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Titre : Observation sur un ostéo-sarcôme de l'humérus, simulant un anévrisme, par M. Ph.-J. Pelletan,...

Auteur : Pelletan, Philippe Jean (1747-1829). Auteur du texte

Éditeur : impr. de Crapelet (Paris)

Date d'édition : 1815

Sujet : Os -- Maladies

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb31075542g

Type : monographie imprimée

Langue : français

Langue : Français

Format : In-8° , 22 p., planche gr.

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Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k57118461

Source : Bibliothèque nationale de France, département Sciences et techniques, 8-TD127-52

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 16/09/2009

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OBSERVATION

SUR UN

OSTÉO-SARCOME DE L'HUMÉRUS,

SIMULANT UN ANÉVRISME,

PAR PH. J. PELLETAN,

Chirurgien consultant de l'Empereur, Chirurgien en'ehef de l'Hôtel-Dieu , Professeur de la Faculté de Médecine, Membre de l'Institut et de la Légion-d'Honneur, eLc. etc. ;

A PARIS,

DE iJ'IMPRIMERIE DE CRAPELET. l8l5.



OBSERVATION

■SUR'UN"

OSTÉO-SAïtCÔME DE L'HUMÉRUS,

■SIMULANT UN ANÉVRISME.

Jf RANÇOIS LECLERC, vigneron, habitant d'un bourg, près Meaux, âgé de trente-six ans, d'une assez; bonne constitution, s'est présenté à l'Hôtel-Dieu le i4 avril i8i5.

Il portoit une tumeur d'un très-gros volume, occupant toute la longueur et la circonférence du bras, depuis quatre travers de doigt au-dessus de l'articulation du coude, jusqu'au-dessous de la clavicule.

Le malade interrogé me témoigna que le 26 septembre 1815, il étoit tombé de dessus un noyer, de la hauteur d'à peu près trente pieds; que, pour éviter la chute totale, il avoitsaisi, de la main droite, une branche de l'arbre, et y étoit resté suspendu, jusqu'à ce qu'il fût parvenu à ressaisir la branche de la main gauche, et remonter sur l'arbre, duquel il desceiidit aussitôt, à cause de la grande douleur qu'il ressentait à l'épaule droite. En effet, ce bras resta pendant le long du corps.

Leclerc alla trouver le rebouteur du village, qui lui


(4) ;■ ' :"■'

violenta fortement le bras, en l'agitant en tous sens. L'épaule se tuméfia beaucoup : quelques topiques firent cesser la douleur et le gonflement, de telle sorte que, dans le mois de décembre suivant, le malade put aller bêcher la terre, qui étoit fortement gelée; mais cependant en agissant particulièrement du bras gauche.

En janvier 1814, Leclerc quitta ce travail 5 et voulant s'exercer au maniement des armes, pour être en état de répondre à la conscription, il s'aperçut de l'extrême faiblesse de son bras droit. Il partit cependant pour Melun, mais fut contraint de revenir à son village quatre ou cinq jours après.

Voulant aider à assujettir un porc qu'on alloit tuer, Leclerc en eut le bras violemment agité, qui perdit alors tout mouvement, et tomba le long du corps, comme au jour de l'accident. Le même rebouleur fut "appelé , fit exécuter au bras les mêmes mouvemens, causa beaucoup de douleur à l'épaule, et cependant le malade reprit des travaux légers, souffrant de plus en plus; ce qui le conduisit au 28 mars i8i4. La présence de l'ennemi empêchant le travail, Leclere resta le bras en écharpe jusqu'au i5 mai suivant. A cette époque, il alla travailler dans une pépinière, et n'en éprouva d'autre fatigue qu'une lassitude du bras, qui lui rendoit l'heure des repas et le repos de la nuit extrêmement précieux. Il continua ainsi pendant deux mois. . \ ..

