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Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1913-01-18

Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328123058

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb328123058/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 123753

Description : 18 janvier 1913

Description : 1913/01/18 (Numéro 10553).

Description : Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail

Description : Collection numérique : La Grande Collecte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k570405t

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 30/05/2008

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EST ÉLU

Inscrits 892 Votants 872 Majorité absolue 437

Nombre

MM. de voix

POINCARÉ .V 429

PAMS .̃ 327

VAILLANT. 63

.DESCHANEL. 18

RIBOT. «̃ 16

Divers 14

JXEMXtËMÊ tOU7£

Inscrits 892 Votants 871 Majorité absolue 436

POINCARÉ.. 483 ÉLU

PAMS 296 voix

VAILLANT.. 69

Divers. 23

C'est une belle victoire; celle qui dissipe jusqu'au souvenir déjà bataille. La République et le pays l'ont connue hier. A l'heure où le président de l'Assemblée nationale proclamait M. Raymond Poincaré chef de l'Etat, où aux applaudissements des parlementaires répondait, hors du palais de Versailles, la longue acclamation du public, où la nouvelle de l'éleotion, apportée par le téléphone et le télégraphe, éveillait l'ent4ousiasme unanime, où de la foule massée en face du Matin, jaillissait, spontànée, intuitive, où,; .devant ,nous, sur. le boulevard, quelqu'un, on nesart qui, l'anonyme qui, dans tous les mouvements populaires, trouve le geste où se résume le sentiment universel, élevait tout à coup, au-dessus des têtes pressées, le drapeau tricolore, les luttes politiques se fondaient en harmonie, la journée s'achevait dans la concorde, l'unité nationale s'affirmait.

Une scène très simple avait lieu à ce moment même dans les couloirs du Congrès. M. Pams venait, avec ce sourire et cette bonne humeur qui ne l'ont pas abandonné une minute, féliciter.M. Poincaré. Il trouvait des termes heureux et simples, comme toujours. M. Ribot s'approchait à son tour, et M. Dubost, et M. Deschanel, tous les concurrents de la veille et du jour qui ne voyaient plus maintenant dans M. Poincaré que l'élu du Congrès, le plus haut représentant de la France.

Une majorité républicaine venait, au second tour, d'élire M. Poincaré, et les républicains se réjouissaient que la droite ne pût désormais se flatter d'avoir été l'arbitre du Congrès. j Les parlementaires qui réfléchissent étaient heureux de voir se faire enfin, sur le nom de M. Poincaré, l'accord du Parlement et du pays. Ils sentaient que le, régime devait y gagner en prestige, et jetaient sur l'avenir un regard rasséréné.

Enfin tous ceux qui, dans ces dernières années, ont assisté avec bonheur aux progrès de l'esprit public, ont admiré la France unie dans les jours difficiles, s'émerveillaient de voir l'union survivre au péril. Il leur semblait que la démocratie, si souvent oublieuse, venait tout coup de se découvrir une mémoire, qu'avec la mémoire s'éveillait en. elle le sens des horizons, le goût de la supériorité, la fierté de ses chefs élus, la vue du lendemain, tout ce qui compose à un peuple sa dignité, to^t ce qui lui garantit une longue et éclau-nte destinée.

Le nouveau chef de l'Etat

M. Nauriee Colrat, directeur de ¡"Opinion, fut longtemps le. secrétaire de M. Poincaré.. Pieu d'hommes ont mieux connu le nouveau ̃président de la République. Peu d'hommes pouvaient l'apprécier plus finement.

Premier secrétaire de la conférence des avocats à vingt-deux ans, député à vingts-six ans, ministre à trente-trois, membre du conseil de l'ordre des avocats à quarante-sept et de l'Académie française à quarante-huit, président du conseil des ministres à cinquante et un, président de la République à cinquantedeux ainsi pourrait se résumer, en style; lapidaire, l'exceptionnelle et glorieuse carrière de M. Raymond Poincaré, avocat, publiciste, homme politique. Plus tard, celui qui lira ces titres sur la stèle, étonné d'un essor si précoce 'et si rapide, imaginera peut-être M. Raymond Poincaré sous les traits d'un de ces jeunes ambitieux bouillants et téméraires, qui chevauchent la Fortune. et bousculent tout sur leur voie triomphale. Comme il se tromperait 1 Jamais aucune carrière ne fut au contraire plus laborieuse, plus ménagée, §}us suivie aucune volonté n'eut plus patience et de méthode et ne se conmoins au hasard du soin d'assurer ♦ïisuccès, il est vrai que cette volonté

prudente et tenace fut toujours au service d'une incomparable, d'une merveil-: leuse intelligence.

