indiquant que les travaux non inédits seront placés à la fin du volume.

COMMUNICATIONS.— M. le colonel Escarguel présente une communication faite à l'Académie des Sciences, sur la photographie intégrale, par un de nos compatriotes, M. ESTANAVE, secrétaire de la Faculté des Sciences à Marseille, bien connu pour ses travaux sûr la photographie eu relief, à vision directe, par le procédé des réseaux lignés de son invention.

M, Léonce Marty lit une communication intitulée: « Extension el restriction des stations herbacées .

« Telle plante réputée rare voit souvent son ère primitive s'étendre grâca aux recherches des botanistes et aux influences favorables des saisons. C'est ainsi que le 24.mai dernier, au cours d'une excursion à la montagne d'AIaric, nous avons remarqué, à notre surprise, que le Thalictrum tuberosum, vu rarement jusqu'ici,- foisonne sur le plateau traversé par l'ancien chemin de Comigne à Montlaur. La localité classique de Bazalac est dépassée.

« Le 7 juin suivant, durant une excursion dirigée sûr la métairie d'Arzens ou Estanave, au sud-est de Palaja, et les Collines de Roquemaurel longeant au midi la route du Mas-des-Cours, l'Oplirys Bertoloni nous y avait apparu jadis très rare ; nous l'y avons revu abondant


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tographiques d'un agneau â huit pattes, né à laure en juillet dernier et mort en naissant à la suite des difficultés de la parturition.

M. Sicard présente aussi à l'assemblée le plan d'une partie des communes de Davejean, de la Roque de Fa et de Dernacueillette, où se trouvent un dolmen et une croix rupestre ; le plan et la lettre proviennent de M. Pendriès, brigadier-forestier à Fontcouverte, et de M. Espeut, brigadier-forestier à Davejean.

ADMISSIONS. — Sont admis à l'unanimité comme membres titulaires et ayant été présentés à la dernière séance :

M. FURIE Eugène, propriétaire à Cuxac-d'Aude, présenté par MM.. Blanquier et Fages.

M. RIGAIL, propriétaire à Puivert, présenté par MM. le D1 Courrent et Poux.

M. ESPARDELLIER Amédée, de Chalabre, présenté par MM. Courrent et Poux.

M. RATIER Louis, rue Courtejaire, à. Carcassonne, présenté par MM. Crébassol et Fages.

M. BARTHOLEO Marcel, préparateur à Toulouse, présenté par MM. Crébassol et Esparseil.

M. BALMES Louis, rue Antoine Marty, 16, à Carcassonne, inspecteur des Chemins de fer du Midi, présenté par MM. Paye et Barthe

PRÉSENTATIONS. — M. LANOIR Georges, Conservateur des Forêts, en retraite à Carcassonne, présenté par MM. le colonel Escarguel et le D' Courrent.

M. VALMIGÈRE Pierre, publiciste, présenté par MM. Sorel et le D1 Courrent.

COMMUNICATIONS. — M. Germain Sicard, (de Rivière) dépose sur le bureau un mémoire sur les monuments mégalithiques de l'Aude connus jusqu'à ce jour dans le département, pour être inséré dans le Bulletin de 1925. M. Sicard fait, en outre, deux communications : la première sur le dolmen de Davejean, la deuxième sur les croix rupestres dont une est signalée avec plan à l'appui, par M. Espeut, brigadier-îorestier à Davejean, au sommet de l'angle formant les limites des communes de Davejean, de Dernacueillette et de la Roque de Fa De nombreuses croix de formes diverses, gravées sur des rochers existent dans cette région des Corbières. M. Poux fait observer que ces croix marquaient sans doute la délimitation de certains tènements. M. Sicard répond qu'il peut en être ainsi pour la croix rupestre de Davejean et pour plusieurs autres, mais qu'on ne saurait tirer


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la même conclusion pour des groupes de croix, comme celles que l'on peut voir près de Camps et de Rouffiac et qui sont gravées sur des blocs de rochers, non équaris, épars dans la brousse dans un espace d'une cinquantaine de mètres carrés. Le mystère règne encore sur l'origine et la destination de ces gravures rupestres.

M. le Docteur Ceurrent prend ensuite la parole et donne lecture de nombreuses notes documentaires sur les environs les plus remarquables de Chalabre, notes qui auront leur place dans le compte-rendu de la dernière excursion à Puivert.

M. Hyvert fils, à son tour, donne communication de plusieurs fragments, très intéressants et débités avec science et humour, du rapport qu'il prépare sur l'excursion du printemps dernier à St-Bertrând de Comminges.

M. Amiel, après lui, commente brièvement l'ouvrage de M. F. Masson, intitulé: « Napoléon 1er et les Femmes ; dans cet ouvrage, un chapitre eutier est consacré aune famille Carcassonnaise.

M. Léonce Marty analyse, en ces termes, un travail publié dans le journal Le Matin., par M. Baudoin, inspecteur des monuments historiques :

« Nous lisons daiis Le Matin que le docteur Marcel Baudoin, inspecteur des monuments préhistoriques, a découvert, avec le docteur Lemesle. de Paris, snr les falaises des Bois Vinet, entre la plage de Croix de Vie et la Vieille Tour, une plante absolument nouvelle en France et n'existant qu'en Amérique du Sud: le.Salpichroa oriyanifolia. Ils suggèrent qu'elle a pu être transportée sur les pattes des oiseaux à travers l'Atlantique et n'admettent pas, d'après le journaliste, que la graine ait été apportée à Croix de Vie par des baigneurs du Midi de la France, où cette plante a été, dit-il, acclimatée à Marseille (1910) et à Toulon (1920;.

<r D'après Desfontaines et Deeandolle, cette plante était déjà cultivée depuis plus d'un siècle dans les jardins botaniques sous les noms de At^opa rhomboidea, Physalis rhomboïdea et Salpichroma rhomboideum. Elle ne mûrit pas ses baies même à Montpellier et il est, par suite, très probable qu'elle n'a pas été semée dans la localité susvisée, elle est simplement, sans doute, échappée des jardins où elle est parfois cultivée et drageonne beaucoup ; les froids de 3 ou 4° audessous de zéro détruisent les tiges qui émergent du sol. Nous l'avons trouvée, il y a près d'un quart de siècle, avec.le regretté M. Rebelle, près le pont du chemin de fer, sur l'Aude, provenant de détrifus. Un


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CORRESPONDANCE — MM. Coste Paul et Saurel Robert remercient de leur admission en qualité de membres titulaires,

La direction du « Groupe occitanien » de Paris propose d'échanger sa revue périodique contre notre Bulletin. Cet échange est accepté.

PRÉSENTATIONS — M. FURIE Eugène, propriétaire à Cuxac-d'Aude, présenté par MM. Blanquier et Fages.

M. RIGAIL, propriétaire à Puivert, présenté par MM. Courrent et Poux.

M. ESPARDELLIER Amédée, présenté par MM. Courrent et Poux.

M. BARTHOLEO Marcel, préparateur à Toulouse, présenté par MM. Crébassol et Fages.

M. BALMES Louis, inspecteur des chemins de fer du Midi, présenté par MM. Paye et Barthe.

COMPTE RENDU D'EXCURSIONS.— M. le docteur Courrent nous donne les prémices de son compte-rendu, qui paraîtra in-extenso dans le Bulletin, de l'excursion faite par la Société au château de Puivert ; celui-ci est, paraît-il. mis en vente, et il faudrait prévoir et empêcher les déprédations qui ont lieu chaque jour, dans nos anciens monuments, au profit d'étrangers qui accaparent nos richesses archéologiques, aucune idée scientifique ne présidant au classement et à la détermination de ces objets collectionnés.

COMMUNICATIONS. — M. G Sicard rend compte de la visite qu'il vient de faire à l'antique église de Puylaurens Lapradelle. Cet édifice, bâti sur des bases romanes, et auquel est adossé un bâtiment servant aux religieux desservants, renferme de magnifiques panneaux en bois sculpté et doré, un retable fort riche qui marque l'abside ronde de l'architecture primitive et la fait paraître à chevet plat ; ces dernières restaurations datent du XVIIe siècle. Le château voisin de Puylaurens, bâti sur une roche escarpée, s'impose aussi à l'attention de ceux qui s'intéressent à notre histoire locale, et, sur la proposition de M. Sicard, une excursion est décidée pour aller visiter Lapradelle-Puylaurens, dans l'été de 1926 Savants et amateurs de beautés touris.tiy pourront satisfaire leurs goûts.

M. Sicard ajoute quelques mots sur une grotte avec barrenc ou aven, située dans la forêt des Fanges, près Quillan ; il serait intéressant de la visiter.

M. Marty donne lecture d'une note nous informant que M. le docteur Baudoin, inspecteur des monuments historiques, a découvert


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dans le cimetière de St-Maixent-sur-Vic une pierre où est gravée la constellation de la Grande-Ourse, et qui sert encore de pierre de criée. M. le docteur Baudoin avait déjà trouvé et signalé, à Saulges (Mayenne), une pierre semblable, sculptée de la même façon et servant aux mêmes usages. La présence de la figuration de la constellation de la Grande-Ourse, Sur ces deux pierres, laisse supposer au docteur Baudoin que ces deux monolithes seraient les restes de monuments ayant appartenu à l'un des cultes primitifs de notre région gauloise. L'ordre du jour étant, épuisé, la séance est levée à 3 h. 1/2.

Le Secrétaire-adjoint, BLANQUIER.

Séance du 15 Novembre 1925

PRÉSIDENCE DE M. CRÉBASSOL, PRÉSIDENT.

Le procès verbal de là dernière séance est lu et adopté, sans observations.

CORRESPONDANCE — Lecture est donnée d'une lettre de M. le Préfet de l'Aude avisant la Société qu'une subvention de cinq cents francs lui a été aecordée par le Conseil général, lors de sa dernière session. Des remerciements seront adressés.

M. Louis Gavoy, Secrétaire honoraire de la Société, adresse à M. Bonnafous, un catalogue de Coléoptères, pour le foire paraître dans le Bulletin de 1923, presque totalement imprimé. Ce travail aurait dû être envoyé en temps utile, e'est à-dire avant la fin de l'exercice 1923. Cependant, eu égard aux.nombreux services rendus par l'auteur à la Société, et à sa constante collaboration, malgré son éloignement, il est décidé que malgré le retard, le manuscrit sera inséré dans le volume actuellement sous presse.

M. Bonnafous, imprimeur, écrit pour demander s'il peut détruire les plombs qui ont servi à l'impression de l'ouvrage de M. David, sur la Montagne Noire, ou si l'on a l'intention de faire de nouveaux tirages. — Réponse sera faîte après la réunion du Comité du Bulletin.

Le Secrétaire, M. Sicard, fait passer sous les yeux de l'assemblée une lettre de M. Finestre, de Laure, accompagnée de deux vues pho^


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sur la garrigue, à l'aspect du nord, en compagnie de l'Ophrys scolopax. Au retour, nous en avons encore vu quelques pieds sur les collines de l'échanges, près palajânél,

" D'un autre côté, le même jour, nous avons vainement recherché l'Orchis peovincialis vu, il y a une dizaine d'années, sur un. large, talus herbeux, au levant de Goudail, nous y avons seulement retrouvédeux ou trois pieds d'Aceras densiflora, son ancien compagnon.

« Nous attribuons cette disparition, qui pourrait être momentanée, à l'accroissement de la végétation arbustive, tandis que les pluies surabondantes du printemps ont facilité l'apparition du 'Ihalictrum tuberomm et de l'Ophrys Bertoloni. »

EXCURSIONS. — M. le Président donne lecture d'un compte rendu de M. Hyvert fils, sur l'excursion qui a eu lieu à la Clape le 10 mai dernier, et qui paraîtra dans le Bulletin.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.

Le Secrétaire-adjoint, BLANQUIER.

Séance du 19 Juillet 1925

PRÉSIDENCE DE M. CREBASSOL PRÉSIDENT.

Le prôcès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

CORRESPONDANCE. — M. le Dr Courrent et M. Fages, retenus chez eux par les élections cantonales, se font excuser de ne pouvoir assis" ter à la séance.

M. le Président dépose sur te bureau, lés nombreuses publications reçues dans le courant du mois ; plusieurs de ces exemplaires s'ont distribués aux membres présents pour en faire l'analyse.

ADMISSIONS. — M, Urbain BLANCS ministie plénipotentiaire au Maroc ; M. Léon NELLY ; MM. COSTE Paul et SAUREL Bobert, banquiers, à Carcassonne, sont admis à l'unanimité comme membres titulaires de la Société.

COMMUNICATIONS, — M. Germain Sicard, annonce à la Société, qu'il a reçu avis du ministère de II. P. et des Beaux-Arts, dont il est correspondant que, sur sa demande, le dolmen de Massac, dit Table des


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Maures, et porté sur la carte d'Etat-major, vient d'être classé comme monument historique, ce qui porte à quatre le nombre des monuments mégalithiques classés dans l'Aude. M. Sicard nons informe ensuite que dans une.carrière de pierres, située dans les escarpements âvoi" sinant Siran, et appartenant à l'étage Eocène, (poudingues de palassou), l'entrepreneur M. Domingo, a recueitli plusieurs mâchoires de Laphiodons encastrées dans là masse pierreuse et des dents pointues' qui doivent appartenir à des Carnassiers. M, Sicard prie M. Esparseil de vouloir bien aviser de cette découverte M- Dépéret, l'éminent doyen de la Faculté des Sciences de Lyon,

Un journal régional a rapporté ces jours-ci qu'une caravane de la Société d'études scientifiques est passée à Tourouzelle à la suite d'une excursion à Minerve. Sans ajouter à ce fait divers plus d'importance qu'il n'en comporte, l'assemblée estime que lorsque des collègues organisent une excursion en qualité de membres de la Société, il conviendrait qu'ils en avisent le bureau, pour que celui-ci puisse prévenir en temps utile les sociétaires qui voudraient y particlqer.

M. Blanquier, analyse les travaux de l'Aeadémie d'Hyppone sur la civilisation égéo-mycénienne pendant l'âge énéoltthique et l'âge du bronze sur les côtes de la Méditerranée. De cette étude, il résulte que Nârbonne (Nar—bo) (où mieux Tar-bo) était un port consacré au Dieu Tar, Dieu de la navigation, et que sa fondation remonte, pour le moins, à l'âge du bronze.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.

Le Secrétaire-adjoint, BLANQUIER.

Séance du 18 Octobre 1925

PRÉSIDENCE DE M. CRÉBASSOL, PRÉSIDENT,

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

DISTINCTION HONORIFIQUE. — M. le Président annonce que M. Lazerges, inspecteur d'académie de l'Aude, membre né de notre Société, vient d'être promu au grade d'officier de l'Instruction publique et nommé inspecteur général de l'enseignement primaire à Paris. Des félicitations lui sont votées par acclamations par les membres présents!


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rejet transporté dans mon jardin manifeste une tendance envahissante. »

Sur l'initiative de M. Fages, il est décidé de provoquer, pour le samedi 20 courant, une réunion des membres du bureau pour statuer sur les élections qui doivent avoir lieu à la séance du 20 décembre prochain, pour le renouvellement du dit bureau.

Le Sacrétaire, G. SICARD.

Séance du 20 Décembre 1925

PRÉSIDENCE DE M. CRÉBASSOL, PRÉSIDENT.

NÉCROLOGIE, - Au début de la séance, M. le Président annoncé la mort de notre regretté collègue, M, Louis Satgé, qui faisait partie de la Société depuis 1890, décédé en ces temps derniers, et auquel son épouse n'a survécu que peu de temps. Le Président fait, en quelques mots, l'éloge du défunt, et présente à sa famille les compliments de condoléance de la Société.

La parole est ensuite donnée au secrétaire pour la lecture du procès-verbal de la séance du 15 novembre, qui est adopté sans observations.

M. le Président fait, ensuite, le dépouillement de la correspondance, dans laquelle, outre de nombreux bulletins de vote pour le renouvellement du bureau, il trouve une lettre officielle du ministère de l'Instruction Publique, « Caisse des rechercha scientifiques, S" 1 section », qui avise la Société qu'une subvention lui a été accordée pour contribuer à l'édition de l'ouvrage de M. André David sur la Montagne Noire. Cette subvention est de 4 000 fr. payables en un terme, et ne sera vtrsée qu'à la suite d'un rapport indiqnant la vie de la Société en 1924, la date de son existence, ses travaux et ses ressources.

M. Poux prend la parole pour vanter l'oeuvre de M. David. Il annonce à la Société que M Léo David, père de l'auteur, auquel sont dues les illustrations du volume, a reçu une subvention de 500 fr. Le journal « La Dépêche de Toulouse », du 20 décembre, mentionne ce fait. Ces nouvelles sont accueillies par les applaudissements de l'assemblée, et des félicitations sont adressées à M, Pierre Embry, promoteur de la publicattion de cet important travail sur notre région méridionale.


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Une autre lettre, dans laquelle M.Joseph Durand, chargé de coursde chimie à la Faculté de Toulouse, demande la cause du retard de l'envoi du Bulletin ; il lui est répondu que le Bulletin de 1923 est imprimé, mais que l'on attend pour procéder au brochage et à.la distribution que les deux planches du travail de M. Héléna, envoyées tardivement à la maison Bourgeois, soient.envoyées à la Société.

DÉMISSION. — Le régisseur de la propriété de M. Baron, à Narbonne, nous écrit que ce dernier s'étant fixé à Montpellier, chez sa fille, se retire de la Société (sic). Un membre de l'assemblée tient à témoigner ses regrets de la décision de M. Baron, dont le père a été président honoraire de la Société, et du procédé par lequel cette démission a été adressée.

ADMISSIONS.— Sont admis à l'unanimité les candidats présentés a la dernière séance et qui sont :

M. LANOIR Georges, conservateur des eaux et forêts en retraite, à Carcassonne.

M. VALMIGÈRE Pierre, publieiste, rue de la Gare, Carcassonne.

PRÉSENTATIONS. — M. LARUE Lucien, administrateur du domaine de Malves, présenté par MM. G. Sicard et Fages.

M. CABRIÉ Charles, receveur honoraire des hospices de Carcassonne, présenté par MM. Sorel et le colonel Escarguel.

M. CAZANOU, 2, rue de la Gare, par MM. Amiel et Cabannes.

M. ADROIT Georges, Allée de Bezons, par MM. Amiel et Cabannes.

M. GAZANIOL Ferdinand, à Fraisse-des-Corbières, par MM. Léonce Marty et Guiraud.

DONS. — M. Crébassol offre, pour les collections de la Société, tout un lot de fossiles, d'objets préhistoriques et trois oiseaux naturalisés {Turdus mer-ula, Parus major et Saxicola amanthe.

COMMUNICATIONS. — M. Amiel fait une communication relative à l'ouvrage posthume de notre regretté collègue, M. Gaston Jourdanne, intitulé: « Les bibliophiles, les collectionneurs et les imprimeurs de l'Aude», et nous donne la solution de l'énigme que l'auteur n'a pu éclaircir sur M, Baumes, graveur sur euivre, d'origine anglaise, au XVIIe siècle, â Carcassonne ; la note de M. Amiel sera insérée inextenso dans le Bulletin de 1925.

M. le docteur Courrent nous avise que le château de Puivert, mis en vente ces temps derniers, a été acquis par Madame la marquise douairière de Puivert. Donc, ce remarquable vestige de notre histoire


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locale, si riche en souvenirs artistiques et archéologiques, se trouve à l'abri de toute dépradation.

M. le docteur Courrent nous donne, après cela, lecture de divers documents sur le territoire de Tuchan et la région des Corbières, provenant de l'étude d'un notaire de Bize, et portant relation de l'incursion que firent dans cette contrée, en 1447, les troupes aragonaîses, et des dévastations et des pillages qui marquèrent la marché de ces armées à la suite de eette invasion inopinée. M. Poux prend la parole et compare cette incursion des Espagnols à la chevauchée du Prince Noir, et conclut en disant que toutes ces guerres locales n'avaient d'autre but que le pillage, comme les razias que nous pouvons voir aujourd'hui dans les pays orientaux.

Ce document paraîtra in extenso dans le Bulletin de 1925.

EXCURSIONS. — On passe ensuite au chapitre des excursions, qui sont fixées comme il suit pour l'année 1926 :

5 avril : Lagrasse. — 18 avril : Fabrezan. — 2 mai : Minerve. — 16 mai : Chalabre, château de Lagarde, château de Léran, et Mirepoix. 30 mai : Environs de Nârbonne — 20 juin : Lapradelle-Puylaurens, La Clape. La date de eette excursion sera ultérieurement fixée.

M. Poux fait l'apologie de l'excursion à Mirepoix et au château de Léran, qui possède des richesses incomparables archéologiques et artistiques.

M. Granat nous vante les merveilles qu'il est en train de découvrir dans l'ancienne demeure abbatiale de Lagrasse, engage les membres de la Société â venir nombreux à cette excursion, et réserve à tous le meilleur accueil pour cette importante visite.

M. le Trésorier, à qui incombe la direction des excursions et les frais qu'elles comportent, car la plupart auront lieu en autobus retenu à prix fixe, prie MM. les membres de la Société de vouloir bien, sitôt leur carte reçue, s'inscrire au Syndicat d'Initiative de Carcassonne pour donner leur adhésion facultative, afin de pouvoir fixer le prix de la location du véhicule ; le prix doit varier suivant le nombre présumé des adhérents, et on évitera ainsi les surprises qui se produisent parfois au dernier moment.

M. le Trésorier donne ensuite à l'assemblée le compte rendu de la situation financière, qui s'est fortement améliorée, et se traduit par un état satisfaisant. Les détails en paraîtront dans le prochain Bulletin.

A ce sujet, M. Sorel, bibliothécaire de la Société, demande le crédit nécessaire pour faire relier les Bulletins des archives de la Société, encore à l'état de brochures ; entière satisfaction est accordée.


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Les élections annuelles pour le renouvellement du bureau ont lieu sitôt après.

M, le docteur COURRENT est élu président par 71 voix, avec un bulletin blanc.

Les autres membres du bureau ont été, par acclamation, confirmés dans leurs fonctions, à l'exception de M. Blanquier qui, vu son état de santé, a sollicité son remplacement. Sa retraite est admise avec regret. M. Amiel, libraire à Carcassonne, est élu à la place de M. Blanquier.

Le bureau, pour l'année 1926, se trouve ainsi constitué :

Président honoraire : M. GUIRAUD Martin.

Secrétaire honoraire: M. GAVOY Louis.

Directeur ; M. J. Poux,

Président : M. le docteur COERRENT.

Vice-présidents : MM, BARTHE et HÉLÉNA.

Secrétaires : MM. SICARD et AMIEL.

Trésorier : M. FAGES.

Bibliothécaive-archiviste : M. SOREL.

Conservateur des collections : M. CRÉBASSOL.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 4 heures. La prochaine, pour l'installation du bureau, aura lieu le 17 Janvier 926. ,

Le Secrétaire,

G. SICARD.


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NOTE. SUR LA SITUATION FINANCIÈRE

DE LA

SOCIÉTÉ D'ÉTUDES SCIENTIFIQUES DE L'AUDE à la fin de l'Exercice 1925

par A. FAGES, Trésorier

La Société avait en caisse à la fin de l'exercice 1924.. 5.077 fr. 75

Elle a reçu pendant l'année 1925 4.396 05

Total 9.473 80

Les dépenses s'élèvent à 5.050 80

L'excédent des recettes est de 4.423 »

Les Recettes se décomposent comme suit :

Solde en caisse au 1er Janvier 1925 5.077 75

173 cotisations à 10 fr 1.730 »

18 membres nouveaux à 13 fr 234 »

Subvention du Conseil Général 200 »

Subvention ville de Carcassonne 500 »

Vente Bulletins, ouvrages David, recettes diverses.. 1.732 05

Total 9.473 80

Les Dépenses se décomposent comme suit :

Loyer 400 »

Concierge et facteur 80 »

Assurance contre l'incendie 28 »

Chauffage 10 »

Impression et brochage ouvrage David. 4.000 »

Frais d'excursion 105 »

Correspondances et recouvrements 56 70

Envoi de l'ouvrage David 231 10

Abonnement aux Revues 50 »

Dépenses des secrétaire et trésorier 90 «

Total 5.050 80


— LXXXV —

propositions pour le Budget de 1926

RECETTES

Solde en caisse au 1er janvier 1926 4.423 »

200 cotisations à 10 fr....... ... 2.000 »

20 membres nouveaux à 13 fr , 260 »

Subvention du Conseil Général 500 »

id. Ville de Carcassonne , 500 »

Total......... 7.683 »

DEPENSES

Loyer .. 400 »

Concierge et facteur.... .'.' 80 »

Assurances incendie. -. , 28 ' ».

Eclairage et chauffage........ 20 »

Mobilier et entretien. 50 »

Achat de collections..... 400 »

Impression année 1923. 2.400 »

id. années 1924 et 1925... 3.000 "

Frais d'excursions, 150 . »

Impressions diverses , 100 »

Frais de bureau secrétaire et trésorier 100 »

Abonnements et cotisations 50 »

Dépenses imprévues.. 300 »

Solde à reporter à nouveau 605 »

Total 7.683 »


LISTE

DES

Présidents de la. Société

DE

19IO à. 1920 inclus

1910. — MM. Dr CARBOU.

1911.— O. SARCOS.

1912.— G. BORIES.

1913.— Dr SBMPÉ.

1914. — M. GUIRAUD.

1915. — M. GUIRAUD. 1916.— M. GUIRAUD. 1917.— M. GUIRAUD. 1918.— M. GUIRAUD. 1919.— M. GUIRAUD. 1920. — M. GUIRAUD.


TABLE des. Excursions faites par la Soéiété depuis l'année 1910 jusqu'à l'année 1920 inclusivement

Bâtes Excursions Rapporteurs

1910 MM,

28 Mars Excursion aux mines de Villardonnel R. ESPARSEIL. et à la grotte de Villanière.

17 4vril Excursion à Cesseras et à la grotte A. FAGES. de la Coquille.

26 Juin Excursion à la cascade de Cupserviés L. GAVOY.

et au Roc du Bougre.

13-14 Juillet Excursion au Pic de Madrés. L. GAVOY.

24 Juillet Exeursion au Château des Cheminiè- P. EMBRY. res.

1911

30 Avril Excursion à Floure, Pradelles-en-Val G. BORIES. et Barbaira.

14 Mai Excursion à Mas-des-Cours, Fajac- L. GALOY.

en-Val et Villar-en-Val.

2 Juillet Excursion à Arqués et à Fourtou. J- MERIC

1912

27 Mai Excursion à Minerve. L. PORTAL. 4 Août Excursion à Saint-Pierre-de-Ia-Mer G- SICARD.

1913

23 Juin Excursion aux gorges de Caillol. M. CATHALA.

8 Juin Excursion au Château de Ferrais et L- GAVOY.

à Saint-Papoul.

28 Juin Excursion au Pic de Nore. G. SICARD.

1914 21 Avril visite de l'Usine du Pont-Rouge. L- GAVOY.

21 Mai Excursion à l'ancienne abbaye de L. GAVOY.

Villelongue.

1er Juin Excursion à Gruissan et à N.-D. des L- GAVOY.

Auxils. 14 Juin Excursion à Belpech. L. GAVOY.

28 Juin Exeursion à St-Paul-de-Fenouillet et L-GAVOYaux Gorges de Galamus.


Table des Mémoires et Travaux

publiés par la Société depuis l'année 1910 jusqu'à l'année 1920 inclusivement

Mémoires et Travaux Auteurs

Année 1910 — Tome XXII — Publié en 1911 MM.

Trouvailles au Plateau de Carsac, près A. CROS-MAYREVIEILLE Carcassonne. et A. FAGES.

Etude sur les Echimdes crétacés de Rennes-les-Bains et des Corbières. J.LAMBERT.

Une chasse aux insecte dans les détritus d'inondation. L. GAVOY.

Dans la Montagne Noire. L. GAVOY.

Notes sur les sépultures anciennes découvertes aux environs de Moux (Aude). A FAGES.

Année 1911 - Tome XXIII — Publié en 1912

Révision de la faune lacustre de l'éocène moyen des Corbières septentrionales. L. DONCIEUX.

Note sur les sépultures antiques du domaine d'Enbonnes, près Fanjeaux. G. SICARD.

Additions et corrections au Catalogue des coléoptères de l'Aude. L. GAVOY.

Quelques mots sur l'évolution de la cochylis en 1911 dans la région de Carcassonne. A. FAGES.

Plantes rares et nouvelles pour la région de Carcassonne. G. REBELLE.

Sur le Crétacé des Corbières. A. DE GRASSOUVRE.

Année 1912 — Tome XXIV — Publié en 1913

Le sarcophage gallo-romain de Tournissan. L. GAVOY. Matériaux pour servir à l'étude de l'origine du fer dans la Montagne Noire. R. ESPARSEIL.

Année 1913 — Tome XXV — Publié en 1917

Recherches sur la présence du manganèse dans le dévonien des Corbières occidentales. R ESPARSEIL.

Etude hydrologique sur les sources thermo-minérales de la vallée de l'Aude. Dr COURRENT.

Contribution à la faune entomologique du Tarn (Coléoptères), 2me supplément. L. GAVOY.


Mémoires et Travaux Auteurs

Années 1914-1915-1916-1917 - Tome XXVI

MM Publié en 1920

Promenades botaniques. L- MARTY.

Note sur une clef de Voûte ancienne recueillie près des murs de la chapelle de N.- D. du Cros, commune de Cannes-Minervois. G, SICARD.

Cabrespine (Aude) — Cabrières (Hérault). - Une erreur d'identification. Abbé A. SABARTHÉS.

Année 1918-1919-1920 — Tome XXVII Publié en 1921

Notés sur les ruines de l'église de N.-D. deVillarlong. G.. SICARD.

Note sur la sépulture barbare du domaine de Lalande. G. SICARD.

Supplément.au dictionnaire des découvertes préhistoriques ou très antiques dans l'Aude. G. SICARD.

Note sur la Croix antique de l'ancien cimetière de Caunes G. Sicard.

Rapport sur l'étude de M. Joseph Durand sur le village de St-Denis, G. RÉNAUX.

La pomme de terre telle qu'elle était il y a trois siècles E. RÔZE.

Sur un Lophiodontidé des grés éocènes . de Laure (Aude). Ch, DEPERET.

Sur des coquilles fossiles en inclusion dans les cristaux de gypse limpide de l'oligocène de Nârbonne. . J.DURAND.

Un gisement de cristaux d'aragonite dans les marnes attribuées au Trias supérieur dans les Corbières orientales. J- DURAND.

Sur des cristaux de gypse à fossiles inclus et sur l'origine des pétroles. J. DURAND.

Sur l'âgé et le mode de formation des gypses réputés triasiques des Corbières. J- DURAND.

Sur la « montagne de sel gemme » de J-DURAND Bouquignan. et P. ROUANET. ■

Considérations métallogéniques sur la minéralisation cuivreuse du dévonien dans les Corbières. R. ESPARSEIL.

L'Abbaye de Rieunette. R. ESPARSEIL.

Note sur les champignons et les empoisonnements qu'ils occasionnent. L. MARTY, Une excursion au Canigou. L GAVOY.



DEUXIÈME PARTIE

I

Rapports sur les Excursions de la Société 1924



Rapport sur l'excursion de la Société d'études scientifiques

de l'Aude, du 6 avril 1924, à Villalier, Conques et Villegly

par M. ROQUES, SAINCLAIR et Germain SICARD.

AVANT-PROPOS

Le rapport que nous présentons aujourd'hui à la Société d'études scientifiques de l'Aude, a été fait en collaboration par M. Roques et M. G. Sicard de Rivière. Le premier a fourni les matériaux utiles à la charpente de l'édifice, le second n'a fait que les agencer, les coordonner, les mettre en ordre pour en faire un tout complet, et si quelques détails donnés par le second paraissent avoir donné du relief au récit, c'est certainement au premier qu'en revient tout le mérite.

L'excursion du 6 avril 1924 n'a été en somme que le complément de celle exécutée le 28 mars 1921, à Trèbes, Bouilhonac et Malves et qui eut son point terminus à Villalier ; (1) cette fois-ci au contraire, c'est par la visite à Villalier que débuta l'excursion.

Cette course attrayante, peu coûteuse, et facile devait forcément attirer de nombreux adhérents, aussi la liste des inscrits était-elle longue, mais la veille, une pluie néfaste avait inondé les rues de Carcassonne, le ciel était sombre et menaçant; et tous les pronostics se déclaraient défavorable; à la journée du lendemain. Aussi, malgré plusieurs défections, furnes-nous agréablement surpris de nous trouver onze à la descente du tramway à Villalier. Parmi ceux-ci nous devons compter M. Lu cet et M. Roques, tous deux ayant leurs habitations voisines de la station et qui nous rejoignirent à l'arrivée du train.

Notre premier regard fut pour la haute colonne à fût octogonal, à chapiteau très ancien et à la base ornée de griffes,

(1) Bulletin de la Soc. d'ét. se. de VAude, 1923, t. XXVIII, page 3, rapporteurs M. Edouard Louvrier et G, Sicard.


surmontée d'une pierre fruste, et que l'on nomme dans le pays Croix de Saint-Jean, qui se dresse en face de la gare et en bordure de la route minervoise.

Quelques vieilles traditions, encore existantes, prétendent que la pierre surmontant la colonne, était une figure de Minerve et que ce monument fixait la limite du Minervois. Respectons les traditions sans en faire article de foi.

M. Roques, qui obligeamment s'était offert pour diriger -l'excursion, dans ce pays qui est le sien et qu'il connaît si bien, nous conduit immédiatement dans une rue, pour nous faire admirer la porte et la fenêtre, d'une maison du XVIe siècle, admirablement conservées. Nous nous acheminons ensuite vers l'enclos tout voisin, qui était jadis le cimetière, et qui, récemment, lors de l'établissement d'un nouveau champ de repos et de la désaffectation du premier, fut transformé en calvaire, avec ses quatorze stations.

Ce lieu présente aujourd'hui l'aspect le plus lamentable, et est livré au plus complet abandon, les herbes folles et des végétations. de toutes sortes y poussent à l'envi, quelques stations brisées gisent à terre. Seule, une vieille croix, surmontant un socle, d'emprunt, se dresse encore majestueuse au milieu de cette désolation. Cette croix de forme assez élégante, dite trêflée, est semblable à celle que l'on voit sur la place de Villanière, et qui porte la date de 1686 (1) seulement celle-ci est toute unie, tandis que celle de Villalier porte en relief sur un de ses faces (0) une figure de Christ dont la face est mutilée : elle est ornée d'une abondante chevelure qui se voit encore, au-dessus se lit l'inscription I.N.R.I.. La face opposée (E.), porte gravée au trait une piéta dans un médaillon surmonté d'une couronne d'épines; la croix est en pierre dure du pays, grès carcassien, elle a deux mètres de hauteur au-dessus du socle.

Après avoir remarqué dans les rues de Villalier quelques maisons portant des traces d'architecture des siècles passés, nous nous dirigeons vers le pont jeté sur l'Orbiel, où se trouve

(1) Croix du pays de Cabardès (page 13), par J. de Lahondès (1899), Caen, Délesque., impr.


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une croix, classée comme monument historique, et portant à sa base, une inscription relatant la date de la construction de ce pont en 1732. (1)

C'est sous l'épiscopat de Mgr de Bezons et sans doute sous son inspiration que ce pont fut bâti. La preuve en serait dans la belle pierre sculptée portant les armoiries de ce prélat, que l'on mit à jour récemment, lorsque l'on agrandit le pont pour le passage du tramway. Ces armoiries portent d'azur à trois couronnes ducales : l'écu surmonté d'une couronne de comte, et accompagné des attributs épiscopaux. Cette pierre se trouve aujourd'hui dans le parc de M. le docteur Bousquet, ancien parc de l'évêché : quelques pas nous amènent dans ce lieu.

Cet évêché devenu habitation d'été des évêques de Carcassonne fut donné en 1217, ainsi que le Gastrum de Villario, par moitié au chapitre et aux évêques de Carcassonne sous l'épiscopat de Dom Guidoni (2), par Simon de Montfort.

Cette demeure seigneuriale fut plus tard aménagée et restaurée dans le goût du XVIe siècle par Mgrs de Grignan et de Rochebonne, auquel succéda Mgr de Bezons en 1730.

Voici ce que nous trouvons à ce sujet dans le cartulaire de M. Mahul, t. II, p.. 57 : « La seigneurerie de Villalier donnée aux évêques de Carcassonne par Simon de Montfort fut possédée par eux pendant 500 ans, jusqu'à la confiscation générale en 1790. Ils y faisaient leur résidence d'été dans un élégant château que Christophe de l'Estang et Mgr de Grignan à la fin du même siècle s'étaient plu à embellir. ■

Ce château aliéné, au nom de la nation, à des spéculateurs, a été rasé jusque dans ses fondements, tellement qu'il est malaisé aujourd'hui d'en déterminer exactement la place.

(1) Cette crois portée sur un socle cubique où est gravée l'inscription ci-dessous à son fût octogonal, surmonté d'une croix en fer, elle est classée comme monument historique : l'inscription relate seulement la date de la construction du pont, de l'érection de la croix et les noms du juge et des consuls : STANT CRUX ET PONS. AB. ANNO, 1732 : PAGI IVDICE. D. M. : ANT. RODIER, CONSVLIBVS — D. D. HIP. TERRET, PET, P. T., ET. AVG. ICARD.

(2) Hist. des évêques de Carcassonne par Gérard de Vie, page 90. Donario Toparehid de Villario (areh. de Carcassonne). :


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Cependant nous voyons plus loin, page 73 : « Eglise : Elle a été agrandie récemment de tout l'emplacement du choeur, orienté, à l'Est, et construit à neuf : la nef est ancienne... On voit à la muraille du fond de l'église, une ancienne ouverture de tribune, aujourd'hui aveuglée, d'où l'on pouvait entendre la messe, du château épiscopal attenant. (Ce en 1840.) » Donc nous sommés fixés sur l'emplacement de l'ancien évêché dont certains restes sont encore bien visibles (1).

Voici ce que nous pouvons lire encore dans le cartulaire, page 66, t. II au sujet de la démolition du château de Villalier en 1797 : (Manuscrit de la bibliothèque du château de Villardonnel.) « Dans un devis assez confus, on démêle que ce château se compose d'un corps principal accompagné de deux pavillons du côté de la cour et, d'une façade du côté du Nord, percée de douze fenêtres : l'élévation est d'un rez-de-chaussée, surmonté; de deux étages. Les angles du bâtiment et les contours dés ouvertures sont construits en pierre taillée et ornementée, le reste des murs en maçonnerie de moellons. L'escalier principal, qui occupe toute la hauteur du bâtiment, est construit en pierre,; chaque palier formé d'arceaux, supporté par des piliers de est pareillement en pierre. Une partie du bâtiment est appelée le vieux château. Il est encore question du péristyle, de la galerie, mêmes matériaux (,2). La cheminée de la grande salle du château de pavés en marbre et en faïence. »

De tout cela nous devons conclure que l'ancien évêché était attenant à l'église. Avant de visiter celle-ci nous pénétrons dans le parc ombreux où complaisarnment nous introduit le régisseur de M. le Dr Bousquet.

L'heure était encore matinale : à peine avons-nous franchi la grille, que nous nous trouvons environnés de verdure et de

. (1) M. le Docteur Bousquet a retrouvé dans les archives de M. Doux, son précédent propriétaire, tout le plan de l'ancien évêché de Villallier et l'a communiqué à M. d'Espezel pour la Société des Arts et Sciences de Carcassonne. (Note de l'auteur).

(2) Cet escalier aurait été transporté à Villeneuve-Minervois, dans la maison des Chanoines, et serait celui que l'on y voit encore. (Note de l'auteur).


fraîcheur, devant nous, des allées sablées, aux courbes élégantes, s'allongent sous le feuillage tremblotant d'arbres d'essences. les plus diverses ; de vertes pelouses émaillées de fleurs aux nuances chatoyantes s'offrent à nos regards, un cours d'eau canalisé traverse le parc. Un moulin dresse ses bâtiments à gauche ; tout près de l'Orbiel, à notre droite, s'élève un élégant pavillon, tout moderne, mais pour lequel on a utilisé des matériaux anciens, et qui affecte le style de la renaissance. Au pied et à droite de cette bâtisse nous remarquons la pierre aux armoiries de Mgr de Bezons, qui fut découverte lors de l'agrandissement du pont de l'Orbiel.

Nous sortons du parc pour alier visiter l'église: sur notre trajet nous voyons adossée à l'extérieur du mur, sous une grille, une large pierre sulptée en haut relief, présentant le mufle d'un lion, de gigantesque stature, dont la bouche s'ouvrant en fente évasée devait servir d'épanchoir à quelque prise d'eau du parc.

Nous arrivons dans l'espace qui précède l'entrée de l'église. Tout nous révèle ici les restes de l'ancien évêché : vieilles, fenêtres à croisillons, les unes simplement ornées de moulures, d'autres portant sur leurs pilastres et leurs linteaux d'élégantes sculptures dé feuillages et de rinceaux. Sur les murs, des armoiries d'évêques sur des pierres arrondies ; dans une ruelle, une porte sculptée, tout cela portant le cachet de l'époque de la renaissance.

L'église par elle-même n'a rien de remarquable, une partie, celle du choeur, est toute récente, elle date de 1840. L'intérieur du monument est très sombre, nous pouvons cependant distinguer dans la tribune du fond, la porte murée qui donnait accès dans l'évêché, et dans une chapelle, à droite du sanctuaire, une statué de la Vierge, coloriée récemment, mais datant du XIVe siècle et fort remarquable, à l'attitude penchée et aux traits mignons; nous verrons d'ailleurs au cours de notre excursion plusieurs statues de la Vierge, de la même date et de la même école.

Plusieurs vieilles maisons bâties en bois ou en torchis et à encorbellement se voient encore à Villalier, ainsi que bien d'au7.

d'au7.


ires restes dû passé,' mais nous nous étions assez attardés dans ce lieu et il était temps de prendre la route du château des Saptes.

Celui-ci dresse ses massives constructions et ses multiples tours' à mi-chemin entre Villalier et Conques, et tout près de la rivière d'Orbeil, dont une dérivation mettait en action les métiers à tisser la laine de ce château qui n'était en somme qu'une importante fabrique de draps. Le château de Saptes prend-son nom de ses premiers propriétaires, les frères Saptes, originaires de Tuchan, qui sur les anciennes bâtisses du moulin de la Torte, élevèrent en 1530 les constructions que nous voyons aujourd'hui pour y établir une manufacture.

L'ensemble du domaine présente l'aspect le plus pittoresque; , ses nombreuses tours, qui semblent placées sans ordre, étaient cependant disposées pour contribuer à la défense des différentes ailes du château.

On remarque à l'arrivée, du côté de Villalier, les restes d'une tour aux trois-quarts démolie, et qui paraît bien plus ancienne ; à côté de celle-ci nous voyons une autre tour engagée, environnée de contreforts et qui a été surélevée postérieurement : les restes de gargouilles se voient à l'amorce de la surélévation. C'est l'abside de la chapelle que fit construire Pierre de Saptes en même temps que le château. Dans la nef de cette chapelle, en face la porte du sanctuaire, on voit la pierre tombale de Bernard Dangles, prieur de Saint-Laurent de Conques, décédé en 1540. Nous lisons en effet dans le cartulaire de Mahul, t. II, p. 21, les lignes suivantes- : « Il existe, près de la ville de Conques, un château appelé anciennement le château de las Tortes, auquel Pierre de Sapte donna son nom et dans lequel il fit construire une chapelle. Bientôt après, les bénédictins de La Grasse envoyèrent trois religieux, qui formèrent un petit hospice, poulie service de cette chapelle, ensemble pour celles de N.-D. de Là Gardie et de Saint-Laurent. On voit encore (1789) dans la chapelle, des Saptes, le tombeau d'un prieur avec cette inscription : Cy gît Bernard Dangles, prieur de Saint-Laurent de Conques, mort en 1540. (Viguerie, annales de Carcassonne, t. II, fol. 713,


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Mss.) L'abside de cette chapelle est voûtée d'ogives venant se reposer sur une clé centrale en face de l'arc triomphal ; un vieux tableau représentant le Christ, placé au-dessus de l'autel, est son seul ornement. Le dallage est composé de briques carrées estampées, portant gravé le buste d'une dame en costume et coiffure le l'époque. Un bénitier de forme carrée en marbre est incrusté dans le mur à droite dé la porte : celle-ci de facture très lourde est en pierre du pays avec chapiteaux sculptés dans le style du XVI° siècle, genre corinthien.

La manufacture des Saptes prit bientôt après son installation une grande importance, elle utilisait des laines venant d'Espagne et celles du pays et faisait un commerce considérable d'exportation dans lés Echelles du Levant. Cette prospérité dura près de trois siècles. En 1580, un banquier de Paris, M. de Varennes, prit la direction de la manufacture, qui alors sous le ministère de Colbert, prit le nom de manufacture royale le 17 décembre 1620.

A la mort de M. de Varennes, la vaste usine cessa de fonctionner. Cependant elle se rouvrit bientôt après, mais ne recouvra jamais sa première prospérité. Lorsqu'arriva la révolution de 1789, elle né travaillait plus depuis plusieurs années. (1) En 1798 les Saptes furent expropriés sur la tête de la dame de MacManon, épouse d'Urre. (2)

Aujourd'hui le domaine des Saptes est devenu le centre d'une vaste exploitation agricole et possède une importante laiterie.

Nous contournons les bâtiments et en quelques minutes nous sommes rendus à Conques.

Vu des Saptes, le village de Conques présente le plus pittoresque aspect.

Bâti sur un des premiers mamelons qui servent dé Contreforts à la Montagne noire, ses maisons s'étalent en amphithéâtre,

(1) Barrante, préfet de l'Aude, essai sur le départ, de l'Aude, 1802 : Mahul, t. II, page 25.

(2) Le château des Saptes appartient encore à la famille D'Urre d'Anbais : Annuaire de l'Aude, 1921, page 391 : Denis Debemard : Hist. de Conques sur Orbiel, 1899.


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présentant leurs gaies façades aux rayons du soleil levant. Ses faubourgs s'étendent à ses pieds, au milieu de riches potagers arrosés par les eaux vives de l'Orbiel. A son centre s'élève son élégant et haut clocher carré, dominant les vieilles bâtisses de l'ancien château et les toitures de l'église. Plus haut se trouvent les constructions modernes d'une élégante mairie et ses dernières maisons s'élèvent jusqu'au point culminant couvert par les ombrages du parc de N.-D. de la Gardie.

Conques est un chef-lieu de canton de l'arrondissement de Carcassonne et possède une population de 1.285 habitants (Annuaire de l'Aude 1921, p. 391.) Nous pénétrons dans Conques par le faubourg d'en bas, passons devant la poste et la gendarmerie et traversons l'Orbiel, sur un vieux pont datant, paraît-il, du XIIIe siècle et qui a été naguère élargi. Ce pont reliait l'ancien faubourg de Saint-Laurent au bourg de Conques. C'est dans cet endroit que fut construit très anciennement vers le VIIe siècle un couvent de bénédictins, un des deux premiers qui furent établis au pied de la Montagne noire, Saint-Laurent in OlibejiO (Conques) et celui de Saint-Pierre et Saint-Paul, in exitorio (Citon) qui fut ensuite transféré à Cannes.

Nous croyons devoir transcrire ici les lignes suivantes se rapportant à ce monastère et que nous trouvons dans le cartulaire de M. Mahul.

« 1789. On voit dans le territoire de Conques, au delà du pont « sur la rivière d'Orviel, où passe le chemin allant à Carcas« sonne, le clocher d'une église paroissiale sous l'invocation « de saint Laurent, démolie depuis environ 30 ans. C'était la « paroisse de cette partie de ville ou faubourg qui fut détruite « par les polacres albigeois (Ad anno 1436). On célèbre encore « le 14 du mois de Mars dans l'église paroissiale de Saint-Michel « de Conques, l'anniversaire de la délivrance de cette ville et la « mémoire des victimes égorgées à pareil jour. Nombre de « personnes encore vivantes ont vu le cimetière muré de cette, « paroisse, ainsi que le jardin du curé. La tradition porte que « cette église fut rebâtie dans le milieu du XVIe siècle par Pierre « de Saptes, sieur de Pouzols. Il n'y a pas vingt ans que ses « armes étaient encore sur la porte des masures de cette église.


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« Elle forme aujourd'hui le titre d'un prieuré simple. Dom « Hugues de Barescut, religieux bénédictin de Cannes, en prit « possession le 16 février 1776 par le ministère de Me Peyre, « notaire à Carcassonne. En faisant des fouilles, aux environs du « lieu où était située cette église, on trouve encore les fondations « des maisons ruinées du faubourg mentionné plus haut. (Viguerie, annales de Carcassonne, t. II, folio 712, , Mahul, t. II, p. 13.) »

De tout cet ensemble il; ne reste plus aujourd'hui' qu'une masure à moitié ruinée, servant de remise, et appartenant à M. Fabre Lucet, de Conques. Sur le côté ouest de cette bâtisse, on voit les restes d'une fenêtre géminée de style gothique qui ne semble pas faire corps avec le reste de l'édifice.

Nous repassons l'Orbiel et regagnons sa rive gauche pour nous diriger vers l'église. Nous prenons une rue montante dominée par le haut clocher, surélevé à plusieurs reprises ; à' quelques mètres plus bas, sur un arceau, ancienne porte, se trouve une loggia surmontée d'un gable et où se voit mie statue de la Madone paraissant dater du XIVe siècle. On passe sous le clocher, surmontant un couloir voûté d'ogives élancées, on tourne à droite et l'on est en présence de la porte de l'église.

Quelques marches nous permettent de pénétrer à l'intérieur. L'entrée donne accès au fond de la nef, côté de l'évangile. L'église de Conques est fort remarquable, l'ensemble de l'édifice date du XIVe siècle. Elle est située sur l'escarpement du donjon, mais hors de son enceinte. Elle se compose de trois travées ogivales et d'une abside séparée de la nef par un transept, garni de quatre chapelles latérales faisant face à la nef.

Dans l'ameublement de l'église on peut remarquer : un rétable en bois du XVIe siècle grossièrement redoré et orné de peintures sur bois (classé). Il est placé à la droite du maître-autel dans une des chapelles du transept; un banc d'oeuvre en bois sculpté de même que le rétable, au dos de ce banc sont sculptées les armes de la ville de Conques, (de Gueules à trois conques d'argent posées 1 et 2) : une chaire en bois sculpté, par Claude d'Estienne,


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Quelques dalles funéraires aux inscriptions presque effacées se voient encore dans la nef.

Avant de sortir de l'église par la porte située au nord du transept en face de la chapelle de N.-D. de Compassion, nous remarquons un antique bénitier à moitié encastré dans le mur. Ce bénitier de forme arrondie- et de 0.50 c. environ de diamètre, nous paraît devoir être une ancienne cuve baptismale : elle est sur son pourtour ornée d'entrelacs en relief, semblables à ceux que l'on voit dès l'époque mérovingienne mais dont l'usage s'est perpétué jusqu'à la fin du XIIe siècle. Au-dessous de ces ornements est gravée l'inscription 3. DANST. 1559, mais cette inscription paraît bien postérieure à l'origine de la cuve. Celle-ci devait être primitivement isolée et soutenue par une colonnette, c'est sans doute à l'époque où elle fut encastrée dans le mur, que l'on dut y graver la légende désignée ci-dessus. (1)

En sortant de l'église nous nous trouvons dans une rue au plan incliné, et en face d'une maison située sur la même ligne que l'édifice religieux et portant des traces certaines d'antiquité. Sur la paroi de sa façade nous voyons appliquées dans le mur à quelques mètres l'une de l'autre deux pierres en forme de pilastre, la base reposant sur le sol et de 0.50 c. de largeur sur 3 m. environ de hauteur. Ces pierres portent sur leur sommet une couronne de feuillage sculptée en fort relief, et au centre de laquelle se voit encore à moitié effacé le mot Mort et la date 1608. Au-dessous sont quatre anneaux de fer scellés des deux côtés de la pierre. Nous sommes fondés à croire que ce sont les anciennes pierres de justice, sur lesquelles on exposait les condamnés et qui étaient placées près de la porte du sanctuaire, pour que ceux-ci subissent la honte de tous à la sortie du lieu saint. (1)

(1) Dans cette même chapelle de chaque côté de la Pieta, l'on voit deux cartouches arrondis, dans l'un en relief le buste d'un abbé coiffé d'une haute mitre conique, sur l'autre ses armoiries.

(1) Histoire de Conques sur Orbiel par M. Denis pé-bernard : Carcassonne, imp. Gabelle-Boiiaibus, 1899, page 79,


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Quelques pas nous amènent en face de l'ancien château surplombant une large voie. Comme dans beaucoup de ces forteresses du moyen âge on ne pouvait y pénétrer qu'à une certaine hauteur au moyen d'un pont levis, établi sur un large fossé. Le temps restreint fixé par le programme ne nous a pas permis de visiter l'intérieur du donjon qui, paraît-il, est transformé en jardin, ni de voir toutes les antiques et vieilles maisons qui existent dans Conques et nous nous acheminons vers le pinacle où s'étalent les bâtiments et les ombrages de N.-D. de la Gardie. Le pèlerinage de N.-D. de la Gardie est en effet situé au sommet de la hauteur qui domine le village de Conques. Il est entouré de murs et un portail en fer en défend l'entrée.

A peine en a-t-on franchi le seuil, que l'on se trouve au milieu d'allées ombragées contournant l'église et en bordure desquelles s'élèvent les quatorze stations du calvaire ; une seconde enceinte plus resserrée englobe le monument, et derrière celui-ci, du côté nord, restreint ses dimensions en gradins plus élevés. Quelques statues du genre le plus moderne se dressent sur la voie qui conduit directement à la Chapelle, mais à gauche sur la plate-forme dans une niché creusée dans le mur, nous apercevons une statue dé la vierge, en pierre blanche, à l'allure déhanchée caractéristique de l'époque du XIIIe siècle et de la même école que celle que nous avons déjà vue dans l'église de Villalier, ainsi que la très remarquable statuette, probablement un peu plus récente et remontant au XIVe siècle que nous allons voir dans l'église, et qui était il n'y a encore que peu de temps placée dans une petite niche à. 3 m. du sol, sur la- façade de l'église, et sous laquelle gravée sur un cul-de-lampe se voit encore la mention de N. S. a Dama N.-D. La Guardia. Cette statuette d'environ Oc. 75 de hauteur, en pierre dure, est de facture fort élégante. La madone fortement déhanchée tenant sur son bras gauche l'enfant Jésus, tout à fait détaché, et dont malheureusement la tête manque, est d'un rare fini, les plis des vêtements tombent avec grâce, la main droite tient écartés les plis du voile, la tête arrondie aux cheveux finement nattés, se penche à droite d'un mouvement gracieux en élevant ses regards vers le ciel. Une troisième statue existe encore dans Une niche


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grillée, de l'intérieur de l'église, c'est la vraie statue vénérée, mais elle est revêtue d'étoffes et d'ornements dorés et on ne peut en apprécier la facture.

L'extérieur de la chapelle n'offre rien de remarquable, elle s'appuie sur quelques contreforts. Le sanctuaire actuel accuse le style du XVI siècle, peu riche et peu soigné.

En face de la porte d'entrée, qui s'ouvre au milieu de la nef du côté sud, on voit une large plaque de marbre blanc, portant les noms des habitants de Conques, qui firent l'acquisition de la chapelle et des terrains qui l'environnent, lorsque le tout fut vendu en 1790 comme bien national.

L'origine de N.-D. de la Gardie est fort ancienne. La tradition rapporte que la chapelle fut édifiée à la suite d'un voeu fait en mer par un seigneur de Félines d'Hautpoul, mais nous savons d'une manière certaine qu'en 1250 la comtesse Béatrice de la Gardie était en possession de ce lieu, et que ce fut Jacques 1er, seigneur de la Gardie, Russol et Ornaisons qui fit ériger le sanctuaire vers 1230. (1) En 1540 Pierre de Saptes fit restaurer la chapelle et l'on voit ses armes sur une des clefs de voûte de l'église : Depuis la vente par le district, plusieurs réparations importantes et des aménagements nouveaux ont été exécutés par les soins des co-propriétaires qui tiennent la chapelle et les alentours dans le plus parfait état de conservation et de propreté.

Après avoir adressé nos remerciements à M. Vassal et à Aille Roques qui nous ont fait les honneurs, le premier de l'église, la seconde celle de N.-D. de la Gardie, nous dévalons par un sentier rapide qui nous amène bientôt sur le chemin qui conduit à Lastours et au Mas-Carbardès.

La route suit en serpentant un cours d'eau dérivé de l'Orbiel : nous cheminons dans une voie ombragée, côtoyée de prairies et de jardins potagers. Dans ceux-ci s'alignent de vastes carrés de fraisiers, et nous regrettons de n'être pas venus un mois plus

(1) Ce Jacques 1er, Seigneur de la Gardie, Russel et Ornaisons, ne serait-il pas un ancêtre du fameux Pontus de la Gardie, qui devint roi de Suède au XVIe siècle.


-15 - tard pour jouir dans notre randonnée et de la senteur parfumée de ces délicieux fruits, en même temps que du frais ombrage et de la chanson murmurante des eaux. ■

Nous côtoyons plusieurs villas et maisons de campagne, la route décrit courbes sur courbes et à l'une d'elles rejoint la ligne du tramway de Carcassonne à Lastours. A cet endroit une croix indique la place qu'occupait jadis l'ancien prieuré de St-Pierrede-Vic, dépendant, de l'abbaye de Lagrasse, et dont on trouve la trace dès 1224 (Cari Mahul, t. 2, p. 13). Le domaine de Vie, propriété de M. Don de Cépian, possède aujourd'hui dans un beau parc une élégante chapelle toute moderne entièrement construiteen matériaux de céramique, et qui remplace, l'ancienne église de l'antique prieuré, Un peu plus loin nous traversons la rivière sur un pont rustique et pénétrons dans les appartenances du' domaine de la Vernède liante. Ici les accidents de terrain sont plus accentués et c'est par des allées montantes et sinueuses que nous parvenons devant le péristyle du château.

Nous ne. rencontrons personne, nous nous informons près des ouvriers agricoles, le propriétaire, M. De Larobertie, qui par un inconcevable oubli n'a pas été prévenu, est absent ; le régisseur est à la messe à Conques : bravement nous agissons comme èh pays conquis, et sur les marches du perron et devant-la vaste serre, nous nous installons gaiement pour faire honneur aux vivres du sac.

.Le soleil qui jusqu'ici ne s'était montré qu'au travers d'une gaze vaporeuse, et ne nous avait que parcimonieusement gratifié de ces brillants rayons a tout à coup relevé sa voilette et nous "monde de ses chaudes clartés. Et réconfortés par celles-ci, nous effectuons notre repas champêtre au milieu de la bonne humeur générale, aiguisée par l'appétit provoqué par la course et l'heure matinale du départ.

Cependant, force nous est d'écourter une, si délicieuse halte, et après une brève visite à la chapelle et à la serre, (1) guidés par le régisseur, arrivé pendant notre repas, nous traversons

(1) Ecartons de notre pensée en lisant ces noms tout souvenir des satires de Bopeau,


une grotte artificielle, dont les rocailles disparaissent sous; le: sombre feuillage d'un lierre vigoureux et descendons par un sentier en lacet vers les rives de l'Orbiel.

A notre gauche, le cours d'eau entraîne ses ondes rapides au milieu des verdoyantes prairies du Sendilla et de la Vernède; devant nous, s'ouvre la perspective d'une longue avenue rectiligne, bordée de peupliers aux tiges élancées et d'arbres de difïé^ rentes essences, à, notre droite se dresse une falaise abrupte, percée çà et là de profondes excavations, ce qui fait rêver nos préhistoriens. Placés près d'une rivière, dans une position qui paraît inaccessible et de défense aisée, peut-être ces anfractuosités, naguère masquées par l'abondante végétation du lierre; ont-elles servi d'habitations et de refuge à nos lointains ancêtres. En face, du reste, sous la route de Lastours s'ouvre une profonde grotte, dite la Caouno de la Barre, où l'un de nps: collègues d'excursion, M. Fages de Pennautier, a recueilli ces temps derniers une belle hache en pierre polie.

Au fond de l'allée, après être passé près d'un pont rustique jeté sur l'Orbiel, nous nous trouvons en face d'une dépression; de terrain et à l'amorce d'un sentier.

L'aspect du terrain change complètement, nous entrons en. plein étage numulithique, l'étroite voie serpente en mie montéeardue dans un milieu rocailleux, encombré de pierres vacillantes. Nous marchons au milieu d'une sauvage végétation calcicole, cistes, buis, chênes nains, buissons de ronces envahissent parfois la mince piste qui se dérobe. Le soleil darde ses plus torrides rayons, et C'est en peinant et en soufflant que nous gagnons l'abrupte crête, d'où se révèle à nos yeux tout le vaste

panorama borné à droite par la chaîne des Pyrénées, à gauche

par la montagne noire et se profilant à l'est jusqu'à la mer.