Le 15 j uilîet, Leclerc voulut faire la moisson ; mais ce pénible travail accrut les douleurs. Au bout de trois


. . (5) jours, elles Purent insupportables, et il apparut uns^ tumeur sur le moignon de l'épaule; elle avoit,. dit le malade, des mouvetnens de pulsation : en six jours, cette tumeur devint très-volumineuse. Cependant cet homme courageux, et obligé de travailler pour vivre, se mit à porter du charbon de bois sur une civière, et fut encore obligé de quitter ce travail au bout de trois jours. * '

Il resta sans rien faire, et le bras, en écharpe,. jusqu'au 21 octobre, la tumeur prenant toujours de l'accroissement, et le malade témoignant y sentir des pulsations : alors il se décida à venir à la consultation de l'Hôtel-Dieu., M. Dupuytren prononça qu'il falloit faire l'amputation du bras, et laissa croire qu'il pensoit que la maladie étoit un anévrisme.

Le malade n'adopta point le moyen proposé, et alla se mettre entre les mains d'un artiste vétérinaire, qui appliqua trois morceaux de pierre à cautère sur différentes régions de la tumeur, dans l'intention, dit-il, de la fondre. Les escarres tombèrent, et laissèrent trois plaies qui suppurèrent peu, et dont deux/furent bientôt guéries. Ce prétendu traitement fut continué jusqu'au 5 février, jour où il se fit une hémorragie considérable par la plaie conservée. Le sang éioit vermeil, et couloit en arcade par jet continu. La tumeur n'en diminua pas de volume, et un chirurgien de village arrêta facilement cette hémorragie. Les 36 et 28 mars, nouvelles hémorragies, arrêtées de même. Le 29, hémorragie par trois jets à la fois ; mais qui s'arrêta d'elle-même. Le malade resta au lit pour ré-


- (6) parer ses forces par l'usage de bons àlimens, et se décida à se faire transporter à l'Hôteï-Dieu le i4 avril.

L'on pense bien que je n'appris que successivement tous les détails que je viens de donner; mais j'en sus assez dans là journée pour me faire soupçonner que la tumeur étoit un anévrisine.

Je l'examinai donc avec une attention scrupuleuse. Je remarquai qu'elle étoit égale dans toute sa circonférence, couverte de veines variqueuses, dont l'ouverture avoit pu seule fournir les hémorragies dont il a été parlé. Je sentis distinctement les battemens dé l'artère humérale dans tout son trajet ; ils étaient naturels, mais un peu mous, parce que l'artère était appliquée à la peau : aucune autre pulsation ne se faisoit sentir en an.™}», point' de cette vaste tumeur. Sa substance était élastique, et sembloit offrir très-obscurément une fluctuation profonde. Enfin, eà essayant de communiquer au bras un mouvement sur sa continuité, j'aperçus évidemment que l'os étoit rompu à quatre travers de doigt au-dessus de. l'articulation du coude, limite de la tumeur. Alors je n'hésitai pas à prononcer que la maladie était un ostéo-sarcôme : toutes les circonstances observées dans dix ou douze séances suivantes me confirmèrent dans cette opinion, et j'en donnai les motifs et les détails, chaque jour, à ina leçon clinique, à laquelle ce cas extraordinaire attiroit plus de foule que de coutume.

Dans le même temps, j'avois dans l'hôpital un homme qui portait une maladie semblable à la cuisse


(7) gauche, mais sans aucune équivoque. La tumeur montait jusqu'au tiers supérieur de la cuisse, et il restoit assez de place pour faire l'amputation, à laquelle il étoit urgent que le malade consentît.

J'exposai à mes auditeurs cet objet de comparaison: l'amputation fut pratiquée, et je pus montrer à nu la maladie que le membre vivant receloit encore chez François Leclerc.

La maladie, telle que nous la connoissons jusqu'à présent, n'était susceptible d'aucune opération; nous ne pouvions que pallier les douleurs et prolonger l'existence du malade jusqu'au terme fatal, et qui ne pouvoit pas être éloigné : mais, à dater du ier mai, les choses parurent changer de face ; un bruissement, susurrus, se fit sentir au-dessous de la clavicule, au passage de l'artère.;axillaire. Deux jours après, le mênië mouvement se montra sous le creux de l'aisselle, mais foible partout : l'artère numérale battant toujours régulièrement j l'artère sous-clavière pouvant êtrefecilement comprimée à son passage par l'intervalle des muscles scalènes, on arrêtait par-là , et le bruissement, et les battemens naturels de l'artère humérale. Le 3o avril, il y avoit eu une hémorragie assez considérable, pareille aux premières, et quï? avoit été arrêtée avec une semblable facilité..