Car l'intelligence est la qualité dominante de M. -Raymond Poincaré. Elle rayonne sur son vaste front. Elle vieille dans ses yeux, dans ces yeux gris si mobiles et si pénétrants, dont la lumière se voit de si loin. Elle guide et surveille ses gestes habiles et précis. Ouvrez les trois ou quatre volumes où sont réunis les discours du député, les plaidoyers de l'avocat, les études de l'artiste et du lettré,' vous serez frappés par la compréhension facile, large, profonde du sujet. Qu'il s'agisse de « l'impôt sur le revenu » ou du « théâtre de Dumas fils", de la « défense de Madagascar ou de « l'éducation des adultes », de Waldeck-Rousseau ou de Pasteur, de Floquet ou de Berthelot, M. Poincaré analyse les oeuvres et les hommes, les âmes et les, choses avec aisance, avec compétence, avec autorité. Dans sa dialectique, vous ne découvrirez pas une paille, pas une "bour§||Jliure dans son langage. Tout est construit d'une maI nière élégante et solide, par un architecte habile et consciencieux. Tout est clair, tout est ordonné, tout est logique. C'est le temple de la raison.

Mais quelle activité dans ce temple et comme cette 'raison reste féconde Chef du cabinet, ministre des affaires étrangères, placé en face des problèmes les plus complexes et les plus redoutables de la politique intérieure et de la politique extérieure, M. Raymond Poincaré, doué d'une incroyable capacité de travail, suffit à tout et répond à tous. Comment expliquer le mystère d'un si prodigieux rendement ? M. Poincaré n'improvise pas. Il prépare ses audiences, ses-discours comme ses plaidoyers. Jamais il n'a parlé de ce qu'il ne savait pas ou de ce qu'il savait mal. Jamais il p'a pensé qu'on pût se flatter de connaître un dossier sans l'avoir minutieusement, scrupuleusement étudié. Mais sa méthode est sûre et son activité infatigable. Dès l'auror -H très tard dans la nuit, son cerveau n availlé, organe d'une admirable résistance, outil d'une savante, précision.' Au Palais comme au Parlement, à la barre comme à la tribune, un esprit de -cette Sorte; une 'volonté de eetfe 4remp« devaient mettre hors de pair M. Raymorid Poincaré. De fait, il fut, durant vingt années, l'avocat le plus recherché ,et le plus occupé. Les grandes affaires et les grosses affaires affluèrent. Je ne crois pas qu'un seul client ait pu jamais se plaindre d'une négligence. Peu à peu, M. Poincaré cueillit les fruits de son effort quotidien, et sa renommée, d'abord enclose dans la salle des PasPerdus et les couloirs du Palais-Bourbon, se répandait dans la ville. Sa plus belle récompense fut quand l'Académie française admit à partager son immortalité le défenseur victorieux de l'académie Goncourt. Mais avant de poser cette couronne sur sa tête, M. Poincaré voulut qu'elle honorât les cheveux blancs de son maître Barboux.

