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Titre : Les Annales politiques et littéraires : revue populaire paraissant le dimanche / dir. Adolphe Brisson

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1887-12-04

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34429261z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34429261z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 42932

Description : 04 décembre 1887

Description : 1887/12/04 (A5,T9,N232).

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5706194z

Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2009-34518

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 01/12/2010

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LES ANNALES POLITIQUES ET LITTÉRAIRES

— Quatre cents !

—Oui, monsieur ! Les arguments puissants De monsieur Blancpignon ont ravi l'auditoire... Quel orateur, monsieur!... Un mérite notoire!... Quatre cents voix !... Pourtant, disons la vérité... Les ministres, sentant le danger, ont volé.

— Ils ont voté ! Tous ?

— Tous !

— Ah ! mon Dieu ! quelle joie ! Ils ont voté... voté!... Le hasard nous envoie, Mademoiselle, un grand bonheur, bien mérité : Le ministère entier, tout entier... a voté ! »

Elle me regardait, n'osant plus trop rien dire... Etais-je sérieux? ou bien voulais-je rire? Afin de la tirer de ce grand embarras, D'un geste gracieux arrondissant le bras, Respectueusement :

« Encore un tour? »

Mais elle : « Que pensez-vous, monsieur, de cette loi nouvelle, Que l'on vient de voter sur l'impôt des boissons ? Vous savez que la Chambre a fait quelques façons, Et regrette à présent de l'avoir acceptée... Croyez-vous qu'au Sénat elle soit rejetée ? »

Allons ! Après la Chambre, et pour changer, voilà Le Sénat, à présent !... Charybde après Scylla !

« Quant au groupe Crépon, avez-vous confiance?... »

Cette fois, c'en est trop ! Et perdant patience, Pour terminer d'un coup cet absurde entretien, Sans répondre, glissant mon bras contre le sien, Je la prends par la taille et vivement l'entraîne...

Mais je levais le pied et m'élançais à peine, Qu'en un dernier accord, plaintif comme un regret,

Harmonieusement, la valse se mourait

Dans l'éparpillement de la danse finie, Prenant, comme toujours, une peine inouïe, Pour ne pas déchirer quelque volant bouffant, A sa place, j'allai reconduire l'enfant. Mais quand, la saluant d'une façon polie, Je relevai les yeux, — elle, elle si jolie, Me sembla presque laide, et son charme vainqueur S'effaça de mes yeux, s'envola de mon coeur...

Ah ! c'est qu'en un moment j'avais compris sans doute Combien, en la jugeant, j'avais fait fausse route ! C'est qu'en un seul moment elle m'avait donné, Sans y même songer, sans l'avoir soupçonné, Celte impression triste, obscurément sentie, D'une illusion folle et trop vite partie... C'est qu'en un mot, enfin, son étrange jargon, Sa Chambre, son Sénat, son Duret, son Crépon, Ses voles escomptés, ses groupes... sympathiques, Son ennuyeux savoir des choses politiques, Ses projets de discours et ses projets de loi, Tout cela, sur l'honneur, m'avait mis hors de moi !

Oh ! rester de son âge ! et toujours ! et sans cesse !

Vieux, savoir vaillamment accepter la vieillesse ;

Jeune, rester bien jeune, et, sans hâter le temps,

S'épanouir en paix au soleil du printemps !

Mais, comprenez-le donc, enfants, ce que l'on aime,

Ce qu'on adore en vous, c'est votre âge lui-même,

Votre simplicité, votre air naïf et doux,

Pour tout dire, c'est vous, toujours vous, rien que vous!

Oui ! pour qu'on vous chérisse, et que par vous charmées

Nos âmes, pressentant vos âmes embaumées,

Comme des papillons, en désirent le miel...

Oui! pour nous inspirer un amour éternel,

Telles que Dieu vous fit, naïves et gentilles,

Jeunes filles, sachez demeurer jeunes filles !

JACQUES NORMAND.

CAUSERIE THÉÂTRALE

COMÉDIE FRANÇAISE, — La Souris, comédie en trois actes, de M. Edouard Pailleron.

PORTE SAINT-MARTIN. — La Tosca, drame en cinq actes et six tableaux, de M. Victorien Sardou.

La Souris était attendue avec impatience. Tout le monde comptait sur un chef-d'oeuvre ; M. Pailleron ne l'a point

donné. La Souris n'ajoutera rien à la réputation de l'homme d'esprit qui l'a signée.

Le fond de la nouvelle comédie est une aventure de coeur des plus intéressantes, curieuse dans le détail, originale et analysée avec une rare finesse. Mais l'observation est un peu singulière ; le public ne sépare guère l'amour de la jeunesse. Les Arnolphes même les plus aimables ont tort à ses yeux. La Souris eût fait un roman délicieux: c'est une comédie ravissante par endroits, mais languissante dans l'ensemble. On croirait entendre un chapitre de La Bruyère à la scène.