' Les jeunes gens qui visitoient le malade, en grand' nombre, conçurent et répandirent l'idée que la maladie étoit un anévrisme: moi-même, je cherchai de nouveau à approfondir cette idée. La rupture évidente de l'os humérus, aux limites inférieures de la tumeur»


(8) -■

étoit un grand obstacle à me faire renoncer à nia première opinion ; cependant il étoit possible que le développement d'une tumeur anévrismàle eût usé l'os jusqu'à en rompre la continuité. Je ne pouvois pas avoir perdu la mémoire des faits rares, autant-que graves et intéressans, que j'ai consignés dans mon ouvrage, et où l'on voit les variétés, autant que les caractères équivoques, dont les anévrismes sont susceptibles; mais l'énorme expérience qui a dicté ces faitsn'a servi qu'à augmenter mes doutes et multiplier les illusions dans le cas qui nous occupe. J'adoptai donc l'idée que c'étoit un anévrisme du genre que j'ai appelé anêvrisme de Pott, dont la tumeur est sans pulsation , se développe avec beaucoup de lenteur, creuse et détruit la substance des os, et n'est jamais formée par un tronc artériel principal, mais par l'altération, d'une branche artérielle souvent du troisième ou quatrième ordre (i).

Cette découverte, si elle eut été constatée, de voit être bien favorable au malade. Au lieu.d'une hïâfadie nécessairement et bientôt mortelle, hors de la portée de tout secours, il en auroit eu une bien grave sans doute , mais à laquelle l'art peut atteindre , dont j'ai approfondi la théorie par l'expérience, et que j'ai souvent traitée avec le plus grand succès.

. (1). Voyez mon ouvrage intitulé Clinique chirurgicale, tome II, Mémoire sur des espèces particulières d'anévrismes , et sur des tumeurs variqueuses , artérielles ou veineuses, en analogie avec les anévrismes.


(9)

Monparti pris sur la nature du mal, j'exposai mes idées et mes projets bien médités à l'assemblée des élèves^avec la franchise de l'honnête homme.

Si la maladie est un cancer, leur dis-jè, il ne faut pas y toucher ; mais si , comme nous le pensons , c'est un anévrisme, il est de mon- devoir de, faire jouir le malade de toutes les probabilités qui sont en sa faveur, dans une opération périlleuse. Je dois me livrer au hasard du blâme ou de la calomnié que les ignorans ou les méchans lanceront sur moi. Je n'ai sans doute aucun intérêt personnel et cette grande entreprise.; mais ma conscience me l'ordonne ; l'intérêt du malade doit marcher ayant tout : vous apprendrez au moins de moi que nous devons sacrifier tout intérêt qui est en opposition avec la sainteté de nos devoirs. Ce furent là mes , propres paroles; deux centspersonneslesont entendues, et mon âme fut satisfaite. i ,1

Mais, le dirois-je, un homme méchant m'ob» servoit. Il députa auprès du malade plusieurs jeunes gens pour lui persuader qu'il ne devoit pas se fier à moi; que M. Dupuytrën était seul capable de l'opérer.... ; Un de ces jeunes gens surpris dans sa mission, eut la bonhomie d'avouer qu'il était envoyé par M. Dupuytrën lui-même : ce bon jeune homme ëtoit un Séide. Un autre plus au fait vint dire à ce malheureux qu'il mourroit dans l'opérations'il se livroit à mes aoins:pour celui-là il fut tellement connu-, 1 que s'étant présenté dans l'amphithéâtre pour assister^


(IO)

à la Jeçon, les jeunes gens tombèrent sur lui, et le chassèrent honteusement (i)L

Reprenons le fil dé notre histoire, et courons à l'événement.

" J'exposai, dans une séance dont l'assemblée étoit complète, tout ce que je me proposois de faire, et dans toutes les suppositions que nous pouvions établir.