Dans ce temps-là les meilleurs amis de M. Poincaré et ses plus fervents admirateurs le crurent décidément résolu à quitter la politique, et beaucoup lé regrettaient. Mais s'il y a « des gens qui font de la. politique sans l'aimer et s'aperçoivent qu'ils l'aimaient lorsqu'ils n'en font plus », sans doute M. Poincaré était de ces gens. En tout cas, il ne se déroba.point lorsque le président de la République lui confia, voici douze mais, la successian. de M. Caillaux, et il reparut à la Chambre. Je me souviens de la surprise que causa son premier discours. Les assemblées parlementaires sont habituées à un langage de conven.tion et à certains artifices qui sont devenus rituels. Aussi les vieux routiers, déconcertés, disaient à la fin de la séance « II n'en a pas pour quinze jours. » Les vieux routiers se trompaient. Non pas que la Chambre ait modifié son acoustique ou que M. Poincaré ait modifié son langage. Mais il arriva que le pays prit du goût pour cette manière et du respect pour l'homme d'Etat dont il il admira tout de suite le labeur obstiné et le sens patriotique. M. Raymond Poincaré devint populaire, et ce fut pour la Chambre une nouvelle surprise, car une popularité de ce genre et de cette qualité, une popularité où il entre plus d'estime que de tendresse et plus de réflexion que d'enthousiasme, est un phénomène assez nouveau dans l'histoire de notre démocratie. Son apparition aurait dû réjouir le cœur de tous les républicains. Cependant quelques-uns s'imaginèrent que la popularité du ministre des affaires étrangères était dirigée contre eux, et que la nation, en marquant sa préférence pour la manière de M. Poincaré, condamnait la leur. Ecarter cet homme du chemin de l'Elysée leur parut donc une nécessité de leur propre existence. Ils appelèrent désir de parvenir ce qui n'était que la passion de servir. Ils oublièrent les luttes de jadis, la communauté d'origine et de doctrines, la discipline observée, la gravité des circonstances, et que l'Europe entière écoutait leur dispute et nous condamnait sur leur ingratitude. Peu s'en est fallu qu'ils ne dénonçassent comme rebelle Pt factieux l'un des républicains les plus sûrs, les plus éprouvés, les plus scrupuleux qui se soient rencontrés.

L'Assemblée nationale a jugé M. Raymond Poincaré digne de la magistrature suprême. L'avenir montrera qu'elle a bien jugé, et que l'estime publique ne s'était point égarée. Le nouveau président de la République entre à l'Elysée aux applaudissements de la nation. Toutes lés élites lui font cortège. Toute la démocratie lui fait confiance.

Maurice Colrat

L'ÉLECTION

l'Assemblée nationale Par M. Stéphane Lauzanne Réunie dans une ville et dans un palais dont les noms sont inscrits sur tant de pages de 1'Histoire de. France, l'Assemblée nationale de 1913 a- été digne de ce beau titre. Elle a élu l'homme que souhaitait la nation elle a élu celui qui, il y a un an presque jour pour jour, formait le gouvernement, dont il disait qu'il était au service du pays elle a élu celui qui, au milieu de la tourmente sévissant sur l'Europe, avait maintenu la paix en parlant avec fermeté et avec dignité au nom de la France. Elle a élu 'le républicain qui, sans défaillance et aux Meures Iea plus troubles, avait af< firme sa foi dans l'idéal de= la République enfin elle a élu un enfant de cette terre de Lorraine qui, plus qu'une autre, nous est chère, parce que plus qu'une autre elle a souffert et que plus qu'une autre elle a fait saigner le cœur de la patrie. L'Assemblée nationale de 1913 a élu M. Raymond Poincaré.

Paris, hier, n9 était pas à Paris mais à Versailles

Il y avait pour vivre cette journée, qui restera historique, une foule énorme. Tout Paris s'était déversé dans Versailles. Dès l'aube une aube triste et grise des rumeurs lointaines étaient venues battre les murs paisibles de la petite ville. Sur le « pavé du roi », qui est certes devenue le plus exécrable pavé de la terre, les autos bondissaient, roulaient, mugissaient. Des tapissières cheminaient de front avec des coupés de maître des trains de parlementaires se succédaient pêle-mêle avec des trains de plaisir. Un service d'ordre impeccable, dirigé par M. Hennion, endiguait, canalisait le flot des voitures et le flot des gens: Dès onze heures, on s'écrasait aux Réservoirs c'est que les Réservoirs font partie intégrante des élections priésidentielles. N'est-ce pas dans un réduit, entre deux coffres à bois, que M. Camille Pelletan et M. Clemenceau y ont confectionné l'élection de Carnot ? On se montrait, amusés, hier, le réduit et les coffres qui y sont toujours. Dans la salle, il y avait tout le monde et tous les mondes dans le coin de droite, voici, comme il sied, la table aristocratique du comte de Mun et, dans le coin de gauche, la table démocratique où le 'socialisme de l'Hérault trinque avec le socialisme de Levallois-Perret. Voici le profil en bec d'aigle de Mme de Noailles et le nez fureteur de M. Francis de Croisset voici l'oeillet de M. de Grandmaison et le lorgnon de M. Louis Barthou. Tout ce monde mange le même menu que nous mangeâmes il y a sept ans et que nous mangerons sans doute dans sept ans. C'est en goûtant une sole pareille à celle d'hier que M. Clemenceau lâcha, l'autre siècle, M. de Freycinet pour M. Carnot. Hier, M. Clemenceau eut la sole fidèle et ne lâcha personne. Et puis, est-il sûr qu'on mangea ? Chacun parlait, pronostiquait, supputait, comptait et surtout se hâtait d'avaler son café pour se rendre au palais, Que de oie dans la galerie des tomleaux!