Paraissant assez rapprochée, dans un demi-lointain, la vieille cité de Carcassonne s'estompe dans une molle clarté, dressant vers le ciel les pinacles étincellants de ses tours. Plus rapprochés, émergeant d'une mer de verdure, s'étalent à nos pieds les lieux que nous venons de quitter, Villalier, les Saptes, Conques, Vic et la Vernède et s'alignaiit au bord de l'antique voie romaine les campagnes de la Lande et de la Matte.


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Nous suivons un sentier pierreux, bordant une crête. Nous foulons dans notre marche de nombreux fossiles du numulithique, ostrea, cardium, pecten, natica, brevispira, nerita conoïdea, et bien d'autres espèces, mais tout cela roulé, brisé et ne présentant d'ailleurs que le moulé- intérieur. Sur ces garrigues désolées apparaissent de temps en temps pour en varier la monotonie et en massifs isolés les chatoyantes floraisons de quelques iris chamarrés, aux couleurs tantôt blanches, tantôt jaunes Ou violettes. En face de nous, au nord, nous apercevons dominant la vallée de l'Orbiel deux collines jumelles : c'est sur l'une d'elles que se trouvé l'oppidum de Ste-Colombe.

Pour y parvenir, nous sommés obligés de nous engager dans un sentier à la déclivité prononcée, de franchir un petit ruisseau et de suivre les bords des champs et des vignes, qui se trouvent au fond d'un ravin. Le versant de la colline que nous côtoyons pour gagner Ste-Colombe est encombré d'amas de pierres formant tantôt murailles, tantôt éboulés. Au pied d'un de ceux-ci nous remarquons une large pierre (0,50 X 0,60) en micaschiste, provenant,évidemment de loin et présentant une surface légèrement concave, c'est à n'en pas douter une de Ces pierres, moulins primitifs, sur laquelle les grains étaient broyés à l'aide d'une molette de quartz et telle que celles que l'on trouve-dans les grottes, ayant servi d'habitation aux populations primitives. Elle est malheureusement trop lourde pour pouvoir être emportée. ■

L'escarpement qui porte l'oppidum est tout proche, et nous en gravissons bientôt les flancs abrupts. Cette éminence de forme allongée formant éperon du côté de la vallée de l'Orbiel est de difficile accès de trois Côtés ; elle formé avec La Gardie, une station intermédiaire entre la cité de Carcassonne et les Châteaux de Lastours. Le plateau qui la surmonte est couvert de ruines, dans lesquelles on distingue fort bien les restes de trois enceintes, et au-dessus, des divisions, témoignages des anciennes bâtisses qui couvraient cet endroit. On y a trouvé de vieilles monnaies et des débris de poteries. Une chapelle existait jadis en ce lieu, Mahul en fait mention sans commentaires dans le T. 2, page 14 de son cartulaire. Nous voyons aussi ;dans le même ouvrage, page 79, dans la généalogie des Lagardie, que Jacques d'Escou-


y- 18 — perie, seigneur de la Gardie Russel et Ornisons épousa en 1511 Catherine de Ste-Colombe, fille de Bérenger de Ste-Colombe, seigneur d'Houpée (sans doute Oupia) diocèse de St-Pons-de-Thomières.

En somme nous possédons fort peu de documents sur les ruines de Ste-Colombe ; évidemment ce devait être un lieu de défense ; dans une communication faite tout récemment à la société d'études scientifiques de l'Aude (séance du 15 juin 1924) M. l'abbé Baichère émet l'opinion que c'était à cette place que s'élevait jadis l'ancienne cité de Pech-Melio, signalée par plusieurs auteurs et qui se trouvait sur la rive gauche de l'Orbiel. Rien ne peut s'opposer à cette hypothèse.

Après avoir un instant contemplé le magnifique paysage que l'on découvre de cette hauteur, qui était certainement un observatoire stratégique fort bien situé, nous redescendons dans le ravin, gravissons de nouveau la crête escarpée et nous nous dirigeons vers Villegly dont nous apercevons dans un pli de terrain la flèche de son clocher encore en reconstruction.

Nous dévalons sur les pentes pierreuses et quittons les. pins, qui marquent la séparation des communes de Conques et de Villegly. Nous atteignons bientôt la voie romaine et la suivons pour gagner les bords de la Ceize.

La nature du terrain change ici brusquement, nous quittons Fépicrétacé pour fouler le calcaire lacustre, dit de Ventenac, qui renferme dans son sein de nombreux gisements de lignite. Déjà quelques sondages effectués dans ces parages ont révélé la : présence de cette matière, d'autres vont être effectués incessamment et présagent d'heureux résultats. La question du Carburant national est à l'ordre du jour, déjà plusieurs usines fabricant ce produit par la distillation des lignites existent dans l'Aude et dans l'Hérault.

Souhaitons que prochainement la découverte de nouveaux gisements donnent lieu à une exploitation importante, qui viendra collaborer à la prospérité de notre contrée.

En face du domaine de Lalande nous prenons l'ancienne voie romaine qui allait de Toulouse à Nârbonne en passant au cou-


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chant du village de Villegly (1) et la croix de St-Bernard et va se perdre à la route départementale à quelques mètres avant d'arriver au pont dé las Claous ainsi nommé parce qu'il y avait là une barrière ou lende où l'on percevait un droit de péage. Nous arrivons au bord de la Ceize, laissant à quelques centaines de mètres en amont l'important barrage de Barrière que fit construire M. le général D'Ouvrier pour l'arrosage de ses terres. Nous ne sommes plus qu'à quelques pas de l'agglomération; nous traversons la rivière par un gué en passant, sur de gros cubes de pierre et remarquons en face un affleurement de lignites signalé par un commencement de feuilles. Nous suivons une rue qui nous amène bientôt sur la place en face d'une belle croix de mission. C'est dimanche, toute la population est dehors, et nous regarde avec curiosité, mais comme après notre longue course nos gosiers sont altérés et notre bouche desséchée, nous nous hâtons d'entrer dans un café voisin, déjà bondé de consommateurs. Ceux-ci avec courtoisie, s'empressent de nous faire de la place. Cet établissement est la propriété de M. Périé, notre collègue, un des membres fondateurs de la Société d'étydes, qui vient aussitôt serrer des mains amies, et avec la générosité la plus cordiale, nous offre force rafraîchissements, que nous acceptons et absorbons avec un inexprimable plaisir. Mais, malgré tout l'agrément que nous éprouvons à nous reposer en nous désaltérant, nous nous rappelons que notre temps est très restreint et qu'il faut nous hâter si nous voulons effectuer une rapide visite de Villegly. L'office des Vêpres n'est pas encore terminé, aussi commençons-nous notre tournée en nous dirigeant vers le château.

M. Rives, dont les soins savants et éclairés entretiennent l'admirable tenue du parc, nous en ouvre l'entrée, et nous nous trouvons immédiatement devant le château.

et élégant édifice restauré tout récemment porte encore sur sa façade Nord, quelques croisées datant des XVIe ou XVIIe siècles.

(1) Le nom de Villegly : appelé Villaglinum en 1309, villa de Agliano en 1458, ne. viendrait-il pas du rec de las agios, ruisseau, des .aigles, qui se trouve sur.son territoire.


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Il s'élève isolé, au milieu d'un splendide parc, en face d'une large pièce d'eau, traversée par un antique pont, qui disparaît. à moitié sous la sombre verdure d'un lierre opulent, dont les frondaisons pendantes vont se baigner dans la nappe liquide et dont la silhouette étrange se reflète comme dans un pur cristal", sur le calme parfait des eaux. Cet ensemble à la fois harmonieux et rustique est borné par le confluent des rivières de la Ceize et du Clamoux. Malgré son apparence toute moderne, ce château est réellement fort ancien et a subi de nombreuses transfor-, mations.

Il faisait partie jadis, d'un fort entouré de murs et de bastions, possédant une seule porte dont le Seigneur avait la clé, et dans l'intérieur duquel s'entassaient les quelques maisons qui constituaient le bourg, de Villegly, ayant portes et fenêtres donnant sur la cour centrale. Ce fort a existé jusqu'en 1789. Il était encadré d'un côté par la rivière du Clamoux, des trois, autres par des fossés, transformés aujourd'hui en rues et promenades. L'ensemble du village se composait de deux autres groupes de maisons, les unes situées en amont du fort, les autres sur le côté arrosé par la Ceize.

Le village de Villegly a été successivement l'apanage de plusieurs familles nobles de la contrée. Nous le voyons d'abord possédé en 1119 par l'abbaye de Caunes, de 1200 à 1308. Il appar-, tient aux comtes de Minerve, puis passe au pouvoir de la maison Gaubert de Leucâte ou de Durban, dé 1308 à 1357. De 1358 à 1371 il a pour seigneurs les chefs de la maison de Merle ou de Marly. En 1408 jusqu'en 1646, ce sont les seigneurs de Peyriac, de la maison de Grave, qui se trouvent être les suzerains de Villegly. A cette époque Les Degrave vendent le Château et ses dépendances à Noble Pierre de Gach, originaire de Toulouse. En 1684 François de Gach, revend la Seigneurie à Jacques", de: Danty, président et juge Mage en la Sénéchaussée de Carcassonne et celle-ci passa alors entre les mains IJS propriétaires actuels par un mariage entre Jeanne-Françoise-Charlotte de Danty avec Guillaume-Marie D'Ouvrier, président à mortier du parlement de Toulouse le 25 septembre 1748.


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Le château et le domaine de Villegly appartiennent toujours à la famille d'Ouvrier, qui depuis son entrée en possession, n'a jamais cessé de continuer les traditions de ses ancêtres qui étaient toutes de noblesse et de bonté.

L'église que nous allons visiter, dès que les cérémonies de vêpres seront terminées, était primitivement l'église du fort, mais n'avait pas le titre d'église paroissiale. C'était St-Sernin, qui se trouvait sur la rive droite du Clamoux, à l'angle N.-O. du cimetière, qui jouissait de ce titre.

Cette église de St-Sernin était fort remarquable et ses ruines naguère encore présentaient un aspect imposant. Cet édifice était construit en pierres à petit appareil, voûté en plein centre avec une abside à chevet rectangulaire, et datait probablement de l'époque carolingienne.

Il fut abandonné en 1662 et l'église du fort, non sans contestation des habitants de Villegly, devint église paroissiale.

En 1660, Louis de Nogaret, évêque de Carcassonne, en visite pastorale, dit avoir trouvé dans cette église, sur l'autel de la Vierge, une image de pierre, représentant N.-D. tenant le petit Jésus entre ses bras ; ne la trouvant pas assez décente, il ordonne qu'en l'état et aux dépens de l'oeuvre, on fit peindre un tableau à l'huile représentant l'Assomption de N.-D. (C'est sans doute le panneau en relief que nous voyons aujourd'hui dans l'église paroissiale actuelle). Cette statue de style gothique, trouvée trop peu décente, c'est-à-dire trop peu convenable, fut placée sur la porte d'entrée de la nouvelle église paroissiale et lors du prolongement de cette église, avec l'arceau de l'église de St-Sernin, on la transféra au-dessus de la petite porte d'entrée du côté du presbytère. (1)

L'église paroissiale dans laquelle nous allons pénétrer fut construite par les soins de Pierre de Gach, acquéreur de la

(1) Voir le cartulaire de M. Mahul, t. II, canton de Conques. Cette statue du XXVe siècle, à l'allure déhanchée, comme celles de eette époque, se trouve- actuellement à l'entrée d'une chapelle latérale du côté de l'évangile, elle a été récemment repeinte artistement par une des dévouées marguillières de l'église, une curieuse légende existe sur cette statue.


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Seigneurie de Villegly en 1616, et ce fut peu de temps après sa prise de possession qu'il fit édifier sur les bases d'une primitive église, sans doute fort délabrée, et dont l'ancien clocher subsiste encore, et est en tram actuellement d'être remis à neuf, l'église qui existe aujourd'hui. Cet ancien clocher, ainsi que les restes que l'on a pu découvrir de l'ancienne église, ses gargouilles, ses fenêtres en plein cintre, semble fixer son origine à l'époque de transition romane gothique, c'est-à-dire vers la fin du xme siècle et même antérieurement puisqu'elle était possédée par l'abbaye de Caunes en 1119. M. de Gach fit graver ses armes aux voûtes des deux chapelles latérales, ce qui date bien la fondation de la nouvelle église. Le chef est chargé de quatre demi-besants et trois besants entiers, la pointe est surmontée d'un chevron accompagné d'un Croissant entre les deux branches. On voit aussi à la naissance du grand arceau qui ouvre l'entrée du choeur, du côté de l'évangile, une pierre sculptée d'un travail remarquable et à la naissance des deux petits arceaux du fond de l'abside deux pierres blasonnées qui diffèrent des armoiries que la famille de Gach fit graver aux voûtes des deux chapelles; Ce sont évidemment des restes de l'église précédente.

Cette église était quelquefois qualifiée d'église du château, mais dans celui-ci existait un oratoire particulier dans une tour, et qui disparut avec la démolition de celle-ci.

En résumé l'église paroissiale actuelle de Villegly est à berceau brisé du XVIIe siècle, mais bâtie en partie sur l'emplacement d'une ancienne église ogivale, dont il reste deux fenêtres à meneaux du côté gauche du choeur et quelques fragments de sculpture.

Le clocher séparé de l'église, semble antérieur à l'église ogivale. Enfin l'église a reçu depuis sa reconstruction, à diverses époques plusieurs augmentations dont les plus considérables (les deux chapelles latérales de style ogival et la principale porte d'entrée) sont toutes récentes, (1847) (Mahul, T. II, page 140).

Pendant que nous attendons, près de l'église, la sortie de vêpres et que s'élevaient dans les airs les accords solennels de l'hymne final, nous remarquons une fenêtre située à la hauteur


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d'un premier étage entre le sanctuaire et la maison presbytérale sur le linteau de laquelle nous lisons cette inscription : « Justi intrarunt in eam, Villegly 1663 » et de nous demander si les justes étaient en 1663 obligés de passer par la fenêtre pour entrer dans le Saint lieu? Mais rassurez-vous, nous dit notre excellent guide, M. Saint-Clair Roques, en 1663 les justes entraient comme aujourd'hui dans la maison de Dieu par la porte et non par la fenêtre, car il faut vous dire qu'avant l'inondation de 1891, causée en grande partie par la crue subite de la Ceize, l'église de N.rD. était entourée d'un mur de ronde, formant cour du côté du midi. Or les pierres de la fenêtre en question étaient celles d'une porte d'entrée placée à l'est de cette cour, et l'on était obligé de traverser cette cour avant d'arriver aux deux portes qui donnaient accès dans l'église.

La cour et les murs ont disparu et depuis cette époque c'est . une petite place qui existe en cet endroit,

Mais voici que peu à peu les fidèles évacuent le lieu saint et comme il ne nous reste plus guère qu'une demi-heure avant le départ du tramway, nous nous hâtons de pénétrer dans la nef, pour la visiter à la hâte.

M. l'abbé Mons, curé de Villegly, nous reçoit à l'entrée et nous fait gracieusement les honneurs de son église. A peine avons-nous franchi le seuil de l'édifice, encore embaumé des parfums de l'encens, et dont les voûtes semblent vibrer encore, que nous nous sentons saisis de cet esprit de recueillement et d'adoration qui doit régner dans cette enceinte. Tout l'ensemble qui nous entoure semble devoir amener, même le profane, à ce sentiment de respect et d'élévation vers Pau delà, qui doit saisir tout être pensant qui pénètre dans ce lieu saint. Tout concourt, dans cette vieille et auguste église, qui grâce à ses artistiques peintures toutes récentes, paraît toute neuve, comme un joyau dans un écrin, à élever l'âme vers le créateur, et à inspirer un respect profond qu'une légitime curiosité ne pourra jamais troubler.

En effet si nous examinons bien en détail, cette curieuse église, dont rien au dehors ne révèle l'intérêt, nous trouvons en examinant l'intérieur, bien des témoignages épars des diver8

diver8


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ses transformations qu'elle a dû subir depuis son antique origine. Le vaisseau présente un ensemble de trois travées, dont la dernière de facture assez récente. La voûte est en berceau brisé, mais celle de l'abside, formée d'ogives, à liernes et à tiercerons, est fort remarquable par sa structure compliquée et doit dater du xvie siècle. Elle rappelle les voûtes de même ordonnance, que nous trouvons à Garnies dans l'Hôtel des d'Alibert et qui se voit aujourd'hui dans le laboratoire du café de la place et dans l'artistique chapelle de N.-D. de la Santé, sise en tête du pont vieux à Carcassonne.

Sur les clés de voûte, où viennent se croiser les arêtes d'ogives, sont gravées des armoiries, qui ne sont pas celles des de Gach, que nous voyons sur les clés de voûte des deux premières chapelles latérales et que nous avons décrit plus haut. — Au fond de l'abside se détache, lumineux, le beau panneau doré, en. bois sculpté représentant l'Assomption de la Sainte Vierge, celle-ci sortant du tombeau et s'élevant vers le ciel en présence des apôtres. Ce panneau fut, dit-on, sculpté par un religieux bénédictin de l'abbaye de Caunes, prieur de Saint-Félix des Orrils ; (1) c'est sans doute pour remplacer le tableau peint à l'huile commandé par M. de Nogaret, en 1660, lors de sa visite pastorale à St-Sernin, que fut confectionnée cette image en relief. Ainsi que le fait remarquer Mahul, dans son cartulaire T. II, page 140, on voit dans l'intérieur de l'église, sur les chapiteaux voisins de l'abside et des deux chapelles collatérales, dés pierres sculptées qui datent évidemment de la période romane. Du côté de l'épître, animaux chimériques affrontés, du côté opposé, guirlande de feuillages, sur les frises des chapelles, faisant suite aux chapiteaux, faces humaines en demi-relief, lambeaux de feuillages, figures d'animâux et reliefs bizarres. Nous devons en conclure que la primitive église, appartenance de l'abbaye de Caunes était romane, que plus tard celle-ci sans doute en état de désagrégation, reçut sur ses ruines les constructions d'une église ogivale vers l'année 1300, qu'ensuite Pierre

(1) Note de M. l'abbé Baichère ; il ajoute que ce panneau mériterait d'être classé.


— 25de Gach en 1680 fit encore remanier et restaurer. Ce monument devenu alors église paroissiale et tel que nous le voyons aujourd'hui, nous permet de retrouver, en l'étudiant dans son ensemble, toutes les traces des différentes phases auxquellesJ il a survécu.

Dans une chapelle en bordure de la nef, du côté de l'évangile, nous remarquons une coquette statuette de cette école toute particulière des XIIIe et XIVe siècle, et dont nous trouvons plusieurs exemplaires dans notre région, au type réaliste, à l'allure déhanchée, nous présentant une madone à la figure arrondie et souriante, tenant dans ses bras un petit Jésus, aussi tout réjoui et pressant sur sa poitrine une gracieuse colombe. Une curieuse légende existe sur cette statue trouvée jadis dans le ravin de la Ceize près d'une source, notre savant et sympathique collègue, M. l'abbé Baichère, me l'a longuement racontée, mais elle tiendrait ici trop de place, à la suite de ce récit de l'excursion du 6 avril 1924, que l'on trouvera sans doute beaucoup trop long.

Dans tous les cas, une journée bien employée nous a permis de voir et de connaître beaucoup de choses de notre entourage presque immédiat, et si ce rapport est trouvé trop long, il est certain que les excursionnistes ont trouvé la journée trop courte.

ROQUES et SICARD — 15 juillet 1924.

Séance du 20 juillet 1924

Communication de M. l'Abbé Baichère (Pour faire suite au rapport sur l'excursion du 6 avril 1924 déposé ce même jour sur le bureau de la Société).

Il y a près de la gare du tramway du Minervcis à Villegly, sur la rive droite du Clamoux vers Bagnoles, une vaste étendue de gravier, qui à la suite d'une forte inondation, a pris la place d'une ancienne vigne abandonnée.


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Depuis déjà plus de vingt, ans, une colonie de plantes montagnardes qu'on retrouve en grand nombre dans la partie supérieure de la rivière, notamment à Cabrespine et à Castans, a pris possession de ces alluvions grossières, où l'eau passe une partie de l'hiver. Les plantes en question vivent aussi bien en ce coin privilégié que sur les schistes et les roches granitiques de la montagne.

Leurs graines ne se dispersent pas cependant dans les environs, car le sol du pays est presque partout argilo-calcaire, et si elles peuvent se semer d'elles-mêmes et croître à cet endroit, c'est à n'en pas douter, à cause d'une forte dose de Silice, existant dans ces sables et graviers.

Voici la liste des principales espèces que nous y avons observées, cette année (1924) vers la fin du mois de juin : nous les donnons dans l'ordre même où elles se sont présentées à nos yeux.

Jasione montana, L. Dianthus Armeria, L.

Malva Moschata, Q.

Teucrium Scordonia, L.

Digitalis lutea, L.

Vinca acutiflora, Beth.

Rhinantus major, Ehr.

Géranium nodosum, L.

Anarrhimum bellidifolium,

Desf. Poligala vulgaris, L. Linaria commutata, Bernh. Anticchinum ma jus, L. Var. Centaurea nigra, L. Anthyllls vulneraria, L.

Corrigiola littoral is, L.

Herniaria glabra, L.

Verbascum Lychnites, Q.

Vicia sepium, L.

Saxifraga granulata, L.

Scabiosa columbaria, L.

Verbascum Blateria, L. Vabascum Thapsus, L. Veronica officinales, L. Thrincia hispida, Roth. Rumex acetosella, L. Sedum hirsutum, all. Galium cruciata, Scop. Var. patens, etc., etc.

D'autres plantes mais alors calcicoles, que l'on rencontre fréquemment dans les garrigues de Villegly, au nord de ce village, croissent aussi pêle-mêle avec les espèces montagnardes telles que :


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Cistus monspeliensis, L.

— salvifolius, Q.

— Albidus, L, Onobrychis caput galli, Larnh. Euphorbia Characias, L. Leucanthemum palleris, Gay. Ruta angustifolia, Pers. Verbascum sinuatum, L. Ononis Striata, Gn. Aphyllantes Monspeliensies, L. Siderites tomentosa, Pourret. Helichrysum angustfolium, De

Erythrea pulihiella, Gries. Ophrys lutea, Cad. Opoponax chironium, Kôrt. Pholomis herbaventi, L. Plantago Cynops, L. Thèsium divaricatum, Jany. Tragopodon australis, Jord. Aeluella odorata, L. Convolvulus cantabria, L. Helianthum fumana, D. Carduncellis mitissimus, D. Galactites tomentosa, Manh.

La présence de quatre espèces caractérisées de Verbascum sur ces graviers abandonnés par la culture, a suffi pour la formation de quelques hybrides. Les botanistes savent fort bien que les Verbascum, vulgairement appelés bouillons blancs, mélangent facilement leurs semences dès qu'ils se rassemblent autour des Verbascum, Tapsus, Sinuatum, Blattaria et Lychnitis, nous avons eu le plaisir de récolter les hybrides suivants :

Verbascum Chapso-sihuatum. — Verbascum Chapso-Lychnitis. — Blattario-sinuàtum. — Lychnitis-sinuatum. et une forme très singulière qui pourrait bien être un hybride d'hybrides ou bien le produit d'hybridation du Verbascum Lychnitis par le Verbascum Blattaria ; cette forme n'y est représentée que par un seul pied.

Nous recommandons cette petite oasis botanique à l'attention des herborisateurs. Nul doute qu'ils n'y trouvent d'autres plantes intéressantes aux mois d'août et de septembre.

Abbé Ed. BAICHÈRE.


EXCURSION DANS LA HAUTE VALLEE DU LAUQUET

Le 18 mai, la Société d'études scientifiques de l'Aude a dirigé ses explorations dans les pittoresques vallées des Corbières qu'arrose le Lauquet.

Après être rapidement passés à Ladern, que le félibre Achille Mir a rendu célèbre par son histoire du Lutrin, les membres de la Société sont allés tenir leur séance mensuelle dans la mairie de Greffeil, mise gracieusement par M. le maire à leur disposition.

Après une courte visite à la tombe de leur collègue M. l'abbé Ancé, qui a su recueillir dans les environs, un grand nombre d'objets se rattachant à la préhistoire, les excursionnistes rejoints par des collègues venus dans leur propre auto, ont gagné Clermont-sur-Lauquet, visité la remarquable église romano-gotlûque, de style sévère et pur et ses élégantes et hardies voûtes d'ogives ajoutées postérieurement ; une visite au vieux donjon a succédé à celle de l'église. Une demi-heure après tous les excursionnistes étaient gaiement installés pour le repas, sous de frais ombrages, près du vieux moulin, et de l'ancienne église de la Caunette. Avant de remonter eu auto, on va par un sentier tracé dans un épais fouilli, voir l'entrée de la grotte du Cremaillou, ouverte sur le flanc d'un rocher à pic, et qui servit de refuge à l'époque des guerres de religion. Par des routes assez belles, mais étroites et montantes, on arrive devant Belcastel et Buc dont l'ancien donjon se dresse hardiment vers le ciel. Mais bientôt le paysage change, devient moins sauvage et la caravane s'arrête à Saint-Polycarpe, pour visiter les ruines de l'ancienne abbaye dont il ne subsiste guère que l'ancienne église romane avec ses curieux autels et quelques débris du vieux cloître. Départ pour Saint-Hilaire, que l'on ne peut visiter sans être frappé d'admiration, quand après être passé dans le beau cloître, on pénètre dans l'église ; M. le doyen fait voir savamment aux touristes tous les précieux restes conservés dans ce qui fut jadis une puissante abbaye. Peu après ceux-ci quittent Saint-Hilaire et à 6 h. 30 du soir étaient rendus à leur point de départ devant le palais de justice de Carcassonne.


Rapport de l'excursion de la Société d'études scientifiques de l'Aude, le 29 mai 1924, à Capendu et au Mont Alaric Par M. Germain SICARD, membre correspondant de la commission des monuments historiques

Comme dans nos précédentes excursions, l'autobus de M. Bosc, de Saissac, nous attendait dès six heures du matin devant le palais de justice de Carcassonne. Cette fois, ce n'était plus dans les hautes Corbières que nous devions porter nos pas, et cependant, en prenant la route Narbonnaise, en nous dirigeant vers un but opposé, nous allions nous rapprocher de la limite de cette région montagneuse, puisqu'elle commence tout près de l'Alaric, dont elle n'est séparée que par l'étroite vallée de la Bretonne.

Notre véhicule nous emporte rapidement vers la large route ombragée ; nous laissons bientôt Trèbes à notre gauche et un peu plus loin, Floure à notre droite, nous traversons Barbaïra et venons nous arrêter peu après, devant le château de la Leudè, propriété de notre distingué collègue, M. Auguste Barbaza, qui doit diriger notre exploration vers les flancs du mont Alaric.

Mais déjà celui-ci nous attendait, et bientôt, précédés de son auto, nous pénétrons dans l'intérieur du village : mais arrivés sur une petite place, notre chef de file s'arrête et nous fait descendre pour nous inviter à déguster dans un des principaux cafés de la localité, un délicieux moka qui va réveiller nos nerfs pour la course en montagne que nous allons entreprendre.

Mais notre agréable halte dure peu, car le temps est précieux et nous avons beaucoup à voir ; nous remontons donc dans nos véhicules, pour nous diriger vers le cimetière distant d'environ cinq cents mètres de Capendu.

Nous pénétrons dans ce lieu de repos par une large porte, et admirons en face de celle-ci le beau monument des morts de la grande, guerre, élevé à leur glorieuse mémoire par leurs concitoyens. Ce champ des morts est irréprochablement tenu et renferme plusieurs beaux mausolées, mais érigée au milieu de ceux-ci, s'élève l'antique chapelle romane dédiée à saint Martin, et principal but de notre visite.


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Cette église, classée comme monument historique et fort bien conservée, se présente sous un aspect imposant et des plus archaïques. Son abside, voûtée en cul de four, est appuyée à l'extérieur par des contreforts, carrés et peu saillants, aux chapiteaux ornés de feuilles d'eau et de motifs très simples. Une série de modillons, têtes humaines et d'animaux et de compositions fantaisistes s'alignent sous la corniche qui supporte le bord de la toiture. Celle-ci affecte la forme d'une section de cône et est recouverte d'ardoises grossières du pays, dites Laousos. Le toit de la nef à deux rampants, aujourd'hui couvert de tuiles, était jadis constitué de la même façon. Quelques modifications ont été apportées plus tard à l'architecture de cet édifice. On a refait en ogives les voûtes des chapelles, une de celles-ci a même été ajoutée postérieurement, des changements ont été aussi opérés dans les ouvertures, toutes ces retouches paraissent dater du xve siècle.

Tout le monument est construit en petit appareil ; on voit encore au fond de la nef une antique cuve baptismale en pierre.

Après quelques instants passés à contempler ces restes intéressants du passé, nous regagnons Capendu pour visiter les antiquités qui y subsistent encore.

Le village de Capendu se compose d'une agglomération de 1.571 habitants (Annuaire de l'Aude, 1921) et est un chef-lieu de canton de l'arrondissement de Carcassonne. Il est situé sur la rive droite de l'Aude, à 85 mètres d'altitude et possède une station du chemin de fer du Midi.

Ce que nous avons remarqué en entrant dans cette petite ville, c'est son air de prospérité, et la propreté de ses rues. C'est une localité très commerçante surtout en fait de vins. Son territoire composé de riches vignobles est borné au sud .par les, pentes du mont Alaric et au nord par une plaine assez restreinte qui s'étend jusqu'aux bords de l'Aude, en face de Marseillette.

L'origine de Capendu paraît remonter à l'époque romaine, et une voie, dit chemin romain, y a été depuis longtemps signalée,


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Son nom actuel apparaît au XIe siècle. Plus tard, dans l'histoire de la croisade albigeoise, Pierre de Vauxcernay en donne ainsi l'étymologie :

Castrum quod dicitur canis suspensus. Au XIe siècle nous trouvons la maison de Campendut. En l'an 1063, un accord est passé entre Roger III, comte de Carcassonne et Roger I, comte de Font, où est compris entre antres : Castellum quod yocant Capendud. En 1124, Giral de Campopendut fait trêve avec Aton, vicomte de Carcassonne. En 1156 et en 1217 nous voyons encore le nom de Canesuspenso (cart. Mahul).

Nombre d'étymologies fantaisistes ont été émisés à propos de ce nom de Capendu, chien pendu, tête pendue, champs pendus, à cause des terres escarpées de l'Alaric; cette dernière version est peut-être la plus vraisemblable, mais nous n'en retiendrons aucune.

Il est certain qu'en 1063, Capendu est désigné sous le nom qu'il porte actuellement, mais le nom ne s'appliquait probablement qu'au château : Castellum quod vacant capendud. (Hist. du Languedoc, t. V, preuve 266). Le village était situé dans la plaine et s'appelait Saint-Martmvde-Surzac et en 1693 c'est encore sous ce vocable que ce lieu est désigné. II devait étendre ses constructions tout près de réglise romane que nous venons de visiter.

Dans l'histoire du Languedoc, t. V, preuve 435 : De cane suspenso quoe alîo nomine voçatur sanetus Marlinus de Swrzaco et dans Doàt, vol. 68, fol. 346 : en 1521, Sorzac, cum ipso Castro, et dans les archives de l'Aude, Série H, p. 10 : Gampendu, autrement Saint-Martin-de-Surzac. Il est possible qu'il y ait eu à une certaine époque deux châteaux et deux agglomérations, dont une avec son château a complètement disparu.

Voici ce que nous trouvons dans le cartulaire de M. Mahul, f. I, p. 309, sur les seigneurs de Capendu,

La seigneurie de Capendu, possédée au XIe siècle par les comtes de Carcassonne appartint pendant le XIIe à une première maison de Capendu sous la suzeraineté des vicomtes de Carcassonne.

Cette première maison de Capendu fut dépouillée lors de la croisade de Simon de Montfort et la terre conférée à un seigneur


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de la maison de Bar, en Lorraine, qui la posséda jusqu'à la fin du xve siècle, époque de l'extinction de cette maison. Ce fut alors la maison de Narbonne qui hérita de la terre de Capendu, érigée en baronie, depuis près d'un demi siècle : une des branches de cette maison, porta le titre de baron de Capendu.

La maison de Bassabat, de Gascogne, hérita à son tour par les femmes, vers le commencement du XVIIe siècle de la baronie de Capendu, qu'elle transmit par la même voie à la maison de Roquelaure, alors puissante en Languedoc. Après plus d'un siècle de possession, celle-ci s'éteignit vers le milieu du XVIIIe siècle. Depuis lors, jusqu'aux approches de la Révolution, la baronie de Capendu se trouve sous le nom de Toulouse-Lautrec. Elle finit avec l'ancien régime, dans la maison d'Urre qui ne la pos* séda qu'un petit nombre d'années.

Nous voyons aussi, dans Mahul, parmi les familles anciennes de Capendu, celle de Barbés, d'où est sorti le célèbre tribun socialiste, notre contemporain. Cette famille est très ancienne à Capendu. N. Barbes fut notaire à Capendu de 1683 à 1709.

Peut-être faudrait-il établir un rapprochement entre les noms de famille existant dans cette région : Barbes, Barbe, Barbaza (Barbaïra) qui paraîtraient avoir la même étymologie et qui sembleraient être des sobriquets donnés par les gallo-romains à certains Wisigoths ou barbares, fixés dans le pays à partir du vu" siècle.

Les habitations du village de Capendu, bornées au nord par la route narbonnaise et au sud par le chemin de fer du Midi, s'étalent en longueur, autour d'une hauteur rocheuse, sur laquelle étaient bâtis l'église et le château. De celui-ci, il ne reste plus rien ; de l'église ancienne subsiste encore le clocher qui domine la nouvelle église, située en contre-bas et toute récente.

De l'église primitive, il ne reste plus qu'une partie de l'abside, avec ses fenêtres gothiques, et paraissant dater du xnr" où XIVe siècle ; on voit à l'intérieur, du côté de l'évangile, les restes intéressants d'une chapelle de la renaissance.

En quittant l'église, nous nous dirigeons vers l'ancienne mairie, pour voir sa belle porte romane et ce qui reste des vestiges de cette époque. ,


Capendu possède aussi du côté de la voie du chemin de fer, de magnifiques immeubles, véritables châteaux modernes, entourés de parcs et de parterres. En passant devant une de ces belles demeures, appartenant à M. Tallavignes, nous avons remarqué l'élégante margelle d'un puits et l'artistique ferronerie qui la couronne, le tout devant dater du XVIIe siècle. Les pourtours de la margelle de pierre sont ornés de sculptures et de moulines, on y voit un écusson portant une face avec trois roses ou besans, surmontant une cloche, on ne peut distinguer les couleurs. Puisque nous parlons d'armoiries, disons avant de quitter Capendu, que les siennes portent d'or flanqué de Sable.

Mais déjà, à quelques mètres au delà du passage à niveau de la voie ferrée, l'auto de M. Barbaza, précédant notre autobus, attendait notre arrivée sur la route de Montlaur, pour nous faire franchir la côte ardue qui doit nous amener au col qui donne accès sur le versant.méridional du mont Alaric.

Avant de monter en voiture, M. Barbaza nous indique les points culminants de la région que nous allons par courir.

Voici, nous dit-il, presque en face de nous, un peu à l'est, le roc des Trois seigneurs, où se trouve la borne divisoire entre les communes de Pradelles-en-Val, Montlaur, Comigne et Capendu, probablement jadis limite des seigneuries.de Roquenégado, Montlaur et Capendu. Au centre, un peu à l'ouest, le sommet dit de l'homme, à 450 mètres environ d'altitude, point cumulant du territoire de Capendu et borne divisoire des communes de Pradelles-en-Val, Barbaïra et Capendu. A l'ouest, en face Barbaïra. Lafage-Miramont, Signal, 504 mètres d'altitude, pohit culminant de l'Alaric occidental. -

Disons ici quelques mots, avant de reprendre le récit de la Course, sur, la géologie du mont Alaric et sur la nature des terrains que nous allons traverser. De nombreux et éminents savants d'Archiac, d'Orbigny, Dufresnoy, Leymeric et d'autres ont écrit de longues pages sur la constitution géologique de l'Alaric, mais nous ne pouvons nous étendre ici sur ce sujet, disons seulement que le massif, en majeure partie, appartient au système épicrétacé ou nummulithique, que plusieurs failles amènent sur différents points des discordances de gtratifications, et


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que parfois des lambeaux isolés de terrains de transition (Devonien) percent sous la couche supérieure.

En repérant sur la carte géologique le chemin que nous allons parcourir, nous voyons qu'au départ de Capendu nous allons cheminer pendant une assez courte distance sur l'éocène carcassien, caractérisé par ses grés, puis nous entrons dans l'ypressien ou lutétien inférieur, composé ici de calcaire à alvéolines, et cela jusqu'au col ; là nous quittons la route de Montlaur, et prenons la route de Pradelles par Riquy, ayant à gauche l'ypressien calcaire, et à droite le calcaire à alvéolines.

Après Roquenégado, nous revenons vers le nord et traversons un îlot de thanélien bordé d'une bande sparnacien, nous rentrons ensuite dans le calcaire à Alvéolines que nous laissons à peu de distance de Floure pour rentrer dans l'éocène carcassien. Nous voici donc partis sur la route sinueuse et montante qui décrit courbe sur courbe pour gravir les flancs escarpés de l'Alaric, l'auto de M. Barbaza en tête, avec le président et le secrétaire de la Société, et derrière, suivant allègrement, mais plus lentement, l'autobus plus lourd et plus chargé. A mie courbe plus prononcée et à la déclivité plus forte, notre chef de file arrête son auto et va au devant de l'autobus pour faire descendre les touristes et permettre à leur véhicule de franchir plus aisément ce passage difficile.

Enfin nous voici au col, nous quittons la route de Montlaur et tournons à droite sur la route de Pradelles-en-Val pour traverser le hameau de Riquy et gagner Roquenégado, où nous sommes bientôt rendus.

Immédiatement, le personnel du domaine s'empresse autour de nous, et nos sacs sont transférés dans un breack, qui part directement vers l'ancien prieuré de Saint-Jean, où doit avoir lieu notre grande halte.

Le domaine de Roquenégado est situé sur un petit plateau, dominant un large vallon, complanté de vignes. Tout près se trouve l'origine du ruisseau de Riquy, qui passe en contrebas. A notre gauche, en regardant vers le sud, des croupes arrondies nous cachent Pradelles et Montlaur, à gauche, vers l'Est, des hauteurs nous masquent Camplong et Fabrezan. Mais nous tour-


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nous le dos à ce panorama pour prendre un chemin de montagne qui va nous conduire aux ruines de l'antique Castellar de Roquenégado, qui se trouve à cinq cents mètres environ au nord-ouest du domaine actuel.

A notre arrivée aux ruines, nous nous trouvons en face d'un puissant escarpement de rochers calcaires se dressant à pic comme une muraille déchiquetée à parements morcelés et se terminant par une crête.

Le chemin qui y conduit est encombré de pierres et de végétations de toutes sortes. Devant nous se détachent des rochers de forme bizarre, véritables obélisques dressés vers le ciel, isolés ou groupés, des pans de rochers verticaux, véritables murailles d'une seule pièce, s'alignent entre eux. Parfois un gros bloc se'st détaché et couché en l'air, entre deux parements laissant un vide, semble F énorme architrave d'un portique de temple égyptien. Dé ci, de là, remplissant les intervalles entre les blocs de calcaire, des restes de murs en petit appareil montrent que l'on a utilisé tous les accidents de terrain pour la défense et pour la construction des salles et des réduits.

En bas sont les ruines les plus considérables des bâtisses, mais jusque sur la crête, on voit encore des débris de murailles, restes du donjon qui dominait l'ensemble du Castrum.

Que n'ai-je le crayon de Gustave Doré, pour reconstituer cet antique castellar dans une féerique vision. Quelle fantaisie, quelle diversité, quelle bizarrerie, devaient exister dans cet ensemble moyenâgeux, où l'oeuvre de l'homme se mêlait à celle de la nature, et nous montre une forteresse construite avec des pierres appareillées et les monolithes dé la montagne.

Le Castellar de Roquenégado devait présenter à l'assaillant un front formidable s'élevant jusqu'au ciel et un ensemble hérissé de défenses imprenables; et cependant le château, comme, toutes les forteresses de notre méridionale contrée, fut pris par Simon de Montfort, lors de la croisade albigeoise. Mais rien ne nous dit qu'il ne fut pas obligé de se rendre, soit succombant à la famine ou au manque d'eau, soit surpris par la trahison.

Ce fut en 1220 qu'il fut pris et démantelé.


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Le château de Roquenégado, dont nous venons de visiter les curieuses et importantes ruines, a été bâti où par l'ancienne famille seigneuriale avant la croisade albigeoise, ou par les chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem.

Il y a lieu de faire remarquer ici, qu'en 1168 une partie du territoire de Roquenégado, appartenait à la commanderie d'Alf bas. (1). Ce seraient donc les chevaliers de cette commanderie qui construisirent le prieuré et l'église de Saint-Jean. En 1260, cette église est dite paroissiale, elle l'était encore en 1330. II y eut donc sur le territoire de Roquenégado une villa, un castrum et une paroisse.

On a fait jadis la supposition (2) que le vallon qui se voit au-dessous de Roquenégado, était ainsi que le Val-de-Dagne, rempli par les eaux d'un lac, et que le rocher de Roquenégado formait un écueil redouté, ce rocher est aussi dénommé parfois Rupes neccata et Rupes subversa, mais je crois, que vu la constitution géologique de la région, on ne doit rien retenir de cette fable.

Avant la croisade albigeoise, Bertrand de Roquenégado possédait ce lieu fortifié qu'il tenait de ses ancêtres. Ce même Bertrand était aussi seigneur pour une troisième partie du château de Montlaur, parce qu'il avait contribué de 1150 à 1160 à la construction de ce nouveau château-fort.

Or les co-seigneurs de Montlaur, au nombre de douze, s'unirent pour lutter contre l'armée royale, commandée par Simon de Montfort, qui vint bientôt mettre le siège devant leur château.

Montlaur étant pris vers 1210, toutes les terres des chevaliers faidits passèrent aux mains du roi et distribuées à des chefs de la Croisade. La terre de Roquenégado échut à Bertrand d'Auteuil. Celui-ci la revendit en juin 1241 à Raymond d'Aban.

La maison d'Aban garda la terre de Roquenégado jusqu'au XVIe siècle, et en fit plusieurs fois le dénombrement, Elle la revendit ensuite à un certain Bertrand de Pugy, qui ne la garda que

(1) Doat, 154-, fol. 222.

(2) L'auteur de cette supposition est le père Bouges, dans son histoire de Carcassonne.


quelques années, et à partir de 1600, ce furent les de Nigri de la Redorte qui la possédèrent.

En 1631, nous trouvons Gaspard de Nigri, seigneur de Roquenégade et de Villarlong (1). Roquenégade passa ensuite à la maison de Benavent-Rodez.

Toutes les terres dépendant de Roquenégado sont aujourd'hui la propriété de notre distingué collègue, Monsieur Auguste Barbazâ, qui les à acquises il y a quelques aimées de M. le baron de Lansade qui avait épousé une demoiselle de Benavent-Rodez.

Le vignoble qui s'étend dans l'étroite plaine au dessous de Roquenégado, en très mauvais état lors du changement de propriétaire, est aujourd'hui en pleine prospérité grâce aux .soins intelligents du nouvel acquéreur. ;

Nous commençons la visite du Castellar, en passant devant sa base, où se trouvent les restes les plus considérables de murailles ; nous arrivons vers le sud, à la partie où se dressent les obélisques ; passons près de ceux-ci et gagnons en gravissant sur des rocs et des éboulis de pierres, de larges couloirs montants qui en zigzâgant nous font parvenir à la cime des. ruines. Tout.cela est encombré dé ronces et de plantes parasites, hôtes habituels des ruines, qui poussent parmi les décombres et les éboulis, s'élancent des. fissures des roches, et semblent interdire par leurs épines et leurs entrelacements, l'entrée de ces lieux jadis témoins de tant d'exploits, aux profanes qui, d'un oeil indifférent, viennent les contempler.

Le sentier que nous prenons, en quittant les ruines, se déroulé sur un plateau rocheux à la pente assez douce. Nous cheminons à la file, sous les rayons d'un ardent soleil, au milieu de.la maigre flore des garrigues calcaires, cistes, buis et chênes nains, mais bientôt nous abandonnons cette zone désolée pour pénétrer dans ce que l'on appelle les courredous.

Les çourredous ou couloirs ou corridors, sont formés par de larges fractures de la roche, presque au sommet de la partie ouest du mont Alaric et se dirigeant du nord au sud. Cela forme un petit

_(1) On voit aux environs du cMteau de Villarlong, sur la route de Villarzel. une vieille crois de pierre portant gravées sur son socle les armoiries des de Nigri.


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vallonnement bien orienté, encaissé entre deux parois verticales,; une couche de terre végétale assez riche, couverte de verdure, forme le fond de cet encaissemnt. De toutes les fissures des roches, de leur base jusqu'à leur sommet, s'érigent des végétations de toute sorte, espèces rares et commîmes, émaillant de leurs feuillages les plus divers, de leurs fleurs aux corolles de nuances: chatoyantes et de teintes les plus variées, la tonalité sombre des roches qui les encadrent.

Nous traversons cette agréable serre naturelle, qui renferme une flore si abondante, avec le regret de n'avoir aujourd'hui avec; nous aucun botaniste de la Société pour nous permettre de donner ici une liste des plantes (1) que l'on peut rencontrer dans, ce petit coin si intéressant au point de vue de la flore,

A la sortie des Çourredous, nous nous trouvons tout juste; à l'orée du sentier presque vertical, qui doit nous conduire à l'ancien prieuré de Saint-Jean, où déjà nous attendent les vivres et qui est bien situé à une quarantaine de mètres au-dessous ,de nous. La marche est assez difficile dans cette voie rapide, près-, que sans lacets, étroite et tortueuse, parfois barrée par des rocs formant ressaut.

Les trois jeunes filles qui nous accompagnent, franchissent allègrement ces obstacles, comme d'agiles et gracieuses gazelles, les dames, grâce aux secours empressés des excursionnistes, en triomphent aussi vaillamment et bientôt, un peu essoufl.es par cette descente brusque, nous nous voyons tous rassemblés devant les quelques humbles bâtisses, constituant tout ce .qui reste de l'antique prieuré de Saint-Jean.

Les ruines de l'église sont en contre-bas, il n'en subsiste plus que quelques pans de murs en petit appareil, agrémenté d?une corniche à trois mètres du sol.

Mais à côté jaillit dans un bassin voûté une abondante source dont le griffon jaillissant entretient une nappe d'eau fraîche et limpide, et dans celle-ci nous voyons alignés bien en ordre,

(1) Pour la liste des plantes de l'Alarie : voir dans les bulletins de la Société d'Et. se. de l'Aude, t. I, 1890, page 18, t. III, 1892, page 101, t. IV, page, 33 et suivantes.


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tout un bataillon de bouteilles élégamment coiffées de casques d'or et d'argent et qui renferment dans leur rotondité des élixirs et des nectars variés. Cette mobilisation est due à la généreuse amabilité de notre confrère et chef d'excursion, qui a voulu que nous marquions d'une pierre blanche (albo lapillô) notre passage sur ses terres.

Sous l'ombragé de verts figuiers, aux larges; feuilles, dominant un jardin potager, à proximité de la source murmurante, sont dressées de blanches tables entourées de sièges, et les excursionnistés,

excursionnistés, lieu de faire leur repas sur l'herbe et par petits groupés, vont se trouver réunis autour d'une même tablé et sous la verdure, sous le ciel bleu, à la fraîche caresse d'une douce

brise, près d'une source gazouillante; vont avec leurs vivres, du sac, se trouver encore bien mieux que dans le luxueux restaurant d'une riche cité.

Gaiement l'on s'assied et déjà les gais propos commencent, lorsque tout-à-coup, une ombre passe sur le soleil, un éclair jaillit, une détonation raccompagne. C'est le tonnerre, c'est l'orage brusquement survenu, hôte intempestif, pour troubler nos agapes en plein air.

Anxieux, l'on attend quelques minutes, mais bientôt de grosses gouttes de pluie se mettent à tomber : il est temps de fuir l'ondée.

Heureusement, à deux pas, se trouve un hangar vide; en un clin d'oeil, tables, chaises, vivres, sont transportés dans ce refuge. Chacun contribue avec zèle à ce déménagement forcé, et nous voici de nouveau installés dans le même ordre et reprenant le cours de nos dégustations, tandis que tonnerre et pluie font rage au dehors.

Mais si l'orage éclate sur nos têtes, bien abritées, les vins délicieux offerts par notre confrère réjouissent nos gosiers altérés et à la fin du repas, les détonations des bouteilles de Champagne, obus pacifiques, se mêlaient à celles déjà lointaines de l'orage finissant.

Aussi le calme se fait partout, et permet à notre éminent président d'adresser dans un impromptu des plus fleuris des

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remerciements bien mérités à notre guide et hôte généreux, qui a su si bien diriger jusqu'ici notre course et nous faire voir et apprécier les points les plus intéressants de la région que nous venons de parcourir, et cela avec le minimum d'efforts. En quelques termes choisis, M. Barbaza répond à l'allocution de M. Poux, et nous fait ses adieux, car il va nous quitter et nous laisse le garde de ses propriétés pour nous amener à travers la forêt de Barbaïra jusqu'aux ruines du château d'Alaric ou de Miramont, où sous l'égide de nouveaux guides, notables habitants de Floure, nous terminerons notre excursion.

Après avoir repris nos sacs vides, nous nous acheminons, précédés du garde, sur la pente déclive qui nous amène dans la forêt de Barbaïra. L'orage s'est éloigné, en grondant, vers les montagnes de l'Hérault, nous laissant jouir pour terminer notre course, d'une agréable fraîcheur.

Suspendues sur nos têtes, quelques gouttes scintillantes viennent encore tomber sur nous.

Dans cette voie de la forêt, nous avançons dans une pénombre mystérieuse, nos regards bornés partout par les massifs de verdure ; sous l'influence de l'orage récent, les plantes aromatiques émettent sur notre passage leurs pénétrants et délicieux parfums, dans le sentier que nous foulons, les aiguilles des pins nous font un doux tapis. Les branches des grands arbres, encore toutes penchées, semblent vouloir se soumettre à la tempête et de leurs tiges élevées tombent encore quelques larmes : larmes de gratitude et de reconnaissance, pour leurs racines altérées.

La forêt de Barbaïra a été surtout reboisée avec des pins d'Autriche, mais cependant nous constatons dans notre parcours que nous nous trouvons au milieu d'essences les plus diverses.

Au sortir de la forêt, nous sommes en face d'un ravin, au delà duquel nous apercevons les ruines massives du château d'Alaric ou de Miramont. Ces ruines, comme toutes les ruines, toutes vouées à l'abandon, sont entourées de végétations parasites de toute sorte, surmontées çà et là de quelque boqueteau de" chênes verts, formant encadrement autour des murailles déchiquetées.


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Au milieu de cette sombre verdure, nous voyons surgir un groupe, sortant de la porte du château. Ce groupe Vient vers nous. Est-ce aussi une excursion venant de visiter la vieille forteresse? Mais bientôt nous prenons contact et sommes tout heureux de nous trouver en présence de nouveaux guidés, délé' gués vers nous par M, Barbaza, et à la tête desquels se trouve M. Alfred Dûchan de Floure. Avec eux nous pénétrons dans l'intérieur des ruines de ce château moyenâgeux, que la tradition dit avoir été construit par Alaric II, roi des Wisigoths.

Mais rien dans ces constructions massives, ne nous-rappelle une origine wisigothe, nous n'y trouvons, ni le petit appareil, ni le cordon dé briques, signes distinctifs de l'architecture de cette époque, si remarquables à la cité de Cârcâssonne. Nous ne trouvons ici que de massives murailles, des amorces d'épaisses voûtes en berceau, séparant les rez-de-chaussée des étages Supérieurs de jadis, deux salles existent encore ainsi, tout le haut ayant été démoli. ■

pu côté de Barbaïra, sur la pente du mamelon, qui porte les ruines, on voit des amoncellements de pierre formant des lignes brisées, et qui doivent être les vestiges des défenses avancées de la forteresse.

Il est possible que ce château, datant certainement de l'époque féodale, ait été construit sur les bases du château d'AlariC; car là position était très bien choisie pour l'emplacement d'une forteresse entre Narbonne et Carcassonne.

C'est sur un mamelon arrondi, premier contrefort septentrional du mont Alaric, que se dressent encore imposantes les ruines du vieux castellar.

Toute la plaine de l'Aude, et les ; ondulations de la région minervoise s'étalent à ses pieds, comme les vertes pelouses d'un immense parc.

Aujourd'hui, grâce à la vigoureuse végétation des vignes, ce n'est qu'un vaste tapis verdoyant. Tout près, à quelques centaines de mètres de l'origine du massif dé l'Alaric, l'Aude serpente languissamment, semblant un ruban bleu jeté négligemment sur une robe couleur- d'émeraude : En face de nous les blanches maisons de Marseillette se mirent dans ses eaux : plus loin, de


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nombreux villages étalent leurs toits rouges et leurs constructions aux nuances variées, comme de nombreux îlots, dans une mer de verdure.

Au premier plan, la Montagne noire sert de repoussoir à toutes ces teintes claires, et s'élève comme un sombre rempart bornant l'horizon.

En somme, nous ne savons guère rien de certain sur l'origine de ce château, mais ce que nous savons parfaitement, c'est l'époque- de sa destruction par Simon de Montfort ,dont nous trouvons le récit dans la chronique de Pierre de Vaux Côrnay, sur la croisade albigeoise : voici ce que cet auteur nous dit :

« Aux environs de Pâques, le comte et les siens vinrent pour assiéger un certain château (castrum) situé entre Carcassonne et Narbonne et qu'on nomme Alaric. Ce château est situé dans la montagne et entouré de rochers. Avec grandes difficultés et contrariés par les intempéries, les assiégeants se rendirent maîtres de la place en moins de onze jours. Beaucoup de ceux qui étaient dans le château s'enfuirent pendant la nuit. Ceux qui ne purent fuir, furent tués de nos mains dans le fort. De là les nôtres se rendirent à Carcassonne et peu de temps après allèrent assiéger le château de Pamiers. » (1)

Ceci se passait en 1210.

Nous quittons ces puissantes ruines par un sentier qui nous conduit en face d'une profonde dépression de terrain, au fond de laquelle nous apercevons les bâtisses du domaine des Paillasses. Celui-ci semble un îlot de verdure, au milieu de la sauvage contrée qui l'environne.

Nous y parvenons en suivant la voie tortueuse et déclive que nous sommes forcés de prendre, aussi notre groupe s'échelonne sur la pente et ce n'est qu'au bout d'un moment que nous sommes tous réunis en face des Paillasses.

Une courte halte est ici nécessaire, et près de nous, une fraîche source dans un doux murmure, nous invite à rafraîchir nos lèvres dans ses limpides eaux; mais il nous reste encore des munitions, réserves de celles de St-Jean, et quelques bruyan(1)

bruyan(1) t. I, page 300.


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tes détonations, suivies d'un épanchement mousseux, ont plus de succès que les douces invitations de la timide nymphe.

Les propriétaires des Paillasses, qui nous font le plus aimable accueil, nous demandent des détails sur notre course et ce que nous y avons remarqué d'intéressant. Ils nous signalent aussi l'existence d'un dolmen, situé au tènement dit de St'e-Colombe, sur le plateau qui les domine et non loin des bénitiers. Sur ce même plateau au lieu dit le Laourei, notre regretté collègue, M. Rebelle, dans le compte-rendu de l'excursion de la Société à l'Alaric, le 28 juin 1891, signale un amoncellement de rochers brisés, parmi lesquels se rencontrent nombre de fragments, d'antiques poteries et des silex taillés. (1) Voici donc encore un nouveau but d'excursion pour nos confrères préhistoriens.

La crête qui supporte les bénitiers se trouve à l'ouest de la montagne et regarde le nord, elle est bien au-dessus des Paillasses.

Mais puisque nous avons déjà mentionné plusieurs fois le nom des bénitiers, disons ce que l'on entend par ce mot. Les bénitiers-sont de gros blocs de calcaire, restes isolés, sans doute d'une ancienne crête supérieure à celle actuelle et qui par suite de phénomènes d'érosion, ont vu leur base s'amincir, leur angle s'arrondir, de manière à présenter la forme d'un gigantesque verre à pied, où d'une ancienne cuve baptismale. Quelquesunes de ces formations bizarres, nous a-t-on dit, ont été renversées récemment par des visiteurs dignes du nom de vandales. La crête qui se trouve au-dessous des bénitiers, présente sur sa surface de nombreuses fissures verticales, dont la plupart sont plus larges vers le bas qu'au sommet : et toujours cela en vertu du phénomène d'érosion, qui fait que celle-ci entame plus fortement les parties inférieures que les parties hautes ; les acides atmosphériques, mis en action par l'évaporation, agissant plus activement alors qu'elle devient plus intense, en abandonnant progressivement son humidité. Plus tard, bien plus tard sans doute, de nouveaux bénitiers orneront la paroi verticale de cette crête.

(1) Bull, de la Soc. d'ét, se. de l'Aude, t. III, 1892, page 9T.


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Un sentier abrupt conduit en ces lieux escarpés, mais seuls quelques-uns d'entre nous, entreprennent cette ascension supplémentaire, la majorité prend le chemin qui ramène vers Floùrè. Le sentier que npus suivons côtoyé à notre droite un profond ravin, rempli d'énormes blocs de rochers, entassés les mis sur les autres, et laissant entre eux de vastes cavités, cachées par une abondante végétation, tout cela forme un véritable chaos. Cet endroit est désigné sous le nom de la Loubatière et tire son appellation de ce qu'il servait de repaire aux loups à l'époque où il y en avait encore.

Le sentier se déroule à flanc de coteau, et nous amène bientôt jusqu'au cours de la Bretonne, presque à sec, que nous traversons, sur un polit de bois, à la rampe branlante et aux planches disloquées. En face de nous se trouve la route de Monze à Floure, et sur celle-ci l'autobus qui nous attend.

Nous y montons tous pour gagner Floure qui est tout proche. Nous y sommes vite rendus, et faisons halte chez M. Alfred Duchan, qui tient absolument à nous offrir des rafraîchissements, nous trinquons donc tous joyeusement, en nous félicitant de la belle réussite de l'excursion. M. le Président dans un charmant à-propos remercie M. .Duchan, qui a si bien dirigé la dernière étape de notre course, et aux applaudissements de tous, le proclame membre de notre Société. Sur ce nous serrons chaleureusement les mains de notre nouveau confrère, et remontant dans notre autobus, reprenons le chemin de Carcassonne.

Rivière, 4 août 1924 G. SICARD.


EXCURSION A ARQUES ET FOURTOU DU 9 JUIN 1924

Il ne faut jamais compter sur des choses paraissant sûres, mais toujours sur des probabilités. C'est ainsi que les excursionnistes de la Société d'études scientifiques de l'Aude, inscrits pour la visite, dans les Corbières, d'Arqués et de Fourtou, le 9 juin 1924, apprirent au dernier moment, que le directeur et le promoteur de l'excursion, notre dévoué et distingué collègue M. Fages, était par une circonstance fortuite, empêché de nous guider dans cette région naguère explorée par lui.

Mais déjà nous pouvions avoir des renseignements sur la partie si pittoresque de la contrée, que nous allions parcourir. En consultant dans les volumes VIII et XIX du bulletin de la Société, les récits des deux excursions faites précédemment, la première le 12 juillet 1896 au périmètre du Rialesse et dont M. Bédos, garde général des eaux et forêts, fut le rapporteur, et la seconde faite les 19 et 20 mai 1907 à Fourtou, et dont M. Fagés a fait le compte rendu, nous pouvons avoir un aperçu de tout ce que nous avons vu et aurions pu voir dans cette partie montagneuse de notre département.

Aussi notre excursion, sans guide compétent, n'a pas été tout à fait conforme à nos aspirations scientifiques, et s'est bornée en somme en une magnifique journée touristique; et si je ne m'arrêtais un instant pour rappeler notre visite au château d'Arqués, mon récit pourrait contenir en quelques lignes, avec pour alinéa principal là nomenclature des plats que l'on nous servit. dans le bon repas que nous prîmes à l'Hôtel Cros, chez notre collègue. Mais alors mon rapport paraîtrait trop officiel, car c'est surtout le menu des banquets que l'on remarque dans certains comptes rendus des réunions politiques ou autres, mais jamais ne figure au fond le montant de la carte à payer, laissé souvent au compte de la princesse.