' Dans le cas le plus simple, ayant placé un aide mïëUigënt pour cômpnmër l'ârtèresous-clavièreentré les muscles scalènés, je devois passer un couteau derrière le muscle grand pectoral, qui étoit fort écarté du creux de l'àisseue, et lé dirigeant vers l'humérus, je dëVôis couper les attaches du muscle à là gouttière Bîcipitale. Ce lambeau mettait a découvert ies vaisjsêàûx àxilïaifés; il devoit être facile de les lier, et je dévehois maître du reste de l'opération. La poche anévrismale anroit été facilement évacuée et nettoyée : suivant l'état où j'aurois trouvé l'os humérus, j'aurois

(i) Je ne connois pas , ni n'ai voulu savoir les noms de ces élèves : seulement on m'a montré le dernier; il est grand, et'porte habituellement des lunettes sur le nez. Les mëchans n'osent pas tout par eux-mêmes; il leur faut des affidés , et'ils trouvent de plats adulateurs. Le malheureux patient répondit à tous qu'il m'avoit donne sa confiance; <[u'Ù en Seroit ce que Dieu voùdroit ; mais qu'il ne changeroit pas i seulement il demanda lès dernières consolations du chrétien. C'est lui-même qui nous a dévoilé Cette intrigue odieuse, et dont riiûmanité frémit.


.(«■) •

pu tenter de conserver le membre, ou bien j'aurois scié l'os au-dessus de son altération, et conservé; an moins un moignon : enfin, dans l'impossibilité de faire autrement, j'aurois séparé l'os humérus de son articulation supérieure, en ménageant des lambeaux qui auraient été favorables à la guérispn .de la plaie.

Il m'était impossible d'exécuter une pareille opérar tion au milieu d'une assemblée toujours tumultueuse, entouré d'aides que les autres spectateurs tourmentent et dérangent sans cesse pour se procurer la facilité de voir; et surtout j'avois bien lieu de croire qu'il s'intrpr duiroit des malveillans, des émissaires ;dp. l'homme qui aimoit mieux me supposer en faute que de venir lui-même pi-endre connoissance d'un fait aussi intéressant. Je résolus donc d'opérer en comité moins nombreux. J'-avertis les élèves internes de la .maison ; ceux-ci avertirent les principaux externes ;. je parlai assez, haut de l'heure où se feroit l'opération, ppur qu'il s'y soit trouvé à peu près quarante personnes, et j'opérai à onze heures du matin. n, ;

i|e pris mon parti ce jour même, paçce que.lamère m'avoit dit que le malade avait été très-souffrant et eji grand danger plusieurs nuits de suite,,et l'a voit priié jde me décider à l'opérer le plus tôt possible, -,

Le malade situé convenablement, un aide seiqhjargea de la compression de l'artère sous-iclavifreyet j'introduisis le couteau, comme je Pavois -projeté, «ntre le uiuscle grand-pectoral et le creux de l'aisselle jusqu'à la clavicule, et en coupant Rattache ide • ce


(»)

muscle à la gonttière bicipitale de l'os humérus. A peine la section fut-elle faite, que le sang jaillit de nombre d'ouvertures ; les jets étaient chacun d'un très-gros volume, en arcades, mais sans aucune marque de pulsation artérielle. Une artère cutanée seule étoit du volume d'un tuyau de plume : je n'eus que le temps de faire appliquer les mains sur toutes ces embouchures jaillissantes, et les découvrant l'une après l'autre, je fis autant de ligatures que cela fut nécessaire île sang fut arrêté. Je portai alors mes doigts sur" l'artère numérale, dont les battemens n'avoient point changé, et je fus convaincu que le tronc de l'artère, àxillaire n'avôil point été lié, et que tous ces rameaux qui avoient fourni tant de sang, n'étaient que des dilatations contre nature. Je cherchai donc le tronc de l'artère humérale, et le liai sans beaucoup de nifiSculté* -

Devenu maître du sang, je laissai reposer le malade ; je rappelai ses forces avec du vin et en l'arrosant de vinaigre, et ne pouvant pas en rester là pour la tumeur , je fis une longue incision sur ellé% et je découvris que c'était en effet un ostéonsarcôme, occupant toute l'étendue de l'os humérus, éomme je Tatois jugé dès le commencement, et jusqu'au développement des caractères illusoires qui m'àvoient fait changer d'avis. J'emportai une très-grande partie de la tumeur, et je terminai la section du membre, sans qu'il se répandît de sang d'une manière inquiétante ; nue portion de la tumeur resta même dans le moi-


(i3)

gnon,"et,nous eûmes la certitude absolue qu'il n'y avoit point de poche anévrismale, ni de foyer sanguin ; qu'enfin la tumeur cancéreuse avoit fait tout lé mal en comprimant par son énorme volume, le tronc de l'artère numérale, et déterminant l'énorme dilatation de toutes les branches supérieures et du tronc des artèresaxillaire.et sous-clavière: en effet, celle-ci était dilatée-au point que la compression faite entre les muscles scalènesétoit insuffisante pour en rapprocher les parois.

