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Notice complète:

Titre : [Revue historique, scientifique et littéraire du département du Tarn]

Auteur : Société des sciences, arts et belles-lettres du Tarn. Auteur du texte

Éditeur : [s.n.] (Albi)

Date d'édition : 1914-01-01

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344240271

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb344240271/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 12691

Description : 01 janvier 1914

Description : 1914/01/01 (A39,VOL31,N1)-1914/04/30 (A39,VOL31,N2 = SER2,A23).

Description : Collection numérique : Fonds régional : Midi-Pyrénées

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5700687p

Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-276478

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 03/01/2011

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TRENTE-NEUVIÈME ANNÉE

N°s 1-2

JANVIER-FEVRIER & MARS-AVRIL 1914

REVUE

HISTORIQUE, SCIENTIFIQUE & LITTÉRAIRE

DÉPARTEMENT DU TARN

(ANCIEN PAYS D'ALBIGEOIS) FONDÉE EN 1875 PAR M. EMILE JOLIBOIS

PUBLIÉE SOUS LA

DIRECTION DE M. JULES JOLIBOIS

ET SOUS LE PATRONAGE DE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES, ARTS ET BELLES-LETTRES DU TARN PARAIT TOUS LES DEUX MOIS

TOME XXXI. — DEUXIEME SÉRIE, VINGT-TROISIÈME ANNEE

BUREAUX DE LA REVUE

ALBI

42, Avenue Villeneuve.

1914


SOMMAIRE

Ch. PORTAL. — Le Puits de Cordes. 1

Aug. VIDAL. — Documents inédits sur les littérateurs albigeois du

XVIIe siècle. 8

E. THOMAS. — Réalmont : la Seigneurie; l'organisation consulaire, les salaires de la commune ; Ecoles communales cl séminaire. —

Conclusion. 34

Ch. PORTAL.— Trois lettres d'un prêtre tarnais, réfugié en Espagne,

Espagne, 44

G. DUMONS.— Les Réfugiés du Pays Castrais (suite). 59

P MOURGUES. — Campanules et Campaniles, poésies (suite et fin). 77

C. TEYSSIER. — Dous Countes en dialecte Albiges. 83

Charlou dal TEULIÉ. — Uno visito à Cordos. 88

E. BÉCUS. — Glanures historiques. 96

Chronique. 104

Les prochains numéros de la Revue comprendront :

RAYMd NAUZIÈRES.. — Chants et Proverbes d'Occitanie.

J. RAUCOULES. — Alimentation du Canal du Midi.

J. MALPHETTES. — La nuptialité à Albi. Aug. VIDAL. — Un manuscrit albigeois. — Croyances populaires.

E. CAHUZAC. — François Choulet. Notice. Poésies.

DIVERS. — Le Folklore Albigeois.

La Direction de la Revue rappelle à ses lecteurs que les auteurs des travaux insérés dans cette publication sont seuls responsables des théories scientifiques, philosophiques ou historiques émises dans leurs articles.

RÉDACTION. — Tout ce qui concerne la rédaction et l'administration doit être adressé à M. Jules JOLIBOIS, chef de division à la Préfecture du Tarn, directeur de la Revue, 42, Avenue Villeneuve, Albi (Tarn).

Il sera rendu compte de tout ouvrage intéressant la région, dont deux exemplaires auront été déposés au bureau de la Revue.


REVUE DU TARN

TRENTE-UNIEME VOLUME



REVUE

HISTORIQUE, SCIENTIFIQUE & LITTERAIRE

DU

DÉPARTEMENT DU TARN

(ANCIEN PAYS D'ALBIGEOIS)

FONDÉE EN 1875 PAR M. EMILE JOLIBOIS

PUBLIÉE SOUS LA

DIRECTION DE M., JULES JOLIBOIS

ET SOUS LE PATRONAGE DE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES, ARTS ET BELLES-LETTRES DU TARN

TRENTE-NEUVIÈME ANNÉE. — TRENTE-UNIÈME VOLUME

2e SÉRIE. — 23e VOLUME

BUREAUX DE LA REVUE

ALBI

42, Avenue Villeneuve.

1914



LE PUITS DE CORDES

Quand le comte de Toulouse Rairnond VII fit construire (en 1222) la bastide de Cordes, c'est-à-dire la double enceinte qui devait protéger les futurs habitants de la localité, on traça sur le sol les rues principales, celles tout au moins qui correspondaient l'une au grand axe, l'autre au petit axe du terrain enclos. Ces deux rues aboutissaient, dans le premier cas, aux portes dites plus tard porte des Ormeaux et portail peint, dans le second, à deux « portanels » également symétriques. Au croisement de ces voies, on laissa libre un espace rectangulaire qui serait « la place », le lieu du marche et de réunion de l'endroit. Comme le comte entendait, en fortifiant le puech de Mordagne, créer un centre de résistance éventuelle, il est tout naturel que sur « la place » il ait fait creuser un puits destiné à procurer, en cas de siège, de l'eau potable aux défenseurs. Pareille précaution n'avait rien d'exceptionnel. « Des puits, écrit M. Enlart, sont toujours pratiqués dans les places fortes... au besoin on leur a donné une extrême profondeur » (1). C'est pour avoir manqué d'eau que maint château inexpugnable s'est vu obligé de se rendre à merci. On creusa donc un puits sur la place. D'ailleurs, dit encore M. Enlart, « sur la place du marché, se trouvait presque toujours une fontaine ou un puits » (2).

Il est bien évident que si l'on eût rencontré une nappe d'eau à une faible profondeur, il n'y eût eu aucun intérêt à continuer la fouille. Si à Cordes et ailleurs l'excavation a été poussée très bas, c'est uniquement pour cette

(1) C. Enlart. Manuel d'archéologie française, t. II, p. 339.

(2) Id. p. 489.


2 REVUE DU DEPARTEMENT DU TARN

raison que l'on espérait en poursuivant les travaux arriver enfin au but désiré. Et l'on creusa ainsi sans résultat jusqu'à plus de 85 mètres. Tout porte à croire qu'on dut se résigner à transformer le puits en citerne en y faisant déboucher les eaux des toitures voisines.

La place était primitivement sans couverture. Mais dès 1273 (ou 1278) environ on la couvrit (1) et cette première halle dut être reconstruite en 1353, quand le roi Jean autorisa la « construction » d'une halle (2) qui, cela s'imposait, ne pouvait s'élever que sur l'emplacement de la précédente. C'est ainsi que le puits s'est trouvé et se trouve sous la halle qui n'est autre chose que la « place » couverte.

Est-il vraisemblable qu'on y ait jamais puisé de l'eau ? Non, d'abord parce que, en temps de paix, il était beaucoup plus commode de la prendre à une profondeur de 5, 8,10 ou 15 mètres dans un des autres puits publics ou dans les citernes aménagées à l'intérieur des maisons. En second lieu, parce que la ville n'a eu à subir aucun long siège. Néanmoins si l'on ne s'est jamais servi de ce puitsciterne, on s'est gardé de le détruire, l'appréhension d'en avoir peut-être besoin à un moment donné interdisant de sacrifier cette ressource d'extrême nécessité. Si l'on eût raisonné autrement, il y a longtemps qu'il serait comblé.

Mais il vint un moment où toute hypothèse de siège fut désormais invraisemblable ; le puits ne fut plus alors qu'un vestige de moeurs pour toujours abolies, un reste de temps qui passaient pour barbares aux yeux des contemporains de Louis XIV. Si bien qu'en 1646 ou 1647 il parut convenable de supprimer même les traces d'une construction sans utilité présente ni future et la municipalité fit murer l'orifice du puits qu'une margelle devait nécessairement entourer au moins pour empêcher des accidents. Donc jusqu'au milieu du XVIIe siècle le puits est resté ouvert, on ne l'a pas comblé et il est de toute évidence qu'il n'était pas béant au milieu d'un marché sans une

murette circulaire destinée à éviter des chutes mortelles.

(1) Archives de Cordes, FF. 40.

(2) Id., DD 17.


LE PUITS DE CORDES 3

Il semble inutile de rappeler que la légende des 3 Inquisiteurs jetés dans le puits en 1232 est d'origine relativement récente puisqu'elle ne remonte guère au delà de l'époque (milieu du XVIIe siècle) où l'ouverture de cette excavation fut condamnée. Mais il est de règle, dans le domaine de l'imagination populaire, que tout souterrain se ramifie dans la campagne et que des galeries interminables débouchent au loin, dans un château, une abbaye ou ailleurs. Le puits de Cordes n'a pas échappé à pareil soupçon qui, dès 1826, pouvait être considéré comme absolument gratuit.

Ce qui a priori suffirait à faire rejeter l'hypothèse de galeries latérales c'est la profondeur même du creux vertical. Plus on creusait, plus on risquait de trouver de l'eau et par conséquent moins pratique y devenait la circulation, tant du fait de la nappe éventuelle qui aurait submergé l'individu envoyé dans le fond que de la longueur du câble à employer à cet effet et du temps nécessaire pour cette manoeuvre, sans parler de l'accroissement des travaux et des frais pour, d'un point très bas, aboutir par une galerie horizontale à tel ou tel endroit des vallées du Cérou ou du ruisseau d'Aurause. On pouvait même craindre, en creusant jusqu'à un niveau trop bas par rapport à celui du débouché, que la galerie ne se transformât en siphon (1). Au contraire, si l'on eût voulu créer une échappatoire, on se fût contenté de forer un trou d'une profondeur (de 10 à 20 mètres par exemple) simplement suffisante pour empêcher une irruption inattendue de l'ennemi maître de la galerie et on eût fait partir du fond un souterrain à pente plus ou moins prononcée où les eaux d'infiltration n'auraient fait que ruisseler. Le trajet eût été beaucoup plus court du moment qu'il eût correspondu à l'hypoténuse du triangle rectangle et non plus aux deux côtés de l'angle droit suivis par l'itinéraire d'une issue prenant naissance a 85 (+n) m. au-dessous du sol.

(1) Il est à noter que la Bride, point culminant de la ville, est à 110 m. au-dessus du niveau du Cérou; le sol de la. halle doit être à 2 pu 3 m. plus bas, soit à 108 ou 107 m.


4 REVUE DU DEPARTEMENT DU TARN

Dès 1826 on pouvait affirmer que le puits n'était qu'un puits (ou une citerne). A cette époque en effet, le 30 mai, le maire Mazars d'Alayrac le fit ouvrir. Le lendemain, plusieurs personnes y descendirent. Ce fut d'abord un plâtrier italien, Pedro Monino, qui fit au préalable une petite quête pour sa famille, puis tier Fabre et enfin M. le Maire, lié sur une chaise. Le registre des délibérations municipales relate l'exploration de M. Mazars et les constatations — parfois inexactes — qu'il fut amené à faire. Voici ce texte:

Séance du 4 juin 1826

Présents.. M. le Maire a dit que en conséquence de la délibération du Conseil du 15 mai dernier, il a fait ouvrir, le trente du même mois, la voûte qui recouvre la cavité qu'on savait exister sous le piédestal de la croix plantée sous la halle depuis un temps immémorial (1) ; que le trente-un il est descendu lui-même avec (2) quelques ouvriers dans le souterrain ; que d'après les remarques bien circonstanciées qu'il a faites, le creux dont le fond a reçu quantité de décombres a une profondeur de quatre-vingt-six mètres (3) et présente la forme d'un puits parfaitement rond ayant à son ouverture cinq mètres de diamètre (4) et deux seulement au point où les décombres ont porté le fond actuel (5), que le diamètre ainsi réduit par trois retraites (6) dont deux établies dans le roc, là première a douze mètres (7), la seconde a trente-quatre mètres au-dessous du niveau de la place, et la troisième établie a cinquante-deux mètres au-dessous du même niveau (8) ; mais à ce point le roc n'est plus apparent et on ne voit qu'une bâtisse des plus propres, formée de belles pierres taillées de dimension régulière, solidement cimentée et qu'enfin, après calcul

(1) L'orifice n'est pas « sous le piédestal », mais à gauche et en avant.

(2) Lisez : après.

(3) Environ. Exactement, 85 m. 10.

(4) Grosse erreur. Le diamètre à ce point est égal à 2 m. 80, ce qui correspond à une circonférence d'environ 8 m. 80.

(5) Lisez : 1 m. 70.

(6) Comment que l'on s'y prenne on n'en peut compter que deux.

(7) Lisez : 13 m.

(8) Il faut compter ces 52 m. au delà des 34 précédents pour avoir le total 86. Ce n'est donc pas le « même niveau » qui sert de base à ces

deux calculs.


LE PUITS DE CORDES 5

exactement fait des divers degrés de pente, il a reconnu que le niveau actuel du fond dudit souterrain, tel qu'il l'a trouvé, est à un mètre cinquante-un centimètres au dessous du niveau de la route d'Albi à Cahors, au point qui est en face de la chapelle du Crucifix.

Le Conseil en louant la hardiesse de M. le Maire qui l'a porté à descendre dans un souterrain qu'on considère maintenant plutôt comme un abîme que comme un puits, quoique ce paraisse être réellement un puits antique qui aurait été pratiqué dans des siècles reculés pour approvisionner la place d'eau pendant les sièges qu'elle a eu à soutenir ;

Considérant..... que la cavité dont il s'agit est trop profonde pour être utilisée comme un puits et qu'elle pourrait pourtant l'être comme une citerne en jetant un arceau sur l'une des retraites qu'elle présente..... »

Est d'avis d'aménager une citerne dans ces conditions et ensuite un conduit permettant de jeter des décombres dans la partie inférieure.

Plus tard, M. Mazars insérait dans l'Annuaire du Tarn pour 1841 une relation nouvelle qu'émaillent des fantaisies historiques... et l'oubli de la date même de la descente dans le puits qui est reportée au « premier jour du mois de mai » alors qu'il s'agit du 31. On peut toutefois retenir deux détails de cette notice, à savoir que le puits avait été ouvert en 1793, niais qu'on s'était contenté alors d'y jeter quelques poignées de paille et, d'autre part, qu'en 1826 il fut refermé peu de jours après son exploration, " les ressources de la commune ne lui permettant pas encore de le transformer en puits artésien » (sic).

L'orifice en est resté bloqué jusqu'à la présente année 1914. La « Société des amis du vieux Cordes » ayant obtenu l'autorisation provisoire de le rouvrir et d'en garnir les bords d'une margelle ancienne provenant de la cave de la maison du Grand veneur, un nouvel examen du puits a été fait lé dimanche 22 février. Ce jour-là, à 4 heures de l'aprèsmidi, M. Elie Gayral, des Cabannes, est descendu dans la cavité où, au préalable, on avait constaté, à l'aide d'une bougie, que l'air était respirable jusqu'au fond.

Attaché à un câble, muni de lanternes à acétylène, d'une trompe pour les signaux, d'un bâton afin d'éviter le dévril-


6 REVUE DU DEPARTEMENT DU TARN

lement de la corde, M. Gayral s'est, petit à petit, enfoncé dans le vide. Quand il signalait une modification dans le diamètre du tube, la corde était marquée d'un trait, de telle sorte que, l'exploration terminée, on a pu mesurer exactement la profondeur totale (actuelle) qui est égale à

85m 10 et répartie en 3 étages : le premier partant de l'orifice, haut de 13 mètres, le deuxième de 21m et le troisième, au fond, de 51m 10. Les diamètres mesurent (dans le même, ordre) : 2m 80, 2m et 1m 70. En réalité, le puits ne se

compose que de deux cylindres successifs, le premier taillée

dans le roc, et le second dans la roche tendre et peut-être le sable. Ce second cylindre est tout d'abord, comme le premier,

premier, revêtement de maçonnerie (21m). puis (sur 51m 10) entouré d'un mur en pierres calcaires taillées. On passe du premier diamètre au deuxième par un ressaut brusque, à angle droit, de 0m40 de large ; quand au second ressaut, il ne correspond qu'à l'épaisseur de la paroi appareillée dans la partie inférieure et n'a par suite qu'une très faible dimension. Toutes les mesures qui viennent d'être données sont exactes — à quelques centimètres près — et quand M. Mazars en donne de différentes, il se trompe.

Il est à souhaiter que des fouilles permettent de constater la profondeur réelle du puits où selon toute vraisemblance

on a, dans la suite du temps, laissé choir des matériaux quelconques. M. Grayral y a trouvé des bois de charpente ayant probablement servi de cintre à la voûte en cul-defour, construite en 1646 ou 1647 pour clore l'orifice, des détritus terreux, enfin une plaque en plomb clouée contre la paroi et portant l'inscription suivante tracée à l'aide de burins ou ciseaux à froid de serrurier :

MR MAZARS MAIRE

DE CORDES EST

DESCENDU LE 31 MAI 1826

Pas d'eau dans le fond, mais un léger suintement dans la maçonnerie, tout juste, dit M. Grayral, de quoi remplir dans un jour 3 ou 4 verres à boire.

La margelle qu'on vient d'adapter au puits ajoute sa note


LE PUITS DE CORDES 7

originale à l'aspect pittoresque de la vieille halle. Sans doute, ce petit édifice, en forme de tourelle avec ouverture sur un côté et toiture plate circulaire, n'est pas une oeuvre d'art (1). Mais la taille des pierres de grès dont il est fait, les chanfreins qui abattent les angles du socle et des dalles formant couverture tendraient à faire supposer qu'il est d'un âge assez reculé et peut-être même contemporain de l'habitation du XIVe siècle d'où il est sorti. Son architecture un peu sommaire est en parfaite harmonie avec le milieu ambiant, c'est-à-dire avec les piliers de la halle qui remontent aussi au XIVe siècle si ce n'est à la fin du XIIIe. Sans doute, la plupart ont été réparés depuis ce temps, et quelques-uns même ont dû être entièrement refaits mais ce fut toujours d'après le dessin primitif.

De plus, cette margelle est un spécimen intéressant d'un genre de construction qu'il est curieux de voir se conserver dans le pays, de siècle en siècle jusqu'à l'époque actuelle où l'on bâtit encore des margelles cylindriques avec, quand elles sont en plein air, une toiture en pente, à un versant.

Ch. PORTAL.

(1) Dimensions : hauteur 2m 03, diamètre extérieur à la base 1m 20, diamètre intérieur 0m 65.


DOCUMENTS INÉDITS SIR LES LITTÉRATEURS ALBIGEOIS

DU XVIIe SIÈCLE

CLAUDE BOYER

A s'en rapporter à l'Histoire littéraire de la ville d'Albi de Jules Rolland, Claude Boyer naquit à Albi en 1618, et, à l'âge de 27 ans, c'est-à-dire en 1645, il se rendit à Paris, accompagné de son compatriote Michel Leclerc, pour y tenter la fortune littéraire. Ils avaient pour tout viatique, Claude la Porcie romaine, Michel la Virginie romaine, deux tragédies qui furent représentées à l'hôtel de Bourgogne.

Rolland ajoute, d'après les Factums contre l'Académie de Furetière, que Claude Boyer arriva à Paris avec le titre d'abbé et le grade de bachelier. Il aurait même prêché, mais sans succès, dans quelques églises de la capitale.

Il était, en effet, bachelier en théologie ainsi que l'établit le document qu'on va lire, mais il y a lieu de douter qu'il ait jamais eu les ordres mineurs. Le titre de clerc était toujours accolé, dans les actes publics, au nom de celui qui se destinait à la prêtrise. Or, dans l'acte que nous publions et qui a été extrait des registres notariaux de M. Malphettes, ce titre ne figure pas. Il convient cependant de dire qu'il date de 1656, que, par conséquent, il est postérieur de 11 ans à l'arrivée de Boyer a Paris. Sa vocation ecclésiastique avait donc eu le temps de s'évanouir.

Quoi qu'il en soit, notre document jette un jour nouveau sur la vie de Claude Boyer. Nous ignorons ce qu'il advint du tragédien albigeois de son arrivée à Paris à 1659, date de la tragédie Clotilde dédiée au surintendant Fouquet. Jules Rolland lui-même est muet sur cette longue période de 14 ans ; il ne nous fait pas même connaître la date de la


DOCUMENTS SUR LES LITTÉRATEURS ALBIGEOIS 9

représentation de sa Porcie romaine. Il est probable qu'il avait quitté Paris peu après son premier succès. Primum vivere. Il fallait d'abord vivre et il: ne semble pas que la poésie lui procurât des ressources suffisantes.

Mais voici l'acte très heureusement découvert dans les minutes du notaire albigeois Antoine Rouzières. C'est l'émancipation de Claude Boyer.

Le 2 décembre 1656, dans la boutique d'Antoine Rouzières, devant Jean Laroque, procureur juridictionnel à la cour temporelle d'Albi, fut présent Pierre Boyer, docteur en droit, lieutenant à la dite cour temporelle, « qui dit « avoir en sa puissance paternelle Claude Boyer son fils, « bachelier en théologie, qui, par son industrie, s'estant « mis à la suitte de monsieur de Taleman (1), conseiller « du roy en ses conseils d'estat et privé, maistre des reques« tes ordinaires de son hostel et intendant pour le roy en « la province de Guyène, a profitté de certaines sommes « asses notables et est en estat de profiter davantaige; pour « l'encourager à continuer son travail et qu'il n'y puisse « estre frustré par ses frères, le d. sieur Boyer père désire « icellui esmanciper et sortir de puissance paternelle pour « ce chef tant seulement ».

Claude se met alors à genoux, tête nue, les mains jointes, et supplie son père de l'émanciper. Celui-ci prend les mains de son fils, les lui délie, le relève de terre, « et par tels actes « a déclaré esmanciper Claude Boyer sur le subject des « sommes qu'il a profité et profitera cy-après, soit à la « suitte dud. sieur de Taleman ou ailheurs; veult et con« sent que son d. fils en fasse prest ou les place en telles « mains asseurées qu'il verra estre a faire et bon luy sem« blera » (2).

(1) C'est bien certainement ce Paul Tallemand que Claude Boyer, à l'automne de 1667, venu se retremper au pays natal, avait amené avec lui. Julien de Héricourt, l'un des plus grands érudits du XVIIe siècle et l'auteur de l'Histoire de l'Académie de Soissons, alors procureur du roi à Montauban, était venu les rejoindre. Cf. Histoire littéraire de la ville d'Albi, p. 341.

(2) Archives notariales de M. Malphettes d'Albi, n° 359 de l'Inventaire, f° 416 V°.


10 REVUE DU DÉPARTEMENT DU TARN

Il résulte bien de cet acte que Claude Boyer était au service, au titre de secrétaire sans doute, de Taleman, maître des requêtes de l'hôtel du roi et son intendant en Guyenne.

Il devait même occuper ces fonctions depuis un certain nombre d'années puisqu'il avait amassé quelque bien. Ce n'est pas, hélas ! sa Porcie, quel que fut son mérite littéraire, qui dut remplir son escarcelle.

Taleman était maître des requêtes de l'hôtel du roi — et ce n'était guère qu'um titre honorifique — et de plus intendant en Guyenne — et ceci était une fonction qui obligeait à la résidence. — On peut donc admettre que Claude Boyer ne passa que quelques années à Paris, le temps de lier connaissance avec l'hôtel de Rambouillet, de préparer le succès de sa tragédie et de savourer son triomphe. Et comme sa deuxième tragédie, Clotilde, ne fut jouée qu'en 1659, qu'elle fut peut-être composée durant les loisirs que Taleman lui faisait, il n'est pas téméraire d'avancer qu'il ne reparut à Paris que vers 1658. Il y venait sans doute de temps en temps, avec son maître, pour s'y retremper et y cultiver les précieuses amitiés qu'il s'était créées. Voilà donc comblée, ou à peu près, une lacune de la biographie de Claude Boyer.

Le document qu'on vient de lire provoque d'autres observations d'un ordre tout différent. Les actes d'émancipation sont nombreux dans les registres notariaux. Le cérémonial est toujours le même. Le fils à émanciper se met à genoux, se découvre la tête, joint les mains et sollicite la faveur d'être mis hors de la puissance paternelle. On a vu comment s'accomplissait l'acte de l'émancipation.

Claude Boyer avait 38 ans en 1656. Il faut donc admettre que les enfants restaient soumis à la puissance du père tant que celui-ci vivait ; que la pleine majorité, qu'on atteignait à 25 ans révolus, ne déliait pas les fils, ni les filles d'ailleurs — on trouve quelques émancipations de femmes — vis-à-vis de leur père. C'était toujours une question de finance qui provoquait les demandes d'émancipation. Les gains réalisés par le fils non émancipé du vivant du père tombaient dans la masse de la succession paternelle et


DOCUMENTS SUR LES LITTÉRATEURS ALBIGEOIS 11

appartenaient à tous les enfants. C'est bien, en effet, ce qui résulte de ces mots « qu'il n'y puisse estre frustré par ses « frères », C'est donc pour profiter personnellement de la totalité du fruit de son travail que l'on demandait à être mis hors de la tutelle paternelle.

On a remarqué encore que Claude Boyer n'est émancipé que pour l'emploi à son usage personnel « des sommes qu'il « a profité et profitera cy-après », et que l'émancipation qu'il obtient de son père est « pour ce chef tant seulement ». Pour tout le reste il demeurait soumis à la puissance paternelle.

L'acte de l'émancipation, pour être valable, devait s'accomplir devant un officier judiciaire, de quelque grade, de quelque ordre qu'il fût. C'était donc plus et mieux qu'un vulgaire acte notarié.

MICHEL LECLERC

C'est encore à l'Histoire littéraire de la ville d'Albi qu'il faut recourir pour être édifié sur la valeur littéraire de Michel Leclerc. Sa Virginie romaine, écrite à Albi, fut applaudie. Ce début était d'autant plus flatteur que Leclerc avait vingt-trois ans à peine lorsqu'il la composa. On pouvait donc présager, pour notre compatriote, une brillante carrière d'auteur dramatique.

Il n'en fut rien. Michel Leclerc, après ce franc succès de 1649, semble avoir brisé sa plume. Cependant, malgré la légèreté de son bagage littéraire, l'Académie française, en 1662, en fait un de ses membres. En, 1667 paraît la traduction des cinq premiers livres de la Jérusalem delivrée du Tasse. Le 24 mai 1675, au théâtre de l'hôtel Guénégaud, son Iphigénie voit les feux de la rampe. Cette tragédie a le tort grave de paraître en même temps que l'Iphigénie de Racine. Même titre, même sujet, mais, hélas ! pas même plume. L'échec fut lamentable.

Oreste, joué à la Cour, à Fontainebleau (1681), grâce au puissant patronage du duc de Richelieu, dont Leclerc était l'intendant, n'a pas un meilleur sort. En 1684, sa comédie Le Docteur extravagant échoue aussi piteusement, elle n'a


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que trois représentations. Dans sa vieillesse Michel Leclerc avait entrepris d'écrire un ouvrage qui portait pour titre : Conformité des poètes grecs, latins, italiens et français. Il mourut le 8 décembre 1691, laissant son oeuvre inachevée.

On est donc suffisamment documenté sur la vie littéraire de notre compatriote. Mais sa biographie se résume en deux faits uniques : l'année de sa naissance, la date de sa mort. Heureusement les archives notariales de M. Malphettes permettent d'enrichir cette maigre biographie de quelques détails Intéressants.

Michel Leclerc se trouvait a Albi en janvier 1658, probablement à l'occasion de la mort de son père. Il profite de son séjour dans sa ville natale

particulières. Un acte du 2 de ce mois, dans lequel il est qualifié de docteur et d'avocat au Parlement de Paris, nous montre sa mère, Jeanne de Thomières, sous un. jour assez peu favorable. Elle avait fait vente à un certain Jean Balaran, cardeur de laine d'Albi, d'un chenevier sis à Canabières et dépendant de la succession de son mari, Jean Leclerc, marchand. Relevons, en passant, que, dans les actes dont nous allons faire une analyse, Leclerc, père de Michel, est toujours prénommé Pierre. Quoiqu'il en soit, Michel Leclerc n'eut pas de peine à démontrer à Balaran l'illégalité de la vente. Jeanne de Thomières avait vendu simplement un immeuble qui n'était pas sa propriété. L'acheteur rend le chenevier, mais en se réservant la moitié de la récolte sur pied (1).

Quelques jours après, le 8 de ce même mois de janvier, Leclerc traite avec des maçons pour des réparations à sa maison et le 12 il prête à sa mère 137 livres 15 sous (2).

Douze ou treize ans après, le 25 novembre 1670, Michel Leclerc reparaît à Albi. Il est titré, dans l'acte de ce jour, de gentilhomme ordinaire de; la vènerie du roi. Il baille à loyer à Marie de Gorsse sa maison de la rue du Plancat, au prix de 30 livres par an (3). Sans doute même faut-il admet(1)

admet(1) 406 de l'Invent., notaire François Calvel, f° 3 V°.

(2) Ibid., f° 11 v° et 17 v°.

(3) N° 415 de l'Invent., même notaire, f° IIe XXIIII V°.


DOCUMENTS SUR LES LITTÉRATEURS ALBIGEOIS 18

tre qu'il prolongea son séjour dans notre Ville au moins jusqu'à la fin de juin 1671, puisque, le 30 de ce mois, il fait un accord avec sa mère. C'est le plus important dés actes que nous ayons rencontrés. Il mérite une longue analyse. Demoiselle Jeanne de Thomières, veuve de Pierre Leclerc, quand vivait marchand d'Albi, avait fait assigner son fils Michel, « un des quarante académiciens de l'Académie de « Paris », en restitution de sa dot de 1,000 livres et de l'augment de 500 livres (1) à elle reconnus par contrat de mariage. Elle avait même fait saisir entre les mains de François Cassaignes, maître tailleur d'Albi, les sommes qu'il devait à son fils, héritier du prébendier Michel Fabri, créancier de Cassaignes. Michel Leclerc avait fait opposition à cette saisie. Bien qu'il ne fut que cohéritier de son père, conjointement avec son frère Jacques, il avait payé seul la dot et l'augment de sa mère, par divers prêts qui n'avaient jamais été remboursés. Et comme il tenait une comptabilité fort régulière, il fait énumérer dans l'acte chacun de ses prêts: avec date, livres, sous et deniers. Le total s'élève à 1.374 livres 7 sous 9 deniers. La mère et le fils déclarent renoncer à l'action engagée. Jeanne de Thomières donne quittance de sa dot et de son augment. Mais, comme elle « n'a de quoy s'entretenir d'allimens », Michel lui abandonne la jouissance de sa part de biens dans la succession de son père. Il s'engage à cet effet à lui délivrer les meubles dont il avait pris charge après l'inventaire qui en avait été fait le 2 novembre 1670, par le notaire Calvel. Ambuse et Clergue détenaient une métairie faisant partie de la succession de Pierre Leclerc. Michel se réserve la faculté de poursuivre l'instance engagée contre eux. Sa mère de son côté sera tenue « d'entretenir le contract de louage qu'il a « passé en faveur de dlle Marie de Gorsse de la maison dep« pendante de lad. hérédité; pendant le temps porté par « led. contract, et davantage si lad. de Gorsse le veut gar(1)

gar(1) la coutume de l'Albigeois, le fiancé reconnaissait à sa future, sur ses propres biens, une somme représentant généralement la moitié de la dot qui lui était constituée. C'était l'augment qui ne devenait propriété de l'épouse que si elle survivait à son mari.