Ici chacun de nous, comme l'on dit vulgairement, y était pour ses péchés, enchantés de les expier d'une si agréable façon et au départ de Carcassonne, l'on s'entasse joyeusement dans l'autobus de M. Bosc, qui se dirige immédiatement vers la route de Limoux. Nous traversons rapidement cette ville, en la con-


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tournant sous l'ombrage de ses belles promenades, et sommes rejoints là, par la légère et rapide Mathis de notre collègue M. Griffié, qui vient encore cette fois nous piloter.

La route s'engage à présent dans un défilé pittoresque sur la rive gauche de l'Aude et nous conduit bientôt à Alet, que nous traversons sans nous arrêter et quelques minutes plus tard nous voici à Couiza. Nous passons à proximité du beau château des;; Joyeuse, étalant ses fortes tours et ses massives, mais élégantes constructions de l'époque de la Renaissance sur la rive droite de l'Aude, Ce manoir est utilisé aujourd'hui comme manufacture: c'est dimanche, tout est fermé, et malgré nos instances, il ne nous a pas été possible de le visiter.

Nous reprenons donc le cours de notre pérégrination et quittons les bords de l'Aude, pour nous engager dans la vallée de'' la Sais. Nous laissons Couiza et bientôt apercevons sur les hauteurs, à notre droite, Rennes-le-Cliâteau, l'antique Reddoe, capitale du Razès, dominant la vallée, avec ses vieux remparts «et: son château, à notre gauche se découpant comme un décor sur l'azur du ciel, les murailles ébréchées des remparts de Coûstaussa et du vaste Château, chargé comme son vis-à-vis de garder le. passage.

Nous suivons la rive droite de là Sais, ses bords sont complètement ravagés par les dernières inondations, et présentent à certains endroits l'image d'un véritable cahos ; nous côtoyons diverses usines et arrivons au lieu dit les Clapiers, où la route de Rennes-les-Bains s'embranche sur celle que nous allons suivre.

Le cône du Çardou, dresse ses hauteurs en face de nous, 'à droite nous apercevons les escarpements rocheux de Blanchefort, sur lesquels se trouvent encore les ruines du château de la reine Blanche, et d'où vient dit-on la dénomination de bains de la Reine, un des établissements de là station thermale voisineNous

voisineNous ici les rives de la Sais, et pénétrons en ligne droite dans la, vallée du Rialesse. Bientôt s'offre à notre, vue le village de Serres, dominé par son château, mais nous: passons sans nous y arrêter. Un peu plus loin, nous arrivons au hameau des Pontils nous nous enquérons du menhir de Peyro les, mais nous l'avons déjà dépassé, car nous n'avions pas,


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comme à notre première excursion en 1897, un garde forestier pour arrêter les voitures et nous y conduire. Ce mégalithe se trouve juste sur le méridien de Paris. Il n'est qu'à deux cents mètres environ de la route, en face de la borne kilométrique 65 k. 5 h. Il est en calcaire ancien, incliné, S. S. O. et s'élève au-dessus du sol à 2 m. 50 c. Sa plus grande largeur est de 0,75 c, son épaisseur de 0,60. On prétend qu'une vaste excavation existe sous le monument, la terre résonnant en creux au pied du mégalithe (note de feu M. l'abbé Ancé). Mais nous voici enfin en face du château d'Arqués, situé à une centaine de mètres du village ; les voitures s'arrêtent et par une rampe

(Dessins empruntés au livre d'Albert Fabre sur l'histoire dArques).


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escarpée, nous montons tous pour pénétrer dans l'enceinte dé la vieille forteresse.

Le château d'Arqués (1), classé aujourd'hui comme monument historique, et dont il ne reste que le donjon bien conservé, ne révèle pas une antiquité bien lointaine. Placé sur un plateau dominant la vallée, il était fort bien situé pour défendre le passage qui donnait accès vers les routes d'Espagne.

Primitivement, cette vallée portait le nom de vallée des Arches, d'où le nom d'Arqués est venu. Ce nom de vallée des arches fait un peu rêver les préhistoriens, arche rappelle le nom de tombeaux ; non loin dans un pays peuplé de dolmens, nous trouvons les tènements d'Arquettes et de l'arco dal Pech; que de choses encore à voir et à explorer dans notre beau département, qui nous révélerait bien des merveilles s'il était bien étudié !

Nous voyons dans l'ouvrage de M. Buzariès (2) sur les châteaux de l'arrondissement de Limoux, « que vers les années du XIIIe siècle, une partie du Razès passa entre les mains de Pierre de Voisins ; la commune d'Arques n'existait pas encore ». Celle-ci s'appelait Villeneuve, en 1339, et on en rapportait la création à Gille de Voisins, qui fut un des compagnons de Simon de Montfort, et c'est pour cela sans doute que nous trouvons si bien conservé le donjon d'Arqués, qui reste à peu près la seule partie intacte de l'ensemble de ces constructions seigneuriales.

Celles-ci présentaient une enceinte quadrangulaire mesurant 51 X 56 m. Au milieu existait une vaste esplanade, au fond de laquelle se dressait le donjon. Des remparts, avec chemin de ronde, protégeaient les constructions latérales, qui renfermaient la demeure seigneuriale, la chapelle, la salle de justice, les_ prisons et les communs.

Nous avons visité à gauche de l'entrée, un bâtiment assez bien conservé, sur sous-sol, et attenant à un chemin de ronde. Dans la salle supérieure voûtée d'ogives aux départs supportés par

(1) Histoire du Languedoc, t. V, p. 670.

(2) Les châteaux de l'arrondissement de Limoux, par Buzariès, doct. en médecine, Limoux, 1869, imp. Boutte,


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d'élégants culs-de-lampe et à la clef ornée d'un écusson portant trois fusées ou losanges sur fond de gueules, et qui est de Voisins, se trouve dans l'angle un escalier en spirale montant sur une plate-forme, et dans un coin opposé, une ouverture donnant accès dans un couloir percé de meurtrières donnant sur la cour.

« Le donjon d'une hauteur de 24 m. 50 mesure à sa base 12 m. 50 X 13 m. Les murailles ont deux mètres d'épaisseur ; au-dessus du rez-de-chausée le donjon comprend trois étages. Il est construit en grès garumnien. » (1) Ce donjon d'aspect élégant est flanqué de quatre tourelles en encorbellements sur pendentifs. Le rez-de-chaussée n'a pour ouverture que sa seule porte ; un orifice d'un mètre de diamètre, percé dans sa clé de voûte, permettait de communiquer avec l'étage supérieur ; dans l'angle sud un escalier en hélice donnait accès aux étages élevés du donjon.

(1) Bull, de la Soc. d'ét. sa. de l'Aude, t. VIII, 1897, page 37,


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Dans la salle du deuxième étage, du côté nord, s'ouvrait une baie qui permettait de communiquer, au moyen d'un pont-levis avec les remparts extérieurs. En somme le donjon, véritable forteresse, se trouvait, en cas de besoin, complètement isolé, dominant toutes les défenses latérales et prêt, en dernier ressort, à résister à toutes les attaques.

Dans les chartes du XIII siècle et au commencement du XIVe on qualifie toujours Gilles de Voisins de Seigneur d'Arqués ; ce fut lui qui sans doute fit ériger sa terre en baronnie.

Nous quittons avec regret cet antique manoir que nous aurions aimé étudier plus longuement, et reprenons place dans les autos pour gagner le village tout proche. Celui-ci étale ses maisons des deux côtés de la route : une place assez large se trouve au centre. Nous remarquons non loin, une habitation aux fenêtres gothiques, c'était l'ancien prieuré dont la façade a été criblée de projectiles lors de la prise d'Arqués par les religionnaires en 1575 (1).

Nous trouvons ici un messager, envoyé par notre collègue M. Cros, qui doit nous recevoir à Fourtou. Ce messager doit nous guider dans la forêt : mais je crois que celui-ci exagère la longueur de la route, qui s'ouvre à la sortie d'Arqués, passe près d'une source, indiquée sur la carte, et de la maison forestière, et si l'on consulte le tracé de la carte d'état-major, elle ne paraît pas plus longue que celle que l'on va nous faire prendre.

Cependant nous Cédons aux suggestions du guide, remontons dans nos véhicules et repartons pour gagner l'amorce de la route indiquée.

Nous gravissons à présent des pentes rapides, décrivant courbes sur courbes, côtoyant des précipices, voyageant sur une route en corniche, aux escarpements boisés, et après une rude montée, nous parvenons au Col du Paradis.

Ici lé guide commande l'arrêt ; mais une question perplexe se pose.. Où rejoindrons-nous les voitures. Faudrait-il revenir à cet endroit désert et les autos stationneront-elles ici toute la jour(1)

jour(1) de la Soc. d'ét. se. de l'Aude, t. VIII, 1897, page 37.


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née, où reviendront-elles à Arqués ? Nous sommes pourtant ici au paradis, mais ce n'est ni le paradis terrestre, ni le paradis de Mahomet : aussi une décision est-elle vite, prise, le gros de la caravane prendra la route de la forêt, les véhicules, par des chemins plus longs, mais aux aspects les plus pittoresques iront l'attendre à Fourtou.

Il est ainsi fait et les excursionnistes s'engagent sous les tunnels de verdure, écoutant, se mêlant au doux murmure de la forêt, le ronflement des moteurs, dont le bruit s'efface peu à peu dans le lointain et nous laisse bientôt dans le silence des bois.

Rien de plus imposant que cette marché dans ces sentiers ombragés, vainement les conversations s'engagent ; elles cessent bientôt d'elles-mêmes. Ces ombres qui vous entourent, ces bruits étranges, faibles mais continus, causés par le bruissement des feuilles, une branche cassée qui s'écroule, le vol d'un oiseau effrayé, ou la coursé éperdue d'un écureuil en fuite, animent d'une vie étrange les clairs obscurs de ces sous-bois. La marche même presque silencieuse des touristes, se mêle à tous ces vagues bruits, éveille d'incertains échos et tous ces sons se condensent en un concert presque imperceptible, mais impressionnant.

Le sentier va tantôt en droite ligne, tantôt décrivant courbes sur courbes, sous l'ombrage des essences les plus diverses, ce sont des abiétinnées, des pins sapo, des pins, noirs, des chênes et des hêtres. A un certain coude de la route, tout un horizon se dévoile; et l'on aperçoit les cimes neigeuses du Ganigou et celles des pyrénées orientales, et, plus près, à l'ouest, le magnifique spectacle du géant des Corbières audoises, le Bugarach, dressant vers le ciel l'éventail de ses roches dénudées.

Mais bientôt l'horizon se rétrécit, le sentier descend, puis remonte et nous amène sûr un plateau de bruyères, au bas duquel nous apercevons les constructions du village de Fourtou.

Le petit groupe venu en auto, guette notre arrivée par la forêt.

M. et Mme Landriq sont venus de Camps pour rejoindre l'excursion. Après les présentations et les témoignages de bonne confraternité, nous nous rendons au plus vite à l'hôtel Cros où un plantureux déjeuner nous attend. Il est déjà midi, la course en forêt a avivé l'appétit, aussi faisons-nous, grand honneur à l'excellent


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menu. Comme toujours, au dessert, toast, allocutions, admissions par acclamation de nouveaux membres, félicitations et remercie; ments du Président à M. Cros pour sa bonne réception. Mais tous ces bons dîners d'hôtel empiètent sur le temps, et c'est au plus vite que, sous la conduite d'un jeune garçon, nous nous dirigeons vers le dolmen, la cascade et les grottes. Mais ce que l'on nous montre n'est nullement un dolmen, c'est un gros bloc de rocher, descendu des hauteurs. A une centaine de mètres nous voyons des pans de murs, restes du château, et c'est, paraît-il, au-dessus que se trouve le dolmen ruiné, la table inclinée sur un seul support (1). La cascade, assez belle par sa configuration, n'est plus qu'un mince filet, d'eau serpentant sur les aspérités de la roche. Les grottes pourtant intéressantes et voisines de la cascade n'ont point été visitées faute de guide. Cependant, M. Fages, dans son rapport les signale comme pouvant être utilement explorées ; dans l'une d'elles se trouve une brèche osseuse où l'on a recueilli une mâchoire humaine ; la seconde est toute imprégnée des fossiles rudistes du crétacé.

Mais il fallait regagner le village de Fourtou au plus vite, et dans celui-ci, rien ne mérite d'être signalé. Décision est vite prise de revenir par Sougraigne et Rennes-les-bains, nous aurons fait ainsi un circuit complet.

Nous prenons donc la pittoresque route aux courbes incessantes, aux panoramas si splendides et si variés, changeant à chaque détour comme les vues d'un cinéma, nous dévallons rapidement, traversons Songraigne et Rennes sans nous arrêter et reprenons à Couiza en sens inverse la route suivie le matin.

Ch. de Rivière, septembre 1924. G. SICARD.

(1) Bull, de la Soc. d'ét. se. de l'Aude, t. XIV, page 53.


COMPTE-RENDU PUBLIE PAR LA PRESSE

EXCURSION A LAGRASSE

Dimanche 27 avril la société a fait sa seconde excursion de l'année. Par une splendide journée quatorze excursionnistes sont partis pour Lagrasse dans un confortable autobus, mis à leur disposition par M. Maury. Ils ont été rejoints à l'arrivée par plusieurs de leurs collègues, venus de Narbonne et de Fabrezan et par quelques personnalités notables de la localité.

Sous la conduite de M. Granat, président de la Société des Médaillés militaires, de M. Calvet,.maire de Lagrasse et de M. le docteur Degrave, ils ont visité les anciens bâtiments de l'abbaye donnés par M. Berlioz à la Société des médaillés militaires. Ces locaux partiellement ruinés renferment encore de précieux vestiges de notre histoire locale et présentent un intérêt archéologique de tout premier ordre .Après le déjeuner dans le parc, nos collègues ont visité l'établissement des soeurs de Nevers, refuge de vieillards, restauré en 1760 dans le goût de l'époque. A .6 heures le groupe était de nouveau à Carcassonne.

Voir Bulletin de la Société, 1° tome XVIII, année 1907, Drs Degrave et L. Gary. Rapport d'excursion à Lagrasse, page 65.

2° tome XXI, année 1910, Dr Courrent. Rapport d'excursion à Lagrasse, Durfort, Termes, Viguevieille, Lanet et Monthoumet, pages 27-63.


EXCURSION AUX GROTTES DE BIZE (1) 22 JUIN 1924

« Le terrain de la science est sûr, mais il

ne représente qu'un ilôt perdu dans l'Océan illimité des choses inconnues. »

Gustave LE BON.

Le 22 juin 1924, par un temps superbe, un groupe d'excursionnistes de Carcassonne et de Narbonne se rendaient à Bizé; où ils devaient visiter les grandes cavernes du Moulin. L'excursion, organisée par la Société d'Etudes Scientifiques de l'Aude, fut préparée et dirigée par MM. Cathala et Héléna.

Les grottes de Bize s'ouvrent à 2 kilomètres au nord du village, entaillées dans les escarpements qui longent la vallée de la Cesse au-dessus du lit actuel de la rivière ; leurs entrées se dissimulent derrière les buissons et les arbustes. Nous suivons un petit sentier de vigne puis nous disparaissons un à un dans le chemin caillouteux bordé d'arbres de Judée. Les voûtes de la grande salle résonnent déjà; les visiteurs sont nombreux; tous les âges : physionomies graves d'archéologues, de collectionneurs, de chercheurs et de savants passionnés ; — jeunes au regard hardi ; — quelques toilettes claires et simples ; — des profils fins d'intellectuelles ; — des coiffures agrémentées de fines tiges grimpantes cueillies en passant dans le sentier.

M. Cathala expose la formation des grottes. Ce sont des cassures du sol agrandies par l'action dissolvante et mécanique des eaux d'infiltration ; tantôt ces cours d'eau écumeux s'étranglent et grondent dans d'étroits couloirs, tantôt ils tourbillonnent et changent de niveau, tantôt ils s'étalent en une nappe tranquille dans une chambre dont les parois ont cédé sous leur morsure ; l'eau poursuit sans cesse sa destruction entre les rochers jusqu'au moment où, redevenue libre, sa surface s'irise au soleil. Il y a longtemps déjà que, la Cesse ayant changé de niveau, l'eau, a abandonné les grottes.

(1) V. Bulletin de-la Société, t. XVII, année 1906. Excursion aux environs de Bize. (Marius CATHAITA).


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Notre directeur proposé l'exploration des chambres du fond. Nous avançons -en colonne dans l'air noir que nos bougies piquent d'un fourmillement d'étoiles sautantes; les pentes du sol varient, les corps dansent, les grandes silhouettes projetées sur les parois titubent; des cris de frayeur retentissent comme des voix de pierre et paraissent sortir du flanc blessé des rochers ; les lèvres boivent l'ombre ; d'innombrables petits points jaunes trouent l'obscurité, s'élèvent pour éclairer les draperies scintillantes de stalactites, s'éteignent quelquefois sous le vol moelleux et heurté des chàuvês-sôuris. Maintenant les grandes ombrés rebroussent chemin, les lumières sautillantes pâlissent et meurent une à une, l'ombre se referme derrière le dernier membre dé la procession et retient en Suspens le dernier cri de frayeur ou lé dernier éclat de rire.

Des ouvriers ont brisé un banc de brèche collé à la paroi non loin dé l'entrée principale et l'on peut voir, dans les éclats qui jonchent le sol, des fragments d'ossements et des silex taillés. D'autre part, une fouille préparée la veille à l'intention dés excursionnistes, leur permet de se rendre compte de la superposition très nette des divers niveaux apparents dans la Coupe du remblai. L'étude de ces vénérables vestiges dés premiers âges de l'humanité étant le but principal de la. visite, nous devons donner ici quelques indications chronologiques pour faire mieux saisir la grande ancienneté des dépôts, dus à l'homme et la valeur documentaire des données qu'ils peuvent fournir. Pour la clarté de notre exposé, une rapide incursion dans la géologie sera nécessaire.

L'histoire de la terre se divise en une série de grandes, époques

époques reconnaissables sur toute la surface du globe soit

à des phénomènes géographiques visibles sur une importante

étendue, soit à certains événements Survenus dans révolution

du monde animal.

On a ; pu ainsi distinguer dans les formations sédimentaires quatre groupes caractérisés par l'apparition de types organiques différents. Le premier groupe ou groupe primaire a vu les origines mystérieuses de la vie. Les vertébrés n'y sont représentés que

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par les types les plus inférieurs tandis que les invertébrés déjà variés y abondent.

Le groupe secondaire offre les premiers mammifères précurseurs des habitants actuels de nos continents tandis que le groupe tertiaire présente, aussi bien dans sa faune que dans sa flore, une grande abondance d'espèces très voisines de celles qui vivent encore de nos jours.

Le groupe quaternaire enfin dans lequel on distingue les temps pléistocènes (quaternaire ancien) et les temps actuels (quaternaire récent) assiste à l'extinction progressive des mammifères géants qui s'étaient montrés à la fin de l'ère précédente et doit toute son importance à la présence de l'homme.

Nous n'avons pas ici à nous arrêter sur les groupes primaires et secondaires. L'ère tertiaire à laquelle, au point de vue géologique, devrait être rattachée l'époque moderne, recèle encore le mystère de nos lointaines origines qui reste intact malgré l'obstination des chercheurs. Ce n'est relativement que très tard que nous pourrons nous conduire à la lueur de quelques certitudes.

La division de la dernière époque géologique en groupe tertiaire et groupe quaternaire est, on le sait, tout à fait conventionnelle. Aucun événement important ne permet de séparer les temps mo-. dernes de l'ère précédente dont ils voient la continuation du régime climatique. Une atmosphère encore chaude et très humide favorise le développement d'une végétation luxuriante aux dépens de laquelle vit une faune merveilleusement variée. Notre contrée, où abondent les grands pachydermes, possède deux éléphants (E. antiquus et E. primigenius) deux rhinocéros (R. Merckii et R. tichorinus) et un hippopotame sans compter les carnassiers et les ruminants extrêmement nombreux.

Dans ce paradis terrestre l'homme encore bien disséminé et sauvage se montre simplement à son rang ; mais il n'est plus, depuis des millénaires, l'omnivore humain dont parle le poète « goulu et nu, mangeant jusqu'à ce qu'il fût mangé et n'ayant pas d'autre fonction ». Aussi anciennement que nous retrouvions ses vestiges, notre primitif ancêtre se sépare déjà de l'animalité. Sa main exercée et intelligente sait tailler une pierre à grands éclats suivant une forme déterminée, constante, allumer du feu,


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construire sans doute aussi un abri de branchages et de feuilles. Rien ne nous dit que ses enfants n'eussent pas été aussi aptes à s'instruire que les nôtres. Doué déjà de qualités supérieures, il porte en lui le génie de sa ,race, le germe de tous les progrès qui, par degrés et insensiblement, le conduiront à la civilisation. Il marche d'un pas lent mais sûr vers sa glorieuse destinée.

Ses plus antiques oeuvres connues sont de grossiers instruments de pierre que l'on retrouve souvent en abondance sur les points où il stationne. Peu à peu, ces outils s'affluent, se transforment, se Compliquent, deviennent plus légers et plus variés. Les premiers os travaillés puis les premières parures se montrent. L'évo 1 lution est générale. On a pu étudier ses diverses phases caractérisées par des aspects différents de l'industrie ; on les a rangées en séries en se basant sur leur niveau stratigraphique, c'est-àdire sur leur âge respectif, et l'on a établi ainsi une chronologie relative. Chaque époque distincte a été désignée, suivant le mode des géologues, du nom d'un gisement typique. Voici, pour les contrées françaises, la classification qu'il convient d'adopter.

Pléistocène

Inférieur

Moyen

Paléolithique

Supérieur

Ohelléen (Chelles, Seine-et-Marne) Acheuléen (Saint-Acheul, Somme) Moustérien (Le Moustier, Dordogne) Aurignaeien (Aurignac, Haute-Garonne) Solutréen (Solutré, Saône-et-Loire) Magdalénien (La Madeleine, Dordogne) Azilien (Le Mas d'Azil, Ariège)

Holocène eu actuel

Néo et énéolithique

........Age du bronze

.......Age du fer

Toutes ces périodes sont loin d'avoir eu mie égale durée. Celles de Chelles et de Saint-Acheul, qui ont pourtant laissé des traces moins nombreuses, sont, à elles seules, plus longues que toutes les autres réunies. Le Moustérien et l'Aurignaeien ont duré plus longtemps que le Magdalénien. On conçoit aisément la cause de ces différences : plus une population est primitive, et plus, suivant le mot de Cartailhac, elle doit faire effort pour s'élever à un degré supérieur. Pendant des centaines de siècles la civilisation demeura statiomiaire. Tant que le climat d'abord tempéré, de quelques degrés plus tiède que le nôtre, ne l'obligea pas à se


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Vêtir pour se préserver du froid, l'homme ne dût guère avoir le souci d'adapter son outillage à la préparation des peaux et des fourrures. Le gibier abondant partout assurait largement la vie»; du chasseur rusé et adroit auquel la lourde pierre tranchante suffisait pour abattre les fauves redoutables. Le progrès était d'autant plus lent que les besoins s'en faisaient moins sentir. Notre ancêtre vivait alors en plein air, à la lisière des grandes forêts, au bord des torrents et des rivières poissonneuses. Essentiellement nomade, ne séjournant longtemps sur aucun point, il suivait les migrations de la faune qui assurait sa nourriture. Au temps des basses eaux, il, aimait à s'établir dans le lit même de la rivière, sur les graviers momentanément laissés ' à découvert et, lorsque les périodes de grandes crues revenaient brusquement, les rejets de ses repas et les instruments qu'il avait été obligé d'abandonner en fuyant étaient entraînés par le courant et déposés plustloin sur les berges alluviales. Les gisements ainsi formés ont livré à leurs explorateurs d'énormes séries de matériaux dé toutes:sortes mais leur étude n'est pas sans présenter de sérieuses difficultés. Ils font d'ailleurs défaut jusqu'ici dans notre région, ce qui nous permettra de passer rapidement à la description de dépôts d'un autre ordre.

Lorsque les vallées dégagées de leurs glaciers avaient montré leurs cavernes béantes, les bêtes sauvages s'étaient empressées d'envahir ces abris naturels et d'y élire domicile. Le grand ours, la hyène, le lion et parfois aussi la panthère se livraient à de fréquents combats pour la possession de ces repaires et les osse ments du vaincu se mêlaient à ceux des proies apportées par l'ancien occupant. D'autres causes accidentelles, et en premier lieu le retour fréquent des eaux torrentielles, contribuaient à accumuler, dans les galeries inférieures, les débris des carnassiers. L'ours blessé ou malade devait venir s'y cacher pour mourir. Dans de tels gisements les ossements humains sont rares : il n'est pas douteux, en effet, qué_ les cavernes fréquentées par les fauves redoutables ne devaient guère l'être par l'homme chétif et à peiné armé;

Aux antres obscurs et humides notre ancêtre préférait les grottes peu profondes exposées au midi. Tout en continuant à vivre


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59en air, il rechercha celles d'entre elles. situées à proximité des sources ou des rivières et y trouva longtemps un abri provisoire. Souvent, à vrai dire, les animaux sauvages l'y avaient précédé et ils refaisaient même parfois de courtes apparitions pendant ses absences. Mais peu à peu, tandis que le degré moyen de la température s'abaissait, l'homme obligé de fuir les intempéries revint plus fréquemment sous la voûte rocheuse où il se fixa enfin définitivement.

Les vestiges de ces vieilles stations ainsi installées au seuil de nos cavernes sont extrêmement précieux et instructifs. Les diverses civilisations y sont superposées et leurs débris forment dans certains cas des remblais d'une puissance considérable qui, fouillés avec méthode, livrent à leurs explorateurs les plus vieilles archives de l'humanité. Chaque couche bien distincte, chaque assise du précieux sous-sol dont la moindre parcelle est un souvenir de nos pères correspond à un âge différent, à une culture spéciale, et constitu,un,chapitre du grand volume qui raconte les faits antérieurs..de l'histoire. Il suffit de savoir lire ces caractères d'un nouveau genre pour être à même de recueillir et de comprendre les données qu'ils peuvent nous fournir.

Les plus anciennement connues sinon les plus renommées des stations paléolothiques de notre Languedoc méditéranéen sont celles qu'abritaient les cavernes de Bize explorées par Tournai dès 1827. C'est à la suite de ces observations répétées dont lui seul alors comprenait l'importance que le modeste géologue narbonnais n'avait pas hésité, au milieu de. l'erreur générale, à énoncer sous forme de proposition scientifique, la première, affirmation de l'antiquité de l'homme : « La géologie donnant un supplément à nos courtes annales viendra réveiller l'orgueil humain en lui montrant l'antiquité de sa race ; car la géologie seule peut désormais nous donner quelques notions sur l'époque de la première apparition de l'homme sur le globe terrestre ». Ces conclusions ont survécu dans l'Histoire de la Science. Trente ails plus tard, leur exactitude était enfin reconnue et publiée.

Ainsi rendues célèbres, les grottes du Moulin ne devaient pas manquer d'attirer-les chercheurs.' Marcel de Serres, Cazalis de Fondouce, CartailhaC s'étaient succédé à Bize mais leurs fouillés-


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furent rapides et les notes publiées assez brèves. Les précieux gisements furent finalement livrés aux amateurs qui en bouléversèrent le remblai sans faire connaître leurs trouvailles. Ici; comme ailleurs, les plus vénérables documents de notre Histoire nationale furent perdus irrémédiablement et sans profit. Nous, possédons cependant des éléments suffisants pour déterminer les diverses civilisations des hommes qui, à des époques différentes occupèrent le seuil des deux cavernes. Nous savons qu'avant de servir de refuge aux hordes nomades des chasseurs, celles-ci avaient été des repaires de fauves. Dans les couches qui recouvraient le substratum d'argile, la terre était pétrie des débris de la hyène et surtout du grand ours.

C'est immédiatement au-dessus, à la surface d'un sol tassé par le piétinement des bêtes que brillèrent les plus anciens des foyers allumés en ces lieux. Dans les cendres qui en proviennent, les rejets de la cuisine sont mêlés aux instruments abandonnés par les sauvages. Les débris des animaux qui ont servi de nourriture témoignent d'un climat particulièrement rigoureux : le cheval, très abondant, a été apporté, dépecé en même temps que l'antilope Saïga et le renne encore rare. Les armes et les outils sont de grossiers quartzites ramassés dans le lit de la Cesse et taillés à grands éclats suivant des formes voulues. Leurs types indiquent nettement la vieille civilisation moustérienne : on trouve des hachoirs retouchés, des pointes et des grattoirs bien caractéristiques, dés haches iourdes et massives que l'on est convenu d'appeler « coups de poing ». L'os n'a été utilisé que d'une façon imparfaite et primitive.

La couche sus-jacente à ces puissantes assises accuse déjà de multiples progrès. Les squelettes humains trouvés dans d'autres gisements du même horizon archéologique nous ont appris qùé nous avons affaire à une race différente, plus voisine de celles qui vivent de nos jours. L'industrie s'est considérablement perfectionnée. Les instruments sont en silex, nombreux et variés, retaillés avec une habileté remarquable ; à côté de ces pièces Iithiques, les premiers os travaillés apparaissent. La température: est toujours aussi froide mais la faune se modifie : l'ours s'en


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va lentement cependant que le renne abondé. C'est l'époque d'Aurignac dont on doit la révélation à Cartailhac et à l'abbé Breuil. Plus tard, des hommes nouveaux ont laissé sur ces couches anciennes des vestiges différents. Les minces foyers magdaléniens, l'emplis d'ossements des Cervus tarandus sont caractérisés par les vestiges d'une splendide industrie osseuse qui a enrichi les collections de tous les amateurs ayant fouillé dans ce précieux terrain. Les armes sont des harpons barbelés, des sagaies et des pointes de flèche en bois de renne, en ivoire et en os. De longues baguettes ornementées, de minces plaquettes aiguisées et polies répondent à des destinations souvent mystérieuses. Nous nous souvenons d'avoir admiré de fines aiguilles en os d'oiseau qui laissent entrevoir les délicats travaux de passementerie auxquels devaient se livrer les femmes de ces lointains chasseurs que l'on a osé appeler des sauvages. Des dents d'animaux et des coquilles marines perforées constituaient la série de leurs amulettes ou de leurs ornements. Mais au milieu de ces parures d'un art barbare encore, d'autres pendeloques plus élégantes prouvent que ces gens d'il y a cent-vingt siècles portaient déjà en eux le sens de la beauté. Tout le monde sait avec quel vif et légitime étonnement on découvrit d'abord sur leurs objets usuels puis sur les parois de leurs cavernes profondes des dessins variés d'un réalisme surprenant. Les animaux qui pullulaient dans la steppe glacée et servaient à là nourriture de la famille humaine, ont été figurés avec une habileté consommée, un sentiment exquis de la nature. On croit aujourd'hui que cette décoration spéciale n'avait pas seulement un rôle esthétique, mais qu'elle était inspirée par des préoccupations superstitieuses, ce qui empreint encore leur étude d'un charme plus captivant.

A Bize, les parois des grottes n'ont conservé aucune trace de ce genre, mais les armes et les outils en corne et en os recueillis dans les foyers sont couverts de bandes parallèles, de festons, de zigzags, de chevrons en creux et en relief. Le Musée de Narbonne étale aux yeux du public une belle série du même endroit dans laquelle on voit une extrémité de spatule portant une tête de biche ou de renne gravée avec une sûreté de main que ne désavoueraient pas beaucoup de nos grands artistes.


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Que de fois de telles pièces ont fait l'admiration des visiteurs instruits et qu'il est à regretter vraiment que ces riches dépôts n'aient été explorés avec une attention plus grande !

Les foyers qui venaient au-dessus confinaient déjà à l'époque actuelle. Ils appartiennent à la civilisation azilienne. Etant presque superficiels on ne doit pas être surpris qu'ils aient beaucoup souffert du vandalisme des passants. Nous n'ignorons pas cependant que leur industrie lithique comprenait de petits silex à contours géométriques comparables en tous points à ceux recueillis au même niveau dans la grotte de la Crouzade et si étonnamment semblables aux microlithes de l'Afrique du Nord. Ils auraient livré jadis, parait-il, des galets coloriés identiques aux spécimens du: Mas d'Azil en Ariège. Que d'informations à jamais perdues !

Les couches néolithiques et de l'âgé du bronze plus récentes, qui, sans les fouilles qui Font éventré, constitueraient le sol moderne, étaient, elles aussi, souvent fort importantes. Dans un recoin de la petite grotte gisait un gisement humain bien nettement daté. Les pièces de son mobilier ont été mêlées à celles des foyers voisins, dispersées avec elles dans plusieurs collections publiques ou particulières. Les haches polies, les lames de silex ne sont pas rares et furent recherchées. Des flèches métalliques ont été rencontrées associées à des débris divers. Le Musée de Narbonne possède une intéressante fibule en bronze doré de même provenance. Mais les poteries primitives sont surtout abondantes et les visiteurs n'ont qu'à se baisser pour en recueillir des tessons.

Cependant le temps passe rapidement et l'importance du programme nous oblige à quitter bientôt, non sans une certaine émotion, la caverne où vécurent nos pères, si pleine encore des souvenirs de leur existence précaire. Il reste en effet à visiter, une troisième excavation plus petite et plus élevée : la grotte de l'Hermite qui doit probablement son nom au voisinage de rochers dont les contours évoquent assez le profil d'un capucin assis, la tête abritée sous sa cagoule. Elle est d'accès difficile, suspendue à 60 mètres dans la paroi ; nous renonçons à l'atteindre. Elle


-63fût

-63fût intéressante le jour où l'on y découvrit un ossuaire de la fin de l'âge de la pierre ou du premier âgé du bronze.

Nous redescendons par le petit sentier vers la propriété de: Lasfons. En face, s'élève le rocher imposant de Boussecos. Sa masse disloquée sur plusieurs points présente à différents niveaux des saillies étroites qui ont été utilisées pour la défense ; les murs ruinés subsistent encore. Au bas du Roc escarpé, en un endroit connu sous le nom suggestif de « Las Oulos », le lit de la Cesse s'encombre d'un chaos dé blocs énormes que le courant a creusés en gigantesques marmites. L'eau y tourbillonne, bon-, dit, se soulève en tempêté d'écume, se brise follement contre le roc qui l'a vaincue. Plus loin, elle dort sous les roches, Verte et profonde, puis vient frétiller au soleil transparente comme l'air. Le site est pittoresque et charmant.

Mais le soleil est haut dans le ciel, l'heure du déjeuner est arrivée ; nous nous installons sur l'herbe d'une prairie ombragée, les: discussions s'élèvent peu à peu et l'on puise la joie et la verve dans les vins généreux d'Argèllters. A l'issue du reiras, notre savant Président M. Poux remercie en termes choisis et délicats, au nom des personnes présentes, les ouvriers de M. Cathala et les dévoués collègues qui ont dirigé l'excursion.

Le signal du départ est donné, les excursionnistes s'enfoncent dans le sentier; des coeurs se dilatent encore et des éclats de rire retentissent sous les arbres. Maintenant de nombreux groupes s'espacent sur la route qui conduit au village de Bize ; tout le mondé est heureux, l'air n'est qu'une fête, les yeux éblouis se ferment sous la lumière blanche qui les monde ; tout près de nous, la rivière murmure et file sur les herbes couchées emportant les couleurs de l'arc-en-ciel dans son cristal mouvant,

Arrivés à la chaussée, nous nous arrêtons pour goûter l'eau minérale de la source et nous suivons la Cesse jusqu'aux premières habitations. Après la visite d'une maison Renaissance sise en face dé l'église, nous parcourons les petites rues bruissantes de l'animation du dimanche. Chacun vante l'agrément


de cette journée et parle avec complaisance des prochaines excursions. On devise encore mais l'on sent avec tristesse se hâter l'heure du départ. En effet, l'autobus de nos collègues de Carcassonne n'attend que quelques retardataires. On fait encore des projets et l'on se dit un franc et amical « au revoir ».

L Franceline CAZENAVE,


TROISIÈME PARTIE

I

Notes et Travaux Scientifiques 1924-



DOCUMENTS INEDITS SUR LA PRISON DE CARCASSONNE A LA VEILLE DE LA REVOLUTION

par le Docteur Ch. BOYER,

I. — INTRODUCTION ;

En faisant dès recherches-aux Archives Nationales dans les « papiers concernant les hôpitaux et rapports de Colombier » (1), nous avons eu la bonne fortune de trouver dans la série F. 15 liasse 226, des documents intéressants et inédits sur la prison de Carcassonne avant la Révolution. Ces documents comprennent : 1° un plan suivi de notes explicatives; 2°, un rapport adressé à M. de la Millière ; 3° un deuxième rapport intitulé : mémoire pour les prisonniers civils et criminels. Les deux premiers documents sont dus à la plume de Colombier ; l'auteur du troisième nous est inconnu. (2).

Comme il existe très peu dé renseignements sur cette ancienne geôle de la Ville-Basse, nous avons pensé intéresser tous ceux qui aiment notre petite patrie en consacrant quelques .pages ,à l'un de ses plus vieux monuments, aujourd'hui, disparu.

Peu d'auteurs nous parlent de l'ancienne prison de la Sénéchaussée. Eût-elle construite après le passage du Prince Noir, en même.temps que les. nouveaux remparts de la Ville-Basse? Sa situation dans une sorte de bastion adossé à l'enceinte, pourrait le faire penser. Existait-il déjà une geôle dans la première ville fondée en 1247? C'est fort probable. Cependant^ aucune donnée ne nous permet d'éclaircir cette question restée dans l'ombre; nous savons seulement que ce né fut que bien long(1)

long(1) COLOMBlER, né à Toul le 3 déc. 1736, consacra toute sa vie à l'étude de la médecine et en particulier de l'hygiène. Nommé inspecteur général dés hôpitaux et prisons du Royaume, il parcourut la France pour les visiter. C'est ainsi qu'il passa à Carcassonne en 1785. Il s'éteignit le , 4 août 1789. Voir la thèse de GALLOT-LAVALLEE Un Hygiéniste au 18ème siècle, S. COLOMBIEE, Impr. Jouve, Paris.

(2) L'écriture de ce troisième papier est complètement différente de celle des deux premiers. D'ailleurs la seule variation.. dans, l'orthographe

de geôlier, écrit gèollier, serait suffisante pour prouver qu'il ne peut pas être attribué à COLOMBIER


-68temps

-68temps la reconstruction de Carcassonne, que la Cour Présidiale eut le droit de siéger dans la nouvelle ville. La translation ne fut opérée définitivement que par Fédit de 1656 (1), et le Palais de Justice ne fut édifié que vers la même époque. Nous avons la certitude que la prison existait déjà à ce moment, car un testament signalé par Mahul dans son Cartulaire, nous parle de sa chapelle qui reçut des dons en l'an 1643 (23 août).(2). Un plan de la ville de 1729, levé par Jacques de Bonnelevay ingénieur, nous donne sa situation exacte. Elle était sise dans le carron de la Conciergerie, paroisse de Saint-Vincent à l'entrée de la rue Mage. Elle figure sur ce plan, sous le numéro 17, et porte dans la légende, le nom de Conciergerie.

Les bâtiments du Palais de Justice étaient en face, dE l'autre côté de la rue Mage, et y restèrent jusqu'en 1861. Après la Révolution, la prison du Présidial fut aliénée et radicalement modifiée pour habitations sous le numéro 2. Une nouvelle maison de détention fut construite en 1800 (3).

Maintenant, qu'il nous soit permis de présenter au lecteur une transcription fidèle des notes et des rapports cités plus haut, ainsi qu'une copie aussi exacte que possible du croquis qui lès accompagne. Ces documents, quoique succincts, sont d'une telle précision, qu'ils lui permettront d'avoir une idée parfaite de ce qu'était la Prison de Carcassonne à la veille de la Révolution.

Nous devons dire en terminant que les travaux d'assainissement réclamés dans les deux rapports ne furent pas exécutés : la Révolution arriva trop vite et pendant ces temps agités que traversa Carcassonne, on utilisa de préférence les cachots de la Cité en attendant que la vieille. geôle, tombant en ruine, fût définitivement abandonnée et abattue.

(1) Voir MAHUL, Cartulaire et Archives des communes de l'ancien diocèse et de l'arrondissement administratif de Carcassonne, Paris 1867. Tome VI, 1re partie, page 318.

(2) Voir MAHUL, T. VI, p. 318.

(3) Voir MAHUL, T. VI, p. 318. Cette extrémité de la rue Mage, aujourd'hui rue de Verdun, était barrée par le rempart extérieur qui H'« été ouvert que dans les premières années du 19s siècle.


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II — DOCUMENTS CONCERNANT LA PRISON DE CARCASSONNE

(Archives Nationales F., 15. 226)

Inspection du 25 Août 1785.

l'entrée de la ville basse, 2 rue en face de rentrée de la ville basse, 3 autre rue à droite, 4 palais de justice, 5 ruisseau et égout, 6 parapet, 7 entrée de la prison, 8 corps de garde, Interrogatoire, 9 guichets, 10 petite cour du concierge, 11 deux cachots, l'un servant de cave,: l'autre de palier, 12 six petits cachots, 13 petite chapelle, 14 escalier conduisant au premier et: au deuxième, 15 cour des prisonniers, 16 jardin d'un particulier, 17 et 18 murs extérieurs de la ville.

Nota, — Au-dessus des numéros 11 se trouve le logement du guichetier premier et second étage. Au-dessus des numéros 12 et 13 des cachots au premier étage et des chambres pour les civils au deuxième étage, il y a une galerie tant au premier qu'au deuxième. Le logement du concierge qui consiste en une chambre, communique avec la galerie du premier étage. ,

Plan de la Prison.


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OBSERVATIONS

Il n'y a aucunes latrines, c'est dans la cour 19 que les prisonniers vont porter leurs excréments. Les cachots, quoique recevant de l'air extérieur par une lucarne, sont trop petits, la chapelle ne peut iras contenir la moitié des prisonniers; la salle d'interrogatoire est trop petite et indécente.

Les civils et criminels et les femmes sont confondus. Il y avait 34 criminels ou mendiants, deux civils et 4 femmes le 25 août 1785.

Il faut faire des latrines. On peut faire une cour pour les femmes numéro 17 et un escalier à l'angle de cette nouvelle cour près la chapelle pour la faire communiquer soit au premier, soit au second, leur donner la chapelle pour séjour et en faire une nouvelle entre les deux cours. Les lits sont payés 6l., l'entrée et la sortie 1 l. 5 chacune. Le geôlier a 100 l. et ne jouit pas du sol de gîte et de geolage. Il n'y a pas de compagnie de charité pour le secours des prisonniers. Il n'y a pas d'infirmerie, on devrait en faire au-dessus du logement du concierge. Quelques particuliers donnent de la soupe et quelquefois des chemises. On pourrait faire mie quête (1).

GTÉ DE LANGUEDOC. — PRISONS DE CARCASSONNE NOVEMBRE 1785

Les prisons de Carcassonne, placées dans la ville basse dans un angle ou bastion ancien, réunissent tout ce que l'insalubrité, l'indécence pou voient offrir de plus désavantageux. 1° Les prisonniers civils, les criminels, les hommes et les femmes sont confondus dans les mêmes lieux.

2° Il n'y a point de latrines et c'est dans la cour que les prisonniers peuvent faire leurs besoins ou les y déposer.

3° Toutes les pièces et la cour même sont si petites que l'on est étouffé partout.

(1) Viennent ensuite sur la même feuille des notes concernant les hôpitaux de Carcassonne.


Photographie très réduite, du plan de Carcassonne levé en 1729, par Jacques de Bonnelevay et reproduit par Mahul. —Tome VI.

Partie Est du Plan de J. de Bonnelevay.



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On pense qu'il faut aggrandir Cette prison le plutôt possible, le local le permet, et Monsieur de la Millière sur cet exposé succint jugera peut-être à propos d'écrire à M. l'Intendant de Montpellier pour le prier de faire examiner la prison.

Paris, le 14 novembre 1785.

MÉMOIRE POUR LES PRISONNIERS CIVILS ET CRIMINELS

DES PRISONS DE CARCASSONNE :

Les prisonniers civils se trouvent confondus avec les criminels. Il n'y a point des lieux aux dites prisons, point de séparation pour les femmes, tout le monde est obligé de faire ses nécessités au même endroit. Il faudrait nécessairement une réparation pour séparer les civils des criminels et les femmes des hommes, sans quoi les prisons sont plutôt un lieu de débauche qu'un endroit de mortification.

On pourrait faire l'appartement des civils sur le devant de la conciergerie jusqu'à la rue, l'appartement du geolliér sur le consistoire et l'appartement du geolliér actuel servirait pour les femmes, alors le geolliér lorsqu'il n'y auroit pas de troupe veillerait sur tous les prisonniers civils et criminels, parce que son appartement seroit le plus élevé et on metroit la clotche sur son appartement afin que les prisonniers n'entrent pas 'dans l'appartement des femmes, il conviendrait de faire une pompe pour puiser l'eau du cotté de la grande cour.

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LÀ GROTTE DE L'AGUZOU

Par le Docteur COURRENT, président du Syndicat d'Initiative de la Haute Vallée de l'Aude.

Depuis que sur les Sources sulfureuses, arsenicales et radioactives d'Usson-les-Bains, ont été érigés un établissement et un hôtel coquets et confortables, éclairés et chauffés à l'électricité, munis des appareils hydrothérapiques les plus récents et de chambres avec cabinets de toilette et salles de bain, cette station thermale est devenue un centre dé tourisme pour la visite de la haute vallée de l'Aude et de ses affluents.

Usson-les-Bains fait partie de la commune de Rouze, du canton de Quérigut (Ariège), à 785 mètres d'altitude, dans un élargissement de la vallée de l'Aude, au milieu d'un massif montagneux, dans un site un peu sévère, baigné dans la grande lumière méridionale, dominé par les Pyrénées Ariègeoises de l'ancien Pays-Souverain du Donnezan, les imposants massifs de Madrés et de ses contreforts en Capcir et Pays de Sault.

Les touristes qui désirent faire l'ascension du Tarbézon (2.366 m.) du Roc Blanc (2.543 m.) de la Camisette (2.244 m.) et de toute cette chaîne qui sépare la vallée de l'Aude, de la vallée de l'Ariège, ne sauraient choisir un meilleur point de ralliement que l'Hôtel d'Usson. En une journée il est possible d'effectuer à travers de luxuriantes forêts de hêtres, de pins et de sapins les visites des lacs pyrénéens de Quérigut, de Rabassoles, de Laurenty...

Nombreux sont les touristes qui, partis d'Usson traversent le Col de Pailhères (2.000 m.) par Rouze et Mijanès pour se rendre à Ax et Luzenac.

Les sédentaires d'Usson pendant l'été ont le loisir et les commodités de se rendre en une journée aux Gorges de St-Georges, de Pierre Lys, du Rébenty sur le plateau de Sault et du Donnezan, aux diverses stations thermales de l'Aude, Al et, Ginoles, Rennes-les-Bains, Escouloubre et Carcanières.

En moins de deux heures d'automobile, on accède à MontLouis, à la station climatique de Font-Romeu d'où il est fort


Château d'Ussou. — Haute vallée de l'Aude.

Etablissement thermal. - Usson.



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pratique de visiter la Cerdagne.. française, l'enclave de Llivià, Puycerda et la Cerdagne espagnole; -Autour d'Usson s'offrent tout une série de promenades : au Pic de Garrigues, aux Crêtes d'Usson, à Campagna, au village d'Escouloubre dans, dès sentiers ouverts dans les bois par les soins du Syndicat d'Initiative de la Haute Vallée de l'Aude.

- L'établissement et l'hôtel d'Usson-les-Bains sont dominés par les ruines étrangement déchiquetées du château féodal, berceau des familles' d'Alion d'Usson et de Bonnaç dont les membres se sont illustrés du XVe siècle, jusqu'à la Révolution, dans les charges ecclésiastiques, la magistrature, l'armée et la marine. Ces familles contractèrent des alliances avec les maisons de Foix, de Roquefort, de Roquelaure.

Une importante découverte a été faite par un des derniers descendants de la famille de Roquelaure, M. l'abbé de Roquelaure, dans lés ruines du château d'Usson, il y a une quarantaine d'années : deux, blocs de marbre sculptés constituant, le premier un monogramme surmonté d'une couronne de Comte, le'second un blason qui porte " Ecarteté, au 1 de gueules au Lyon d'argent qui est. d'Alion ancien ou Dusson, au 4 d'Or à 3"pals de gueules, qui est de Foix; aux 2 et 3 d'azur à un roc d'échiquier d'or traversé de sable qui est de Roquefort, embrassé

"du. collier de St-André.

Supports : deux lyons d'or ; cymier, lyon naissant ».

Parmi les excursions voisines de l'Etablissement thermal une dès plus intéressantes est sans contredit là promenade à La Grotte de l'Aguzou et la visite" de cette caverne. La géographie du département de l'Aude de Ditandy, ancien Inspecteur d'Académie (Carcassonne-1875) signale et décrit la Grotte de l'Aguzou dans un chapitre consacré aux cavernes du département.

M. Gavoy a publié dans le Bulletin.de notre Société en 1894 une monographie,au sujet d'une excursion effectuée à l'Aguzou par: MM. Chàligio, Sicard et lui-même. L'année suivante a paru


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dans le même Bulletin une note et un plan schématique signés du géologue, M. Maurice Viguier, de Carpentras.

MM. Chaligio et Sicard, en leur qualité de spéléologues, ont fouillé la grotte ; leurs recherches ont été infructueuses et le pic et la pioche n'ont signalé aucune trace d'ossements d'animaux fossiles, aucun vestige d'ossements humains, pas plus que d'objets préhistoriques. M. Gavoy y a découvert deux espèces de coléoptères de la famille des clavicornes.

Certainement la partie chaotique de la grotte, vestige d'un torrent souterrain, ne peut pas avoir été habitée et, si des recherches fructueuses doivent être réalisées, c'est dans la salle qui suit immédiatement l'entrée de la grotte. Les fouilles doivent y être effectuées profondes et minutieuses, car les premières couches sont formées par des éboulis venant des voûtes qui se sont laisséchoir.

Nous devons à l'obligeance et au talent de M. Bourjade, ingénieur de la Société Méridionale, l'établissement d'un plan de la Grotte de l'Aguzou, avec l'indication de la hauteur des plafonds et des voûtes, de la profondeur des excavations, des déclivités du sol. M. Bourjade a indiqué et situé les formations calcaires naturelles, baptisé, suivant leurs formes, les diverses ornementations de cette belle caverne.

Il est intéressant de mettre en parallèle le plan de M. Bourr jade avec celui du géologue M. Maurice Viguiér. Ce dernier donne un aperçu succinct de la direction et de la forme générale de la grotte. Cette coupe en plan note l'orientation de deux principaux systèmes de galeries, l'un suivant l'axe pyrénéen E. O. le second du N. O. au S. E. suivant les directions dominante» des Corbières.

Les galeries ouvertes selon l'orientation pyrénéenne constituent de simples diverticulum, dés sortes d'élargissements successifs de la grotte principale qui sur 200 mètres de long prend et conserve l'orientation générale des Corbières.

La grotte de l'Aguzou qu'on appelle encore « Caouno d'en Bouco », est située à 3 kilomètres, (une heure et demie de hiar che) de l'établissement d'Usson. On suit d'abord pour y accéder la route nationale n° 118 vers Gesse et Axat. A 150 mètres,




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une source d'un grand débit, appelée « Fontaine d'Argent » (Fount Argent), sourd sur la rive gauche de l'Aude, immédiatement du talus oriental de la montagne, et ses eaux qui marquent au thermomètre une température constante de 7° C. tombent, après avoir traversé la route sous un aqueduc, dans le lit de la rivière de 3 mètres de hauteur en une cascade qui donne l'impression d'une nappe d'argent fondu que l'on projetterait dans un immense creuset.

Après avoir parcouru 1.500 mètres on rencontre le barrage de l'Aguzou qui arrête dans un lac artificiel les eaux de l'Aude, et du ruisseau de Campagna, pour l'alimentation de l'usine électrique de Gesse ; au niveau des routes qui montent vers Campagna de Sault et vers Belcaire par le Col des Echides, on traverse au-dessous du barrage, l'Aude sur une passerelle en bois qui conduit sur la rivé droite.

Par un sentier sous bois, accroché sur les pentes du pic dé l'Aguzou le long du canal des usines; suspendu à 10 ou 15 mètres au-dessus du lit de l'Aude, bordé de noisetiers, de tilleuls, de chênes et de bouleaux, émaillé en été d'une flore merveilleuse et variée, tapissé d'une épaisse couche de mousse, construit sous forme de montagnes russes dont on a adouci les trop fortes rampes par l'établissement d'escaliers rustiques, on parcourt les 1500 mètres qui amènent les touristes jusqu'à la rampe dernière. Le ravin est ici complanté de très beaux sapins qui émergent au-dessus des tilleuls et des noisetiers ; un chemin en lacets et à fortes pentes amène en quelques minutes jusqu'à une petite plate-forme abritée par les frondaisons et les rochers primaires en encorbellement dans la masse desquels la grotte est creusée. On y pénètre par une sorte de lucarne basse, de 1 mètre carré, limitée : à gauche par un mur construit par les bergers qui de tout temps y ont enfermé leurs troupeaux, à droite par la roche dévonienne elle-même.

Ce passage s'ouvre à 5 mètres en contre-bas de la terrasse ; une fois franchi, on se trouve dans une salle de forme ovale à laquelle Ditandy attribue sans exagération mille mètres de surface. La voûte découpée à laquelle sont suspendues des stalactites n'a pas moins de 6 mètres de hauteur. Lé sol est couvert 'de


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rochers calcaires détachés de la voûte et des parois, gisant au milieu d'humus, produit des bêtes à laine qu'on y enferme.

Cette salle est partagée en deux parties presque égales par un pilier de 1 m 50 de hauteur que nous dénommerons le « faç-. tionnaire ». Ce gros bloc calcaire détaché de la voûte semble défendre l'entrée de la seconde partie de la salle. Tout le sol présente une pente légère jusqu'à un deuxième bloc énorme: implanté au point où cette salle se restreint et ne dévient plus un couloir de 5-mètres de large, alors qu'au delà de l'entrée elle n'a pas moins de 15 à 20 mètres.

Déjà sur les parois on commence à apercevoir des stalactites en forme de tuyaux d'orgue et de draperies; — vers la gauche, au point précis où le plan indique un passage inférieur large de 4 à 5 mètres, on aperçoit, à la lumière, miroitant .sur. une coulée large de 4 mètres et simulant une cascade pétrifiée, des , cristaux de calcite réfléchissant sur mille facettes la lumière dès lampes à acétylène, et tout autour de cette coulée de stalactites qui prennent les formes de colonnettes, de franges et nappes calcaires, s'écoulent goutte à goutte du plafond découpé les eaux de la montagne qui lentement infiltrées forment par concrétion ces pendentifs de formes diverses ornant si agréablement lés voûtes et les parois des cavernes calcaires.

Après avoir parcouru cette salle de 40 mètres de long légèrement inclinée du N. O. au S. E. on arrive à un immense portail surplombant un gouffre de 5 mètres de profondeur ; par ce portail les visiteurs accèdent, au.moyen d'une échelle, à la seconde partie de la grotte, que j'ai qualifiée plus haut, de portion chaotique de la caverne.

Avant de descendre, il est intéressant de se faire devancer par le guide et de faire placer par lui des lumières sur le sol pour éclairer les voûtes et les anfractuosités de cet immense gouffre dont le plafond déchiqueté n'a pas moins de 20 mètres de hauteur.

Cette voûte est magnifique, imposante, ornée de stalactites et de roches calcaires en lames plus ou moins épaisses séparées par des fentes suintantes. Le sol irrégulier est jonché de blocs immenses tombés certainement des plafonds ou détachés des


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flancs de la grotte aux temps géologiques, pendant lesquels, sous l'influence de la pression hydrostatique, les eaux torrentielles se sont creusé un lit souterrain à travers ces roches calcaires:

Ayant de descendre de. l'échelle, il faut visiter un couloir de forme elliptique qui n'a pas moins de, 35 métrés de parcours et dont l'entrée et la sortie se trouvent dans la salle du factionnaire et du portier.

C'est presque en rampant que l'on s'introduit dans ce diverticulum, et immédiatement la voûte s'élève tapissée de stalactites. Le sol est jonché de petits champignons calcaires (stalagmites), traces de la chute lente et constante de gouttes d'eau saturée de sels calcaires, venant des plafonds plus ou moins fissurés.

A 15 mètres de l'entrée, on rencontre sur le sol un immense bloc translucide. continuellement humide, indiqué sur le plan sous la dénomination de « Source calcarisante ». C'est une plaque épaisse, à demi transparente, de couches calcaires à travers lesquelles on peut déchiffrer les cartes de visité et même des feuilles entières de journal que les Visiteurs ont déposés à la superficie-il y a quelques années, et qui sont aujourd'hui complètement recouvertes.

Le sol de ce couloir est irrégulier,, couvert de blocs plus ou moins volumineux, les flancs sont formés ou de la roche non transformée, ou de ces productions calcaires, stalactites et stalagr mités de toutes les dormes, tentures, volutes cascades pétrifiées, colonnes émaiiléès de sels brillants, de calcite, et d'àragônite, « toutes formes et apparences qui prêtent un si, .grand charme à la visite des grottes calcaires » (Lapparent-Traité de Géologie). Vers le milieu de ce couloir, au moment où sa direction revient vers la salle n° 1, on rencontre perpendiculairement un diverticulum dont le plafond est-formé de strates, calcaires verticales, détachées et dangereuses: à cause de leur, chute possible. Le retour à là salle n° 1 par la deuxième ouverture est un peu difficile ; il est plus; prudent de-revenir par le même chemin en repassant devant la. Source Calcarisante.


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Nous voici ramenés à l'échelle qui va nous permettre de gagner sans danger le plancher irrégulier de la deuxième partie de la grotte, la plus intéressante sans contredit. Il faut, avant de continuer la visite, jeter un coup d'oeil sur cette voûte irrégulière de vingt mètres de hauteur, sur ces gigantesques cloisons à pic, déchiquetées, à cristaux étincelants à la lumière, sur ces: immenses blocs jonchant le sol, sur ces excavations formées par les rochers détachés des parois et des voûtes, sur l'ensemble de cette salle dont les cloisons ont un écârtement qui né mesure pas.moins de 25 mètres.

Le spectacle est vraiment imposant et l'on ressent au bord du gouffre, dans la demi-obscurité lugubrement et incomplètement éclairée par les réflecteurs, des sensations. vertigineuses en face de ce chaos immense de blocs éboulés, en présence de ces voûtes surélevées et déchiquetées, de ces franges et demi colonnades, de ces piliers tronqués.

Vers l'Est, la grotte s'élargit en dessous par un passage inférieur. On parcourt la caverne en pente légère vers le S. O. en suivant le milieu de la cavité, sur la partie la plus élevée des bloes éboulés. On laisse à droite et à gauche des excavations, des gouffres profonds de 7 mètres au-dessous du plancher.

Le sentier tracé par les visiteurs est une succession de marches: d'escalier irrégulières, constituées par des blocs éboulés de dimensions diverses. Le parcours de la grotte constitue une promenade dans le lit d'un torrent desséché ; il est très fréquemment nécessaire, pour avancer, de marcher à quatre pattes, de s'aider de tous les moyens de préhension pour grimper d'un rocher à l'autre. C'est une gymnastique continue dans la clarté bien indécise des lampes et des bougies.

. Après un parcours d'un vingtaine de mètres, on rencontre à droite, presque au niveau du sol de la grotte, une excavation ' verticale de 5 à 6 mètres de profondeur, un pilier de stalactites et un diverticulum intéressant, de la forme du choeur d'une chapelle romane, avec son autel de calcaire sculpté et un hou- 1 veau dépôt de draperies (Manteau de la Vierge). On se trouve à 17 mètres de profondeur par rapport à l'entrée de la grotte.


Un peu plus loin, vers l'ouest, on trouve une nouvelle anfràctuositéi dans laquelle on remarque une coulée calcaire simulant une cascade pétrifiée avec des cristaux brillants de calcite tombant de 8 métrés dé hauteur dans une salle dont la voûte n'a pas moins de 20 mètres. Dans un coin on peut constater la présence d'une sorte dé statue drapée, ( La Vierge sans tête).

Revenant dans l'axe de la grotte, qui s'infléchit dès lors vers le Sud, il faut parcourir un couloir rocailleux de 5 mètres de large pour aboutir après une descente assez rapide à travers,des éboulis rocheux jusqu'à un nouvel élargissement de 12 mètres d'une paroi à l'autre. Le sol s'est progressivement abaissé. Il se trouve à ce point à 30 mètres au-dessous du niveau, de l'entrée de la grotte. Deux formations calcaires brillantes de cristaux font saillie dans le couloir, ce sont une sorte de Vasque romaine et une espèce de promontoire qui a vaguement la forme d'une fête de lion.

