LA
MARQUISE GABRIELLE
PREMIÈRE PARTIE
UN MARIAGE AU REVOLVER
.-— Un lot d'ustensiles^ do cuisine, en assez mauvais étatj mais faci-. lement réparables, composé de quinze pièces... voyons, nous disons... dix francs... A dix francs! C'est pour rien... pour rien, mesdames... aju poids cela vaudrai! davantage... A dix francs, personne n'en veut? ..'" !
— Onze francs !...
— Onze francs, nous disons... une fois, deux fois,.*. Onze francs le. lot d'ustensiles de cuisine... une dernière fois, onze francs, adjugé!... Nous vendons uiaintenaul un canapé, deux fauteuils et six chaises... le tout moderne... recouvert en velours d'Utrecht... en assez bon état de conservation. .. A cinquan te francs, le tout ! '
— Cinquante-cinq!
— À cinquante-cinq francs-!..... Allons, messieurs, un peu de courage, vous ne laisserez pas enlever ces meubles à ce prix-là... Le bois seul vaut davantage... Cinquante-cinq francs, nous disons... six chaises, un canapé', deux fauteuils!... Cinquante-cinq francs, une fois, deux fois, personne ne dit mot? Adjugé!... Nous vendons maintenant un bahut en vieux chêne sculpté, armorié, authentique... immeuble précieux... une occasion .rare... Nous avons acheteur à trois mille francs !... Je dis trois mille francs! Qui met au-dessus?
Cette scène de vente publique se passait dans la cour d'honneur du château- de Bois-Tordu, situé à deux pas de la forêt de Montreuillon, et a quelques kilomètres du gros bourg de Corviguy,! en Morvan.
Le Bois-Tordu méritait-il encore le nom de château?
UV.,1. — JULES MABY. — LA MAUQU1SE GABHIELI.E. —ÉD. J. HOUPF ET Cic. L1V.. 1.