2


14 REVUE DU DÉPARTEMENT DU TARN

« der, et pendant autant de temps que lad. de Gorsse gar" dera aud. sieur Le Clerc une petite fille qu'elle lui tient « en pention, à condition aussi que lad. de Gorsse paiera à « lad. de Thomières les trente livres de louage portées par « led. contract » (1).

Notons à propos de la petite pensionnaire de Marie de Gorsse, que nous avons publié dans cette Revue (2) son acte de décès. Elle était prénommée Isabeau et n'avait que trois ans lorsqu'elle mourut. Elle fut enterrée dans l'église du couvent de la Visitation.

Michel Leclerc n'apparaît plus qu'une fois dans les registres notariaux. Le 2 janvier 1687, Jean Calvel, procureur de Michel Le Clerc, « un des quarante académistes de l'Aca« démie de France », alors à Paris, baille en arrentement une vigne sise à la Barrière dans le consulat d'Albi, sous la rente annuelle de 15 livres (3).

Les détails qui précèdent ne sont pas d'un intérêt bien palpitant, mais ils complètent la courte biographie qu'Emile Jolibois a consacrée à Michel Leclerc dans l'Annuaire de 1890. A ce titre ils méritaient d'être recueillis.

ANTOINETTE SALVAN DE SALIES

Il est une autre figure albigeoise autrement intéressante à étudier que celles de Michel Leclerc et de Claude Boyer : Antoinette Salvan de Saliès, une des femmes les plus distinguées, au point de vue littéraire, de ce XVIIe siècle qu'illustrèrent Mme de Sévigné, Mme de Lafayette, Mme de Sablé et tant d'autres encore. De la Viguière d'Albi — c'est ainsi qu'elle signait au Mercure galant où elle collaborait à peu près tous les mois — Jules Rolland a tracé le plus délicieux des portraits, dans son Histoire littéraire de la ville d'Albi; c'est une page de belle littérature, la meilleure certainement de son oeuvre.

Mais si Rolland s'étend longuement sur les mérites de

(1) N° de l'Invent. 416, même not., f° LXXXXIIII V°.

(2) Tome XXI, p. 183.

(3) N° 424 de l'Invent., notaire Jean Calvel, f° LXVI r°.


DOCUMENTS SUR LES LITTÉRATEURS ALBIGEOIS 15

l'écrivain, il est assez avare de renseignements biographiques. Tout ce que l'on sait d'Antoinette Salvan de Saliès, après avoir lu — et admiré — les trente pages qu'il lui consacre, c'est qu'elle fut baptisée à l'église de St-Salvi, le , 27 novembre 1639, qu'elle était fille d'Etienne de Salvan, juge à la cour royale de la viguerie d'Albi, et d'Anne de Teyssier, qu'elle fut mariée à noble Antoine de Fonvieille, seigneur de Saliès, qu'elle resta veuve fort jeune encore et qu'elle se consacra, sans songer à convoler à de nouvelles noces, à l'éducation de ses deux enfants. Aujourd'hui la critique est très indiscrète ; elle dissèque non seulement l'oeuvre mais encore l'ouvrier ; elle se plaît à rechercher et à révéler les plus infimes incidents de la vie de ses victimes qu'elle suit pas à pas jour par jour, presque heure par heure, dans tout le cours de leur existence. Est-ce que, grâce aux travaux des Trébutien, des de Colleville, des Lefranc surtout, nous ne connaissons pas Maurice et Eugénie de Guérin plus intimement que ceux qui vécurent à côté d'eux ? Et le public est friand de ces révélations qui n'ajoutent pas grand chose à la gloire de l'écrivain.

Or, les registres notariaux de M. Malphettes contiennent certains actes qui nous permettront de descendre, plus profondément que n'a pu le faire Jules Rolland, dans l'âme de notre illustre compatriote. Ils nous apprendront que, malgré les apparences, malgré l'auréole de gloire qui entoure son nom, Antoinette fut un martyr de la vie, qu'aucune douleur ne lui manqua. Elle fut tout à la fois l'épouse infortunée et la mater dolorosa. Elle vécut trop longtemps.

Antoinette de Salvan n'avait pas tout à fait vingt-deux ans lorsqu'elle épousa Antoine de Fonvieille, écuyer, seigneur de Saliès. Malgré sa longueur, nous reproduisons in extenso son contrat de mariage.

A l'honneur de Dieu et de la Saincte Trinitté, ce jour dernier du moys de septembre mil six cens soixante ung, avant midy, dans la maison de monsieur me Estienne de Salvan, conseilher du roy et son juge en la ville et viguerie d'Albi et d'Albigeois, en la d. ville


16 REVUE DU DÉPARTEMENT DU TARN

d'Albi, séneschaucée de Carcassonne, régnant très crestien prince Louis, par la grace de Dieu, Roy de France et de Navarre, devant moy, notaire royal soubssigné, ont esté en leurs personnes noble Anthoinen de Fontvielhe, escuyer, sieur de Saliès, acisté de noble Jean de Fontvielhe, escuyer, conseilher du roy et son viguier d'Albi et d'Albigeois, seigneur de Saliés, Orban, Sequestre et autres lieux, son père, d'une part, ; et demoiselle Anthoinette de Salvan, filhe du d. sieur Salvan; juge, aussi acystée de sond père, d'autre part, lesqueles parties volontairement ont faictz, et accordés les pr ésans pactes de mariage. Et premièrement, ont accordé que le dit mariage sera entre eux acomply et solempnisé en face de nostre saincte mère église catholique apostolique et Romayne, à la première réquisition de l'ung d'eux, gardées et observées les sainctes constitutions et costumes de la d. église ; pour supportation des charges duquel mariage, le dict sieur Salvan, juge, donne et constitue en dot a la ditte damelIe Antlioinette de Salvan sa filhe la somme de doutze mil livres, à ce comprins deux mil six cens soixante six livres treitze sols quatre deniers appartenens à sa d. fille du chef de feue damene Anne de Teyssier sa mère et femme dud. juge, à quoy revient le tiers de la somme de huict mil livres de la constitution de la d. feue de Teyssier, décédée ab intestat, en la forme qu'est espéciffié au contrat de leur mariage, receu par feu Raymond Noyrit, notaire, le unzième juilhet mil six cens trente sept; et, du chef du d. sieur Salvan, neuf mil trois cens trente trois livres six sols huict deniers, pour parfaire la d. somme de doutze mil livres. En payement et en tant moings de laquelle somme, le d. sieur Sal-■ van surroge le d. sieur de Saliès acceptant aux censives avec droit de directe, loz et vante, captes et arrière captes et autres droits seigneuriaux qu'il jouit et possède présantement, comme estan3t au lieu et place de la communauté de St Juéry, deppendant du domayne du: roy, soubs la même faculté de rachapt porté par le contrat de surrogation faict à feu Monsr mre Louis Salvan, conseilher du roy et son receveur des tailles et décimes au présant diocèse d'Albi, son père, receu par feu mre Charles Maignen, notre du d. St Juéry, le quatriesme d'aoust mil six cens dix-neuf, et c'est tant seulement pour les droits qui restent encore à rachapter dud. sr Salvan par aulcungs particuliers emphitéotes et féodataires, attendeu que les autres se sont sy devant rachaptés du d. feu sr Salvan, recepveur, et ainsin


DOCUMENTS SUR LES LITTÉRATEURS ALBIGEOIS 17

ne sont pas comprins en la présante surrogation, ains elle aura lieu seulement, comme dict est, pour les fiefs dont le rachapt ne peut estre faict, desquels le d. sr Salvan a présantement remis ung estat ez mains au d. sr de Saliès, signé du d. sieur juge à chasque page, reveneu à la quantité de trois cestiers, une mesure, trois boisseaux, une pène et demy mossole, trente six cestiers, trois mesures, une pène, et la moytié de demy quart pène seigle, doutze cestiers, une mesure, deux boisseaux, une pène et demy avoyne, mesure d'Albi et sept livres, trois sols; quatre deniers, mailhe, pogèse, miège pite et quart argent ou géllines. Et ceste surrogation est faicte moyenant la somme de quatre mil cent livres à quoy montent les d. censives, suivant l'estimation qu'en feust faicte entre le d. sr Salvan et la d. communaulté, de St Juéry, scavoir la mossole à cent livres le cestier, le seigle à soixante quatre livres et ravoyne à qua-: rante livres le cestier ; chasque sol vingt-cinq sols, et chasque gelline six livres cinq sols ; sur lequel pied de la dite évaluation la d. quantité des censives des phiefs non rachaptés monte la somme de trois mil trois cens cinq livres quinze sols, pour par le d. sr de Saliès en jouir après le jour des nopces tout ainsin que le d. sr Salvan pouvoit faire. Et pour cest effet, oultre le susd. estat, il a remis aud. sr de Saliès ung livre couvert de parchemin quy feust baille aud. feu sr Salvan par la d. communaulté, contenant les noms par ordre alphebatiques des tenenciers des d. phiefs qui y sont exprimés. Et le surplus, qu'est sept cens nonante quatre livres cinq sols, pour parfaire la susd. somme de quatre mil cent livres, provient du droit de quint et requint payé par led. feu. sr Salvan pour raison desd. phiefs qui restent à rachapter, en descharge des tenanciers d'iceulx, sur le pied desd. trois mil trois cens cinq livres quinze sols, pour lesquels sept cens nonante quatre livres, cinq sols dud. droict de quint et de requint, led. sr de Saliès demeurera aussi surrogé aud. sr Salvan quy promet de luy faire valoir et guirentir la présante surrogation, à concurrence de la susditte. somme de quatre mil cent livres, sans préjudice de lad. faculté de rachapt. ainsin qu'il appra ; à soy réservant led. s. Salvan tous et chascungs les arreyrages desd. censives et autres droicts seigneuriaux que lui peuvent estre deubs, jusques au jour des nopces, pour s'en faire payer à son proffit par les redevables et les y constraindre par les voyes de justice qu'il verra estre à faire. Et pareilhemen led. sieur


18 REVUE DU DÉPARTEMENT DU TARN

Salvan se réserve de poursuivre en temps et lieu, contre lad. communaulté

communaulté tenenciers des phiefs, son remboursement des sommes

quy se trouveront payé par led. feu sr Salvan son père ou luy, tant pour la taxe du dixiesme desd. censives, homaige par luy randeu au roy, que autres taxes et loyaux couts, à l'exeption toutesfois dud. droit do quint et requint qui appra aud. s. de Saliès. Plus led. s. Salvan, à l'effect du payemerit de lad. constitution, faict cession et

transport aud. sr de Saliès acceptant de la somme de trois mil huict

cens cinquante deux livres dix sept sols trois deniers à prandre,

savoir : cinq cens livres sur ni comniunaulté de Cahusac de Vère, qui la doibt aud. sr Salvan, c'est deux cens livres par obligation du

treitziesme juing mil six cens quarant neuf, retenue par Vialar,

notre dud. lieu, et les autres trois cens livres pour restes de l'obligation de deux mil sept cens livres, passée devant Arnal, notre dud.

Cahusac, le dixiesme d'aoust mil six cens cinquante neuf, le surplus

ayant esté sy devant cédé au sieur de Rességuier par contrat du

vingt neufiesme novembre mil six cens soixante; cent septante livres sur la communaulté de La Grave, qui la doibvent aud. s. Salvan

par contrat du vingtiesme avril mil six cens trante, retenu par feu Ferrasse, notre dud. Albi ; et trois mil cent huictante deux livres dix sept sols trois deniers, pour parfaire lesd. trois mil huict cens cinquante deux livres dix sept. sols trois deniers, sur le diocèse d'Albi qui luy doibvent, c'est deux mil sept cens huictante neuf livres ung sol, par obligation concédée aud. feu sr Salvan par le syndic dud. diocèse, receue par Mre Guy Molinier; notre dud. Albi,

le dix huictiesme novembre mil six cens quarante sept, et trois

cens nouante trois livres six sols trois deniers par autre obligation receue par Lobet, notre de Cordes, le trantiesme de mars mil six

censcinquante trois; quy sont départies, duement vériffiées, et dont

les intérests sont imposés annuellemnt , à raison de l'ordonnance; pour desqueles parties cédées soi faire payer par led. s. de Saliès,

ensemble des intérests desd. parties du diocèse, imposés en la

dernière assiette pour la présante année, led. s. Salvan juge lui a

remis ez-mains extraict dès susd. contrats et le surroge es ypothèques pour soi faire payer et pouvoir, en cas de reffus, (de) les y

constraindre par la rigueur desd obligations et autres voyes de

justice requises, et. recepvant le payement, en faire toutes quittances que besoin sera. Et les quatre mil quarante sept livres deux sols


DOCUMENTS SUR LES LITTÉRATEURS ALBIGEOIS 19

neuf deniers restants pour parfaire lad. entière somme de doutze mil livres de la susd. constitution, led. sr de Saliès s'en tient pour bien payé, soit à cause dés fournitures faictes pour luy par led. sr Salvan juge pour l'obtention des provisions de l'office de viguier d'Albi en faveur dudict sr de Saliès, que autres choses pour et à cause de prest pur et simple suivant les receptes desd, srs de Fonvielhe père et fils que led. s. Salvan leur a présantement randues, ou en argent réèlement payé ce jourd'huy avant la passation des présans pactes, compte faict et arresté entre parties qu'en sont contants. Et moyenant la susd. Constitution de lad. somme de doutze mil livres, payée en la forme et manière que dessus, est ezpéciffié [que] lad. demoiselle Anthoinette de. Salvan se tient pour bien dottée et, du consantement dud. sieur de Saliès, son futeur espoux, quitte en faveur dud. sieur Salvan, son père, tous droitz paternels, maternels et autres quelconques, et par exprès lui faict délaissement de la mettérie ditte de Fages, située dans la prévosté de Réalmont, à elle appartenant comme héretière, avec bénéfice d'inventaire, a feu Me Louis Salvan, prêtre, son oncle, ensemble de tous les droits, voix, noms et actions de lad. héreditté que luy peuvent apartenir; ausquelles fins le subroge en iceux, ensemble à ses droits maternels pour par luy en faire et disposer comme de son bien et cause propre ; lequel délaissement de lad. héreditté led. sieur Salvan a dit pourtant n'acepter que soubs la même qualité d'héretier par bénéfice d'inventaire, sans préjudice ni confusion des sommes à luy deues par led. feu Louis de Salvan, prebtre, son frère, et l'héreditté d'icelluy, soit par obligations promesses, payements faicts en sa descharge et de lad. héreditté, auparavant et despuis son décès, et autrement en quelque Sorte ou manière que ce soit, dont led. sieur Salvan se réserve ses yppothèques, actions, demandes et exceptions pour s'en servir contre tous ceux qu'il appartiendra, le cas y échéant ; laquelle constitution de doutze mil livres lesd. sieurs de Fontvielhe, père et fils, conjoinctement et solidèrement, recognoissent à lad, damelle de Salvan, futeure espouse, sur tous et fehascungs leurs biens présans et avenir, pour estre restituée à lad. damelle ou aux siens après le décès dud. sieur de Saliès, futeur espoux lequel en sera et demeurera jouissant et ususfructuaire sa vie. durant, suivant la costume générale de ce païs d'Albi et d'Albigeois, pacte néantmoings convenu que led. sieur de Saliès ne pourra lever le fonds des susd. censives ni la susd.


20 REVUE DU DÉPARTEMENT DU TARN

somme de trois mil huict cens cinquante deux livres, dix sept sous,

trois deniers, cédée sur led. diocèse et comunaulté de Cahusac et La Grave qu'à la charge d'employer le tout en mesme temps à

l'acquittement des charges plus anciennes et privilèges des biens

dud. de Fontvielhe, Et pour tout droict d'aulgment et gain nuptial en cas de prédécès dud. sieur de Saliès, futeur espoux, il donne,

assigne et constitue à lad. damelle de Salvan, futeure espouse, la

somme de six mil livres, qu'est moitié moings de la susd. constitution ; neantmoings lui donné la somme de trois mil livres faisant

partie desd. six mil livres dud. aulgment, pour par elle en disposer

en faveur de tels des enfants qui seront procrées de leur mariage

mariage bon lui semblera; et à deffault d'enfans, en fera et disposera à ses plaisirs et volantés, desrogeant quant à ce à lad. costume

générale du païs. Comme aussi le dit sieur de Saliès donne a lad. damlle, sa futeure espouse, toutes robes, bagues et joyaux, dont elle se treuvera saisie au temps de son décès ou dud. sieur de Saliès,

dont elle pourra fère et disposer à san volanté. Et le dict sieur de

Fonvielhe père, en faveur et contemplation dud. présant mariage, volontairement fait donnation pure et simple entre vifs, à jamais

yrrévocable audict sieur de Saliès son fils, icy présant, duement

émancipé de son d. père et icelluy humblement remerciant, scavoir de son office royal de viguier d'Albi et d'Albigeois, par préciput et

advantaige, dont luy a cydevant forni de procuration de résignation

afin d'en obtenir provisions de sa Majesté à ce requise; veult et

consant qu'il se fasse recepvoir et en prène possession quand bon luy semblera.. Et en outre luy donne, comme dessus, tous et chacungs

chacungs biens meubles et immeumbles, voix, droicts, noms, actions

et yppothèques présans et avenir, généralement en quoy que puissent concyster pour par led. sieur de Saliès, son fils et donataire, universel,

universel, jouir, fère et disposer, après la célébration du présant mariage,

mariage, ses plaisirs et volantés, en payant sur les dits biens donnés, autres que led. office, toutes les charges et yppothèques des debtes,

quy sont à Jeanne et

Ysabeau de Fontvielhe ses filles sur les biens dud. sieur de Fontvieille

Fontvieille et sans préjudice du légat de: la somme de quinze cens livres faict à chacune d'icelles pour leurs droicts maternels par feue

damelle Françoise de Lebrun leur mère. Comme ainsi led. sieur de

Saliès sera tenu de loger dans les maisons d'Albi et de Saliès, vestir


DOCUMENTS SUR LES LITTÉRATEURS ALBIGEOIS 21

norrir et entretenir à mesme pot et feu ledit sieur de Fontvielhe, son père pendant sa. vye et les dittes damelles Jeanne et Ysabeau de Fontvielhe ses soeurs jusques à leur mariage, ou qu'elles soint payées de leur légitime, le tout suivant leur condition ; et ceppendant lesd. logement, norriture et entretènement desd. damelles leur tiendra lieu de jouissance de tous leurs droits paternels, Maternels et autres quelconques. Et en oultre led. sieur de Fontvielhe père se réserve sur lesd. biens donnés, autres que led. office, la somme de six mil livres pour en disposer à ses volantés en cas de mort et après son décès, ce que neantmoings il pourra ferè en faveur dud. sieur de Saliès son fils, quand et bon luy semblera ; et à deffaut de disposer de la dite somme, elle appartiendra aud. de Saliès son. fils, en vertu de la prisante donnation, tout ainsin quesy elle n'estoit pas réservée; lesquelles six mil livrés led. sieur de Fonvielhe père ne pourra point demander aud. sieur de Saliès son fils, ni prétandre aulcune jouissance durant sa vye, non plus que de l'usuffruit des biens, droicts et héreditté de lad. feue damelle Françoise de Lebrun sa femme, dont il veult et entend que led. sieur de Saliès jouisse plainement et entièrement comme lad. héreditté lui appartenant en vertu de fidey comis apposé au testament de lad. damelle de Lebrun, n'y ayant point a présant d'autre masle que Révérend Père Pierre de Fontvielhe, religieux profès de l'Ordre Saint-Dominique, et, en conséquence de la déclaration qu'elle fist ayant sa mort, que lad. héreditté seroit randue aud. sieur de Salièsà l'eaige de vingtcinq ans, ou lhors qu'il se marieroit. Neantmoings demeure accordé et convenu que, par le moyen de la susd. donnation, obligation à l'acquittement des charges et légitimes susdittes et réservation de la susd. somme de six mil livres, led. sieur de Saliès n'entend point obliger ny confondre les biens et droicts de lad. héreditté de laditte feue de Lebrun sa mère, qui luy sont acquis et exempts de toutes charges autres que celles quy sont portées par son testament, Et pour plus grande validitté des présans pactes en ce que portent donnation, lesd. sieurs de Fontvielhe, père et fils, donateur et donataire, veulent et consantent que soint authorisés, insignués et enregistrés en la cour royale dudict Àlby et partout ailheurs où besoing sera, y constituant leurs procureurs les premiers requis pour requérir et consantir à lad. authorisation, insignuation et registre, prométant l'avoir agréable. Et pour tout ce dessus acomplir, fère, tenir,


22 REVUE DU DÉPARTEMENT DU TARN

garder et observer lesd. parties, comme chacung concerne, obligent leurs biens qu'ont soubmis aux rigueurs de la viguerie d'Alby, sénéchaussée de Tholose, Carcassonne et autres de ce pays, et l'ont juré (Suit la formule d'usage qui n'offre aucun intérêt.)

Signatures : DE FONVIEILLE, vignier. SALVAN, SALIEZ, THOINON DE SALVAN, BOSQUET, PETRINY, PAGES, ROUZIÈRES, notaire (1).

Sans être des plus brillantes, la dot était respectable pour l'époque. Grâce à la fortune personnelle des Fonvieille, seigneurs de Salies, du Séquestre, d'Orban et d'autres places, les jeunes époux entraient dans la vie sous les plus favorables auspices. Antoine de Fonvieille allait prendre la succession de son père à la tête de la magistrature royale d'Albi, et devenir, après l'archevêque, la premier personnage de la cité. En effet, quelques mois avant la passation du contrat de mariage, le 13 juin 1661, Jean de Fonvieille avait constitué procureur pour résigner, entre les mains du roi ou de son chancelier, son office de viguier en faveur d'Antoine (2).

Et cependant nous avons l'intime conviction qu'Antoinette dut hésiter à donner sa main au seigneur de Saliès. Antoine avait une tare à son nom. C'est ce que nous apprend le testament de son père, reçu par le notaire Rouzières, le 25 février 1662. En voici l'analyse. Il veut être enseveli dans l'église des religieux de l'Observance de St-François, au tombeau de ses prédécesseurs. Il lègue à sa fille Germaine, épouse de noble Jacques Dalles, seigneur de Boisse (3), 5 sous, en plus de sa dot, à son autre fille Jeanne 4,000 livres, enfin à Isabeau, sa troisième fille, 1,500 livres, en outre des 1,500 livres que lui a léguées sa mère, Françoise de Lebrun.

Ces deux dernières seront logées, nourries et entretenues

sur son hérédité, tant qu'elles ne seront pas entrées en possession de leur légat. Enfin il institue son fils Antoine

héritier universel et général

(1) N° 365 de l'Invent. Not. Rouzières, f° 346; r°.

(2) N° 393 de l'invent, not. Antoine Rouzières. Liasses.

(3) La noblesse des Dalles de Boisse était de très fraîche date. Méric.


DOCUMENTS SUR LES LITTÉRATEURS ALBIGEOIS 23

Il ajoute ensuite — nous donnons le sens, sinon le texte exact. — Bien que, dans son testament, Françoise de Lebrun eût fait héritier universel de ses biens son frère Innocent Lebrun; à charge de restituer sa succession à l'un de ses enfants mâles, sans désigner lequel, sa conscience lui fait un devoir de déclarer que l'intention de sa femme était que sa succession passât à leur fils aîné, Antoine. Si elle ne l'a pas désigné, c'est qu'Antoine était alors l'objet d'un procès criminel au Parlement de Toulouse. Elle précisa ses intentions sur ce point devant son cousin Nicolas Lebrun, archiprêtre de Monestiés, et Germain de Ginolhac, juge à la Temporalité et devant lui-même (1).

Quel était le crime dont Antoine de Fonvieille était accusé ? Les sacs du parlement pourraient seuls le révéler. Il ne fut certainement pas condamné, puisqu'il devint le chef de la justice royale à Albi, et que le roi n'aurait pas osé confier cette haute magistrature à un criminel.

Ce ne fut donc pas sans quelques appréhensions qu'Antoinette de Salvan dut aborder le mariage et donner son coeur à celui qui avait peut-être causé la mort de sa mère.

Un an presque jour pour jour après la passation du contrat, le 21 septembre 1662, Antoinette connut pour la première fois les joies de la maternité. Etienne de Fonvielle était né. Il fut baptisé à Sainte-Martianne.

D'après Jules Rolland, Antoinette n'aurait eu que deux enfants. Or, Etienne eut au moins deux frères et une soeur; Jean-Baptiste, né à Saliès le 3 avril 1678, mais baptisé le; 9 avril 1679 seulement (2), et Nicolas dont nous n'avons pu découvrir l'acte de naissance. Tous deux assistent au mariage de leur frère aîné avec Anne Dupuy, célébré le 24 janvier 1693. Leur soeur était prénommée Marie-Antoinette ; elle épousa Louis de Bancalis de Pruines.

Dalles était un important marchand d'Albi vers. 1650. La seigneurie de Boisse était située dans le consulat de Bournazel.

(1) N° 394 de l'Invent., notaire Antoine Rouzières. Liasses. Jean dé Fonvieille mourut en 1662, peu après la naissance de son petit-fils Etienne.

(2) Il est dit dans l'acte de baptême Jean-Baptiste de Fonvieille. de Saussens.


24 REVUE DU DEPARTEMENT DU TARN

Il semble, à s'en rapporter tout au moins aux actes que nous avons relevés, que le jeune ménage ne sut pas administrer son patrimoine. Les Fonvieille étaient la famille la plus notable d'Albi; leur fortune territoriale était considérable. Ils auraient pu mener une vie, sinon de grand seigneur, au moins de riches bourgeois. Or, on va les voir vendre, payer des dettes, être saisis, mais jamais faire d'acquisition. S'il est exact que c'est la femme qui fait la maison, une conclusion s'imposerait : Antoinette négligea ses devoirs de ménagère. Au reste, c'est elle qui intervient dans tous les actes qui vont suivre; son mari n'apparaît que pour donner procuration à sa' femme (1).

Le 21 janvier 1664. en vertu d'une procuration d'Antoine de Fonvieille, Antoinette vend, au prix de 615 liv., leur métairie de la Fontanarié, à Labastide-Dénat, sous réserve d'une rente annuelle de 6 setiers de moussole et d'une pipe de vin servie au chapitre de St-Salvi (2).

Nous avons vu qu'Antoine de Fonvieille avait une soeur, Germaine, qui avait épousé noble Jacques de Dalles, seigneur de Boisse. Or, elle était déjà veuve en 1665 et le 3 janvier de cette année, son beau-frère Antoine Dalles, seigneur de Castanet, donne quittance, au nom de Germaine, au seigneur de Saliès, de la somme de 412 livres 10 sous, pour fin de paiement de celle de 1012 livres 10 sous qu'il lui devait (3).

Voici cependant une opération qui échappe à la critique.

Antoinette, assistée de son père, fait, 1e 31 mars 1669, un

échange avec François Rouch. Elle lui cède une maison

sise dans le fort de Villeneuve sur-Vère et reçoit une autre

maison à Marssac (4).

Le 23 septembre de la même année, Antoinette, au nom

(1) Il faut dire, à la décharge de la mémoire d'Antoinette, que son mari eut à soutenir de longs procès contre l'évêque Daillon du Lude,

qui lui suscita, d'après Jolibois, de nombreux ennemis et lui contesta

sa noblesse.

(2) N° 368 de l'Inv., not. Antoine Rouzières, f°33 r°.

(3) N°369, f°5.

(4) N° 373, f° 91 v°.


DOCUMENTS SUR LES LITTÉRATEURS ALBIGEOIS 25

de son mari, négocie, un emprunt et François de Pascal, seigneur de Rochegude, lui prête 1000 livres (1).

Les de Fonvieille avaient laissé s'accumuler pendant 29 ans les arrérages d'une censive sur les fiefs de PratMartel à Montsalvy, servie au chapitré de Sainte-Cécile; ils représentaient, le 20 février 1671, 15 setiers, 5 mesures, 1 boisseau de moussole, 4 setiers d'avoine, et, en argent, 7 sous 3 deniers. Antoinette, au nom de son mari; se reconnaît débitrice envers le chapitre de la somme de 100 liv. (2).

Autre emprunt, le 16 décembre 1671, négocié encore par Antoinette, de la somme de 131 livres, 8 sous, 2 deniers, prêtée par Jacques Dupuy, conseiller au Parlement de Toulouse (3) .

Antoine de Fonvieille meurt, d'après Emile Jolibois, en 1673 (4), après onze années de mariage. Ce fut la première grande douleur d'Antoinette de Salvan. Sa belle-soeur, Germaine, fait saisir les fruits de tous les biens de l'hérédité situés à Fénols. La jeune veuve, qui est l'héritière fiduciaire de son mari, obtient, après paiement des dettes, la main levée et, le 30 juillet de cette même année, elle en remet une copie aux sequestres (5).

Le 8 mai 1675, Antoinette éteint une autre dette de 503 livres, 7 sous, 6 deniers prêtés par Pierre Cardon, écuyer, seigneur d'Ognon, secrétaire du roi, maison et couronne de France et de ses finances, demeurant à Paris, rue Saint-Martin. Le prêteur était sans doute un frère de Jacques Cardon prévôt de Saint-Salvi (6).

(1) N° 396. Liasses.

(2) N°375, f° 47 v°.

(3) Ibid. f° 287 r°.