Le couloir se rétrécit de nouveau, le plafond s'abaisse et, sur la longueur de 30 mètres, le sol est recouvert d'une couche de poussière calcaire cristallisée, très blanche- " calcite blanche à peine jaunâtre ne renfermant que quelques millièmes d'argile ocreuse très fine avec une très faible ; quantité de matières organiques ». (Maurice Viguier). Le sol est légèrement ondulé en forme de vasques à rebords calcaires durs et tranchants remplies d'eau limpide. Cet aspect blanc et ondulé a fait donner à cette partie de la grotte le nom de Mer blanche ou Mer de glace.

Ce Couloir est presque obturé par une muraille d'aspect marmoréen dans laquelle s'ouvrent deux pertuis qui n'ont pas une hauteur supérieure à. 60 centimètres, et à travers lesquels on pénètre en rampant dans Une dernière salle de 30 mètres de long, 20 mètres de large et 12 mètres de hauteur. Le sol se relève légèrement, l'on n'est plus qu'à 24 mètres au-dessous du niveau de l'entrée de la grotte. :

Dans cette dernière salle on constate à droite une sorte de pilier désigné sur le plan sous la dénomination de statue égyptienne; à cause de l'aspect sculptural de ce bloc calcaire ; à gauche, dans un diverticulum, un pilier stalactiforme, une véritable


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cataracte solidifiée et cristalline vers le fond, et enfin, avant de venir buter contre une paroi infranchissable, une grande formation calcaire, sorte de colonne cannelée, grande colonne désignée sous la dénomination de grand pilier.

On a parcouru dans cette promenade souterraine 200 mètres environ, on s'est abaissé de 30 mètres.

Au retour on s'arrête complaisamment pour admirer à nouveau les productions calcaires que nous venons de décrire; enfin, après une heure et demie de visite, au détour du couloir, le touriste revient dans l'immense salle faiblement éclairée par des lampes que le guide a l'habitude de laisser, comme point de repaire, au pied et à la tête de l'échelle. On a tôt fait, tout en jetant un dernier coup d'oeil admiratif sur l'ensemble de la caverne entourée de gouffres profofids, de remonter dans la salli haute et de regagner l'entrée qui ramène sous bois sur la terrasse qui précède l'entrée.

L'aspect de-cette anfractuosité gigantesque est en harmonie parfaite avec ce que l'on sait de la constitution et de la formation des grattés calcaires.

Je ne saurais mieux faire que de citer textuellement l'opinion de M. Lapparent sur ce sujet: « Lorsqu'on visite une grotte calcaire on voit clairement que la voûté est formée par l'élargissement progressif de la fente, médiane, dont les parois, se sont écroulées peu. à.peu, accumulant sur le plancher de gigantesques cônes d'éboulis. Quant à la cause de ces-écroulements-elle apparaît bien comme l'oeuvre d'une érosion souterraine, grandement facilitée par l'état de la roche, mais imputable en définitive à l'action-de l'eau courante.

Ainsi donc « les grottes des terrains calcaires doivent être attribuées à l'action longtemps prolongée d'eaux sauvages amenées par voie d'infiltration dans les profondeurs du sol, bien qu'à un niveau supérieur à celui des vallées, et obligées de s'y frayer une route en profitant de toutes les lignes de moindre résistance de terrain. C'est pourquoi, si c'est bien le phénomène général de l'infiltration qui préside à leur naissance, du moins le travail de leur creusement nous ramène à l'action torrentielle, dont il n'est qu'un cas particulier. De plus, les résultats de ce travail, tel


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qu'il nous est donné de le,constater dans les grottes aujourd'hui accessibles, dépasse de beaucoup la portée du régime hydrographique qui prévaut actuellement dans les mêmes régions. Nombre de grottes sont étagées sur le flanc des vallées calcaires, à des hauteurs considérables au-dessus des thalwegs, et, en des points où il ne se produit même plus de suintements... Ici donc comme pour les torrents et les rivières, il faut admettre, à une époque antérieure, un véritable excès de. précipitations atmosphériques, et sans doute aussi, des mouvements du sol propres à accroître par intervalles, la puissance vive des eaux, en les. faisant agir sur une plus grande différence de niveau. Peut-être même y a-t-il lieu d'ajouter à ces causes des actions chimiques qui auraient aidé à l'enlèvement par voie de dissolution d'un cal: caire n'offrant pas partout la même compacité ».

Pour compléter l'histoire de là formation dés grottes, il faut décrire le revêtement de stalactites et de stalagmites, oeuvre de la période d'assèchement des grottes, phénomène d'ordre chimique.: Ici il faut citer textuellement ce qu'en a écrit de Làpparent dans son traité-de géologie.

«.Lorsque un système de cavités souterraines cesse d'être parcouru par l'eau courante, ou,du moins, lorsque l'eau ne peut

plus s'y élever d'une manière, normale, de façon à baigner entièrement les murs et le plafond des chambres, les eaux d'infiltration y accomplissent un nouveau travail, dont l'effet- est d'en consolider les parois. Ces eaux filtrant goutte à goutte sur le rocher, abandonnent par évaporation le carbonate de chaux dont elles avaient pu se charger dans la traversée du massif supérieur à la faveur d'un excès d'acide carbonique. Elles tapissent donc les grottes d'un enduit concrétionné de.calcaire, duquel pendent des gouttelettes destinées à s'accroître peu à peu et à former des stalactites. Ce qui tombe sur le sol y produit un plancher stalagmitique, formé de couches successives concrétionnées, duquel s'élancent des stalagmites, et quand ces derniers ont rejoint les pendentifs de la voûte, il en résulte de véritables colonnes, à la surface desquelles miroitent d'innombrables petits cristaux de calcite.


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« Si le plafond est découpé par des fentes, les suintements calcaires en occupent le parcours par de véritables draperies reproduisant les sinuosités des fissures, et ainsi naissent par le lent travail des eaux venues de la surface, toutes ces apparences qui prêtent un si grand charme à la visite des grottes calcaires. »

L'intérêt le plus grand de ma communication ne réside-t-il point dans l'application directe des observations du très savant ingénieur des mines à l'étude et à la description de la grotte de l'Aguzou

Par un contrat passé avec l'Administration des Forêts et moyennant une petite redevance, le Syndicat d'Initiative de la Haute-Vallée de l'Aude est devenu concessionnaire de l'exploitation de la grotte de l'Aguzou. Des travaux d'aménagement et d'éclairage ont été projetés ; le Syndicat d'Initiative consacrera une partie de ses budgets à l'aménagement, nous comptons sur la générosité de la Société Méridionale pour réaliser l'installation électrique dans cette grotte intéressante, beauté naturelle de la région qui deviendra un sujet d'attraction pour les touristes et les baigneurs.




Communication de M. Paul ROGER de Montolieu lue à la séance du 13 avril 1924

QUELQUES NOTES SUR UN VIEUX PLAN DU FAUBOURG DE MONTOLIEU

Le document que j'ai l'honneur de vous présenter, est la copie d'un ancien plan du faubourg de Montolieu trouvé dans de vieil^ les archives. Ce plan est d'autant plus intéressant, qu'il n'existe je crois peu ou pas de restes semblables donnant une idée de la configuration de ce village.

L'original qui a fourni cette copie n'étant pas daté, il est impossible de situer, d'une façon certaine, le plan dans un siècle déterminé; mais cependant, de même que l'on y fait figurer un moulin établi sur la rivière d'Alzan, de même on aurait probablement fait figurer, si elles avaient existé, les usines sur la Dure. Or vers 1630 environ, une chaussée avec son canal de fuite, desservait un lavoir à laines et à peaux, enclavé aujourd'hui dans le domaine de Versailles ; postérieurement vers 1660, fut créée l'Usine à drap actuelle et l'on retrouve un procès de cette époque, entre les Allemands et Ramel pour la chaussée. Ces deux chaussées et ce canal n'ayant pas été indiqués, il est permis de supposer qu'ils n'existaient pas encore et dès lors, on peut présumer qu'il s'agit ici du faubourg de Montolieu tel qu'il était au XVI siècle, sinon avant.

Des bâtiments indiqués sur ce plan, il existe encore quelques vestiges. Dans le couvent actuel des religieuses, on peut aisément reconnaître le clocher, porté à Pangle de l'Abbaye et la partie ombragée entourée de. colonnades paraît être le cloître roman bien méconnaissable aujourd'hui sous la peinture qui recouvre les murailles. Le pont des Juifs est devenu le pont Martin ; quant au pont de l'Abbaye, il a été détruit par une inondation en 1871 et rebâti plus en amont à la place qu'il occupe actuellement. Du.


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château, il n'existe que l'angle sud, qui est devenu le presbytère, la toiture doit avoir été, rabaissée et la tour- d'angle est couverte. Voilà avec une vieille croix et la surélévation qui forme le Pradel, tout ce qui reste comme souvenir d'une époque, qui paraît, en voyant l'ampleur de ce faubourg, avoir été florissante pour ce pays.

P. ROGER.


Communication de M. Marius Cathala d'Argeliers lue à la séance du 13 août 1924.

UN CIMETIERE ENEOLITHIQUE A COTE D'UNE FERME ROMAINE

Le cimetière découvert à Cabezac sur la rive droite - de la Cesse dans la propriété de M. Vié appartient à une de ces races anciennes fixées sur le littoral languedocien avant la pénétration des influences grecques et romaines.

Dans son voisinage immédiat la charrue soulève les débris d'une ferme romaine.

Mais les fouilles faites dans le cimetière lui-même n'ont permis de découvrir que des outils et des poteries de l'époque énéolithique.

La présence parmi les poteries grossières d'aspect néolithique de fragments à pâte fine et rouge présentant quelque analogie avec la poterie ibérique n'est qu'un progrès normal de la céramique indigène utilisant les argiles rouges fines et compactes de là région.

L'abondance des coquilles dites de Saint Jacques indique que les énéolithiques de Cabezac étaient en relation avec la mer. Il est probable qu'au cours de ces relations ils se trouvèrent de bonne heure en présence des influences étrangères qui, dès le deuxième millénaire avant l'ère chrétienne, ont si profondément transformé les anciens peuples de notre littoral.

L'état actuel de nos recherches ne permet pas encore d'établir si les deux civilisations ont été réellement juxtaposées. Il faudrait se livrer à de nouvelles fouilles. Malgré la complaisance des propriétaires, le chantier étant planté de vignes on ne peut faire que des sondages.

Dans la propriété dé M. Vie, emplacement du cimetière, le défoncement a soulevé les dalles recouvrant les tombes sans bouleverser celles-ci.


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Dans la vigne voisine, propriété de M. Cormurand, le bouleversement ne paraît pas être aussi profond. La charrue ramène toujours les mêmes témoins de l'habitat romain, fragments de briques à rebords, de dolia, d'amphores, quelques rares débris de poteries samiennés et des traces légères de béton grossier.

Il serait intéressant d'y fouiller le dessous de la couche arable pour y étudier la période de contact entre les peuples indigènes presque barbares/et ceux venus de l'étranger,.Ibères, Grées et Romains, important les produits de leur civilisation déjà avancée.

. Mars 1924.


NOTE SUR LA GENESE DES EAUX MINERALES D'ÀLET

(Aude)

Alet, coquet village de 800 habitants environ, se trouve sur les bords de la rivière Aude, rive droite, à huit kilomètres en amont de Limoux. Son origine remonte à l'époque romaine, ainsi que l'attestent l'étymologie de son appellation : Electus (lieu choisi) et quelques intéressantes ruines : un pont et des fours crématoires. En Outre, des restes d'une importante cathédrale, indiquent l'importance de ce point à travers les âges moyens.

Sa situation, au centre d'un cirque de hautes collines, lui donne en même temps qu'un décor de peintures aux teintes vives, l'aspect d'un nid, tranquille, bien abrité des vents, parmi une dense verdure à la saison ensoleillée.

Si le sol, aride et ingrat à cause de sa nature pierreuse, ne présente que peu de ressources au point de vue agricole, par contre, il peut ne pas en être de même au point de vue des ressources minérales, en raison de la nature ancienne de ses assises géologiques. On y trouve d'intéressantes richesses : dolomies, marbres, ardoises, minerais de fer et phosphatés. Mais de toutes, la plus immédiate par l'afflux de baigneurs, qu'elle provoque à la saison, c'est celle de ses eaux minérales, dont les qualités sont si appréciées eh thérapeutique et c'est de leur genèse, que je voudrais toucher un mot.

Au point de vue géologique, en prenant la section du cirque faite par l'Aude et sur sa rive droite, comprenant par conséquent, les terrains qui nous intéressent au point de vue hydro-minéral, nous avons en partant de l'usine hypo-métallurgique, pour aboutir au viaduc de la voie ferrée, en direction de Limoux : 1° Dolomies du dévonien inférieur. 2° Grès siliceux d'Alét du crétacé.

3° Filon, de quartz et quartzites du carboniférien moyen. 4° Shistes ardoisiers, carboniférién inférieur.

5° Calcaires marmoréens du. dévonien moyen.

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Les dolomies, représentent le coblenzien, du dévonien inférieur par conséquent les terrains les plus anciens et s'étagent en série apparente, sur les rives de l'Aude, de l'usine à dolomies jusqu'à l'entrée du village, à l'établissement thermal, source orientale et remontent en direction ouest, à flanc de montagne, pour disparaître sous les recouvrements des grès d'Alet.

Ces dolomies sont grises ou rougeâtres, suivant leur degré d'imprégnation en sels de fer et vers leur limite sud, une concentration anormale de magnésie, a vraisemblablement motivé leur exploitation. C'est à mon avis, cette dolomie, qui est la roche mère des principes minéralisateurs, des eaux chaudes, venant sourdre à plusieurs endroits.

En effet, si nous partons maintenant du viaduc de la voie ferrée et en direction d'Alet, nous trouvons et vraisemblablement en concordance des assises dolomitiques, les terrains du dévonien moyen, qui sont constitués par des calcaires marmoréens, rouges/ roses, gris et noirs. Ces assises, fortement plissées par endroits, ont subi un métamorphisme, et leur coloration trouve son explication dans le fait que des minerais de fer et imprégnations charbonneuses sont voisins, ainsi que des lydiennes noires à nodules de phosphate de chaux.

La direction et le pendage des assises, variables en raison des plissements subis, sont sensiblement Est-Ouest, avec pendage sud et la formation affleure, sur les rives de l'Aude, depuis la source communale, jusqu'après le deuxième tunnel de la voie disparaît parfois, sous des recouvrements de shistes ardoisiers ferrée et remonte aux flancs de la montagne de Ventail, où elle du dinantien et des quartzites du carboniférien supérieur.

Suivant notre hypothèse, l'effet d'un plissement des roches, au contact des dolomies et des calcaires marmoréens, oblige les eaux, qui sont le produit de suintement de la région comprise entre Saint-Salvayre et Alet, à travers les grès plus ou moins perméables qui recouvrent cette partie du cirque, à sourdre à la source communale. Le fond de la cuvette, étant constitué par des dolomies, il s'ensuit que les eaux de ruissellement glissent facilement sur ces fonds rocheux, ou fracture filohienne, après avoir traversé ou glissé sous les grès. Elles viennent buter,


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après avoir atteint une certaine profondeur, contre les calcaires marmoréens, qui par leur redressement, les oblige à sourdre. La température des eaux s'explique par les profondeurs atteintes durant leur parcours et c'est cette température qui facilite leur action dissolvante, sur les roches traversées, où elles puisent leurs principes minèralisateurs, en particulier la magnésie, élément principal des dolomies.

La différence de thermalité des diverses sources, provient de la différence entre les profondeurs atteintes par les eaux, dans le parcours des fractures correspondantes. Les éléments minèralisateurs, constituants, restent par ailleurs à peu près équivalents. Voici deux analyses :

SOURCE ORIENTALE

ANALYSE DE L'ECOLE DES MINES

Acide carbonique libre 0 0292

Bicarbonate de chaux 0 2184

— magnésie .. 0 1632

— fer ........ 0 0009

Sulfaté de soude .... 0 0486

Chlorure de sodium.. 0 0120

— potassium .. 0 0053

Silice 0 0050

SOURCE BUVETTE

Bicarbonate de chaux 0 2702—

2702— .. 0 1081

— ammoniaque 0 0061 Protoxyde de fer.... 0 0050

— manganèse. 0 0013

— lithine ..... traces Chlorure de sodium.. 0 0423

Iodure traces

Sulfate de chaux .. 0 0292

Azotate de potasse.. 0 0022

Silicate de potasse.. 0 0072

— chaux ..... 0 0235

Arsenic 0 0001

Acide carb. libre 0 0589

On voit par ces deux analyses, que les éléments les plus importants de ces eaux, sont le bicarbonate de chaux et le bicarbonate de magnésie. Or une analyse de dolomie indique :

Mg Co8 ........ 45.79% Ca Co 8 54.21 %

et le rapprochement de cette analyse avec celles des eaux, est

de nature à. donner du poids à notre hypothèse.

Limoux, le -21 février. 1924, L. BRUSTIER, prospecteur minier.


ORIGINE ERUPTIVE DES EAUX THERMALES ET RADIO-ACTIVES.

Le Président de la Société Archéologique de Narbonne, M; le docteur Aussilloux, consacre l'une de ses meilleures pages du dernier bulletin au professeur Armand Gautier, né dans cette ville en 1837, mort en 1920, à Paris. Après avoir cité les plus importants travaux du puissant génie qu'a été notre compatriote àudois, le docteur Aussilloux signale « une nouvelle théorie sur la formation des eaux minérales », théorie qu'il qualifie de « nouvelle » et de « hardie ».

Il m'a semblé que la Société d'Etudes Scientifiques dont Armand Gautier était membre-correspondant, avait le devoir impérieux de consacrer une étude spéciale à cette théorie qui, si elle n'est plus « nouvelle », car les théories n'ont point le privilège de demeurer éternellement jeunes, n'a pas cessé d'être « hardie » quoiqu'elle soit de plus en plus acceptée par les savants qui s'occupent d'hydrologie. (1)

Peu à peu, en effet, les spécialistes rejettent la vieille théorie, aussi simpliste qu'enfantine, d'après laquelle la minéralisation et la thérmalité des eaux de source seraient dues à l'infiltration dé ces eaux dans les couches perméables des terrains secondaires où elles auraient dissous des substances minérales et accru leur température. Mais, si l'on considère que, d'une part, l'augr mentation de température dans l'intérieur du sol n'est que ne 1° par 30 mètres de profondeur environ, et que, d'autre part, la température de ces eaux est très élevée, on n'a pas de peine à concevoir la fausseté de cette étrange théorie dont ont fait justice les savantes recherches d'Armand Gautier.

En effet, en admettant une température initiale et moyenne de 12° à la surface du sol, les eaux thermales d'Alet qui ont 32° proviendraient d'une profondeur de 30 m. X (32-12) = 600 m. ; celles de Rennes-les-Bains, de 30 m. X (51-12) = 1170 m. et celles

(1) «Les eaux, thermales ne proviennent pas d'infiltrations, mais des couches profondes-du sol; Grâce à leur température élevée, elles' dissolvent diverses matières dans leur parcours, d'où le nom d'eaux minéral les qu'on leur donne ». Boulet, Cours abrégé d'histoire naturelle, p. 42.


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d'Escouloubre, de 30 m. X (54-12) — 1260 m. Un calcul analogue donnerait 1950 m. pour les eaux d'Amélie (77°), 1965 m. pour celles d'Ax (77° 1/2) et 2100 m. pour celles de Chaudes-Aiguës (82°), ce qui serait tout simplement absurde puisque, à 700 m. de profondeur, le sol né contient plus aucune trace d'humidité provenant de l'infiltration des eaux superficielles:

Armand Gautier a donc été amené à chercher le mode de formation des eaux thermales, et des études aussi patientes qu'ingéniéuses lui ont permis de donner à ce problème une solution scientifique basée sur des preuves irréfutables. Les roches primi. tives renferment de l'eau chimiquement combinée qu'on peut extraire par la distillation du granit à une température voisine de; 300°. Cette délicate opération de laboratoire, la nature la produit en grand au sein de notre globe. A la haute température que lès roches doivent atteindre entre 9.000 et 10.000 mètres de profondeur, la distillation naturelle des granits fournit, en quantité inépuisable, à toutes-les sources thermales du monde entier, une eau vierge, qui n'avait jamais encore vu le jour et dont l'ascension, jusqu'à son point d'affleurement, s'effectue à la façon des laves dans les volcans en éruption.

On devine qu'à cette haute température et sous l'énorme pression qui s'exerce à cette profondeur, les propriétés dissolvantes de l'eau soient très grandes, et que c'est bien avant de descendre aux températures relativement basses que nous leur connaissons qu'elles se sont minéralisées, A Côté de cette puissance formidable, découverte par Armand Gautier, que pourraient dissoudre, non seulement les 32° des eaux d'Alet, mais même les 51° de Rennes et les 54°. degrés d'Escouloubre ? Rien, ou à lieu près. Si c'était nécessaire après ce que j'ai déjà dit de l'origine des eaux thermales, leur marche ascensionnelle serait encore prouvée par la nature des filons métallifères que l'on constate dans le voisinage des sources, au-dessous et jamais au-dessus de leur niveau. Ces filons ont été transportés par les eaux et déposés sur leur parcours à mesure que l'abaissement de leur température-leur enlevait une partie de leur pouvoir dissolvant. En outre, leur origine éruptive ou plutonienne, en expliquant la radio-activité des eaux minérales et leur efficacité thérapeutique,


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dissipe le côté mystérieux du pouvoir guérisseur dés sources, constaté depuis la plus haute antiquité sans qu'on eût jamais pu en donner une explication satisfaisante. « Il y a dans la source autre chose que l'élément minéral tenu en dissolution, écrivait Gaston Tissandier, en 1885, et c'est peut-être là que. réside l'action thérapeutique qu'on cherche ailleurs. » Cet « autre chose » dont Tissandier avait l'intuition, et dont les eaux sont surtout chargées quand elles ont traversé des roches schisteuses, c'est tout simplement l'émanation du radium, divinité bienfaisante qui a remplacé les filles de Jupiter, les Naïades de l'antiquité.

Si les anciennes croyances ont eu leur poésie, reconnaissons que la théorie d'Armand Gautier ne manque pas de grandeur !

A. BLANQUIER.


INSCRIPTION SUR UNE PLAQUE QUI EST A L'ENTREE DU CHATEAU DE MALVES

Lors de notre excursion du 28 mars 1921 de Trèbes à Villalier, en passant devant le Château de Malves, on nous fit voir une plaque de pierre, de forme carrée, incrustée. dans le mur près de l'entrée et portant une inscription : on nous dit bien que celle-ci se rapportait à l'abondante source du parc, mais la plupart des lettres étaient tellement abîmées que nous ne pûmes la déchiffrer. Ce ne fut que quelque temps après que notre collègue, M. l'abbé Baichère, m'envoya la note que je transcris ci-dessous et qui malheureusement arriva trop tard pour l'impression ; je la retrouve aujourd'hui, et crois devoir la communiquer à la Société, afin de conserver le texte de cette inscription, que j'ai revue ces jours derniers et qui devient de plus en plus illisible. NOTE SUR LA PLAQUE QUI SE TROUVE A L'ENTRÉE DU CHÂTEAU DE MALVES ET DONT L'INSCRIPTION A TRAIT A LA SOURCE QUI JAILLIT DANS LE PARC. .

Le texte est en latin. .

Une eau abondante jaillit du marbre et se distribue, impétueuse, aux écuries, au cellier et au jardin.

La cour actuelle du château de Malves était occupée jadis par les écuries. L'eau que l'on y puise actuellement au moyen d'une pompe y est très abondante et va alimenter la fontaine du village. C'est la ressource des habitants lorsque les deux fontaines sont dérangées. Cette eau a un débouché sur le chemin de Malves à Bagnoles, où se trouve une fontaine couverte très ancienne et un abreuvoir pour le bétail.


SOCIETE D'ETUDES- SCIENTIFIQUES DE L'AUDE Séance du 19 octobre 1924

Je fais passer sous les yeux des membres présents à la séance, les objets recueillis par moi dans mes. premières fouilles à l'allée couverte de Saint-Eugène, dans le domaine de Russol, commune de Laure, que j'explore en ce moment, avec l'autorisation toute particulière du propriétaire, M. Léon Perrière, mon voisin.

Les objets que je vous, présente aujourd'hui, résultat, des premières fouilles dans l'allée couverte ruinée, située sur un ma-. melon boisé de pins, et qui appartient à la dernière période de l'époque, néolithique, renferme, comme, beaucoup de monuments, mégalithiques. de cette époque, des. armes et des ornements, en bronze.

Je ne puis' pour le:moment qu'en donner une brève nomenclature. Nous avons commencé par mettre à jour un nombre considérable de perles funéraires, rondelles en test de cardium au nombre d'environ-six cents, que j'ai groupées arbitrairement en colliers de cent exemplaires, de plusieurs dimensions. Viennent ensuite quelques perles en os, en coquillages et des pendeloques en test de pétoncle, Deux pointes en silex lauriformes aux fines retouches, et à patine blanche, une pointe en silex noirâtre, un silex assez mince de 0 cm. 8.

Comme objets en métal, un poignard triangulaire en bronze, à languette, un anneau en spirale, une bague et un anneau brisé qui pourrait bien avoir été une boucle d'oreille.

En fait de poterie, des débris, dont quelques-uns ornés de traits paraissant obtenus au moyen d'une roulette, d'autres de dessins géométriques obtenus au moyen de trous faits au poinçon. Enfin une belle plaquette funéraire en schiste vert veiné.

Le tout a été recueilli au milieu d'un amas d'os brisés entassés pêle-mêle, et gisant parmi des pierres éboulées. C'est un véritable ossuaire, où ont été déposés tous ces restes humains, évidemment après avoir été primitivement ensevelis dans une sépulture provisoire.


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Les, fouilles seront-longues et difficiles une notice plus corn-., plète en sera.donnée à la Société dès qu'elles seront terminées....

Tous.ces objets ont été déjà présentés par moi au Congrès archéologique et historique tenu dernièrement à Saint-Gaudens (Haute-Garonne), du 8 au 12 septembre 1924, par l'Union dés Sociétés savantes du Sud-Ouest. .

Quoique notre Société ne fasse pas partie de l'Union, j'ai pu assister à ce congrès, comme membre correspondant de la Commission des monuments historiques du ministère de l'instruction publique et comme membre titulaire de la Société préhistorique française, C'est du resté le président de cette dernière société, M. le comte de Saint-Périer, qui devait présider le congrès, mais retenu dans son château de Lespugne, non loin de Saint-Gaudens, par la maladie d'un des siens, c'est M. le marquis de Fayolle, directeur du musée de Périgueux, qui a tenu sa place.

J'ai pris part à ce congrès comme délégué de la Société d'études scientifiques de l'Aude, avec notre dévoué collègue M. Gavoy, notre secrétaire honoraire, qui, depuis de longues années, s'est dévoué pour la Société, et chez qui, à cette occasion, j'ai reçu la plus sympathique et la plus charmante hospitalité.

La séance d'ouverture du Congrès a eu lieu le 8 septembre, à 20 heures du soir, dans, la monumentale mairie de SaintGaudens, avec le cérémonial habituel, musique, Champagne à profusion, présentations toasts, discours, etc. Le lendemain, à 8 heures et demie, séance de travail, fort bien remplie et où j'ai pu faire une communication sur les grottes de l'Aude, inexplorées ou incomplètement explorées, et ceci à propos de l'exploration de la fameuse grotte de Montespan, que nous devions aller visiter, et au sujet de laquelle, immédiatement après moi, l'heureux explorateur M. Norbert Casteret a lu une intéressante note.

Après la séance, précédés par M. le colonel Donon, président de la société d'études de Comminges, nous sommes allés déposer une gerbe de fleurs, au pied du monument des héros de SaintGaudens, morts pour la patrie.

A 1 heure et demie, après une visite à la belle collégiale romane. de. Saint-Gaudens, dont la description a été faite par


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-96M. substitut du procureur de la République de Toulouse et archéologue distingué, les congressistes sont partis en autocars pour visiter les environs et les curiosités de la vallée de la Save. Malheureusement, c'est sous la pluie, survenue sur le tard, que nous avons visité les grottes de Lespugne, fouillées par M. de Saint-Périer, vu les ruines de l'ancien castellar, et arrivés au village, où M. le comte de Saint-Périer qui nous attendait, nous a fait faire la visite du Musée préhistorique où nous avons pu voir le moulage de la magnifique statuette d'ivoire, trouvée par lui, ces temps derniers, et qui est une véritable Vénus hottentote, dite Callipige, aux seins retombants, à la tête toute petite, aux énormes protubérances postérieures, garnies d'un pagne tressé, attaché au-dessous des énormes fesses.

Le mauvais temps nous a gâté un peu cette belle excursion qui a été fort longue. A peine rentrés à Saint-Gaudens, nous n'avons eu que le temps de souper à la hâte, pour nous rendre au théâtre, afin d'assister à l'intéressante conférence sur l'art roman, donnée par M. Graillot, directeur de l'Institut français de Florence, précédée et terminée par un charmant concert de l'Estudiantina de Saint-Gaudens.

Le lendemain, 10 septembre, les congressistes sont partis pour Saint-Bertrand-de-Comminges dans deux autobus. Hélas, il pleuvait toujours. On s'arrête un instant à Labarthe-Isnard pour visiter les collections d'objets préhistoriques et de monnaies antiques, recueillis dans les environs par M. Cazedessus, instituteur à Laffite-Vigourdane, mais originaire et propriétaire à Labarthe.

On passe devant la butte de Montespân, sans s'y arrêter : Deux courtes haltes ont lieu aux établissements balnéaires de Ganties et d'Encausse, où l'on nous fait voir des baignoires romaines en pierre ; on ne s'arrête ni à Soueich, ni à Barbazan, et l'on arrive à midi devant la porte Cabirol, à l'entrée de la cité de Saint-Bertrand.

Après un excellent repas à l'hôtel, suivi au dessert de toasts et de discours, les congressistes, sous la direction de M. Rachou, directeur de l'Ecole des Beaux-Arts et conservateur du Musée de Toulouse, sont allés visiter la splendide et curieuse basilique.


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de Saint-Bertrand, ainsi que son vieux cloître et ses antiques sarcophages ; de là, on revient à l'hôtel, d'où l'on traverse le jardin pour se rendre au Musée, que M. Lizon, professeur au collège de Tarbes est en train de créer, au moyen des fouilles exécutées dans les alentours, et qui lui donnent les plus heureux résultats.

Quoique encore à l'état d'embryon, ce musée renferme déjà de belles mosaïques, de nombreuses poteries, des sarcophages et toute sorte de débris antiques.

La pluie tombait toujours, et c'est sous des averses torrentielles que nous avons été aux fouilles de Valcabrère et l'antique et curieuse église romane de Saint-Just, non loin de Saint-Bertrand.

Le lendemain, la troisième journée du Congrès a commencé par une séance de travail, où des communications très intéressantes ont retenu pendant trois heures les quelques congressistes restant, car le mauvais temps de ces deux derniers jours avait précipité le départ dé quelques-uns. C'est à cette séance que j'ai lu la note sur l'allée couverte de Saint-Eugène et sur les quelques objets que je viens de présenter à là Société. Dans l'après-midi, le groupe restant est parti pour Luchon, où une réception des plus belles lui a été faite et le lendemain, par un temps splendide, le congrès a été clôturé par l'ascension de Superbagnères.

Rivière, 20 septembre 1924,

G. SICARD.


GISEMENTS FERRUGINEUX DE LA BRETAGNE

Jai le plaisir d'offrir.à la Société quelques échantillons d'Hématite brune que j'ai rapportés de Nozay (Loire-Inférieure) lors de mon dernier voyagé: en Bretagne. Le gisement de ce minerai s'étend sur une grande partie de l'arrondissement de Châteaubriant et est exploité surtout à Nozay, où.il atteint une épaisseur qui varie de un à quatre mètres. ,

Cette région appartient au Précambrien. La couche de terre végétale est extrêmement mince et par suite peu fertile. Elle repose directement soit sur du minerai de fer, soit sur des schistes verts et peu fissiles, ce qui les différencie nettement des phylladês d'Angers dont le clivage facile est bien connu.

Après l'enlèvement du minerai, la terre végétale, soigneusement mise de côté, est répandue sur la couche inférieure. Des labours profonds rendus possibles par l'extraction du fer, augmentent l'épaisseur du sol arable et donnent à la terre une fécondité jusqu'alors inconnue. Pour les propriétaires de ces terrains, l'exploitation du minerai constitue donc un doublé profit.

Comment s'est formé ce gisement ?

L'aspect stratigraphîquè de ce minerai affectant la forme de galets ou cailloux roulés, parfois aussi de nature schistoïde, disposé par couches horizontales pu peu redressées, nous fait écarter aussi bien l'hypothèse de filons éruptifs que celle de dépôts amenés par les eaux thermales.

Les gisements de Bretagne me paraissent avoir une origine détritique. Ils doivent provenir du plissement hercynien qui, vers la fin de la période dévonienne, dressa ses cimes à la hauteurs des plus hauts sommets des Alpes et dont il ne reste plus aujourd'hui que quelques monts sans importance. Sous l'influence des agents atmosphériques, la chaîne s'est désagrégée ; les matières friables, légères, ont été entraînées au loin, dans les parties basses qu'elles ont comblées, nivelées, tandis qu'à causé de sa grande densité, le minerai contenu dans la masse


de la montagne s'est déposé dans les environs immédiats ou est demeuré sur la base même de la chaîne hercynienne où nous le trouvons aujourd'hui sous forme de dépôts sédimentaires. Telle me paraît être la solution de ce problème que je pose plutôt que je ne résous. Je laissé à mes collègues plus compétents le soin d'en fournir une meilleure:s'ils le;jugent à propos.

A. BLANQUIER.


UNE SEPULTURE SOUS ROCHE A ROUVENAC (AUDE) par A. FAGES.

A un kilomètre à l'ouest de Rouvenac coule le ruisseau de Conneilles qui prend naissance dans les environs de BauzeilleHaute, et creuse une vallée étroite orientée sud-nord. Ces eaux traversent, avant de se jeter dans la rivière du Fabi, le sparnacien puis au-dessus de la route de grande communication n° 12, l'yprésien et enfin le lutétien supérieur sur le reste de leur parcours. Quelques mètres plus loin, un chemin d'exploitation agricole, aussi capricieux que le ruisseau, semble vouloir suivre son cours. Il est dénommé chemin de Festes et était autrefois plus fréquenté parce qu'il reliait Rouvenac avec Limoux. Ce chemin suit en pente raide les mamelons qui se succèdent et, par ses contours brusques, découvre à chaque tournant un panorama des plus pittoresques.

Au fond dé la vallée et sur la rive gauche du Fabi, Rouvenac avec ses maisons ensoleillées qui se groupent autour de la rustique église ; au sud, la montagne de Calmon qui glisse vers la vallée depuis un couple d'années ; à l'ouest, l'annexe Galier qui, cachée au milieu d'un bois de chênes, semble suivre les progrès de ce phénomène : au-dessus, le plateau de Bouisset et, comme dernier plan, les Pyrénées avec leurs cimes neigeuses.

Le chemin ainsi parcouru présente à son origine une végétation des plus luxuriantes ; quelques blocs de grès lutétien semblent mettre une barrière entre le chemin et le ruisseau, puis, ce sont les fourrages qui succèdent aux vignes et enfin les vacants plantés de chênes blancs dont les frondaisons nous cachent le Conneilles qui coule dans les profondeurs de la petite vallée.

Dans les éclaircies on peut suivre les couches de marnes aux multiples couleurs, que les eaux creusent, amenant sur les rives du Fabi des centaines de fossiles qui font la joie des géologues.

A 1.500 mètre? environ de notre point de départ, une barre de grès lutétien, court de l'est à l'ouest et n'est coupée que par le passage du ruisseau de Conneilles et à l'est par celui de Garbo-


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nière. Le mur rocheux est formé par des blocs mal joints qui atteignent trois mètres de hauteur en plusieurs endroits ; la partie supérieure forme une corniche plus ou moins avancée audessous de laquelle les bergers du pays abritent leurs troupeaux par les jours d'orage.

Sur le point le plus élevé, entre les deux ruisseaux, notre ami F. Dezarnàud, propriétaire à Rouvenac, recueillit superficiellement une perle à côté de quelques ossements qui lui parurent être humains.

A cet endroit la roche supérieure formant corniche avait disparu, elle avait été détachée comme tant d'autres, minée par le temps et avait dû rouler dans le ravin voisin.

Intrigué par cette trouvaille, notre ami revint avec des outils, et en creusant il récolta encore dix-huit perles, dont une brisée, un bracelet, un bouton percé de deux trous et une plaque triangulaire polie sur les deux faces. Toutes ces parures se trouvaient dispersées parmi des ossements brisés. Grâce aux dents récoltées nous avons pu reconnaître deux sujets : Un adulte et un enfant de huit ans environ. Le caisson ainsi dégagé était formé sur trois côtés parole rocher; les dimensions étaient de 0 m. 65 de large sur 0 m 80 de long et 0 m. 75 de haut.

Nous donnons la photographie du bracelet grandeur naturelle. Cette pièce unique et d'une réelle beauté a dû être façonnée dans un bloc de très beau calcaire blanc saccharoïde, autrement dit marbre blanc très fin et translucide. Il mesure 78 millimètres de diamètre et son entrée, assez régulière, a 68 millimètres d'un côté et 65 de l'autre ; un renflement très apparent se voit au milieu et prouve bien que l'ouvrier avait percé ce bijou par les deux côtés à la fois ; sa hauteur est dé 35 millimètres et son poids de 150 gramme. A l'extérieur, les bords sont arrondis sur tout le pourtour et présentent trois sillons en creux.

Les dix-huit perles sont aussi, comme le bracelet, en calcaire, toutes sphériques, plus ou moins allongées, percées d'un trou de suspension qu'on voit souvent ovale par suite sans doute de l'usure. Leur poids varie depuis un gramme jusqu'à sept.

Le bouton est tiré d'une mince plaque de calcaire bariolé, très finement poli et percé de deux trous au centre. Les côtés sont


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parallèles deux à deux ; au milieu d'un côté est creusé un angle aigu. Est-ce un bouton ? ou bien une pièce tôtémique ?

La palette est triangulaire et très bien polie, elle a été sciée dans une plaque de schiste vert. Je dis sciée parce qu'on voit sur deux côtés des repentirs que le polissage n'a pu faire disparaître. Son troisième côté, en arête vive, laisse voir des traces de coup de percuteur afin d'enlever les parties inutiles.

Conclusion : Lors de la découverte, tout nous portait à croire que nous étions en présence d'une mort accidentelle. Nos deux sujets auraient pu, un jour d'orage, s'abriter sous la roche et y rester ensevelis par le glissement d'une partie de la corniche. A l'appui de ce que j'avance, je citerai les deux crânes aplatis puis les ossements brisés ; il ne faut pas y voir le travail des rongeurs, parce que les fractures sont très saillantes. Puis cette perle brisée, n'est-ce pas l'effet d'un choc ? Elle garde à sa coupure la patine, ce qui prouve bien que ce n'est pas le résultat d'un malencontreux coup de piochon.

Mais que signifie cette palette que l'on dit funéraire ? Si c'est une sépulture, il est évident que les corps étaient accroupis, d'abord, parce qUè le caisson était trop petit pour recevoir des corps allongés et puis, parce que les ossements étaient collés sur la paroi du fond et le mobilier funéraire a été recueilli sur la hauteur et dans l'ordre suivant : le collier, le bracelet et'dans le fond, la palette. Cette cavité était orientée nord-sud.

C'est la première trouvaille préhistorique qui ait été faite à Rouvenac, du moins jusqu'à ce jour. Seules, trois haches ont été recueillies superficiellement sur la rive gauche du Fabi : deux en serpentine, qui sont dans la bibliothèque scolaire de Rouvenac et une en phyllade qui fait partie de ma collection.

En amont de Rouvenac et sur la rive droite de la rivière,

s'ouvre la grotte des mythones, qui n'a pas été vidée. On raconte

que cette grotte était autrefois habitée par des fées qui, la nuit,

venaient laver leur linge avec un battoir d'or dans les eaux

—claires du Fabi; or, une nuit, l'une d'elles oublia le battoir qui


Une sépulture sous roche à Rouvenac.



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fut recueilli le lendemain par un passant qui le vendit à un orfèvre. Depuis ce jour-là, par les nuits sans lune et quand le vent souffle dans lés arbres qui Cachent l'entrée de la grotte, on entend des gémissements : ce sont, dit-on, les fées qui pleurent.

Pennautier, novembre 1924

(1) La trouvaille de Rouvenac date évidemment de la fin de la période énéolithique, touchant au début de l'âge du bronze, où l'on ensevelisait dans des cistes : le mobilier funéraire en donne la preuve. Nous lisons dans l'humanité préhistorique par Jacques de Morgan (la Renaissance du livre, Paris, page S7) : « En Egypte, en Scandinavie, le silex se transforme en objets d'art... et les ouvriers deviennent si habiles qu'ils taillent même des bracelets légers et minces comme s'ils étaient faits de métal. » Si l'on faisait de pareils objets en silex, à plus forte raison pouvait-on en fabriquer en calcaire, et plus tard nous en voyons de presque pareils en bronze.

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NOTE PRESENTEE

À LA SOCIETE D'ETUDES SCIENTIFIQUES DE L'AUDE

le 21 décembre 1924

Les débris de poteries que je soumets aujourd'hui à la Société d'études scientifiques de l'Aude proviennent de la commune de Nissan.

Quoique Nissan soit dans l'Hérault, cette localité se rattache géographiquement à Narbonne et se trouve d'ailleurs située entre cette ville et Vendres, autrefois Portus Veneris, port de Narbonne, ainsi que l'a établi M. Félix Mouret, dans ses travaux bien connus sur le temple de Vénus de Vendres et l'emporium phocéen de Villelongue. La distance de Vendres à Nissan est de 7 kilomètres seulement.

Le tènement où nous avons pu, grâce à l'amabilité de son propriétaire, M. Brassens, ramasser ces débris, se trouve sur le prolongement de la voie romaine dite Domitienne, dont les fragments sont connus depuis longtemps, sur mie longueur de 5 kilomètres, les plus rapprochés se trouvant à 2 kilomètres du tènement qui nous occupe. Cette voie romaine reliait Narbonne à Béziers par Colombiers et fut achevée en 121 av. J.-C, par Domitius Oenobarbus.

Enfin l'indication la plus précise se trouve dans le voisinage dé la montagne d'Ensérune, et les vestiges que voici proviennent évidemment de ce vieil oppidum ou de ses dépendances immédiates. Les ruines, d'ailleurs cyclopéemies, de cet oppidum, remontent, d'après Boudard (numismatique ibérienne), à l'invasion des Volkes, et rappellent les murs de Tarragone.

Ces indications essentielles étant rappelées, voici tout d'abord une demi-douzaine de petites briques, dont on trouve des milliers épars sur la surface du sol, toutes de la même dimension. Dimensions d'ailleurs inattendues pour des matériaux de construction : 6 à 7 centimètres de longueur, 4 de largeur, 18 millimètres d'épaisseur. Leur usage aurait dû logiquement se borner à la décoration, mais on est surpris de ne pas rencontrer d'éléments plus importants.


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Les trois fragments de poterie commune qui sont ici depuis le mois dernier appartiennent à un dolium de 1 mètre environ dé diamètre au col, et qui devait contenir au moins 5 hectos. La matière en est très commune et semée de fragments noirs.

J'y ajoute aujourd'hui une auge et une embase d'une matière moins grossière.

Voici quelques débris de poteries brunes dont le profil seul présenté de l'intérêt, à cause de l'absence de décoration.

Voici également des débris d'une fabrication beaucoup plus belle, où l'on trouve quelques ornements : écailles, palmettes, remarquablement élégants, et certainement contemporains à en juger par la similitude du dessin et de la technique.

J'ai eu la chance de trouver une signature Complète sur un débris de cette série. N'ayant pu la déchiffrer, j'en ai envoyé, sur le conseil de M. Poux, une empreinte à M. Salomon Reinach, qui n'a pu que reconnaître la présence d'une M signifiant manu, indiquant donc une origine romaine.

Il me reste à vous signaler un fragment malheureusement unique, décoré d'une peinture blanche en relief, d'ailleurs fragile. Je soumets toutes Ces pièces à la compétence éclairée des membres de la Société d'études, tout en me proposant le mois prochain, d'obtenir de M. Brassens, l'autorisation de faire de nouvelles recherches dans son vignoble.

R. HYVERT.


ETUDE SUR LES GITES FERRIFERES

CONCEDES DES CORBIERES

par R. ESPARSEIL

INTRODUCTION

Le fer, qui tient une large place dans la nature, occupe dans les Corbières un rang très important mis en évidence par une série de gîtes dont quelques-uns sont concédés.

Le dévonien, qui est l'étage minéralisateur du cuivre par excellence, les enclave tous, ainsi que nous le verrons plus loin. Si le cuivre, qui est un métal de roche basique, a trouvé dans le dévonien un terrain favorable à sa formation, le fer, qui accompagne presque toujours le cuivre dans les gîtes a pu, grâce à sa facile solubilité, imprégner le même calcaire et y constituer d'intéressants gîtes de minerai.

C'est ainsi, qu'au Cours de ce travail, nous verrons le minerai de fer constituant le squelette sur lequel se sont faites d'autres formations nouvelles telles que le minerai de cuivre, le sulfate de baryte ou la galène. Il s'établira de cette manière en quelque sorte une certaine liaison entre cette étude et la précédente qui traitait du cuivre dans le même terrain (1). Cette étude sera donc le complément de l'autre.

L'exploitation du minerai de fer dans cette région, fut reprise avant la guerre et se poursuit actuellement. Le moment nous paraît donc bien choisi pour préciser les résultats déjà atteints. Résultats que l'on fit tout d'abord prévoir en les grossissant démesurément.

Ramenés à leur juste valeur, ces gîtes n'en constituent pas moins tout de même un certain intérêt, malgré l'adroit truquage dont ils ont été l'objet. Ce truquage a servi en effet à faire venir les capitaux qui servent actuellement à les exploiter.

Réduire à sa véritable proportion l'importance du minerai de

(1) R. Esparseil. Considération métallogéniques sur la minéralisation cuivreuse du dévenien dans les Corbières B. S. E. S. A. Tome 27, 1921.


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fer dans les Corbières. Indiquer la métallogénie du fer d'après le résultat des travaux, tel sera lé but de cette étude.

Les gites encore inexploités ne seront pas étudiés (1). Quelquesuns seront cependant mentionnés à titre d'indication pour étayer lès hypothèses.

SITUATION

Ces gîtes sont situés dans les cantons de Monthôumet, Lagrasse, Durban et Tuchan, en plein massif des Corbières, entre les villages de Vlllerouge, Félines-Termenés, Davejeau, Palairac, Quintillan, Albas et Talairan, dans une région assez ondulée, de 400 à 600 mètres d'altitude.

Ils comprennent les concessions de Fourques, de la Foliara, de Serremijeanne et de la Caune des Causses.

La suite des gîtes, concédés se poursuit dans toutes les directions par des gîtes non concédés que Ton retrouvé partout où. affleure la nappe dévonienne.

HISTORIQUE

Ils ont été l'objet autrefois d'importants travaux, aussi bien en surface, où ils sont jalonnés par de grands ciels ouverts, qu'en profondeur où se trouvent de grandes excavations, la plupart très anciennes, puisqu'elles ont été creusées avant l'invention de la poudre, à la pointerole et au feu.

Quoiqu'il soit impossible de fixer une date à l'exécution des vieux travaux, les moins anciens, ils paraissent tous antérieurs à 1778 puisqu'à cette époque les archives départementales les mentionnent pour la première fois comme étant fermées depuis' longtemps (2).

Depuis lors ces mines ont été reprises à toutes les époques avec des alternatives de prospérité et de morte-saison suivant l'état politique de notre pays.

(1) Voir pour les détails sur ces gîtes Marius Esparseil, Régime Minéral du département de l'Aude BSESA, tome. 4, 1893.

(2) Marius Esparseil, Voir note 2, page 1.


— 108 — GEOLOGIE

La géologie détaillée de cette région est trop connue, pour que nous l'indiquions à nouveau (1). Nous rappellerons simplement. ainsi que nous l'avons dit plus haut que ces gîtes sont tous enclavés à la partie supérieure de l'étage dévonien composé de calcaires et de dolomies du Frasnien, de l'Eifélien et du Coblentzien.

Le silurien sur lequel repose le dévonien appartient à l'ordovicien. Il est traversé par de nombreux filonnets de quartz ou de porphyrite andésitique à la venue, desquels on pourra rattacher la minéralisation des gîtes de la région. Il est en contact anormal avec le dévonien.

Le carbonifère situé sur le dévonien est rapporté au dinantien. Il est composé de lydiennes, de calcaires et de schistes plus ou moins verdâtres ou noirs.

Les éléments tectoniques que l'on connaît (2) sont des plis ou des failles dépendant des phénomènes de refoulement qui se sont produits à travers les âges. Ils se décomposent en accidents secondaires se présentant sous l'apparence de plis elliptiques. Ces plis sont renversés vers le nord ou limités par des failles qui suppriment le flanc renversé. Ils se sont formés vraisemblablement lors du plissement Pyrénéen pendant la première partie des temps tertiaire.

METALLOGENIE

Le minerai normal de ces gîtes est l'hématite brune, mamelonnée, souvent caverneuse ou concrétionnée d'hématite rouge. Le minerai originel a été certainement le carbonate de fer que l'on rencontre presque toujours en cristaux. Il est plus ou moins altéré dans l'hématite et il faut s'attendre à le trouver uniformément dans les régions profondes si le gîte s'y poursuit.

(1) Voir note 1, page 1 la baryte dans les Corbières E. S. E. S. A., Tome 20, 1909. — B. C. G. Fr. 1901 — B. S. A., Tome 12, 1902, etc.

(2) Compte rendu des Sociétés Savantes 1901. Roussel. Etudes stratigraphiques des Pyrénées. Feuille géologique de Quillan,


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Il appartient aux gîtes dits : de substitution. Formé dans les calcaires par l'action des eaux acides portant en dissolution les éléments ferrugineux qu'elles ont emprunté aux roches à travers lesquelles elles ont circulé. Cette circulation a été rendue possible à travers le calcaire, par ce qu'il a été très perméable et poreux comme tous les calcairees fissurés ou attaqués par les acides. Cette circulation a été facilitée par la transformation du calcaire en dolomie. Cette roche est transformée par les mêmes éléments acides qui sont intervenus dans la dissolution et la circulation des éléments ferrugineux lesquels l'ont imbibée grâce à sa porosité au moment de la réaction.

Ces derniers ne sont peut-être pas arrivés directement de la profondeur avec les sulfures empruntés aux fumerolles accompagnant les roches d'origine profonde. Ils ont pu être empruntés aux roches, grâce aux eaux de surface qui contiennent de l'oxygène, de l'acide carbonique, des acides organiques, des chlorures d'amonium, de l'hydrogène sulfurée, éléments acides suffisants pour extraire des roches ce qui nous intéressé.

Qu'il vienne de la profondeur, ou de la décomposition des roches à travers lesquelles les eaux ont circulé, le fer en dissolution s'est précipité dès que les conditions de milieu ou de pression ont été favorables. Cette précipitation s'est produite de préférence à la partie supérieure de l'étage parce que les eaux qui apportaient leur charge chimique ont été arrêtées dans leur ascension par les schistes imperméables du carbonifère. Ces eaux . essentiellement acides imbibant le calcaire ont abandonné dans son sein les éléments qu'elles avaient en dissolution. Cette imbibition a été liée à une corrosion qui a créé l'emplacement des vides ou des lentilles actuelles. Ces dernières se sont remplies par réaction du calcaire. Ce phénomène a donné naissance au carbonate de fer. Celui-ci s'est transformé ensuite graduellement par oxydation pour produire l'hématite qui est le minerai ordinaire et rationnel de la région.

ALLURE DES GISEMENTS

Jusqu'à aujourd'hui, et sur la foi de rapports émanants dé personnalités distinguées, mais intentionnellement mal rensei-


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gnées, ces gîtes ont été considérés comme une couche se poursuivant du Roc d'Asquiès jusqu'au mont Gailhoumet, c'est-à-dire sur plusieurs kilomètres sans solution de continuité, Un ravin formé par l'érosion, coupait le gîte que l'on trouvait avec la même allure, sur l'autre flanc jusqu'à la Caune de Causses. On en était arrivé même à assimiler ces gîtes à la formation des couches de la Lorraine et les projets d'installations étaient si vastes que s'ils avaient été mis à exécution, il y aurait eu dans ce pays l'armature d'une industrie minière de premier ordre qui n'aurait certainement pas répondu à la réalité des faits.

Quelques disparitions d'organisateurs et la guerre sont venues tout changer et les exploitants actuels intelligemment ramenés à une meilleure compréhension de la situation ont créé l'industrie actuelle qui ne peut que prospérer si on la cantonne dans ses véritables proportions.

Il résulte donc de ce qui précède que le minerai enclavé à la partie supérieure de l'étage présente non la continuité d'un filon ou d'une couche interstratifiée comme on l'a cru tout d'abord, mais l'allure grottée, c'est-à-dire d'une série de lentilles souvent sans communication mais toujours disposées sans loi apparente et dans tous les sens. Ces lentilles plus ou moins importantes ne se révèlent par aucun indice à la surface si l'érosion n'est venu entamer leurs affleurements. Voilà pourquoi il était une erreur formidable de vouloir les recouper en profondeur par un travers bancs, comme il était question de le faire autrefois. Ce sont en effet des amas ou des rognons de minerai de fer qui apparaissent au même titre que le calcaire qui l'enrobe et dont les passages insensibles et continus de la roche au minerai peuvent se suivre de phases en phases à peu près complètement.

On comprend, si, avec une pareille allure le passage du gîte et même la détermination des épontes sont difficiles à faire. Souvent le toit devient le mur et réciproquement et quoique sa situation au voisinage de l'étage supérieur soit admise, aucun indice ne permet de faire état de son prolongement éventuel vers telle ou telle 'direction où on pourrait le recouper.


En fait les lentilles sont réparties dans la masse entière de la nappe tantôt accrochées à une faille tantôt disposées en plein calcaire, il n'y a aucune raison apparente pour qu'on les trouve plus importantes sur un point ou sur un autre, en surface, comme en profondeur. Tout dépend des données de formation qui nous sont inconnues, de la précipitation, comme de la pression, du degré d'acidité des eaux, comme du pouvoir dissolvant de ces dernières.

Cependant si on en juge par les anciens travaux où l'on trouve d'immenses excavations autrefois remplies par le minerai, ainsi que par les travaux modernes qui ont mis en relief un certain tonnage, il peut y avoir encore d'importants amas.

Le tonnage éventuel lorsque la lentille n'est pas rationnellement délimitée est très incertain et toute évaluation non basée sur des travaux régulièrement établis risque de provoquer de regrettables erreurs.

GITES DE FER

LA MAYRE qui est le premier gîte intéressant à l'Est est composé d'un amas considérable d'hématite qui se transforme insensiblement en carbonate de fer en profondeur. Ce gîte reconnu par une galerie et anciennement exploité l'est actuellement à ciel ouvert. Son minerai a la composition suivante :

HEMÀTITE

Perte au feu 10,90 %

Silice 12,00 %

Alumine 3,05 %

Soufre 0,13 %

Phosphore 0,048 %

Fer 45,68 %

Manganèse 2,47 %

CARBONATE APRÈS GRILLAGE

22,70

11,50

0,564

0,08

0,030

39,08,

2,79

25,3 %

17,10%

33,85 % 45,31 %

2,64 % 3,53 %

ROC D'ASQUIES. — Région reconnue par un certain nombre de galeries. Epaisseur de la lentille se rétrécissant à l'avancement 30 m. Longueur maxima des galeries 120 m. ce qui porte les dimensions de la lentille à 100 m. pour une traversée de 27 m, et une hauteur de 50: et 70 m.


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HEMATITE

Fer. 40 %

Manganèse 4 %

Silice. 24 %

Phosphore 0,045 %

Le minerai est parfois trop siliceux pour être utilisable (27 % de silice pour 45 % de fer et 3,60 % de manganèse) à moins qu'on le traite sur place par les méthodes Suédoises pour le traitement des minerais siliceux.

MONTREDON. — Belle lentille en partie exploitée, percée d'une galerie de 88 m. avec les recoupes nécessaires pour la reconnaître

Perte au feu 12,25%

Silice 14,75%

Fer 45,25%

Manganèse 2,20

Alumine 4,85

CONCESSION DE FOURQUES. — te minerai exploité sur le plateau de LACAMP est toujours siliceux. Il est enclavé en partie dans les calcaires dévoniens et en partie dans la dolomie dévonienne. Le minerai qui se trouve dans cette dernière forme corps avec elle sans éponte distincte. Dans les parties voisines du stérile il offre l'aspect d'une dolomie ferrugineuse passant insensiblement au bon minerai au fur et à mesure qu'on s'éloigne du stérile. Ce phénomène dont on peut suivre toutes les phases dans les ciels ouverts du plateau de Lacamp caractérise bien la substitution qui a donné son nom aux gîtes de cet ordre. Il confirme l'hypothèse indiquée plus haut laquelle paraît logique si on réfléchit que la dolomie étant une roche de transformation ayant abandonné une partie de son carbonate de chaux plus soluble que celui de magnésie, il s'est formé un terrain favorable à la substitution. Les vides produits ont été comblés par les éléments ferrugineux très solubles et précipitables par le réactif qui a fourni le carbonate de chaux disparu. Si on ajoute que le pouvoir dissolvant des eaux ferrugineuses a dû être parfois très énergique on comprendra, pourquoi d'une simple


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imprégnation des pores calcaires au début il est possible de suivre toute la gammé des, vides.

Cette région a été froissée dynamiquement. Indépendamment du redressement assez accentué des couches, il existe deux failles de glissements dans une reconnaissance d'affleurements ainsi que dans les travaux dits : Grotte de Lacamp. Les parties caverneuses du minerai de Fourques sont très souvent remplies d'argile du de poussière siliceuse au milieu de laquelle on distingue du bioxyde de manganèse, soit en dendrites soit en boules minuscules, soit encore en une sorte de léger verni sur l'argile ou le minerai. C'est le manganèse argenté des mineurs catalans qui se produit dans les remises en mouvement superficielles des gîtes.

Les travaux de la Grotte de Lacamp repris en 1908 dans les anciens travaux à la côte 530 avaient pour but la détermination de ce gîte. Deux grandes excavations y existent et l'épaisseur du gîte ressort à 15 m. d'après les travaux modernes.

A 400 m. plus loin on trouve les travaux dits Descenderie de Lacamp situés à la côte 537 dans la direction de là Grotte de Lacamp. Ils furent exécutés à la même époque et se composent d'une galerie de 70 m. desservant plusieurs niveaux. Ces travaux démontrent une puissance de minerai de 16 m. Une zone Calcaire est intercalée dans le gîte. Voici l'analyse du minerai dé Fourques :

Perte au feu 10 %

Silice ............... 17,50%

Fer 47%

Manganèse.......... 1,65%

ROC NOIR. — Le Roc Noir est une énorme lentille de 30 m. à 35, de puissance, elle a été comme les autres exploitée par les anciens. Le gîte est enclavé dans le calcaire dolomitique et se rattache à la formation de la partie Ouest du gîte de Lacamp (concession de Fourques). Le pendage des couches étant peu incliné (23 degrés) et la différence de niveau par rapport au gîte de la concession, de la Faliera assez élevé (40 mèfrees), il en


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résulte que le prolongement hypothétique de la lentille- aboutit dans le vide et â été pris par l'érosion. Une faille le sépare du gîte du Gailhoumet (Concession de Serremijeanne). Quelques lentilles sont accrochées à cette faille par laquelle ont dû arriver les eaux thermales ferrugineuses qui les ont formées.

CONCESSION DE LA FALIERA. — Le gîte de Lacamp de la concession de la Faliéra fait suite à celui de la concession de Fourques. Il appartient à la même formation et a été exploité surtout par ciel ouvert. Les analyses sont les suivantes :

Silice.. 12,60% 13,47% 13,47% 12,60% :

Fer... 45 % 44 % 48 % 47 %

Manganèse .... 1,65 % 1,50 % 2,08 % 1,60 %

Perte au feu... 22 % 27 % 13 % 17 %

CONCESSION DE SERREMIJEANNE. — Le minerai exploité est enclavé dans les calcaires desquels il est séparé franchement par les épontes. Des zones argileuses l'enrobent par endroits et une zone de quartz est localisée au toit du gîte. Cette argile est le résultat de la décalcification du calcaire à travers lequel les eaux ont circulé, le quartz celui de la précipitation de l'acide silicique devenu libre par la même décomposition de la roche encaissante.

Une autre partie de la concession est recouverte par la dolomie où se retrouvent les gîtes ayant l'allure déjà indiquée* dans cette roche en voie de transformation. Le calcaire y est remplacé par le minerai molécules par molécules suivant le processus déjà indiqué.