La plaie fut pansée à l'ordinaire ; le malade revveiiu à lui désira être reporté dans son lit, et lé'bon état du pouls m'y fit consentir à l'instant. Sans doute la perte du sang avoit été considérable ; mais l'effroi de ce malheureux était extrême, en proportion de celui qu'on lui avoit suggéré par avance. Il suc«omba deux heures et un quart après son coucher; l'opération commencée à onze heures précises, la plaie était pansée à onze heures et un quart ; le ma^ lade étoit dans son lit à onze heures et demie ; il est mort à deux heures moins un quart. La-mort par hémorragie est ordinairement subite, on laisse traîner le malade pendant long-temps sans qu'il puisse réparer ses forces ; mais ici la circulation à été parfaitement rétablie, et la mort a été déterminée, en grande partie, par les circonstances morales que j'ai dites.

L'examen du membre amputé nous a fait voir le développement lymphatique du tissu de l'humérus de


de sori intérieur à sa face externe, les liraitesinferierares de ce développement, à l'endroit ou l'os paroissoit fracturé pendant la vie ; et, sur le moignon examiné après la mort, ]a maladie ayant détruit jusqu'au diploé de la tête de l'humérus, dont la croûte cartilagineuse étoit seule conservée, occupoit si complètement toute l'épaisseur de l'ps, qu'on reconnoissoit par sa couleur jaune la moelle en masse qui occupoit le centre de la tumeur, comme elle avoit occupé le centre de l'os sain.

.... L'arlère humérale se trouva saine et collée à la peau; Ras une de nos ligatures n'avoît rencontré les tronps artériels; mais seulement les branches thoràchiques , scapulaires, acrdmiales, le circonflexe humerai, et un rameau sous-cutané: chacun de ces rameaux artériels étoit plus, gros que le tronc luimême ne l'est communément. Du reste, il n'y avoit aucune collection de sang, pas la moindre apparence ^e tumeur anévrismale ; car on ne peut, pas regarder .«comme telles les dilatations des différentes branches artérielles dont nous avons parlé , et qui dépendoient . de la compression que la tumeur exerçoit depuis deux ans sur le tronc de l'artère humérale dans toute la longueur du bras.

, Ilest donc évident que la-maladie était un ostéo«arcôme, pu cancer de l'os, comme je l'àvois reconnu et assuré jusqu'au moment où elle a paru changer de face, et iprenetre les caractères d'un anévrisme du genre de ceux qui étaient peu connus avant que j'en


(15} eusse donné les exemples et les signes contenus dans mon ouvrage ; mais ces signes sont eux-mêmes illusoires. Les bruissemens qui nous en ont imposé dépendoient des jets de sang qui arrivoit dans les bran*; ches dilatées, et dont le mouvement se perdoit sur la résistance de la' tumeur : la destruction de l'os pou» voit également dépendreou d'un anévrisme decegenre, ou du ramollissement de l'os par son engorgement lymphatique cancéreux , comme cela avoit lieu., ' Le malade pérjssoit infailliblement du développement de son cancer, qu'aucun secours de l'art neT pouvoit atteindre. L'idée d'un anévrisme étoit plus consolante. Chacun l'adoptait ; Dupuytrën lui-même, qui n'a pas daigné venir voir le malade:, lui avoit fait prononcer ce mot par ses émissaires pour lui assurer qu'il périroit si on l'opéroit. Et cependant.; c'est parce que la maladie n'était pas un anévrisme., que, l'opération a été funeste. ,

Un grand inconvénient attaché à l'exercice de la chirurgie dans les hôpitaux, et que j'éprouve jpiu>; nellemenit 1, c'est de nerien savoir sur l'origine,ej,;fes progrès des maladies. La plus profonde, ignorance ,eÇ les préjugés.nous en composent l'histoire, et il es| rare que ces gens du peuple ou de la campagne n'aient pas été long-temps victimes des charlatans avant que, d'avoir recours aux hôpitaux > ils n'arrivent que Réduits à l'extrémité des maux, el; île la misère»,,.,;-,


(rf)

;:"' .' RÉSUMÉ.''' 'i: '.".'.'.'...