Les couloirs. Ou pour parler plus exactement, le couloir, car il n'y en a qu'un seul, cette magnifique galerie des tombeaux que, tous les sept ans, on tire de sa torpeur.

Les bustes regardent avec curiosité ce défilé d'hommes fiévreux et agités. Un sourire semble errer sur les lèvres pâles de quelques-uns. Le profil ascétique de Troncliet se penche avec complaisance vers une silhouette toute blanche, toute fluette celle de M. Charles de Freycinet. Déjà cinq fois, il l'a vu errer dans la même galerie et frôler de son pas furtif les mêmes dalles en losange. Une fois même, il a cru qu'en sortant c'est un chef d'Etat qu'on acclamerait. Et il regarde passer cette ombre.

Un peu plus loin, M. Briand se promène de long en large devant la porte même de la salle des séances avec M. Mill'erand et M. Guist'hau. M. Briand a l'air d'un général qui mène son armée à la bataille mais déjà, dans son oeil changeant et expressif, on peut lire qu'il est sûr de la victoire.

Des bruits courent. Des rumeurs volent. On annonce la démission de M, Pams. Celle-là est certaine. On annonce d'autres démissions encore celle de M. Delcassé, entre autres. Personne ne croit à ces bruits, mais tout le monde les colporte.

Sur la scène et dans' la salle La sane. Une 'salle d'où la lumière tombe crûment à travers le vitrage du plafond. Parfois même, des portes de tribunes s'entre-bâillent, laissant filtrer un rayon de soleil qui a la violence d'une projection électrique. Des quantités de petits cartons blancs collés sur les pupitres indiquent la place de chacun, et dès une heure on ne voit plus ni un carton ni une place, car les gradins sont bondés et chacun se place au gré de sa fan·taisie ou selon ses préférences politiques.

Au-dessus de ces gradins il y a tout un rang de fauteuils de .balcon où une multitude de femmes forment la .plus'

M. POINCARE jMme POINCARE

frère du président belle-sœur du président

Mme POINCA-= 'mère Mme IL R. pOINCAB'6 lIGUa. femme du président

AU MILIEU DE 'SA FAMILLE AU RETOUR DE L'ASSEMBLEE NATIONALE

charmante des corbeilles des quantités de plumes blanches et d'étoles d'hermine mettent au-dessus de la multitude des redingotes noires je ne sais quelle a.imablé lumière.

tes 872 électeurs-qui vont avoir à choi- si.r un., chef h< la France sont là ils y sont en rangs un peu pressés. M. Jaurès est quelque peu étouffé entre M. Compère-Morel et M. Guesde il étouffe surtout de ce que ses voisins semblent n'être pas de son avis. Il y a sept ans, M. Jaurès avait manqué le train et était entré dans la salle du Congrès un parapluie à la main mais cette fois il est arrivé à l'heure et a laissé son parapluie au vestiaire on s'amende en vieillissant.