GITE DU GALHOUMET, — Ce gîte semble s'aligner sur les travaux de surface des gîtes précédents par des ciels ouverts anciens. Leur alignement d'abord Est-Ouest jusqu'à la concession de la Faliéra se rédresse Nord-Sud jusqu'au Gailhoumet, le Barenc de l'Homme et la concession de la Caune des Causses. Les gîtes Conservent néanmoins la direction des calcaires qui les enclave c'est-à-dire Est-Ouest 134 degrés. Ces calcaires se redressent Nord-Sud avec un pendage de 25 degrés dans les environs du Gailhoumet sans que la direction du gîte en soit affectée.


Le pendage de ce dernier dans les travaux Ouest est de 8l degrés au Nord, et dans les travaux qui ressortent à l'Est de la montagne de 55 degrés au Nord. Ces pendages constituent les pendages limites du pays.

Des travers bancs situés sur les deux versants vont recouper en profondeur le gîte qui a été exploité par galeries à différents étages. L'épaisseur du gîté constitué par une belle hématite rouge mamelonnée est de 20 m.

Sa teneur est la suivante

Perte au feu 10%

Silice .13 %

Fer : 49 %

Manganèse ........... 2 %

GITE DU TROU DE L'EAU. — Ce gîte fait partie des gîtes situés eu dehors de l'alignement des gîtes que nous venons d'étudier. Cet alignement était fictif eh réalité et admis pour l'ordre de notre sujet. Nous avons dit en effet que l'on observe des lentilles dans tous les sens de la nappe dévonienne. Celle du Trou de l'Eau est située sur les flâncs de l'Escarpement qui domine le Ravin dé Fenouillères. On remarqué sur le même flanc des lentilles situées à toutes les hauteurs jusqu'au droit du Gîte du Barenc de l'Homme. Le Trou de l'Eau est reconnu par un travers bancs de 75 m. avec les recoupés nécessaires. L'épais 1 seur de la lentille dans le calcaire dévonien non loin de la dolomie est de 6 m,

GITE DU BARENC DE L'HOMME. — Si on suit le même flanc du ravin en contournant le Gailhoumet on trouve après une série de travaux anciens sans importance, les vieux travaux du Barenc de l'Homme. Les travaux de ce gîte sont d'une importance exceptionnelle. Il a été exploité presque complètement : à ciel ouvert et une petite galerie récente de 25 m. avec une descenderie de 18 m. effectuée dans la queue du gîte ne donnent aucun résultat appréciable tant l'exploitation de ce minerai a du être intensive.

Son analyse est la suivante :


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Perte au feu ...... 10,80% :

. .. Silice 14,90%

Fer 48,23%

Manganèse 1,65 %

GITE DE BORDEVIEILLE. — Ce gîte fait partie des autres lentilles non alignées sur le Gailhoumet qui est situé au sud de ces dernières. Les travaux consistent en une descenderie de 70 m qui aboutit à d'immenses excavations où se trouve encore un certain tonnage de minerai sur une épaisseur de 2 m.

En voici l'analyse :

Perte au feu 11 %

Silice 17 %

Fer 46,50 %

Manganèse 2,05

La vallée de Marmairane située à l'opposé du ravin de. Fenouillères par rapport au Gailhoumet est percée de vieux travaux disposés un peu partout. L'exploitation des anciens s'est concentrée de préférence dans cette vallée qui offrait des facilités exceptionnelles d'exploitation étant donné que tous les gîtes pouvaient s'exploiter à flanc de coteaux. Leur description qui n'offre rien de particulier qui n'ait été dit nous entraînerait trop loin tout en nous exposant à des redites (1).

GITE DE LA PIGASSE. — Nous citerons cependant le gîte de la Pigasse qui a été repris et dont le résultat après 110 m. de galerie a été de recouper une petite lentille de 4 m. d'épaisseur. .... ;..!.-,. .x ..;,,,. ;

Analyse : - ':

; Perte au feu 10 %

; Silice 27 %

;'• Fer 41%

Manganèse 2 %

(1) Voir Marius Esparseil. Régime minéral du département de l'Aude B. S. E. S. A., Tome 4, 1893 pour le détail des gîtes de la vallée de Marmairane.


Lés anciens travaux plus communément appelés dans le pays Serremijeanne (qui ont donné leur nom à là concession) méritent une mention spéciale parce que ce sont eux qui semblent constituer le point de départ de l'exploitation ancienne du pays. Ils sont constitués au fond de la vallée par de grands vides qui descendent à plus de 80 m, au-dessous du ravin. Le cube enlevé de ces excavations qui paraissent ramassées en un échéveau embrouillé est formidable, si on en juge par les vides qui restent.

CONCESSION DE LA CAUNE DES CAUSSES. — Cette concession quoique séparée dès précédentes par une bande de terrain non concédé, est reliée avec elles minéràlogiquement par le même système de ciels ouverts répartis à la surface du dévonien.

Certains gîtes de la Canne des Causses diffèrent des précédents en ce sens que l'on trouve sous forme de Combinaisons sulfurées des métaux constituant des impuretés que les autres gîtes ne contiennent pas.

Fer ..... ...;... 48,03 %

Silice . 12,04 % 18,48%

Alumine .................. 2,08 %

Manganèse ... ........ 3,00 %

Acide sulfurique .......... 0,82 %

Acide phosphorique ....... 0,096%

Phosphore 0,04 %

".. Cuivre ................... 0;046 % 2;95 %

Plomb ........ 1,47 % 27,60%

Perte au feu 10 %

>- -, Antimoine ................ 32,85%

/s) Argent 6,80%

Soufre .................. 17,95%

Sulfate de baryte non dosé mais en grande:,

quantité.

L'exploitation de Cette concession est concentrée dans le Mont Tauch, commune de Palairac où dans un rayon de 600 m. de côté au centré de cette montagne on ne relève pas moins de 71 ciels ouverts ou attaques superficielles. Le reste de la conces-


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sion est du même ordre et donne une idée de la minéralisation lenticulaire de cette région qui se poursuit bien au delà de ses limites. C'est au mont Tauch qu'est situé le départ du cable aérien qui descend le minerai en gare de Félines-Termenès située à 7 kil. de là. C'est encore au Mont Tauch qu'en décapant une lentille fut trouvé lès beaux restes du Rhinocéros Mercki dont la tête se trouve dans les collections de la Société.

Il est occupé entièrement par la dolomie fortement plissée d'une direction Nord-Sud 20 degrés à l'Ouest et d'un pendage de 20 à 30 degrés à l'Est ce qui correspond parmi les systèmes de dislocations étudiés dans les Corbières à celui du Forez !

A l'Est, à l'Ouest et au Sud du Mont Tauch la dolomie est bordée par les schistes dinantiens dirigés Nord-Sud avec un pendage général de 60 degrés à 80 degrés à l'Est.

La masse dolomitique est traversée de l'Est à l'Ouest par une bande assez importante de calcaire siliciflé dont la formation a suivi la formation dolomitique avec accompagnement ou introduction de fer sous forme de fer spathique et peut-être de pyrite. Ce fer a constitué le nerf principal sur lequel se sont faites d'autres formations nouvelles et facilement solubles. Les gîtes qui semblent dépendre de ce calcaire silicifié sont du cuivre gris, du carbonate et du sulfate de cuivre, de la galène, et des sulfates dé barytes. Ces impuretés sont parfois assez importantes non seulement pour faire rejeter ce fer comme impropre à la métallurgie mais pour constituer un minerai à part de plomb, de cuivré ou de baryte.

Le fait que le fer spathique accompagne toujours la silicification est une indication précieuse pour la prospection du fer dans le pays.

C'est une garantie de prolongation le long de ce calcaire et peut-être même eh profondeur. Cependant il y a beaucoup d'indices qui permettent de préjuger de la disparition en profon(1)

profon(1) Etudes géologiques sur le département de l'Aude.


deur du cuivre, de la baryte et de la galène, lorsqu'ils existent à l'état d'impuretés de cette matière.

Les eaux chargées d'acide carbonique, d'hydrogène sulfuré et de sulfures alcalins ont été assez actives pour extraire de la profondeur la silice, la chaux, la baryte et certains métaux que l'on trouve précipités dans les gîtes superficiels. En général ces métaux et notamment la baryte et le plomb, lorsqu'ils ont été empruntés aux roches d'où les eaux en ont dissout des quantités infinitésiniales, disparaissent en profondeur. En fait, ils semblent bien disparaître, tout au moins dans les chantiers inférieurs en exploitation..

La réaction qui les a formés en surface est de l'ordre dé la formule suivante : Pb SO4 + Ca CO3 = Pb CO 8 4- Ca SO4.

Les sulfates très mobiles se sont trouvés en présence du spath calcaire dissout nar l'acide carbonique, ce qui a donné la réaction précédente qui pour le fer se traduit ainsi :

Fe 2 0" (SO 8) 2 + Ca C08 = 2 Ca S05 + Fe 2 O5 + 2 Co 2 de même pour le cuivre et la baryte.

Les gîtes ferrifères qui sont liés au calcaire silicifié sont très importants dans le Mont Tauch, les autres se trouvent dans la dolomie de la même manière que ce qui a été dit plus haut. Ils sont purs.

Les uns et les autres sont exploités activement par 6 ciels ouverts et des travaux souterrains disposés à toutes les hauteurs sur les flancs de la montagne. Ces travaux fournissent aux usines métallurgiques un minerai d'autant plus recherché par ces derniers que ceux du Canigou s'épuisent petit à petit.

Pour le moment les autres lentilles situées dans cette concession n'ont pas été touchées.

H n'y a pas à notre connaissance d'autres exploitations récentes de fer si ce n'est une petite recherche dans les environs de Bouisse à la ferme d'Aigues-Vives. Nous pensons donc qu'il est inutile de donner la description des travaux anciens, ce qui nous sortirait du but de ce travail, tout en nous exposant à redire ce qui a été si bien étudié autre part.

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GITES D'AIGUES-VIVES. — Non concédés mais décapés par un petit ciel ouvert. Composés d'hématite compacte non caverneuse en plein calcaire dévonien.

Perte au feu 12 %

Silice 3,60%

Fer 57,70 %

Manganèse 0,17 %

Phosphore 0,07%

Telle est l'industrie minière en activité actuellement dans les Corbières ; avec la baryte qui s'y exploite intensivement, c'est à peu près la seule, malgré les intéressants gîtes de cuivre qu'on y rencontre. Il est vrai que ces derniers sont à la veille de reprendre un nouvel essort, ce qui est à souhaiter pour le bien de notre petite patrie.

Juin 1924.


DEUXIÈME PARTIE

II

Rapports sur les Excursions de la Société 1925



EXCURSION DU 17 MAI 1925 A L'ILE DE LA CLAPE

Par R. HYVERT.

Ce matin-là, malgré le beau temps, deux Carcassonnais seulement se joignirent aux cinq dévoués Narbonnais qui devaient nous montrer le chemin de la Clape. Ce peu d'empressement provenait sans doute de ce qu'il y a un très long parcours à accomplir dans un pays difficile : pas de chemin, un sol très rude et heurté.

Si l'excursion fut en définitive fort agréable, et si le déjeuner au bord de la mer, à St-Pierre, fut très réussi, par contre il est à craindre que ni la science, ni les collections de la société, n'aient fait de grosses acquisitions ce jour-là. En effet malgré le bon vouloir des excursionnistes et le dévouement de M. Hélèna, qui porta une grosse corde autour de sa taille pendant le trajet, nous ne pûmes visiter l'OEil doux, ni le Trou de la Mort, curiosités dé la région.

Nous en sommes donc réduits, pour la description de l'OEil doux, à nous reporter au remarquable compte rendu du Dr Bourrel relatif à l'excursion du 29 juin 4902.

Contentons-nous de donner quelques renseignements historiques sur cette fameuse île de la Clape, qui présente vers la mer une saillie rocheuse, occupée par un petit fort de Vauban, et qui est la seule aspérité de la côte entre le cap Leucate et le cap d'Agde, c'est-à-dire sur une étendue de sable de 30 lieues.

La Clape, autrefois entourée de tous côtés par le Lacus Rubrensis était nommée Insula Licci, ou Lecci, puis Lacu, puis Lec.

Cette mer qui faisait la richesse de Narbonne s'assécha progressivement, et l'eau manqua complètement en 1345, sous Philippe VI, à la suite de la rupture d'une digue. Ce fut la disparition du port de Narbonne, qui, à vrai dire, n'avait jamais été fréquenté par les gros navires, puisque Ponponius Mela écrivait déjà, en l'an 50, que le lac Rubrensis, quoique spacieux n'avait qu'une faible communication avec la mer.


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Nous ne pouvons nous étendre longuement sur cette question si passionnante mais si vaste du port de Narbonne, mais pour permettre aux membres de notre société une documentation rapide, donnons une courte bibliographie de la question :

Histoire du Languedoc, par Dom Vaissette.

Géographie, de Strabon.

1° Mémoires sur l'histoire du Languedoc, J. de Catel, 1633.

2° Mémoires du Languedoc, J. Astruc, 1740.

3° Description du département de l'Aude, Baron Trouvé.

4° De l'ancien lac Rubresus, Reboul, 1837.

5° Histoire du commerce maritime de Narbonne, C. Port, 1854.

6° Galliae Narbonasis Historia, Herzog, 1864.

7° Inventaires des archives communales de Narbonne, G. Mouynès, 1877.

8° L'Aude, ses alluvions et le port de Narbonne, H. Cons, 1882.

9° Les villes mortes du golfe de Lyon, Charles Lenthéric, 1883.

10° Notice sur le port de la Nouvelle, Bouffet, 1894.

11° Excursion du 29 juin 1902, à Coursan, Fleury, la Mer; Docteur Bourrel : Bull, de la Soc. Et. Sc. 1903, pp. 62-74. 12° Excursion du 28 juin 1903 à l'Embouchure de l'Aude, Coursan, Salles et Fleury, les Cabannes et la Mer. A. Blanquier : Bull, de la Soc. d'Et. Sc. de l'Aude, 1903, pp. 62-74.

13° Excursions des 31 juillet 1910 et 4 août 1912 à Saint-Pierre et la Mer. G. Sicard : Bull. Soc. Et. Sc. de l'Aude, 1913, pp. 8-22:

14° Le Temple de Vénus, de Vendres. F. Mouret, 1916.

15° Excursion du 25 mai 1922 aux grottes de La Clape. Ph. Hélèna et G. Sicard : Soc. Et. Sc. de l'Aude, 1923, pp. 12-18.


EXCURSION DU 26 AVRIL 1925 A MINERVE

Par R. HYVERT.

Le jour dit, à l'aube, trois membres courageux de la Société d'Etudes Scientifiques de l'Aude décidaient, malgré la pluie, d'accomplir l'excursion prévue, et montaient dans le tramway qui devait les déposer, trois heures plus tard, à Azillanet.

Le wagon était vide, circonstance propice à la liberté de parole ; de là naquit un entretien mémorable, que nous n'avons pas à rapporter ici, mais au cours duquel furent élaborés des projets destinés, sans doute, à marquer, pour notre Société, le début d'une ère nouvelle.

Pour observer avec fruit une ville qui a derrière elle un glorieux passé, qui est restée jusqu'à ce jour dans son fier isolement féodal, loin des itinéraires des touristes pressés, il est utile, avant d'entrer dans la cité, de pénétrer dans l'esprit de ses habitants.

Descendants de ces farouches hérétiques, qui n'avaient cédé aux Croisés que par famine, mais avaient préféré les flammes à l'abjuration de leur foi, les Minervois actuels ont-ils conservé, malgré la décadence de leur cité, quelque trace profonde de leur orgueilleuse indépendance?

A cette question notre célèbre compatriote, Hippolyte Babou, a répondu dans un charmant recueil de contes : « Les Payens Innocents ». M. Amiel, qui vraiment a été le héros de la journée, fit circuler parmi nous cet ouvrage, malheureusement introuvable. L'une de ces nouvelles, traduite plus tard en languedocien par Marguerite Sol, de: Narbonne, nous conte la mésaventure d'un curé de Minerve, l'abbé Chabardès !

Ce curé, trop bienveillant dans ses sermons au gré de son évêque, crut habile, certain dimanche, pour plaire à Monseigneur, de maltraiter un peu ses fidèles. Du haut de sa chaire, il leur reprocha de commettre trop volontiers le péché de paresse. Les Minervois, des paresseux ! ! !

La vengeance des paroissiens ne se fit pas attendre ; le lendemain le curé était réveillé à l'aube, obligé de suivre les hommes de la commune, réunis en bon ordre sous la bannière portant l'inscription : « Colho das Fegnants », et forcé d'accom-


plir, dans les champs, une journée d'ouvrier. Plus encore que le maniement de la pioche et la conduite de la charrue, les agaceries des paysannes sans pitié furent une dure épreuve pour le pauvre curé, qui, par la suite, dit Hippolyte Babou, réserva ses sévérités oratoires aux riches oisifs, variété humaine rare à Minerve.

Cette anecdote, délicieusement contée par Hippolyte Babou, n'est pas connue, et c'est surprenant, des habitants actuels de Minerve, ainsi que nous avons pu le constater au cours du déjeuner, pris en compagnie de membres Narbonnais de la Société d'Etudes, au café de Minerve.

La pluie persistante n'a pas permis aux excursionnistes une visite bien intéressante des curiosités de la région. Nous nous sommes contentés de faire un pieux pélerinage à l'autel de SaintRustique et nous avons repris le chemin du retour.

Si cette excursion a été tronquée par la faute du mauvais temps, elle n'aura pas été inutile, si elle incite les membres de la Société d'Etudes à relire, dans le Bulletin de 1899 (tome XI), le remarquable compte rendu d'excursion de M. Sicard. Plutôt qu'un compte rendu, c'est une véritable monographie, qui retrace toute l'histoire de Minerve et donne de cette cité et de ses monuments une description à laquelle 25 ans de progrès de la science archéologique n'ont rien ajouté.

Les amateurs de géologie trouveront, dans le même bulletin cité une remarquable étude stratigraphique de la région de Minerve, dont il serait intéressant de compléter quelques points, au cours d'excursions futures, que le soleil du Minervois, sans doute, se déciderait à favoriser.

R. HYVERT.


RAPPORT sur l'EXCURSION

effectuée par la Société d'Etudes Scientifiques de l'Aude

le 14 Juin 1925

dans les Corbières ; Villerouge, fermes et Durfort

Le dimanche 14 juin 1925, une confortable Camionnette emportait de Carcassonne pour le Termenès, une dizaine d'excursionnistes que n'avalent point effrayés ni là chaleur excessive des journées précédentes, ni la perspective d'une longue randonnée dans la région la plus aride de l'aride Corbière.

De Carcassonne à la descente dite le Col de Bouc, la route se déroule dans un paysage monotone, en plein étage carcassien de Leymerie, formé par dès dépôts de grès, marnes et poudingues où la vigne croit dans d'assez bonnes conditions. Mais, au sommet du col, subitement le pays change d'aspect. Le point culminant de la côte domine le pittoresque bassin où la capricieuse Bretonne, aujourd'hui presque à sec, roulé paresseusement ses eaux limpides dans le lit rocheux qu'elle s'est creusé au fond du vallon.

Nous descendons à pied de la coté 160 à la Cote 130, et cette rapide dénivellation de trente mètres nous conduit en quelques minutes du sommet du col à un petit pont sur lequel nous franchissons la Bretonne qui, jusqu'à Pradelles-en-Val, coulera sur notre droite. Ce bassin, limité par les dernières ramifications des Corbières et par le massif isolé de l'Alaric, renfermé un gisement fossilifère où l'infatigable M. Fages ne tardé pas à découvrir un. beau fragment de pierre empâté de nombreux turritelles et de quelques autres, petits fossiles indéterminables,

La région la plus dénudée du versant méridional de l'Alaric, est, sans contredit, la partie comprise entre Monze et Pradelles. Ici, plus que partout ailleurs peut-être, l'action destructive du déboisement accomplit son oeuvre néfaste pendant la période galloromaine. Il fallut du bois aux conquérants des Gaules pour les constructions nombreuses qui jaillirent sur tous les points OU Val de Dagne ; « Il en fallut aussi pour travailler les


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métaux, fondre le verre et cuire les poteries, ainsi que pour la fabrication d'une foule de produits industriels déjà répandus à Rome, mais jusqu'alors inconnus chez nous. Afin de satisfaire à ces besoins de toutes sortes, on put voir, du fond de la plaine au sommet de la montagne, la lourde cognée romaine s'abattre sans relâche sur les plus belles essences forestières. L'incendie fit le reste : ne fallait-il pas, en effet, poursuivre jusque dans leurs plus obscures retraites, les derniers descendants des racés primitives qui osaient demander un refuge aux profondeurs insondables des bois, et, quand on ne réussissait pas à s'emparer de leurs personnes, la civilisation romaine n'exigeait-elle pas qu'on les fît périr dans les flammes ? Procédé barbare, lutte atroce de l'homme prétendu civilisé contre l'homme sauvage qui, dans ce combat inégal, font pencher notre sympathie vers ce dernier. » (1) La situation s'est-elle améliorée depuis ? Hélas, non ! Au contraire. Les siècles suivants ont complété la dévastation. De ces riches forêts qui couvraient le pays avant l'occupation romaine, il ne reste plus que la roche nue, où pas un brin d'herbe ne pousse, et nous songeons à cette phrase bien connue de Chateaubriand : « Les forêts précèdent les peuples ; les déserts les suivent. » Après Monze et Pradelles qui n'ont rien de particulièrement intéressant, nous retrouvons le grès de Carcassonne sous formé d'une côte assez raide, dite de Villedaise. Au Pont-Neuf où nous laissons, à l'est, le chemin de Montlaur, la route traverse, sur un kilomètre environ, une bande de quaternaire très fertile, puis pénètre dans le nummulitique couvert d'un riche vignoble.

Nous entrons dans le riant Val de Dagne ou Vallée de Diane, autrefois Vallis Aquitanica. Cette vallée, tout entière dans le nummulitique, est nettement encadrée, au nord, à l'ouest et au sud, par le grès de Carcassonne, et, à l'est, par le garumnien. C'est dommage que nous ne disposions pas du temps nécessaire pour examiner à loisir cette vaste plaine où se fixèrent longtemps les Romains, et où, de nos jours, les fervents de la géologie trou(1)

trou(1) Bulletin de la Société d'Etudes scientifiques 1904. Tome XV, p. 74.


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vent tant de fossiles de la mer éocène. L'examen attentif du relief du sol nous eût permis d'assister par la pensée à l'écoulement des eaux de la mer nummulitique vers la mer actuelle, à l'époque du miocène supérieur, lors du plissement méditerranéen qui produisit les Pyrénées et les Alpes et auquel est dû le relief actuel de notre pays. Nous aurions vu que cet écoulement eut lieu par trois voies différentes : 1° le long couloir Caunettes, Tournissan, Saint-Laurent; 2° la profonde cluse du Congoust, entre Montlaur et Camplong ; et, 3° entre les deux précédentes, le goulet où nous allons nous engager tout à l'heure, trois voies qui convergent vers les vallées de l'Orbieu et de l'Aude, et, par elles, vers l'est, jusqu'à la Méditerranée.

Après Serviès, la route, souvent creusée dans le roc, pénètre dans une gorge étroite et tortueuse qui suit les nombreux méandres de l'Alsou. De chaque Côté de la route, la montagne, tantôt à pic, dresse sur ses hauteurs des roches étranges aux formés bizarres, et, tantôt inclinée, laisse surgir de ses flancs rocailleux quelques vignes minuscules accrochées au roc nu pour y puiser l'on ne sait quelles hypothétiques substances alimentaires. Ce sont cependant ces vignes qu'on est surpris de rencontrer dans un terrain si ingrat qui fournissent cette délicieuse blanquette dé Lagrasse dont le bouquet rivalise avec les meilleurs vins mousseux de notre département. D'un bout à l'autre de ce sombre et interminable défilé dont les sites pittoresques varient à chaque tournant, on éprouve une impression de grandeur sauvage qui rappelle, quoique avec moins de puissance, les plus beaux sites de la Haute Vallée de l'Aude.

Au pont d'Alsou, la rivière se jette dans l'Orbieu que nous allons côtoyer jusqu'à Lagrasse. Avec le regret de ne pouvoir nous y arrêter, nous saluons cette localité dont la riche abbaye sera bientôt l'objet d'une excursion spéciale, et nous suivons la route de Saint-Pierre que nous abandonnerons bientôt pour celle de Villerouge.

A mesure que nous approchons de ce dernier village, notre camionnette nous fraie un passage à travers un pays enchanteur dont la végétation ressemble à celle des landes bretonnes feutrées de genêts, d'ajoncs et de bruyères. Les fleurs d'or des


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genêts et le rouge écarlate des coquelicots s'harmonisent agréablement avec la parure plus modeste des mauves. Les bouquets de thym enrichissent l'air de leur odeur pénétrante et nous respirons voluptueusement les souffles embaumés qu'autour de nous exhalent les fleurs des champs. C'est partout une débauche de couleurs éclatantes et de suaves parfums qui enivrent nos sens et réjouissent nos coeurs. Tout à la contemplation de ce délicieux paysage, nous oublions la longueur du chemin, la fatigue du voyage et la chaleur du soleil qui darde sur nos têtes ses rayons embrasés.

En arrivant à Villerouge, nous avons l'agréable surprise d'y trouver notre aimable collègue, M. Bories, dont les travaux géologiques sont justement appréciés. Après les épanchements cordiaux dictés par le plaisir de nous rencontrer, nous nous dirigeons vers l'église où nous reçoit M. le curé de la paroisse.

La porte de l'église est du pur style roman, tandis que l'intérieur est gothique ; mais d'un gothique timide qui n'a pas osé donner à l'édifice la hauteur des voûtes et la largeur des fenêtres des monuments du XIIe siècle. On sent que l'architecte chargé de cette construction n'était pas familier avec le style de l'Ile-de-France, ou, plus probablement, qu'il a dû terminer, dans le nouveau style une oeuvre déjà commencée dans le style roman, ce qui l'a mis dans l'obligation de concilier les deux formes architecturales. La voûte de la nef est soutenue par deux arcs doubleaux et celle du choeur par une croisée d'ogive assez élégante qui gagnerait à être mieux éclairée. Mais l'église est très sombre, ne recevant un peu de lumière que par quelques petits vitraux. Aussi, dans la demi-obscurité de l'abside, voit-on mal un rétable d'une grande beauté où sont peints douze panneaux du XVIe siècle représentant la vie de Saint-Etienne, témoin, paraît-il, de l'arrestation du Christ. Nous terminons la visite, de cette église par l'examen d'une belle croix en pierre aux armes du Cardinal de la Jugie et d'un bénitier roman formé d'une demisphère creuse de près d'un mètre, de diamètre.


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Le château de Villerouge est d'aspect imposant par sa forme massive et redoutable. Ses quatre tours d'angle, encore debout, sont réunies par des courtines qui ont dû être couvertes dans tout leur parcours à en juger par ce qui eh reste, L'une de ces tours, très haute et assez bien conservée, est surmontée d'une voûte en calotte du milieu du XIVe siècle.

Eh présence de cette énorme masse de pierres amoncelées pour servir à la fois de demeure et de forteresse aux seigneurs du moyen âge ; de ces épaisses murailles sans autres ouvertures que des meurtrières et d'étroits créneaux par où là lumière filtrait péniblement; de ces infernales précautions prises en prévision de luttes fratricides où coula tant de sang français, l'esprit reste Saisi de terreur et empreint d'une tristesse infinie. On a peine à se figurer, devant ces murs à l'aspect farouche, quelle devait être l'existence, non du seigneur souvent éloigné par la chassé ou la guerre, mais de la châtelaine condamnée à vivre en un mortel ennui dans cette sinistre demeure.Aussi comprendon que, pour dissiper sa mélancolie, elle acceptât, parfois avec ardeur, toujours avec joie, les hommages des gais Troubadours qui, d'un naturel peu exigeant, s'estimaient très heureux, lorsque pour prix de leurs chants, ils recevaient un accueil plein de cordialité. Mais, conséquence aussi fatale qu'inattendue de l'architécture du moyen âge, cet accueil exerça une influence inespérée sur la civilisation méridionale. Les Troubadours, en effet, ne se bornèrent pas à louer les charmes des belles recluses; leur rôle -civilisateur fut considérable : A une époque oû, depuis longtemps, l'Art et la Poésie d'Athènes et de Rome avaient cessé de rayonner sur le monde civilisé, on leur doit le réveil des Lettres qui atteignit à son apogée au XIIe et au XIIIe siècles. En outre, d'aprè.s l'historien Chéruel, ces poètes: en langue d'Oc développèrent le caractère: chevaleresque des guerriers et entretinrent le sentiment national chez, les vaillantes populations du Midi menacées par les hommes du Nord. On verra plus loin combien était nécessaire l'influence qu'ils exerçaient sur l'opinion publique en exhaltant l'esprit d'indépendance de nos aïeux.


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Cette visite terminée, nous remercions notre aimable guide et nous remontons en voiture. Nous traversons le coquet village de Félines, et, au col de Bedos, nous nous engageons sur la route de Termes pour descendre de là cote 418 à la cote 260, par dès lacets sans fin et des tournants brusques capables de donner le vertige aux âmes les mieux trempées. Mais la prudence et l'habileté de notre conducteur rassurent même les moins courageux ; et c'est, sinon sans émotions, du moins sans accident que nous arrivons à Termes.

M. le Maire nous y reçoit avec une cordialité exquise et il nous accompagne au château situé à deux kilomètres environ du village.

Le château dé Termes est perché sur le sommet d'une colline flanquée de nombreux précipices qui en rendent l'accès difficile. Ce site sauvage devait admirablement s'harmoniser avec, le caractère batailleur de son propriétaire qui, dans ce nid d'aigle, à l'abri de ces épaisses murailles, pouvait satisfaire Son amour indomptable de la liberté. Les ruines sont majestueuses et rappellent un passé d'une prodigieuse puissance. Ce qui reste de la triple enceinte aux murs énormes, des tours quoique en partie démolies et des arceaux d'une grande hardiesse attestent encore que la forteresse « était de merveilleuse force », suivant l'expression de Simon de Montfort lui-même. (1)

Après un long siège que nous ne raconterons pas et dont on peut trouver ailleurs les détails, la citadelle tomba au pouvoir des croisés comme Minerve, Carcassonne, les Châteaux de Lastours, Puylaurens, Montségur, etc. (2)

(1) La magistrale étude de notïe êrudit collègue, le Dr Courrent,^ publiée dans le tomeXXI de notre Bulletin, année 1910, p. 26-63, me dispense de décrire les châteaux de Termes et de Durfort. Il me suffit d'en conseiller la lecture à nos collègues gui y trouveront, en outre, de très utiles renseignements sur cette intéressante région.

(2) Consulter « Conquête de la Vicomté de Carcassonne », par Simon de Montfort (1209-1211), par M. l'abbé Astruc. (Mémoires de la Société des Arts et Sciences de Carcassonne, année 1912, p. 1-27.


Qu'est-ce que ce Simon de Montfort « qui, en faisant tant de mal, avait acquis tant de renommée ? » Que cet homme qui à joué un rôle si néfaste dans notre région languedocienne ? L'Histoire répond : « Un petit châtelain des environs de Paris, fanatique orgueilleux et soldat féroce qui se montra perfide et cruel dans cette déplorable croisade contre les Albigeois ». Duruy.— Cependant nos ancêtres n'avaient point de crimes à expier; ce n'étaient point des ennemis de la famille et de l'humanité, comme l'ont écrit mensongèrement les Vaux-Cernay et les dom Vaissette, historiens intéressés à lès calomnier pour mieux exalter la fausse gloire de Simon de Montfort. C'étaient, au contraire, des gens simples, de moeurs douces et souvent d'une vertu austère. Seulement ils avaient le tort, aux yeux du violent et autoritaire Innocent III, de ne pas croire à l'efficacité de certains sacrements de l'Eglise, comme le baptême, le mariage religieux et l'eucharistie.

Les oeuvres des écrivains méridionaux des XIIe et XIIIe siècles marquent un progrès réel de l'esprit philosophique ; la population, éprise d'un haut idéal de justice et de liberté, s'adonnait aux arts et à la poésie ; et les Troubadours, chez qui se reflétait l'âme languedocienne, ont exercé une influence heureuse, profonde et durable sur la plupart des littératures étrangères, même sur la littérature anglaise, au dire du professeur Chaytor, de l'Université de Cambridge- Dante qui avait fait de leur langue une étude approfondie, s'honorait d'être leur disciple, et il leur a témoigné sa reconnaissance en leur donnant l'immortalité. Lé XIIe siècle fut l'époque la plus brillante' de notre histoire méridionale; les habitants jouissaient de beaucoup d'indépendance, du respect de leurs droits et d'une entière liberté de Conscience.

Tout Contribuait au développement de la civilisation dans le Midi, lorsque, dit Duruy, « Innocent III organisa le tribunal de l'Inquisition chargé de juger les hérétiques en s'aidant de la torture, tribunal qui a immolé d'innombrables victimes humaines sans réussir à tuer la pensée, parce que le bûcher, moyen de terreur et non pas de conviction, a pu supprimer des hommes, mais jamais une croyance. »


Le tribunal de l'inquisition ne suffisant pas à détruire l'hérésie, le pape confia: aux moines deCîteaux la mission dé prêcher contre les Albigeois une croisade d'extermination. Alors, apprenant avec joie que la grande curée du Midi n'était pas encore terminée, une multitude d'hommes du Nord, dont de, nombreux Allemands, répondirent à cet appel et se ruèrent sur le pays des Troubadours qu'ils couvrirent de carnage et de ruines.

« Ces belles provinces, dit Henri Martin, qui ont tout fait pour la renaissance de la civilisation ; ces intelligentes et fières cités où la liberté a pris un si noble essor ; cette littérature à l'immortel idéal ; cette société sans préjugés où la bourgeoisie traite sur le pied de l'égalité avec la noblesse, tout va s'écrouler dans les flots de sang. Les hommes du Nord, encore une fois, vont déborder sur la Gaule méridionale, écrasant sous les pieds de leurs chevaux de guerre, arts, industrie, poésie et liberté », Combattre l'hérésie albigeoise n'avait été d'ailleurs qu'un faux prétexte pour tenter de justifier cette guerre impie. Le but vrai, celui qu'on n'avoue pas parce qu'il n'est pas avouable, c'était uniquement la conquête de ces belles provinces du Midi dont la richesse du sol et la douceur du climat excitaient la jalousie et la convoitise de la soldatesque des provinces septentrionales. Le but poursuivi fut atteint au-delà de toute espérance et le petit châtelain, Simon de Montfort, se trouva maître des terres du Comté de Toulouse, du duché de Narbonne et des vicomtés de Béziers et de Carcassonne. » (Baron Trouvé.) C'est pour la réalisation de ce rêve insensé que l'ambitieux chef de la croisade fit reculer de plusieurs siècles la civilisation méridionale et répandit sur notre pays la désolation, la terreur, la ruine et la mort. Aussi quelle n'est pas notre indignation quand nous voyons le trop célèbre abbé de Vaux-Cernay nous faire des horreurs abominables de cette abominable tuerie des tableaux révoltants de béate naïveté.

Il est plus de midi quand se termine la visite du château. Nos estomacs crient famine, et c'est sur les bords ombragés du ruisseau du Sou que nous leur donnons satisfaction avec les vivres


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du sac. Après quelques instants de repos et une visite à M. lé Maire pour le remercier de, son bienveillant accueil, nous poursuivons notre route jusqu'à Durfort où, pour demeurer fidèles à notre programme, nous visitons ce qui reste de l'ancien. château féodal. De ce château bâti sur une colline qui domine l'Orbieu, il n'y a plus que des ruines ruinées encore par un récent coup de foudre qui renversa quelques pans de murailles. Bientôt, là comme ailleurs, il ne restera plus rien de ces grandioses constructions médiévales contre lesquelles montent à l'assaut la main des hommes et les phénomènes atmosphériques.

A deux pas de Durfort, Saint-Martin-des-Puits est un exemple frappant de ce que peut la force dévastatrice d'un Cours d'eau dans un pays déboisé. En 1818, ce village comptait 89 habitants. Il n'en a plus que 29 aujourd'hui. Un siècle a suffi pour réduire des deux tiers le chiffre de sa population, et, dans les mêmes proportions, la surface cultivable emportée tous les ans par les débordements dé l'Orbieu. Funestes conséquences du déboisement qui cause la ruine de la population et, par suite, le dépeuplement des campagnes.

Notre programme consciencieusement rempli, nous n'avons plus qu'à regagner nos demeures. A Saint-Pierre-des-Champs, nous retrouvons la route laissée le matin, et, à 7 heures et demie du soir, nous rentrons à Carcassonne entièrement satisfaits de notre journée.

A. BLANQDISR.

BIBLIOGRAPHIE

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BLANQUIER. — Bulletin de la Société d'Etudes scientifiques, année 1904.

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CHATEAUBRIAND. .. Le Génie du Christianisme.

CHAYTOR, Professeur à l'Université de Cambridge. — Ecole Palatine, année 1922.

CHÉRUEL. — Cité par Dalliès et Guy.

Dr COURRENT. — Bulletin de la Société d'Etudes scientifiques, année 1910.

DALLIÈS et GUY. — Précis d'Histoire de France.

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F. Picco, Professeur à l'Université de Gênes. — Discours à l'Ecole Palatine, année 1922.

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Baron TROUVÉ. — Etats du Languedoc et Département de l'Aude.


EXCURSION AU PAYS DE CHËRCÔRB

PAR LIMOUX, LE COL DE FESTES, PUIVERT ET CHALABRE'

Docteur COURRENT

Une excursion organisée pour le 28 juin 1925 réunissait huit membres de la Société d'Etudes scientifiques qui, partis en automobile de Carcassonne à 6 heures du matin parcouraient en vitesse les 25 kilomètres qui séparent le chef-lieu de la ville de Limoux, abordaient vers 1 heures, à un kilomètre en amont de cette dernière, sur la rive gauche de l'Aude, la vallée du Lagagnoux d'abord, celle de la Corneilla quelques kilomètres plus loin. Le programme consistait à gagner Puivert par le col de Festes et celui des Tougnets, carrefour du chemin de grande communication de Puivert à Limoux et de la route départementale n° 12 de Chalabre à Narbonne, visiter les ruines de Puivert, la petite ville de Chalabre et rentrer à Carcassonne par la route départementale de Limoux à Foix, qui coupe les Corbières occidentales aux Cols du Bac et de la Besole.

Nous venons de quitter la route nationale n° 118 d'Albi en Espagne par Carcassonne, Limoux, Quillan et la haute vallée de l'Aude, et nous voici bientôt au petit village de Magrie (298 h.) bâti à une centaine de mètres de la route sur le Lagagnoux dans une bande de terrain lutétien moyen qui se prolonge jusqu'à la source de ce ruisseau en amont de Tourreilles. La vigne domine sur les collines de la vallée et fournit cette pétillante blanquette de Limoux et Magrie, dont la renommée s'étend bien au delà de notre département.

Par une double pente sinueuse qui coupe l'éperon lutétien s'étendant entre le Lagagnoux et la Corneiïla, nous tombons dans la vallée de ce ruisseau dont nous allons remonter le cours jusqu'au col de Festes.


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Entrés d'abord dans .Une petite bande d'yvrésien, nous coupons une succession de propriétés morcelées, complantées de vignes; après des rampes peu importantes de calcaires à Miliolithes du thanétien, nous abordons, le long du ruisseau, sur la rive droite surtout, dans laquelle est assise la route, une bande d'alluyions quaternaires pendant, un parcours de 3 kilomètres,

Ce sont ici, après Magrie, le long de la route et du ruisseau, une succession de propriétés morcelées, complantées de vignes, de céréales, de prairies naturelles et artificielles.

Brusquement, sur la rive droite de la Corneilla, en aval de Bouriège, s'élève en bordure de la bande de terrain quaternaire signalé tantôt, la colline et le rocher sparnacien sur lesquels se profile la silhouette du village de Roquetaillade avec son château.

Le programme de l'excursion ne comporte pas ascension vers le manoir; le détour que cette visite nécessiterait ne nous permettrait pas d'arriver à l'heure convenue à Puivert et à Chalabre. Nous nous contentons de réveiller les souvenirs historiques que rappelle le nom de Roquetaillade.

Déjà au XIIe et au XIIIe siècles, le dit manoir et le pays étaient dans les possessions d'importants seigneurs si on en juge par les actes officiels auxquels ils ont pris part.

Dalmatius Bemardus de Petrataliata fut témoin, en 1068, dans un accord entre le comte de Barcelone, la comtesse Adelmude et leurs enfants qui restituèrent à Raymond Bernard et à sa femme Ermengarde, et à leurs enfants tous les « castra » et toutes les « villas » avec leurs églises et leurs terres « totos alodos » que Pierre Raynaud comte et Roger son fils avaient possédés dans le comté de Carcassonne et de Razès... Dans le cas où le comte d'Albi mourrait sans enfants, les droits cédés par le comte de Barcelone lui reviendraient (H. du Lang. Ed. Privât, tome V, pages .558-559).

Bemardus de Petratajada est témoin en 1087 d'un plaid ténu en Roussillon et d'une restitution faite à l'église d'Elne (H. du Lang., Ed. Privat, t. V, p. 706).

En 1158, Dalmatius de Patrataiada major est témoin d'un accord entre Raymond Bérenger, comte de Barcelone et Ray-


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mond Trencavel, vicomte de Béziers, par lequel le comte de Barcelone s'engage d'aider Trencavel avec ses hommes contre Raimond, comte de Toulouse. (H. du Lang., Ed.. Privat, t. V, p. 1.222).

Roquetaillade et ses terres se trouvent au XIIIe siècle, dans la mouvence des seigneurs de Mirepoix et en 1272, dame Jacqueline, seigneuresse du château de Roche-Taillée, feudataire du seigneur de Mirepoix, sur l'injonction du Sénéchal de Carcassonne, Guillaume Cohardon, fut obligée de rendre à dés gens d'Alet, des bestiaux confisqués par ses gardes sûr des terres où elle avait défendu le pâturage, et de rapporter des règlements par elle promulgués en matière de dépaissances,

Le seigneur de Mirépoix, Guy de Levis III fit un recours au roi pour protester contre les abus commis par le Sénéchal au sujet de l'administration de ses fiefs et dans l'exercice de sa juridiction. (Cartulaire de Mirepoix, tome II, p. 333-334.)

Le château et les terres de Roquetaillade, après la guerre contre les Albigeois, appartenaient à la famille de Rivière.

A la fin du XIIIe siècle, les seigneurs de Montfaucon, devinrent co-seigneurs de Roquetaillade par le mariage de Raymond-Bernard de Montfaucon avec Amable de Rivière, co-seigneuresse de de Roquetaillade, Conilhac, Villars, Mornac et trois autres places. Raymond-Bernard de Montfaucon donna quittancé de la dot de sa femme le 6 décembre 1324 à Jean de Rivière, seigneur de Roquetaillade, son beau-frère.

De son mariage avec Amable de Rivière, Co-seigneuresse de Roquetaillade, naquit Augier de Montfaucon, dont le fils RainaudBernard de Montfaucon, damoiseau, succéda à tous les biens de la maison de Rivière, par la mort de Jean Rivière, frère d'Amable, seigneur de Roquetaillade, Connillac, Villars, Mornac, etc., suivant acte du 16 décembre 1382. Dès ce jour, jusqu'en 1739, la famille de Montfaucon posséda la seigneurie et le Château de Roquetaillade et ses dépendances. Rainaud-Bernard vendit alors tous ses biens de la maison de Comminges à Jean, vicomte d'Armagnac, qui avait épousé la dernière comtesse de Comminges.


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On compte parmi les représentants de cette antique famille de Montfaucon de Roquetaillade, des personnages célèbres qui ont joué un rôle important dans la carrière ecclésiastique et dans l'histoire.

1° Claude de Montfaucon, second fils de Jean de Montfaucon de Roquetaillade, fut baron de Vezenobres et d'Alais conseiller, chambellan du roi, capitaine de cent gentilshommes du roi, sénéchal de Carcassonne en 1487, lieutenant du royaume de Naples, où il mourut le 10 mars 1489.

2° Timoléon de Montfaucon, dit de Quilognac, seigneur de Roquetaillade, Corneilla, Quilognac, Soulatgé, etc.. Il était né en 1600. Il fut page du roi, officier dans l'année du duc de Montmorency, subdélégué des maréchaux de France. Au duc de Montmorency, qui essayait de l'entraîner à la révolte, il répondit fièrement : « Mon âme est à Dieu, mon épée est au roi. » Il mourut à l'âge de 88 ans.

Il comptait dans sa nombreuse famille onze enfants parmi lesquels :

Jean-François qui lui succéda dans la seigneurie de Roquetaillade et fut gouverneur des enfants du prince de Conti.

Louis, bénédictin de la congrégation de Saint-Maur.

Barthélémy, tué en Piémont en 1690.

Deux filles, chanoinesses au monastère de Sainte-Marthe à Limoux (l'une d'elles fut abbesse).

Dom Bernard de Montfaucon, célèbre bénédictin de SaintMaur « une des gloires du Languedoc et de l'érudition française, » (1).

(1) Né en 1665 au château de Soulatgé, qui se trouvait dans la seigneurie de son père, Timoléon de Montfaucon ; mort en 1741, à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Il suivit d'abord la carrière des armes et se distingua dans deux campagnes sous les ordres de Turenne, Fatigué du métier des armes, il entre en 1675 ou couvent Bénédictin de la Daurade à Toulouse, où il étudia les langues anciennes. A Paris, où il fut appelé et où il travailla à la correction des éditions grecques des Pères de l'Eglise, Montfaucon se lia avec Ducange. Dans son voyage en Italie qu'il effectua en 1698, il fut honorablement reçu par le Pape Inno-


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Le fils de Jean-François de Montfaucon de Roquetaillade, Nicolas, mourut sans postérité. Sa soeur Louise, mariée au seigneur de Villarzel fut l'unique héritière; elle eut neuf enfants. Mais la terre de Roquetaillade ne devait pas demeurer longtemps dans la famille de Montfaucon. C'est à l'occasion de la vente de cette seigneurie que Bernard de Montfaucon écrivit en 1735 une lettre dans laquelle il dit : « L'appréhension que j'ai que la « terre de Roquetaillade ne soit vendue et passe en des mains «étrangères me peine; nous étions là depuis 1389, voilà 346 « ans. »

C'est bien en effet depuis 1389 que le domaine tout entier de la seigneurie de Roquetaillade appartenait à la famille de Montfaucon, originaire du Comminges, mais en réalité, RaynaudBernard de Montfaucon-le-Vieux, contemporain de Louis IX, était en paréage avec le comte de Comminges à Naulin, Lassenac et Saint-Girons, lorsque son fils aîné Raimond-Bernard épousa vers la fin du XIIIe siècle Amable de Rivière, co-seigneuresse de Roquetaillade et réunit ses armes : de gueules au faucon d'argent posé sur un mont de même, à celles de Rivière : de gueules à trois chevrons d'or (1) (Villain, France moderne).

C'est à la famille d'Espezel que furent vendus le château et les terres de Roquetaillade. M. d'Espezel de Roquetaillade fut tenu de soutenir la suite d'un procès commencé le 3 novembre 1498 entre les communes de Roquetaillade, d'Antugnac et les seigneurs de ces lieux et terminé par un arrêt de 1767 et un jugement de

cent XII, et y visita les villes et les monastères les plus remarquables. Après son retour en France, il fut reçu membre des Inscriptions et belles-lettres en 1719, avant son départ pour l'Italie, de 1678 à 1686. Dom. B. de Montfaucon enseigna la philosophie et la théologie à l'abbaye dé Lagrasse et commença ses travaux d'érudition grecque et latine. (Hist. littéraire de la Congrégation de Saint-Maur, p. 586. — Cartulaire Mahul tome II, p. 424.

Le célèbre Bénédictin a écrit de très nombreux et savants ouvrages dont on trouvera l'énumération dans le dictionnaire de biographie et d'histoire de Dezobry et Bachelet.

MORERI.

(1) Archives de M. le Comte de Roquette-Buisson famille dans laquelle s'est éteinte dès la fin du XVIIIe siècle la famille de MontfauconRivière de Roquetaillade,


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1789 fixant les limites des terres sur lesquelles les habitants de ces communes avaient le droit de paccage et de lignerage.

La terre et le château de Roquetaillade passèrent en nivôse, an XII, à la dame Marie-Jeanne-Victorine Andrieu, épouse d'Anne-Louis-Henry-Charles-Prosper-Ambroise de Monsabert (1).

La route suit la rive droite de la Corneilla, passe au pied du château de Saint-Salvadou, dont l'ancienne chapelle désaffectée était une dépendance de l'abbaye d'Alet (Ecclesia Sancti Salvatoris juxta ripam Corneliani sita — Gallia christiana. VI Inst. C. 109.) La vallée est encore resserrée et ne s'ouvre qu'au village de Bouriège (257 habitants) à l'embouchure des eaux qui descendent des pentes de Conilhac par le ruisseau de La Serpent, et de la Corneilla formée par le ruisseau de Bourigeole et celui de Courtalpla dont nous allons remonter le cours jusqu'au col de Festes dans des terrains du lutétien moyen et du lutétien supérieur.

Le petit village de Bouriège est frais, ombragé et bien arrosé ; la vigne y pousse encore, mais le pays est émaillé de jardins potagers et de prairies complantées d'arbres fruitiers abondants et variés.

La visite rapide des archives communales ne nous fait rien découvrir d'intéressant au point de vue historique ; après un court arrêt, nous continuons à remonter la vallée vers Festes et Saint-André, deux petites sections d'une commune sans importance (367 habitants). Un château à tourelles dans le style du XVIe siècle domine Festes et une église romane du XIVe siècle dédiée à notre Dame (1347 — Ecclesia de Effesta, Arch. vaticanes), était unie au chapitre d'Alet.

Les cultures changent totalement à partir de la section de Saint-André ; la vigne disparaît, le terrain très morcelé est semé de céréales ou bien couvert de prairies, naturelles ou artificielles.

(1) V. Bulletin de la Société des Arts et des Sciences de Carcassonne et le manuscrit appartenant à M. Gabriel Mullot de Pech-les-St-Hilaire. Ce manuscrit contient « arpentement » des terres de Roquetaillade avec cartes et plans, copies des actes et des transactions diverses entre les communes et leurs seigneurs.


Nous sommes arrivés au pied des montagnes qui forment et ferment le cirque de la vallée. A partir d'ici et à petite allure, l'automobile grimpe des pentes boisées de chênes, sur un chemin pittoresque en lacets très brusqués ; la vallée devient de plus en plus profonde et du col de Festes que nous atteignons enfin à 674 mètres d'altitude se développe à nos pieds vers Limoux une vue fort impressionnante sur tout le vallon de la Corneilla jusqu'à son embouchure dans l'Aude.

LEGENDE

1 Cour rempli de décombres.

2 Chapelle.

3 Voûte.

4 Anciens appartements.

5 Petite cour.

6 Esplanade.

Emplacement

du château

primitivement

habité.

7 Logement des gardes et écuries,

8 Petite cour.

9 Passage pour le service des tours.

10 Porté de l'Esplanade.

11 Porte de la place d'armes.

12 Place d'armes (Cour d'honneur) .

13 Escalier des remparts.

14 Porte de Chalabre. la Porte de l'Yero.

16 Tour d'angle N. E.

17 Tour à pierres en bossages. 18 Tour de l'habitation.

19 Tour écroulée.

10 Autre tour d'habitation.

21 Tour Carrée du Sud.

22 Tour d'angle S. E.

23 Appartements détruits.

24 Donjon.

NOTA BENE. — Les dessins du château de Puivert sont tirés d'un manuscrit inédit de 1860. L'auteur de ce manuscrit est Gayraud de St-Benoit. . Il signe sous le pseudonyme de « l'Hermitte de St-Benoit. Ce manuscrit est la propriété du commandant Vauges.

Un petit plateau fertile et des bois de chêne luxuriants entourant la métairie de Bordeneuve succèdent au col, et au nord s'étend, vers le pays de Chalabre. et de Mirepoix un splendide panorama sur plus de quarante kilomètres d'étendue et donne

Plan général du Chateau de Puivert.


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une idée très nette de l'importance des fiefs que Simon de Montfort avait concédés : Puivert et le Cherkorbez à Lambert de Thurry et plus tard à Pons de Bruyère et à ses descendants, le pays de Mirépoix et la citadelle de Montségur, à Guy de Lévis, maréchal des Albigeois.

Sous l'ombrage de ces superbes bois de chêne, à travers des bandes étroites et successives de terrains divers, lutétien moyen, yprésien, sparnacien, nous dévalons rapidement sur une rampe sinueuse en hélice à lacets très vifs vers le col des Tougnets, d'où la vue s'étend à l'est dans la vallée du ruisseau du même nom vers Espéraza, à l'ouest dans la vallée du Blau vers Chalabre.

Encore quelques kilomètres sous bois et dans le beau ciel bleu se détachent sur son rocher dénudé les majestueuses ruines de la forteresse de Puivert (1).

A travers champs et par un sentier caillouteux, nous arrivons au milieu des masures, restes informes d'anciennes demeures dont les ruines sont encore désignées sous le nom pompeux de : la Ville. Nous sommes au pied de la citadelle qui nous domine de toute la hauteur du plateau et des murailles fort bien conservées, en partie du moins, et qui donnent grand air à cette antique forteresse du moyen âge.

Vue général edes ruines du Château de Puivert, prise du côté du Midi.

(1) Le Château de Puivert est bâti sur une colline de terrain danien avec marnes rouges et dalles lithographiques.


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En la contournant, nous voici bientôt amenés, grâce à une ascension progressive, à l'entrée principale ouverte sur la façade qui regarde le levant: C'est par cette porte que nous allons pénétrer. Un pont de pierre jeté sur l'ancien fossé, remplacé le pontlevis qui, abaissé, donnait accès dans la citadelle, et relevé contribuait à en empêcher l'entrée, aidé pour cette fin par une herse et des battants de bois aux pesantes ferrures. Trois arcs en ogive et sans ornement forment le cadre de ces défenses.

La porte ogivale est surmontée d'un écusson sculpté dans la pierre. C'est bien le lyon à la queue fourchue et nouée des seigneurs de Bruyères.

Cette porte à triple défense s'ouvre dans le rez-de-chaussée d'une tour carrée, voûtée en berceau ogival, et débouche sur un vaste espace carré de 80 mètres de long, sur 47 mètres de large, immense quadrilatère à grand axe est-ouest, délimité à l'est, au nord et au sud par des courtines et des tours, clôturé à l'ouest par la façade orientale du donjon et les murailles qui réunissent ce dernier vers le nord aux courtines, vers le sud à une tour désignée sous le nom de Tour vert

Les murs d'enceinte sont décapités au niveau du chemin de ronde; ils sont percés de meurtrières au niveau du sol et, à deux mètres au-dessus, règne une série de corbeaux légèrement saillants, destinés sans aucun doute, à élargir du côté de l'intérieur, le chemin de ronde, par dès tréteaux continus sur lesquels les défenseurs avaient accès par la porte intérieure percée

Vue intérieure de la Cour d'honneur du Château de Puivert, prise de la porte de l'Yero.


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au premier étage des tours ; celles-ci interrompent la continuité des courtines.

Ces tours de défense sont au nombre de six ; elles sont en avancement par rapport à l'alignement du mur d'enceinte.

Aux extrémités du mur qui regarde l'orient, formant angle avec les courtines du nord et du sud, se trouvent deux tours rondes, tours du quayré. L'une, celle de droite, est complètement debout, une porté étroite la fait communiquer avec la cour par son rez-de-chaussée, éclairé au moyen de meurtrières

Le premier étage a disparu et il ne reste que les corbeaux qui le soutenaient. Sur ce premier étage s'aperçoivent deux portes opposées, comme d'ailleurs dans toutes les tours, et c'est là une preuve que la communication du chemin de ronde ne se faisait que par leur intérieur.

La tour du quayré située à l'autre angle s'est écroulée depuis de nombreuses années, peut-être même a-t-elle été volontairement démolie en vue de l'utilisation des parements en pierre taillée. Une partie de l'enceinte du nord a été entraînée. Il ne reste que le pied de la tour et de la fortification en dessous du niveau de la cour d'honneur.

A droite, les courtines du nord sont interrompues par une tour ronde, appelée Tour Bossue, à cause de la forme de son parement en bossages, type de construction de l'époque de Philippe le Hardi.

Du même côté, les courtines viennent s'appuyer au mur du donjon contre lequel on aperçoit une rampe, vestige d'un escalier par lequel on accédait au chemin de ronde. En dessous de l'escalier s'ouvre une porte désignée sous le nom de porte de Chalabre.

Sur la face opposée, et faisant suite aux remparts démolis, on aperçoit une tour carrée de belle allure, appelée tour Gailharde, bâtie juste en face de la tour Bossue. Par la porte du rez-de-chausséé qui a disparu, on aperçoit une salle basse en souterrain, par rapport au sol dé la cour. La salle du premier étage ne possède que ses corbeaux, le plafond de cette salle est formé par une voûte en berceau. De l'extérieur on aperçoit! les vestiges d'un escalier qui est suspendu dans une échauguette et qui menace depuis bien longtemps de s'écraser sur le sol.


— 147 — Les courtines se continuent jusqu'à la tour Vert où se terminait le circuit des remparts.

Il faut noter que le chemin de ronde traverse la tour carrée (tour de l'Hyère) dans laquelle est ouverte l'entrée du Castrum. Au premier étage de cette tour les deux façades, intérieure et extérieure, sont percées chacune d'une fenêtre trilobée avec colonnettes et chapiteaux à feuillage.

La partie la plus intéressante de cette place forte est sans contredit le Donjon dont l'accès est un peu difficile, surtout avec le vent de Cers qui soufflait en tempête au moment de notre visite. Cependant, guidés par M. Ferrie, que M. le maire de Puivert avait envoyé à notre rencontre, nous avons pu d'abord pénétrer dans les ruines informes situées à l'ouest du château. Ce sont là les restes du camp retranché, qui était seul debout au moment du siège de Simon de Montfort en 1210.

De ce point, on aperçoit la façade ouest de cette immense et imposante tour carrée du donjon qui ne mesure pas moins de 15 mètres de large, 20 mètres de long et 35 mètres de hauteur.

Contre ce mur, s'appuyaient certainement l'ensemble des habitations et des communs du château, que ne sont aujourd'hui que pans de murs ruinés, voûtes crevées, escaliers à peine soupçonnés, tours presque informes, dépouillées par le vandalisme des populations, de leurs pierres taillées de revêtement.

On aperçoit sur cette façade, toute sillonnée d'arrachements, des hernies de pierres saillantes, vestiges de murs détruits ; elle est trouée à toutes hauteurs de portes béantes qui laissent apercevoir les spirales d'escaliers intérieurs que nous allons suivre pour monter aux divers étages de la tour.

L'attention est frappée aussi et surtout par une porte béante en ogive à la hauteur d'un premier étage. A droite et à gauche de cette porte on aperçoit deux écussons sculptés dans la pierre; celui de gauche représente le «lyon grimpant avec la queue nouée et fourchue » qui est des seigneurs de Bruyères; il est surmonté d'une figure en relief représentant un guerrier casqué et couvert d'une cotte de mailles ; le second à droite porte accolés les blasons de Bruyères au lyon grimpant, et les armes de Melun


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avec ses sept besans 3-3 et 1 posés de face. Il est surmonté d'une figure en grand relief représentant une dame tenant un faucon sur la main. (1) (V. f. page 150).

On ne peut pas accéder dans le donjon par cette porte, mais en grimpant de pierre en pierre, on arrive par une poterne un peu plus élevée, creusée dans l'épaisseur des murs du donjon, jusqu'à un escalier en spirale pratiqué dans l'intérieur de ces mêmes murailles. Cet escalier conduit à la salle la plus élevée de la tour, et se continue même jusqu'à la toiture installée pour la protection du monument.

Malheureusement, ce travail de conservation se démolit d'année en année et le jour n'est pas éloigné où la tour sera de nouveau complètement découverte.

La salle la plus élevée du donjon est atteinte en abandonnant l'escalier à gauche duquel s'ouvre la porte d'entrée.

Cette salle peut être appelée salle des musiciens à cause même des figurines qui y sont sculptées.

(1) Armes de Bruyères : « d'or, ou lyon de sable, armé et lampassé de gueules, la queue fourchue, nouée et passée en sautoir « avec la devise : Sola fides sufficit ».

Armes de Melun : d'azur aux sept besans d'or, posés 3-3 et 1 au chef d'or ».

Armes de Bruyères et de Melun.


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Salle supérieure des Musiciens. En bas, armes de Bruyères et de Melun


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Salle inférieure, dite de la Croisade.


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La voûte a huit nervures qui la divisent avec une gracieuse régularité ; elles partent d'une clef ronde où se trouve sculpté le double blason de Bruyères et de Melun ; elles reposent sur des culs de lampe supportés par des personnages en grand relief, et ces personnages représentent des musiciens jouant de leurs instruments de l'époque.