(4) Cf. Liste des Viguiers d'Albi, Annuaire du Tarn de 1875. On a mis à notre disposition le registre des insinuations d'actes civils, tenu à la viguerie de 1670 à 1676. Le viguier de Fonvieille signe les procèsverbaux jusqu'au 2 avril 1672. D'après le manuscrit albigeois dit de Gardés, Antoine serait mort à Paris en 1672. La famille vendit l'offfice, â Etienne du Puy, qui ne prit pas possession bien que nommé par le roi le 11 janvier 1674. Il le céda à Jean-Baptiste Calvel, qui signe, le 10 juillet 1674, pour la première fois, les procès-verbaux d'insinuations,

(5) N° 418. Not. François Calvel, f° CXXVU v°. (6) N° 466. Not. Viallar, f° 86 r°.


26 REVUE DU DEPARTEMENT DU TARN

Les emprunts succèdent aux emprunts. Jean Fabier de Cadalen lui prête, le 20 juin 1683, 400 livres (1) ; quelques mois plus tard, pressée par le besoin d'argent, elle vend au prix de 200 livres, à Antoine Bleys, avocat au Parlement, une rente censuelle de 2 setiers, 2 mesures de moussole qui pesait sur les fiefs des Pésatjariés et de l'Aguilhou (2). Enfin, le 2 février 1692, elle fait cession et transport à Barthélemi Bonté, un marchand d'Albi, d'une modeste créance de 45 livres sur son métayer de la métairie de Maussac à Saliès. Elle avait sans doute un besoin immédiat de cette modique somme (3).

Mais un second malheur s'était abattu sur Antoinette. Son fils aîné, Etienne de Fonvieille, seigneur de Saliès, du Sequestre et d'Orban, régent de la Temporalité d'Albi, meurt en 1710, à peine arrivé à sa pleine maturité (4). Un acte du 27 mars 1716, reçu par Jean II Calvel, nous montre Anne Dupuy, veuve et héritière fiduciaire et bénéficiaire d'Etienne de Fonvieille, ratifiant le contrat d'obligation de 400 livres consenti par sa belle-mère à Jean Fabier de Cadalen. Et c'est encore une nouvelle preuve de la misère dorée où végétait la malheureuse Antoinette. Nous avons

(1) N° 448, Not. Antoine Rotoulp, f° 156 v°. (2) N° 452. Même not. f° 22 v°. (3) N° 427 de l'Invent. Not. Jean Calvel, f° LXXI v°. (4) Etienne de Fonvieille, régent de la Temporalité, lieutenant-colonel

des milices du diocèse d'Albi, mourut en 1710, peu de temps après

avoir écrit son testament solemne ou secret, date du 24 février de cette même année. Ce testament, nous ne savons pour quel motif, ne

fut ouvert et enregistré par le notaire Simon-Pierre Solier que le 26

février 1738, vingt-huit ans après sa date. En voici une analyse.

Etienne veut être enseveli a l'eglise du couvent de l'Observance, au tombeau de ses prédécesseurs. Il lègue : sa légitimé à sa mère Antoinette, 80 liv. à son frère Nicolas, sieur d'Orban. Il prie celui-ci, ainsi

que son autre frère Jean-Baptiste, curé de Saliès; et sa belle-mère

Marie de Malus, veuve d'Antoine Dupuy, de veiller à l'éducation de ses enfants. Du mariage du testateur avec Anne Dupuy étaient nés huit enfants nommés dans le testament suivant l'ordre de leur naissance :

Nicolas-Louis, Raymond-Louis, Antoinette, Antoine, Germain-François,

Catherine, Gaspard-Aimé, et Anne-Louise. Il institué' sa femme héritière générale à charge de restituer l'hérédite à leurs enfants. N° 504, f° 385 r°.


DOCUMENTS SUR LES LITTÉRATEURS ALBIGEOIS 27

vu que ces 400 livres avaient été empruntées, le 20 juin 1683, c'est-à-dire depuis trente-trois ans et, pressée sans doute par d'autres besoins plus immédiats, elle n'avait pu, dans un tiers de siècle, amortir cette dette presque insignifiante. Le créancier, pour fortifier sa créance, la fait endosser par Anne Dupuy (1).

Antoinette survit longtemps à son fils. Aïeule vénérable, elle sert de marraine à l'un des enfants de sa fille MarieAntoinette. C'était en 1723 (2) ; elle avait alors quatre-vingtquatre ans. L'épitaphe que lui consacra l'abbé de Panat, prévôt de St-Salvi, évêque d'Eurie, nous apprend qu'elle mourut le 30 juin 1730, âgée de quatre-vingt-onze ans (3).

La physionomie d'Antoinette Salvan de Saliès ne s'éclairet-elle pas vivement à la lumière de cette vulgaire prose notariale? Ne perçoit-on pas bien nettement que, si elle sut gérer sa fortune littéraire, son capital intellectuel, elle fut assez peu soucieuse de ses intérêts matériels ? Son esprit planait trop haut dans l'idéal pour soupçonner même les nécessités de l'existence, et le choc devait retentir douloureusement sur tout son être lorsque, en plein rêve, elle se heurtait aux inéluctables réalités.

Ce n'est pas sortir du sujet, que parler de la comtesse d'Isembourg, l'héroïne du roman d'Antoinette Salvan de Saliès. Nous disons roman, et c'est histoire qu'il aurait fallu écrire. Tallemant des Réaux l'a fort spirituellement racontée dans ses Historiettes. Les aventures de la princesse de Hohenzollern, suivant le nom que lui donne Antoinette, de Hohenzollern-Héchingen, ainsi que l'appelle Emile Jolibois, firent les délices de toutes les cours européennes. Cependant Antoinette l'a quelque peu travestie, sans doute par respect pour la morale. Ce n'est donc ni un roman, ni une histoire que cette Comtesse d'Isembourg de notre compatriote, mais un roman historique contenant une plus forte dose d'histoire que de roman.

(1)N°435, f° 38 v°.

(2) Archives communales d'Albi, GG 63.

(3) Cf. Histoire littéraire de la ville d'Albi p. 421.


28 REVUE DU DÉPARTEMENT DU TARN

Aussi bien le document qu'on va lire précisera les dates, — Antoinette n'en cite aucune — révélera certains détails et en corrigera d'autres. Mais au préalable il est nécessaire de résumer les aventures de la comtesse pour ceux qui n'ont lu ni l'oeuvre de la Vïguière d'Alby, ni les Historiettes de Tallemant des Réaux.

Marie-Anne de Hohenzollern était la sixième et dernière fille du prince Georges de Hohehzollern. Elle naquit en 1614. Sa beauté, qui était merveilleuse, fit une si vive impression sur le comte d'Isembourg qu'il l'épousa en 1636, bien qu'il fût âgé de soixante ans. Antoinette nous a laissé de ce céladon un portrait peu flatteur : il était mal fait, d'humeur sombre, emporté, bizarre, de physionomie sauvage, mais brillant homme de guerre et riche comme un prince qui se donne la peine de l'être. Il était soupçonné d'avoir empoisonné sa première femme, morte mystérieusement.

La soeur aînée de la princesse avait fait cadeau au comte, le jour du mariage, d'un jeune page fort séduisant, nommé Massauve, dont la famille, établie en Lorraine, était originaire de Montpellier. Fatal cadeau ! Le comte était d'une jalousie féroce. Il avait souvent menacé sa jeune épouse de lui faire subir le même sort qu'à sa première femme. MarieAnne tremblait devant lui et vivait dans des transes continuelles, Il arriva ce qui devait fatalement arriver. Le page, aidé de son frère aîné, décide la comtesse à fuir pour échapper à la mort. Elle était alors à Cologne où son mari, qui guerroyait au loin, avait fait transporter tous ses trésors en vaisselle d'argent, pierreries, bijoux, etc. La comtesse se résigne à la fuite.

Les Massauve font charger quatre charriots et deux mulets de toutes les richesses entassées au palais de Cologne. Mais une troupe se met à leur poursuite et va les atteindre. Le jeune Massauve se dévoue et, à la tête de quelques serviteurs, il charge la troupe des poursuivants. Il est tué, le butin enlevé au comté est repris. Mais il. avait donné à la comtesse et à son frère le temps de gagner une principauté voisine de Cologne. Ils étaient à l'abri du ressentiment du mari. Les fugitifs vont se cacher à Paris. Ils prennent un faux nom ; Massauve devient Mesplets.


DOCUMENTS SUR LES LITTERATEURS ALBIGEOIS 29

Mais ils ne se sentent pas en sûreté dans la capitale de la France. Mesplets se rend en Languedoc pour y chercher une retraite inconnue de tous. Il achète le château de la Longagne, dans le consulat de St-Grègoire.

Entre temps, Marie-Anne d'Isembourg avait converti en espèces les bijoux qu'elle avait pu sauver, et obtenu de Louis XIII un passeport à son vrai nom et l'autorisation de s'établir en France, dans le lieu qui lui conviendrait. C'est au château de la Longagne qu'elle se rend, avec Massauve et son nombreux domestique.

Leurs dépenses considérables, leur vie mystérieure excitent la curiosité d'abord, les soupçons ensuite des Albigeois. Comme dans tous les drames qui se respectent, il y a un traître. Dans la Comtesse d'Isembourg c'est Delmas qui tient ce rôle. Delmas avait fait partie du personnel domestique ; il s'était marié et s'était établi à Toulouse. Il accuse formellement Mesplets de faire de la fausse monnaie. Cette accusation explique et la vie mystérieuse et les dépenses exorbitantes des hôtes de la Longagne. Le Parlement s'émeut ; il fait emprisonner Mesplets. Mais, comme le Deus ex machina, la comtesse intervient, sauve Mesplets en dévoilant son nom et en exhibant son passeport.

Bien entendu, pour Antoinette Salvan de Saliès Massauve n'est que l'intendant de la comtesse. Elle fait de lui un être assez misérable, essayant d'imposer son amour à sa maîtresse. Elle nous le montre même menaçant de son épée l'évêque de La Croix de Castries, venu en carrosse à la Longagne pour enlever Marie-Anne et la conduire au couvent de la Visitation. Elle y resta simple novice jusqu'à la mort de son mari qui mourut presque centenaire, par conséquent vers 1674 ou 1675, puisqu'il avait 60 ans au moment de son mariage en 1636. Notons qu'Emile Jolibois date sa mort de 1670 (1).

Tel est, à larges traits, le récit d'Antoinette Salvan de Saliès. Nous verrons s'il concorde avec le document recueilli dans les actes du notaire Gausserand.

(1) Cf. Annuaire du Tarn de 1887. p. CLXII.


30 REVUE DU DÉPARTEMENT DU TARN

Mais où en avait-elle puisé les éléments ? Antoinette n'avait que deux ans lorsque la comtesse d'Isembourg rompit avec Massauve et fut admise à la Visitation. On ne parlait guère plus des aventures de la comtesse lorsque Antoinette fut en âge d'en entendre le récit. C'était déjà de l'histoire ancienne. Faut-il admettre qu'elle le tient de la bouche même de l'héroïne? C'est peu croyable. Mais elle avait une autre source d'informations. Nous verrons en effet que son grand-père Louis Salvan, receveur des tailles du diocèse, fut quelque peu mêlé à la vie de la châtelaine de la Longagne qui le chargea même de ses intérêts financiers à Paris.

Quoi qu'il en soit de ce petit problème, La Comtesse

d'Isembourg eut un gros succès de librairie, l'oeuvre de

notre compatriote fut traduite en; allemand, ce qui se comprend fort bien, et en italien par la princesse Capisuti. Maintenant étudions notre document.

Convention entre Massauve et Zoleren

L'an mil six cens quarante ung et le huictième jour du mois de

juing, dans la ville d'Alby, après midy, a esté en personne dame

Marie-Anne, princesse de Zoleren, comptesse d'Isambourg, d'une part, et Jean- Alexandre de Massauve, escuyer, d'autre part, lesquels

ont dict avoir faict et passé des articles contenant convantions respectives,

respectives, de main privée, le troisième du présant mois, et

ce par autre que des parties, lequel escript et polisse ils auraient appreuvé et signé, aiant promis d'en passer contract par devant

nottaire, ce que effectuant aujourdd'huy, se sont convenus, conformément

conformément d. articles, comme s'en suit: c'est que la dame princesse de Zolleren faict cession aud. sieur de Massauve, présant et acceptant,

acceptant, la somme de deux mil quattre cens livres deues au sieur

Olivier Dujard, duquel lad. dame a dict avoir droit et cause, par

Mr Jacques Thébenin, procureur au parlement de Paris, suivant la promesse de main privée escripte le dixiesme septambre mil six

cens trente six, et ce soubs les calliffiquations conteneues en lad.

promesse, qu'est à raison des restes du paiement d'une maison

vendue aud. Thébenin, comme il appert par les actes que lad. dame dict avoir mis ez mains du sieur Salvan, estent à présant au dict


DOCUMENTS SUR LES LITTÉRATEURS ALBIGEOIS 31

Paris, fils de Mre Louis Salvan, recepveur des taillés du présant diocèse, lesquels actes seront remis(es) au pouvoir du sieur de Massauve, pour tirer paiement de lad. somme ; laquelle recepvant, le dict Thévenin demeurera quicte et deschargé. Davantaige, lad. dame cède aud. sieur de Massauve la jouissance, en ce qui la concerne, de la maison et mettairie de la Longanie, ses appartenanses et despendances, l'usuffruit delaquelle maison et mettairie appartient aus d. parties, suivant la réservation que lesd. parties disent en avoir faict lhors qu'ils en firent donation au sieur Delmas, au contract de mariage par lui contracté avec Marie-Magdalène de Baron, natifve de Ghabe, et ce pour jouir entièrement de lad. maison et mettairie durant quattre années consécutifs à compter despuis le mois d'aoust prochain; durant lesquelles années lad. dame déclaire ne préthandre rien au reveneu de la d. maison et mettairie, et à la charge que le dict sieur de Massauve ne dépérira rien, ains la conservera en bon paire de famille; passé lesquelles quattre années lad. dame continuera de jouir de lad. mettairie asamblemant avec le dit sieur de Massauve comme y aiant droit chascung par moitié ; déclairant aussy lad. dame qu'elle ne préthant rien aux meubles qui sont dans lad. maison, comme appartenants en seul aud. sieur de Massauve; et led, sieur de Massauve déclaire pareilhemant à lad, dame qu'il ne préthant aucune chose sur la somme de mil livres deubs par led. sieur de Griffoulet, conseilher en la cour du parlement de Tholose; au dit sieur de Massauve confirmant, en tant que besoinh est, la cession qu'il avoit faicte sy devant de lad. somme à lad. dame; promettant aussi et s'obligeant lad. dame paier touttes les debtes qui se: trouveront par eulx estre deues aux particuliers durant le temps que les dites parties ont demeuré ensamblement audit lieu de la Longanie, qu'est depuis l'an six cens trante sept jusques à présant. Et ce. ont dit estre leurs conventions ; lesquelles ils ont estandeu au long plus que n'est comprins ausd. articles, soit pour l'esclairsissement d'iceuls ou additions qu'ils ont voluntairement faictes, aiant remis les dits articles par eulx signés devers moy dit nottaire, promettant les dittes parties d'observer tout ce dessus, soubs obligations de leurs biens qu'ils ont soubmis respectivement à touttes rigueurs de justisse. Ainsi, l'ont promis et juré soubs touttes renontiations à ce nécessaires et concédé le présant instrumant. Présants : Mrs. Mrs. Germain de Giniolhac, juge temporel, et Jean


32

Laurenty, procureur juridictionnel eu lad. temporalité dud. Albi, soubsignés avec parties.

Signé : Anne de ZOLLEREN, MASSAUVE, GINOLHAC. LAURENCI, et moy GAUSSERAND (1). Faisons remarquer tout d'abord que le véritable nom de

famille de la comtesse est Zolleren, non Hohenzollern,

comme l'écrit Antoinette, ni Hohenzollern-Hechingen, comme rappelle Emile Jolibois. Nous allons même voir que le

vrai nom, le nom complet de la comtesse est Hoten Zolleren.

Zolleren. accroc à l'histoire. Nous en relèverons un second, un peu plus grave.

Nous avons recueilli, dans l'inventaire des registres notariaux de M. Malphettes, tous les actes intéressant le monastère de la Visitation, établi, comme on sait, dans le merveilleux monument qui est aujourd'hui la caserne du Bout-du-Pont. Or nous trouvons, en 1667 et 1668, la princesse non seulement dame de choeur, mais encore soeur discrète, c'est-à-dire faisant partie du conseil d'administration de la communauté. Le 24 avril 1667, le syndic du diocèse reconnaît devoir, en sa dite qualité, 40 livres au monastère de la Visitation, représenté; dans l'acte de reconnaissance par

Françoise Dorothée d'Ortoles, supérieure, Marie-Joseph de

Faramond, assistante) Marie-Angélique de La grave, MarieAnne de Genton, et Marie-Anne-Françoise de Zolleren(2).

Dans un second acte du 15 janvier suivant le notaire la

désigne sous le nom de Oten Zolleren. A. cette date les syndics du diocèse font vente au même monastère, représenté

représenté les mêmes religieuses, d'une rente de 237 livres

10 sous, au capital de 1.669 liv. On ne rencontre plus la princesse parmi les soeurs discrètes

discrètes couventOr, presque toutes, après un certain laps de temps, rentraient au conseil d'administration de la communauté. On peut donc placer sa mort en 1670, comme l'a

fait Emile Jolibois.

Il est un autre point du document qui semble en désac(1)

désac(1) 440 de l'Invent. Not. Gausserand, f° XVI v°.

(1) N° 398 de l'Invent. Not. Enjarlan, f°41 v°.


DOCUMENTS SUR LES LITTÉRATEURS ALBIGEOIS 33

cord avec le roman-histoire d'Antoinette Salvan de Saliès. Elle a fait de Delmas le traître classique. La princesse et Massauve auraient-ils donné le château de la Longagne et la métairie qui en dépendait à celui qui les trahissait ? Delmas lui-même aurait-il eu le coeur de chercher à perdre ceux qui l'avaient élevé de son rang infime au rang de propriétaire et de châtelain? Cela est peu humain et par suite bien invraisemblable.

Ce sont bien de petites chicanes que nous avons cherchées à l'auteur de La Comtesse d'Isembourg. Ce n'est certes pas une oeuvre d'imagination que son petit volume qu'elle dût écrire un peu avant 1680. Elle avait certainement connu son héroïne ; mais ce n'est sûrement pas celle-ci qui lui conta ses aventures. Elle puisait donc dans ses souvenirs, s'aidant sans doute de quelqus notes généalogiques et autres. Or, tout incroyable que cela puisse paraître, nous pouvons être mieux documentés qu'elle sur la comtesse d'Isembourg, sa contemporaine, grâce aux registres notariaux, ces impeccables témoins du passé.

Nos petites chicanes n'enlèvent heureusement rien au mérite très réel de l'oeuvre d'Antoinette Salvan de Saliès.

Plusieurs d'entre nous sont assez jeunes pour voir l'année 1930, le bi-centenaire de la mort de notre illustre compatriote, de celle que ses contemporains appelèrent la Sapho Albigeoise. Il s'en trouvera certainement un qui ne voudra pas laisser cette date inaperçue et nous avons l'intime conviction qu'à son appel Albi se lèvera pour commémorer par des fêtes l'une des plus pures gloires de notre cité.

Aug. VIDAL.


RÉALMONT

La Seigneurie. — L'organisation consulaire. — Les salariés de la commune. - Ecoles communales et Séminaire. - Conclusion.

Nous n'apprendrons rien à personne en disant que par « l'autorité et au nom de Philippe II, Guillaume de Cohardon, sénéchal de Carcassonne, fonda (4 des ides de mars 1271) la ville de Réalmont sur un terrain couvert de forêts où se retiraient les voleurs et les hérétiques Albigeois ». Les privilèges octroyés à la cité naissante furent confirmés et amplifiés en 1341 par Louis, comte de Valentinois et par le roi Philippe VI en 1342.

Le consulat de Réalmont, connu sous le nom de Prévôté, avait une étendue de 1,888 sétérées, 4 mesures (1), Il confrontait du levant, le ruisseau du Crouzet et le consulat de SaintLieux-Lafenasse ; du midi, la rivière du Dadou « et son ancien lit qu'elle à quitté ». depuis la moitié du pont de Lafenasse jusqu'à l'endroit où le ruisseau de Rieucournet se jette dans le Dadou. A l'est et au septentrion, les limites,

marquées par de grandes, pierres « haut élevées » (2), partaient de l'embouchure de Rieucournet et passaient à Puechméjè, la Valade, Puech de la Cape, Rajou et revenaient au ruisseau du Crouzet.

(1) A Réalmont, la sétérée de terre (80 a.64 c..8) est composée de quatre cents perches carrées, là perche de deux canes quatre pans et la cane de huit pans « laquelle se rapporte que les deux canes font les trois aunes de Paris ». Le setier de grains est composé de huit mesures, la mesure de quatre boisseaux, le boisseau de quatre pennes. " Ledit setier pèse 250 1. poids de table ". La «pipe de vin est composée de six semais, la semai de 40 pintes; et la pinte de 4 uchaux » pesant une livre chacun.

(2) Estadieu, not. Anne 1754, p.180 v°.


RÉALMONT 35

Pendant de longues années, le roi fut seul seigneur direct et foncier dans la Prévôté. Par un édit du mois de mars 1639, Louis XIII ordonna la vente de tous les domaines qu'il possédait dans le ressort du Parlement de Toulouse. Les commissaires royaux mirent aux enchères les droits de justice haute, moyenne et basse de la ville et Prévôté, les censives, les droits de coup, lods et ventes et « généralement tous les esmoluments appartenant à Sa Majesté ». Le tout fut adjugé à Marc-Antoine Daldiguier, trésorier de France en la généralité de Toulouse, au prix de 9,450 1. Daldiguier avait acheté au nom de la ville de Réalmont et les consuls s'engagent à lui rembourser les avances qu'il a faites. Pour se libérer le plus tôt possible, la municipalité cède (12 avril 1640) à Jean Pradal, Pierre et Samuel Pujols tous les revenus du domaine pour la somme de 6,0001. L'acte de vente spécifie que la justice est réservée, comme par le passé, aux officiers royaux. Louis XIV, à son tour, met en vente la seigneurie. Elle fut acquise le 25 mars 1657, au prix de 12,450 1., par Messire Louis de Bourbon, marquis de Malause (1). Le nouvel engagiste prendra possession du fief dès qu'il aura remboursé les dépenses faites en 1639. A la mort du marquis de Malause, Henriette de Duras, sa veuve, hérite de la seigneurie.

Un quart de siècle plus tard, le domaine fut de nouveau réuni à la couronne, mais alors les rois de France partagent les droits fonciers avec messire de Villeneuve, les héritiers du sieur de Laffont et les chapelains de l'obit fondé par Armengaud Vène. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, le domaine se trouve entre les mains de la comtesse de Pottier.

Que la seigneurie dépende directement du roi ou qu'elle se trouve en possession de puissantes familles, les privilèges des habitants restent les mêmes. Moyennant une redevance annuelle de 40 sols prise sur le budget communal, les habitants ont permission de pêcher, chasser « à toutes leurs volontés » et de bâtir des pigeonniers. Sur tous les grains

(1) Comte de Lacaze, marquis de Miramon, seigneur et baron de Chaudesaygnes, Fabas, Roumégoux et Lédergues.


36. REVUE DU DÉPARTEMENT DU TARN

que les étrangers vendent à Réalmont, le seigneur foncier prenait un droit de coup, à raison de la 48e partie, c'est-àdire une mesure par charretée composée de six setiers. Tous les habitants et taillables de la Prévôté sont exempts de cet impôt «pour les grains recueillis de leur cru ou

qu'ils achètent pour eux et pourl'entretien et nourriture de leur famille ». Ils n'ont même rien à payer « pour les grains dont ils font commerce et qu'ils revendent dans la ville et prévôté » (1).

Pour le mesurage des grains apportés par les étrangers, le roi est tenu " d'avoir et d'entretenir des mesures publiques ».

Le seigneur prenait également « un denier par livre pour les fillectes, laines, cire qui se pesaient à Réalmont et un droit de gouratage pu mesurage de l'huile, tant d'olibe que de noix et poids du savon ». Georges Rodière a

pris à ferme (1763), le droit de « gouratage ». Il promet à la comtesse de Pottier de lui payer chaque année une somme de 80 1., mais il entend que l'engagiste lui fournisse « une demi-émine de cuivre et un entonnoir de fer-blanc » pour le mesurage. Ces dernières taxes n'atteignent pas les habitants, puisqu'ils ont la faculté « d'avoir des mesures Romaines et autres poids pour leur usage et commerce » pourvu qu'ils soient conformes aux étalons du roi.

Désirant profiter des avantages accordés par les chartes, de nombreuses familles viennent se fixer dans la cité. Réalmont prend une importance assez considérable et ne tarde pas à se fortifier. Quatre ouvertures principales permettent l'accès de la ville : les portes de la Fontaine, de Saint-Barthélémy, de Saint-Antoine et de l'Hôpital.

Sur la fin du XVIIe siècle, nous trouvons dans Réalmont les rues Saint-Antoine, du Four, de Dadou, de Saint-Barthélemy,

Saint-Barthélemy, la Bertuyé, de la Caminade, les places du Clocher et du Crux, les rues Droite, de la Bertouse, du puits de Tirevieilhe, de la Fréjayre, du Selier, du Grossie, de Gabrouly, Obscure, de Séguret, de la Maison de Ville, le Cou(1)

Cou(1) de l'année 1754.


RÉALMONT 37

vert obscur, ceux de la Halle et de Saint-Barthélémy, le Fort Esquin, les rues das Cos, du faubourg Saint-Antoine, des Casernes, de Barricouteau, du Porche ; la promenade de la Paix, le faubourg dû Temple, les rues de la Torque, du Pont, des Vaysses, d'Aneboureille et la place de la Fontaine.

La ville est divisée en quatre sections : les gaches de Saint-Martin, Notre-Dame, Saint-Raphaël et Saint-Girma.

Vers le milieu du XVIesiècle, il y a déjà trois foires qui se tiennent le 1er mai, le 11 août et le 11 novembre. Par lettres patentes du mois de septembre 1604, Henri IV accorde une quatrième foire. « qui doit durer deux jours, le 12 et le. 13 février». La charte de 1272 avait établi deux marchés, chaque semaine, le lundi et le vendredi, mais dans la suite le jour de marché fut fixé au mercredi. « A plusieurs (des marchés) on amène des bestiaux, comme aux foires, et notamment les mercredis avant la Saint-Jean-Baptiste et la Noël. » Il était défendu d'acheter ayant 10 heures du matin.

Les affaires communales étaient dirigées par quatre consuls assistés de vingt conseillers, politiques. Parmi ces derniers on choisissait les quatre « commissaires surposés ou surveillants à la police et les deux experts prud'hommes » pour estimer « les fraudes et délits causés par les bestiaux ». Avant d'entrer en fonction, commissaires et prud'hommes prêtaient serment entre les mains du Prévôt.

Les magistrats municipaux ont seuls le droit « de connaître, jusqu'à trois livres, des causes civiles de partie à partie entre les habitants de la prévôté ». Ils peuvent renvoyer devant le Prévôt ou juger, eux-mêmes, tous les délits en matière de policé, de manufactures, chemins, divisions d'eau, bornes, mauvais passages. En matière de crime, la sentence est prononcée par le Prévôt assisté des consuls et, dans ce dernier cas, les amendes appartiennent au roi. Là municipalité a droit à un sceau pour sceller ses jugements et à un coffre « pour tenir les papier et documents de la communauté » (1).

Les représentants de la ville nomment, chaque année,

(1) Les archives communales furent brûlées lors de la prise de la ville en 1628.


38 REVUE DU DÉPARTEMENT DU TARN

quatre « bandiers, portant arpète ou fusil », pour veiller à la garde des fruits, des terres, maisons, jardins, vignes et et autres biens, A l'occasion, ils prêtent main forte aux consuls pour l'exécution de leurs jugements. Les procèsverbaux des « bandiers » faisaient foi en justice.

Le valet consulaire appelé valet-trompette ou simplement « tambour » recevait annuellement 12 livres. Le salaire était modeste, mais il jouissait de certains avantages très appréciables. Lorsqu'il fait l'office de crieur public, il reçoit " 5 sous à chaque sortie ». De plus, il est vêtu aux frais de la commune. Chaque année, on lui donne un chapeau, une paire de souliers et un justaucorps de ratine verte avec parements et boutons bleus. Dans les circonstances solennelles, il précède les consuls en tenant dans ses mains le panonceau aux armes du roi et de la ville.

Pour garder la cité, les consuls pouvaient élire un capitaine « homme de bien , suffisant, capable et vrai habitant

de ladite ville ». Ils nomment égelement un greffier et lui

donnent 80 lt., mais il doit fournir tout le papier timbré. Un industriel reçoit 36 1t. pour entretenir l'horloge et la

remonter soir et matin. Le salaire du géolier est fixé à 20 1t.,

le sonneur de cloches reçoit 20 lt., les deux portiers 18 l., la sage-femme communale 6 lt., les auditeurs des comptes

25 lt. Seuls, les "baylets " de l'hôpital etles conseillers

politiques exerçaient leurs fonctions gratuitement.

Certains emplois étaient mis à l'adjudication, tel est, par exemple, la charge de porcher communal. Dans le contrat du dernier de janvier 1666, Barthélémy Larroque et Noé Peyre s'engagent à faire paître les pourceaux deux fois par jour, savoir : depuis le lever du soleil jusqu'à 9 heures et dans la soirée depuis 3 heures jusqu'à la nuit. Les habitants rassembleront leurs bêtes sur le foirai et c'est là que le gardien les ramènera aux heures marquées. Nul n'est forcé de confier ses bêtes à l'employé municipal. Libre à chacun de les conduire dans ses pâturages ou sur les terres communales, mais, dans ce cas, tout propriétaire sera frappé d'une double amende, si une de ses bêtes cause des dommages. Pour ses peines, le porcher recoît chaque année


RÉALMONT 39

deux boisseaux de blé « moussolle " et deux boisseaux de seigle. Tout propriétaire doit encore lui donner, deux fois par semaine, le jeudi et le dimanche, l'aumône d'un morceau de pain. Dans les conventions du 19 mars 1674, les anciennes coutumes sont quelquefois modifiées. Chipoulet réclame un dénier par jour, pour chaque pourceau et l'aumône habituelle. Le berger est responsable de tout dégât commis par les bêtes qui lui sont confiées,

Chaque année, les consuls mettent à l'adjudication la fourniture de la viande. Le veau de lait débité à la grande boucherie ne peut dépasser le poids de 120 lt. (1665). Veau et mouton étaient vendus à raison de 7 sols « la livre grosse » ou 28 deniers la livre prime. A la petite boucherie on débite la « chair de brau-vedel », de brebis, de chèvre, à raison de 5 sous la livre grosse ou 20 deniers la livre prime ; les boeufs et les vaches « bons et gras », 3 sous le gros poids et 1 sou le petit. Après avoir été visitées et pesées par les surposés de la police, les bêtes sont abattues « en public » dans un écorchoir indépendant des boutiques.