Au banc des ministres, M. Poincaré s'est assis résolument, ayant M. Briand à sa droite et M. Klotz à sa gauche. Non loin de là, on se montre M. Paul Deschanel, qui s'est assis à côté de M. le premier président Forichon et qui, de tejnps à autre, dirige vers les tribunes féminines deux yeux d'un bleu où il y a plus d'ombre que de lumière. 'On se montre aussi, un peu en arrière, la belle figure de M. Ribot qui, avec sa fine barbe blanche, fait songer à.ces austères profils de sénateurs que Ferrero nous a bu- rinés dans sa Rome de la décadence. EnIln, plus loin encore, voici M. Pams, toujours souriant, la main tendue, l'œil perdu dans'un rêve lointain qui ne se réalisera .pas..

Signe des temps les deux pendules qui se trouvent à droite et à gauche du président de l'Assemblée nationale ne sont pas d'accord celle de gauche, comme toute bonne pendule républicaine, est en avance celle,de droite'est en retard'. J'

Préliminaires,

Il est 1 h. 7 à l'une et 1 h. 3 à l'autre quand.M. Antonin Dubost fait son entrée' solennelle dans la salle 'et- gravit les de' grés qui, mènent au fauteuil présidenUne large feuille de papier-blanc à la main; il prononce de sa voix métallique d'un métal] isme assourdi --les paroles sacramentelles, en vertu desquelles la séance est ouverte, et il lit le texte de la loi constitutionnelle. A un moment donné, M. de Dion, député plébiscitaire de la Loire-Inférieure, rompt le silence pour prononcer, d'une, voix forte, des paroles vigoureuses que personne' n'entend, car le tumulte' domine sa voix.

Au nom de mes amis et au mien, je proteste contre le système qui consiste à faire élire le président de la République.par le Parlement et non par, le peuple.

Ainsi parla M. de Dion, selon l'analytique, car l'analytique entend tout même ce que le public n'entend pas. M. Dubost interrompt sa lecture pour rabrouer M. de Dion. Cela passe très vite,' et en un clin. d'œil, on a tiré les noms des 36 scrutateurs qui seront chargés de dépouiller le vote et de pointer les bulletins. M. Colly, le farouche député d'extrême-gauche, est du nombre. Et la salle mise en gaieté crie « Colly Colly 1 », sans que les tribunes comprennent exactement le pourquoi de cet accès de gaieté. Les assemblées ont de ces ironies que ne saisit pas toujours la foule.

On commence

Après les noms des scrutateurs, on tire la lettre qui décidera de l'or-

dre dans lequel les parlementaires; selon leur nom, devront monter à la tribune. C'est la lettre T que M. Dubost d';un;.dojgt autoritaire,, a fait: jaillir d'an dictionnaire Larousse. La'lettre est im- médiatement affichée -en cinq exemplai* res aux flancs de, la tribune et- aux par rois dé la salle. 'L'appel nominal -côinmence. C'est M. Tavé. député radical-socialiste de la Corrèze, qui a l'honneur de gravir le premier les marches de la tribune et de déposer le premier bulletin dans la gigantesque urne verte.

Dès lors, pendant deux heures, le spectacle se déroulera monotone un nom sera jeté à l'Assemblée par un huissier du haut du bureau, et un sénateur ou un député montera à la tribune pour déposer son bulletin. Cependant un assez grand nombre de parlementaires demeurent dans la salle, et pas un seul spectateur ne quitte les tribunes. C'est que c'est un peu une sorte d'épreuve théâtrale que cette montée et cette descente de la tribune pour les grands premiers rôles de la politique. On épie les noms que la po-v pularité a inscrits à son^frontispice et on guette leur apparition.

Les premiers rôles

.Quand l'huissier jeta le nom de M. Deschanel et de M. Millerand, il y eut un mouvement qui courut à travers l'hé.micycle. Mais ce qu'on attendait sur tout avec curiosité, c'est la lettre P; car à peu de distance l'un de l'autre, elle devait nous montrer M. Pams et M. Poincaré. Quand on l'afficha*, un al> J tra» versa la salle, et qùand M. Pams, le pr& mier, s'engagea dans l'escalier de la tribune, des applaudissements, dont MM. Clemenceau et Painlevé, devaient do* (Voir la suite en 2° page, 1" colonne)

QUEL VA ÊTRE LE NOUVEAU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE? La faule, massée devant le *̃' Matin encombrant trottoirs et chaussée, interrompant la circulation des autobus, attend avec anxiété les nouvelles