Cette salle a plus de huit mètres d'élévation sous la clef de voûte ; elles est éclairée par trois fenêtres percées dans les façades est, sud et nord. Ces ouvertures trilobées, avec leurs ogives mutilées sont creusées dans l'épaisseur énorme des murailles qui n'ont pas moins de trois mètres et où sont ménagés de larges sièges.

La salle qui est immédiatement au-dessous est ajourée par deux fenêtres du même style que celles de la salle des musiciens. Elles sont ouvertes, l'une à la façade nord, l'autre à la façade du midi. Une porte ogivale se trouve sur le couchant ; elle faisait communiquer le donjon avec les appartements du châtelain.

L'élévation de la voûte est de 7 mètres au-dessous de la clef qui représente Dieu le Père couronnant la Vierge. Cette voûte est formée par 6 nervures qui viennent aboutir à des culs de lampes sculptés de figures en grand relief représentant un moine, des personnages à longs cheveux et à longues barbes tenant des banderoles ; à droite on aperçoit un saint Michel terrassant le dragon, et vers la fenêtre de la façade méridionale, il faut admirer une sorte de niche aux fines moulures, aux colonnettes gracieuses, avec ornement central (une tête ailée à la bouche béante).

Les historiens donnent à cette salle une affectation religieuse. Gayraud de Saint-Benoît, dont j'ai présenté, à l'une des dernières séances de la Société, un manuscrit de 1861, dans lequel il étudie les ruines du château de Puivert, appelle cette salle « salle de la Croisade » et il attribue à chacune des statues, d'après leur attitude, un rôle des personnages de la guerre des Albigeois. Il y voit Simon de Montfort, Saint-Dominique, Raymond VI, comte de Toulouse, Raimond Roger, comte de Foix, Thomas de Bruyères. Cette opinion originale semble un peu hasardée.

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À l'extrémité inférieure de l'escalier, s'ouvre une troisième salle qui ne possède rien du style gothique des deux premières. Sa voûte est en plein cintre. Elle est sévère d'aspect; elle était certainement affecté 3 au service des gardes du château. Elle est éclairée par deux fenêtres à l'embrasure desquelles on accède par des degrés et des sièges maçonnés. Ces deux fenêtres sont percées aux façades du nord et du sud, et dans un angle de la salle, vers le nord-ouest, le plancher est percé d'un trou. En dessous se trouve une quatrième salle dans laquelle les visiteurs descendaient autrefois au moyen d'une échelle. Si nous nous rapportons à ce qu'en dit Gayraud de Saint-Benoît, cette salle souterraine possède l'aspect d'une prison, et on y accédait par un escalier tournant dont la porte supérieure se voyait encore en 1861 au mur du donjon, cet escalier la mettait en communication avec les appartements du châtelain, il continuait même de descendre dans une cinquième salle où se trouvent des cachots creusés dans le sol, une citerne et un chemin souterrain qui va sortir à une lieue de Puivert (?)

Avec la visite de la salle des gardes se termine notre randonnée à travers ces ruines imposantes. Nous revenons par le même chemin jusque dans la cour d'honneur, et de là par dessus les courtines démolies nous jouissons du panorama qui se dresse à nos yeux vers le sud, l'est et l'ouest.

Au pied des remparts l'on aperçoit les quelques chétives masures qui s'abritaient sous la forteresse, plus bas, l'ancienne chapelle votive de Notre-Dame de Bon Secours (1), le village actuel de Puivert bâti sur les bords du Blau, au niveau de la fracture qui, en 1279, donna brusquement passage aux eaux de l'ancien lac de Puivert, inonda tout le bassin inférieur de la rivière de l'Hers, emporta plusieurs villages qui ne furent pas rebâtis (La Redorte. V.- Cartulaire Prouille. P. Balmes), détruisit complètement la ville de Mirepoix construite alors sur la rive droite de ce cours d'eau.

(1) Notre-Dame de Bon Secours de Puivert par l'abbé Rivière, vicaire à St-Vincent 1904, chez Bonnafous-Thomas.


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Au-dessus de ce lac crevé on aperçoit une vaste plaine quaternaire très fertile, de 1.600 hectares de contenance, où sont construits tout une série de hameaux qui portent presque tous le nom de « camps » (Camp Sadourny, camp Saure, Camp Barbe, camp Rouge, camp Marcel, camp Ferrié...) noms que la légende et les historiens locaux attribuent aux' officiers subalternes, collaborateurs du seigneur de Puivert, récompensés par ce dernier de leur zèle par la dotation de ces fiefs dont ils étaient les usufruitiers à la condition expresse de faire la garde du château de leur suzerain. (Gayraud de Saint-Benoît. — Casimir Pont. — La Terre privilégiée.)

Si l'on tourne le regard vers l'orient, on aperçoit à l'extrémité est de cette plaine le village de Nébias et tout au loin les ruines du château du Bezu, et plus loin encore, la silhouette superbe du Pech de Bugarach (1.250 m.) ; vers le sud l'on voit les cîmes neigeuses du Pic Saint-Barthélémy (2.343 m.) ; plus près de nous les contreforts qui portent les forêts luxuriantes et les sapinières de Bélesta et de Puivert. Vers l'ouest s'ouvre la vallée ombragée du Blau qui coule ses eaux vers Villefort et Chalabre.

Nous redescendons, en devisant, les pentes de la colline couronnée par les belles ruines que nous venons de visiter. M. Poux nous affirme que de la citadelle assiégée en 1210 par Simon de Montfort, il ne reste que les pans de murs et les tours éventrées qui couvrent la partie la plus occidentale de ces majestueuses ruines.

La partie la moins ancienne est constituée par le donjon, les courtines, les tours et la place d'armes qui portent le cachet de l'architecture de la fin du XIIIe et le commencement du XIVe siècle. A défaut d'autres preuves, il en est une certaine, c'est la représentation des armes de la famille de Bruyères à l'entrée du château, à la clef de voûte d'une des salles du donjon (les deux écus accolés des seigneurs de Bruyère et de la famille de Melun). Or Thomas de Bruyère, fils de Jean de Bruyères, épousa en 1310, Isabelle de Melun et ce sont encore les blasons séparés et accolés de ces deux familles que l'on retrouve sculptés sur la façade ouest du donjon. Un monument ne saurait être daté d'une façon plus précisé.


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La destination de ce monumental édifice fut certainement la défense militaire de cette région tourmentée par la croisade albigeoise, mais il porte aussi le cachet et le confort des riches et puissantes demeures des seigneurs du moyen-âge.

La citadelle à peine prise, Simon de Montfort l'attribua en fief à l'un de ses lieutenants.

Si l'on s'en tient aux indications données par La Chesnaye des Bois, Pons de Bruyère le Châtel, aurait été chargé par Simon de Montfort de porter le siège devant Puivert : « Simon, « élu chef de la croisade donna ordre à Pons de Bruyères d'aller « en qualité de son lieutenant, avec un corps de six mille hom« mes, dans le pays de Chercorbez, où il prit plusieurs châteaux, « entre autres celui de Puivert, qui se rendit après trois jours « de siège. — Montfort lui donna tout lé pays qu'il avait conquis, « divisé en deux baronnies, Chalabre et Puivert avec ses dé« pendances. » — « Pendant que Simon réduisait et livrait au « pillage plusieurs villes obstinées, Thomas avec un camp volant, « faisait de nombreuses conquêtes dans le pays presque inaccessi« ble de Puivert et ses environs. Après une victoire glorieuse et « complète, Simon, usant des pouvoirs qu'on lui avait confiés, « donne tout ce pays à Thomas. (Archives de Chalabre.)

Des documents authentiques publiés par Jean Guiraud dans son cartulaire de Prouille nous instruisent sur une donation faite en 1213 au monastère de Prouille par Lambert de Thury, seigneur de Puivert (Lambertus de Thury, dominus Podioviridis).

Un peu plus tard, en 1216, Pierre de Vie, Seigneur du Quercorbez (dominus de Quercorbès) fait une nouvelle donation aux frères de Notre-Dame-de-Prouille, et l'accord est signé au château de Puivert « Arnaldus Sancii de Lauriaco, scriptor publicus de Fanogovis in Castro de Podio-viridi scripsit».

Il ne semble donc pas contestable que les Bruyères ne furent pas dotées par Simon de Montfort du pays de Chercorbez immédiatement après la prise du château de Puivert. Et de fait, Pons de Bruyères le châtel, le premier dans la généalogie

(1) Biblioth. nationale Fonds Dont, t. 98, p. 13 ; Balme, cartulaire de Saint-Dominique, t. 11, p. 32 ; cartulaire de Prouille, J. Guiraud, p.

155.


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de cette famille, ne s'est qualifié ni baron de Chalabre, ni seigneur de Puivert. C'est son fils Jean, son petit-fils Thomas et son arrière petit-fils Thomas, deuxième du nom, qui seuls, ont pris le titre de Barons de Puivert, Chalabre, Rivel, sonnac, etc.

Armes de Mauléon Narbonne.

Je n'ai pas le dessin, dans ce court rapport d'excursion, d'exposer la généalogie de la très noble et très importante famille de Bruyères. Je me bornerai à rappeler que les sieurs de Bruyères, seigneurs de Puivert dans leur branche aînée, remplacés à la suite de leurs alliances par les Voisins, les Joyeuse les Tournebouys et les Roux, demeurèrent barons de Chalabre, Rivel, Sonnac, jusqu'en 1838, la dernière descendante de la famille, Henriette-Natalie de Bruyères, ayant apporté ses titres et ses biens dans celle de Mauléon de Narbonne, marquis aujourd'hui de Chalabre.

Cette lignée de nobles occupa les fonctions les plus élevées dans la magistrature, le clergé, l'armée, la marine, et les alliances de ces familles se retrouvent dans toute la noblesse languedocienne, dans la noblesse princière et quelquefois royale.

Je m'excuse de ce court exposé historique. Il est bien difficile de visiter des ruines aussi imposantes et aussi importantes au point de vue archéologique sans faire au moins une allusion

de gueules au lion d'or armé et compassé de sable.

Armes de Mauléon Nébias


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discrète à ceux qui fondèrent les familles qui ont vécu dans ces splendides demeures et aussi au rôle qu'elles jouèrent dans l'histoire. Je renvoie d'ailleurs le lecteur à des sources précises s'il veut entrer dans les détails des faits et gestes de ces nobles seigneurs depuis le XIIIe siècle jusqu'à nos jours. Il faut consulter :

L'Histoire du Languedoc, de dom Vaissette ;

La Chesnay des Bois, dictionnaire de la Noblesse ;

Le père Anselme;

Gallia christiana ;

Pierre de Vaulx-Cernay ;

La généalogie des Voisins du marquis d'Aubais ;

La terre privilégiée de Casimir Pont ;

La Notice sur les deux baronnies de Kercorbez Puivert et Chalabre dans le bulletin monumental de M. Arcisse de Caumont, sous la signature du vicomte Gustave de Juillac et de B. Dusan;

La France moderne de Villain ;

Inventaire des archives du château de Léran, par Siméon Olive, tome V ;

Le Bulletin de 1905 de la Société d'Etudes Scientifiques de l'Aude.

En arrivant dans le village de Puivert nous recherchons vainement une sculpture signalée par V. de Juillac : « le Christ, St-Pierre, St-Paul et d'autres apôtres » incrustée dans le mur d'une maison du bourg. Le propriétaire de l'immeuble nous affirme en effet que des sculptures venant du château se trouvaient dans ce mur, mais elles ont été vendues il y a une vingtaine d'années à des visiteurs inconnus.

Pendant que M. Poux inspecte les archives communales, les excursionnistes visitent le village de Puivert qui ne présente rien d'intéressant au point de vue historique, et vers onze heures nous remontons en voiture pour gagner Chalabre qui est le but de la première partie de notre journée. A mi-chemin nous rencontrons dans cette splendide vallée du Blau le petit village de Villefort dominé par les ruines informes de son château que Raymond Trencavel avait donné en garde à


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Bernard de Congost (1) en 1152, en même temps qu'il lui avait confié l'administration du pays, quelques années avant l'invasion du Midi de la France par les hommes du Nord.

Enfin, au tournant du chemin, voici apparaître bientôt la gracieuse cité industrielle de Chalabre dominée par le pittoresque château de Bruyères, demeure actuelle de la famille de Mauléon depuis le milieu du XIXe siècle.

Un quart d'heure plus tard la petite troupe s'asseyait autour d'une table savamment dressée à l'Hôtel de France, et le moins que nous puissions dire, c'est que le banquet qui nous fut servi fut au-dessus de toutes nos espérances.

Au dessert de ces charmantes et intimes agapes M. Poux, de sa parole autorisée, résume les fort agréables impressionsde la première partie de notre randonnée, porte un toast à la prospérité de la Société et invite les excursionnistes à visiter la ville de Chalabre, ses monuments, son château féodal et les archives de la mairie qui présentent un très grand intérêt.

Chalabre, chef-lieu de canton actuel, paraît remonter à une très haute antiquité ; il se nommait Eissalabra ou Exsalabra dans les actes du moyen âge. C'était un des quinze villages (Villoe) qui composaient le pays de Chercorb et qui sont cités dans l'acte de 1167, le 7 des Kalendes d'août, par lequel Raymond Trencavel donne en gage ce pays à Miron de Tonnens pour le prêt qu'il lui fait de la somme de 11.000 sols melgoriens.

Après la guerre des Albigeois, Lambert de Thury (1213), Pierre le Vie, seigneur de Quercorbez plus tard (1216), les Seigneurs de Bruyères ensuite furent dotés par Simon de Montfort de Puivert, Chalabre, Rivel Ste-Colombe, Sonnac, etc.. Le pays de Chercorb étant devenu frontière de la France du côté du comté de Foix et du royaume d'Aragon, les Seigneurs de Bruyères obtinrent ratification de la dotation du chef de la

(1) Bernard de Congost comptait parmi les hérétiques et il regut le consolomentum en 1232, en présence de la noblesse des pays de Mirepoix de Sault et de Montségur, de la part de Guillelmus Tomerii, diacre catarhe, demeurant à Montségur. (Cartulaire de Prouille. - J. Guiraud),


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croisade, et des privilèges particuliers qui exemptèrent les habitants des tailles et autres impositions à condition pour les habitants de faire la garde des châteaux-forts et des frontières. Le Chercorbez devint « la Terre priviligiée ». Ces privilèges furent reconnus par Charles Ier en 1310 et 1319 (1).

Entre le XIVe et le XVIe siècle Chalabre devint une ville commerçante des plus florissantes. Avec l'aisance et la prospérité que leur donnait la fabrique des draps, les habitants reconstruisirent peu à peu leurs maisons. Tout un quartier, le barri noou (quartier neuf) fut bâti entre le château et la ville qui était alors entourée de murailles et de fossés. Ces derniers sont devenus aujourd'hui de belles promenades complantées de platanes. Le château fut aussi restauré en partie en 1474 par les soins de Roger-Antoine de Bruyères.

Au XVIIe siècle les documents historiques deviennent et plus nombreux et plus importants. Les Seigneurs de Bruyères si

(1) Archives du château de Chalabre, pièces originales.


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brillants avant la division de leurs domaines en deux baronnies, Puivert et Chalabre, ne détenaient plus à cette époque qu'une partie de leurs immenses territoires primitifs, Puivert appartenait à Jean de Pressoires, Seigneur de Tournebouys, ainsi que Rivel et Ste-Colombe, et son fils mort sans postérité devait choisir comme héritier François de Roux, conseiller du roi, juge mage de la Sénéchaussée de Carcassonne. Seule la baronnie de Chalabre constituait le maigre domaine sur lequel vivaient les descendants de Thomas de Bruyères de Châtel. Les bourgeois de Chalabre, fort riches, à la même époque cherchèrent à se faire céder par le Seigneur, moyennant finance, tous les jours de nouveaux droits et privilèges, et par une transaction passée le 14 décembre 1614 entre les habitants et le Seigneur ce dernier reconnaît tous les droits et concessions accordés; entre autres : exclusion des élections consulaires du Seigneur, de son juge, de ses officiers et des gens de sa maison ; police des champs et de la ville confiée aux consuls ainsi que le droit de juger les contraventions qui s'y commettaient. (Chronique septennaire extraite d'un registre de la commune). On lit dans le même document à la date de 1631 les précautions prises à l'occasion de la peste, pendant laquelle la ville ferma ses portes comme en temps de guerre et n'admit les étrangers qu'après leur avoir fait subir une quarantaine. Le conseil de la ville tenait ses séances en plein air devant la porte d'Amont. On peut voir aussi dans cette pièce authentique les procès auquel donna lieu l'élection de 1634 parce que le sieur Jean-Paul Bourguignon, 3e consul nommé se trouvait en litige avec la communauté de Chalabre.

(1) L'administration de la Communauté était composée de quatre consuls approuvés par les consuls en fonction, par les vingt ou trente jurés du Conseil, le baillé et les marguilliers des diverses chapelles de l'église qui. formaient le conseil général. A cette élection qui avait lieu le 1er novembre de chaque année, le baille et les marguilliers choisissaient aussi leurs remplaçants pour l'année suivante et priaient les quatre consuls en fonction et les jurés d'agréer leur élection. Les consuls nouvellement élus entraient en fonction le premier janvier suivant après avoir prêté serment entre les mains du Seigneur et de son juge.

Les consuls étaient assistés d'un conseil politique, de douze membres dans lesquels entraient de droit le maire et le curé. Le procureur juri-


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La « Chronique décennale » de M. Jean-Pierre Rieutort de 1690 à 1700 (Archives communales) rapporte tout ce que la ville eut à souffrir de la famine et d'une sorte de peste en 1694. On y trouve des notes intéressantes sur les prix des denrées. Le blé valait cette année 17 à 18 livres le setier qui était plus fort que l'hectolitre d'aujourd'hui ; la viande de boucherie, 8 sols la carnassière (3 petites livres ou 1 kil. 1/2). En 1697 léblé ne valait plus que 10 livres le setier, le maïs 8 livres et le vin 16 livres la charge...

Malgré ces temps malheureux qui caractérisent la fin du XVIIe siècle, l'industrie principale de la ville de Chalabre n'en continua pas moins sa marche ascendante. Les fortunes s'augmentèrent, le château même se ressentit de la prospérité générale. C'est à ce moment, vers le milieu du XVIIIe siècle que Louis-Henri de Bruyères, évêque de St-Pons, fit restaurer et agrandir le château tel qu'il est aujourd'hui. Et c'est à ce moment aussi que furent bâties avec une certaine élégance, mais sans style spécial ces vastes demeures bourgeoises qui bordent lés belles promenades établies à la place des anciens remparts et sur les vieux fossés de la ville. (1)

Ce sont d'abord les boulevards de la ville que les excursionnistes parcourent avec un grand intérêt, ces boulevards qui sont désignés sous le nom de. Cours et conservent encore, malgré la mode des. "temps actuels les dénominations de : cours Colbert, cours Sully... Ils sont complantés de platanes centenaidictionnel

centenaidictionnel pouvait y entrer que lorsque le maire n'était pas présent. Dans le principe il y avait trente jurés qui assistaient le conseil politique dans certaines occasions, mais ces jurés furent supprimés lors de la création des maires.

(1) Les archives de la mairie de Chalabre possèdent des registres de délibérations du conseil général de la commune, depuis le 13 novembre 1722 jusqu'à la Révolution 1789. — Consulter à la Préfecture de Carcassonne un registre des états tenus à Chalabre par les députés de la Terre privilégiée pour l'assiette des impôts, l'établissement, la confection et l'entretien des routes, enfin pour tout ce qui regardait la haute administration de cette terre.

A l'époque révolutionnaire (1789) la commune de Chalabre mit en circulation des billets patriotiques de six deniers, un sou, deux sous et trois sous pour faire l'appoint aux ouvriers des fabriques de drap.


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res et bordés de maisons bourgeoises relativement récentes, et sur certains points, d'habitations de la renaissance bâties avec des avant-soliers et des murs coupés de pans de bois entrecroisés dont les vides sont comblés par de la maçonnerie.

Sur notre passage se rencontre l'Hôtel-de-Ville reconstruit, à peu près dans son état actuel, de 1725 à 1732, sur l'emplacement de l'ancien et de deux maisons voisines achetées à cet effet.

La porté d'entrée, l'escalier en pierre et sa belle rampe en fer forgé, les hautes fenêtres et la vaste cheminée de marbre de la salle du conseil sont du meilleur style XVIIIe.

Une vaste salle, au premier étage, à gauche de l'escalier, avec une estrade en bois, une rampe de même, sert de Justice de paix et présente l'aspect d'un vieux prétoire.

Dans le bureau du Secrétariat, encastré dans le mur, à gauche de la fenêtre, une pierre gravée porte cette inscription :

HAEC BASILICA PERFECTA FVIT ABSOLVTA QVE

CONSVLIBVS

JOANNE BARDON

PHILIPPO LASALE

JOANNE ROCQVES

F. VILLENEUVE

1732

L'auteur devait être un parfait latiniste pour s'être servi du mot « Basilica » avec cette signification spéciale « Maison royale où l'on rend la Justice », faisant ainsi ressortir le privilège de l'Hôtel-de-Ville de Chalabre à cette époque.

Une deuxième pierre, à droite de la même fenêtre et faisant pendant à la première, porte ;


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AMPLIATA

DECORATAQUE

FUIT

RECTORE

ANDUZE-FARIS

ADJUTORIBUS

N. VIVES

ET F. CAMBON

1834

in cette époque date le fronton de marbre, avec l'écu de la ville « deux clefs d'or en sautoir, accosté de deux branches de laurier d'or. » On s'est inspiré pour confectionner les armes de Chalabre, des clefs de St-Pierre, patron de la paroisse (1).

Accompagnés par M. Espardellier qui veut bien nous servir de guide, les membres de la Société visitent immédiatement après la Mairie et ses richesses documentaires, l'Eglise de NotreDame de Consolation, communément appelée « Eglise de la ville ».

(1) Notes rédigées d'après les documents fournis par M. Espardellier.


Construite en 1558, ainsi qu'en témoigne la Clef de voûte de l'arceau du choeur, elle se compose d'une nef rectangulaire plafonnée, éclairée par de hautes baies ogivales non symétriques et entourée aux trois-quarts d'une tribune en bois. Le choeur, est voûté et décoré de colonnes et d'un entablement néogrec de l'époque avec statues, le tout sculpté à même dans le plâtre et portant encore quelques traces de l'ancienne dorure qui devait entièrement le revêtir.

A droite et à gauche du choeur se trouvent deux chapelles.

Celle de gauche (côté évangile) a été construite en 1691 comme en témoigne le procès-rverbal suivant, inscrit dans un registre de l'Etat-civil :

«L'an mil six cens nonante et un et le vingt et septiesme « May, dimanche après l'Ascension, Nous, Pierre Boyer, prestre « docteur en Ste-théologie et Curé de Chalabre par la permis« sion du Réverendissime Père en Dieu, Messire Pierre de la « Broüe, Evêque de Mirèpoix, avons fait la Bénédiction de la « nouvelle chapelle Edifiée du costé de l'Evangile dans l'Eglise « de Nostre Dame de Consolation et l'avons dédiée à l'hon« neur de la très Ste-Trinité, et après les cérémonies prescrites « dans le rituel y avons célébré la Ste-Messe assisté de Me Do« minique Faure, ancien prévost de la Tourette et de Me Ma« thieu Denec, prestre et vicaire — présens Me Estienne de « Jossis, docteur ez-droit, juge de Chalabre, le Sr Jean Rous« sinier, le Sr Armand Lafitte, consuls et le Sr Joseph Fonta« nilhes, marguillier mage, signez en foi de quoy. »

Dans la nef, à droite, se trouve une ravissante chaire en bois sculpté et doré à Limoux en 1786.

Quatre lustres, également en bois sculpté et doré de cette dernière époque, pendent à la voûte ; ils sont classés comme mobilier historique.

Il serait utile de faire classer la chaire.

C'est dans le maître-autel de cette église que les consuls, avant la Révolution, tenait en dépôt sous clef, les titres et privilèges que des Rois de France avaient accordés à la ville.


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Nous ne nous séparerons plus jusqu'à la fin de notre visite de Chalabre, de ce précieux et savant cicérone que fut pour nous M. Espardellier. D'un commun sentiment nous l'engageons à faire partie de la Société d'Etudes Scientifiques. M. Espardellier nous fait l'honneur d'accepter notre proposition ; sous sa direction nous nous rendons vers l'Eglise de St-Pierre, en traversant de nouveau les promenades, la belle avenue du parc du Château et du Pont-Neuf. Au niveau de la belle nécropole de la ville notre attention est éveillée par un mouvement inusité autour d'un superbe monument moderne, une statue en marbre blanc de Carrare représentant une femme drapée à la Romaine, plus grande que nature, s'appuyant sur un faisceau de licteurs, sise sur un socle de pierre taillée sur laquelle sont inscrits en lettres d'or les noms des enfants de Chalabre, morts pour la Patrie « victimes de la guerre. » C'est un très beau morceau de sculpture signé du nom de l'illustre méridional « Magrou » de Béziers. De nombreuses couronnes jonchent le sol et entourent le socle. L'inauguration du monument a eu lieu dans la matinée sous la présidence du Maire de Chalabre, M. Rolland, entouré de son Conseil municipal, de M. le Sous-Préfet de Limoux et des représentants du département.

Après avoir admiré cette oeuvre d'art et manifesté par notre recueillement l'expression de nos sentiments émus à l'égard des victimes du devoir de Chalabre, nous continuons notre visite des monuments de la ville et pénétrons dans le Sanctuaire de l'Eglise de St-Pierre, sise à quelque distance de la ville.

L'Eglise de St-Pierre, de style gothique, reconstruite en 1889 sur l'emplacement de l'ancienne qui datait de 1529 et avait été restaurée en 1830, ne présente pas grand chose d'intéressant au point de vue archéologique. Cependant les chapelles de gauche ont été conservées, et aux clefs de voûte on aperçoit encore, malgré des peintures intempestives, les attributs des corporations qui, à l'édification du monument, avaient tenu à avoir chacune sa chapelle.

Le clocher est classé comme monument historique. Frère décelui de St-Martin-de-Limoux et de celui de St-Maurice-deMirepoix, il fut construit en 1530, date inscrite sur une pierre


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à 3 mètres du sol. Moins haut que ceux-ci, il mesure 30 mètres jusqu'à la plate-forme de la tour et 46 mètres jusqu'au sommet de la flèche ; que la foudre a légèrement détériorée une réparation sérieuse serait nécessaire si l'on veut éviter un plus grand dommage.

Quatre cloches (dont deux classées) garnissent ce clocher. Le gros bourdon porte comme inscription :

+ — I. H. S. — MARIA — JOSEPH — IN — OMNEM — TERRAM — EXIVIT — SONUS — EORUM — PIORUM — SUMPTIBUS — ME — REFECIT — P. — ET — C — CHALOT — 1664 —

Dans l'église, le baldaquin du choeur est remarquable. Il est formé de 4 colonnes torses ornées dé pampres et d'un entablement, avec divers ornements, qui supporte le dôme surmonté d'une croix. Ce dôme est constitué par 4 ars gracieusement infléchis, terminés par. des volutes et se rejoignant sous la croix; le tout en bois sculpté et doré du style rococo du XVIIIe. Les statues de bois doré qui meublent le choeur sont celles des apôtres; parmi celles de la nef, on remarque deux pieta, madones espagnoles et un St-Eloi.

Une des chapelles de droite récemment édifiées est dédiée à St-Etienne avec un grand tableau à fresque du peintre Carcassonnais Ourtal.

L'hospice de Chalabre n'est pas loin de l'Eglise de St-Pierre. Une pierre sculptée surmonte la porte principale avec une inscription gothique indiquant l'affectation de l'établissement — HOTEL-DIEV 1779.

Rien de particulier au point de vue archéologique. Seul, un grand parchemin, assez bien conservé et actuellement encadré sous verre est à signaler. C'est un acte devant le notaire de Laroque d'Olmes Jehan Grégoire, à la date de 1582 par lequel « Maistre Jehan Prébost prebtre et recteur de Lavelannet, « esmeu de charité et bon zelle, désirant recompenser la dicte " ville par la teneur du présent instrument... a donné et trans« porté à perpétuité par donation faite entre vifs irrévocable...


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« à la Maison-Dieu de Chalabre, une maison et un jardin qu'il « possède près de l'Eglise de Monsieur St-Pierre, afin que les « pauvres de Chalabre aient retraicte et soulagement. » L'hospice existait donc déjà à cette date.

Il est vrai que la clef de voûte de la porte ogivale du jardin porte de millésime de 1288. Mais cette pierre a été certainement apportée d'ailleurs.

Revenant vers Chalabre, M. Espardellier nous montre sur la colline au Nord de Chalabre, et dominant la ville d'une centaine de mètres, une chapelle assez vaste, appelée le Calvaire qui remonterait, si l'on en croit la tradition, à la plus haute antiquité. Elle ne porte aucune trace de son histoire.

La seule chose intéressante est la cloche qui surmonte la toiture de l'ermitage attenant à la chapelle. Elle est classée et porte cette inscription :

I. H. S. — M. A. MESSIRE. JHEAN.

ANTHOINE. DE BRUYERES

SAIGNEUR. ET. BARON. DE.

CHALABRE. FONDATEUR. DU.

M. A. FAIVENT. DES. CAPUCINS. (1)

DUDIT. CHALABRE.. C. T FAIRE.

1630.

C'est chemin faisant vers Chalabre que M. Espardellier nous donnait tous ces renseignements, lorsque au détour du chemin notre très aimable nouveau collègue attire notre attention sur le splendide panorama formé par le château de Chalabre qui ne conserve de ses vieilles murailles qu'un donjon récemment crénelé, mais qui a grand air et au milieu de son parc domine la petite ville si industrielle autrefois ; elle n'a gardé de son ancienne splendeur que ses superbes promenades, ses rues ali(1)

ali(1) y eut aussi à Chalabre des pénitents blancs et une confrérie de Saint-Sébastien enrichie de privilèges par une bulle du pape Paul V, datant de 1672.


gnées et coupées à angle droit comme dans les bastides du moyen âge. Signalons cependant encore quelques usines de chapeaux qui occupent la population ouvrière de l'endroit.

C'est par le château que nous terminerons notre visite de Chalabre. M. le marquis Antoine de Mauléon, de la branche Mauléon-Nébias (1) maître de Céans, prévenu de notre intention de voir l'antique demeure des de Bruyères, nous fait accompagner dans les appartements les plus intéressants de son château. Après avoir admiré les beaux tableaux de famille qui ornent le grand escalier de pierre bordé d'une balustrade et d'une rampe en fer forgé, nous sommes admis dans le grand salon que décorent une nouvelle série de portraits de famille et des tapisseries des Gobelins du XVIIIe siècle formant une suite de six panneaux : les trois premiers, Narcisse se mirant dans l'eau ; Mercure et le gardien de la vache Io ; Latone et l'homme changé en crapaud; les trois autres représentent la chasse du Sanglier de Calydon,

Nous quittons le vieux manoir, et en redescendant la pente de la colline, nous admirons le paysage qui s'étend devant nos yeux vers le Midi : à l'arrière plan la Montagne de Tubes et son géant le St-Barthélemy (2342 m.) avec à droite et à gauche les crêtes neigeuses de Petites Pyrénées; plus près de nous, à 1.200 m. d'altitude les ruinés sauvages et imposantes du château de Montségur, les monts du Plantaurel, les luxuriantes forêts de sapins de Puivert et de Bélesta, plus rapprochées encore de nous les collines couronnées de bois de chênes surplombant les trois cours d'eau qui se réunissent à Chalabre, et leurs vallées parcourues par le réseau des routes de Quillan, Fois, Mirepoix, Limoux et Léran rayonnant vers la charmante petite ville où nous avons reçu une hospitalité si aimable.

Nous remontons en automobile à 17 h. et la dislocation de la petite caravane a lieu à 19 h. au square Gambetta.

(1) Armes : « de sinople à un pal brétessé d'argent ».

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TROISIEME PARTIE

II

Notes et Travaux Scientifiques 1925



NOTE SUR LES COUCHES DU GYPSE FIBREUX DE VILLEGLY (Aude), par M. l'abbé Edmond BAICHERE (1)

Sur la rive gauche du Clamoux, à 150 mètres environ de la gare du tramway, vers l'est (Cne de Villegly), et au bas du coteau que surmontent les ruines de la chapelle Sainte-Anne et d'un ancien moulin à vent, se montrent, à la surface du soi, sur une longueur de 200 mètres environ, des veines de gypse fibreux d'une très belle blancheur et d'une épaisseur de huit centimètres environ.

Barante, dans son Essai sur le département de l'Aude (tabl. n° 11 fol. 39) avait déjà signalé, en 1802, une exploitation de plâtre ou gypse plus ou moins grisâtre dans le territoire de la même commune ; mais c'était beaucoup plus à l'est, à 600 mètres environ de la route du Minervois, toujours sur la rive gauche du Clamoux, entre Villegly et Villarzel-Cabardès. Ces derniers gypses furent exploités jusque vers l'année 1820.

La nouvelle couche gypseuse que nous signalons fait partie évidemment de la même formation, puisqu'elle se trouve sur le même horizon géologique ; si elle effleure à la surface du sol, c'est uniquement par suite des érosions très fortes faites, dans les temps anciens, par la rivière du Clamoux en cet endroit. Elle se présente sous forme de plaquettes parallèles dans les marnes argilo-calcaires de l'étage lutétien (ancien éocène Carcassien ou molasse de Carcassonne).

La zone gypseuse débute, au contour de la rivière du Clamoux, vers Bagnoles, par des argilolites d'une couleur blanc-vitrée, piquetée de rose et de bleu, affectée évidemment par les émanations de sources thermales du tertiaire et plus ou moins modifiées par le voisinage des gypses en voie de formation.

Les plaques de gypse, d'une pureté parfaite, se détachent du sol, au jour le jour, et vont rouler plus ou moins brisées, au bas dû coteau, le long des creux à fumier et des sols à dépiquer établis à cet endroit par les habitants de Villegly.

(1) Cette note a été lue à la séance du 21 décembre 1924.


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Nous ajouterons que certains villageois recueillent ces plaquettes avec soin, les font griller dans les deux sens, à la mode des beaftecks, les pilent, les tamisent et s'en servent ensuite pour les usages domestiques, notamment pour clarifier leur vin au moment de la décuvaison, ou pour fermer par un plâtrage approprié, les trous des souris dans leurs vieilles maisons.

Des débris abondants de cette même couche de gypse se montrent aussi sur la rive du Clamoux mais plus au nord, à un escarpement très prononcé, en face la prairie du château de Villegly.

C'est à 60 mètres environ de profondeur, sous cette bande de gypse, que se trouvent à l'horizon de Villegly, les trois assises principales du calcaire de Ventenac, caractérisées en allant de bas en haut par des argiles d'un rouge noirâtre, un calcaire mince d'un blanc grisâtre, à grain très fin et à cassure fière, et enfin un lit peu épais de lignites.

Ces couches inférieures du Lutétien correspondent, comme nous l'avons déjà montré en 1888 (1) aux calcaires à lignites de l'Hérault, elles vont de Villegly à Félines-Hautpoul par Escapat-Pratmajou, Sicard, Trausse, Paulignan, vers l'est ; du côté de l'ouest, elles suivent à peu près l'ancien chemin de l'Estrade vers Lalande-Haute, Curé, Vie, La Bastide-Rouge-Peyre, Ventenac-Carbadès, etc. A la Lande (Cne. de Villegly), on voit le calcaire, c'est-à-dire la couche moyenne fort bien développée sur une surface d'environ 200 mètres carrés ; il semble qu'on ait fait des fouilles à côté pour y chercher les lignites, comme l'indiquerait un puits carré dont la construction pourrait bien remonter à l'époque gallo-romaine eu égard aux briques à rebord faisant partie des murs de ce puits.

L'assise ligniteuse de la formation remonte parfois au-dessus du calcaire ou même le remplace, mais le plus souvent elle se trouve en dessous. Ces lignites sont très visibles à 250 mètres environ au Sud du Pont des Agadoux (ou des Gadous), sur la rive gauche du Clamoux, au niveau même du lit de la rivière, quand on le suit vers Villegly. Ils supportent toute l'épaisseur de l'étage lutétien argilo-calcaire qui a plus de 180 mètres de hauteur à pic en

(1) Ed. Baichère. Note sur le passage du calcaire de Ventenac à lignites du Languedoc (Mém. de l'Académie des Sciences de Paris, séance du 16 nov. 1888, 4 pages in-4°).


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cet endroit. Les plaquettes de lignite se détachent de la gangue et vont rouler dans la rivière elle-même, où on peut les recueillir en été, quand le torrent est à sec, sous une légère couche de sables fins. Les lignites ont tout au plus une douzaine de centimètres d'épaisseur. C'est un charbon très grossier et grisâtre qui brûle néanmoins assez facilement mais donne une fumée très épaisse à odeur bitumineuse, on ne peut plus prononcée.

Il nous a été dit que, dans le village même de Villegly, au nord de la croix de Mission, vers le chemin de l'Estrade, plusieurs habitants, ayant creusé des puits de 10 à 15 mètres de profondeur, ont dû les combler à cause de l'odeur désagréable et du goût très prononcé de pétrole que les eaux de ces nouveaux puits présentaient.

Sur le même horizon géologique mais plus à l'ouest, dans le voisinage de la Lande, métairie appartenant à notre ami M. Félix Lucet, on a creusé, il y a une vingtaine d'années, un puits très profond, et dans les couches du sous-sol on rencontra aussi des plaquettes de lignites ; ces charbons brûlaient à la condition d'être tout d'abord fortement chauffés, mais comme ceux recueillis au village de Villegly, l'odeur bitumineuse et la fumée épaisse qu'ils répandirent autour du foyer était très désagréable.

Comme dans l'Hérault, cet étage de l'éocène, particulièrement appelé calcaire à lignites, produit donc dans l'Aude des charbons grossiers de même nature. Or, puisqu'on a trouvé ailleurs tout récemment par des sondages des nappes de pétrole, nous ne sommes pas éloigné de penser, que dans les cuvettes de Villegly ou de la Lande, pareil fait se produirait, si on y faisait des recherches savamment organisées grâce aux procédés modernes pour la découverte des sources ou des nappes d'eaux minérales. Nous laissons ce soin aux habiles ingénieurs des mines qui font partie de la Société d'Etudes Scientifiques de l'Aude.

Bagnoles, (Aude), le 20 décembre 1924. Abbé Edmond BAICHERE, ancien professeur

Plusieurs de nos collègues de la Société nous ayant demandé de reproduire ici notre première note sur les calcaires de Ventenac, présentée en 1888, à l'Académie des Sciences de Paris, nous la donnerons à titre de complément. La connaissance des détails de cette


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note pourra servir d'ailleurs à diriger les pas des futurs chercheurs de lignites à la base de la Montagne Noire, dans notre département.

Sur le passage du calcaire de Ventenac à la formation à lignites du Languedoc.

« Dans sa description géognostique du versant méridional de la Montagne Noire, Leymerie admet que le calcaire de Ventenac se termine à peu près à la vallée de l'Orbiel, au nord de Conques, et ne montre pas ses relations avec l'étage à lignites du Languedoc; qui apparaîtrait seulement à une quinzaine de kilomètres à l'est de ce point, vers le méridien de Trausse. Ce géologue est cependant porté à admettre le parallélisme des deux formations.

« Mes recherches m'ont permis de reconnaître que la formation du calcaire de Ventenac se prolonge sans interruption depuis Conques et la Vernède jusqu'au nord-est de Trausse, c'est-à-dire jusqu'au point où l'étage à lignites est bien caractérisé dans les environs de Paulignan, au lieu dit : Moulin des Treize Vents.

« Cette bande de calcaire de Ventenac est toujours très réduite, mais elle existe cependant au-dessus; des couches à mélonies et au-dessous des grès de Carcassonne ; par accident, elle se trouve couverte par des graviers ou des limons, au voisinage des rivières du Clamoux et de l'Argent double.

« De la Vernède, près de Conques, au Clamoux (village de Villegly), le calcaire présente ses caractères ordinaires ; mais en le suivant vers l'est, il passe à un calcaire gris et à des marnes ou des grès grisâtres avec empreintes ligniteuses près de Saint-Roch, (Cn°. de Trausse). Près de la Lande, cette bande calcaire a une largeur d'environ 250 mètres ; elle traverse la Ceize à 100 mètres au nord de Villegly, et dans la vallée du Clamoux, on voit le calcaire lacustre à côté de la Métairie-Haute, supporter des couches d'argiles sableuses au-dessus desquelles des grès exploités m'ont fourni des empreintes de feuilles de palmiers et des tiges d'arbres indéterminables.

« A l'ouest d'Escapat, le long des talus de la rive gauche du Clamoux, on peut constater la présence du calcaire de Ventenac représenté par un banc de calcaire grisâtre peu consistant et des couches de marnes sableuses de couleur blanche, reposant directement


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sur les calcaires gris à alvéolines du nummulitique et supportant des grès marneux identiques à ceux de la Lande. En avançant vers l'est, près de Pratmajou, la formation de Ventenac occupe encore une largeur nord-sud de 250 mètres environ entre le nummulitique et le grès de Carcassonne ; il en est de même au sud du château de Rivière. Mais encore plus à l'est, elle est représentée par des marnes un peu sableuses, de couleur claire, reposant toujours sur des calcaires à alvéolines avec grains grossiers de quartz. Du ruisseau de Cros, près de la métairie Sicard, au nord-ouest de Trausse vers Paulignan, le passage du calcaire de Ventenac au faciès de la formation à lignite de l'Hérault devient définitif.

« J'ajouterai qu'au nord de Trausse, un peu au-dessus de la chapelle Saint-Roch, les calcaires de cette formation se trouvent intercalés entre deux couches à fossiles du nummulitique (nombreuses mélonies) ; la couche inférieure est calcaire, la couche supérieure plus sableuse avec grains de quartz. Cette circonstance particulière prouve évidemment que la mer nummulitique, qui s'était d'abord retirée pour faire place au lac de Ventenac est revenue peu de temps après occuper son ancien lit, mais sa nouvelle apparition a été de courte durée et les eaux du lac ont pu faire ensuite tranquillement, leurs dépôts calcaires et ligniteux. »

Académie des Sciences de Paris, séance du 12 Novembre 1888 Abbé Edmond. BAICHERE,


L'EROSION DES ROCHES DURES PAR LES EAUX COURANTES

ET LES « MARMITES DE GEANTS » DE MONTOLIEU (Aude)

par Paul COMBES

Les accidents topographiques qui constituent actuellement ce que l'on appelle le « relief » de la surface terrestre, sont dus à des causes multiples dont les « physiographes » cherchent à déterminer l'importance respective aussi exactement que possible. On s'accorde à reconnaître que des phénomènes orogéniques ont provoqué, dans l'écorce du globe, des plis primitifs dans lesquels les vallées ont été approfondies, par l'action de divers agents détritiques, comme les vents et les eaux, soit que celles-ci fussent ruisselantes, soit qu'elles agissent à l'état de glaciers.

Il y a cinquante ans, surtout lorsqu'il s'agissait de l'attaqué des roches dures, on attribuait aux glaciers le principal rôle dans l'action érosive. Depuis lors, des observations plus précises ont contribué à modifier peu à peu cette manière de voir, et aujourd'hui, même lorsqu'il s'agit d'expliquer l'érosion des roches dures, c'est aux eaux courantes que l'on accorde une influence prépondérante.

Cette nouvelle orientation d'idées provient de ce que l'on s'est rendu compte, avec exactitude, de la différence du mécanisme et des effets de l'érosion que nous appellerons torrentielles (parce que c'est sous cette forme que les eaux courantes ont le plus de puissance érosive), comparativement à la classique érosion glaciaire.

Ce qui a longtemps égaré l'opinion des savants sur cette question, c'est que, lorsqu'elle est pure, l'eau n'a presque pas d'action sur les roches dures, notamment sur les roches siliceuses. Elle ne devient active que lorsqu'elle charrie des éléments solides, durs, comme du sable ou des galets et, dès lors, son rôle devient comparable à celui du jet d'air sous pression que lance une machine soufflante en entraînant du sable fin, dans la gravure sur verre. L'eau en mouvement constitue de même un véhicule qui, suivant sa vitesse, donne une force érosive plus ou moins grande aux débris rocheux qu'elle charrie, surtout lorsqu'elle produit de violents remous verticaux ou horizontaux.


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Cela est très visible à la cascade du Schiltbach dans la vallée de Lauterbrunnen (Suisse).

Dans le haut de cette cascade, la roche vive est comme sciée par une fissure étroite, exactement sur le passage du courant qui charrie les déblais venus de l'amont — mais la chute d'eau, projetant violemment ces déblais sur les roches placées en dessous, les évase en forme de voûte, — et, dans le bas, où de puissants remous agitent les sables et les menus graviers, ceux-ci rongent largement le bassin de réception.

Lorsqu'une roche se trouve au sein même d'un courant rapide de charriage, elle est naturellement attaquée de tous les côtés à la fois : en amont, elle s'aiguise en forme de proue de bateau ; latéralement, comme c'est à sa base que passent le plus d'éléments d'érosion entraînés par les eaux, elle se creuse davantage dans le bas que dans le haut ; enfin, en aval, comme, par sa présence même, elle provoque la rencontre et les remous des deux courants qu'elle a momentanément divisés, elle donne lieu à une agitation violente des déblais qui la creuse en niches.

Sur les deux rives, les courants torrentiels agissent un peu différemment suivant, que les lits rocheux, étant fortement redressés, sont attaqués perpendiculairement par les graviers, où que les roches sont en lits horizontaux.

Dans le premier cas, les déblais érodent naturellement avec plus d'énergie les couches tendres que les couches dures. Néanmoins, celles-ci ont leurs tranches arrondies, leur face aval plus ou moins creusée par les remous, et leur base plus fortement attaquée que le haut.

Dans le second cas, le cours d'eau approfondit peu à peu son lit en sciant la roche sous la formé d'une gorge étroite. Mais, comme tous les courants, il use latéralement et alternativement, tantôt la rive droite, tantôt la rive gauche. Chaque saillie provoque la formation d'un tourbillon, qui l'use presque autant en aval qu'en amont. Il en résulte la formation d'une série de « marmites de géants », soit entières, soit échancrées du côté du courant, à l'intérieur desquelles sables et cailloux tournoient par suite de la giration des eaux. En raison dé l'usure continue produite par ces débris en mouvement, les cavités s'élargissent et s'approfondissent


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peu à peu et finissent par se réunir. D'où la formation de nouveaux remous et de nouvelles érosions.

Cette sculpture des roches vives, en forme de niches et de cavités circulaires, est bien reconnaissable et caractérise l'érosion torrentielle. Généralement, les surfaces ainsi érodées sont lisses. Néanmoins, par suite de variations, soit dans la violence de l'érosion soit dans la dureté de la roche, elles présentent parfois des canelures horizontales, plus ou moins rectilignes, ordinairement incurvées dans le sens de la pente locale, suivant la courbe que décrirait une cascade à cette même place.

Un exemple de ce genre d'érosion est fourni par le Fier avant son entrée dans les gorges de Montrottier (Rhône). On y remarque, en un point, deux demi-cylindres creux produits par l'érosion et, au dessus, une petite « marmite de géants », renfermant encore les cailloux qui l'ont forée circulairement, avec une remarquable précision, sous l'action giratoire des eaux, lorsque celles-ci atteignaient ce niveau.

On peut observer, à Montolieu (Aude) un phénomène extrêmement remarquable d'érosion torrentielle.

Ce village s'élève, sur un promontoire granulitique et gneissique, dans la fourche formée par le confluent de deux rivières, la Rougeanne et la Dure, dont la réunion constitue l'Alzau. La Rougeanne coule au fond d'une gorge qu'elle a creusée dans une granulite rose très compacte, dont la partie supérieure seulement s'est décomposée superficiellement en « arène ». Cette gorge a une profondeur de 40 mètres, mais ses parois atteignent, par endroits, une altitude de 50, 60 mètres et plus.

Pendant la plus grande partie de l'année, la Rougeanne n'a qu'un faible courant et charrie peu. Mais à l'époque de la fonte des neiges et après de grandes pluies, elle grossit et transporté, tout le long de son cours, des sables, des graviers, des galets plus ou moins gros. Tous ces éléments, granitiques ou quartzeux, proviennent des derniers contreforts méridionaux de la Montagne Noire, où la Rougeanne a sa source, près de Saint-Denis (canton de Saissac). Ces déblais usent toutes les roches avec lesquelles elles entrent en


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contact plus ou moins violent dans leur parcours : ces roches sont admirablement polies. Les «marmites de géants », grandes et petites abondent à toutes lès altitudes atteintes par les eaux, et même bien plus haut, ce qui indique combien le niveau du courant était autrefois beaucoup plus élevé qu'il ne l'est aujourd'hui,

Il existe, de ce fait, un témoin bien remarquable, à 1 kilomètre environ en amont de Montolieu, au lieu dit « Le Jardin Vieux »

Là, sur la rive gauche de la Rougeanne, se dresse, presque perpendiculairement, une roche granitique dont le sommet atteint une vingtaine de mètres et dont le pied est baigné par les eaux de la rivière. Dans ce rocher, à 4 mètres environ au-dessus du niveau actuel du courant, et, par conséquent, hors de portée des plus fortes crues, à été creusée une vaste « marmite de géants » mesurant 1m50 tant en profondeur qu'en diamètre.

Mais cette cavité n'est pas restée intacte. A l'époque où les eaux l'atteignaient encore, elle a été érodée, tant sur sa face tournée du côté du courant, que sur sa face aval où se produisait un violent remous, si bien que, sur ces deux faces, la « marmite » présente deux échancrures béantes, l'une dominant la rivière, l'autre à 1m50 du sol, situé en aval, et qui est aujourd'hui à sec. Par cette dernière on peut se hisser dans l'intérieur de la cavité circulaire.

Arrivé là, on s'aperçoit que la marmite n'est que le résultat ultime d'une série d'érosions qui ont laissé des cannelures horizontales successives sur la paroi du rocher granitique auquel cette cavité se trouve adossée. Ce rocher à été creusé en demi cercle, par les débris que charriait le courant jusqu'à une hauteur de 8 mètres au-dessus du niveau actuel des eaux de la Rougeanne. Il constitue donc un « témoin » irrécusable des approfondissements successifs de la gorge de ce cours d'eau depuis l'époque où ses ondes roulaient à 8 mètres plus haut.

Ce rocher marque, d'ailleurs, un étranglement de la gorge, en aval d'un évasement de la vallée de la Rougeanne, occupé aujourd'hui par des prairies, après avoir servi de jardin potager, d'où la dénomination de « Jardin Vieux». Le courant a dû, de tout


temps, y être plus violent qu'ailleurs, ce qui explique les profondes traces d'érosion qu'il y a laissées.

Lorsque les eaux courantes charrient des débris en passant sur la surface d'une roche plus ou moins plane, elles y creusent des sillons, des cavités allongées, a peu près parallèles et orientées suivant la direction générale du mouvement des corps érosifs entraînés par le courant.

Ces cannelures ou cavités se trouvent localisées sur les points où les filets liquides avaient le plus de violence et charriaient le plus de débris. La nature de la roche peut aussi contribuer à leur localisation, car il est bien certain que si la surface érodée présente des parties moins résistantes, ce sont celles-ci qui se creuseront davantage.

Ce phénomène est très visible à Orléans, sur la digue submersible qui a été construite afin de resserrer le courant de la Loire dans un chenal plus étroit à l'époque de l'étiage. Lorsque cette digue est à sec, on s'aperçoit que le dessus des blocs dont elle est revêtue superficiellement est profondément buriné. Cette érosion se produit lorsque les eaux de la Loire, très grossies, submergent la digue et, en passant rapidement sur elle, la rabotent avec les sables, les graviers, les débris rocheux qu'elles entraînent.

Ces diverses observations établissent d'une manière irréfutable que les eaux courantes, du moment qu'elles charrient avec violence des débris, peuvent provoquer sur les roches les plus dures des effets d'érosion aussi considérables, sinon plus, que ceux attribués pendant longtemps trop exclusivement aux glaciers.

Paul COMBES.


CAUSERIE SCIENTIFIQUE PHOTOGRAPHIE INTEGRALE

Note communiquée par le Colonel ESCARGUEL.

Un de nos compatriotes bien connu par ses travaux sur la photographie en relief à vision directe par le procédé des réseaux lignés de son invention, M. Estanave, actuellement secrétaire de la Faculté des Sciences de Marseille, vient d'attirer l'attention du monde savant par une communication à l'Académie des Sciences sur la photographie intégrale.

On sait que la meilleure des photographies ordinaires ne nous donne qu'une perspection unique du sujet représenté, c'est peu dire, le sujet vu par un borgne. Cela suffit dans bien des cas, mais la vision binoculaire directe offre infiniment plus de variété, nous voyons les objets avec leurs dimensions propres, leur espacement, et même, si nous déplaçons la tête, les objets n'occupent plus leurs mêmes positions relatives, tel sujet qui était caché se découvre totalement ou partiellement. Ce sont toutes ces nouvelles propriétés que M. Estanave a cherché à réaliser sur la plaque photographique.

Le problème qu'il a résolu avait été posé par son maître M. G. Lippmann, en 1908, et dès cette époque, notre compatriote en cherchait la réalisation. Il vient de la produire le 25 avril 1925, à l'Académie à l'appui de sa communication.

Comme on pourra le voir par la communication que nous reproduisons ci-dessous, in-extenso, il réalise en quelque sorte, une image unique à l'aide de multiples images inscrites sur la plaque à l'aide de nombreuses petites lentilles microscopiques.

L'oeil puise dans chaque lentille l'élément de l'image complète qui est derrière elle pour constituer par raccordement une image de l'objet, qui est alors, vu derrière la plaque, avec son relief en grandeur naturelle, et qui se déplace quand on incline la tête. C'est en quelque sorte la réalité vu à travers une fenêtre dont les bords de la plaque constitueraient l'embrasure.

Pour prendre une comparaison facile, supposons qu'on ait découpé une image en morceaux irréguliers ou réguliers et qu'on


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se propose, comme dans certains jeux de patience, de reconstituer l'image par raccordement des morceaux. On effectuera une sélection qui est celle qui fait l'oeil de l'observateur avec cette différence toutefois qu'il ne perd qu'un morceau dé chacune des images qui se trouvent derrière les petites lentilles à travers lesquelles il regarde et cela implique singulièrment de procédé de sélection.

L'appareil imaginé par M. Estanave rapelle par son objectif multiple, l'oeil de certains insectes (sauterelles, libellules, etc..) et la solution qu'il rapporte permettra peut-être de découvrir la perception qu'ont ces insectes du monde extérieur.

COMMUNICATION DE MONSIEUR ESTANAVE PRESENTEE par M. COTTON, à l'Académie des Sciences et des Arts.

G. LIPPMANN a posé le principe d'une nouvelle plaque photographique ayant la propriété d'enregistrer elle-même des images en grand nombre du sujet à photographier et de donner à l'observation directe, par transparence, la représentation du sujet, avec son relief et aussi avec les variations d'aspect que l'on obtiendrait en déplaçant la tête devant le sujet lui-même (1). Pour prendre sa propre comparaison, le sujet doit apparaître derrière la plaque conime si on l'observait à travers une lucarne dont les bords de la plaque Constituerait l'embrasure.

En raison du mode de constitution de l'image observée, à l'aide des nombreux éléments empruntés aux diverses images microscopiques enregistrées, cette plaque idéale avait reçu le nom de plaque « intégrale ».

Je me suis proposé dans cette note d'indiquer une réalisation expérimentale du problème que pose la plaque intégrale : Obtenir la vision d'une photographie unique résultant de la vision simultanée d'éléments de plusieurs photographies, chacune enregistrées par un objectif distinct, et présentant les divers caractères signalés ci-dessus

(1) Comptes rendus 146, 1908, p. 446-451.


Comme je l'indiquais en 1908 (1), j'ai constitué un assemblage de 56 loupes stanopes juxtaposées. Chacune de ces loupes à un foyer d'environ 9 mm. et une base carrée de 3 mm. de côté, qui est le plan focal de la lentille.

Ces loupes sont assemblées par leurs faces latérales et constituent un bloc dont la face antérieure est formée par les portions lenticulaires ; la face postérieure du bloc, étant plane, est constituée par les faces planes de chaque loupe.

Chacune d'elles, noircie sur les faces latérales et convenablement diaphragmée, est une petite chambre photographique.

J'ai appliqué sur la surface plane du bloc une plaqué photographique ordinaire et après avoir découvert la face antérieure du bloc devant le sujet à photographier, j'ai enregistré sur la plaque 56 images du sujet. Ces images négatives, développées et fixées par la méthode ordinaire, contituent un damier de 56 cases carrées.

En reportant cette plaqué contre la face postérieure du bloc, dans la position exacte qu'elle avait dans le tirage, en regardant par transparence du côté lenticulaire des loupes, on observe une image unique qui paraît localisée derrière la plaque et se déplace soit par rapport aux bords de la plaqué, soit par rapport à l'image d'objets situés à des distances différentes, suivant l'orientation de l'oeil.

L'oeil puise dans chacune des loupes l'élément de l'image complète placée derrière qui lui est nécessaire pour constituer par raccordement l'image unique, qui apparaît alors derrière la plaqué en grandeur naturelle.

En outre, on peut, en éclairant la plaque par le recto, retrouver en projection sur un écran l'image unique du modèle photographié. Les diverses images données par les loupes se superposent sans confusion sur l'écran et reconstituent le sujet. En obturant quelques-unes des loupes et laissant travailler les autres, on re(1)

re(1) cacheté enregistré par l'Académie le 23 mars 1908, n° 7.317.

(Ce pli a été ouvert dans la présente séance (p. 1.239) et son contenu a été reconnu conforme au teste de la note ci-dessus. E. P.).

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trouve encore l'image sur l'écran. Il en résulte que le bloc des loupes fonctionne comme un objectif unique.

Je signalerai en terminant que le bloc des loupes constitue non seulement une vérification expérimentale de la propriété fondamentale de la plaque intégrale, mais rappelle aussi d'une façon encore bien grossière, il est vrai, l'oeil de l'insecte dont il était question dans la communication de G. LIPMANN. J'en ai d'ailleurs obtenu une réalisation plus parfaite en prenant des loupes cylindriques de plus petites dimensions. L'objectif ainsi constitué a une circonférence de 1 cm. 5 de rayon et contient 95 de ces loupes.


UNE LEGERE ERREUR DANS UNE HISTOIRE LEGERE A PROPOS DE PAULINE FOURES, MAITRESSE DE NAPOLEON 1er

Dans un ses nombreux et savants ouvrages documentaires, celui qui a pour titre : « Le Registre de l'Ile d'Elbe. Lettres et ordres inédits de Napoléon. 1er, » (1) M. Léon Pélissier qui fut professeur d'histoire à notre lycée et qui est mort, croyons-nous, jeune encor, doyen de la Faculté des Lettres de Montpellier, dit, à la page V de son introduction :

« Carcassonne se trouve en effet, singulièrement mêlée

« à l'histoire de Napoléon ; après avoir fourni, à l'aurore de « Bonaparte, au jeune et ardent général de l'expédition « d'Egypte, une de ses premières maîtresses, Pauline Fourés, « la délicieuse Belillette, elle donna, au déclin de l'Empereur, « un de ses derniers fidèles, le trésorier Peyrusse... »

M. Léon Pélissier fait trop d'honneur à notre bonne ville et, en la circonstance, nous déplorerons cet excès en même temps que nous le révoquerons, car, s'il est parfaitement vrai que Guillaume Peyrusse, d'abord commis aux finances et payeur aux armées, puis caissier de Napoléon à l'Ile d'Elbe, enfin trésorier général de la Couronne aux Cent jours, est carcassonnais et bien carcassonnais, carcassonnais bon teint, il n'en est heureusement pas de même de Pauline Fourès qui ne fut que la femme d'un carcassonnais, ce qui n'est pas la même chose, ce qui, néanmoins, est déjà trop joli pour nous, si ce n'est flatteur.

Nous avons pu, en effet, pour rétablir la vérité, découvrir sans trop de mal, l'acte de mariage, à la date du 8 pluviôse, an VI, (27 janvier 1798) du citoyen Jean-Noël Fourès, officier dans le vingt-deuxième régiment de chasseurs à cheval, âgé de vingt-huit ans, avec la citoyenne Marguerite-Pauline Belille, âgée de vingt ans, native de la commune de Pamiers, département de l'Ariège. L'acte de mariage, assez long d'ailleurs, nous éclaire complètement sur l'état-civil des deux conjoints et sur

(1) Paris A. Fontemoing 1897.


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celui des parents. Si Fourès est bien né à Carcassonne le 7 octobre 1769, du légitime mariage de Philippe Fourès, marchand détailleur, et de Catherine Biroben, Marguerite-Pauline Belille, comme il est décrit dans l'acte, a vu le jour dans la cité appaméenne, le 15 février 1778, issue du non moins légitime mariage d'Henry-Jacques-Clément Belille, horloger, et de Marguerite Barandou.