Les Réalmontais ne peuvent faire le « trafic des pourceaux hors qu'ils ne soient de leur feu ou qu'ils les aient nourris durant trois mois ». Il est également défendu, sous peine d'amende, « d'acheter aucune viande fraîche hors de la présente ville ». Lazare Cathala et Jean Saury, adjudicataires de la boucherie, promettent de payer 700 lt. à la commune et prennent à leur charge les droits d'équivalent.

Le pacte de 1762 mentionne une restriction assez fréquente à cette époque. Il est stipulé que les bouchers ne « pourront, sans les permissions requises, débiter la chair, ni en public ni à huis clos, pendant le carême et les autres jours défendus ». Les consuls fournissent les deux boutiques et l'écorchoir qui se trouve dans la gache Notre-Dame. De plus, s'il arrive dans la ville des gens de guerre, les boucliers seront déchargés du « logement effectif » des troupes.

Sur la fin du XVIe siècle, les écoles de Réalmont sont déjà organisées. André Ricard de la Catarié, juridiction de Venez, « confesse devoir à Me Gabriel Raoul dit de la Sale, régent du collège de la présente ville de Réalmont, la quan-


40 REVUE DU DÉPARTEMENT DU TARN

tité de 21 setiers de sel, mesure de Castres » (1). Par suite de la modicité de leurs ressources, les communes sont fréquemment

fréquemment pour trouver des régents. Nous savons qu'à Lautrec (2), les consuls font de fréquents appels au dévouement des prébendiers. A Lille d'Albi, deux obituaires « se chargent, outre les écoles, de dire une messe matutinale et faire plusieurs autres services et prières pour

la prospérité de Sa Majesté et conservation des fruits de la terre » (3). Imitant l'exemple de plusieurs autres villes, les consuls de Réalmont confient la direction des écoles soit aux chapelains, soit au vicaire de Notre-Dame du Taur.

Le choix du régent était l'occasion de fréquents démêlés entre l'autorité ecclésiastique et l'autorité municipale. Cette dernière prétend qu'il lui appartient de désigner, le maître d'école, mais l'archiprêtre se hâte de protester « attendu que l'archevêque a seul le droit de les nommer » (4). Néanmoins, il est un point sur lequel tout le monde semble d'accord. Avant d'entrer en fonction, lies maîtres doivent obtenir du curé un certificat de bonne vie, moeurs et capacité et se présenter ensuite devant l'évêque pour en obtenir l'approbation. A Réalmont, les régents faisaient la classe, le matin, de

7 à 9 heures et le soir de une heure à trois, « à la réserve du dimanche,' fêtés chômables et du mercredi soir, à cause du marché». Tous les enfants des Catholiques, indifféremment, doivent être reçus aux écoles. On leur enseigne la lecture, l'écriture, l'arithmétique et même « la grammaire latine à ceux qui veulent rapprendre » (5). Dans le contrat de 1670, François Espeau avait promis d'enseigner « le plain-chant à ceux qui auront suffisamment de voix pour pouvoir aider à chanter aux offices de l'église ».

En 1675, le salaire du régent est fixé à 100 lt. et il ne devra rien exiger « des enfants dont la pauvreté sera certifiée par le curé ». Il lui est permis de réclamer « aux per(1)

per(1) not. Année 1592, p.163 v°.

(2) Revue du Tarn. Année 1909, p. 206.

(3) Arch. dép. È. 2452.

(4) Arch. Dép. E. 3556.

(5) Buisson, not. Année 1675, au 16 juin.


RÉALMONT 41

sonnes riches et aisées 5 sols par mois pour les enfants qui apprennent à lire et dix sous pour les autres » Trois ans plus tard, les appointements sont fixés à 200 lt. et montent, bientôt, jusqu'à 200 lt.

A ce moment, il n'est plus question de gratuité pour les pauvres. Sur la plainte des habitants, les consuls rappellent aux maîtres d'école « qu'ils ne doivent rien exiger des enfants pauvres et que l'instruction doit être absolument gratuite pour tous ceux qui apprennent seulement à lire » (1).

Vers le milieu du XVIIIe siècle, la ville se trouvant trop obérée, veut supprimer un régent et une régente, mais elle ne donne pas suite à ce projet. Peut-être, les consuls sont-ils quelque peu découragés en constatant que les Réalmontais ne cessent pas de se plaindre? En 1758, ces derniers réclament la gratuité pour tous les écoliers, sous le prétexte que les maîtres « ne s'occupent que des enfants payants » (2). Les classes, établies tout d'abord « dans une chambre qui est au-dessus de la maison de ville », furent transférées « dans la maison du consistoire, donnée à l'hôpital » (3) par le prince de Condé. Au commencement du XVIIIe siècle, la mairie, les écoles, l'auditoire et les prisons furent installés dans un immeuble cédé à la communauté par Me Barrau, prévôt de Réalmont.

Les Réformés confiaient l'éducation de leurs enfants à des coreligionnaires et ceux-ci étaient payés au même taux que les maîtres catholiques.

Indépendamment des écoles communales, Réalmont possédait, vers le milieu du XVIIe siècle, un petit séminaire. « Après avoir conféré avec Me Teulîer, archiprêtre », les consuls donnent mission à « Jacques Mercadier et Pierre Bousquet, directeurs du petit séminaire de la présente ville, de faire faire les écoles communales par des gens capables et idoines » (4). Dans l'établissement religieux on admet non seulement les enfants qui veulent apprendre

(1) Arch. Dép. E. 3556.

(2) Arch. Dép. B. 3559.

(3) Arch. Dép. E. 3556.

(4) Buisson, not. Année 1679, p. 83.


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le latin, mais encore ceux qui désirent étudier la théologie en vue de se préparer au sacerdoce. Les registres paroissiaux de l'époque mentionnent la présence à Réalmont de nombreux séminaristes. Bernard Rieunier, prêtre de SainteMartianne d'Albi, a été pourvu d'une chapellenie dans l'église Notre-Dame du Taur. Il vient à Réalmont et se fait installer par Joseph Chatard, clerc tonsuré de Valence et Paul Lugan, acolythe d'Albi. Bernard et Philippe Guerre, acolythes, signent l'acte de sépulture d'un enfant. Pierre Trogan, du lieu de Saint-Germier, au diocèse de Lavaur, « a présent au séminaire de Réalmont » assiste à uns bénédiction nuptiale.

Avec l'autorisation des consuls, les directeurs du séminaire confiaient fréquemment la direction des écoles à des jeunes qui avaient déjà reçu des ordres majeurs. François Espeau (1670), François Mouzels de Fénols (1675), Pierre Trébosc de Monestiés (1078), Pierre Gairard (1701), diacres, dirigèrent successivement les écoles catholiques de Réalmont.

Bâtie sur un emplacement des mieux choisis, favorisée de nombreux privilèges, la ville de Réalmont avait pris une rapide extension. Tout semblait lui promettre une existence des plus fortunées. Néanmoins, il n'y a pas eu dans le diocèse d'Albi, de ville plus malheureuse que notre petite cité. Vers le milieu du XVIe siècle, la paix fut troublée par les dissensions religieuses et, à partir de ce moment, commence pour les habitants une série d'épreuves qui durera deux siècles.

Maîtres de la ville, les Protestants détruisent l'église, le presbytère, l'hôpital et le couvent de Sainte-Catherine. L'armée royale, sous le commandement du prince de Condé, s'en empare à son tour et la livre au pillage. Nous voyons les consuls se mettre à l'oeuvre pour relever les ruines amoncelées par les deux partis, mais les désastres sont loin d'être réparés lorsque survient un second fiéau (1629). Dans l'espace de quelques mois, près de huit cents personnes sont fauchées « par la maladie popullère et contagieuse ». La communauté est obligée de s'imposer de nouveaux sacrifices. Il faut secourir de nombreuses familles,


RÉALMONT 48

désinfecter les maisons et payer les honoraires des médecins appelés à Réalmont pendant l'épidémie. Plusieurs habitants désertent la ville, abandonnant leurs maisons et leurs terres. La municipalité donne ces immeubles à qui veut s'en charger, sous la condition que le preneur paiera la taille,

Aujourd'hui chaque ville voudrait posséder une garnison, mais au XVIIe siècle cet honneur paraît peu envié. Apprenant que grâce aux démarches du vicomte la ville de Lautrec n'aura pas d'escadron, les consuls lui adressent de chaleureux remerciements. Réalmont doit subir (13 avril 1689) une compagnie de cavalerie, remplacée (14 juin 1690) par trois compagnies de milice. De l'année 1730 â 1734, nous trouvons à Réalmont la moitié d'un escadron de cavalerie. Il faut aménager des casernes et fournir la literie à la troupe.

La révocation de l'édit de Nantes fut pour de notables protestants le signal de l'exode. Jean Barrau se réfugie à Vevey en Suisse et passe vingt ans en exil. Plus tard, son fils Jean-David-Marie sera; pour fait de religion, envoyé, avec plusieurs de ses compatriotes, aux galères de Toulon. Après tant de calamités, on est surpris que la ville ne soit pas tombée au rang de simple bourgade.

En face d'une situation si lamentable, la municipalité ne se décourage pas. Elle met un peu d'ordre dans les finances communales, relève la plupart des institutions religieuses et charitables, et les écoles de garçons et de filles sont réorganisées. Des plaintes se produisent, à propos de la gratuité et on voit, aussitôt, les officiers municipaux préoccupés de ménager la susceptible des pauvres.

Sous l'influence de l'autorité consulaire, les divers partis oublient leurs anciennes querelles et vivent en paix. Par suite de là Révolution, toutes les institutions seront de nouveau compromises. Ceci n'est pas de nature à nous surprendre, car nous savons que l'Histoire est un perpétuel recommencement,

Emile THOMAS, Curé de Montdragon,


TROIS LETTRÉS D'UN PRÊTRE TÀRNÀIS

RÉFUGIÉ EN ESPAGNE, 1792-1793

A Dourgne, chef-lieu de canton de l'arrondissement de Castres, sur un ordre du représentant du peuple François Chabot, on mission dans le Tarn et l'Aveyron, le maire et les officiers municipaux se présentaient, le 23 avril 1793, au domicile de Denis Gleizes, ancien avocat, âgé de 71 ans, et apposaient les scellés sur ses papiers. Le lendemain, Gleizes, interrogé par Chabot, reconnaissait avoir écrit une

lettre à une personne de Perpignan et en avoir reçu cinq

de ses deux frères, prêtres réfractaires réfugiés à Vich en Catalogne (1). Trois réponses de l'un de ces ecclésiastiques, l'aîné

sans doute, ont été conservées (2). Elles sont datées des

18 novembre 1792, 24 janvier et 4 mars 1793. Jean-Gabriel

Gleizes qui les a signées était, au moment de la Révolution, bénéficier du chapitre cathédral de Lavaur et vicaire de Lempaut, tandis que son frère Antoine était le curé de

cette paroisse (3).

Le 18 novembre 1792, Jean-Gabriel fait savoir d'abord à

sa famille de Dourgne que la lettre qu'on lui a adressée le 31 octobre lui est parvenue ouverte par" la voie d'Ax à Puycerda tandis qu'on reçoit non décachetées celles qui passent

passent Perpignan et Barcelone, ce dernier itinéraire est,

par suite, préférable. 3

(1) Archives du Tarn, L. 315, 104-105.

(2) Archives du Tarn, L. 315, 106-108.

(3) Sur les Gleizes voy, Arch. du Tarn, L. Clergé et Elie Rossignol.

Les prêtres du département du Tarn persécutés pendant la Révolution, p. 153 (Albi, 1894, in-8°).— Lempaut, canton de Puylaurens, arrt de Lavaur.


TROIS LETTRES D'UN PRÊTRE TARNAIS 45

Vous voulez savoir, dit-il, les raisons de nous adresser les lettres sous enveloppe à Puycerda au lieu de les adresser en droiture à Vich ? Je n'avois pas cru ces explications nécessaires, car vous pouvez comprendre que d'Âx à Puycerda il n'y a pas. de poste, qu'il faut y faire parvenir les lettres par des exprès qui ne veulent ordinairement s'en charger qu'autant qu'elles sont ouvertes et que, s'il est assez aisé de faire passer les lettres d'Ax à Puycerda dont les distances pourtant sont d'environ 10 lieues, il n'en est pas de même pour les faire passer d'Ax à Vich par commodité à cause de la distance qui est d'environ trente lieues. Il est donc nécessaire d'avoir une correspondance à Àx, d'affranchir les lettres au correspondant qui se donne ensuite de soins pour trouver de commodité afin de les faire tenir à notre correspondant à Puycerda et ce dernier a le soin de jeter les lettres à la poste pour Vich. Voilà pourquoi je vous disois plus haut que c'étoit beaucoup plus simple de prendre la voye de Perpignan et Barcelone.

Suivent quelques allusions à un « plan « qui lui a été adressé et à

la nouvelle que Rech, boulanger, a donnée concernant Revel et Puylaurens.... marquez-nous si elle a été réalisée car c'est ce qu'il y a d'intéressant et surtout si ce bel exemple avoit depuis trouvé des imitateurs.

Apres des recommandations et souvenirs affectueux à l'adresse de sa soeur, de sa belle-soeur et de ses neveux, Gleizes donne quelques détails sur la ville de Vich :

Nous sommes ici sous un beau ciel et nous respirons un fort bon air. La ville de Vich est agréable, elle est beaucoup plus grande que Castres, y compris Villegoudou. Les rues n'en sont pas larges mais pavées pour la plupart en grande pierre de taille. On n'y voit jamais de boue, la place en est magnifique, elle est à l'instar de celle de Revel, toute entourée de guirlandes (lisez : arcades), mais trois ou quatre fois plus grande, sans édifice au milieu pour le mesurage des grains. Les faubourgs sont en proportion plus beaux que la ville, ils en font exactement le tour et il faudroit bien une heure et plus pour aller d'un bout à l'autre, les rues en sont très grandes, cinq carrosses y passeroint de front, les portes des maisons ont de la ressemblance les unes aux autres, elles sont toutes en pierre de

4


46 REVUE DU DÉPARTEMENT DU TARN

taille et toutes à deux batants. Il y a un autre faubourg joignant celui-ci, qui est aussi grand que Revel, il a sa place dans le goût aussi de celle de Revel. Les églises, soit de la ville ou du faubourg, sont toutes très belles mais il y en a qui sont de toute magnificence, on ne se lasse point de les admirer, elles sont remarquables par la beauté de la dorure, sculpture et peinture, mais on se pique beaucoup de les rendre obscures ce qui est grand dommage car les belles choses ne peuvent jamais être mises dans un trop grand jour (1). Vich est dans une petite mais jolie plaine, elle est pourtant de toute part entourée de montagnes moins hautes que celles de Dourgne et à la distance de Vich comme celles de Dourgne le sont à peu près de Lagardiolle (2). Nous sommes éloignés de Barcelone d'environ 15 à 16 lieues et à 15 lieues de Monserrat qui est à côté et non sur la même ligne. Celte dernière ville est à notre midi. J'ai interrompu ici mes écritures pour faire la lecture de votre lettre. Celle-ci n'a pas été ouverte. J'y ai vu avec surprise les cruelles dispositions à notre égard quoique nous ne le méritions pas...

Gleizes annonce l'envoi de « papiers », donne des nouvelles de " Mrs Abrial », adresse des souvenirs à « Mr Lafabrié et sa famille », ses « humbles respects à Mr et Madame de Padiès » (3). Son frère a écrit à Madame de Padiès et

(1) Dans le volume Espagne et Portugal de l'Arsuna, Marcel Dieulafoy

Dieulafoy le beau rétable de la cathédrale de Vich sculpté en 1442 par le maître Pedro Oller et aussi une croix processionnelle, un ostensoir, des calices et reliquaires « qui sont des modèles parfaits de l'orfevrerie

l'orfevrerie au moyen âge ".

(2) Lagardiolle, canton de Dourgne, est à environ 4 kil 1/2 de cette

localité.

(3) Les de Padiès habitaient lé château de même nom dans la paroisse

de Lenapaut.

Les personnes dont il s'agit ici sont Pierre de Padiès et sa femme,

Claire de Villèle. Leurs biens, situes dans les communes de Lempaut,

Dournes (aujourd'hui com. de Blan), et Cahuzac furent saisis en l'an II, mais un arrêté du représentant Mallarmé (Toulouse, 10 pluviôse an III) les leur fit restituer (Arch. du Tarn, L. 320, 42-53). Ils étaient à ce

moment en état d'arrestation dans leur domicile et Pierre de Padiès

était âgé de 82 ans. E. Jolibois a donné un résumé de la généalogie

de cette famille depuis 1522 (dansl'Annuaire du Tarn pour 1893, p. CCCXLIX-CCCL). Les registres de catholicité de Lempaut permettent de signaler un ancêtre vivant en 1497 ainsi que des alliances avec les de Lacger, de Jougla, d'Auriol (srs de Dournes), de Ranchin. Ils apprennent

apprennent que Pierre de Padiès avait été baptisé le 20 mai 1716


TROIS LETTRES D'UN PRÊTRE TARNAIS 47

n'en a pas reçu de réponse. Compliments encore à Mlle Noyer qui

doit être tranquille sur le compte de Mrs ses frères ; nous croyons qu'ils se portent bien quoique nous ne puissions pas lui en donner de nouvelles récentes : ils ne passèrent ici que quatre jours, ils en partirent pour aller visiter le Montserrat (1.) et de là ils furent à Barcelone, ils y séjournèrent quinze jours, ils écrivirent de là à Mr Dourel, vicaire de Puylaurens, qui est toujours ici. Mr le curé [Noyer] lui marquoit qu'il alloit partir avec son frère pour se fixer à une ville/ épiscopale nommée Silvensa vel Siguensa (2) où les prêtres français trouvent auprès de l'évêque toute sorte de ressource et de satisfaction. Cette ville est à quatre-vingt ou quatre-vingt-dix lieues d'ici et à une certaine proximité de Madrid.

Madame de Padiès pourra informer « la Bacoune que son beau-frère se porté au mieux, il est dans le village de Casteltersol, à quatre lieues d'ici» et n'a pas encore reçu de nouvelles de sa famille. M. Saussol a écrit de Monserrat qu'il jouit également d'une bonne santé. Enfin, «M. Bories.» présente ses respects à Madame et M. de Padiès, « il est toujours fixé à Manreza (3) avec beaucoup de prêtres du pays et se porte bien».

En post-sriptum :

Quant à ce qu'on vous a dit que Figuières (4) et ses environs se garnissoint journelement de troupes, on vous en a fait acroire, tout paroît fort tranquille, ne vous fiez pas trop à vos bulletins.

La deuxième et la troisième lettres reproduisent en substance les compliments déjà adressés à la famille de Padiès et des allusions sans importance aux parents de l'auteur et du destinataire de cette correspondance. Nous n'y reviendrons pas.

(Arch. du Tarn E. 2367-2369 et G. de Falguerolles. Extraits de registres de l'état civil de la commune de Lempaut [1674-1770] dans la Revue du Tarn, 1913, p. 305-310).

(1) Montserrat, abbaye Bénédictine de Catalogne.

(2) Siguenza dans la Nouvelle Castille.

(3) Manreza en Catalogne.

(4) Figuières en Catalogne.


48 REVUE DU DÉPARTEMENT DU TARN

C'est du 24 [janvier] 1793 qu'est datée la deuxième (1) mais il y a lieu de croire qu'en novembre ou décembre 1792 Gleizes en avait écrit une autre qui a été égarée. C'est ce qui semble résulter d'un passage de la lettre de janvier :

Vous avez vu, rappelle-t-il, dans notre précédente qu'à raison de la pragmatique royale [espagnole] (2) les prêtres Français étoint obligés de vuider [le pays]; il y a eu cependant quelques exceptions

en faveur des infirmes et des vieillards, et malgré toutes les difficultés

difficultés paroissoint insurmontables, nous avons été assez heureux

ponr obtenir l'un et l'autre la licence de rester à Vich. Mr Abrial, qui se porte bien, est du nombre. S'il n'eût été question que d'un voyage comme d'ici en France, je me serois senti assez de courage pour y suivre mon frère, mais il étoit ici question de faire deux cents lieues pour le moins et peut-être davantage, parce que, selon la pragmatique tous les prêtres doivent être logés dans des couvents et que les royaumes (lisez : provinces) d'Espagne les plus prochains sont tellement pourvus de prêtres qu'il n'est plus possible de les loger conformément à la loi, de sorte qu'en partant d'ici on donne un passeport pour Barcelone. Là on peut en prendre un pour Valence ou Taragone ou Tortose (1) et, si ces royaumes se trouvent remplis, comme ils le sont en effet, il faut obtenir un passeport pour ailleurs jusqu'à ce qu'on en trouve à pouvoir être casés. Vous jugez par là qu'il ne m'étoit pas possible d'entreprendre un voyage de

cette nature et surtout dès que j'ignorois en partant d'ici la longueur

longueur chemin que j'aurois à faire. Je craignois avec fondement que mon frère ne fut obligé de me laisser en route et de succomber. Toutes ces considérations nous ont mis, mon frère et moi, dans de grandes perplexités. Je regardois 1 assez facile d'obtenir grâce pour moi à cause de mon âge et de mes infirmités visibles, mais le grand point étoit d'en obtenir pour mon , frère qui paraissoit devoir être exclu ; son air de santé, son tempérament robuste et son enbonpoint m'allarmoint d'avance sur son compte. Nous nous présentons

(1) Le mois [janvier] a été omis dans la date, mais il s'agit bien du

24 janvier puisqu'on lit au verso ; " reçue le 31 janvier 1793, répondu

le 4 février ».

(2) Loi du 2 novembre 1792.

(3) Valence, ancienne capitale du royaume de ce nom ; Tarragone et Tortose en Catalogne.


TROIS LETTRES D'UN PRÊTRE TARNAIS 49

cependant au gouvernador. Je n'eus pas de peine sur ma seule mine d'être admis, niais, sans miséricorde, mon frère eut ordre de partir. Toutes représentations furent inutiles et nous nous retirons l'un et l'autre la larme à l'oeil, notre affliction étoit extrême, vous sentez assez combien cette séparation devoit nous coûter. Toutes les personnes de notre connoissance prirent part à nos peines. Mgr l'évêque de Castres (l) n'y fut pas le moins sensible, lui et toute sa maison composée de huit prêtres (2) ont pris un égal intérêt à notre sort. Ses deux grands vicaires, Mrs de Bonne et Barthe, ont agi pour nous d'une manière à mériter toute notre reconnoissance, ainsi que le curé de Saint-Germain [des près]. Ces deux derniers furent avec nous chez le gouverneur pour plaider notre cause, toutes les représentations possibles furent mises en usage inutilement, prétendant qu'il ne pouvoit en aucune façon aller contre les ordres du roi, que cela ne dépendoit pas de lui. La scène fut des plus violentes pour nous, elle dura plus d'un quart d'heure et enfin, à force de persévérance dans les représentations ou d'importunités, ces Mrs obtinrent pour mon frère la grâce de rester à Vich. Nous nous rendîmes de suite pour diner et nous dînâmes de bon appétit. Toutes ces choses se passèrent ayant hier [le 22],... Vous voyez par tout ce dessus que les raisons qui vous ont porté à croire que les prêtres Français n'évacueroint pas les frontières sont de nulle valeur, les dispositions que nous apercevons démentent les nouvelles qu'on vous débite. Pour nous, nous attendrons ici les événements. On travaille à nous caser car, comme nous ne pouvons être tous dans de couvents, nous devons en grand nombre être réunis dans une maison commune présidée par un religieux qui a l'estime générale de toute la ville, il est de l'ordre de saint Philippe de Neri, il a la douceur, la candeur et la sainteté peintes sur son visage, l'esprit de charité qui l'anime envers nous le rend aimable à tous. Nous entrerons vraisemblablement dans ce nouveau régime aujourd'hui ou demain. Mr Abrial... doit être des nôtres, ainsi que Mr Roques, de Graulhet (3), membre

(1) Jean-Marc de Royère (1727-1802), précédemment évêque de Tréguier. Sur ce prélat voir l'excellente biographie de l'abbé Entraygues (Mgr de Royère, évêque de Tréguier, dernier évêque de Castres, Paris, 1912, in-8°).

(2) Les deux vicaires généraux ci-après nommés, le promoteur fiscal, un prébendier et quatre curés (Entraygues. Op. cit., p. 276-277).

(3) Graulhet, ch. 1. de canton de l'arr. de Lavaur.


50 REVUE DU DÉPARTEMENT DU TARN

de notre société, et Mr Barthe, frère du grand vicaire de Castres, aussi notre associé doit aller dans un couvent.

Les frères Gleizes ont reçu la visite du « curé de Labarthe » (1) : il se rendit à pied à Vich, malgré la distance de " dix lieues ou plus » qui le séparent de cette localité. Ils tiennent de lui

qu'il y avoit dans la ville de Manrèze une soixantaine de prêtres Français dont une vingtaine de Lavaur. Mr Maury, qui est du nombre, jouit de la meilleure santé ainsi que les autres Mrs, il n'y a que le curé de Belleserre (2) qui depuis son départ de France a toujours gardé les fièvres, les accès cependant sont aujourd'hui peu de chose.

Vous nous parlez des pluies et des mauvais chemins qui vous empêchent de voyager dans vos cantons, le climat est différent ici, il n'y a pas plu depuis le mois d'octobre et les chemins sont aussi poudreux que dans le mois d'aoust et au commencement de novembre il y avoit beaucoup de brouillards dans la matinée et un très beau soleil pendant le reste du jour. Il est rare qu'il fasse ici du vent, ce qui procure tous les jours des après dinées très agréables et propres pour la promenade. Nos Mrs en profilent plus que moi qui ne puis guère aller dans la ville avec eux.

Enfin, le 4 mars suivant, part de Vich la troisième et dernière lettre subsistant dans le dossier de Gleizes. Ils ontreçu la missive de leur frère de Dourgne et une aussi de Madame de Padiès. La santé des deux exilés n'est pas la même : l'un, celui qui écrit, suit un régime pour combattre la bile ; l'autre se porte à merveille, « il n'y a pas chanoine de cathédrale qui ait un si grand enbonpoint ». JeanGabriel ajoute :

Nous sommes entrés le 25 janvier dans notre nouvelle case. Mon frère a fait part, en abrégé, de notre situation à Madame de Padiès, mais, comme je sais que vous aimez les détails circonstanciés, je vais tâcher de vous satisfaire.

La maison que nous habitons est un vaste logement qui nous a été cédé gratis et par esprit de charité, c'est un riche et noble particu(1)

particu(1) canton de Cordes, arr. de Gaillac. (2) Belleserre, canton de Dourgne.


TROIS LETTRES D'UN PRÊTRE TARNAIS 51

lier qui a voulu faire cette bonne oeuvre à nôtre égard. Il a pratiqué dans cette habitation toutes les aisances dont elle a été susceptible pour notre commodité. Nous devons cette ressource aux soins que se donne continuellement le Père Parcet, notre supérieur, pour le soulagement des prêtres Français et surtout de ceux qui sont dans la détresse et il y en a beaucoup. Ce sont ces derniers principalement qui dans les commencements excitèrent le zèle de ce lion religieux qui se porta dès lors à un établissement devenu favorable et d'une si grande conséquence aujourd'hui pour tous ceux qui avons obtenu l'autorisation de rester à Vich puisque, sans cette ressource, on ne nous y auroit pas laissés, car la pragmatique portant que les prêtres Français répandus dans l'Espagne seroint placés dans de couvents et ceux de notre ville qui ont reçu des religieux Français se trouvant par là presque remplis, il n'yauroit eu que fort peu de prêtres qui eussent pu avoir licence pour rester et nous nous trouvons dans la circonstance fort heureux que le gouverneur ait voulu agréer et regarder la maison qui nous a été cédée comme un lieu de retraite ou couvent. Voilà pourquoi nous nous félicitons que le vénérable: Père Parcet, pour qui le gouverneur a une vénération singulière, ait voulu nous protéger à l'ombre de ses ailes en se mettant à la tête de notre communauté et vous sentez que nous nous faisons un grand plaisir de l'appeler et le regarder comme notre supérieur. Il en fait l'office car il procure à sa nouvelle communauté tous les soulagements dont il est capable, mais surtout aux prêtres indigents en faveur desquels il fait, dans la ville, la quête des messes dont l'honoraire sert pour payer leur petite pension. La semaine dernière nous vîmes arriver une fournée de pain tout chaud encore, nous n'avons pu savoir qui l'avoit envoyé. Ce pain a été suffisant pour nourrir notre communauté pendant quatre jours. Précédemment la propriétaire de notre case envoya un petit dessert avec de très bon vin blanc. Tout cela nous prouve qu'on est touché de notre sort et qu'on nous voit avec plaisir ici.

Nous avons d'un commun accord fixé notre pension à trois quarts de piécette. Il a fallu la mettre à un taux modique afin que tout le monde put y atteindre. Vous jugez cependant par là que nous vivons frugalement, mais nous avons bon pain et bon vin et nous allons doucement pour le reste qui, dans notre position, nous paroit suffisant parce qu'il faut se conformer aux circonstances et nous souvenir que nous sommes dans une terre d'exil.