Ie. Un homme, dans la force de l'âge, est tombé d'un arbre de la hauteur de trente pieds, et s'est retenu à une branche par la main^ droite ; dans un nouvel effort il a saisi la branche de la main gauche, est remonté sur l'arbre, pour eh redescendre aussitôt, à cause des douleurs qu'il éprouvoit à l'épaule. Un reboùteùr lui tourmente le bras malade et augmente ses douleurs. Pendant l'espace de vingt mois, cet homme éprouva des alternatives de douleurs qui augmentaient par le travail, et de soulagement que le repos lui prôcuroit.

2°. Cependant il se formoit une tumeur, qui, suivant toute apparence, commença au moignon de l'épaule, et s'accrut graduellement, occupant toute l'étendue du bras jusqu'à quatre travers de doigt de l'articulation du coude.

' 5°. Si l'on en croit dés rapports équivoques, cette tumeur était , dans son principe, accompagnée de pulsations apparentes; et le malade a toujours dit en sentir d'internes. Elle étoit lisse , rénitente, couverte dé veines variqueuses : on sentait le battement naturel de l'artère humérale à la région qu'elle occupe au côté interne du bras ; mais elle était collée à la peau par la pression de la tumeur. Trois cautérisations faites par un charlatan, firent des plaies, dont deux se cicatrisèrent bientôt ; mais la troisième donna plusieurs hémorragies qui furent arrêtées sans


fe. (17)

peiné; et qui né p^uvoient provenir que des veinés» Variqueuses. Enfin, on sentait évidemment l'os humérus en défaut, comme s'il étoit fracturé, au lieu lé plus bas de la tumeur.

4°. La tumeur fut généralenient regardée comme ùh anévrisme, çt sur cette supposition, on avoit déjà proposé l'amputation au malade huit mois avant que je ne le vissé. Pour moi, j'y reconnus un ostépsàrcôme. L'absence de toute pulsation de la tumeur, sa renitence, les battemens naturels du tronc de l'artère humérale, et surtout la solution de continuité de l'os étaient mes raisons de persuasion : et si la cause de la maladie et sa marche pouvoiènt faire naître l'idée d'un anévrisme, l'ostéo-sarcômepouvoit aussi être accompagné de circonstances semblables.

5°. Je restai ctaii3 octte p-ertniasi'on. pendant

demi-mois, développant journellement cette idéV dans ma leçon clinique. Il se présenta Poccasion de

"faire une amputation de cuisse pour une maladie

"semblable de l'os fémur, mais sans circonstances

équivoques ; je m'en servis pour montrer aux élèves

le modèle de la maladie que nous observions. '

6°. Là tumeur faisant des progrès, prit un nouvel

aspect. Un bruissement artériel se fit sentir à différens

"points, mais surtout, au-dessus et au-dessous de la clavicule. Une nouvelle hémorragie eut lieu, et fut arrêtée aussi aisément que celles d'autres fois; mais les douleurs du malade s'aggravoient prodigieusement ; alors les élèves renouvelèrent l'idée d'un anévrisme:

' moi-même' j'examinai de nouveau. En effet, si un


ostép-sarcpme peut' ressembler à un anévrisme par sa cause et son développement, il est aussi dés ané.yrismes qui en imposent pour des ortéo-sarcômes ; des anévrismes sans pulsations, dont le développement est lent, détruit graduellement les os voisins j et enfin qui, n'occupant jamais que des branches artérielles subalternes, laissent le tronc principal dans son état naturel. J'ai décrit cette sorte d'anévrisme dans mon ouvrage d'observations, sous le nomd'^neprisme de Pott. L'équivoque étoit donc réel et même: insurmontable.