Max de Simiers approche de la quarantaine. C'est encore un élégant cavalier. Il a dit adieu à Paris et à là vie mondaine, parce qu'il n'y trouve plus ses succès d'autrefois. Ses amis lui affirment « qu'il ne paraît point son âge », et les femmes lui demandent gravement « son amitié ». L'heure de la retraite a sonné ; l'ancien jeune premier quitte la scène; il ne se sent point de' goût pour les raisonneurs. Il rentre donc dans ses terres, bien résolu à ne plus chasser que le chevreuil ou le simple lapin. Mais il a rencontré dans le château voisin de son domaine Mme de Moisand, fort hospitalière de sa nature et, de plus, mère d'une fille ravissante, Clotilde de Woïska, née de son premier mariage, et tutrice d'une fillette de seize ans, Marthe de Moisand, à peine sortie du couvent, « née du premier mariage de son second mari ». Max de Simiers est devenu le familier du château ; Clotilde lui plaît, et il ne déplaît point à Clotilde. Son amour ne peut cependant se révéler : Clotilde empêche toute déclaration. Sa mère et elle détournent avec insistance son attention sur Marthe, dont elles lui vantent toutes les qualités, Mme de Moisand, par charité chrétienne, pour se débarrasser de cette enfant qu'elle déteste, Clotilde, par devoir et aussi par affection pour Marthe, qui n'est point sa soeur mais qu'elle aime comme une soeur. Nous avons dit par devoir. En effet Clotilde n'est point libre. Elle est mariée au comte polonais Woïski. Ce mari exotique l'a rendue aussi malheureuse que possible. Débauché et brutal, il est en train de finir comme il le méritait, dans une maison de santé. Le malheur est que Max de Simiers a toujours regardé Marthe comme une fillette sans conséquence, et que plus on la loue devant lui, plus il la trouve déplaisante. Les deux femmes sont vraiment maladroites, mais la maladresse dans l'égoïsme et dans la peur est un trait de nature. Mme de Moisand, qui est une maman craintive, plus sotte que méchante, raconte ses ennuis à deux jeunes femmes, Herminie de Sagancey et Pépa Raimbault, la première séparée de son mari, précieuse et sentimentale, mais au fond matérielle et sensible, la seconde âgée de vingt-six ans, évaporée et libre, dont le père était sculpteur et qui a fait son éducation à l'atelier — on le voit trop. Herminie et Pépa étaient venues au château pour passer gaiement quelques jours auprès de Clotilde, dont elles avaient fréquenté à Paris le salon, un salon où l'on ne s'ennuyait pas, lorsque son mari n'avait pas encore roulé dans la boue. Quand elles sont mises au courant de cette situation délicate d'un prétendant aspirant à une main qui ne peut lui être tendue, quand elles savent surtout le nom du loup, elles restent dans la bergerie.

Max de Simiers est pour elles une vieille connaissance. Chacun de son côté fera assaut de coquetterie autour du galant. Elles sauveront ainsi une amie et se moqueront d'un fat.

Cependant, Clotilde reçoit une dépêche. Elle rougit et pâlit tour à tour en la lisant. On devine que ce petit papier bleu lui apporte sa délivrance. Elle donne le prétexte qu'elle est contrainte pour affaires sérieuses de s'absenter pendant quelques jours. Elle part non sans inquiétude et avec une petite pointe de jalousie.

Herminie et Pépa commencent les escarmouches, puis la bataille en règle : l'une et l'autre sont repoussées en pure perte. La victoire se déclare du côté où on était loin de l'attendre. C'est Marthe, la Souris, comme on l'appelle, parce qu'elle entre toujours sans qu'on l'entende, et qu'elle disparaît sans qu'on la voie ; c'est Marthe, malgré ses seize ans, qui prend le coeur de Max par sa franchise et sa naïveté ; par ses larmes, quand Max la raille impitoyablement en ne la traitant que comme une petite fille qui joue encore à la poupée ; par son langage plein de grâce naturelle, de candeur et de noblesse ; par l'aveu surtout qu'elle fait inconsciemment du plaisir que lui causait Max en la venant voir au couvent et du charme qui lui reste encore de ce souvenir. Max, étonné d'abord, puis ravi, convaincu, sûr d'être aimé pour lui-même, ne doute plus de la passion qu'il a inspirée quand, dans ses mains, tombe l'album où la charmante enfant le crayonnait dans toutes les poses, assis, debout, à cheval ; quand de l'album glisse une lettre écrite du couvent par une pensionnaire non libérée encore, et où le nom de Max et de Marthe reviennent à chaque ligne tendrement accouplés. Clotilde rentre de voyage, c'est la première confidente que Max prend de son nouvel amour ; il ne s'aperçoit pas qu'il la torture. Car Clotilde l'aimait. secrètement et pouvait maintenant l'aimer devant tous. Clotilde est véritablement vouée au sacrifice. Elle ne saurait en vouloir à Marthe : n'est-ce point elle qui l'a poussée dans les bras de Max ? N 'a-t-elle point ouvert les yeux de Max sur les qualités de sa petite protégée, sur son charme encore en germe, et que le premier rayon d'amour ferait éclore ? Elle refoule au fond de son coeur ses sentiments ; et, comme avant son départ, elle s'était toujours montrée réservée pour Max, elle ne peut l'accuser de légèreté et d'inconstance.

Ce qu'il y a de nouveau, de véritablement intéressant dans cette donnée, c'est la conquête de Max par Marthe de Moisand, c'est l'amour de cette enfant de dix-sept ans pour un homme qui a dépassé l'âge où l'on tourne les têtes ; c'est la passion sérieuse de l'orpheline pour le héros de son imagination, qu'elle voit dans la réalité comme il lui apparaissait dans ses rêves, un peu railleur, mais noble, généreux, vraiment homme, le protecteur qu'il faut à une enfant qui n'a plus sa mère et se sent entourée d'indifférents ou d'ennemis. Ce qu'il y a de naturel et de vrai, c'est l'égoïame de Marthe acceptant le sacrifice de Clotilde, qu'elle aime cependant, en feignant de ne le point comprendre; c'est la joie débordante de Max, redevenant un amoureux de vingt ans, fou, étourdi, prenant pour auxiliaire la femme qu'il courtisait quelques jours avant et qu'il regarde maintenant comme un conseiller, un ami sérieux, expert, un