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Nous sommes réunis ici un nombre de 40 et, comme nous n'avons pu y contenir tous, il y en a neuf encore dans une maison voisine qui font corps avec nous quoique séparés d'habitation. Le Père Parcet ne reste point avec nous, il est dans le centre de la ville, à un quart d'heure de chemin d'ici, c'est-à-dire dans son couvent de saint Philippe. Il se contente de venir de temps en temps et, à son absence, il a nommé deux de nos plus vénérables prêtres pour le représenter. Ces deux Mrs président à tous nos exercices spirituels, car nous avons formé notre société sur le plan à peu près de nos anciens séminaires en France, nous y faisons, autant qu'il se peut, nos exercices en commun. Il y a, le matin, avant le diner, une conférence sur de matières ecclésiastiques; au réfectoire on y fait régulièrement la lecture pendant le repas, les prières avant et après s'y disent en commun ainsi que le chapelet et la lecture spirituelle ; enfin la journée se termine à 9 heures sonnant par la prière du soir après, laquelle on donne le sujet de la, méditation pour le lendemain, que chacun fait en son particulier parce qu'il n'y a pas d'heure fixe pour le lever, étant tous libres à cet égard. Le matin chacun, après avoir dit l'office, va dire sa messe ou aux. faubourgs ou dans la ville, chacun est libre à cet égard, on peut aller et venir, entrer et sortir, promener ou rester dedans

Pour ce qui regarde le temporel il y a quatre économes nommés en plein consistoire par le Père Parcet. mon frère en est un conjointement avec les curés d'Hauterive (1), celui de Gaïs (2), au diocèse

de Castres, et un du diocèse de Mirepoix. Ces Mrs ont soin de faire

toutes provisions et achats pour le comestible, ils ordonnent et règlent les repas de chaque jour, ils veillent sur les opérations de la cuisine, ils ont l'inspection sur les domestiques ainsi que sur deux

réfectoriers, ils font faire les portions en leur présence et ont attention

attention la justice distributive ne soit pas lésée, ils assistent au mesurage du vin qu'on distribue à chacun par portions égales. Le cuisinier, domestique de Mr le curé de Lavaur, nous aprête à la française car nous ne voyons qu'avec peine qu'on nous serve des mets aprêtés à la façon d'Espagne. Je suis persuadé que ma soeur auroit peine à s'accommoder de leurs salmigondis, au reste je suis mortifié que

(1) Hauterive, com. de Castres,

(2) Gaïx, com. de Valdurenque, cant. de Labruguière.


TROIS LETTRES D'UN PRÊTRE TARNAIS 53

notre Barthélémy n'ait pas voulu nous suivre car nous l'aurions fait pour le moins notre maître d'hôtel,

Deux de nos Mrs, sans distinction, sont chaque jour nommés pour servir à tour de rôle à la grande table. Ces deux servants dinent ensuite à la seconde avec le lecteur, deux économes, quelqu prêtre retardé pour la messe et comme cette table, à cause du petit nombre, m'est beaucoup plus commode, je l'ai adoptée pour la mienne ; nous y sommes servis à notre tour par un de ceux qui ont précédemment diné.

Nous avons dans la maison un trésorier, car la recette des piécettes se fait tous les mois, deux auditeurs de comptes qui sont rendus tous les mois aussi, et le Père Parcet y préside. Enfin nous avons trois infirmiers et tout jusqu'ici s'est passé dans le meilleur ordre, toute la communauté paroît satisfaite, nous jouissons de la plus grande tranquilité et nous vivons entre nous dans une grande paix et union.

Mr l'évêque de Castres est venu voir toute la communauté. Il voulut tout visiter jusque la cuisine et le réfectoire et fut même curieux de goûter notre vin qu'il trouva fort bon. Nous avons eu aussi la visite de Mr l'évêque de Rieux (1) qui loge chez les Gordeliers à notre voisinage. Plusieurs religieux de différents ordres sont aussi venus vous voir.

Nous avons une chambre à trois. Heureusement nous nous sommes rencontrés avec un prêtre du pays, c'est Mr Pelissou, ancien curé de Saint-Affrique (2), qui est notre conchambriste, nous ne pouvons que nous féliciter de l'avoir, car il est toujours prêt à nous obliger. Il a un petit lit en seul et on le lui fournit gratis. Il n'en est pas de même de nous, nous n'avons qu'un lit à deux, qu'il nous a fallu louer, nous en donnons quatre piécettes par mois et on nous fournit les draps qu'on renouvelle tous les mois, de plus un moine de lit qui m'est fort commode et une vieille caisse où nous tenons quelques hardes. Notre chambre m'est fort commode parce qu'elle est à ma portée pour tous les usages journaliers, d'ailleurs elle donne sur une belle galerie qui me suffit pour ma promenade et j'ai l'avantage d'y jouir presque toute la journée du beau seleil que nous avons à Vich tous les jours ou à peu près...

(1) Pierres-Joseph de Lastic. , (2) Saint-Affrique, canton de Labruguière, arr.de Castres.


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Nous sommes bien mortifiés, mon frère et moi, de ne pouvoir pas donner à Mr Pebernard les renseignements qu'il demande au sujet de Mr son neveu. Nous avons fait une partie de la roule ensemble, nous arrivâmes ici en même temps, il n'y fit qu'un petit séjour et partit sans nous rien dire de sa destination. Nous n'avons pu découvrir depuis l'endroit de sa résidence actuelle, nous présumons cependant qu'il est à Valence parce que les premiers s'empressèrent de s'y rendre, soit à cause de la proximité soit à cause de la saison tempérée ou salubrité de l'air, S'il est dans cette ville, il ne peut être avec plus d'agrément, car l'évêque, à ce que j'ai oui dire à celui de Vich, est riche de neuf cent mille livres de revenu, loge et nourrit tous ceux qu'il a pu contenir dans son évêché au nombre de trois cents et ceux qu'il n'a pu y contenir étoint dans son séminaire au nombre d'environ soîxante-dix. Plusieurs lettres particulières écrites à quelques-uns de nos Mrs qui ne sont plus ici nous ont donné connoissance de tous ces faits qui ont dû depuis être confirmés par une réponse de l'évêque de Valence à celui de Castres. J'ai lu l'une et l'autre, elles sont en latin, elles ont couru la ville et nous en avons retenu copie, car ces deux lettres sont dans leur genre des chefs-d'oeuvre. Ainsi Mr Pebernard pourrait hazarder une lettre en l'adressant à Me Calhassou, prêtre Français logé à l'évêché ou au séminaire de Valence.... Mr Abrial avoit ici une chambre qui lui étoit destinée, il a été cependant depuis placé dans le couvent des Philippiens avec Mr Barthe et Mr Roques, nos précédents associés, ils viennent nous voir de temps en temps. Vous avez dû sans doute savoir que Mr le bernardin et son neveu sont à Orihuella (1) dans un couvent do Carmes. Mr le curé de Labarthe dont nous reçûmes une lettre par le courrier d'hier nous marque qu'il a reçu votre réponse très honnête et nous prie, quand nous écrirons, de vous faire les mêmes remerciements, il vient d'être casé chez les Carmes où il dit être très bien. Ils y sont au nombre de huit et tous du même diocèse. Ces Carmes sont à Manreza ».

Dans cette correspondance, quoique peu volumineuse, on peut relever quantité de petits renseignements d'intérêt surtout local et aussi quelques indications d'ordre général.

Tout d'abord, on constate que des deux frères Gleizes,

(1) Orihuela, dans la province d'Alicante.


TROIS LETTRES D'UN PRÊTRE TARNAIS 55

l'un, celui qui écrit, Jean-Gabriel, semble plus âgé que l'autre [Antoine] si l'on en juge d'après leur état respectif de santé. En effet, tandis que le premier suit un régime contre la bile, que la galerie longeant sa chambré suffit à ses promenades, le second, plein de vigueur, a l'embonpoint d'un chanoine. On aime à se le représenter aussi gai que robuste alors que son aîné est rendu plus sérieux par l'âge et par ses malaises. Jean-Gabriel conserve néanmoins, à défaut d'entrain, une humeur constante et résignée, ne se laissant jamais aller à de vaines récriminations et s'abstenant de jeter l'anathème à personne. D'ailleurs, il ne parle guère des événements politiques et c'est tout juste si dans ses lettres on découvre quelques allusions à des mouvements de troupes sur la frontière espagnole. Il attend avec calme des jours meilleurs.

C'est à Vich que résident les Gleizes et leur lettre du 18 novembre 1792, si elle n'est pas la première qu'ils aient écrite à leur frère de Dourgne — certaines allusions autorisent cette hypothèse (1) — paraît du moins dater de leur arrivée dans cette localité vu la description qu'en donne Jean-Gabriel. Il semble, en effet, qu'il n'eût pas eu à faire un tableau du milieu où il se trouvait longtemps après s'y être fixé. On sait d'autre part que l'évêque de Gastres, Mgr de Royère, était à Vich avant le 15 du même mois. De ce jour au 18, la durée est si brève, qu'on pourrait croire que les Gleyzes sont arrivés à Vich avec ce prélat ou presque en même temps que lui.

Dans tous les cas, ils ont été en relations avec de Royère à plusieurs reprises, de même qu'avec bien d'autres ecclésiastiques venant surtout des diocèses de Lavaur et de Castres. On pourra compléter ces renseignements biographiques à l'aide des travaux spéciaux de MM. Rossignol, Contrasty, Tournier et Entraygues (2).

(1) « Je n'avois pas cru cette explication nécessaire » écrit Gleizes au sujet de la meilleure manière de lui faire parvenir des nouvelles de Dourgne.

(2) Rossignol et Entraygues. Op. cit., — Contrasty Le clergé français exilé en Espagne (Toulouse, 1910, in-8°). — Cl. Tournier. Additions


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Il est beaucoup plus intéressant de relever dans la correspondance des Gleizes les indications se référant tant à la résidence de divers groupes de réfractaires qu'au genre d'existence de ceux en particulier qui restèrent à Vich. Dans cette ville, 40 de ces prêtres forment une communauté sur

laquelle nous reviendrons, quelques autres sont au couvent de Saint-Philippe de Néri, l'évêque de Rieux est hébergé chez les Cordeliers (1). Dans lès environs, à Casteltersol, à

Montserrat et dans plusieurs autres localités de la Catalogne, comme Tarragone, Tortose, Manreza, des couvents ont recueilli aussi des fugitifs, A Manreza il y en a « une soixantaine dont une vingtaine [du diocèse] de Lavaur », plus huit chez les Carmes. Il en est qui sont fixés dans la région voisine, l'ancien royaume de Valence, chez les Carmes d'Orihuela et à Valence mêmeou l'évêque, très fiche, en loge 300 dans son palais épiscopal et 70 au séminaire. C'est à Valence, dit Gleizes, que les premiers arrivés en Espagne

« s'empressèrent » de se rendre. Enfin, plusieurs résident à Siguenza dans la Nouvelle Castille.

L'obligation faite aux prêtres Français par la loi espagnole du 2 novembre 1792 de ne séjourner que dans des couvents ou abbayes fut généralement la cause de l'exode d'un bon nombre hors de la Catalogne dont les monastères

avaient été assez vite remplis. On a lu dans la deuxième lettre avec quelle difficulté J.-G. Gleizes parvint à obtenir du gouverneur de Vich que son frère ne fut pas obligé de se

séparer de lui. Là, comme

la loi fut interprêtée d'une façon très large, puisque le dit gouverneur voulut bien se laisser fléchir par les supplications des intéressés et de leurs protecteurs et consentit à considérer comme une annexe du couvent de Saint-Philippe l'association, on pourrait dire la mutualité, formée par les ecclésiastiques sans asile conforme à la loi.

aux listes des confesseurs de la foi de l'Aveyron et du Tarn (dans l'Albia christiana, 1913).

(1)P.-J. de Lastic, évêque de Rieux, résida aussi à l'abbaye bénédictine de Montserrat avec l'archevêque d'Auch. (Entraygues Op. cit. P. 279).


TROIS LETTRES D'UN PRÊTRE TARNAlS 57

Gleizes nous conte en détail comment fut organisé par les soins et le dévouement d'un religieux du couvent de Saint-Philippe de Néri, le P. Parcet, ce phalanstère de 40 prêtres réunis dans une maison d'un faubourg de Vich, où «toutes les aisances » avaient été introduites. Neuf autres, logés dans un immeuble attenant ou voisin, faisaient également partie de l'association. Ce fut le 25 janvier 1793 que le P. Parcet présida à l'inauguration de son oeuvre. La vie matérielle y fut frugale mais suffisamment substantielle. Quatre économes pris parmi les associés s'occupaient du ravitaillement, deux autres, à tour de rôle, servaient à table leurs confrères, un trésorier recevait les cotisations mensuelles, soit trois quarts de piécette par personne, afin que la pension fût à la portée de toutes les bourses, deux contrôleurs des comptes s'assuraient du bon fonctionnement du budget et trois infirmiers prenaient soin des malades. On avait une chambre pour trois, mais les Gleizes ne disposaient que d'un lit pour eux deux et le payaient, linge compris, 4 piécettes par mois. Au point de vue spirituel, le régime ressemblait beaucoup a celui d'un séminaire français, avec de plus une complète liberté tant pour l'heure du lever que pour les allées et venues dans la journée. En somme, on jouissait là « de la plus grande tranquillité » et le sort des prêtres restés à Vich, même des indigents que les autres ne laissaient pas en peine, semble avoir été assez supportable. La population, d'ailleurs, les voyait d'un bon oeil et des dons, plus ou moins anonymes, de vivres venaient de temps à autre fournir la preuve de ces bonnes dispositions, sans compter que l'excellent P. Parcet quêtait en ville des messes pour les plus pauvres.

Cependant, la situation des prêtres français fut ailleurs parfois meilleure : à Siguenza ils trouvèrent auprès de l'évêque « toute sorte de ressource et de satisfaction ». A Valence, l'évêque, opulent, ouvrit largement son palais et son séminaire aux réfugiés qui nulle part n'éprouvèrent « plus d'agrément». Quant à Mgr de Royère, qui résida tout d'abord à l'abbaye cistercienne de Poblet, « si la patrie n'avait pas été absente, écrit son biographe, la retraite


58 REVUE DU DÉPARTEMENT DU TARN

aurait été douce car l'asile était magnifique » (1). Plus tard, quand, vers la fin de l'année 1794, il fut obligé de quitter ce monastère et qu'il se fixa dans celui également cistercien de Sainte-Marie d'Alcobaça, en Portugal, où il devait terminer sa vie, il occupa « un bâtiment magnifique bâti pour le roi », et sa table était si bien servie que ses deux compagnons et lui étaient traités comme s'ils avaient été « douze ». Le témoignage n'est pas suspect, c'est de Royère même qui raconte ces détails dans une lettre (2).

Il semble qu'on peut conclure de toutes ces constatations que quelques groupes de prêtres réfugiés en Espagne ont joui dans ce pays d'un réel bien-être et que telle personnalité, comme l'évêque de Castres, y a même été traitée d'une façon des plus confortables. Mais, à côté de ces privilégiés, la généralité paraît, au moins à Vich, avoir simplement évité le dénuement. « Beaucoup », parmi les ecclésiastiques auxquels Gleizes fait allusion, étaient « dans la détresse ». Leurs compagnons plus fortunés leur venaient en aide, le P. Parcet se multipliait pour leur procurer des ressources, si bien que la communauté avait « bon pain et bon vin ». Et si la frugalité présidait à ses repas, la douceur du climat, la liberté la plus complète et la sympathie de la popu - lation rendaient l'existence tolérable. Restait la souffrance morale résultant de l'incertitude du lendemain, de la nécessité humiliante pour plus d'un d'être à charge aux autres, de l'éloignement de la famille et du sol natal. Mais il n'y a là rien de comparable avec le sort lamentable de ces déportés, gardés en rade sur des bateaux où la place manquait pour se coucher (3), ou de ceux que le ciel torride de la Guyane fit périr en masse.

Ch. PORTAL

(1) Entraygues. Op. cit., p. 278. (2) Entraygues, p.347, 348.

dant la Révolution, 2e édit. ([Albi, 1912], vol. in-8°).


LES RÉFUGIES DU PAYS CASTRAIS

(SUITE 1) .

Martin. — David Martin 1, de Revel, fit brillamment ses humanités à Montauban (1655-56), sa philosophie à Nîmes (1657-60), et sa théologie à Puylaurens (1660-63). Il fut admis au ministère en 1663, et affecté à l'église d'Espérausses troublée par des dissensions que l'esprit conciliant du jeune pasteur apaisa promptement. Appelé en 1670 à Lacaune, il s'attacha tellement à son église, qu'il refusa de la quitter pour celle de Milhau et même pour une chaire de théologie qu'on lui offrit à Puylaurens. Il fut fréquemment chargé de la défense des églises du pays castrais contre les entreprises du clergé, et sortit victorieux du procès qui lui fut intenté 2. Quand le temple de Lacaune eût été fermé, il essaya de continuer son ministère ; mais, sur le point d'être arrêté, il dut s'enfuir et passer à l'étranger 3; il y réussit grâce à la connivence généreuse dé quelques catholiques qui cachèrent aussi sa famille. Cette dernière le

(1) Voir Revue, t. XXVII, p. 35 à 48, 154 à 169, 232 à 251, 342 à 352 et t. XXVIII, p. 25 à 44, 174 à 181, 291 à 306, 368 à 377, t. XXIX, p. 29 à 44, 161 à 178, 254 à 266 et 336 à 346, tome XXX, p. 27 à 52, 192 à 209, 282 à 293 et 355 à 364.

Martin. — 1. « Le sr Martin est [dit-on vers 1688] d'une taille médiocre, mince et maigre, le visage assez petit et un peu rouge, les yeux grands et beaux, les cheveux noirs, portant perruque noire, un peu chauve » (A. Hér. C. 279). — Sur ce pasteur v. Nicéron Mémoires XXI (notice faite par Isaac-Fs Claude); Encycl. des Sciences relig. VIII 751 ; Fr. prot. 1re VII 297. — 2.Il avait été decrété de prise de corps le 30 avril 1685 ainsi que Bénech past. de Lacaze et Laroqueboyer past. de Viane (A. Tarn B.241). — 3. A. Aude B 1970, 2083. — A. Hér. C 277, 278, 279, 310,311,316. — A. Tarn E 1156. — À, Nat. TT 239. — Ses fils Paul et David, restés en France jusqu'après 1690 auprès de leur oncle Malecare, reçurent une pension de 155 l. sur ses biens. Ceux-ci, qui étaient situés à


60 REVUE DU DÉPARTEMENT DU TARN

rejoignit plus tard. Martin, arrivé à la Haye en novembre 1685, fut envoyé comme ministre pensionnaire à Utrecht dont l'église l'élut pasteur titulaire le 11 mars 1686 4. Sans ambition, il refusa la chaire de la Haye. Il recevait chez lui des jeunes gens (entre autres ses petits-neveux Claude) auxquels il enseignait la philosophie et la théologie. Adonné depuis longtemps à l'étude de l'hébreu, des Pères et des commentateurs des Saintes Ecritures, il était tout préparé pour la revision de l'ancienne version genevoise de la Bible, dont le chargea le synode des églises wallonnes. Le pieux, charitable et savant prédicateur mourut presque en chaire à 82 ans en 17215. — Sa femme, Florence Malecare, lui avait donné cinq enfants : Paul, David (qui était marchand à Londres en 1697) 6, Louis, Marie (qui épousa N. Renouard marchand a Londres) et Florence.

Pierre Martin, de Revel, frère de David, avait ses biens en régie en 1714 7.

Jean-Jacques Martin, né dans le diocèse de Castres vers

Revel, comprenaient la métairie du Padouenc et étaient évalués tantôt à 2,300, tantôt à 4,000 l., étaient en régie en 1699 ; Pierre Martin en avait la jouiss. en 1704. — 4. V. Bonniol n. - Bull. wal III 115, IV 250. —

En 1703 il obtint l'échange de son neveu (?) Jacques, lieut au régt de

Rochebrune, fait prisonnier et conduit à Dunkerque, contre un officier

nommé Valette prisonnier à Groningue. — David M.fit partie de la commission de 4 pasteurs nommée par le synode wallon pour travailler à la délivrance des « confesseurs" prisonniers en, France, commission

qui ne put rien obtenir des plénipotentiaires réunis à Utrecht ( Bull.

prot 1877p. 515). - 5. Il a laissé e a. : Le Nouveau Testament expliqué

expliqué des notes sur la version ordinaire des églises réformées (Utrecht 1696, in-4°); Histoire du Vieux et du Nouveau Testament (Amsterdam 1700, 2 vol. in-f° avec gravures): Révision de la Bible (Amsterdam 1707, 2 vol: in-f°); Traité de la religion naturelle, (Amsterdam 1713, in8°)

in8°) en 3 langues, Dissertations sur I Jean V 7. - 6. Liv. des

témoign. de l'égl. de Threadneedle Stt. - 7. A. Hér. C 298. - Il était

ainsi noté en 1699 (A. Hér. C 274) : « Martin marchand et sa femme sont fort opiniâtres et mériteroient un éloignement de Revel et d'être mis dans quelque ville catholique ». — Gén. I Paul Marty ou Martin,

md de Revel, ép. Cath. Cordes dt e. a (br. A). Dav. (br, ,B), Jacques

md à Castres puis à Nîmes ép. Gaspare Jaerne, Marthe ép. J. Cordes md.

Br. A II pierre (v. 1633) md à Revel, ép. v. 1667 Anne Brun dt: Guillaume (1668) md, David (18 août 1671); Louise ép. 1695 Jn Dumas av. Br. B II David (7 sept. 1639-7 déc. 1721) ép. juin 1666 Florence Malecare dt : Paul (y.1668), David (v. 1672), Louis, Marie (28 mars 1681), et Florence


LES RÉFUGIÉS DU PAYS CASTRAIS 61

1671, proche parent de David, fut d'abord pasteur à Ham; plus tard ministre de l'église française de Copenhague (1713-20), il fut chargé d'organiser la nouvelle colonie de Frédéricia dans le Jutland (1720-28) ; il passa les deux dernières années de sa vie à Holtzapfel près de Coblenz, où il mourut le 6 fév. 17308. Un sieur Martin, de Castres, émigra après la Révocation. 9

Marty. — David Marty, serrurier, de Puylaurens, était réfugié eh 1700 à Berlin, avec sa femme et un enfant 1.

Mascarenc. — Jean Mascarenc, avocat 1, dé Castres, se rend, pendant l'été de 1685, dans sa métairie de Carrelle près d'Angles, avec sa femme, Marguerite Salavy, qui est près d'accoucher. Mais bientôt, pour échapper à un détachement du régiment de Koenigsmark lancé à leur poursuite, ils sont obligés de quitter cet asile et de s'enfuir dans la montagne de Nore, demandant l'hospitalité à des paysans ; c'est là que naît leur fils Jean-Paul. Après quatre

(5 sept. 1682). — 8. Bull. prot. 1858 p. 34. — J.-M. Dalgas Tabl. hist. de la colonie de Frédéricia (Copenhague 1797). — Clément l'Egl. réformée de Copenhague. — 9. A. Hér, C 274, 316 : « Martin, fils de feu Martin procureur au siège royal de Castres [sorti du royaume] : la dlle de Lucadou sa grand'mère, demeurant à Castres, jouit des biens ». — On trouve en 1686-87 parmi les réfugiés en Brandebourg un Martin procureur (Erman 1322). — Nombreux réf. de ce nom en Angleterre (Agnew II). Et. Martin, me tailleur d'habits de Castres, âgé de 40 ans; Julien Aymet, md boutonnier (ou brodeur), 58 ans, sa femme Jne Mouret et ses 3 enf. (Marie, Jeanne, Antoine, 20, 12, 9 ans); Anne Trantoul, 70 ans, ép. Jn Dupr'ed me tiss. de Castres; Anne Batut, de Puylaurens, 23 ans; Jn Pagés, compagnon chir., 22 ans, de Pradelles au dioc. de Carcassorine; et leur guide Jn Brouillet, cordonnier, 37 ans, natif du Rouergue, mais établi à Castres où il était revenu depuis peu après être déjà sorti du royaume, furent arrêtés, le 24 oct. 1688, à Cros de Camy consat de StMarsal en Rouergue, en cherchant à émigrer (A. Hér. C 167).

Marty. — 1. Dieterici 1700 p. 90. — Rôle gén. 1161.— Gén. I Isaac Marty, mal ferrant à Puylaurens, t. avec sa fe Marg. Auriol en 1683. II David ép. Suz. Pinel (qui. t. en 1683). III. Jacques mal ferrant demande en 1753 à « rentrer dans les biens délaissés par son père » (Cn Pradel).

Pierre Marty, de Revel, meurt relaps en 1731; mais on ne fait pas de procès à sa mémoire, car, en raison de sa pauvreté, les frais seraient à la charge du Roi (A. Hér. C 415). — En 1726 un procès avait été fait à la mémoire de Bourrel, de Sorèze (A. Aude B).

Mascarene. — 1. Le 1er juillet 1683, il avait reçu l'ordre de se défaire en faveur d'un catholique de son office de conseiller référendaire en la

6


62 REVUE DU DÉPARTEMENT DU TARN

mois de vie errante, ils gagnent Toulouse, et s'embarquent sur la Garonne pour Bordeaux, d'où ils espèrent pouvoir passer à l'étranger. Mais ils sont arrêtés à Agen, le 22 fév. 1686, avec leurs compagnons de voyage, religionnaires (v. de Brail et Dupuy). Mascarenc est emprisonné puis envoyé à Castres où il est condamné aux galères par le subdélégué de l'intendant. Il en appelle: au Parlement de Toulouse, qui le garde longtemps dans ses cachots, bien que l'ayant acquitté 2. Enfin relâché par ordre du Roi et conduit à la frontière 3, il arrive à Genève le 10 avril 1688, puis il passe en Hollande où il reçoit une pension de 200 florins ; il meurt à Utrecht en 16984.

Jean-Paul Mascarenc est d'abord élevé à Castres par sa grand'mère et par sa mère; puis, quand il a l'âge de onze ans, il est accompagné jusqu'à la frontière par son oncle César Mascarenc, et réussit, sous une livrée de page, à gagner Genève le 14 déc. 1696 ; il rejoint ensuite son père en Hollande et entre plus tard dans le corps commandé par Daniel de Rapin. Dans la suite il se rend en Angleterre où il est naturalisé en 1706, et où il obtient une commission de lieutenant. En 1711 il est envoyé dans la Nouvelle-Ecosse avec un corps de troupe. Il s'élève au grade de lieutenantcolonel, devient membre du conseil provincial et, en 1740, est nommé lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Ecosse qu'il administre avec beaucoup de sagesse et d'habileté, gagnant la confiance des Français aussi bien que des An glais. Il résigne sa charge en 1749 et finit en 1760 sa carrière à Boston où il a épousé Elisabeth Perry qui lui a donné quatre enfants 5.

chancellerie du parlement de Toulouse (A, Hér. C 159), — 2. A. Tarn B 241.— Du Puy p. 59 et ss., 170- Baird p. 563 et ss. - Benoit V.-

3. A. Hér. C 163. 182. — Ses biens rapportant environ 1.400 liv. furent mis en régie. — A. Aude B 1970, 2083. — A. Hér. C 191, 274, 275, 277, 282, 310; 311.— A. Tarn E 1156.— A. Nat, TT 247. - 4 Bull, prot. 1887 p. 473, 1890 p. 139. Il figure sur un « mémoire que présentent plusieurs confesseurs à Messieurs les Etats Généraux des Provinces-Unies, le 17 août 1688 » pour demander des secours. — 5. Baird p. 372, 479, citant New historical and genealogical Register IX, X, XI. — Bull. prot. 1888 p. 89, 167. — Au Refuge le nom de Mascarenc s'est transformé en celui de. Mascarene. - Les papiers de Paul Mascarenc sont conservés à la


LES RÉFUGIÉS DU PAYS CASTRAIS 63

Jeanne Mascarenc, femme d'Antoine de Céleriès sieur de Pechcoulon, de Puylaurens, est réfugiée en 1688 à.Berne 6.

Massabiou. — Jacques Massabiou, de Réalmont, passait à Lausanne en juin 16991 : il se rendait dans le Brandebourg, où il prit du service et où il mourut eh 17542.

biblioth. de Harvard (Cambridge, Massachussets). — 6. A. Hér. C 274. — Fr, prot. 2e III 968. — Gén. I Martin Mascarenc (1535-85), bs d'Anglés, ép. en 1res n. 1560 Anne de Laroque dt Joaohim (br. A), et en 2es n. Elisabeth de Citon dt Jn (br. B). Br. A II Joachim (f 1625) sr de Rivière ép. 1590 Gillette de Malbos. III Etiennesr de Rivière ép. 1637 Cath. Chauvet dt : 1° Etienne (f 1730) sr de Rivière ép. 1669 Anne-Marie Maurel de Combericard; 2° Charles sr de Rayssac ép. Fse de Seguin des Homs dt desc. jusqu'à nos jours ; 3° Louis sr de Rivière (f à Paris s. p. ); 4° Jean (1656-1722) sr de Rivière, établi en Bretagne (où il abjure en 1682), fermier général du duché de Rohan, ép. 1693 Marg. Le Borgne dame des Fontaines dt desc. Br. B II Jean (1580-1660), bs d'Anglès, ép. Guillemette d'Imbert dt : 1° Jn q. s.; 2° Daniel sr de Las Planes ép. Esther de Passien; 3° Jeanne ép. (Alba nore à Anglés 11 sept. 1662) Ant. Céleriès sr de Puechcoulon. III Jean (f 1680) dr et av., conser du Roi et référendaire en la chancie de la Ch. de l'éd. et du Parl., ép. 26 avril 1659 Lse de Balarand (1642-1731), fille de Jean conser référendaire en la chancie de la Ch. de l'éd. et de Mad. Curvalle, dt 11 enf. e. a. : 1° Jn q. s.; 2° Jacques (f 1718); 3° Henri; 4° César (f 1730) ép. 1702 Is. Armengaud dt Henri (1703) av. ép. 1737 Marie Beaudecourt [dt Elisabeth et Anne] et Jn-David négt à Lyon ; 5° Esther. IV Jean (20 avril 1660-6 avril 1698) ép. 26 sept. 1684.Marg. Salavy. V Jean-Paul (25 oct. 1685-15 janv. 1760) ép. 21 avr. 1714 Elis. Perry dt : 1° Elisabeth (1717-45) ép. 1741 Thomas Perkins dt Thomas (1745) ; 2° Joanna q. s.; 3° John (1722-78) ép. 1750 Margaret Holyoke dt un fils, dernier du nom, mort à Dorchester ; 4° Margaret (1726) ép. 1750 Foster Hutchinson (f 1799) dt : Foster (f 1815) et Abigaïl (17761843). VI Joanna (1720) ép. 1744 James Perkins dt : 1° Thomas ép. en 1res n. N. Appleton dt Elisa et en 2es n. Anna Powell dt Miriam ép. F.-C. Loring, Anna ép. Rogers, et Powell ; 2° James; 3° Joanna ép. Wm Hubbard dt Samuel H. (1788-1847) juge qui ép. Mary-Ann Coit dt James-Mascarenc Hubbard. — Armes: D'argent au lion rampant de gueules, au chef d'azur chargé de 3 étoiles de sable.