7°. Je n'avois pour me décider que la comparaison des ressources que ces deux affreuses maladies présentaient comparativement. L'ostéo-sarcome étoit absolument inattaquable, et ce malade, au rapport de la cheftaine-, avoit. les nuits, si fâcheuses, qu'on, crut plusieurs fois qu'il allqit périr.*

L'anévrisme, au contraire, offroit une ressource dans une opération périlleuse, mais dont les combinaisons sages pouvoiènt être salutaires au malade. J'y réfléchis beaucoup, même aux dépens de mon sommeil, et je présentais franchement et complètement , le résultat de mes réflexions aux élèves de mon école. Enfin je me dévouai au salut du malade, et j'arrêtai le projet de mon opération combiné sur tous les ïncidens qu'un anévrisme de ce genre pouvoit amener. ,

8°. Ayant confié la compression de l'artère axillaire à un aide intelligent, je plongeai un couteau sous le muscle grand-pectoral, que le volume delà tumeur souleyoit beaucoup ; j'arrivai jusqu'à la cla-


vicule, et coupai l'attache du muscle à la gouttière bïcipitale de 'l'humérus': cette incision devoit découvrir le creux de l'aisselle, et faciliter la ligature du tronc de l'artère humérale ; mais à peine fut-elle faite, que des jets de sang dardèrent de tous les points en jets contimis, sans pulsations artérielles. Je n'eus que le temps de faire placer des mains sûr les vaisseaux jaillissans,e| les découvrant l'un après l'autre, je fis autant de ligatures qu'il en fallut pour me rendre maître du sang. Je reconnus cependant que l'artère humérale avoit toujours ses battemens naturels: preuve que je n'a vois pas lié le tronc de la sous-clavière, ou qu'au moins ses communications étaient tellement dilatées j que le tronc de Phumérale continuoit à vecevoir du sang. Pour plus grande sûreté, je liai ce tronc avec grande facilité.

9°. Cela fait, j'incisai la tumeur et reconnus que c'était un ostéo-sarcôme, comme je Pavois annoncé dans le principe : il étoit formé par le développement de l'os en entier, et l'on vit à son centre le corps médullaire manifesté par sa couleur jaune. J'enlevai ce que je pus de cette vaste tumeur ; j'achevai l'amputation du membre sans perte de sang, et le malade, revenu de l'état de foiblesse où il avoit été pendant quelques ins,tans, fut reporté dans son lit: il survécut deux heures et un quart à l'opération, et il me paroît démontré qu'il mourut moins d'hémorragie que de l'affection morale qui avoit été, excitée chez lui par les malveillans dont j'ai parlé plus haut.

j.o°. La dissection du membre et du sujet mon-



TABLE DE LA PLANCHE.

FIGURE Fe.

K 08 i. L'artère sous-clavière, entre lés muscles séalèhes. â. L'endroit où le muscle grand-'pectoral , soulevé par la tumeur, permettait à la main d'entrer sous le creux de l'aisselle.

Nota. Le dessi». ayant été fait à la, hâte , on a manqué l'apparence du muscle grand-pectoral ; mais chacun peut se le représenter, en écartant le bras du. corps.

3. Trois cicatrices , suite des cautérisations ; la troi.

troi. restée ouverte. 4- Trajet, le long duquel on sentoit les battemens naturels de l'artère humérale.

5. Limite de la tumeur , où l'on sentoit l'extrémité de

l'os humérus simulant une fracture.

6. Les deux points où l'on sentoit le bruissement artériel.

artériel.

Généralement, les varices sous-cutanées.

FIGURE IL

î. Le tiers inférieur dé l'humérus; son extrémité articulaire inférieure.

2. L'écartemént de la substance compacte , dans l'intérieur duquel finissoit le développement de la tu'meur générale.


~<a*>

FIGURE III.

Le cartilage de la tête de l'humérus resté sain, et couvrant immédiatement le sommet du développement lympha- •' tique du corps de l'os.

Nota. N'ayant pas, prévu que je ferois ce travail, la tumeur n'a pas été assez ménagée pour la dessiner ; mais j'ai son analogue dans mon cabinet, et j'en ferai usage dans l'occasion.

Je dirai seulement que cette tumeur sembloit composée de fibres perpendiculaires à la longueur de l'os, et étoit-reaiglie de fibres osseuses, conservant leur caractère. /TÎSV-* 1 -'V./^\

%ÏIH DE LA TABLEX