Le résultat de nos maigres investigations a bien confirmé notre première pensée : Fourés était un nom bien carcassonnais : Belille ne devait pas l'être, et ne l'était pas, on le voit. Cependant Marguerite-Pauline Belille habitait Carcassonne à son mariage, et dans le même quartier que son époux, section de l'Union. Depuis quand ? Nous n'en savons rien, mais en tous cas pas depuis longtemps, puisqu'à son mariage elle n'a pas vingt ans encore et qu'elle n'est pas née dans la ville où elle convole en justes noces.

D'autre part, s'il est un peu vague sur les premiers pas de Marguerite-Pauline Belille, M. Frédéric Masson, le si méticuleux historien de Napoléon, qui consacre tout un chapitre à Mme Fourés dans son ouvrage : « Napoléon et les femmes » (1) nous donne de précieux détails sur ce que nous appellerons les agissements de l'aventurière à ses débuts, car, aventurière, Marguerite-Pauline Belille le fut du commencement à la fin de sa longue existence. Mais nous n'en retiendrons qu'un seul, plein de saveur, qui reste plus étroitement lié à notre sujet, et que voici tout de suite :

« Elle se nommait Marguerite-Pauline Bellisle : apprentie

« chez une modiste à Carcassonne, elle s'était fait épouser par « le neveu de sa patronne, un joli lieutenant du 22e chasseurs « à cheval qui s'appelait Fourès. En pleine lune de miel, ordre « d'embarquer pour l'Egypte : la mariée s'était costumée en « chasseur à cheval et faufilée sur le même bateau que son « mari. Au Caire, elle avait repris ses habits féminins... »

Nous ne savons pas au juste où M. Frédéric Masson a pu puiser toutes les choses agréables et désagréables qu'il nous conte sur Mme Fourès ; nous n'en savons pas davantage en

(1) Paris. Ollendorff 1894,


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ce qui regarde le détail qu'elle était modiste, détail que nous' n'avons retrouvé nulle autre part. Au reste, cela importe peu. S'il vous plaisait même d'en savoir plus long encore sur le compte de l'étrange Mme Fourès, voyez le livre de M. Frédéric Masson qui vous fera passer de bons moments.

Par ailleurs, M. Léon Pélissier nous apprend dans le livre déjà cité, qu'il est encor parlé d'elle dans un ouvrage : « La police dévoilée » (1) que nous n'avons pu nous procurer, et dans un second qui nous est plus familier : « Les lettres du baron Peyrusse à son frère André. » (2) Peut-être, est-ce dans le premier de ces ouvrages que Frédéric Masson a trouvé les grandes et les petites lignes de la vie singulièrement aventureuse de Marguerite-Pauline Belille devenue plus tard et successivement, très rapidement même, Mme Fourès, Mme la comtesse de Ranchoup, la pseudo Mme Bellart, amateur de peintures et d'objets d'art, artiste-peintre elle-même, et auteur de deux romans qui, au dire de Frédéric Masson, sont loin de valoir le sien propre.

Mme la duchesse d'Abrantès dans ses « Mémoires » ne l'épargne pas non plus, paraît-il.

Enfin, dans de nombreuses lettres de Guillaume Peyrusse a son frère André et à son père Dominique, nous remarquons que Mme Fourés, ou si vous préférez maintenant, Mme la comtesse de Ranchoup, était bien connue des deux, des trois, mais plus particulièrement du second. Une insinuation de Guillaume à son frère nous ferait même supposer en effet, qu'André à tout au moins tenté d'obtenir, sinon obtenu, les faveurs de notre héroïne que, comme Bonaparte, André avait pu connaître, mieux connaître peut-être, au Caire, durant la campagne d'Egypte à laquelle nous savons qu'André prit part aussi, et d'où, nous pouvons le dire avec certitude aujourd'hui, naquirent pour chacun de nos personnages, sauf pour Fourès, la gloire ou la fortune !...

(1) Nous avons vainement consulté à ce propos : « La police dévoilée » depuis la Restauration et notamment sous Messieurs Franchet et Delavau, par M. Froment, ex-chef de brigade du cabinet particulier du préfet. Paris. Lemonnier, 1829. Trois tomes, in-8°.

(2) Paris. Perrin et Cie 1894.


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Guillaume écrit, en effet, à son frère André, le 20 janvier 1813 : « ..... Tu ne m'as pas répondu sur le projet d'appartement. J'ai «quitté le mien, comme tu sais. Vous le trouviez, fous, trop « élevé... c'était pourtant un bijou. Je ne sçais, si je rentre, où «j'irai. J'ai envie de prendre la chambre de l'Hôtel des Colo« nies où tu brûlas pour la belle P. de R..,. » (Pauline de Ranchoup)

Nous avons donc vu que Mme Fourès n'était pas carcassonnaise de naissance, et nous pouvons ajouter, pour être plus complet encore, qu'elle ne l'était pas davantage d'adoption, c'est-àdire d'esprit et de coeur, n'ayant habité notre ville, semble-t-il, qu'aux environs immédiats de son mariage et l'ayant ensuite oubliée totalement. Divorcée à sa première requête avec Fourès, sur les lieux mêmes de ses premiers exploits, peu après son arrivée en Egypte, en présence d'un commissaire des guerres de l'armée, c'est M. Frédéric Masson qui nous fournit cet autre détail intéressant, elle ne reparaît plus à Carcassonne, et Carcassonne paraît s'effacer complètement de son souvenir. Dans la suite de ses jours qui finirent cependant longtemps après, le 18 mars 1869, à Paris, à l'âge de 92 ans, nous ne trouvons aucune trace d'un souvenir quelconque de notre ville, pas même son nom. D'autre part, dans l' « Etat général de la population des communes de Carcassonne-ville et de Carcassonne-cité, dressé le 1er Nivôse, an VIII (21 décembre 1799) contenant les noms, prénoms, âge; profession et sexe de tous les habitants » (1). Belille mère n'y figure point, à plus forte raison Belillote, comme on l'appelait autrefois à Carcassonne au temps de sa jeunesse, toujours au dire de Frédéric Masson, Belillote qui a dû suivre Bonaparte à Paris, où désormais s'écoulera le plus souvent son temps à travers de multiples et curieuses tribulations. Alors que dans le même tableau de recensement nous voyons figurer tous les Fourès, le père, la mère, l'oncle, qui est prêtre, la soeur Elisabeth, célibataire, les frères Jean, Raymond et Louis, Marie Abrial, femme de Jean, Germaine Fourès, âgée de deux ans, leur enfant, la domestique, Marie, et lui-même,

(1) Archives communales de Carcassonne,


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Noël, âgé maintenant de 32 ans, peut-être de retour des armées, fourbu des campagnes qu'il vient de faire, et confus d'avoir pris femme, et, paraît-il, jolie femme, pour le compte d'autrui, pour le compte d'un autre qui, à tout prendre, n'était pas à dédaigner, et de quels autres encore!...

Pour finir, nous savons que Mahul, dans son « Cartulaire » (T. VI 2e partie) donne deux plans de la ville de Carcassonne, l'un de 1729, l'autre de 1780, avec les noms des propriétaires ou des principaux occupants. Les Belille ne figurent dans aucun d'eux. La famille Philippe Fourès, au contraire, occupe, dans le plan de 1780, la même place que nous la voyons occuper à l'époque du recensement de l'an VIII, section de l'Union, carrou de David, ancien carrou de Turles, et plus tard, rue Royale, immédiatement au-dessus du Crédit Lyonnais actuel.

En résumé, comme je viens de l'exposer plus longuement, M. Léon-G. Pélissier a commis une légère erreur en attribuant à Carcassonne le lieu d'origine de Mme Fourès, une des premières maîtresses de Napoléon 1er : Carcassonne ne méritait pas, pour employer les mots du poète sans trop cependant peser sur leur signification : ni cet excès d'honneur ni cette indignité ».

Carcassonne, le 15 novembre 1925. Jean AMIEL.


JEAN-FRANÇOIS BAUMES

Graveur sur cuivre

Dans son ouvrage posthume « les Bibliophiles, les Confectionneurs et les Imprimeurs de l'Aude, aux pages 22-23 et 24, Gaston Jourdanne éveille le souvenir de Baumes, graveur sur cuvre du XVIIIe siècle, auteur de fameux ex-libris. Après avoir dit beaucoup de bien de cet artiste de talent, notre érudit et regretté compatriote se demande qui était cet artiste et d'où il venait. L'état-civil de celui-ci Gaston Jourdanne l'ignorait presque tout, puisqu'il ne donne pas un seul de ses prénorns. Il avoue la chose du reste et demande à l'éclaircir.

Nous avons eu le plaisir de trouver la réponse à la question, et nous sommes parfaitement heureux de la porter à la connaissance de nos confrères de la « Société d'Etudes Scientifiques de l'Aude ».

Jean-François Baumès est né à Londres, de François Baumès et de Catherine Guergut. il était donc de nationalité anglaise. Il s'est marié le 29 janvier 1755 avec Elisabeth Camp, fille légitime de Jean Camp et de Jeanne Bouchinard, sur la paroisse Saint-Michel, de Carcassonne. Il appartenait à cette paroisse depuis six mois et à cette ville depuis deux ans.

Jean-François Baumes que Gaston Jourdanne soupçonne avec raison avoir habité Montpellier puisqu'il date de cette ville l'exlibris des Doctrinaires du Collège de Carcassonne et celui de Lagrange, y est effectivement décédé le 26 floréal an XI (16 mai 1803) à l'âge de 82 ans.

Veuf une première fois — peut-être est-ce pour cette raison qu'il quitta Carcassonne? — Il s'était remarié — nous ne savons où ni quand, niais ces détails sont maintenant facilement trouvables, — à une nommée Monteille qui mourut encore avant lui.

Jean-François Baumes avait, croyons-nous, des enfants. Il pouvait être revenu à Montpellier pour la raison que sa famille en était originaire depuis longtemps. En effet, dans « l'Histoire générale du Languedoc » de Devic et Vaissette, édition Privat, il est question, à la page 980, d'un François Baumes impliqué dans une affaire religionnaire qui eut un certain retentissement


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dans la région et qui se déroula toute à Montpellier (1723). Le passage de la famille Baumes à Londres est-il un effet, comme pour beaucoup d'autres familles de Languedoc, de la révocation de l'« Edit de Nantes » ? C'est possible et c'est notre conviction. Jean-François Baumes qui nous occupe aujourd'hui, après être passé à Carcassonne et avoir vécu quelque temps dans notre ville, a voulu gagner Montpellier, berceau de sa famille, pour avoir la consolation d'y mourir.

Carcassonne, le 20 décembre 1925 Jean AMIEL

JEAN-FRANÇOIS BAUMES

Acte de Mariage

Le vingt-neuvième jour de l'an ci-dessus (1775) ont conjoints en mariage et reçu la bénédiction nuptiale le sieur Jean-François Baumes anglais de nation, graveur, résidant en cette ville depuis deux ans et dans cette paroisse depuis six mois, fils légitime et naturel du sieur François-Baumes et de Catherine Guergut de la ville de Londres, d'une part, et Elisabeth Camp, fille légitime et naturelle de Jean Camp et de Jeanne Bouchinard, de cette paroisse, d'autre part. Toutes les formalités de l'Eglise en tel cas requises préalablement observées, et ayant par devers nous une permission de Monseigneur Notre Evêque en date de ce jour d'hui du Château de Villalier qui déclare avoir reçu (veu) l'extrait baptistaire du dit sieur Baumès, son certificat d'abjuration de l'hérésie de Calvin dans laquelle il avait eu le malheur de naître, son certificat de domicile dans cette ville, et son contrat de mariage daté du douze du courant, et qui, nonobstant le défaut de consentement en forme des père et mère du dit Baumes auquel le changement de religion est justement présumé avoir mis obstacle, nous permet de procéder à la célébration dudit mariage. Présents : les sieurs Charles Camp, oncle de l'épouse, Nicolas Duchon, beau-frère de l'épouse, Jean-Pierre Aribaud, md. orfèvre et Jean Régis, cousin de l'épouse, signés avec les époux et nous.

(Extrait des Registres paroissiaux de la paroisse de Saint-Michel A. C).


ESSAI SUR LES MONUMENTS MEGALITHIQUES DU DEPARTEMENT DE L'AUDE

PREAMBULE

Le département de l'Aude est sans contredit un des moins riches de la France, en fait de monuments mégalithiques ; cependant depuis quelques années un certain nombre ont été signalés, et pourraient être ajoutés à la trop maigre liste publiée jadis dans un inventaire des monuments mégalithiques de France, par le bulletin de la société d'anthropologie en 1880 (1).

Nous pouvons actuellement compter dans l'Aude, l'existence de 35 Dolmens, de 23 menhirs et de trois cromlechs. La répartition peut s'établir ainsi : Dolmens, arrondissement de Carcassonne, 20, de Narbonne, 8 ; de Limoux, 6 ; de Castelnaudary, zéro, Il est vraiment surprenant que dans cette partie de l'Aude, qui confine du côté nord aux premières assises des Cévennes, et dans sa partie sud aux premiers contreforts des Pyrénées Ariégeoises, aucun de ces monuments de la préhistoire, n'ait encore été signalé.

Cependant dans cette région, il a été recueilli, un assez grand nombre d'objets datant de l'époque néolitique, contemporaine de l'âge des dolmens et des menhirs.

Peut-être, comme du reste dans beaucoup d'autres régions, est-ce le manque de chercheurs qui laisse ignorer l'existence de ces monuments, ou l'insouciance et l'ignorance des habitants, qui négligent de les remarquer et de les signaler ; il en est ainsi dans les montagnes des Corbières, si peu connues encore par les préhistoriens, pays arides, où les voies de communications, ainsi que les moyens sont les plus précaires, où les bons gîtes sont rares, et où pourtant l'on pourrait faire d'importantes découvertes. (2)

(1) Inventaire des monuments mégalithiques de France ; extrait du Bulletin de la société d'anthropologie. Paris, Masson, éditeur 1880.

(2) M. et Mme Landriq, instituteurs à Camps, ont signalé récemment la présence de plusieurs dolmens dans leur région : Bull, de la Soc. préh, française, Bull, de la Soc. d'ét. sc. de l'Aude,


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Une exploration méthodique et complète du département de l'Aude s'imposerait donc, afin de rechercher et de faire connaître nombre de ces monuments mégalithiques encore ignorés. Il est évident qu'un grand nombre d'entre eux ont été détruits et ont disparu pour des causes diverses surtout aux époques encore assez récentes, où l'on n'attachait aucune importance à leur conservation.

La plupart du temps, les dolmens étaient considérés, comme des abris, des cabanes en ruines, et l'on en utilisait les matériaux, soit pour des constructions, soit surtout pour des ponceaux. De certains même, il ne reste pas même le souvenir.

Pour les menhirs, monuments beaucoup plus simples, les traces et la mémoire en sont restées néanmoins plus durables, et dans les lieux où ils se dressaient, les noms de peyro dreïto, peyroficado, peyro lebado, (1) indiquent certainement que dans le tènement ainsi dénommé existait un penlvan ou menhir, même S'il n'en reste plus aucune trace.

Il ne faut pas oublier non plus que nombre de ces monolithes ont été détruits systématiquement souvent pour des questions religieuses car diverses superstitions s'attachaient à ces monuments dans certains pays, et quelques auteurs prétendent même qu'ils étaient des idoles auxquelles on allait rendre un véritable culte, que l'on ne pouvait supprimer que par la destruction de son objet les témoignages d'un culte Ityphallique. (2)

Plusieurs de ces monuments n'ont été conservés que grâce à la croix dont on les a surmontés et qui a de la sorte sanctifié le genre de superstitions auxquelles ils donnaient lieu. C'est ainsi que dans l'Aude nous avons le menhir de Rieux-en-Val qui porte à son sommet cet emblème chrétien, celui de Bacou près d'Alet, porte aussi a son faîte une petite excavation qui a pu servir jadis pour le scellement d'une croix. (3)

(1) Pierre droite, pierre fichée, pierre levée.

(2) Les monuments mégalithiques par de Panigua. Paris 1912 : Editions des documents d'histoire.

(3) Recherches préhistoriques sur la ville d'Alet, par l'abbé Lasserre, page 322,


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Près de Bagnoles, un menhir assez considérable a été détruit il y a quelques années, et employé comme matériel de construction pour une distillerie que l'on bâtissait tout près, et il en est ainsi de beaucoup d'autres, qui ne témoigent plus de leur existence passée que par les noms qu'ils ont laissés aux tènements sur lesquels ils s'érigeaient, ainsi que je l'ai dit plus haut.

A Fournes canton du Mas-Cabardès, on trouve, non loin l'un de l'autre deux mégalithes, l'un est sûrement un menhir couché, au lieu dit le Peyregat (1), le second situé au tènement de Laferrière, au bord d'une vaste excavation qu'il domine, est une grosse masse de pierre appuyée sur un support ; est-ce un men Mr ou un demi dolmen ? (2) ; à Fontjoncouse, canton de Durban, il se trouve un mégalithe du même genre signalé, la première fois par Tournal. (3)

Un monument assez étrange paraît-il, et qui d'après la description assez vague que j'ai lue devrait être un cromlech, existerait sur le territoire de la commune de Thézan, canton de Durban, sur un plateau dit Barre de Roques, près du domaine de Saint-Estève. Je copie ici textuellement ce qui a rapport à cet objet, et que j'ai trouvé dans un manuscrit de Madame de Lachapelle, ancienne propriétaire de Saint-Estève, contenant le récit de diverses excursions dans l'Aude ; « en haut de la Barre de Roques, du côté de Pradines, on remarque un amoncellement de grosses pierres disposées en cercles; ces pierres blanchâtres et rongées par les siècles, ont l'air d'un vaste ossuaire de géants ou d'animaux préhistoriques. » (sic) On ne saurait lien affirmer sans être allé reconnaître sur place, ce que peut être cet amoncellement de pierres qui a si vivement impressionné l'auteur du manuscrit.

Les monuments mégalithiques de l'Aude, comme du reste tous ceux du midi, diffèrent beaucoup de ceux qui existent dans

(1) Peyregat, amas de pierres.

(2) On a donné le nom de demi-dolmen à des tables reposant encore d'un côté sur un ou plusieurs piliers et de l'autre sur le sol. (Le préhistorique. Gabriel de Mortillet, page 590.

(3) Letttre originale de Tournai, avec croguis, à M. Alexandre Bertrand (25 oct. 1860). (Archives de M. G. Sicard).


la Bretagne et dans le Nord, et dont les proportions gigantesques ont si vivement frappé la plupart de ceux qui les ont visités et étudiés. Ces immenses pierres placées sur d'énormes supports d'aspect monumental, et abritant de vastes et sombres cavités, ont fait créer mille hypothèses sur leur origine et leur destination. Il est juste de dire que dans les pays brumeux du nord, le merveilleux a beaucoup plus de crédit que dans le radieux midi, où tous les Korigans, toutes les fées, tous les fantômes, hôtes dès brunies et de la nuit, s'évanouissent vite aux rayons lumineux d'un brillant soleil. Cela fait que personne dans nos contrées n'a tenté de faire de nos petits dolmens, des temples ou des centres de génies ou de sorciers; on n'y a vu que des sépultures ce qui est la vérité. La seule légende que j'ai pu recueillir sur les dolmens appelés souvent du nom de Palet de Rolland et aussi sur certains menhirs (1) est celle d'un géant s'amusant à jeter ces énormes pierres d'une montagne sur l'autre. (2)

Généralement, en effet, nos dolmens et nos menhirs du midi de la France sont de dimensions plutôt réduites, en comparaison des monuments classiques de la Bretagne et du Nord.

Dans l'Aude les dolmens les plus considérables et les mieux conservés sont, sans contredit, celui de Pépieux, au moural de las fados, et celui dit, tables des Maures, à Massac (3) de même que le plus beau menhir est celui de Malves. (4) (5).

A côté de quelques-uns de nos dolmens, nous trouvons des cistes, cellas, ou petites tombelles, parfois carrées comme celle qui avoisine le dolmen de Morne, canton de Capendu ; le plus souvent rectangulaires, formées de dalles verticales sur les côtés, horizontales dans le fond et sur le dessus.

(1) Menhir de Saint-Polycarpe, canton de Limoux : monographie de la commune de Saint Polycarpe, par M. Sauvère, instituteur (Carcassone, imprimerie Bonnafous).

(2) Canton de Peyriac minervois.

(3) Canton de Monthoumet.

(4) Canton de Conques.

(5) Le dolmen du Moural de las Fados a été classé en 1924, à tort, comme appartenant à l'Hérault, il est situé dans le territoire de Pepieux, Aude : le dolmen, table des Maures de Massac, a été classé le 17 juin 1925, le menhir de Malves, en 1924.


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Ces tombelles sont-elles vraiment contemporaines des dolmens voisins ? On pourrait le croire : ainsi près du dolmen de Monze, récemment fouillé et complètement vidé, j'ai pu recueillir, dans la tombelle voisine, deux belles pointes de javelot en silex corné et en forme de feuilles de laurier.

Cependant ailleurs que près des dolmens, on rencontre dans notre région de nombreuses sépultures à dalles de l'époque gallo-romaine ou wisigothe, sépultures dites barbares. (1)

Beaucoup de ces tombelles se rencontrent sur le plateau de la Matte, commune de Félines-d'Hautpoul (Hérault) et voisinent les dolmens assez nombreux et assez rapprochés, qui commencent la série qui s'étend sur les causses de cette partie de la Montagne noire et se prolonge dans les Cévennes. (2)

Les tombelles qui se. trouvent à proximité des dolmens ne seraient-elles que des sépultures supplémentaires, dont le modèle se serait perpétué et aurait servi pour les sépultures à dalles plus récentes et si communes dans notre région et dont beaucoup sont encore vierges de toutes fouilles ?

Aux environs du dolmen de Pépieux, au nord, dans le basfond que domine le Moural de las Fados (mamelon des fées) sur lequel s'élève le mégalithe, on a découvert tout un champ de sépultures à incinération, consistant soit en petites urnes groupées dans la terre ou enfermées dans un fort dolium. Ces sépultures sont évidemment postérieures à l'âge des dolmens, et ont donné des objets de l'époque du bronze, jusqu'à celle du fer (Halstad).

C'est en défonçant le sol avec de puissantes charrues à vapeur que l'on a découvert ce cimetière des temps préhistoriques. C'est

(1) Cimetière gallo-romain de la métairie grande d'Aragon. Commune de Lame ; Bull, de la Soc. d'ét. sc. de l'Aude, par G. Sicard tome IV, 1893. Cimetière gallo-romain de Montlaur, par Blanquier. Bull, de la Soc. d'ét. sc. de l'Aude, tome IX, 1898.

(2) Le plateau de la Matte et ses environs, par G. Sicard. Bull, de la soc. d'ét. sc. de l'Aude, tome III, 1892. Essai sur l'arrondissement de Saint-Pons (Hérault, par Jean Miquel. Typo et litho. Boehm, Montpellier 1895.


de la même manière que l'on a trouvé à Montlaur, canton de Capendu, des sépultures néolithiques à dalles, dont l'une d'elles a donné le crâne trépané, qui figure aujourd'hui dans les collections de la Société d'études scientifiques de l'Aude; (1)

Si nous jetons un coup d'oeil sur la carte de l'Aude préhistorique (2), nous remarquons un certain groupement dans l'ensemble de ces monuments. Les dolmens et les menhirs se trouvent plus nombreux dans le nord et le sud-est du département. La partie ouest en, est complètement dépourvue.

On rencontre un dolmen au centre, à Monze et un autre est signalé en face, sur le mont Alaric, les autres s'échelonnent ensuivant la chaîne des Corbières, depuis Camps et Cubières jusqu'à Fontjoncouse. En revanche les menhirs existant encore sont disséminés un peu partout et leur nombre serait bien plus nombreux si l'on s'en tenait aux termes qui signalent leur présence disparue.

Evidemment bien des lacunes existent dans cet essai et ce n'est qu'en explorant et en prenant des renseignements sur place que l'on arriverait à faire une étude complète.

(1) Note sur un cimetière gallo-romain à Montlaur (canton de Capendu, Aude), par M. Blanquier, instituteur à Saint-Nazaire. Bull, de la Soc. d'ét. et sc. de l'Aude. T. IX, page 60. Dr Courrent : Le Crane, trépané de Montlaur et la chirurgie préhistorique. Bull, de la Soc. d'ét. sc. de l'Aude, t. XIV, p. 178.

(2) Carte de l'Aude préhistorique, Bull, de la soc. d'ét. sc. de l'Aude; t. XI, 1900.


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LISTE DES MONUMENTS MEGALITHIQUES DE L'AUDE

DOLMENS MENHIRS Observation

Bize (canton de Ginestas) 3 Alet (canton de Limoux) 1

Cascastel et Villeneuve (canton Bagnoles (canton de Conques).. 1+ + Détruit.

de Durban 1 Beleastel-et-Buc (canton de StCamps

StCamps de Couiza) 1 Hilaire+) 1 + Douteux.

Caunes (canton de Peyriac Min.) 0+ Bouisse (cant. de Mouthoumet). 1 + Dolmen fa

Citou (canton de Peyriac-Min.). 4 Counozols (canton d'Axat) 1

Coustouge (cant de Durban) 3 Cucugnan (canton de Tuchan+) 1 + Douteux.

Fontjoncouse Fournés (canton de Mas-Cab.).. 2

Cubières (canton de Couiza).... 4 Greffeil (canton de St-Hilaire).. 2

Davejean (cant. de Mouthoumet) 1 Lagrasse (canton du dit) 1 .

Dernacueillette (canton de Mou- 1 Malves (canton de Conques) 1

thoumet) 1 Montolieu (canton du dit) 1

Duilhac (canton de Tuchan) 1

Peyrolles (canton de Couiza)... 1

Floure (canton de Capendu) 1

Pradelles (canton de Mas-Cab.). 1

Fourtou.(canton de Couiza) 1

Rieux-en-Val (cant. de Lagrasse) 1

Laure (canton de Peynac-Min.). 1

Rouffiac (canton de Tuchan) ... 1

Massac (canton de Mouthoumet). 4

Saissac (canton du dît) 2

Monze (canton de Capendu 1

Soulatge (cant. de Mouthoumet) 1

Pennautier (cant. de Carcasson.) 1

... Tournissan (canton de Lagrasse) 1

Pépieux (cant. de Peyriac Min.). 1

Villars-en-Val (canton de LaRouffiac

LaRouffiac de Tuchan 2

grasse)1+ Détruit, ruiné

Tourouzelle (cant. de Lézignan). 1 Villeneuve-Minervois (canton de

Trassanel (canton de Mas-Cab.). 1+ Peyriac-Minervois) 1

Villalier (canton de Conques)... 1 —

Villeneuve-Minervois (canton de Total. ... 23

Peyriac Minervois) 1

Total 35


-199 — PREMIERE PARTIE

DOLMENS DE L'AUDE .

BIZE (Canton de Ginestas)

Les dolmens situés dans le territoire de Bize sont au nombre de trois. Ces mégalithes que l'on trouve dans la langue de terre qui s'avance en promontoire dans le département de l'Hérault, font évidemment partie du groupe de ceux qui s'éparpillent dans les causses de la région de Minerve et du Pardaillan, sur les plateaux rocheux, qui dominent les cours d'eau de la Cesse et du Brillant.

Nous ne pouvons faire mieux que de transcrire ici à leur sujet, la note qui en fait mention dans le bulletin de la commission archéologique de Narbonne. (1) « Dans cette langue de terre, si curieuse et si hardie, que l'Aude projette dans l'Hérault, au nord de Bize et d'Argeliers, dans le territoire de la Rouergue, des coteaux gréseux, portent à tout instant des amas de cailloux, dont l'origine ne peut pas toujours être attribuée à l'épierrement et aux cultures. Il y a là des tumuli, et parmi eux, il en est qui cachent de véritables dolmens d'une authenticité indiscutable. Dans le tènement de la Mère de Dieu, à 700 mètres de la Rouergue, se trouve un dolmen sur un coteau, dont la vue s'étend par-dessus les causses jusqu'au sommet de la chaîne de Marcouy, mais que les collines d'Agel et les contreforts de Montahuc, enveloppent des autres côtés.

Il est formé de blocs de calcaires à granules quartzeuses, que le sol fournit tout à l'entour. Sa table dominante est une belle dallé affectant la forme d'un losange à contours assez réguliers. Elle mesure 3 m. 30 dans sa plus grande largeur et 2 m. 30 suivant sa plus petite diagonale. Un bas-côté est encore debout, à peiné incliné dans l'intérieur du monument ; il est formé d'une seule roche de 2 m. 25 de long, sur 0 m. 40 d'épaisseur. Le second

(1) Miquel de Barroubio. Bull. de la comm, archéologique de Narbonne, 1896. (2e semestre). T. XLI.


bas-côté, comprend quatre dalles moins importantes et aujourd'hui renversées ; la table est très basse et rend les fouilles difficiles : mais il suffit de remuer un instant le sol pour mettre à jour des ossements humains. Une très belle épingle en bronze a été recueillie parmi ces ossements.

Un second dolmen se trouve un peu plus bas, sur un mamelon marneux, entouré de toutes parts par les gracieux méandres du Barroubio.

Les dalles du dolmen sont en grès très connu dans le pays sous le nom de pierre à couteaux. Elles ont été renversées par lé temps, il ne subsiste guère qu'une table très inclinée et un bascôté fortement implanté dans le sol. Ici encore chaque coup de pioche révèle un grand nombre d'ossements humains. »

M. Miquel signale encore un autre dolmen sur sa propriété de Barroubio.

DAVEJEAN (Canton de Mouthoumet)

Le dolmen se trouve sur le territoire de Davejean, entre le roc de Roquo-negro et le signal de las Pintados. Table : longueur, 2 m. 50 ; largeur, 1 m. 10 ; épaisseur, 0 m. 30 ; écart des deux supports, 1 m. ; hauteur des supports, 0 m. 60. Partagée en deux, la table se maintient sur les supports appuyés l'un contre l'autre. Distance de la route de Davejean à la Roque de Fa, environ 600 mètres. Ce dolmen est entouré d'un buisson que l'on aperçoit de la route, il est situé sur le tellement de las Phitados. (1)

CAMPS (Canton de Couiza)

A cinq cents mètres environ du village de Camps, au pied et à l'est du massif rocheux qui se dresse au levant, se trouve un dolmen assez bien conservé, qui se cache parmi la végétation poussée au pied du rocher.

Ce dolmen paraît avoir été fouillé, car récemment l'on a pu n'y rencontrer que des débris humains calcinés et des fragments

(1) Renseignement de M. Espeut, brigadier forestier à Davejeau, par l'entremise de M. Pendriès, brigadier forestier à Fontcouverte. = reçu le 13 nov. 1925.


de poteries noirâtres et grossières. Ses doubles supports ont été fortement ébranlés et n'occupent plus leur première position verticale, se trouvant penchés vers l'intérieur du monument. La table et ses supports sont très épais et proviennent de la roche avoisinante.

Ce dolmen a été découvert et signalé en août 1921 par Mme Landriq, institutrice en retraite à Camps. Il est la propriété de M. Raynaud, Pierre, ancien maire et un des principaux propriétaires de Camps.

Voici les dimensions du mégalithe, situé au lieu dit Prat d'en Mourguès ; son orientation est nord-sud, Dalle de couverture : 2 m. 10 X 1 m. 75 épaisseur, 0 m. 50; supports : 1er, long., 0 m 90, ép., 0 m. 20, haut., 1 m. 10, ép., 0 m. 55.

Le village de Camps, bâti au pied d'un roc escarpé où se trouvent les ruines curieuses de l'ancien château-fort, se trouve situé entre deux massifs rocheux considérables, portant des traces de fortifications très anciennes. Au pied et au sud du massif situé au couchant, existe encore un oppidum très bien fortifié, dont les remparts sont formés de blocs assemblés, sans ciment, ni mortier ; un chemin bordant le rempart y donnait accès, en face d'un ouvrage fortifié situé dans l'enceinte. La paroi rocheuse est entaillée à. une certaine hauteur pour recevoir les poutraisons destinés à une couverture. (1)

CAUNES (Canton de Peyriac-Minervois)

L'inventaire des monuments mégalithiques publié en 1880 signale un dolmen dans la commune de Caunes.

Il est vrai que certains auteurs l'ont mentionné, comme situé près de l'ermitage de N.-D. du Cros, tel Mahul, dans son cartulaire du diocèse de Carcassonne, t. IV, page 161, et Béziat dans son histoire de l'abbaye de Caunes. (2) Mais il ne faut avoir jamais vu de vrai dolmen pour prendre un énorme bloc tombé de

(1) Excursions dans les Hautes Corbières de l'Aude, par G. Sicard. Bull. de la Soc. se. de l'Aude. T. XXVIII, 1923, p. 23,

(2) Ces trois arceaux sont désignés dans le pays sous le nom de Cappélétos (petites chapelles).


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la paroi verticale rocheuse voisine, près de laquelle il gît, pour un monument de ce genre.

Selon Béziat, ce prétendu dolmen aurait servi d'autel aux Druides pour leurs sacrifices sanglants, car certains auteurs ne peuvent parler des dolmens sans y mêler le culte druidique.

Sous le gros bloc de calcaire existe une large excavation, ou l'on a établi un rucher : à cinq ou six mètres au-dessus existent trois arceaux construits en pierres schisteuses, sans mortier, ni ciment et datant d'époque très ancienne. Ils sont accolés à la muraille rocheuse et supportés par un mur de même nature qu'eux, qui prend sa base sur une étroite saillie de la roche. (1) (Un de ces cintres s'est récemment effondré.) On y voyait jadis des statuettes en pierre blanche d'âge bien plus récent et cependant renversées et mutilées. On a prétendu que le bloc, gisant au-dessous était l'autel qui servait au culte de ces icônes et que c'était là que les druides rendaient hommage à la Virgo paritura.

Aujourd'hui s'élève à une centaine de mètres l'antique et élégante chapelle de N.-D. du Gros, lieu de pélerinage. Une abondante source jaillit du rocher à quelques pas au-dessous du faux dolmen.

CITOU (Canton de Peyriac-Minervois)

Dans la commune de Citou se trouvent quatre dolmens. Il y a quelques années on pouvait facilement les apercevoir sur les garrigues dénudées, aujourd'hui, au milieu du fouillis vigoureux des reboisements, ils sont très difficiles à retrouver, et l'été dernier 1925, je les ai vainement cherchés, mais nous avons la preuve certaine de leur existence par une lettre écrite par M. Barnier, ingénieur des mines à Carcassonne et conseiller général, à M. Cornet-Tégrusse, président de la Société des arts et sciences de Carcassonne, à la date du 20 juin 1876. (2) Je transcris textuellement le passage relatif à ces monuments :

« Au nord de Citou, en se dirigeant vers la limite du département de l'Aude, il y a quatre dolmens remarquables, sans être

(1) Béziat, histoire de l'abbaye de Caunes. Paris, Claudin, éditeur, 1880.

(2) Archives archéologiques de M. l'abbé Baichère, à Bagnoles (Aude).


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pourtant aussi beaux que la table des Maures de Massac. Ils font partie d'une série de monuments qui s'étendent sur le Tarn et l'Hérault, au nombre de plus de vingt, Ces sépultures sont accompagnées à l'une de leurs extrémités, qu'il ne m'a pas été possible de déterminer, comme celle des pieds ou de la tête, d'un petit compartiment, distant de cinquante centimètres environ, formé de dalles plus petites et dans lesquelles on ne trouve pas d'ossements. Cette petite fosse avait peut-être un usage spécial déterminé dans les usages ou rites religieux de ces populations. »

COUSTOUGE (Canton de Durban);

Un dolmen est signalé à Coustouge dans l'inventaire des monuments mégalithiques publié en 1880.

Tournai, de Narbonne, l'avait déjà inscrit dans son inventaire des objets et monuments celtiques du département de l'Aude.

D'après lui ce n'est qu'un demi dolmen situé près de la Campagne de Pallats. (1)

Ce dolmen porté comme existant dans la commune de Coustouge doit être le même que celui qui se trouve sur le territoire voisin de Fontjoncousse, sous le nom de dolmen de Pallats, situé entre Fontjoncouse et Albas, près de la métairie de Pallats; (1)

CUBIERES (Canton de Couiza)

Grâce à l'initiative éclairée de Madame Landriq, institutrice honoraire à Camps, plusieurs dolmens encore inconnus dans cette région des Hautes-Corbières de l'Aude, ont été signalés et reconnus au cours de ces dernières aimées.

Quatre existent sur le territoire de la commune de Cubières et sont groupés sur les hauteurs environnantes, au nord du village. Trois au lieu dit l'Arco dal Pech, le quatrième au tellement des Escamels, non loin de la ferme des Baillessats.

(1) Cette désignation de Pallats, Palais, assez commune dans certaines régions de l'Aude et attribuée à des campagnes ou à des lieux situés dans les bas-fonds, vient sans doute du mot latin palus, marécage. Il y a en effet tout lieu de supposer que d'anciens marais ou terrains très humides et parfois submergés existaient dans ces endroits.


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Les trois premiers mégalithes sont situés sur une croupe rocheuse, au terrain disloqué appartenant à l'étage sénonien, à l'altitude de 400 mètres.

Leur approche est assez difficile, nul sentier n'y conduit et il faut marcher à travers la brousse, sur des quartiers de rochers.

Un de ces dolmens est assez bien conservé, il possède sa table et ses supports et se voit de fort loin, se découpant sur l'horizon.

Au-dessous, à une trentaine de mètres environ, on a pu reconnaître la présence de deux autres monuments complètement ruinés, mais leur existence est incontestable.

Voici les dimensions de ces trois mégalithes :

1° Dolmen le plus élevé en assez bon état de conservation.

Table : 2 m. 95 X 2 m. 05; épaisseur moyenne, 0 m. 40. 1er support O : 1 m. 60 X 1 m. 20 ; 2e support O : 2 m. 10 X 1 m. 10. 1er support E : 1 m. X 1 m. 40 ; 2e support E ; 2 m. 85 X 1 m. 45

Quoique ce monument ait déjà subi de nombreuses déprédations, Madame Landriq y a recueilli : 45 perles ou rondelles en test de cardium ; 3 pendeloques triangulaires en os ; une perle en coquillage de la grosseur d'une olive ; une perle en os ; un bouton de forme conique en bronze ; des fragments de verre irisé et de poteries noirâtres ; des débris d'ossements calcinés..

Le deuxième mégalithe situé plus bas à quelques trente mètres du premier, ne possède plus que ses supports, sa dalle gît brisée, aux alentours parmi les nombreuses roches qui l'environnent. Quelques dalles verticales émergeant du sol, sembleraient indiquer les restes d'une allée couverte.

Dimensions. Orientation N.E.-S.O. Support du fond, 1 m. 10 X 0 m. 55 ; Support sud, 1 m. 25 X 1 m. 80 ; Support nord, 1 m. 40 X 1 m. 40 ; Longueur totale du monument, 2 m. 70.

On y a recueilli : des ossements calcinés ; une poterie brisée à fond arrondi et munie de trois cabochons, tenant lieu d'anses ; deux silex bien retouchés ; un grattoir et une lame courbe ; deux pendeloques en test de petoncle : plusieurs rondelles ou perles en test de cardium.


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Dans une fouille, sous un buis, près du mégalithe, Madame Landriq a recueilli 107 de ces mêmes perles en test de cardium.

A quelques mètres au sud gisent les restes d'un autre dolmen de dimensions plus réduites et complètement ruiné.

Un seul support reste debout, un autre est renversé et supporte la dalle de couverture, le tout est envahi par une végétation sauvage

Dimensions : Table, 1 m. 50 X 0 m. 90 ;

Support debout, 1 m. 50 X 0m.60;

Support couché, 1 m. 30 X 0 m. 70.

A cinq cents mètres environ de ce groupe de dolmens, au nord, sur une hauteur voisine, au tènement dit des Escamels, un amas de grosses dalles renversées et gisant les unes sur les autres signale la présence d'un autre dolmen ruiné. Ce monument devait être considérable à en juger par la grandeur des supports restés debout et la quantité de fortes dalles gisant à l'entour de la cella. Ce dolmen paraissait impossible à fouiller, malgré cela, M. et Mme Landriq ont trouvé moyen d'y recueillir plusieurs silex et des perles funéraires en test de cardium.

Les supports restés debout mesurent :

Support nord, 2 m. 15 X 1 m. 70 ;

Support sud, 1 m. 25 X 1 m. 30 ;

Une dalle de couverture, couchée à terre, à l'intérieur du dolmen, a 1 m. 90 X 1 m. 78. (1)

DERNACUEILLETTE (Canton de Mouthoumet).

Dans cette commune se trouve un dolmen, signalé dans l'inventaire de 1880, et dans l'annuaire de l'Aude, 1921.

Voici les renseignements que m'envoie M. le maire de Dernacueillette dans sa lettre du 19 septembre 1921 :

« La distance qui sépare Dernacueillette du dolmen est environ de deux kilomètres. La dimension de la dalle de couverture est de trois mètres, celles des supports de deux mètres environ audessus du sol ; il est en bon état de conservation.

(1) Bull, de la Soc. d'ét. sc. de l'Aude. T. XXVIII, p. 26.


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Ce dolmen mérite bien d'être reconnu, fouillé et sans doute classé, mais il est très difficile d'aller explorer ces monuments, dans une contrée dépourvue de tout moyen de communication,

DUILHAC (Canton de Tuchan)

Un dolmen est aussi signalé sur le territoire de la commune de Duilhac.

FONTJONCOUSE (Canton de Durban)

La commune de Fontjoncouse possède trois dolmens. L'un d'eux se trouve entre Albas et Fontjoncouse et porte le nom de dolmen de Pallax. L'un d'entre eux a été décrit dans une lettre adressée par M. Tournai, de Narbonne, à M. Alexandre Bertrand, président de la commission de topographie des Gaules, le 23 octobre 1860 ; un croquis est joint à cette lettre que je copie ici textuellement : « Le second (monument préhistorique) que j'ai découvert, il y a deux mois, est situé dans la commune de Fontjoncouse, canton de Durban, arrondissement de Narbonne, et consiste en un galgal de forme conique très surbaissé, composé de pierres calcaires et surmonté d'un demi-dolmen en calcaire gris carrié de l'époque du lias, provenant des montagnes environnantes. » On désigne ce monument sous le nom de Camp dal Palet

FLOURE (Canton de Capendu)

Un dolmen a été signalé par M. Fages, propriétaire du Paillasés, sur le mont Alaric, dans le tellement dit de SainteColombe, près des Bénitiers, au nord de la vallée de la Bretonne. Ce monument doit se trouver au lieu dit Laouret, où l'on trouve des débris de poteries et des silex. (1)

(1) Bull, de la Soc. d'Et. Sc. de l'Aude. T. III, p. 97. Ce monument a été signalé le 29 mai 1924. Lors de l'excursion de la Soc. d'Et, Sc. de l'Aude à Capendu, à Roquenegade et à Floure,


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FOURTOU (Canton de Couiza)

Le dolmen de Fourtou, aux trois-quarts ruiné, se trouve à quelques dizaines de mètres au-dessous des ruines du vieux château, à un kilomètre au nord du village, sur le flanc d'une hauteur escarpée.

La dalle de couverture, en calcaire du pays, a 4 mètres sur six et ne repose plus que sur un seul support. L'importante dimension de cette dalle révèle que ce monument devait être considérable. Il est probable qu'il n'a jamais été fouillé.

LAURE (Canton de Peyriac-Minervois)

Au milieu d'un bois de pins, sur une petite éminence, dépendant du domaine de Russol, propriété de M. Léon Perrière, au lieu dit Saint-Eugène, existent les restes d'un dolmen, ou plutôt d'une allée couverte, assez considérable, puisqu'elle occupe une superficie de 14 mètres de long sur 2 m. 50 environ de large. La plupart des supports sont encore debout et effleurent à peine la surface du tumulus qui les contient et les recouvrait jadis : au centre l'on voit encore une dalle de couverture, fort épaisse, brisée par son milieu, gisant sur la terré et mesurant 1 m. 70 X 1 m. 30. Celle-ci et les supports sont en grès carcassien, fort commun dans les alentours.

Des pins d'Alep ont été plantés en grand nombre, il y a une cinquantaine d'années sur la colline, autour du tumulus et même sur celui-ci, dont on ignorait peut-être encore la présence. L'allée couverte est remplie de terre et de pierres de toutes dimensions jetées sans ordre, le tout entremêlé d'ossements humains brisés. Une couche d'os de 0 m. 30 à 0 m. 40 d'épaisseur existe au fond de cet ossuaire, à 1 m. 50 environ au-dessous de la surface du sol.

Des inconnus avaient bien essayé jadis quelques essais de fouilles, qui n'avaient mis à jour presque à la surface que quelques fragments d'os.

L'année dernière, en août 1924, avec la gracieuse autorisation du propriétaire, j'ai pu entreprendre des fouilles plus sérieuses, qui m'ont donné d'excellents résultats,


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Parmi les ossements et les pierres j'ai pu recueillir plus de mille rondelles ou perles de collier en test de cardium, diverges pendeloques, quelques perles en os, un petit poignard triangulaire et deux anneaux en bronze, plusieurs pointes de flèches et de javelots en silex admirablement retouchés, des lames de silex, des palettes funéraires en schiste vert et des fragments de poteries, dont quelques-uns incisés.

Les fouilles sont longues et difficiles à cause des nombreuses pierres de toutes dimensions qui gisent sans ordre, parfois coincées entre elles, et entremêlées avec la terre et les os. Ceuxci sont très friables et spongieux et se brisent au moindre choc ; je n 'ai pu sauver aucun des nombreux crânes, souvent du reste écrasés, mis au jour par le pic, mais j'ai pu recueillir un nombre considérable de dents et de fragments de machoires. Une notice détaillée donnera ultérieurement le résultat complet des trouvailles faites dans cet ossuaire, qui est je crois le plus important que l'on ait signalé dans la région.

Sur un monticule voisin, à l'est et à cent mètres environ du premier, là où la tradition place une chapelle dédiée à sainte Eugénie, et qui est aussi boisée de pins, on peut remarquer que le sommet du mamelon est composé de terres rapportées. Y aurait-il là aussi un autre tumulus ?

Sur le versant est de cette colline, on trouvait jadis des fragments d'os humains et des dents de chevaux. Feu M. Mestre de Caunes, propriétaire d'une pièce de terre attenante, y avait recueilli jadis, des' lampes en terre cuite, des fusaioles polychromées, des monnaies celtibériennes, et d'autres objets de provenances très anciennes, qu'il vendit à des antiquaires de passage.

Dans les champs et les garrigues voisines, on a trouvé aussi des silex taillés, des haches néolithiques en pierre et une hache en bronze.

Tous ces objets ont été dispersés, sauf le dernier, qui se trouve aujourd'hui dans les vitrines de la collection de la Société d'études scientifiques de l'Aude.


MASSAC (Canton de Monthoumet)

Quatre dolmens se trouvent sur le territoire de la commune de Massac, et chacun porte son nom.

1° Le dolmen, dit des trois pierres, très peyros, al pla de las brugos,

Ce mégalithe a trois mètres de long sur 1 m. 20 de large : il est divisé dans sa longueur en deux compartiments égaux, séparés par une dalle transversale,

2° Le dotaient, dit de la Cioutat (La Cité), C'est une tombe de, 2 m. sur 0 m. 70, ayant des supports de 0 m. 90 à 1 mètre de hauteur. Ces deux dolmens se trouvent du côté de la Roque de Fa.

Les deux autres sont du côté de Dernacueillette au-dessus du col de Massaguel. Ce sont : N° 3 : Le dolmen de l'Arquette, situé à mi-côte du penchant sur le haut duquel s'élève la Table des Maures. Ce mégalithe a sa table inclinée vers le sol et fortement échancrée, vers le milieu de son bord. Elle a 1 m. 90 sur 1 m. 55. Son support sud a 1 m. 55 X 0 m, 88; le support côté nord, 2 m. X 1 m. 10.

4° Au sommet de la colline et dominant un vaste horizon se dresse le magnifique dolmen appelé dans le pays Table des Maures. Sa dalle de couverture a 2 m. 40 X 2 m. 62. Supports de l'est à l'ouest, 1 m. X 1 m 25, 1 m. 20 X 0 m. 63, 1 m. 10 X 1 m. 10, 1 m. 40 X 0 m. 70. Deux supports couchés sur le devant ont 0 m. 82 X 1 m. 30,1 m. 10 X 0 m. 70. Epaisseur moyenne de la dalle, 0 m. 40 à 0 m. 50. Altitude, 562 mètres. Ce dolmen est porté sur la carte d'état-major, il vient d'être classé par arrêté ministériel du 17 juin 1925,

Ce mégalithe a été signalé ainsi que ses voisins par M. Barnier, ingénieur des mines de Padern et conseiller général de l'Aude.

Il a été fouillé par lui, en 1876. Il y a trouvé 85 dents et des ossements humains, il y a recueilli en outre un anneau en bronze, des pendeloques en test de coquillages, un peson ou


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fusaiole en terre cuite, Ces objets se trouvent dans les vitrines du musée de Carcassonne. (1)

MONZE (Canton de Capendu)

A quinze cents mètres environ de Monze, sur le sommet d'un mamelon escarpé, faisant partie des premiers contreforts des Corbières, près du domaine de la Madeleine d'Albesse, dépendant de la commune de Fontiès d'Aude, se trouve un dolmen à peu près ruiné.

Ce monument devait être assez important, à en juger par ses dimensions. Ses supports sont en grès carcassien et proviennent des terrains environnants, la dalle centrale est en calcaire nummulithique, appartenant aux couches de l'épicrétacé de l'Alaric, séparé du point culminant où se trouve le mégalithe par la profonde dépression qui forme la vallée de la Bretonne.

Une courte allée couverte du côté sud précède la crypte centrale.

Une tombelle ou cella, se voit du côté Est à deux mètres du dolmen. Trois des supports de celui-ci sont encore debout, la dalle de couverture reposant d'un côté sur le sol, a glissé du côté ouest.

Le mégalithe a été fouillé par des inconnus en 1891, dès qu'il fut signalé, à la suite d'une excursion de la Société d'études scientifiques de l'Aude, publiée par les journaux. Averti par la dite Société et invité par elle à visiter ce dolmen et à le fouiller, quelques jours après je l'ai trouvé complètement vidé; cependant, voyant que la cella voisine avait été inexplorée, j'ai pu par des fouilles très sommaires, y recueillir deux belles pointes en silex corné, l'une lancéolée à base aplatie, la seconde plus petite en forme de feuille de laurier, toutes les deux bien retouchées sur les bords. Voici les dimensions que j'ai relevées le 26 juin 1921 : allée couverte : largeur, 1 m. 20, longueur, 3 mètres; table, 2 m. 70 X 2 m. 80; épaisseur, 0 m. 30; plus grand support, 1 m. 80 X 1 m. 80.

(1) Mémoires de la Société des arts et sciences de Carcassonne. T. IV. 1re partie 1879, p. 19.


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PENNAUTIER (Canton Ouest de Carcassonne)

En 1915 (Bull, de la Société d'études scientifiques de l'Aude, t. XXVI, page LXV), M, Fages a signalé la présence d'un dolmen à trois kilomètres au nord du village de Pennautier, sur la rive droite du ruisseau des Albarels, a 500 mètres au-dessus de celui-ci, sur le sommet d'un mamelon boisé de chênes verts, dans les terres du domaine de Mourre, appartenant alors à M. Gazaben et vendu depuis à M. Fayet, de Béziers.

L'ayant visité très rapidement, M. Fages ne put en donner qu'une description très sommaire. Etant allé le reconnaître en compagnie de celui-ci de 19 décembre 1121, je puis à présent donner des détails plus précis sur ce monument mégalithique, de vastes proportions par rapport à ceux plus modestes de notre région, et qui ainsi que l'ont prouvé des fouilles récentes, était un véritable ossuaire puisque l'on a pu y recueillir dix-sept crânes humains et de nombreux objets de l'industrie de l'époque énéolithique, comme en témoignent des débris de poteries incisés de dessins géométriques. Nous ne savons rien des fouilies qui y ont été opérées par M. Fayet, qui peuvent bien orner ses collections, mais resteront lettres mortes pour les sciences préhistoriques.

Les supports du dolmen sont en calcaire lutétien. La table de couverture a disparu. Il reste trois supports sur un côté et deux de l'autre, un seul en tête. Le dolmen a 3 m, 40 de longueur sur 1 m. 90 de large. Un chêne vert, déjà fort, a poussé dans l'intérieur du monument. Une cella se trouve accolée au sud du dolmen, elle n'a que 1 m. 20 sur 2 m. 40 de longueur.

(Au-dessous, à 200 mètres environ, se trouve un cromlech, décrit dans la partie de cette étude relative aux menhirs:)

PEPIEUX (Canton de Peyriac-Minervois)

Sur une colline, désignée dans le pays sous le nom de Moural de las fados, colline des fées, mamelon isolé dans la plaine sur le territoire de Pépieux (Aude) mais confrontant celui de Siran (Hérault), se dresse un magnifique dolmen en bon état de conservation.


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Par sa position isolée et élevée, ce monument se voit de fort loin et présente un aspect imposant. Ses dimensions sont d'ailleurs considérables, puisque, avec les deux allées couvertes qui raccompagnent, il occupe une longueur de vingt-quatre mètres.

L'énorme dalle qui surmonte la crypte centrale, est en calcaire nummulithique, et provient des escarpements, assez distants cependant, de la Montagne noire. Elle a 5 m. 45 de long sur 2 m. 90 de large. Elle est légèrement inclinée vers le sud-est.

L'orientation du monument est E.-O. Les deux allées couvertes sont remplies de pierres de toutes dimensions, provenant sans doute de l'empierrement des cultures voisines.

Ce dolmen a été fouillé en 1891 par M. Rivière, de Pépieux, qui n'a pu explorer que la partie centrale. Il y a recueilli de nombreux ossements humains, dont certains avaient subi l'atteinte du feu, des fragments de poteries noirâtres et grossières, des silex, des débris; d'objets en ivoire, des bois de cerf travaillés, deux disques en schiste perforés, une belle pointe en silex de 0 m. 09 de long, de forme triangulaire, très affilée et finement retouchée.

Dans la plaine qui s'étend à l'est du mégalithe, en défonçant à la vapeur, on a découvert tout un champ de sépultures, contenant des urnes funéraires, dont plusieurs étaient enfermées dans un dolium de fortes dimensions.

Plus tard, en 1904, M. Pradal, de Siran, a recueilli aussi dans le voisinage du dolmen, une vingtaine d'urnes funéraires, recouvertes chacune d'une plaque de schiste ardoisier et contenant des débris d'ossements humains et d'objets en cuivre ou en bronze.

Le dolmen de Pépieux est connu dans le pays sous le nom de Palet de Rolland, nom commun à plusieurs de ses congénères.

Il a été classé comme monument historique en février 1923, mais porté à tort dans la commune de Siran. Car si son propriétaire habite cette localité, le monument se trouve bien en réalité sur le territoire de Pépieux, commune de l'Aude.


ROUFFIAC DES CORBIERES (Canton de Tuchan)

Trois dolmens se trouvaient dans les terres de la commune de Rouffiac, un seul existe encore en bon état de conservation.

Il se trouve dans une pente boisée, au-dessus du chemin de la Uiéte4jn>e du Trillol et qui va à Montgaillard (al camp ou rec de Fallières). iL a été complètement fouillé. Il a été construit en dalles de grès, incrusté de quartz, appartenant à l'étage turonien dans lequel il se trouve, et est appelé dans le pays, cabane des Maures. On voit au-devant du mégalithe des restes de supports, qui indiqueraient la place d'une allée couverte disparue.

Voici les dimensions du monument : Orientation E.-O, altitude, 500 mètres. Dalle de couverture, 2 m. 45 X 2 m. 42; épaisesur moyenne, 0 m. 40. Support du fond, 1 m. 75 X 0 m. 95. Support nord, 1 m. 72 X 1 m. 70. 1er support à l'entrée, 0 m. 30 X 1 m. 10. Support sud, 1 m. 20 X 1 m. 88. 2e support à l'entrée, 0 m 80 X 1 m 30.

Une petite muraille en pierre sèche, rejoint les supports du côté sud.

Les deux autres dolmens, situés sur le territoire de Rouffiac, sont complètement ruinés.

Le premier, près de la bergerie de Counezeil, se trouve au bas du plateau, cote 411, à huit cents mètres environ du Cromlech, qui sera décrit dans la seconde partie de ce travail.

M. et Mme (Landriq (1), qui ont signalé ce mégalithe en juin 1924, y ont récolté des perles de Collier en test de cardium et des fragments de poteries et mis à jour des ossements humains.

Dimensions : Support du fond, 1 m. 10 X 0 m. 60. Les autres avaient un métré environ et émergeaient du sol de 0 m. 40. La dalle de couverture a disparu.

Il est probable que des fouilles moins hâtives et moins superficielles amèneraient encore d'autres découvertes.

Près de la bergerie de Counezeil, au nord du domaine de Paza, existait un autre dolmen détruit tout récemment par le propriétaire pour les besoins de son exploitation.

(1) Lettre du 1er juin 1924, de M. et Mme Landriq, instituteurs à Camps, communiquée à la Société d'études scientifiques de l'Aude le 10 juin 1924.


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TOUROUZELLE (Canton de Lézignan)

Dans son compte rendu de l'excursion de la Société d'études scientifiques de l'Aude à Tonrouzelle, le 13 juin 1909, M. Madrennes, de Rieux-Minervois, signale l'existence d'un dolmen aux troisquarts détruit, et celle d'un autre dont il n'a pu retrouver l'emplacement.

Je transcris ici le texte du bulletin : « En remontant les hauteurs situées au midi, on arrive à un point appelé dans le pays Montourens ou le Paradis. La société a pu voir là les restes d'un dolmen que j'ai découvert, il y a une trentaine d'années et dont il ne reste plus qu'une seule pierre debout. J'eus l'heureuse idée d'en prendre alors une vue photographique, qui me permet d'en donner la reproduction. Ses pierres droites, non taillées, plantées en cercle, portent dans leur intérieur deux fragments d'une large pierre, qui rapprochés formaient exactement le couvercle du monument, ne laissant aucun doute sur son origine et sa destination: Des traces d'ossements humains qui se montraient à la surface me confirment dans mon opinion. » Et plus bas : « un autre type de ce genre avait été découvert par moi dans une partie de la commune située vers la Serre ou borio de Gleon, mais il ne ma pas été possible de retrouver l'emplacement. » (Bulletin de la Société d'études scientifiques de l'Aude, excursion à Tourouzelle, t. XXI, pages 69 et suivantes.)

Bull. de la Soc. d'ét. se. de l'Aude. Excursions à Tourouzelle. T. XXL p. 69 et suiv.

TRASSANEL (Canton de Mas-Cabardès)

Sur une hauteur au nord du village, se trouve un dolmen entièrement ruiné, mais encore bien reconnaissable, par ses supports et aux dalles gisantes à côté. Renseignement de feu M. Louis Baleste de Cabrespine.

VILLALIER (Canton de Conques)

Il y a déjà quelques années (en 1902) la famille du célèbre tribun Armand Barbès, décédé et inhumé en Belgique en 1870, fit opérer la translation de ses restes dans son pays natal et


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entreprit de faire construire un mausolée pour les recevoir dans les terres du domaine de Fourtou.

L'endroit choisi fut le sommet d'un coteau boisé de pins et dominant toute la plaine Carcassonnaise.

En creusant pour établir les solides fondations du caveau les ouvriers mirent à jour un dolmen intact, sous tumulus.

Le bruit de la découverte se répandit aussitôt et les curieux commencèrent à accourir. Pour mettre fin à cette affluence indiscrète et éviter tout ennui, l'entrepreneur se hâta de recouvrir de nouveau le mégalithe et de commencer la construction du mausolée. C'est donc, sur un vrai dolmen, dernier abri d'ancêtres lointains, que s'érige aujourd'hui le tombeau de cet apôtre de la liberté, qui prit pour devise : « vivre libre ou mourir ». Renseignement de M. l'abbé Baichère, professeur du petit Séminaire de Carcassonne, propriétaire à Bagnoles (Aude).

VILLENEUVE-MINERVOIS (Canton de Peyriac-Minervois)

Le dolmen dit de la Jagantière est situé au-dessus du domaine de la Val d'Homps, sur un mamelon escarpé faisant partie des premiers contreforts de la montagne noire.

Il se trouve éloigné de toute agglomération, et l'on ne peut y accéder que par des chemins presque impraticables. Il est distant de trois kilomètres de Villeneuve-Minervois et à une altitude de 389 mètres.

Le monument domine tout un vaste horizon. Toute la plaine du Minervois et celle du Narbonnais, s'étalent à ses pieds.

Du côté de l'Est, vers Béziers, une légère échancrure des hauteurs, laisse parfois, lorsque la pureté de l'atmosphère le permet, apercevoir au loin scintiller les flots argentés de la Méditerranée. Au Sud les Corbières, montrent leurs flancs arides et dénudés et plus loin encore, lorsque souffle là brise marine se profilent sur l'azur du ciel, les cimes neigeuses des Pyrénées, depuis celles du Canigou, jusqu'à celles du St-Barthélemy.