Louis Mascarenc de Rivière était enfermé en 1697 à la Bastille (Bull. prot. 1857 p. 387. — Cf. Bull. 1883 p. 559). — Henri Mascarenc, av. de Castres, ayant " fait les fonctions de prédicant dans plusieurs assemblées s, fut conduit au chau de Ferrières par ordre du duc de Richelieu du 15 déc. 1744 (A. Nat, TT 325. — A. Hér. C 400, 425. — V. Marin n.).

Marie-Cath.-Elis. de Mascarenc de Raissac, d'Anglés, fille d'Honoré et de Marie de Terson de Paleville, fut mise à 25 ans, par ordre du 2 juill. 1747, dans l'abbaye de Lautrec. En 1777 et les années suivantes elle touchait une pension de 150 1. (A. Hér. C 401, 408).

Massabiou. — 1. Fiches bibl. prot. — 2. Erman IX p. 195 et XXV. — Gén. I Pierre Massabiou ou Massebiau, bs de Réalmont, ép. Is. Maroule


64 REVUE DU DÉPARTEMENT DU TARN

Massé. — Jean Massé, armurier, de Réalmont, et son frère Philippe sortirent de France 1. L'aîné, allant de Lausanne en Angleterre, passait à Francfort le 18 sept. 1688 2.

Matet. — Marguerite Matet 1, jeune bergère, de la Capelle, fut l'un des premiers « petits prophètes »; arrêtée le 17 nov. 1688 elle fut menée et interrogée à Castres, puis conduite à l'intendant à Nîmes et mise au couvent à Sommières. Elle s'évada et se réfugia à Genève 2.

Matiais. — Madeleine Matiais, de Puylaurens, rejoignit au Refuge son fils David Auret de Lagrave 1.

Mauran. — David et Jean Mauran, tous deux sargers de la Fenasse, émigrèrent avant 16971. Le premier se réfugia à Erlang 2.

Jacques 3 et Elie Mauran, frères, maîtres sargers à CasIres, gagnèrent la Suisse et passaient à Schafthouse le 1er janvier 16864. Jacques et sa femme Jeanne Bardou séjournèrent à Lausanne 5 puis s'établirent à Erlang 2. Elie se fixa à Berlin 6 où sa veuve et sa fille habitaient en 1698 7.

de Pradalis dt 4 fils e. a. Jacques (V. 1678-1754). — Un Massabiou passa en 1699 de Suisse en Brandebourg (Erman VIII 76). — Un Massebiau a été admr de l'hôtel du Refuge à Berlin.

Massé. - serrurier de Réalmont, ép. Marie Bic (1710) dt: Jean et Philippe.

Matet.—1. V. dans A. Hér. C 167 son interrogatoire à Castres.— V. aussi

Corbière n. 6 et dernier § des notes. — 2. « La bergère ayant prédit

qu'on prêcheroit dans un chasteau de ce pays-là nommé Castelfranc.

on y avoit envoyé une garnison de dragons pour prévenir l'effet de la prédiction... [Elle] étoit partie dans ce temps pour Genève et avoit

esté 7 semaines à s'y rendre, ayant esté arrêtée sur le chemin en quelque endroit du Dauphiné par la faute de ses guides, mais dont elle

estoit sortie avec un peu d'argent" (Lettre de Genève du 13 fév. 1689,

citée par C. Rabaud, et figurant dans un recueil factice de pièces sur

la Rév. de l'Ed. de Nantes à la bibl. prot).

Matiais; - 1. Voir Auret. Mauran. - 1. A. Hér. C 274. - La Fenasse à 3 km de Réalmont. -

2. Ebrard p. 152. — 3. A. Hér. C 298. — 4. A, Schaffhouse. — 5. Où ils

étaient assistés le 31 mars 1691, avec leurs 2 enfants malades, allant en

Brandebourg (Fiches bibl. prot. ); en 1694, J. M. malade était assisté à

Erlang avec sa fe et 2 enf. (Msc. Court 17 S). - 6. Il semble y avoir

exercé le métier de menuisier (A. Berlin, reg. Bréhé, CH Béringuier).

- 7. Diétérici 1698 p. 103. — Gén. I Pierre Mauran, blancher, de la Fe-


LES RÉFUGIÉS DU PAYS CASTRAIS 65

Maurel. — Jean Morel,de Castres, est reçu habitant de Genève en sept. 15721.

Charles Maurel sieur du Salvan, d'Anglés, servit comme capitaine dans l'armée prussienne et mourut à Berlin en 17332.

Renée Maurel, femme de Jacques Oulés pasteur d'Anglés, se réfugia avec son mari en Angleterre 3.

Pierre (dit Céphas) Maurel, cardeur de laine, quitta Castres en 1724 laissant plusieurs enfants 4,

Jacques Maurel, marchand, de Revel, et sa femme Gabrielle Rey, émigrèrent vers 1686; mais ils étaient de retour en 16895.

David Maurel, marchand toilier, de Revel, émigra avec sa femme avant 16886; en septembre 1698, il était assisté, avec sa femme, ses trois enfants et sa soeur, à Vevey où il était autorisé à résider7.

Jean-Jacques Maurel, chirurgien, de Rével, se réfugia 8 en Suisse. Le 26 avril 1688 il passait à Francfort, se rendant de Lausanne à Berlin 9.

Durand Maurel, tailleur, du Haut-Languedoc, réfugié en Suisse, se rendait en 1688 en Hollande 10.

nasse, ép. Marie Soult, dt : Jacques (1656) ép. à Castres 23 avril 1680 Jne Bardou, et Elie (V, 1657) ép. à Castres 9 mai 1681 Marg, Lafon dt 2 enf, — Jn Mauran, ouvrier en laine, ép. à Dublin 3 mai 1717 Fse Veigneur (Reg. égl. fr. Dublin).

Maurel. — 1. A. Genève. — 2. Erman IX 255. — 3. A. Hér. C 279.— Gén. I César Maurel sr de Combericard ép. v. 1615 Anne de Rouzet la Nogarède dt N. (br. A), Alex, (br, B), Olympe ép. 1853 Jn Olés sr de la Fontezié. Br, A II N. sr de Combericard ép. N. dt : Anne-Marie ép. 1669 Et. Mascarenc sr de Rivière, Marquise ép. Fs d'Houlez sr de Lagarrigue, Renée ép. av. 1672 J, Oulés. Br.' II Alexandre sr du Salvan ép, Anne de Seguin des Homs dt : 1° Charles sr du Salvan; 2° Marquis sr du Salvan ép. 1689 Is. Pomier, d'Espérausses ; 3° César sr de Combericard ép. v. 1688 Suz. de Seguin dt César (1690), Jean (1695); 4° Olympe ; 5° Honorée. — 4. A. Tarn, Relig. fug. — A. Hér. C 323, 325, 412, 473. — Gén.

I Pierre Maurel, sarger de Castres, ép. Antte Reyne, II Pierre ép. en 1res n. Marg. Alary dt Marianne, Anne et Isabeau, et en 2es n, 1720 Anne. Baux, fille de Jn papetier et de Marie Vidal, dt Joseph (f 1726).—5. A. Aude B 2083. — 6. A. Aude B 1970. — A. Hér. C 323, 336. — 7, Fiches bibl. prot. — J. Chavannes, Réf. fr, du pays de Vaud p. 34. — 8. A. Hér. C 274. — Il laissait un jeune fils. — 9. A. Francfort. — Gén. I David Maurel (f ap. 1687), apore à Revel, ép. N. dt Ant, q. s. et Jn-Jacques.

II Antoine (1660) ép. Marie Reverdy. III Jn-Jacques apore ép. 1729 Marie


66 REVUE DU DÉPARTEMENT DU TARN

Isaac Maurel, tailleur d'habits, de Caraman, émigré en Suisse avec sa femme 11, voulut se rendre en 1689 en Angleterre 12. Mais il habitait à Berlin en 1698 avec sa femme et un enfant 13.

Jean Maurel, marchand, de Caraman, était en 1698 à Berlin 14.

Jean Maurel, estaminier, de Réalmont, et sa femme Madeleine Combes, se réfugièrent à Berlin 15.

Maurice. — Pierre Maurice, protestant venant « des pays étrangers », fut arrêté en 1727 à St-Amans. Après être resté quelque temps en prison, il fut reconduit à la frontière 1.

Mauricot (?). — Pierre Mauricot, tisserand, de Réalmont, se rendait en 1687 de Lausanne en Hollande 1.

Maurié. — N. Maurié fils, de Castres, émigra après la Révocation 1.

Larroque (remariée avec Jn-pe Bertrand apore) dt Suzanne et Jean. — 10. Il passait à Francfort le 26 avril. — 11. Ils y étaient assistés en 1689 (Msc. Court 17 S, collecte de Hambourg), — 12. Il passait à Francfort le

6 août. — 13. Rôle gén. 919. — Dietrici 1698 p. 126. — 14. Dieterici 1698

p. 52. — Rôle gén. 319. — 15. A. Berlin, reg. Brehé, cité par H. de France p. 367. — Il faut sans doute identifier avec lui « Jean Morel, serger, du Languedoc », réf. à Spandau en 1700 avec un garçon (Rôle

gén. 1935. — Dieterici 1700 p. 356).

Les dlles Morel et Jne Pons furent conduites le 25 aout 1699, par ordre

de l'intendant, aux Ecoles charitables de l'Enfant Jésus à Toulouse (A . Hér. C 274).

Suzanne et Jean Maurel, de Revel, enfants de feu Jn-Jacques, furent

conduits, par ordre du 24 fév. 1744. l'une chez les Filles de la Croix de Lavaur, l'autre chez les Frères de la Doctrine chrétienne de Revel. Ce dernier fut ensuite placé chez un apothicaire catholique à Toulouse; ayant paru suffisamment instruit dans la religion catholique, il fut autorisé,

le 26 fév. 1753, à rentrer chez sa mère remariée (A. Hér. C 399, 408).

Maurice — 1. A. Hér. C 319, 412. Le comte de St-Floprentin dit dans une lettre du 2 août 1727 que « le 22 juillet on lui a écrit qu'on a depuis peu arrêté près de Castres les nommés Maurice et Rigaud, religionnaires

religionnaires venoient des pays étrangers. Sa Majesté a approuvé qu'après

les avoir gardes quelque temps en prison, ils soient reconduits jusques

sur la frontière avec deffenses de revenir sous peine d'estre punis sévèrement ». — Pierre Maurice, né à Kinsel en Irlande vers 1691, prétendait

prétendait parcourait la France pour chercher du travail; il était

est ropié d'un bras.

Mauricot (?). — 1. Il. passait à Francfort le 3 août.

Maurié. — 1. A, Hér. C 274. — A identifier probt avec Fs Mauriès.


LES RÉFUGIÉS DU PAYS CASTRAIS 67

Mauriès. — François Mauriès, marchand, de Castres, fit sa « reconnaissance » à Londres le 25 avril 16861.

Marie Mauriès, de Réalmont, veuve de Pierre Lalauze, se réfugia avec ses deux enfants à Amsterdam ; elle y mourut en 17322.

« Un garçon et une fille, fils de la nommée Jeanne de Jean Mauriès marchand » de Réalmont, émigrèrent avant 16973.

Antoine Mauriès, de Réalmont, fut, à l'âge de 17 ans, condamné aux galères, le 26 oct. 1754, par l'intendant de St-Priest, pour crime d'assemblée. Il avait été jugé par contumace et était passé en Hollande, d'où il revint quelques années plus tard. Il obtint le 29 octobre 1763 un brevet de rémission, et le 12 mai 1770 l'autorisation d'aller en-Languedoc et de demeurer où bon lui semblerait 4.

de Maury. — La femme de Marc-Antoine de Maury sieur d'Airoux (v. de Gineste) était établie dès 1694 à Vevey 1 où se trouvait aussi en 1696 sa fille Mme de La Valette 2.

Mauriès. — 1. Liv. Savoye, — 2. Bull. wal. III 71 — A. Tarn, Relig. fug. — Gén. I Jeau Mauriès, md de Réalmont, ép. 18 fév. 1644 Marie Rigail. fille de François past. à Vabre et de Cath. de Nautonier, dt e. a.: Géraud, François, Jean, Moïse ép. 1702 Is. Lalauze, Marie (r 16 mai 1732) ép. 1702 Pe Lalauze. — 3. A. Hér. C 274. — 4. A. Hér. C 237, 407, 442.— Fr. prot. 2° VI 305 n° 1453. — y. Cavaillès n. — Gén. I Jean Mauriès, bs de Réalmont, ép. Marthe Mauriès dé Boscal dt : 1° Antoine (v. 1737), qui devient sgr de la Boutarié, ép. en 1res n. v. 1770 Renée d'Espérandieu et en 2es n. 1778 Suz. Pradelles de Latour Dejean ; 2° Elisabeth ép. 1762 Hilaire de Mascarenc de Raissac; 3° Lse-Marie ép. 1762 Jn Barrau. — Un Barthélémy Moriès, sa fe et 3 enf., passaient à Lausanne le 5 avr. 1703 (Fiches bibl. prot.).

de Maury. — 1. Cnde Larambergue. — Fiches bibl. prot.- Gén. I Bernard de Maury sr de Lespinan ép. Jude de Salvignol. II Marc-Antoine sr d'Airoux (près de Gastelnaudary) ép. (Mimard nore 20 oct. 1655) Marthe de Gineste dt : N. (-j- 1684). mort au service, Jean sr de Roullens et Claire ép. N. sr de la Valette. — 2. Ainsi que sa nièce Mme [Terson] de St-Sernin et, en 1698, un neveu et 2 nièces (Fiches bibl. prot.).

Le sr d'Airoux abjura sans trop de façons et pratiqua sa nouvelle religion avec assez de zèle pour mériter une pension de 600 1.; mais sur son lit de mort (2, oct. 1698), il déclara vouloir mourir de. la R. P. R. Ce fut un gros scandale qui parvint aux oreilles de Châteauneuf et du Roi. Bâville condamna sa mémoire le 4 novembre et ordonna la confiscation de ses biens qui furent donnés au sr de Seran, neveu du sr d'Airoux, mais après prélèvement de 300 1. pour l'achat et l'entretien d'une lampe


68 REVUE DU DÉPARTEMENT DU TARN

Maury. — Jean Maury, bonnetier, du Haut-Languedoc, se rendait en 1688 de Lausanne en Brandebourg 1.

Mauzy. — N. Mausy, de Montredon, émigra après 1685 1.

N. Mauzy, orfèvre, de Castres, se réfugia à l'étranger avant la fin du XVIIe siècle 2.

N. Mauzy, de Lacrouzette (?), sortit de France avant 17023.

David Mauzy, de Lacrouzette, émigra pour cause de religion 4.

Françoise Mauzy, de Lacrouzette, était fugitive avant 16885.

Jean-Jacques Mauzy, de Lacrouzette, étudiant en 1664 à l'académie de Puylaurens 6, fut pasteur à Osse en Béarn (1667-1671 ) 7, puis à la Tremblade. Il s'embarqua avec sa famille, le 30 nov. 1685, pour gagner l'Angleterre 8. Il devint en 1686 pasteur à Barnstaple, où sa fille Françoise et sa veuve étaient assistées en 170910. Cette dernière recevait encore des secours, en 1717, sur les fonds des libéralités royales 11.

Mauziès (?). — David Mauziès, de Castres, a ses biens en régie en 17431.

Maynié. — François Maynié, passementier, de Castres,

émigra 1 et était assisté avec sa femme à Genève en 16982.

d'argentà mettre dans l'église, et de 4,000 1. destinées à l'érection d'une prébende dans la cathédrale de St-l'apoul (A. Hér. C 191).

Maury. — 1. A. Francfort. — Il passait le 12 avril a Francfort.

Mauzy. — 1. A. Hér. C 274. — 2. A. Hér. C 274. Ant. Mauzy sr du Bousquet, de Lacrouzette, eut la jouiss. de ses biens. — Il était parent, comme les suivants, des Mauzy de Puylaurens, qui descendaient de Jean

M. procr du Roi en la judre de Villelongue en 1610 et de Jne Pelras.—

3. Il était fils de Louis ( av. 1684) et de Fse Valeu dt les biens furent

mis en régie. — A. Tarn B 143. — A. Hér. C 324, 329, 336. — 4. A. Hér. C 316, 336. — A. Tarn, Relig. fug. — Il était propriétaire du moulin de la Resse sur le Lignon près de Lacrouzette, qui fut mis en adjon en 1753.

— 5. A. Aude B 1970. — 6. Nicolas p. 417. — 7. A. Cadier Hist. de l'égl.

réf. de la vallée d'Aspe. — 8. J. Fontaine Mémo d'une fam. hug. éd. de

Toulouse 1900, p. 113, 223, 312. — 9. Agnew II. — 10. Msc. de la bibl. de

la Soc. de l'hist du prot. fr. — 11. Proceedings 1. — Gén. I Jn-Jacques Mauzy (v. 1640) ép. Elisabeth N. (1647) dt : Françoise et Suzanne ép.

1702 André Majendie past à Exeter. — Une fam. Mausy, descendant de

réf. fr., est établie dans le pays de Neuchâtel (Bull. prot. 1860 p. 479)

Mauziès. —1. A. Hér. C 323, 336. — Lire peut-être Mahuziès. Maynié. — 1. A. Hér. C 274? 316. — 2. Ass. Genève.


LES RÉFUGIÉS DU PATS CASTRAIS 69

du Maynis. — Le sr du Maynis, de St-Amans, fut condamné à mort par contumace le 18 déc. 1697 pour crime d'assemblée 1. Il avait dû émigrér.

Mazat. — Etienne Mazat, marchand, d'Espérausses, se rendait en 1688 de Lausanne en Brandebourg 1.

Mazoyer. — Abraham Mazoyer, de Caraman. est assisté à Genève en 17061.

Mélier. — César de Mélier, de Roquecourbe, devint officier de l'armée anglaise. Il s'établit en Irlande avec sa femme Rose de Nautonier-Castelfranc, eut à Dublin 4 enfants de 1700 à 17082 et mourut à Portarlington en 17342. — Son frère Abel fut naturalisé Anglais le 15 avril 16873. — Leur soeur Esther, veuve de Jacques Dumas, était fugitive avant 17134.

du Maynis. — 1. A. Hér. C 176, 310. — V. Barthés n. Mazat. —. 1. A. Francfort.— Il passait à Francfort le 6 mars. Mazoyer. — 1, Ass. Genève.

Mélier.— 1. A. Hér. C 318.— 2. Reg. des égl. fr. de Dublin et de Portarlington. — 3. Agnew II. —Test de sa mère (Soultz nore à Roquecourbe 20 fév. 1692). — 4. A. Hér. C 323, 336, 340. Son parent le sr de St-Germier réclamait ses biens en 1726. — Gén, I N. Mélier, bs de Roquecourbe, père de Jn(br. A) et d'Ant. (br. B). Br. A II Jean bs ép. Mad. de Nautonier dt : 1° César q. s.; 2° Abel sr de la Rivière; 3° Esther ép. en 1res n. 1681 Jér. Boisset et en 2e? n. (Griffolières nore à Roquecourbe 8 fév. 1702) J, Dumas av.; 4° Charlotte (1662); 5° Marguerite. III César (f 8 juill. 1734) sr de Combemajou ép. Rose, de Nautonier-Castelfranc dt : Aldonce-Madeleine (1700), Elisabeth (1704), Marguerite (1706), Esther (1708). Br. B II Antoine sr de Lapeyretié ép. Suzanne Pénavaire dt Jn q. s.. et Anne ép. 1692 Ls de Toulouse-Lautrec-St-Germier. III Jean (1655) av. ép. Lse de Corneillan dt : Henri (1693-1763) sr de Labarthe cap, d'inf. nant Revel, Louis sr de Laroque, Suzanne ép. André Rech av.

Jean Mélier av., fils d'Antoine bs de Roquecourbe, est poursuivi, en 1686 pour avoir mal parlé du Roi et des édits, mais il est bientôt relâche (A. Tarn B 241). — En déc. 1716 Jacob Bonafous, bs de Vabre, âgé de 52 ans, était emprisonné à la Tour Caudière à Castres pour avoir fait courir le bruit que depuis le 15 nov. 1715 l'Edit de Nantes était rétabli (A. Hér. C194).

A,nne de Mélier. fe de Ls de Lautrec-St-Germier, fut reléguée vers oct. 1699 à Gaillac (Cu Ls de Juge) :

Jn-André Mélier de Labarthe, de Revel, fils d'Henri, est à 13 ans, par ordre du 29 sept. 1743, enfermé au collège des jésuites de Toulouse ; il est libéré par ordre du 17 déc. 1746 pour pouvoir rejoindre le régt de Touraine où il a obtenu une lieutenance (A. Hér, C 400, 417, 430).


70 REVUE DU DÉPARTEMENT DU TARN

Mercadier. — Jean Mercadier, cordonnier, de Réalmont, était hors du royaume en 16971.

Mercier. — Etienne Mercier, laboureur, de Caraman, se

rendait en 1688 de Cassel en Suisse 1,

Mestre. — Jacques Mestre, de Gastres, apprenti marchand à Montpellier en 1718, s'embarqua en nov. 1722 pour Alger où il fut agent de la Compagnie d'Afrique, puis s'établit en 1731 à Oran. Revenu à Castres en 1740 sans autorisation, il fut arrêté puis relâché. Il fut l'objet de tracasseries à l'occasion de son mariage 2.

Meynadier. — Jean Meynadier, horloger, de Négrin près de Mazamet, se réfugia en Allemagne. En octobre 1690 il faisait partie delà colonie française de Magdebourg 1. En 1698 il avait avec lui sa femme, sa soeur, son frère, son neveu, quatre ouvriers et une servante 2. En 1709 il était assesseur de la justice française. - Son frère Etienne était également horloger et faisait partie en septembre 1697 de la colonie française de Magdebourg 1. Il épousait dans cette ville le 4 janvier 1701 Marié Expert, de Puylaurens 3.

Mercadier. — 1. A. Hér. C 274.

Mercier. .— 1. A. Francfort. — Il passait à Francfort le 8 mai.

Mestre. — 1. A. Hér. C 208.— A Oran, de concert avec le vice-consul français Dedau, il avisa le cap.-gal de la marine espagnole de l'abandon dé la place par les Maures et contribua ainsi à son succès. — Par ordonnance de l'intt du 29 nov. 1740, il fut autorisé à rester dans le Languedoc à condition de professer le catholicisme ; il l'ut remis en liberté

peu de jours après, par le subde de l'intt. — 2. Il s'était fiancé en sept.

1740 avec Suz. Moulin et fit acte extérieurement de catholicisme, mais ne put sans doute obtenir la bénédiction nuptiale sans abjuration préalable. Il s'adressa alors en 1742 à Fauroux curé de Mérigou (cté de Foix), comme d'ailleurs plusieurs protestants castrais : Michel Faragou et Suz. Abos, Pe Bruguière et Marg. Raynaud de Castres; J. Bressolles et Rose Viala de Roquecourbe ; Math. Goure lieutt de juge de Lacaze et la fille de Salvetat teinturier de Castres ; Jn Auroux de Revel md à Castres et Suz. Condomy mde chamoiseur; Vidal bs de St-Paul et Anne-Rose D. de P. du Grés (A. Hér. C 425). Mais le Parlt de Toulouse déclara nuls ces mariages clandestins. — Mestre s'établit ensuite qq. temps avec sa femme à Montpellier pour y faire réhabiliter son mariage, mais éprouva beaucoup de difficultés (A. Hér. b 431, G 42).

Meynadier. — 1. Tollin. — 2. Dieterici 1698 p. 306 ; Rôle gén. 2971.

— En 1703 Il avait avec lui une nièce et un seul apprenti , en 1710 il est seul avec sa femme et une servante (Tollin). — 3. En 1710 il avait 3 en-


LES RÉFUGIÉS DU PAYS CASTRAIS 71

Suzanne Meynadier, de Mazamet ou de St-Alby, émigra pour cause de religion 4.

Une dlle Mainadié, de Mazamet, embrassa le protestantisme à Magdebourg le 1er décembre 17151,

Sara Meinadier, de Mazamet, avait ses biens en régie en 17435.

David Mainadié, horloger, de Négrin, épousa au Refuge

N. Danger; le 1er octobre 1731, il était reçu bourgeois de la

colonie de Magdebourg, Il en fut de même, un mois plus

tard, pour Etienne Mainadié, horloger, de Mazamet, âgé

de 30 ans, qui mourut l'année suivante 1.

David Meynadier, arquebusier, de Mazamet, se réfugia avec son frère en Allemagne, peut-être à Magdebourg, où sa fille Esther épousa le 14 juin 1705 David Régy marchand facturier 6.

Noël Ménadier, armurier, du Languedoc, était, en 1698, établi à Spandau 7.

Pierre Maynadier émigra pour cause de religion à l'époque de la Révocation 8.

Pierre Maynadier, de la Combe de Prades près d'Espérausses, émigra avec sa femme et sa fille avant 1688 9.

« Les sieurs Maynadier frères », fils du sr Maynadier Labèurgade, de St-Amans, étaient hors de France avant la fin du XVIIe siècle 10.

fants et 2 ouvriers (Tollin). — C'est sans doute avec Jean et Etienne M. qu'il faut identifier Jean et Jacques M. cités par Dieterici (1700 p. 247). et Isaac et Etienne. M. cités par Erman (V 314). — 4. A. Hér. C 318. — 5. A. Hér. C 323, 336. — 6. Tournier I 361. — 7. Dieterici 1698 p. 402. — Rôle gén. 1937. —8. A. Hér. C 311. Sa femme Jne Calvayrac eut la jouiss. de ses biens. — 9. A. Aude B 1970. — A. Hér. C 274, 277, 282, 297, 310. - Gén. I Jacques Maynadier, md de la Combe de Prades, ép. N, dt Juliette et Pierre ép. Marie Calvairac. — 10. A. Hér. C 274. « Le père, la femme et les enfants jouissent le bien », — II y avait vers 1685 à St-Amans un sr Daniel Labourgade ép. Is. Laudes avec plusieurs enfants.

« Meynadier, près de Castres », figure sur les listes des « personnes transportées dans les colonies françoises de l'Amérique » d'E. Benoit.— Il faut, croyons-nous, l'identifier avec « Pierre Maynadier, d'Espérausses », religionnaire errant, arrêté en 1687 (A. Hér. C 311).

Jn-J. Meynadier. coutelier de Négrin, âgé de 26 ans, qui avait assisté, avec son frère Jean, à l'assemblée du Baux sur les bords de l'Arn le 23 mars 1689, fut arrêté ainsi que Mathieu Balfét et ses 2 filles Jeanne et Suzanne, de la métairie d'Hauteriye près de Montlédier. Il fut con-


72 REVUE DU DÉPARTEMENT DU TARN

Mézérac. — Marc-Antoine de Mézérac prit du service en Angleterre et était en 1698 cornette dans le régiment de Miremont. Il s'établit à Portarlington, où sa première femme Charlotte de Parenteaude Ste-Maison mourut en 1731 et où il se remaria en 1732 avec Henriette de Condé (morte en 1756); il y mourut lui-même le 12 août 17481.

Mialhe. — Jean Mialhe, gantier, de Castres, émigré vers 16861 et s'établit à Dublin où il meurt en 16962.

« Sieur François Mialhe Lavergne, fils de feu sieur Danieb de Vabre de Sénégats en Languedoc, négociant », est admis à la bourgeoisie do Genève le 9 février 17123.

André et Léonor Mialhe, de Vabre, sont fugitifs au XVIIIe siècle 4.

La femme de Jacques Mialhe, de Vabre, condamnée en 1748 au bannissement, se réfugia en Suisse 4 (v. Raissiguier).

Antoine Mialhe, de Vabre, fut condamné par contumace aux galères perpétuelles par le marquis de La Fare, le 11 novembre 1726, pour fait d'assemblée 6. Il passa probablement à l'étranger 7.

Jean Mialhe, du Suqual, et Jean Mialhe, de la Daureillé (près de Vabre), furent condamnés à mort pour crime d'asdamné

d'asdamné gaières le 14 avril, par M. de Broglie; en 1698 il était embarqué

embarqué Marseille sur la Gloire; il fut libéré après abjuration par ordre

du 2 fév. 1701 (A. Hér. C 169. — Fr. prot. 2e VI 308. — A. Mar. B6 34

[Cn Fonbruhe Berbinau]), — Mathieu Escande, du mas del Puech, qui avait tenu de petites assées chez lui en février et fait les fonctions de

prédicant dans l'assés du 18 fév., réunie dans le bois de la combe d'Es-.

cande prés du roc du Sarralié (v: Ronnet n.), et dans celle du 23 mars

fut condamné par Bâvllle, le 14 avril, à être pendu sur la place de

Mazamet (A. Hér. C 169).

Mézérac, — 1. Reg. égl, fr. Portarlington. — Noua croyons; que ce

réfugié appartenait à la famille Alquier (v. ce nom). d'Angles.

Mialhe. — 1. A. Aude B 1970. — A. Her. C 277, 311, 316. — 2. Reg. égl.

fr. Dublin. — Gén. I Jean Mialhe (1658-25 juin 1696) ép. Jne Doul dt Gabriel (mars 1695-12 avril 1696). — 3. Moyennant 6,300 fl. (Covellé). —

4. A. Hér. C 323? 336. — 5. A. Hér. C 226, 430, 432, 482. — 6. D'apprès un

document (A. Hér. C 320), il avait été « condamné à étre pendu et le

fut en effigie sur la place publique » de Castres. — V. Alran n. — 7. A.

Castres de laine à Castre, obtint la jouiss. de ses biens. — En oct.

peigneur de laine à Castres, obtint la jouiss. de ses biens. — En oct.

1736, il demandait sa grâce que l'intendant n'était pas d'avis d'accorder

(A. Hér. C 419). — Gén. I Samuel Mialhe, de Vabre, ép. Is. Mialhe dt


LES RÉFUGIÉS DU PAYS CASTRAIS 73

semblée le 18 déc. 1697 ; mais ils avaient pris la fuite 8. Jean Mialhe, de Vabre, avait ses biens en régie en janvier 1699 9.

Milhau. — Daniel Milhaut, d'Angles, époux de Jeanne Campestres, d'Aumessas, est à Lausanne dès 16911.

Millavet. — Paul et Jean Millavet, de Castres, reçoivent à Genève un viatique pour se rendre en Suisse, l'un en 1698, l'autre en 16991 ; ils passent à Lausanne le 3 fév. 1699 2.

Pierre Millavet, de Puylaurens, était réfugié au Locle, en mai 1686, avec sa femme et une fille 3.

e. a. Antoine (1er mars 1699). — 8. A. Hér. C 176, 274, 310. — V. Barthés n.— 9. A. Hér. C 316.

Etienne Mialhe, tisserand de la Cayrelié près de Ferrières, âgé de 35 ans, est, le 14 avril 1689, coude par M. de Broglie aux galères, pour crime d'assemblée; il mourut à la peine (A. Hér. C 169. — Fr. prot. 2e VI 308). — V. Boulade n.

Jacques Mialhe, berger de la métairie de Montfahet près de Gastres, fut emprisonné à Ferrières du 27 déc. 1749 au 19 mars 1750, pour avoir assisté à l'assée du Gouty del Griffoul près de Castres le 16 sept. 1749 (Jne-Rose Lucadou et Marc Labarthe fils teinturier, décretés comme lui de prise de corps le 30 nov., se remirent dans les prisons du présidial à Montpellier les 5 et 15 janv. et furent libérés par ordres des 24 janv. et 3 fév.). Il fut de nouveau emprisonné à Ferrières de sept. 1751 au 18. fév. 1752 pour baptême au désert (A. Hér. C 227, 244, 2.49),

Judith et Marie-Esther Mialhe-Thémines soeurs, de Vabre, devaient, par ordre du. 5 juin 1761, être conduites chez les Dames régentes de Castres. La cadette fut mise en effet au couvent, d'où l'on refusait de la laisser sortir au commencement de 1772, sous prétexte qu'elle était trop jeune, qu'elle n'avait pas encore trouvé à se marier avec un catholique; elle reçut pourtant la liberté le 4 déc. 1772; — Quant à sa soeur Judith, âgée de 12 ans en 1761, elle avait été soustraite quelque temps aux recherches par sa grand-mêre Esther Gaches veuve Mialhe, âgée de 80 ans (laquelle fut reléguée à Dourgne jusqu'en novembre), et par ses oncles Mialhe-Labarthe de Castres et Durand de Paulinet (qui furent arrêtés et conduits le 1er dans la citadelle de Montpellier d'où il ne fut relâché qu'en novembre, et le 2e dans les prisons d'Albi jusqu'en décembre). Judith Mialhe ne fut remise aux Dames régentes, de Castres que le 16 oct. 1761 ; elle mourut le 13 juillet 1762 (A. Hér. C 406, 472. — A. HteGar. C 60).

Milhau. — 1. Reg. des sép. des Réf. à Lausanne. Ce : egistre mentionne le décès de deux de ses enf. en 1691 et 1692.

Elisabeth Milhau, de Lacaune, fille de Jean md de laine et de Louise Julien, est mise à 14 ans en 1761 chez les orphelines de Castres (A.Hér. C 406).

Millavet. — 1. Ass. Genève. — 2. Fiches bibl. prot. — 3. Dénombrement des Réf. fr. du Locle (1685-1715). — Il avait quitté Puylaurens en


74 REVUE DU DÉPARTEMENT DU TARN

Miquel. — David Miquel, de Briatexte, émigra avant 17001. Jean Miquel, chirurgien du pays castrais, passa à l'étranger pour cause de religion 2.

Molinier. — Jean Mobilier, tondeur de drap, de Mazamet, se réfugia à Erlang après la Révocation 1.

Jeanne Moulinier, de Castres, recevait à Genève en 1699 un viatique pour passer en Allemagne 2 ; en 1700 elle était établie à Berlin 3 et recevait asile dans l'hôtel du Refuge4.

Molles. — Marc Molles, de Castres, émigra après 17001.

Monsarrat. — Marie Monsarrat, de Roquecourbe, se rendait en 1688 de Suisse en Hollande 1.

Montbartier. — Jean-François de Montbartier fut enterré d,ans l'église wallonne d'Amsterdam le 16 juin 1751 1.

1672 avec sa femme pour s'établir à Rolle, pays de cette dernière (Pap. Pradel, d'après Fargues nore).

Miquel. — 1. A. Hér. C 274. — Un Jean Miquel, fils de feu David, de Briatexte, d'abord considéré comme fugitif, se convertit avant avril 1686 (A. Hér. C 310).—2. A. Hér. C 310. Il était fils de Jean sarger.

Molinier. — 1. Ebrard p. 156. — 2. Ass. Genève. — Dieterici 1700 p. 65.

— Rôle gén. 1507. — 4. Muret, Gesch. der fr. Kol. in Brandenb. p. 118. Jean Molinier (1724-16 avr. 1759), md facturier d'Hautpoul, fut condé aux

galères le 6 avril 1745 pour avoir assisté à l'assée de la Tourette, (v.

Berbadou); en 1746 il était embarqué sur la Fortune, il mourut à la peine (A. Tarn E 260; Relig. fug. — A. Hér. C 213, 318. — Fr. prot. 2e VI 309. — Cn Fonbrune-Berbinau).

Molles. — 1. Et avant 1723 (A. Hér. C 322, 323). — A. Tarn, Relig. fug,

Monsarrat. — 1. Elle passait à Francfort le 13 mai. — C'est sans doute la même Marie M., fille de David et de Cath. Tabariès, qui ép. en 1690 à Amsterdam Ant. Dupuy, de Vicq (Fr. prot. 2e VI 899).

pierre Monsarrat l'ainé, âgé de 52 ans, md de veaux, de Roquecourbe, pour sa participation à l'assée du 16 janv. 1746 de la Fon de la Clède près de Castelnau-de-Brassac, fut décreté de prise de corps le 12 fév.

— Il en fut de même pour Jn-Pe Mialhe, âgé de 12 ans, fils de Jean dit Berlassié, de Sablayrolles, et pour le fils du sr Gasc bs d'Espérausses. Mais, tandis que ce dernier ne put être arrêté, Monsarrat fut enfermé au chan de Ferrières le 24 fév., et libéré seulement le 30 août, et le jeune Mialhe, qui s'était remis le 8 mars dans les prisons du présidial à Montpellier, fut libéré le 12 mars (A. Hér. C 217, 219, 220).

David Monsarrat, garçon md chez le sr Vidalés près de la place à Castres, fut condé aux galères pari contumace le 11 oct. 1754 pour sa participation à l'assée tenue sur les bords du Pomard, près de Castres le 3 juillet (A. Hér. C 237. — Fr. prot. 2e VI 310). — v Bertrand.

Montbartier. — 1, Certif. du fossoyeur et de J. Astier écayer, comre du


LES RÉFUGIÉS DU PAYS CASTRAIS 75

Mordaigne. — Pierre Mordaigne, de Castres, émigre au moment de la Révocation1..

Un sieur Mordaigne, de Castres, meurt à Berne le 8 juillet 1694 2.

Mounot. — Jacques Mounot, marchand, de Castres, quitta la France en juillet 16871 et se réfugia en Suisse. Le 18 sept. 1688 il passait à Francfort se rendant de Lausanne à Cassel où il s'établit 2. — Ses petits-enfants Jacques et Jean-David , reçurent en 1700 à Genève 3 et à Lausanne un viatique pqur le rejoindre 4.

Pierre Mounot, de Gastres ou de Lombers, émigra pour fait de religion 5.

commerce de France en Holl., du 18 avril 1765 (Pap. Pradel). — Nous croyons que ce réf. se rattachait à la famille suivante: Gén. I Jean Bombartier Ou Monbartier md de Puylaurens, ép. N. dt : David md et Abel q. s. II Abel, dr en méd., régent des écoles pour le grec et le latin en 1644. ép. en 1res n. Esther de Rau dt Pierre lieutt d'inf., et en 2es n. Esther Galinier dt Jn q. s. III Jean (f 1741) ép. Marie Gaches dt Jean (i 1764) cap. d'inf. ép. 1722 Jne Lafon et Anne ép. J. Galinier. — Cette fam. était apparentée avec une autre du même nom existant au XVIIe s. à Castres, mais non avec les d'Astorg sgrs de Montbartier.

Mordaigne. — I. A. Aude B 1970, - A. Tarn E 1156. — A. Hér. C 274, 277, 316, 317. Il avait des biens dans les consulats de Paulin, de Grauval et de Rônel. Antoine de Rotolp de St-Martin avait en 1704 la jouiss. de ces derniers. — 2. A. Berne, reg. égl. fr. — Les Mordaigne de Castrés étaient originaires de St-Antonin. — De cette dernière ville partirent Pierre M. vers 1687, David M. md vers 1700, Marc-Ant, M. orfèvre vers 1695 et Durand M. apore (établis à Berlin), Daniel et Raymond M. (au service de l'Angl. en 1700). — Un Jacques M. passait à Schaffhouse le 28 déc. 1685.

Mounot. — I. A. Aude B 1970. — A. Tarn B 193. — A. Hér. C 274, 277, 282, 286, 310, 311, 324. — Il laissait en France sa mère vieille et aveugle, sa femme, un fils et une fille paralysée. — 2, A. Francfort. — 3. Ass. Genève. — 4. Le 19 nov. 1700 M. de Portes présente à la Direction des réf. de Lausanne ces 2 jeunes enfants « conduits par un guide et prie la compagnie de vouloir leur donner quelques secours ou de les vouloir garder jusques qu'on ait réponse de leur grand père qui est à Cassel » (Fiches bibl. prot.). - Gén. I Pierre Mounot, de Lombers, ép. 1639 Marie Golin (v.-1606f ap. 1686). Il Jacques, md à Castres, ép. 16sept. 1662 Marie Lavabre dt : H. q. s, et Marthe ép. J. Bayourte de la Fenasse. III Henri ép. en 1res n. 1686 Marie Cathala, fille de Daniel architecte et d'Esther Galibert, dt Jacques et Jn-David, et en 2es n. 1691 Esther Salvetat. — 5. A. Tarn B.143 ; Relig. fug. - A. Hér, C 316, 317, 323, 336. Sa fille eut la jouiss. de ses biens.


76 REVUE DU DÉPARTEMENT DU TARN

Mouret. — Pierre Mouret, de Castres, émigra pour fait de religion 1.

Moute. — Samuel Mouie, lapidaire, de Gastres, était réfugié en 1700 à Berlin 1.

Multat. — Pierre Multat, marchand, de Gastres, sortit de France au moment de la Révpcation 1.

Muratel. — N. Muratel, du pays castrais, émigra peu avant 17141.

Un Muratel, marchand, de Castres, quitta le royaume en 17242.

Mutuel. — Plusieurs enfants de Jean Mutuel, bourgeois de Castres, se réfugièrent à l'étranger : Abel revient en France en 16871 ; Suzanne 2 et Marie 3 passèrent en Hollande avec leurs maris Abel Pélissier et Bernard Escale. — Marie Ducros, veuve de Jean Mutuel., émigra aussi en 16924. (A suivre.) G. DUMONS.

Mpuret.,— 1. A. Hér. C 318. — Ses biens étaient encore en régie vers 1776, comme ceux e. a. de Marie Caraven.

Moute. — 1. Dieterici 1700 p. 1 (fam. de 4 pers.). — Erman V 301.

Multat. — 1. A. Hér. C 278, 297, 310, 316. — A. Tarn E 1156. — A. Nat. TT 239.— Gén. I Bastien Multat, de Dijon, ép. Anne Barry dt Jacques md

et Pe q. s. Il Pierre md ou «hoste» à Castres ép. (Bouffard nore 9 avr. 1650)

Is. Puech. III Jacques md ép. 1683 Jne Viala, de Réalmont.— Mainlevée

de ses biens (situés dans les consats de Castres, Cuq d'Albigeois, St-Salvy

et Puicalvel) fut donnée le 24 sept. 1688. Son fils en eut la jouissance.

Muratel. — 1. A. Hér. C 298. — Gén. présumée I Guillaume Muratel md

de Castres ép. Mad. Lavabre dt N. — 2. A. Hér. C 471.

Mutuel. — 1. A. Hér. C 274, 311. — Dans une requête à l'intt, de janv.

1688, Abel M. dit que bien qu'il « ait fait profession de la R. P. R. et qu'il se soit converty à la religion catholique, néanmoins sur ce que le suppliant estoit sorti du royaume, pour voir le païs, ou pour aller du costé

d'Italie avec un sien beau-frere, dans cet intervalle de temps ses ennemis

ennemis dénoncé prétextant estre led. suppt sorty du royaume pour

un mottif de religion, ce quy aurdit cauzé la saisie de tous ses biens » — 2. A. Tarn B 115. — 3. Bull. Wal. — 4. A. Hér. C 274, 278, 310, 316, 317, 323. — Gén. I Jean Mutuel, bs de Castres, ép. en 2es n. Marie Ducros s.

p.; il avait ép. en 1res n. Marie Galibern dt : Abel, Isabeau (1661) ép.

Isaac Risolières bs, Suzanne (1662) ép. Abel Pélissier, Marie ép. Bern.

Escalé, Antoine. — Un Mutuel, réfugié à Berne et fabricant de bas, offrait en nov. 1695 de prendre de jeunes apprentis (Fiches bibl. prot).


CAMPANULES & CAMPANILES

(SUITE ET FIN 1)

LA BEAUTE

L'univers devenait un socle diaphane Dont aucune vapeur ne tachait le cristal. Les constellations s'enroulaient en liane Autour de cet immense et serein piédestal.

Ce piédestal portait une Blancheur vivante Droite Comme un matin émergeant du sommeil Et dressant sur un pic la splendeur triomphante De son lis élancé, grandiose et vermeil.

Cette auguste Blancheur n'avait au-dessus d'elle

Ni lune, ni soleil, ni constellation.

Elle dominait tout comme la citadelle

De quelque merveilleuse et sublime-Sion.

Elle-même, là-haut, sur là courbe sacrée Où cessent l'étendue et là division, Etait son propre ciel, son astres, sa contrée, Sa robe de lumière et de perfection.

Sa robe, que jamais, n'effleurèrent les tombes, S'agrafait sur son sein d'un éternel saphir. Son sein semblait formé de toutes les colombes, Et de toutes les fleurs de l'idéal zéphyr.

Comme l'effusion verdoyante des saules Descend de leur sommet à l'herbe des vallons, Les flots de ses cheveux tombaient de ses épaulés En fleuves embaumés radieusement blonds.

(1) Voir Revue t. XXVIII, p. 58 à 69, 182 à 187, 336 et 337, 398 à 404 t. XXIX, p. 102 à 110, 229 à 233, 283 à 289 et 357 à 359 ; t. XXX, p. 85 à 89, 222. à 232, 311 à 314 et 365 à 368.


78 REVUE DU DEPARTEMENT DU TARN

Sur son front découvert aux arcades sublimes,

Ainsi que sur la faîte éclatant d'un Thabor.

Un temple de sagesse érigeait ses maximes ;

Comme de longs clocheis sonnant des cloches d'or.

Son oreille attentive écoutait l'harmonie

Que faisaient dans son coeur la germination

Et le jaillissement de la source infinie Dont l'océan de l'être était l'expansion.

Ses yeux, où surgissaient dans leur gloire natale

Tous les soleils levants de la réalité, Etaient si ravissants de grâce orientale

Qu'ils semblaient le noël de la Félicité.

Sa bouche souriait de ce sourire calme Qui sait le grand secret de l'être et de l'amour ; Et de ses doigs sortait la tige d'une palme,

Où le cercle des jours composait un seul jour.

Or, cette Vision où la neige des Cygnes Et le nimbe doré que l'aurore nourrit Se dressaient dans la forme et l'attitude insignes,

C'était l'Epiphanie humaine de l'Esprit.

C'était, voilée encor, la Substance suprême,

Qui se voit, se connaît, s'adore infiniment, Et, d'elle-même éclose, enclose en elle-même,

Elle-même est son miel et son enchantement.

Tout le beau que le monde, en son architecture, De la base au sommet, du germé à la senteur, Paraît comme copiae et comme créature,

Etait la comme type et comme créateur.

O la simple unité d'absolus innombrables ! La constellation de l'étoile Beauté !

L'antique Adolescente aux roses vénérables !

La Reine de l'aurore et de l'éternité !

GROUPE BLOND

O vous dont le pied pose à peine sur le sol

Comme si votre allure était la soeur du vol,


CAMPANULES ET CAMPANILES 79

Et dont la silhouette est rayonnante d'aube Comme si l'aube avait dormi dans votre robe, Comme si le soleil naissait dans vos cheveux, Jeunes Filles ! et vous, jeunes Aventureux Qu'emporte à travers champs un élan de conquête, Et dont le regard semble une ardente requête Aux collines, au ciel, à l'univers entier, D'aplanir leurs lointains et d'être le sentier D'où vos pas bondissants empliront la mémoire D'un retentissement de génie et de gloire ! Et vous, pâles vieillards fatigués des chemins, Qui cherchez en tremblant un appui pour vos mains, Et, faibles, déclinant comme un astre qui tombe, Vivez les derniers jours que vous laisse la tombe ! Regardez apprêtant vendanges et moissons Les épis panetiers, les pampres échansons ! Voyez l'activité des champs et des collines ! Bientôt, ouvrant les noix, cassant les avelines, Pour auberges ayant les arbres retombants, Pour nappes les gazons, les bruyères pour bancs, Savourant le printemps aux rayons dys abeilles, Vous mangerez l'automne en ses riches corbeilles. Alors, l'esprit en fête et l'oeil sur les rougeurs Décroissantes du soir, alors, ô Voyageurs Qui traversez le temps de vos pieds éphémères Et qui vîntes du sein et des bras de vos mères Dans les bras, sur le sein de la nature en fleur, Alors, vous qui passez avec le vent souffleur, La nue aérienne et les terrestres ondes, Alors, vous sentirez, dans vos âmes profondes, L'éternité surgir comme un matin vermeil, Alors vos yeux verront le suprême Soleil Grouper dans sa splendeur infiniment dorée Une humanité pure, innocente, sacrée, Arrachée au sol roux, transplantée au ciel bleu, Héritière, habitante et convive de Dieu !


80 REVUE DU DEPARTEMENT DU TARN

LES DEUX PATRIARCHES

C'était un vaste chêne où murmuraient les âges, Le roi de notre bourg et de ses paysages,

L'aieul de nos forets. A son pied, sur un banc,

L'après-midi, son maître, octogénaire blanc, S'asseyait, et, devant le soir qui, s'amplifie,

Méditait le déclin du jour et de la vie..

Son front paisible et beau comme une fin d'été Rayonnait de sagesse et de sérénité.

Sa mémoire, en plongeant dans les saisons passées,

N'y soulevait qu'un vol de candides pensées.

Il ne redoutait pas. le sépulcre béant.

Il y voyait éclore un splendide orient.

« Mourir, se disait-il, est doux et nécessaire. C'est fuir ce monde faux où le deuil nous enserre,

Joindre après une longue absence tous les siens,

Et recevoir sa part des véritables biens. »

L'azur le couronnait de sa sainteté bleue.

Il habitait déjà la divine banlieue.

Souvent je croyais voir, en m'approchant de lui,

Le Passé, l'Avenir, groupés dans Aujourd'hui,

Mon enfance, d'instants frémissante poignée,

De sa majesté calme était toute baignée.

Et cette majesté paraissait à mes yeux

Un grand chêne debout sur un tertre des cieux.

CAMPANULES ET CAMPANILES

Vous qui pour voir l'été sortez ingénument

De vos vertes cachettes,

Tiges au gracieux et souple enlacement,

Porteuses de clochettes,

Vous savez, quels que soient vos noms, volublilis,

Liserons, campanules,

Adimirer les lilas, les roses et les lis,

Sans être leurs émules


CAMPANULES ET CAMPANILES 81

Vous avez, cependant, de riantes couleurs,

Des lueurs irisées, Qui font de délicats diadèmes de fleurs

Aux colonnes brisées.

Si vous n'étoilez pas d'aériens azurs,

D'orgueilleuses futaies, Vous constelles nos seuils, ô Pléiades des murs,

Zodiaques des haies.

l'aime à vous contempler, dans le matin brillant,

Comme des armoiries Flottantes, des écrins touffus, éparpillant

Leurs molles pierreries.

Et puissent mes chansons, ô doux convolvulus,

Frères subtils des treilles, Clochettes qui bercée de grêles angelus,

Paraître vos pareilles!

Je voudrais que ce livre eût, au deuxième tiers,

Des sortes de calices Qui s'orienteraient, droits, robustes et fiers,

Vers les espaces lisses ;

Des sortes de clochers arrêtant leur essor

Comme pour redescendre Et pour venir flotter auprès des épis d'or

Et de la mousse tendre.

Ces poèmes seraient, par-dessus les langueurs

Des spirales graciles,... Comment les appeler ?... des campaniles-fleurs

El des fleurs-campaniles.

Sous le dôme infini de la sérénité,

Vos longues silhouettes Atteignent d'un seul jet, aux cimes de l'été,

Le chant des alouettes,


82 REVUE DU DÉPARTEMENT DU TARN

Les nuages légers qui volent au levant

Par un chemin bleuâtre,

Et qui sont le troupeau rapide dont le vent Est le rapide pâtre,

Campaniles ! Parfois un lis éblouissant Auréole vos pointes,

Et vous semblez alors des extases dressant Leurs mains blanches et jointes.

L'oeil aime votre élan, l'oreille aime le bond.

Des notes argentines

Qui s'échappent la nuit de vos cloches et vont

Annoncer les matines. Vos chants de fête sont un grand bourdonnement

Plein de vagues sonores

Dont la solennité majestueusement

Eveille les aurores.

O si ma voix pouvait, vers les cimes du jour Imitant votre geste,

Surgir toute et sonner aux échos d'alentour Un cantique céleste!

Pierre MOURGUÈS.


DOUS COUNTES EN DIALECTE ALBIGES

I a qualques jouns que mous joubes nebouts benguèrou me dire : — Ouncle Jean-Peire ! aouriès pas encaro qualque counte a nous dire, bous que ne sabès tantes ?

— Siètas bous aqui, liour respoundèri, e bous 'n countarei dous alloc d'un, per bous faire coumprene la soutiso des parents bièls quant se desfaou de liours bes per liours mainages abant de mouri.

PRUMIE COUNTE

Un brabe pages que, a forço de trabal, abiè mait que doublat lou benot que teniè de soun paire et èro debengut fort aisit, maridèt soun unique fil dins l'oustal ame uno bèlo-fillo sans berquieiro, mes bouno trabaillairo. De mainages arribèrou lèou, e praco la famillo bibiè urousoment de soun trabal sul be del paire demourat beous.

Aqui que un joun lou fil diguèt a soun paire : « Ma paouro maire et bous m'aimabes tant que me laissères marida ame uno fillo que tant m'agradabo, encaro que sans berquieiro. Coumo bous, abem trabaillat tant pla que poudiem, e lou be a crescrut e nous a dounat l'aisenço. Jamai bous siès pas paousat un moument ; mes aro seriè pla ouro que prenguèsses un temps de repaous. Lous droites sou grands e sabou trabailla ; douncos siem pla prou per tene lou be en boun estat. Se m'en boules creire, mettriès lou be sus moun counte et biouriès en bourgès sans bous inquieta de res. Series souègnat coumo un poulet garrèl et n'auriès pas qu'a bous passegea per bese las recoltos e ana as oufficis dimenches e festos.

« Pensas be que, seguiguen bostre exemple, serei capable de mena lou be ame bostres bous coussels ».


84 REVUE DU DÉPARTEMENT DU TARN

En coummencen, aprep acordi et dounatiou facho, tout anabo prou pla; mès, paoue à paouc, aco cambièt pla.

Lou paire que d'ourdinari teniè lou miech de la taoulo, passèt, de poussado en poussado, a la cimado. El que, d'ourdinari, serbissiè tout soun mounde, grands e pichous se besquèt be serbit a souri tour, mes paouroment et lou darniè. Finiguèrou per i faire quitta la taoulo e s'en anguèt se sièta sur un escabèlou e a mangea sus ginouls, calguen se leba per demanda a beoure. Se gardabou be de i rempli l'escudelou jusquos al bord ame de bi, e i passabou uno cassado d'aigo. Lou pa èro tengut naout sus uno poste ount lou paoure homme poudiè pas attenje.

L'abillabou pas mait de noou, e i fasioou pourta las bieillos bestos mal petassados. Lous souliès usats, i diguèrou que, quittent pas la borio, lous esclops èrou prou bous, e quant aquestes fousquèrou usats atabe, i diguèrou que n'abiè pas besoun de sourti de l'oustal et poudiè pla demoura descaous.

Pensas las souffrenços d'aquel paoure homme !

Un joun qu'un bièl amie lou benguèt bese, i countèt sous malurs.

L'amie i diguet : « Te troubarei lou remedi sans costi per « ieou que lou te fournirei, ni per tu.

« Besi dins lou crambil ount te sarrou un bièl coffre que « debiè serbi a ta fenno per sarra soun linge e sous abil« lomens. Es soulide e fermo pla. « Te pourtarei un sacou d'escuts, e, lou ser, pendant uno

« semano, countaras las pessos a l'éscur qualques cops de « suito, coumo se n'abiès tant e mait.

« Quitten lou crambil lou joun, clabaras pla coffre e porto « e sarraras las claous ». « La semano que ben, te tournarei bese, me rendras lou « sacou d'escuts e, ieou, en cambi, te laissarei de caillaous « que te pourtarei las poclios plenos e que tamparas pla « estroupats de paillo ou de fe dins lou coffre per que « rollou pas.

« Ieou partit, diras al fil e a la noro : — Efans, besi « desempiei pla loungtemps que bous soui uno grando


DOUS COUTES EN DIALECTE ALBIGES 85

« cargo. Ei fach mous coumptes e ei bist que pouiriè bioure « soul sans trop de geino. Douncos soui décidat a m'en ana « bioure soul sans mait bous geina. Aco me peno pla, al « sigur, mes bo farei per bostre be e promit ».

Fil e noro se diguèrou que lou paire abiè fach semblant de liour tout douna, mes que abiè gardat forço escuts que, se s'en anabo, liour laissariè pas al sigur per se benja, e decidérou de tout faire per que demouresso.

Lou paire se faguèt pla prega, mes demourèt et fousquèt souègnat alaro coumo se pot dire jusquos a sa mort.

Aprep l'entefromen del brabe orne, lous eritiès ajèrou

res de pus pressat que de durbi lou coffre dount lou

bièl abiè semenado la claou dins lou founs de la pousaco.

Un sarraillè benguèt per fourça lou coffre que, un cop

dubèrt, laissèt pas bese que lous caillaous.

Mès, al founs se troubèt une cordo nobo e soulido accoumpagnado d'un escrich que disiè : « Per amistat, ieou « abiè tout dounnat a mous descendents de moun bibent « e ne fousquèri pla malurous perço que me laissabou « manqua de tout. N'ei pas que la cordo que troubas « aici e lous caillaous. Aquelo cordo la lègui as parents « prou simples per ereire a l'amistat e al secours de liours « mainages ; s'en pouirioou serbi per se penja, pus Ieou que « de se desfa de liour be. Lous caillaous pouiroou serbi per « lapida lous ingrats. »

SEGOUND COUNTE

Dins aiceste counte abem affa a un paire baient coumo lou del prumiè, mes pus abisat, coump bo beirès.

Coumo l'aoutre èro un prou riche pages biben fort a l'aise dins sa prouprietat, beous, ame sa famillo : un fil e uno noro accoumpagnats d'un troupèl de droites e de drollos, grands e pichous, toutes de bèlo bengudo e fort aimables.

La noro abiè counserbat la jouissenço de sa berquieiro, e lou grand paire, ame lous fruches del be e qualque argent de capital, fournissiè a toutes lous besouns de la famillo fort Iarjornent.


86 REVUE DU DEPARTEMENT DU TARN,

Semblabo que i abiè pas res a faire que do countugna a bioure d'aquelo manieiro ; mes lou jouine couple fousquèt pas d'aquel abis e demandèt al paire de liour ceda lou be qu'eles goubernarioou, lou paire s'occupen pas mait de res.

Disioou que ne trabaillarioou pas que mait per poude fourni do berquieiros a las fillos e marida tabe lous drolles lous pus grands.

Lou bièl liour respoundèt : Me semblo pla que abès rasou, mes en aqueste moument de la sasou abem d'aoutros caousos a pensa : beirem aco un bricou pus tard, quant las recoltos seroou lebados.

Fil e noro se diguèrou que calliè prene patienço e se moustrèrou de l'abis del paire, al mens pel moument.

Erem alaro al bel printemps ount tout èro flourit e ount lous ausèls anisabou.

Un joun, lou grand paire diguèt al pus joube de sous pichous fils : « Beses sul la fourco d'aquelo branco de periè « un niou de cardines. Quant èri de toun age, culissiè lous « nious e elebabi lous cardinous. Monto al trast e troubaras « penjat a 'n un clabèl uno gabio a trabuquet. La descen« dras, grimparas al periè, culliras lou niou que mettrem « dins la gabietto ount lou paire e la maire bendroou ap« pastura lous cardinous. »

Aital fousquet fach, e coumo lou grand paire bos abiè dich, lou paire e la maire des cardinous apasturèrou, ço que amusabo pla lou droullet.

« Aro, diguèt lou grand paire, boou tendre lou trabuquet « de la gabietto e lou paire e la maire des cardinous se « troubaroou preses dins la gabio ».

Tout arribèt coumo èro estat dich, e paire e maire des aousèlous prisouniès dins la gabio, countugnabou de nouiri lous cardinous ame la grano meso dins la gabio pel grand paire.