Sur le fond ténébreux de la Montagne noire, la table blanche du dolmen s'aperçoit de très loin comme une perle claire sur le fond sombre d'un noir écrin.

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Le monument est encore assez bien conservé. La dalle de couverture légèrement inclinée sur les supports du côté Est, est fendue par son milieu. Un coup de foudre, en est dit-on la cause. Elle est en calcaire sériciteux, provenant des assises voisines. Sa longueur est de 2 m. 50 X 2 m. 30, son épaisseur moyenne de 0 m. 25.

Ce dolmen a été visité et fouillé plusieurs fois, mais on n'a jamais connu le résultat de ces recherches. Il a été classé, il y a quelques années comme monument historique. En 1892 j'ai pu recueillir une belle pointe de flèche barbelée et pédonculée en silex corné.

Environ à deux cents mètres à l'ouest, au-dessus de la métairie de Roque trucade (Roquo traoucado ou roche percée) ainsi nommée à cause du rocher percé qui se trouve en contrebas dans le ravin, existe une autre sépulture, peut-être bien les restes d'un dolmen détruit. C'est un caisson, ne possédant plus que ses dalles latérales, émergeant à fleur de terre. Il paraît complètement fouillé, j'y recueille cependant des dents humaines.

Au mois de mars 1923, la commission des monuments historiques, pour assurer le mégalithe, menacé de déprédations, a offert à son propriétaire, M. Paul Griffe, de Villeneuve-Minervois, de faire l'acquisition du dolmen de la Jagantière, mais devant les prétentions exagérées de celui-ci a dû renoncer à son projet.

Villeneuve-des-Corbières. — Mme Landriq à signalé à la Société d'Etudes Scientifique de l'Aude, la découverte d'un dolmen, situé au lieu dit Coumbo de l'Agnel, à 800 mètres à l'Est du village : le monument aux trois-quarts ruiné a été vidé jadis : il ne lui a fourni que quelques rondelles en test de cardium et une sorte de grattoir en silex.


DEUXIEME PARTIE

MENHIRS DE L'AUDE

Comme je viens de faire pour les dolmens, je ne puis décrire ici que quelques-uns des menhirs qui. existent dans le département de l'Aude. De beaucoup on n'en connaît la présence que par leur nomenclature dans l'inventaire de 1880, et plusieurs sont indiqués sous divers noms, Comme celui d'Arques ou de Peyroles, ou signalés dans des localités différentes, tout en étant le même mégalithe.

Ainsi aux environs de Carcassonne, nous voyons décrit un menhir important de la manière suivante : « à cinq kilomètres de Carcassonne, menhir important, dit Peïro negro ou Peïro ficado, sur un plateau dont la base est arrosée par la Ceize, hauteur cinq mètres » (Hist. de Carcassonne, Dict, de la Gaule), Evidemment ce mégalithe ne peut être que celui de Malves, qui a la même hauteur et se trouve au bord de la rivière du Clamoux un peu en aval de son confluent avec la Ceize.

Plusieurs autres aussi qui figurent dans l'inventaire, ne sont pas connus dans la commune où ils sont signalés, comme j'en ai les témoignages par plusieurs lettrés, mais il existe de nombreux tènements portant les noms de peïro dreïto, peïro lebado, peïro ficado, où n'existent plus aucun menhir, mais qui certainement désignent la place où devait s'ériger jadis un de ces monuments.

Contentons-nous donc de ce que nous savons jusqu'à ce jour, jusqu'au moment où une exploration plus complète de notre département nous permettra d'ajouter un supplément à ce modeste travail.

ALET (Canton de Limoux)

L'inventaire des monuments mégalithiques de France, publié en 1880, signale trois menhirs à Alet. En réalité, il n'y en a qu'un, et cela provient de renseignements erronés et de désignations d'emplacement inexacts.


Le seul qui existe est celui de Bacou, que l'on place tantôt du côté de Saint-Polycarpe, près de Saint-Salvaire et tantôt de Véraza, quand il se trouve réellement près de la métairie de Bacou, sur le territoire d'Alet.

Nous en donnons ici la description telle qu'elle se trouve dans l'ouvrage de M. l'abbé Lasserre, curé d'Alet. (1) « Pour nous borner à la métairie de Bacou, nous devons dire que l'on trouve dans les environs de Saint-Salvaire, un monument celtique du culte superstitieux des anciens habitants de nos contrées. C'est une pierre druidique, isolée sur une montagne déserte à 720 mètres d'altitude, d'où l'on embrasse un immense horizon. Depuis plus de 2,000 ans, elle semble protégée par un respect religieux de la part des habitants du pays...

« Le menhir est implanté verticalement en terre et comme on le remarque souvent, par une disposition bizarre, l'extrémité supérieure est la plus volumineuse : telle est la disposition de celui de Bacou qui est un peu incliné et mesure 1 m. 45 de hauteur ; la tradition veut quil s'enfonce dans le sol à 1 m. 50 de profondeur. On aperçoit au sommet une petite perforation où l'on aurait fixé jadis une croix de fer. »

M. Sauvère, instituteur à Saint-Polycarpe (canton de Limoux), en donne une description à peu près identique. « Sur une montagne non loin de Saint-Polycarpe, existe une pierre druidique, appelée menhir. Elle mesure au-dessus du sol, 1 m. 45 et s'enfonce audessous de 1 m. 50. Il existe au sujet dé cette pierre une légende qui m'a été racontée par les habitants du pays. Un géant, appelé Marre, jouait un jour avec cette pierre, qu'il avait, dit-on, arrachée à une chaîne de rochers, appelée Roquo dé Broundo, près SaintPolycarpe ; il voulait la lancer comme un palet sur le village d'Alet, situé à sept kilomètres, lorsque dans le trajet la pierre heurta la cime de la montagne et s'y implanta solidement. Depuis, elle est toujours restée dans cet endroit, oubliée sans doute par le géant. »

(1) Recherches historiques sur la ville d'Alet et son ancien diocèse, par M, l'abbé Lasserre, curé d'Alet, p. 321. Carcassonne, imprimerie nouvelle Polère, 1877.


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Dans la carte jointe au travail de M. Sauvère, le menhir de Bacou se trouverait dans la commune de Véraza, jadis annexe de celle d'Alet. (1)

BAGNOLES (Canton de Conques)

Un menhir d'une certaine importance se dressait, il n'y a pas encore longtemps, près de la rive gauche de la rivière du Clamoux, à quelques deux cents mètres du village de Bagnoles. Il devait avoir un aspect assez imposant, puisqu'il était formé d'une dalle brute de trois mètres de hauteur. Il était connu dans le pays sous le nom de Roquo-Plantado et désigné ainsi sur le plan et compoix de Bagnoles.

Il ressemblait par sa forme et ses dimensions, plus réduites, au beau menhir de Malves qui se voit à deux kilomètres plus bas.

Sans avoir égard à son antiquité et aux anciens souvenirs, ce monolithe fut brisé et réduit en fragments, pour être utilisé en qualité de matériaux de construction, pour la distillerie Valent que l'on bâtissait à côté. (Note de M. l'abbé Baichère, ancien professeur du petit séminaire, propriétaire à Bagnoles. (Décédé le 7 janvier 1926.)

BELCASTEL ET BUC (Canton de Saint-Hilaire)

Un menhir est signalé dans cette commune, sur l'inventaire publié en 1880.

BOUISSE (Canton de Monthoumet)

Sur un mamelon voisin du village, au lieu dit Clôt de l'Hoste, s'élève un menhir appelé Peïro dreïto. Aux alentours, on a trouvé de nombreux ossements humains. Là dénomination de Clôt de l'Hoste ne rappellerait-elle pas le souvenir d'une bataille (Hostis, ennemi) et l'endroit où furent ensevelis les vaincus, ou celui du lieu où l'on sacrifiait des victimes (Hostias) au pied de l'idole, si toutefois on peut attribuer ce rôle aux menhirs. (2)

(1) Le village de Saint-Polycarpe et ses environs, par François Sauvère, instituteur. Travail couronné par la Société des arts et sciences de Carcassonne. Mémoires 1895 : t. VII, p. 155.

(2) Renseignement de feu M, l'abbé Ancé, curé de Greffeil,


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COUNOZOULS (Canton d'Axat)

A quelques deux kilomètres avant d'arriver à Counozouls, sur une colline mamelonnée, au-dessus du confluent de l'Aiguette et du ruisseau de Roquefort, sur la gauche de la route, s'élève un beau menhir de granit, au centre de blocs arrondis de la même roche. Il peut avoir de quatre à cinq mètres de haut, est de forme rectangulaire et a son sommet plus large que sa base. ( 1 )

CUCUGNAN (Canton de Tuchan)

Un menhir est signalé à Cucugnan, dans l'inventaire de 1880. M. le secrétaire de la mairie de cette commune, dans sa lettre du 24 août 1921, m'avise que ses recherches pour trouver ce monument ont été sans résultat, mais qu'il existe sur ce territoire, sur la rive gauche du Verdouble, un tènement désigné sous le nom de Peyrefitte, où sans doute s'érigeait jadis le mégalithe.

FOURNES (Canton du Mas-Cabardès)

Nous avons parlé, plus haut d'un demi-dolmen ou dolmen ruiné, qui se trouve dans la commune de Fournes. A quelque cinq cents mètres de celui-ci, on voit un menhir couché sur le sol, au sommet d'un mamelon appelé le Peyregat (Lieu pierreux, amas de pierres).

Le monolithe gît au centre d'une enceinte circulaire formée de rocs et d'amas de pierrailles, entre le lieu dit la rive rouge et le plan de la tour.

Il est formé d'une pierre très dure en schiste sériciteux, et est couché dans la direction N.-S. Sa longueur hors du sol est de 3 m. 75 et son épaisseur moyenne, le bloc étant sans arêtes, de 0 m. 58.

Quelles conclusions pouvons-nous tirer des noms que portent les tènements voisins du menhir : Rive rouge; est-ce un souvenir de sacrifices sanglants ? Mystère indéchiffrable.

Le territoire de Fournes, situé sur un plateau rocheux dominant le cours de l'Orbiel, défendu en cet endroit par les châteaux du Cabardès, a été occupé depuis les temps les plus reculés et sous le rapport du préhistorique mériterait d'être exploré très sérieusement.

(1) Bull, de la Soc, d'ét, sc, de l'Aude 1904. T, XIII p. 133,


Menhir de Counozouls. — Cliché Sicard,

Menhir de Montolieu, près Guittard.

Cliché Sicard.



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Fournes possède des barrènes, anciennes mines de fer, espèces de puits très profonds, où l'on descend par un chemin de SaintJacques, en spirale, offrant une chaîne comme point d'appui.

Dans leurs environs, on a remarqué de nombreuses tombes à dalles et je ne puis m'empêcher, à ce propos, de raconter l'anecdote suivante qui m'a été racontée par lé forgeron de la localité.

Celui-ci encore tout jeune, s'amusait avec ses camarades de l'école à faire rouler de grosses pierres du haut en bas de la montagne. Un jour, ayant soulevé à grands efforts, et avec l'aide de ses compagnons, une large dalle, il voit au-dessous, dans une cavité, un squelette casqué et revêtu d'une armure, qui le fixait de ses yeux creux. Epouvantés, les gamins laissent retomber la pierre et s'enfuient.

Plus tard, assagi, arrivé à la maturité de l'âge, et mis au courant des recherches scientifiques, notre homme revint au tènement où il se rappelait vaguement avoir soulevé la dalle sépulcrale. Mais celle-ci, recouverte et cachée par les végétations montagnardes, cistes et buis, échappa à toutes ses investigations. C'est sur le penchant abrupt de la montagne, en vue de Lastours, que se trouvait cette sépulture et peut-être bien d'autres.

GREFFEIL (Canton de Saint-Hilaire)

Grâce aux incessantes recherches de M. l'abbé Ancé, curé de Greffeil, la commune de Greffeil et ses environs, ont été l'objet de plusieurs trouvailles de l'industrie de l'époque néolithique, silex, pointes de flèches, poteries et sépultures.

Les gîtes et abris sous roches sont nombreux dans cette région.

C'est grâce aux indications de M. l'abbé Ancé, que nous pouvons décrire les deux menhirs qui se dressent dans la forêt domaniale de Castillon, au lieu dit les Usclades.

Je transcris ici textuellement la note qui m'a été transmise par M. l'abbé Ancé : « A l'est et à une démi-lieue du village de Greffeil, il y a quelques roches ondulées, puis deux blocs, de pierre détachés, mesurant l'un dans l'autre de 2 à 3 mètres de hauteur, et portant, d'après la tradition et le cadastre, le nom de Peïro dreïto.»


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L'auteur de la note a recueilli aux alentours de ces mégalithes de nombreuses pointes de flèches on silex, barbelées et pédonculéeés, ainsi que des haches en pierre polie, provenant de roches diverses. Ces objets figurent dans les vitrines du musée de Carcassonne, dans celles de la Société d'études scientifiques de l'Aude, et dans les collections de nombreux amateurs, grâce à l'excessive libéralité de M. l'abbé Ancé.

M. Bayle, instituteur en retraite à Greffeil, a fait une nionographie de cette commune, travail édité et couronné par la Société des arts et sciences de Carcassonne, t. VII. 1895. p. 183. Nous y relevons ce qui suit : « Dans la direction du levant à deux kilomètres du village, se dresse sur une haute montagne, dont le sommet est couronné par deux ou trois rochers connus d'après le plan cadastral sous le nom de « Peïros dreïtos. »

LAGRASSE (Canton du dit)

Au lieu dit Pratx, s'élève une haute borne appelée dans le pays Peïro dreïto (renseignement de M. le Dr Degrave, de Lagrasse).

MALVES (Canton de Conques)

Le menhir de Malves est assurément le plus remarquable de tous ceux qui se trouvent dans le département de l'Aude.

Il se dresse fièrement sur la rive droite de la rivière du Clamoux, à peu de distance à l'ouest du village de Malves. Le monolithe est un peu penché vers le sud-est. Il est de forme rectangulaire et a son sommet à cinq mètres au-dessus du sol. Il est en grès carcassien (Eocène lutétien), et l'on trouve de nombreuses carrières de cette roche dans les environs.

Quoiqu'il soit dans un bas-fond et qu'il ne domine le thalweg de la rivière que d'environ trois mètres, il se voit de fort loin, et présente un aspect imposant.

Autour de sa masse le sol formait une certaine intumescence, qui s'aplanissant peu à peu par suite de l'érosion, donnait lieu à la légende, qui prétendait que la pierre surgissait lentement du sol et s'élevait de siècle en siècle.

Comme nous l'avons dit, le mégalithe a 5 mètres de hauteur, il a 1 m, 45 de largeur et 0 m. 45 environ d'épaisseur. En comptant sa


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base possible, sa longueur serait de 9 mètres et son poids énorme de 75.000 kilos.

Le monument est fendu horizontalement à 2 mètres au-dessus du sol et aurait bien besoin d'être consolidé, par des agrafes en fer et un appliquage de ciment, sinon la partie supérieure viendra un jour ou l'autre s'écrouler sur le sol.

Ce monument, qui vient d'être classé tout récemment (1), mérite certainement une prompte réparation pour sa bonne conservation.

Il ne me semble pas inutile de rapporter ici la légende qui a trait à ce menhir, et qui nous conte qu'au courant du VIIIe siècle, l'armée sarrazine, après s'être emparée de Narbonne, s'avançait vers Carcassonne en suivant la voie romaine par Tourouzelle, Septserous, Villepeyroux et Malves. Arrivée à ce village, et ayant franchi le cours du Clamoux, la troupe des envahisseurs se trouva en face de l'imposant monolithe, érigeant sa masse sur le talus voisin. Frappés par là hauteur de cette pierre droite, marquant comme une borne à leur passage, ils crurent y voir une manifestation du ciel, leur interdisant de pousser plus avant leur guerrière randonnée. Ils obliquèrent donc à gauche et suivant les bords de la rivière, ils arrivèrent à la nuit devant Trèbes qui, d'après la légende, fut miraculeusement sauvée.

BIBLIOGRAPHIE

Chanoine VERGUET. — Mémoires de la Société des arts et sciences de Carcassonne, 1858-4859, p. 246.

DITANDY. — Lectures variées sur le département de l'Aude, 25e lecture, p. 79, Carcassonne, 1875.

CROS-MAYREVIELLE. — Histoire de Carcassonne.

SICARD. — Bull, de la Soc. d'études scient, de l'Aude, t. II, 1891.

Henri TOURNAS. — Revue scientifique, octobre 1913.

MAHUL. — Cartulaire, t. II, p. 51.

(1) Le Menhir de Malves, situé sur les terres du château, propriété de M. Soulas, a été classé comme monument historique à la date du 16 avril 1921.


— 224 — MONTOLIEU (Canton d'Alzonne)

Sur un plateau inculte, formant col, à 30 mètres environ de la route d'Alzonne à Montolieu et au nord de cette voie et à 300 mètres après avoir dépassé la métairie de Guittard, se trouve un très modeste, mais très reconnaissable menhir, ignoré de la plupart des gens du pays, et que j'ai été reconnaître en compagnie de M. Fages, mon collègue en préhistoire, le 16 août 1925.

Le monolithe se trouve dans le territoire de la commune de Montolieu et dans le terrain géologique dit lutétien inférieur ou yprésien. La pierre est en granit à grains grossiers, provenant du sommet de la Montagne noire. Il domine la vallée de l'Aude et la dépression de Montolieu, surmontée des flancs abrupts de la montagne.

Le mégalithe n'a qu'un mètre dix centimètres de hauteur, sur 0 m. 60 à sa base dans la partie la plus large et 0 m. 20 d'épaisseur.

Il est entouré comme presque tous ses pareils d'une légère intumescence de terre. Nous avons recueilli tout près un fragment de silex et un débris d'anse d'amphore.

PENNAUTIER (Canton de Carcassonne)

Cromlech : Au-dessous et à environ deux cents mètres du dolmen de Moure, décrit dans la première partie de ce travail, existe un cromlech, cercle de pierres de huit mètres de diamètre.

Il est formé par huit petits menhirs dont le plus haut a 0 m. 80 de hauteur. Le cercle est incomplet, certains menhirs formant la courbe du côté sud ayant disparu. Trois petits blocs carrés sont au centre de la circonférence. (1)

PEYROLLES (Canton de Coniza)

En suivant la route qui va de Couiza à Arques, en arrivant à la borne kilométrique 65. K. 5 h., si l'on se tourne vers la gauche, on aperçoit un menhir qui se dresse à 150 mètres du chemin. Il est en calcaire ancien, incliné S. S.-O. et s'élève au-dessus du sol à 2 m. 50. Son épaisseur est de 0 m. 60.

Ce monolithe est situé sur un terrain inculte au lieu dit les Pontils. Le sol résonne sous les pas à l'entour du monument et l'on

(1) Bull, de la Soc d'ét, sc. de l'Aude. T. XXIII p, LXXII.


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prétend qu'une cavité ou excavation assez large existerait dans le sous-sol (renseignement de M. l'abbé Ancé, curé de Greffeil).

Cette pierre est appelée indifféremment menhir d'Arqués ou menhir de Peyrolles. Cependant c'est sur le territoire de cette dernière commune que s'élève le mégalithe.

(Bedos, garde général des eaux et forêts.) Bull, de la Soc. d'ét. sc. de l'Aude, 1896, t. VIII, p. 24.

PRADELLES (Canton du Mas-Cabardès)

Sur l'un des points culminants de la Montagne noire, au sud de Pradelles et du pic de Nore, à une altitude de 900 mètres, près de la métairie de la Serre, propriété de M. Blanc, se trouve un menhir que je fus reconnaître en août 1904.

Le mégalithe est situé sur une croupe de la Montagne noire, au lieu dit Nouret.

Il est en gneiss, comme toutes les roches avoisinantes. Sa hauteur hors de terre est de 2 m, 60, sa largeur de 2 mètres. Son épaisseur moyenne de 0 m. 50. Le monolithe est légèrement penché vers le nord. Son orientation est E.-O. Le sommet de la pierre est arrondi.

Non loin, sur une éminence, quelques dalles plantées verticalement se font remarquer. Elles ne sont pas bien hautes : elles sembleraient indiquer la place, soit de deux tombelles, soit de deux petits dolmens.

A neuf cents mètres environ, au sud, sur une hauteur nommée colline des Nespouliers, s'élèvent encore quelques dalles verticales et tout près un grand nombre de pierres plates, petites dalles posées à plat, alignées toutes dans le même sens, et disposées autour d'espaces vides en forme de carrés.

Ne pourrait-on voir là, un de ces alignements de nos contrées méridionales dont parle M. de Mortillet dans son ouvrage Le préhistorique, page 587 : « les alignements du Midi de la France, compris dans les 56 indiqués ci-dessus, diffèrent beaucoup des précédents (Carnac-Morbihan). Ils sont souvent formés au lieu de pierres fichées en terre, de simples pierres posées sur le sol. Ils paraissent plus récents étant reliés à des cromlechs contenant du métal, ».


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Non loin, en revenant vers Pradelles, on traverse le col de la. Roquo Plantado. Cette détermination est l'indice certain qu'un menhir existait en ce lieu. Il est sans doute où détruit ou couché et couvert par la végétation, et notre guide n'a pu me le faire voir. (1)

RIEUX-EN-VAL (Canton de Lagrasse)

Entre Servies et Rieux-en-Val, à l'extrémité d'un mamelon rocheux peu élevé, se dresse un menhir surmonté d'une croix en fer. La pierre est en grès carcassien, commun dans les environs. Elle a deux mètres de large à sa base sur 2 m. 20 de haut et 0 m. 40 d'épaisseur.

On a trouvé au pied des ossements humains. La croix a du être placée à son sommet pour éviter sa destruction et christianiser le culte dont peut-être il était l'objet. (2)

ROUFFIAC-DES-CORBIERES

Cromlech. — Ce monument, qui a été découvert par M. et Mme Laudriq, le 5 juin 1924 et signalé à la Société d'études scientifiques de l'Aude par ceux-ci le 10 du même mois, se trouve non loin de la bergerie de Counezeil et à huit cents mètres environ du dolmen mentionné dans la première partie de ce travail.

Le monument se compose d'une large dalle de forme à peu près rectangulaire avec ses angles supérieurs arrondis, dressée sur un tertre artificiel de six mètres environ de circonférence. A sa base se trouvent les pierres disposées en cercle, ayant chacune environ 0 m. 80 de hauteur.

La dalle centrale est orientée N.-S. sur ses grandes faces. Elle a 1 m. 62 de hauteur au-dessus du sol, sur 1 m. 72 de large et 0 m. 25 d'épaisseur et est formée de grès incrusté de grains de quartz.

SAISSAC (Canton du '-V,

Sur les hauts plateaux de la Montagne noire, dans le territoire de la commune de Saissac, s'érigent deux menhirs.

(1) Sicard. Bull, de la Sc. d'ét. Scientifiques de l'Aude. T. XVI p. 239.

(2) Dr Bourrel, Bull, de la Société d'ét. Scientifiques de l'Aude 1905, t. XVII, p. 80,


Menhir de Nouret, près Pradelles-Cabardès.

Cliché Sicard.

Menhir de Rieux en-Val. — Cliché Sicard.



C'est dans les terres du domaine de l'Azerou (1), situé entre Saint-Denis et Saissac que se rencontre le premier. Il est en pierre de granit de formée conique et quoique placé dans une dépression de terrain, laisse apercevoir d'assez loin sa silhouette sombre se détachant sur le fond de verdure qui l'environne.

Le mégalithe est à 600 mètres au nord-ouest des bâtiments de la ferme. Plus près de celle-ci, on remarque plusieurs pierres dressées de forme quadrahgulaire, grossièrement bu même point taillées, de 1 m. à 1 m. 20 de hauteur. Le fermier d'alors, M. Bonafous, m'a affirmé que ce n'était point là des bornes. Elles m'ont paru indiquer les restes d'un alignement triangulaire, dont les pierres subsistant encore formeraient les sommets. Elles sont entourées à leur base d'une légère intumescence circulaire, composée de galets de granit placés de champ.

Une étroite chaussée en pierres de même nature, rejoint l'emplacement des pierres disparues, dont on reconnaît la place à la saillie circulaire signalée plus haut.

La principale de ces pierres droites est sur un point culminant à l'ouest de la ferme et se laissé apercevoir de loin.

A trois kilomètres plus loin, au sud, dans un terrain marécageux, non loin de la ferme de Picarel, se dresse un autre menhir de plus grandes dimensions. Comme celui de l'Azérou, ce monolithe est de forme conique et en pierre de granit. Il s'érige au centre d'un plateau humide et ondulé, entouré de fondrières perfides masquées par dès végétations aquatiques.

Au nord, à deux kilomètres, une crête couronnée d'une rangée d'arbres aux lignes festonnées, indique rapproche du bassin de Lampy.

Le premier menhir, celui de l'Azérou, a 2 m, 10 de hauteur, le second, celui de Picarel, a 3 m. 50 de haut sur 5 m, 50 de tour à sa base.

(1) Azérou, érable à petites feuilles, l'érable de Montpellier et l'érable champêtre, du latin acer. Bull, de la Société d'ét. et Sc. de l'Aude, t. XIX, p. 56 1907.


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M. Miquel, de Barroubio, dans son essai sur l'arrondissement de Saint-Pons, décrit aussi un menhir du nom de Picarel, situé dans l'Hérault, et sur lequel est gravé un oeuf et un serpent. (1)

SERVIES-EN-VAL (Canton de Lagrasse)

Un menhir dit pierre de las Coumbos, a été signalé par un habitant de Serviès à la Société d'études scientifiques de l'Aude, le 15 octobre 1922. Je crois bien que ce monument est le même que celui cité plus haut à Rieux-en-Val.

SOULATGE (Canton de Monthoumet)

Sur la rive gauche du ruisseau des Trèsbals, à deux kilomètres du village de Soulatge, se dresse un menhir de 2 m. 50 de haut sur 0 m. 40 d'épaisseur. Il est de forme quadrangulaire, un peu tordu, et en grès incrusté de grains de quartz.

Ce mégalithe se trouve placé sur une large dalle et calé par de grosses pierres. Une cavité se trouve sous la dalle, le tout est environné et presque masqué par les broussailles. Serait-ce un menhir sur dolmen ? (2)

TOURNISSAN (Canton de Lagrasse)

Sur la route de Tournissan à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, se

dresse un petit menhir de 1 m. 50 de haut, appelé dans le pays,

Pierre de Charlemagne (3) ; un arrêt facultatif de tramway, indiqué

indiqué par une plaque, halte de la pierre levée, signale sa

présence.

VILLARS-EN-VAL (Canton de Lagrasse)

Sur le territoire de cette commune, se trouve le tènement de la Pierre droite.

(Cart. Mahul, t. II, p. 661. Ce tellement se trouve sur un monticule rocheux couvert de blocs éboulés, mais il ne reste aucune trace du menhir signalé, qui devait jadis se dresser sur ce sommet.) (Lettre de M. le maire de Villars-en-Val du 21 août 1921.)

(1) Essai sur l'arrondissement de St-Girons par Jean Miquel, 1 fascicule, page 27. Montpellier, typo et litho, Charles Boehm, 1895.

(2) Bull, de la Soc. d'ét. sc. de l'Aude. T. XXIII, 1923, p. 40. (3) Manuscrit de Mme Lachapelle, Ch. des Gélis, près Limoux.


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VILLENEUVE-MINERVOIS (Canton de Peyriac-Minervois) A 600 mètres environ et au nord de Villeneuve-Minervois, jadis Villeneuve-les-Chanoines, existé un menhir, désigné dans le pays sous le nom de Peiro dreito. C'est un bloc de calcaire lacustre (montien) plus large à sa base, que haut, placé sur un point culmiminant et se voyant de loin. La vue s'étend de là au sud-est sur la plaine minervoise et au nord-ouest sur les garrigues dominant la vallée du Clamoux.

Le monument se trouve sur le bord da la route qui conduit de Villeneuve au hameau de Pujol de Bosc, en plein dans la bande du montien, qui laisse à sa droite le thanétien, et au-dessous les riches vignobles, étalés dans les alluvions anciennes et à sa gauche les schistes à Euloma de l'ordovicien. Du côté du chemin en corniche à cet endroit, un remblai de pierrailles dissimule la hauteur du mégalithe, mais du côté sud, sur la pièce de terre qu'il surplombe, il se trouve bien plus haut. Voici quelles sont ses dimensions : hauteur du côté du chemin (N.), 1 m. 25 ; du côté S., 2 m. 10 ; largeur à la base, 2 m. 60 ; à 0 m. 50 au-dessous du sommet qui se termine eh arête pointue, largeur 1 m. 25 ; épaisseur moyenne, 0 m. 30 ; orientation de l'épaisse dalle, E.-O.

Ce modeste travail sur les monuments mégalithiques du département de l'Aude, quoique rappelant, je l'espère, tout ce qui est actuellement connu, demeure cependant forcément incomplet, car toujours de nouvelles découvertes viennent s'ajouter à celles déjà faites. Bien des vestiges des temps anciens restent encore enveloppés de mystère, mais seront forcément dévoilés un jour, grâce aux incessantes recherches que l'on poursuivra dans certaines de nos régions encore inexplorées.

De vaillants chercheurs, jeunes et ardents, succéderont à ceux que leur âge met dans l'impossibilité de continuer leur tâche, si passionnante, et leurs découvertes viendront encore ajouter une page à la préhistoire de l'Aude.

Rivière, 15 novembre 1925.

G. SICARD,

Correspondant de la Commission des monuments historiques, section des monuments préhistoriques.


INCURSION DES ESPAGNOLS DANS LA CORBIÈRE DE L'ANNEE 1495 A L'ANNEE 1503

Il avait été fait peu de cas du rôle important joué par ce petit coin de notre département de l'Aude que je désigne sous la dénomination de Pierrepertusès et de pays de la Haute Corbière, avant que je n'eusse présenté à la Société d'études scientifiques une étude historique sur le canton de Tuchan et les pays voisins, travail que le bulletin de la Société a bien voulu insérer.

J'apporte aujourd'hui un nouveau chapitre d'histoire locale, constitué presque en entier par un document dont l'original est un manuscrit en latin, extrait d'un registre commencé en 1491, déposé aux minutes de M. Marins Ratié, notaire à Bize, et sur la couverture duquel on lit : « Liber secundus ordinatorum magistri Anthonii Victonis notarii regii existenlis in terris de Taleyrano et Fontesfrigido signatum per litteram, 1491. »

Les actes contenus dans ce secundus liber vont de 1491 à 1496.

L'auteur de la relation est le notaire de Bize lui-même, Victonis. Il avait acquis cette charge le 30 novembre 1496. Il était tout d'abord notaire à Sigean et connaissait d'une parfaite façon la région des Corbières qui fut le théâtre des incursions espagnoles à la fin du XVe siècle.

« La connaissance du pays et sa qualité de contemporain des événements qu'il raconte donnent à sa relation une plus grande autorité. » (1)

Avant de présenter la traduction littérale que j'ai faite du manuscrit en latin dont le texte a paru tout entier dans le bulletin de la Société archéologique de Narbonne, il est bon de transcrire quelques notes préliminaires recueillies dans le tome XI de l'Histoire du Languedoc de l'édition Privat, aux pages 148 et 149.

Charles VIII avait résolu de porter les armes en Italie et de faire valoir ses droits au royaume de Naples. Ne voulant pas laisser d'ennemi derrière lui. il envoya au roi de Castille, Fer(1)

Fer(1) de la commission archéologique de Narbonne 1891 — 1er Semestre.


- 231dinand,

231dinand, plénipotentiaires, le sire de Montpensier, Louis d'Ainboise, évêque d'Albi, Pierre d'Absac, évêque de Lectoure et abbé de Lagrasse, François de Cordonne, maître des finances en Bretagne, qui, d'abord réunis à Figeras, se rencontrèrent un peu plus tard à Narbonne avec les plénipotentiaires du roi d'Espagne et d'Aragon et convinrent (18 janvier 1492) d'un traité dont le principal article fut la restitution des deux comtés de Roussillon et de Cerdagne au roi d'Espagne. « On accuse « Olivier Maillard, cordelier, confesseur du roi, d'avoir engage « ce prince de restituer ces comtés au roi de Castille sans aucun « remboursement de la somme pour laquelle ils avaient été « donnés en engagement au roi Louis XI, et de s'être laissé « corrompre pour cela par une somme considérable qu'il reçut « du roi d'Espagne. »

Suit dans l'Histoire de Dom Vaissette la narration des incursions aragonaises dans la Corbière, vers Carcassonne et Narbonne. La relation ci-dessous décrit la marche des Espagnols village par village avec des détails si précis, que j'ai cru utile à l'histoire des Cornières d'en rapporter la traduction littérale et d'ajouter ce document à ceux déjà parus dans le Bulletin.

Nota redditionis Patrie Rossilhonis et guerra que ex inde fuit orta.

Note de la restitution du Pays de Roussillon et de la guerre qui s'en suivit.

« Au cours de l'an de l'Incarnation de notre Seigneur, mil quatre cent nonante-trois, notre Serenissime et illustre Seigneur Charles (VIII), par la grâce de Dieu, roi des Français, rendit la liberté à sa fiancée, Marguerite, fille du roi des Romains et de la duchesse d'Autriche, parce qu'elle n'était pas d'âge, et prit ensuite comme épouse dame (Anne) duchesse de Bretagne dont il eut trois fils, qui maintenant sont décédés ; et comme la dite dame de France est souveraine de Bretagne et parente de la reine d'Aragon, sur l'ordre du roi, et avec le consentement de quelques Seigneurs du Languedoc (Occitanie), Monseigneur évêque d'Albi, et Pierre d'Absac, restitua en la ville de Perpignan, sans aucun frais (sine custu) tout le pays de Roussillon au roi d'Aragon pour les causes et raisons contenues dans certains accords passés entre le dit seigneur roi de France et le roi d'Aragon.

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« En définitive, le roi de France voulut posséder le Royaume de Naples, et en personne, avec une grande troupe d'hommes. armés, en compagnie du duc d'Orléans (plus tard Louis XII) traversa l'Italie, bon gré, mal gré. Il devint roi de Naples, qu'il pacifia, et une fois la conquête réalisée, il désira revenir en France.

« Il envoya dans le dit pays et royaume de Naples, comme vice-rois : le Seigneur de Montpensier (cousin de Charles VIII), vicomte du pays d'Auvergne, et le Seigneur d'Aubigny, capitaine armé, lesquels Seigneurs d'Aubigny et Montpensier soutinrent pendant longtemps et soutiennent encore une grande guerre, contre tous et chacun en Italie et le pays de Naples ; en même temps, le dit roi de France livrait de grands combats sur la terre Romaine.

Notre très-saint Seigneur le pape Alexandre (Alexandre VI — Bodrigue Borgia) qui est de Valence et du pays d'Aragon, s'associa avec le dit roi d'Aragon et tous deux, aidés de plusieurs seigneurs de Sicile et d'Italie, portèrent secours, aide et assistance au roi Alphonse (duc de Calabre, roi de Naples) qui mourut. Le dit pape et les dits seigneurs accordèrent cet aide à son fils (Ferdinand II), duc de Calabre, qui voulait recouvrer le royaume de Naples. Alphonse et son fils sont morts tous deux.

« Successivement, en l'an du Seigneur, Mil quatre cent nonantecinq et le quinze du mois d'octobre, le roi d'Aragon qui possédait une grande garnison dans le comté de Roussillon sous les ordres d'Henricus (Henri Henriquez de Gusman, duc de Médina-Sidonia), Vice-roi et lieutenant général, ne voulant pas tenir le traité et le serment solennel qu'il avait fait, fit proclamer par un trompette d'Aragon, le combat et la guerre à Narbonne, Carcassonne, Toulouse et quelques autres villes. Et avant même que le trompette et la déclaration de guerre fussent arrivés de Perpignan à Narbonne, déjà le dit Enricus Henriquez et de nombreux soldats armés d'Aragon (Armigeri) vinrent dans la Corbière, en passant par les lieux de Paziols, Padern et par toute la combe de Pierrepertuse, y firent des courses et s'emparèrent de prisonniers et d'une certaine quantité d'animaux.


« Le prince d'Albret (Alain le Grand), lieutenant de notre Seigneur-roi, plaça une grande garnison de ses hommes de Gascogne (Vasconye) dans la Corbière et au delà de la rivière de l'Aude.

« Mais le jour de la fête de samte Catherine, le dit seigneur Henriquez, lieutenant général du Roussillon, accompagné de sa garnison et des troupes du Roussillon qui comptaient cinq mille hommes, vint en passant par Opoul coucher à Durban; ils vinrent dans les environs de Talayran et s'emparèrent, dans la Vallée de Dagne et à La Grasse de tous les animaux qui s'y trouvèrent (1): vingt-cinq mille bêtes à laine, deux mille vaches et boeufs de charrue et de labour, trois mille mules et mulets de travail. Ils gardèrent ces animaux toute la nuit dans l'olivette d'en Valire et dans les autres olivettes situées au-dessus de Villerouge où ils se reposèrent. Ils firent de nombreux dommages dans les olivettes et vignes de Talayran, et le lendemain les dits Aragonais conduisirent tranquillement et pacifiquement les animaux capturés par Villerouge et Palairac, vinrent dîner à Ségure (2), près du (bugar) d'en Sapte, et vinrent ensuite à Vingrau.

« Cependant le Seigneur de Dernacueillette avec quelques pages (pagesiis) des Corbières et de la garnison des arbalétriers

(1) « Le roi d'Espagne envoya au mois de juillet de l'an 1495 un « corps d'armée dans le Roussillon et tâcha de surprendre le château « de Son (Usson dans le Donnezan, sur la rivière de la Bruyante) qui « appartenait à la reine de Navarre, s'empara de quelques autres places « sur la frontière, et mit dans celui de Salses une forte garnison qui « fit des courses à mi-novembre dans les environs de Narbonne et Car« cassonne, d'où elle amena une grande quantité de bétail et de prison« niers. »

(H. G. du Languedoc. Ed. Privat, t. XI, p. 154).

Cette incursion dans la Corbière, vers Narbonne et vers Carcassonne n'avait pour but que le pillage, et peut être comparée à la chevauchée du Prince Noir à Carcassonne en 1355.

(2) Ségure qui constituait avec Notre-Dame de Faste une communauté et une paroisse se trouve constituer un hameau d'une vingtaine d'habitants environ. Il est à présumer que la famille des Sapte marchands et fabricants drapiers à Tuchan avaient des possessions terriennes à Ségure. Une manufacture de draps fut établie au commencement du XVIe siècle au château de la Torte, près Conques, par les frères Sapte qui venaient de Tuchan.


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qui se trouvaient à Tuchan, près la Chapelle des Anges, vinrent vers les Aragonais et tuèrent quelques chevaux.

« La même année, les dits Aragonais vinrent effectuer des courses devant la ville et le bourg de Narbonne. Quelques génitaires (soldats de cavalerie montés et armés à la légère) vinrent, au mépris et au dédain de l'ennemi, abreuver leurs chevaux dans l'eau de l'Aude, près du couvent des frères prêcheurs. (1)

Le Sire d'Albret alla trouver le Seigneur roi de France qui était dans la ville de Lyon sur la rive du Rhône et mit à sa place, dans la ville de Narbonne, le Seigneur de Saint-André, lieutenant général armé qui tînt une grande garnison dans tout l'archevêché de Narbonne.

« Sous les ordres du Seigneur de Saint-André, lieutenant général, se trouvaient les capitaines dont les noms suivent :

« Le baile du Pays de Sault qui commande une garnison dans le pays de Fenouilhet et fait de grands ravages dans l'Ampourdan (pays d'Espagne dans la plaine d'Ampurias, en Catalogne). « Noble et puissant Seigneur Jean de Levis, seigneur de Mirepoix, de la Garde et de Puivert, Sénéchal de Carcassonne a sa garnison dans la ville de Saint-Paul-de Fenouillet et dans le bourg de Carcassonne.

« Le Sénéchal de Castres a sa garnison dans le lieu de Lézignan.

« Le Sieur de Saint-André, lieutenant général, en alliance avec le Seigneur de Bourbon, tient la ville de Narbonne avec sa garnison augmentée d'Allemands et de Suisses.

« Le Seigneur de Tallayran et le Seigneur de Bonneval, gouverneur de Lyon, se trouvent à Bize-les-Alières (Alleriarum), Ouveillan, Peyriac-des-Corbières, Le Lac.

(1) « Le couvent des frères prêcheurs de Narbonne fut fondé en « juillet 1231 par l'archevêque Pierre Amelli, dans le but de résister à « l'hérésie par des prédications parmi les classes populaires. L'arche« vêque lui abandonna, en sa qualité de Seigneur, le prix du terrain « choisi le long du Bourg pour la construction du couvent. Grégoire IX « confirma cette donation en mars 1232 (V. Doat, t. LVIII, folio 14 et « suivants). C'est l'emplacement actuel de l'école des Soeurs de la Sainte« Famille en Bourg,, on voit encore une partie de l'Eglise du couvent ». (Note du Bulletin de la commission archéologique de Narbonne, 1891, 1er semestre).


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- « Plusieurs barons du dit Seigneur d'Albret ont leur garnison à Sijean, Portel, Villesèque, Durban, Castelmaure, Cascastel, Albas (Abbaribus Ferrariarum).

« Casanova a sa garnison à la Palme.

«Guillaume de Narbonne, seigneur de Fitou a sa garnison à son lieu de Fitou et à Treilles.

"Bolart à Leucate. (1)

" Tous les capitaines sus-mentionnés, après la notification et la promulgation de la guerre tinrent leurs soldats en deçà des lieux cités, mais firent souvent des incursions dans le comté de Roussillon, de même que les soldats armés roussillonnais du Sieur dit Henriquez firent des courses dans la Corbière en produisant force dommages, et au mois d'août dernier, dans le lieu de Paziols, quelques habitants, au nombre de soixante moururent de la peste et les arbalétriers qui y habitaient vinrent demeurer à Tuchan. Les Aragonais apprenant que la peste sévissait dans le lieu de Paziols, vinrent prendre ce lieu de Paziols, son moulin et tous les biens qui se trouvaient à Paziols où dans la tour du moulin et emmenèrent prisonniers presque tous les habitants, accompagnés de. quelques arbalétriers vers Millas, Salses, Estagel et dans certains autres lieux du Roussillon. Sans désemparer, ils prirent Castelfizelz (dans le pays de Fenouillet) et Caladroy que détiennent maintenant les Aragonais.

« Au cours de l'année mil quatre cent nonante-six, le samedi, au lendemain de la fête de saint Simon (29 octobre), le Sieur Seigneur de Saint-André, lieutenant du seigneur de Bourbon, qui est originaire du pays de Forez et aussi lieutenant général de la présente armée, comme l'était le sus-dit Seigneur prince

(1) « La noblesse de la Sénéchaussée de Carcassonne fit sa montre « le jeudi 29 du mois d'octobre 1495, par commandement de très haut « et puissant prince, Monseigneur d'Albret, lieutenant pour le roi en « cette partie, député pour assembler le ban et arrière-ban et les amener « et conduire là où il sera par le dit, seigneur commandé. »

Dans l'énumération faite par le notaire Victonis ne sont pas personnellement désignés Bernard de Laroque, connétable de Carcassonne, le Seigneur de Cupendu, le comte de Lautrec, le Seigneur de Rieux et le comte Jean III de Bruyères, baron de Chalabre, Rivel, Sonnac, SainteColombe... indiqués dans l'Histoire de Dom Vaissette (Tome XI. Ed. Privat, page 156).


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d'Albret, associé aux dits capitaines ayant aujourd'hui garnison dans la Corbière, sous les ordres du Seigneur de Saint-André, prit à Narbonne l'artillerie nouvellement organisée dans les lieux de Montagnac et Pezénas, appela les troupes et la garnison de Jean de Mayol qui commandait les archers d'Armagnac, et du Seigneur de Caumont qui étaient cantonnés dans tout le Minervois, à Ginestas, à Pouzols, à Ventenac, à Paraza, au nombre de douze mille.

« Le Seigneur de Saint-André vint dans la plaine de Salses et fit raser le château de Salses (1), le lieu de Salses fut lui-même complètement détruit, il fit brûler le château du bois que les Aragonais avaient élevé dans le grau de Leucate, afin que les guerriers de France cantonnés à Leucate ne vinssent pas par Sainte-Marie-de-la-Mer et Bompas.

« Tous les Aragonais qui étaient en dessous du lieu d'Opoul, quittèrent tous en sûreté le dit lieu, et s'enfuirent du mieux qu'ils purent, et après cette fuite, le capitaine Baile de Sault occupe le dit lieu d'Opoul. Les Aragonais tiennent seulement le château de Caladroy.

« Dans le dit lieu de Salses, se trouvaient une grande quantité de vivres : deux tonneaux pleins de viande salée, cinq muids de vin et une grande provision d'huile. Ner...us (?), grand seigneur, fils du cardinal de Saint-Jacques d'Espagne et plusieurs grands barons et cinq cents gentils hommes (genectarii) furent tués dans l'assaut par les Suisses et les francs archers d'Armagnac

(1) «Le château de Salses défendait l'entrée en Roussillon par la « grande route ; mais il y a pour arriver dans cette plaine, une seconde « route resserrée entre la mer et l'étang de Salses, à travers l'étroite « langue de terre qui les sépare ; on la nomme le chemin du Grau « (Gradus) de Leucate. Pour barrer ce passage, Henriquez fit construire « à la hâte un château de bois, dans lequel il mit dix arbalétriers et « autant d'arquebusiers. Ce blockaus, muni de trois ribaudequins, était « tellement fort par sa position, qu'il semblait que rien ne devait plus « passer. Cependant, malgré cette précaution, une bande de gascons « pénétra en Roussillon pendant la nuit et se mit à butiner. Poursuivie « au retour, elle dut, après un léger engagement, où il périt quelques « soldats de part et d'autre, renoncer à amener plusieurs centaines de « moutons qu'elle avait enlevés à Rivesaltes (Henry. Hist. du Roussillon, liv. III, ch. 10, p. 224).

(V. Bulletin de la Commission archéologique de Narbonne, année 1891, 1er semestre, page 284. Note),


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qui mirent à mort les Aragonais et firent prisonniers cent cinquante aragonais qui s'étaient cachés dans les celliers et dans les caves, ils les amenèrent à Narbonne.

« Ceux qui entrèrent dans le lieu d'Opoul y trouvèrent et eurent comme butin cent cinquante chevaux de gentils hommes et de nombreux ustensiles de maison. Quelques écuyers de France devinrent fortunés, parce qu'ils trouvèrent de nombreuses richesses.

« Mais tous ceux qui étaient au comté de Roussillon (au-delà de la frontière française — (infra comitatum Rossilhionis) furent terrifiés de s'apercevoir que l'ost du dit Seigneur de Saint-André était cantonné tout proche du lieu de Rivesaltes et qu'une grande quantité d'écuyers de Francee s'approchaient.

« Alors le dit Henriquez, vice-roi de Roussillon, demanda une trêve de six semaines.

« Ensuite le Seigneur de Clairieux (1) et de Termilli (2), conseillers au parlement de Paris vont maintenant en ambassade de France, auprès du roi d'Aragon, qui se trouve dans le lieu de Burgos, en Espagne.

« Enfin au mois de novembre, le dit Seigneur de Saint-André, Capitaine général de cette guerre, alla trouver le roi à Lyon, et à sa place c'est le Seigneur de Talayran (3) qui maintenant

(1) Guillaume de Poitiers, seigneur de Clairieux, en Dauphiné, gouverneur de Paris.

(2) « La liste des conseillers de Paris, conservée aux archives natio« nales ne comprend ni Clairieux, ni ce personnage appelé Termilli par « le notaire Victonis. Comines, parlant de l'ambassade d'Aragon, dit que « trois personnages y ont pris part : Clairieux surtout, et avec lui « Michel de Grammont, qui n'a pas été conseiller au Parlement, et le Sieur « de Batarnay dit du Bouchage qui n'a pas été non plus du Parlement. « Victonis a sans doute confondu les conseillers au Parlement avec les « conseillers au conseil du roi, ce que pouvaient être les ambassadeurs. « Quant à Termilli, ce nom désigne sans doute Louis de Tremouille, « tant mêlé aux guerres d'Italie, comme on le voit dans Comines, mais « que ce dernier ne fait pas aller en ambassade en Aragon. »

(Note du Bulletin archéologique de Narbonne, ut supra).

(3) Jean III de Narbonne, chevalier. Seigneur de Talayran, chambellan du roi, capitaine de cinquante hommes d'armes, gouverneur pour le roi du comté de Roussillon, son lieutenant en Languedoc en l'absence du duc de Bourbon, et ensuite à Milan où il mourut le 6 février 1504. Marié à Claire de Lévis, fille de Gaston de Lévis, de Lomagne, de Firmacon (V. Histoire de la Maison de Rieux et de Narbonne. Mss. de la bibliothèque de Carcassonne).


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a l'honneur de diriger cette guerre, est lieutenant général et habite Narbonne avec son épouse. Et comme le même Seigneur de Talayran eut la charge de la guerre en deça (des frontières d'Espagne) pour que les Aragonais n'effectuent pas des courses en France, il obtint trois trêves.

« C'est dans la ville de Lyon où était présentement le roi de France que le Seigneur roi d'Aragon amena quelques seigneurs castillans en ambassade ; le jour de samedi, dernier du mois de mars de l'an du Seigneur mil quatre cent nonante-sept, on fit dans la ville de Narbonne des criées à son de troupe et une trêve de la dite guerre pendant l'espace de huit mois.

« Les soldats de France vont présentement attaquer le gouverneur et la ville de Milan, dans le pays de Lombardie, où se livre présentement un grand combat ; les Seigneurs ducs de Savoie, d'Orléans et de Lorraine combattent pour le roi de France. »

Ici se termine la relation du notaire Victonis, mais non la chevauchée des Espagnols et Aragonais dans les Corbières vers Carcassonne et Narbonne.

Le roi de France Louis XII envoya en 1503 une armée en Roussillon sous les ordres du maréchal de Rieux, du maréchal de Gié, du Sire d'Urphé, du comte de Dunois, lieutenant en Languedoc. Le ban et l'arrière ban de la noblesse des sénéchaussées de la province accoururent. Le Seigneur de Rieux à la tête d'une armée composée de mille lances et 10.000 fantassins passa par Narbonne, atteignit La Palme et vint mettre le siège devant Salses (10 septembre 1503). (1)

Ferdinand, roi d'Espagne, rassembla de son côté les forcés qu'il avait en Roussillon et Catalogne sous le commandement de Frédéric de Tolède, duc d'Albe, distribua une partie des troupes aux principales places de Roussillon et vint camper à Rivesaltes, à deux lieues de Salses.

C'est le 13 octobre qu'il présenta la bataille aux Français, le roi Ferdinand occupant Perpignan à partir du 19 de ce mois avec des forces considérables.

(1) H. G. du Languedoc, Ed. Privat, Tome XI, p. 173-174.


Le Sieur de Rieux se voyant inférieur en nombre leva le siège de Salses, se retira en (Languedoc, où il fut harcelé par les troupes aragonaises.

Le duc d'Albe assiégea et prit le 28 octobre La Palme qui ne put résister. Sigean, Fitou, Treilles (Truilhas), Roquefort, Castelmaure, Saint-Jean-de-Barrou, Fraissé, Villesèque et autres châteaux, bourgs et villages du pays jusqu'à Narbonne tombèrent entre les mains des Aragonais. Les Espagnols furent arrêtés par l'armée française dans les environs de Narbonne, Mais les Ginets d'Espagne incendièrent la plupart des lieux ci-dessus, exercèrent partout d'affreux ravages et firent un important butin.

Au sujet de cette randonnée, Gaston de Pierrepertuse, Seigneur de Saint-Paul, de Rebouillet et de Prades dans le pays de Fenouillèdes, qui faisait sa principale résidence en Roussillon, fut accusé d'avoir fait voiturer de ses divers châteaux, pour favoriser les Espagnols, une grande quantité de blé et d'autres vivres et ravitaillé ainsi l'armée de Ferdinand. On informa contre lui. D'ailleurs ce prince, au moyen d'une flotte, tenta au mois de juin de l'année suivante, sur les côtes de la Province, une descente qui échoua complètement,

A la suite de ces nouveaux actes de pillage, les deux rois de France et d'Espagne convinrent d'une trêve de cinq mois qui dura ensuite trois ans. Ils conclurent enfin la paix par un traité, se liguèrent en 1505 et Ferdinand (1) roi d'Espagne, épousa ensuite en secondes noces, Germaine de Foix, nièce du roi, fille de Jean de Foix, vicomte de Narbonne.

Docteur COURRENT.

(1) Jean de Lévis, sénéchal de Carcassonne fut ambassadeur de Louis XII auprès de Ferdinand le catholique, 1304.


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COMMUNICATIONS

feites pendant les Séances de 1924 et 1935

Dr Courrent.. — Registre de Catholicité de la commune

de Cucugnan XXXI

A, Pages — Note de M. Héléna sur : 1° Les Sépultures énéotithiques du Trou de Viviès. — 2° Sur des perles des ossuaires énéolithiques du Bas-Languedoc XXXV

L. Marty — Plantes carnivores XXXVII

A. Fages — Hache polie en quartzite de la commune

de Cazilhac XXXIX

H. Crébassol. — Un cheval polydactyle XL

Ed. Baichère. — Sarcophages, sculptures du VIe au XIIe

siècles. Insériptions gallo-romaines.. XLI

Mme Landriq. — Roc d'en Bertrand et dolmen des Escamels

Escamels

A. Fages — Fouille dans la Grotte du Trou de la

Borde, commune de Villegailhenc... XLVI

L. Marty — Note sur l'Ephedra XLVIII

L. Marty — Note sur deux plantes nouvelles (Satria

silvestris et Cyperus végétas) L

G. Sicard — Ossuaire néolithique de St-Eugène,

près Laure LI

G. Sicard — Détermination de 20 médailles antiques. LIV

Mme Landrio. — Nouveau dolmen dans la commune de

Villeneuve-des-Corbières LXVI

J. Amiel — Quelques pages des premières épreuves

du Cartulaire de Mahul corrigées par

l'auteur LXVI

L. Marty — Extension et restriction des stations

herbacées LXXIII

G. Sicard — Dolmen de Davejean et croix rupestres. LXXVIII

L. Marty — Note sur une plante nouvelle en France

(Salpichroa origanifolia) .. LXXXIE


TABLE DES MATIÈRES

Contenues dans le Tome XXX

PREMIERE PARTIE

Liste des membres fondateurs VIII

Membres nés XI

Membres honoraires XI

Membres donateurs XII

Membres titulaires au 31 Décembre 1925. XII

Membres décédés........ XXI

Liste des Sociétés correspondantes. XXII

Administration de la Société pour 1924. XXVIII

Procès-verbaux des Séances de 1924 .. XXIX

Situation financière pour 1924 LIX

Administration de la Société pour 1925 LXV

Situation financière (pour 1925 LXXXIV

Liste des Présidents 1910 à 1920,.. LXXXVI

Tables décennales 1910 à 1920 LXXXVII

DEUXIÈME PARTIE

I

Rapports et Excurisons en 4924

Excursion du 6 Avril à Villalier, Conques et Villegly. —

Roques Sainclair et Germain Sicard. 3

Note botanique de l'abbé Baichère 25

Excursion dans la haute vallée du Lauquet. — G. Sicard. 28 Excursion du 29 Mai à Capendu et au Mont Alaric. —

Germain Sicard 29

Excursion du 9 Juin à Arques et Fourton.— G. Sicard 45

Excursion du 27 Avril à Lagrasse. Compte-rendu de la

Presse 53

Excursion du 22 Juin aux grottes de Bize. - Mlle Cagenave 34


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TROISIÈME PARTIE I

Notes et Travaux Scientifiques 4924

Documents inédits sur la prison de Carcassonne à la veille

de la Révolution. — Docteur Charles Boyer 67

La grotte de l'Aguzou. — Docteur Courrent 72

Quelques mots sur un vieux plan du faubourg de Montolieu. — Paul Roger 83

Un cimetière énéolithique à côté d'une ferme romaine. —

Marius Catnala 85

Note sur la genèse des eaux minérales d'Alet (Aude). —

L. Brustier 87

Origine éruptive des eaux thermales et radioactives. —

A. Blanquier 90

Inscription sur une plaque qui est à l'entrée du château

de Malves. — Abbé Baichère — G. Sicard 93

Note sur les fouilles de St-Eugène et le Congrès archéologique de St-Gaudens. — G. Sicard 95

Gisements ferrugineux de la Bretagne — A. Blanquier.. 98

Une sépulture sous roche à Rouvenac (Aude).— A. Fages. 100

Note sur des débris de poteries romaines. — R. Hyvert... 104

Etude sur les gîtes ferrifères des Corbière.- R. Essparseil 106

DEUXIÈME PARTIE II

Rapports et Excursions en 1925

Excursion du 17 Mai à l'île de la Clape. — R. Hyvert 123

Excursion du 26 Avril à Minerve. — R. Hyvert 125

Excursion du 14 Juin dans les Corbières : Villerouge,

Termes, Durfort. — A. Blanquier 127

Excursion du 28 Juin au pays de Chercorb, par Limoux,

le Col de Festes, Puivert et Chalabre. - Dr Courrent.. 137


TROISIÈME PARTIE II

Notes et Travaux Scientifiques 4925

Note sur les couches de gypse fibreux de Villegly (Aude).

— Ed. Baichère,.... .........,.....,......,.. 171

Erosion des roches dures par les eaux courantes et les

«marmittes des géants » de Montolieu. — P; Combes. 176

Causerie scientifique — Photographie intégrale. — Colonel

Escarguel........... .......................... 181

Communication de M. Estanave, présentée par M. Coton

à l'Académie des Sciences et des Arts......:...,.... 182

Une légère erreur dans une histoire légère à propos de

Pauline Fourés, maîtresse de Napoléon Ier.— J. Amiel. 185

Jean-François Baumes, graveur sur cuivre. — J. Amiel... 190

Essai sur les monuments mégalithiques du département

de l'Aude. — G. Sicard. 192

Incursion des Espagnols dans la Corbière de l'année 1495

à l'année 1503 — Dr Courrent 230


TABLE DES GRAVURES

Donjon du château d'Arques 47

Clef de voûte du château d'Arques — Armes des de Voisins... 49

Plan de la prison de Carcassonne à la veille de la Révolntion.. 69

Plan de Carcassonne levé en 1729 par J. de Bonnelevay 70

Château d'Usson... 72

Etablissement thermal d'Usson 72

Grotte de l'Aguzou (Plan dressé par M. Bourjade) 74

Vieux plan du faubourg de Montolieu 83

Une sépulture sous roche à Rouvenae 102

Plan du château de Puivert 143

Vue générale des ruines du château de Puivert. 144

Vue intérieure de la Cour d'honneur du château de Puivert 145

Armes de Hruyère et de Melun.. 148

Salle des Musiciens. 149

Salle de la Croisade.. 150

Armes de Mauléon. 155

Billet patriotique de Chalabre 158

Armes de Chalabre 162

Menhirs de Counozouls et de Montolieu 220

Menhirs de Pradelles-Cabardès et de Rieux-eu-Val 226



ERRATA

A la page XIX Lire COMBELÉRAN Ernest O A, 14, rue StPapoul,

StPapoul, au lieu de C... Ernest,

Rieux-Minervois.

XLII » Narbonne au lieu de Nardonne.

LII.... » d'en créer au lieu de de créer.

la visite de nos... au lieu la visite nos...

LV »

( aux élèves au lieu de les élèves.

LVII » Communication au lieu de Communicarion.

LXIV » directeur au lieu de dieecteur honoraire.

LXXI » Communications au lieu de communications

LXXVIII.. » Grossouvre au lieu de Grassouvre.

6 » par des piliers de pierre au lieu de par des

piliers de

8 » Orbiel au lieu de Orbeil.

10 et 11... » Caunes au lieu de Cannes.

12 » Pébernard au lieu de pe-bernard.

14 Supprimer le mot celle de N.-D. de la Gardie.

16 et 17... Lire nummulithique au lieu de numulithique.

21 » Realsès au lieu de Rialesse.

52 » Sougraigne au lieu de Songraigne.

59 » Paléolithiques au lieu de Paleolothiques.

83 » Alzau au lieu de Alzan.

139 » Mouvance au lieu de mouvence.

143 » cour remplie au lieu de cour rempli.

147 » qui ne sont au lieu de que ne sont.

155 " lampassé au lieu de comprssé.

182 » que fait au lieu de qui fait,

198 » Counozouls au lieu de Connozouls.

199 » Briant au lieu de Brillant.

209 » dolmen au lieu de dolment.

208 » St-Pons au lieu de St-Girons.

236 » château de Bois au lieu de château du bois.

238 » Son de trompe au lieu de son de troupe.