Lous cardinous grandiguèrou e mangèrou souls. Alaro lou grand paire diguèt : « Aro m'en boou delarga lous « aousèlous e garda souloment lou paire e la maire que « cantou pla e que aouroou pas besoun de grano : lous


DOUS COUNTES EN DIALECTE ALBIGES 87

« cardinous, al sigur, liour pourtaroou prou a manja s.

Fil, noro, drolles e drollos se mettèrou toutes a rire. Un d'eles respoundèt al grand paire : « Pepi, bous troumpas « pla se cresès que lous pichous pourtaroou a manja as « bièls. Aco s'es pas jamaï bist; lous laissaroou creba de « fam. E toutes de dire qu'èro pla sigur que ço que se be« niè de dire arribariè ».

« Oh, oh ! respoundèt lou grand paire, aiço me douno a « réfléchi ! La demando que m'abès facho, de ceda moun « be amous mainages e que me paressiè rasounablo, bos es « pas mait, se lous fils debou pas nouiri lous bièls parents. « Douncos boou countugna de garda moun be e entre« tene touto la famillo del milhou que pouirei coumo pel « passat. »

Aqueles countes deboun esse bertadiès que dins lous

bouiages faches dins moun joubentun, lous. ei pertout

ausits dire.

G. TEYSSIER.


UNO VISITO 1 CORDOS(1)

Quicon que plai un cop passo lèu per coustumo.

Avem per bo prouva l'exemple das regents

Que dempèi Vau*, cado an, laissoun livres e plumo

E van, tout un dijaus, fa recerc de boun temps.

Douncos, aquesto annado, an voulgut vese Cordos. Lou trin, coumo toutjoun, lous pren de boun mati.

A Vindrac, s'avietz vist de rasigots de cordos E de fulhs de journal, un pauc tacats de vi, Laissais jous la banqueto, aurietz pougut coumprene

Que de paquets devion èsse estats desplegats

E que nostres amies avion pensat a prene Lou panet et l'ichau d'autre temps, mensounats*,

L'autobus coumandat lous ven querre a la garo

I montoun, se sèzoun. Mès a peno cadun Ven de se pla plassa, qu'un d'eles crido: « Ob' aro! » Cal que i aje toutjoun de malur per qualqu'un!

Uno damo qu'avio un gravil dins la boutino A paousat, en mountan, lou pè tout de travès E, de tres pans de naut, es toumbado d'esquino. Toutes, per la leva, se lançoun 'n faguen : « Jès !» Mès elo n'aten pas dins aquelo pousturo. S'acampa sans ajud, s'espousca vitoment, Palpa l'airal que dol, sauta dins la vuèturo, Per elo qu'es pas, vièlho, es l'afa d'un moument.

Per que renouncia pas a counta l'aventuro, Auatz dire, pèi qu'elo en rigan vous n' preguèt? Ei las ! per aco fa, nostro feblo naturo Se souven un pauc trop dal soulelh que piquet.

(1) Lous mots oundrats d'uno estèloto soun esplicats a la fi.


UNO VISITO A CORDOS 89

Mès nous arrestem pas a'n aquelo fadeso.

Diguem tout uniment qu'un cop dins l'autobus

La damo reçapièt, per èsse lèu remeso,

De vots cauts e courais e ne parlem pas pus.

Après lou demarrage, a travès Las Gabanos, Lou calfur lous faguèt passa coumo lou ven. E la pousco fasio de nibouls sus las planos, E las gens se dision : « Devoun perdre lou sen!» Mès la corno toutjoun cassavo cos e poulos Prou lèu ; de lèng avertissio lous carretiès, Lou mainucal descaus, lous trimardurs en groulos Tant pla que, coumo aco, sans fa de destautiès Angueroun libroment à cal sap cant à l'ouro E, dins un embelets, toutes nau descenduts, Sans ave pres lou temps de se demanda, couro. A la Boutelliariè se trouvèroun renduts

« Manco pas d'amaturs que van lèng a la quisto

D'agradius punts de visto. On ne vei s'estasia davant la bèlo mar

Ount lou ser, quand es clar,

Lou soulelh d'or se nègo

Dins las oundos d'azur

Que doussoment boulègo

Un aire toutjoun pur

« D'autres, pus amarvits, montoun sus las mountanhos

Per vese las campanhos Que, pes matis d'estiu, s'inoundou d'esclartat Ame l'soulhelh levat, Ou que metoun per vèlo,

— Aco depen das jouns, —

Las tubos qu'agrumèlo L'aire fresc das valouns. « Mès toutes an bel fa, bel estourri la bourso

A persiègre lour courso : Trouvaron pas enloc de paisages parèlhs Al qu'on a jous lous èlhs


90 REVUE DU DÉPARTEMENT DU TARN

Quand, dins la soulelhado, On agacho un mati, Cordos e sa countrado De sus l' trucal vesi.

« Dal biais que sus soun pioch tout soulet es crincado, La viloto rebèrto uno pèsso mountado Ount lous oustals serion coumo lous amellous Que lou pastissiè met sus la crousto glassado.

Lous envirous? Dirietz coumo uno counco ount lous bosques, las prados,

Las vinhos e lous camps de blat, Entrecoupais pertout de randuros oumbrados. Maridoun de coulous dount l'èlh es embescat

« De goustes azimats mesprèsoun lour bourgado

Ount res nou lour agrado. Van, sans i ruissi gaire, a travès l'univers,

Passan mars, mounts, déserts,

Glassos das climats freches,

Bosques piùsèls das cauts,

Gerca pus bèls endreches

Que lou lour. Lous nigauts !

« Es que dounc savoun pas que, clins cado carrièiro,

Cado oustal, cado pèiro Dal loc ount siem, nascuts, se vouliem l'escouta,

Pourrio nous detalha

De chapitres d'istorio

E nous dire lous dols, Las joios e la glorio

Qu'ajèroun lous aujols?

« Aquel defaut n'es pas lou defaut das Gordeses. De temouèns dal passat, d'eles fort pla coumpreses,

Lour disoun siaudomment de foronisa pas E de viùre lour vido ount lou sort lous a meses Jusco al trespas. A ! tabe soun devots a lours vièlhos muralhos,

A las portos de lours remparts

E i a pas de cantous, de mountets de peiralhos,


UNO VISITO A CORDOS 91

Sus tout lour pioch aimat, que nou lour siègoun cars. « Uno autro devouciù que tant pla lous aunoro

Es l'amour dal travalh. On lous vei pas souvent cancaneja deforo.

Lou que laisso lou talh

De soun perlait e flano

Es pla lèu mespresat.

Toutjoun cadun s'afano

Coumo s'èro pressat.

« Gardarem la menciù flatouso per las fennos.

Enloc, belèu, milhou qu'aici, Savoun pas partaja las joios e las penos De l'ome que l'amour a saput lour causi. Mès alaro, diretz, a que rimo la modo

De fa la festo das coucuts ? Aco's uno oucasiù de tauleja coumodo Per's qu'an peu qu'al falset mousigoun lours escuts; Mès lours amusoments soun d'abitudos presos Qu'entacoun pas en res l'aunou de las Gordesos. E d'alhurs, se i en a qu'ajoun fait un fals pas, Qu'ajoun laissat, un joun, coumo autres cops Helèno, Lour ome per un autre, efans, las jugem pas. Es que Jèsus ajèt mesprès per Matelèno ?»

Aital parlèt as nau regents un de l'endrech Que, fort aimabloment, per un cami destrech, Lous avio acoumpanhats al cap d'uno vinhoto Per lour fa countempla l'aspèc de la viloto.

Pèi visitèroun tout l'oustal ount lous goujats Van querre lou save. D'aqui, fort empreissats, Toutes dèch, per la costo, anguèroun, sans entorso, Vese las broudariès de Moussu Xaviè Gorsso.

Trouvèroun pla curious lou minuciùs travalh Que se fa cado joun dins aquelo fabrico Ount de cents e de cents agulhos sans dedal Manuvroun sans arrèst e coumo per fisico.


92 REVUE DU DÉPARTEMENT DU TARN

Après ave escoutat d'amplos esplicaciùs Dounados claroment per d'emplegats aimables, Faguèroun grand merces per l'aculh tant graciùs E, deforo, un diguèt: " Cal d'omes pla capables

Quand mèmes, per vous fa de talos invenciùs!"

Aro montoun pus naut. La porto de La Jano Es passado déjà, pèi que sus un prumiè

Lendal, lour guido, mostro ame l'bout de la cano L'utilhage coumplèt d'un mestre courdouniè Gravat artistoment per uno grosso pèiro. Mès i s'arrestoun pas. Seguissoun la carrièiro

Que lous meno as oustals de l'ancien falcouniè, De l'ancien grand venur, van vite a là coumuno Ount savoun qne veiran lou vielh livre ferrat, Croumpoun de vistos dal païs d'un sout caduno Et de timbres d'autant al burèu de tabat, Tournoun sus l' rairepè per passa jous la halo Dount lou pople en darisan a fait lusi la dalo, I remarcoun lou pouts das tres inquisiturs, Respiroun un moument l'aire pur sus La Brido, Jouissoun d'al cop d'èlh, regal das amaturs, E dintroun « Ciè Touèno ».

An l'estomac que crido De set e de talen. En s'espoungan lou froun Demandoun al garçou, lous unes de citroun, Lous autres quicon mait e toutes d'aigo fresco, Sans crenhe lou sanglas.

Mès, se beure refresco, Manja, quand es mietjoun, semblo que pot ana. Tabe, vite, al repic, toutes van dejuna.

O! tu qu'auras legit aiço, se vas a Cordos E se vos t'i paga boun repais pla servit, Que juscos al dissert t'aguse l'apetit,

Vai al « Hôtel du Nord » que ten Madamo Bordos.

Nous souvendrem toutjoun das tregans de Cerou Qu'entre tant d'aoutres plats pourtèt la servicialo.


UNO VISITO A CORDOS

Aurion, m'apensi pla, remplit uno gresalo ;

Mès de tarit qu'èroun bous, cujèt n'i ave pas prou.

Es pas nostro entenciù de fa fa de salivo A digus, en digan que tout sièguèt savrous E que, per azoulha, la rantelouso divo Oufriguèt a plen col lou vi vielh generous ;

Mès caldrio pas, tabe, qu'aco nous empachèsso De fa de coumpliments meritats a l'oustèsso, Subretout per l' pastis qu'ame l'fege dal guit Ou de l'aouco elo fa per la taulo e la vento.

Un cop que lou talen sièguèt un pauc vencit, L'agapo se faguèt de mait en mait plasento. Per rire, s'en countèt de toutos las coulous, Se diguèt un sermou*, se cantèt de cansous ; Anfin, un que, de cops, quand a lese, s'amuso

A targanha la Muso,

Se lebèt, toussiguèt. E, « Salut a Cordos», s'ou faguèt.

« Dempei que Ramoun VII a foundat ta bastido

Per metre a soun abric la campanho espourido

Per las crudèlitats das souldats d'Amauri,

As pla vist de gens naisse e n'as pla vist mouri.

As vist, de leng, Bauju rauba tout dins las pianos;

As vist, al foun d'un pouts d'al mens sincanto canos,

Jeta per tous parfèts tres capecins qu'avion

Cremado uno cataro e que deja voulion

Fa ço mêmes a'n un paisan de la countrado ;

As vist la libertat de pensa mourialado

Per l' Sant Oufici, l'an treje cent vingt e un,

Ame l'atte de fe dal dèch e nau de jun;

As vist paga per Jan part de rançou pla grando ;

As vist de Cazalhac luja 'me Vilandrando,

Routiè que coumbatio per l'avesque Daufi ;

As vist, dins tas parets, Louvisou, lou daufi


94 REVUE DU DÉPARTEMENT DU TARN

E, pus tard, lou barou de Paulin. Qu'un das dèus estustèt dins uno carrièirolo;

As vist lous courdeliès, Favarel, Palaprat,

Livra countro la pesto un vigourous coumbat

En pourtan as malauts un saluions veurage

Acoumpanhat de mots que dounavoun courage; As vist lou sapient Litre, un que, d'al cap as pès, Desoussavo cado an mait de cent macabès;

As vist... De qu'as vist mait? Pla de causos encaro

Que prendrion trop de temps per èsse dichos aro. Mès ço qu'avios pas vist, ço que veiras pas pus,

Belèu, es nau regents venguts en autobus

D'Albi, d'al cap d'al pount, per fa pauso a lour zèlo E festa dins toun se lour uniu fraternèlo. Gardaron bremboment de tas vielhos bèutats

E de tous ateliès al progrès counsacrats;

E dema, quand seron davant uno amo novo,

Per fa d'un drolle un ome, auron de tu la provo Qu'es as pès dal passat que grandis l'aveni.

Voli pas brindeja; mès avant de fini,

Vielh Cordos, laisso me fa lou vot que la lengo

Dal loupas qu'es lou temps jamai nou i endevengo

A lafra tas parets; que toutjoun tous amics

Siègoun, per te para, pus valents, pus ardits ! »

Countarièm be coussi se finiguèt lou viage;

Dirièm que vès Laguepio un segoun demarrage

Lous prenguèt coumo al miet d'un ven foulet d'estiu, Qu'abal, aco d'amies, demourèroun bel briu.

A bèure, sans langui, de galhac que rounsavo

Lou tap devès amoun al plafoun e brumavo; Ajustarièm qu'en barco, a travès l'Avairou,

Lou pus grand noumbre anguet maneja l'avirou,

Que dous, coumo de cats pauruts de la rivièiro. Aimeroun mait segui lou cami de l'aurièiro;

Pourriem egaloment prene ame eles lou trin;

Mès aco serio loung.

Metrem douncos un frin


UNO VISITO A CORDOS 95

A l'emvejo qu'auriem encaro de tout dire, E lous laissarem souls, a se distraire e rire.

FI.

Explicaciù das mots oundrats d'uno estèloto :

I. Dempei Vau : Allusiu a la « Relatiou dal Viaje de Vaou » per Xandrou dal Mas-Biel e Cbarlou dal Teouliè, que coumenço aital :

Un bel dijaus de jun, à l'albo, garo garo, Lous boueit rejens dal Cap dal Poun S'acaminavoun vers la garo. Après lour ave dit al passage un bounjoun, En lous vejen parti Tant mati, Lous Albijeses bounhouriès disiaou : « Cal sap ount diantre vaou ? — S'en vaou A Vaou », Sa digait un que. ne savio mait que lous aoutres ;...

II. Lou panet e l'ichau d'autre temps mensounats : Allusiu an aqueste passage de la « Relatiou dal Viaje de Vaou "

Aro que soun asseits, las cambos estirados, E que per langui pas countoun de galejados, Agajem ço qu'aou pres, plegat dins un journal, Per l'agremen dal viage en parten de l'oustal. Vaqui lou panetou d'un saout croumpat la veilho A coustat d'un ranquil de jus de vigno vieilho.

Tres rudellos de salcissat,

Un tindel de feje salat

Ame un cantelou de froumaje

Formoun lou simple coumpanaje Dal petit dejuna que, en attendent lou gros, Pensoun de l'estoumac estagna un paouc las bros...

III. Se diguèt un sermou : Lou sermou de Moussu de Plasolos.

CHARLOU DAL TEULIÈ.


GLANURES HISTORIQUES

Répertoire des titres et papiers de la terre de Castelraynal

qui sont dans les archives du château de Trévien

Registres. — Reconnoissances du Château vieux de Monestier en

faveur de noble Gabriel de Monestier devant Me Desfau, notaire de

Pampelone, 1542.

Reconnoissances du Château vieux en faveur de noble Guitard de Taurines decretiste de la dite terre devant Me Coste, notaire de Gramaux, 1545.

Reconnoissances de la terre de Castelraynal et Château vieux en faveur de noble Antoine Debar, seigneur desdits lieux comme donateur de noble Antoine de Monestier devant Me Charrens, notaire de Monestier, en 1566.

Liève et arpentement de ladite; terre faite par Blanc. Ladite année 1566.

Un ancien brevet de titres de la terre de Castelraynal.

Autre registre contenant des obligations et mémoires à la fin duquel il y a une vente de dix septiers quatre mesures de froment sur la maytérie de St-Chamaux, située dans la juridiction de Castelraynal et de Trévien, consentie par Bernard Estelhot. marchand de Monestier, propriétaire de la dite métayrie à Jeanne Grimaude, dame de Trévien, moyennant cent livres.

Registre de Reconnoissances de la dite terre de Castelraynal, Blaye et Pazounac, en faveur de noble Jean Dessales, seigneur des dits lieux et de Bar en 1608. Retenues par Tranier, notaire de la garde Viaur.

Autre reconnoissance de la dite terre de Castelraynal et Château vieux en faveur de Me de Lude, évêque d'Alby, seigneur de Castelraynal, devant Me Gailhaud, notaire à Monestier, en 1664.

Perche de la dite terre par Ferrasse, 1664.

Arpentement de la terre de Castelraynal, 1722, par Campmas.


GLANURES HISTORIQUES 97

Les reconnoissances de la terre de Castelraynal, par Gampmas, sont avec celles de Trévien dans le même registre.

Perche de Castelraynal et des fiefs de Lavoulp par Mercadier, 1758.

Les reconnoissances de la terre de Castelraynal, retenues par Gardonnel, sont dans le même volume que celles de Trévien, ainsi que les fiefs de St-Hipolis enclavés dans la terre de Trévien, en 1758.

Liève raisonnée de la terre de Castelraynal annexée à l'arpentement du perche 1758.

Liasse cottée A. — N° 1er. - Premièrement un contract d'accord et de partage de la seigneurie de Monestier entre Pierre Bouzon et Etienne de Padiès en 1208.

N° 2. — Contract de partage entre Etienne de Padiès et Pons de St-Privat en 1213.

N° 3. — Acte de réquisition fait par Géraud de Monestier, seigneur de Gadouls, au sgr évêque d'Alby, pour l'obliger à recevoir son hommage comme seigneur en partage du dit Monestier, ce que ledit évêque refusa parce que, dit-il, Béraud, évêque d'Alby. son prédécesseur, avait fait un traité de partage avec Raymond de Monestier en 1350.

N° 4. — Contract d'accord entre Jean de Monestier, seigneur de Trévien, coseigneur dudit Monestier, et Jean Dubosc, coseigneur de Monestier, en. 1429.

N° 5.— Achat fait par Henri de Saunhac, seigneur de Belcastel et de Padiès, de la terre de Castelraynal, peage du sel aux Gagets, Cramaux, Monestier et dépendances avec la prise de possession de la dite terre de Castelraynal, dans Monestier, par la porte appelée del Gastel; contenant aussi le serment de fidélité des Consuls et la confirmation de leurs privilèges le 13 may 1435.

N° 6. - Procès verbal fait par le juge d'Albigeois suivant lequel Jean de Monestier, seigneur de Trévien, était coseigneur du masage de Lanauze et de Monestier. Du 23 août 1437.

N° 7. — Vente faite par le cardinal Joffroy, évêque d'Alby, de la. terre de Castelraynal à Catherine Jaufrède et Antoine de Melun, du 23 juillet 1466.

N° 8. — Hommage rendu à l'évêque d'Alby pour certains biens jouis au delà de la rivière de Géret par Pons de Monestier en 1349.

N° 9. — Ratification faite par Cécile de Vergnes, veuve de André de Saunhac, de la vente de la terre de Castelraynal en faveur de Jean Joffroy, cardinal, évêque d'Alby du 3 may 1466.


98 REVUE DU DEPARTEMENT DU TARN

N° 10. — Transaction entre noble Gabriel de Monestier. seigneur de Trévien, et de noble Antoine de Monestier, son frère, par laquelle

ledit seigneur de Trévien baille audit Antoine la terre de Castelraynal

Castelraynal était engagée au seigneur de Taurines et le Chateau vieux de

Monestiés en 1550

N° 11. — Contract d'accord entre Jean et Louis dé Monestier, par lequel Jean cède à Louis la terre de Castelraynal, telle que noble

Arnaud de Monestier j'avait acquise de noble Antoine de Melan et

de Catherine de Jaufrède. Du 16 février 1509

N° 12. —Dénombrement par noble Arnaud de Monestier à Me l'évêque d'Alby de la coseigneur|ie de Monestier, 1461.

N° 13. — Transaction passée entre Béraud, évêque d'Alby, et Raymond

Raymond Monestier a rayson de la terre de Castelraynal qui appartenoit

appartenoit de Monestier et de la justice de la ville et baronie de Monestier qui appartenoit audit seigneur évêque, qui contient pour confronts ayee le ruisseau de Céret à commencer au pont de la Bastidette

Bastidette jusques au mazage dels Esteves et le mazage de

Bouzallié que tient Pierre Bernard de Carmaux et le mazage de

Vendeilhes avec les charbonnières jusqu'au ruisseau de Cérou plus

avec les moulins de Graulhet, et avec le chemin qui va vers Alby et

l'autre qui va à St-Hippoli. Du 13 mars 1319.

N° 14. — Transaction passée entre Louis d'Amboise, cardinal,

évêque d'Alby et noble Arnaud de Monestier, par laquelle ils renoncent au partage qui avoit été fait par leurs devanciers et chacun d'eux reprend sa portion de justice pour jouir en particulier, etc. ;

la portion d'Arnaud de Monestier est limité de la rivière de Cérou à

celle de Céret, au pont ancien de la Bastidette et à l'embouchure des dites deux rivières, suit la dite rivière; de Géret jusques aux terres des Estèves, juridiction de Carmaux, et lesdites avec lesdites

terres de Carmaux jusques au moulin de Pouls, et de là descend

par le ruisseau de Cérou jusques audit pont ancien jusqu'à moitié

rivière ; dans ce même acte l'évêque se réserve l'hommage à lui dû à raison de son église avec le droit des appellations. 1487.

N° 15. — Contract d'achat d'une maison et patus, jardin et four, seigneuresse de Castelraynal, 1467.

auprès de Lantour de Castelraynal, 1467

N° 16.— Transaction entre noble Gabriel de Monestier, seigneur de Trévien, dame Jeanne Grimaude sa mère, noble Simon Bertié et


GLANURES HISTORIQUES 99

sa fille, par laquelle il baille à la dite Grimaude, sa mère, la terre de Castelraynal à titre de rachat perpétuel, 1537.

N° 17. —Arrêt du Conseil portant renvoy au Parlement de Toulouse sur la distribution de la terre de la Guimerie, 1678.

N° 18. — Gontract de revente de la terre de Castelraynal par le sr de Taurines à noble Gabriel de Monestier. 1550.

N° 19. — Verbal d'un Commissaire du Parlement de Toulouse à l'occasion d'un différend entre le sr de Roquefeuil et le sr de Monestier pour raison de la jouissance de la. terre de Castelraynal, 1484.

Liasse cottée B. — N° 20. - Contract d'accord'entre Antoine et Gabriel de Monestier frères, à raison des droits légitimaires dudit Antoine en l'année 1550.

N° 21, — Petit patoc contenant des mémoires pour les péages de: Monestier, Carmaux et les Gagets.

. N° 22. — Quatre divers actes, le premier est la vente faite par André de Saunhac à Jean Joffredy, cardinal, dé la Tour de Castelraynal, de deux preds près la dite Tour, d'une maison dans le terroir de la Nauze et toute la justice haute, moyenne et basse avec tous les droits universels qu'il a dans la ville de Monestier par indivis avec les autres coseigneurs et toute leude. Du sel que le dit vendeur a dans les terres de Monestier, Carmaux et les Gagets, avec la moitié des langues des boeufs et des vaches, qu'il a droit de percevoir dans Monestier depuis la Toussaint jusqu'à la Noël ; Labouysse, Gil et Lavonlp, 1466; par le second extrait le dit Cardinal donna toute cette acquisition à Catherine Joffredy, sa nièce, 1466; parle troisième extrait le contenu cy-dessus fut vendu à Arnaud de Monestier 1479, et, par le quatrième on renonça à tout ce qui pourrait avoir été omis dans les précédents, année 1579.

N° 23. — Accord de noble Gabriel de. Monestier avec le sieur de Taurines auquel il est relaxé la seigneurie du Château vieux et four de Monestier, 1547.

N° 24. — Patoc qui prouve que le mazage de La Bouyssière est dans la juridiction de Castelraynal, et que le seigneur de Trévien avait des prétentions sur la justice de St-Chamaux.

N° 25. — Mémoire de certaines censives à Lichardié et au Suech, vendues par le seigneur de Labastidette an seigneur de Castelraynal, 1546.

N° 26.— Bail emphiteotique d'un jardin en dessous de Castelraynal sous la censive de deux boisseaux d'avoine en 1492.


100 REVUE DU DEPARTEMENT DU TARN

N° 27. — Reconnoissance du fief de La Cassagne près de St-Benoît,

1529.

N°28. - Un patoc de plusieurs lauzimes informes. N°.29. — Reconnoissance non signée du fief de Lespinatge. N°30. - Appontement du sénéchal de Toulouze pour le seigneur

de Castelraynal contre le collecteur du fief de Deymés. Du 13 juillet 1705.

N°31.- Ordonnance du sénéchal de Toulouse qui emempte les

hommagés de l'évêque d'Alby du ban et arrière-ban. 1639. N° 32. — Enquette faite par Pierre de Nupces, juge de Verdun,

pour noble Arnaud de Monestier, écuyer, contre autre Arnaud de Monestier, aussi écuyer et bâtard, à raison du rachat des mazages

de La Voulp, Minard, Gil et Castelraynal, 1503.

N°33. - Acte d'appel de l'ordonnance du sénéchal de Toulouse

et intimation dudit acte à la requête du cardinal Joffredy, évêque

d'Alby et Mre de Melun, contre le sieur de Roquefeuil, usurpant les

revenus de la terre de Castelraynal, qui avait été donnée à la nièce du Cardinal dans un contract de mariage avec Me de Melun. 1466,

N°34. - Copie de l'achat du péage de Gagets et des langues de

la boucherie de Monestier, par Pierre Rigaud, écuyer, à Guilhaume de Monestier, chevalier, de sept mille sous, en date des calendes de

juin 1265. N° 35. — Mémoire pour l'évêque d'Alby contre Me de Monestier,

à raison du péage des Gagets en deux pièces. N°36. - Autre mémoire et instructions à raison dudit péage avec un contract d'acquisition que le sr de Monestier fit du sr Bussera de

Toulouse, en 1560. N°37. - Contract de mariage en original de noble Jean de Monestier et Jeanne Grimaud, 1505.

N°38.- Lauzine et reconnoissance d'une maison dans Monestier,

Monestier, de La Vaysière, 1470. N° 39. - Etat des censives de Castelraynal.

N°40. - Mémoire a raison des limites de la terre de Castelraynal

Castelraynal les archevêques d'Alby. N°41. - Consultation de M. de Cabanes, pour le seigneur de Castelraynal

Castelraynal raison de la justice des fauxbourgs de Monestier que Me

de Giron lui contestait à cause de la seigneurie des Ferradous. 1653.

N°42. - Contract de vente de la terre de Castelraynal par noble

Gabriel de Monestier en faveur du sr de Taurines. 1640.


GLANURES HISTORIQUES 101

N° 43. — Précis de deux actes de ventes de la terre de Castelraynal en faveur du cardinal Joffrery.

N° 44. — Copie d'un arrêt du Conseil au sujet du péage du sel dans la baronie de Monestier 1707, poursuivie, par Me de la Berchère, archevêque d'Alby.

N° 45. — Mémoires au sujet du péage dans là baronie de Monestier.

N° 46. — Ordonnance du sénéchal de Toulouse qui prohibe aux officiers et fermiers de l'évêque d'Alby de troubler le seigneur de Castelraynal en la perception des droits de leude et péage de Monestier et Carmaux à peine de 25 marcs d'argent applicable au Roy en date du 3 octobre 1528.

N° 47.— Ordonnance du sénéchal de Toulouse qui ordonne le compulsoire des verbaux des nominations consulaires des consuls de Monestier, avec un patoc des nominations consulaires.

N° 48. Arrêt du Conseil qui renvoye la cassation de la saisie des biens du sr de Laguimerie, et distraction de la terre de Castelraynal à la quatrième chambre d'enquettes du parlement de Paris pour Me le duc de Lude, le 10 may 1678.

N° 49. — Inhibitions faites d'autorité du sénéchal de la part du seigneur de Castelraynal à Me l'évêque d'Alby, sans sa participation. 1414.

N° 50. — Autre mémoire au sujet du péage dans la baronie de Monestier pour le seigneur de Castelraynal,

N° 51. — Extrait de prise de possession de la terre de Castelraynal pour noble Arnaud de Monestier qu'il avait achetée de Me de Melun et de Catherine Joffrery, ces derniers de Me le cardinal de Joffrery, celui-ci de Me de Saunhac et ce dernier de Bernard Soubiran, vicomte de Paulin. 1479.

N° 52. — Un patoc contenant des lièves et cotizes de la terre de Castelraynal.

N° 53. — Hommage rendu par Géraud de Cadoule à Me l'évêque d'Alby. du Château et Valon de Monestier en 1350.

N° 54. — Bail à fief d'un patus et four auprès de la tour de Castelraynal. 1444.

N° 55. — Un contract d'achat de la métairie de Maraval fait par le sr Gailhard de Me de Giron dans lequel il est dit que la dite métayrie est située en partie dans la juridiction de Puellat en date de 1664.


102 REVUE DU DÉPARTEMENT DU TARN

N° 56. — Reconnoissances des fiefs de la Bouyssière, 1630.

N° 57. — Reconnoissances des. fiefs de Las Boulpatières, Puech

Delou et las Merchas. 1523. N° 58. — Reconnoissances des fiefs au Suech 1513 avec l'achat

des dits fiefs.

Liasse cottée C. - N° 59. - Un patoc contenant plusieurs lauzimes

lauzimes reconnoissances de la terre de Castelraynal.

Liasse cottée D. — N° 60. — Deux extraits informes de la vente

de la terre de Castelraynal consentie par messire du Lude en faveur Me de Caslelpers, 1680.

N° 61. — Partage de la terre de Blaye entre le Roi, noble Estot de St-Germain, pour être au nom de noble Antoine de Malevieilhe, Sicard Dariffat, Marguerite de Belefar et Pierre de Paulin. 1303.

N° 62. — Reconnoissance du fief de Majot dans la juridiction de Castelraynal. 1566.

N° 63. — Reconnoissance du mazage de Laflatié et de certaines

terres de Méjans en faveur de Gabriel de Monestier par indivis avec

Me d'Armagnac. 1541.

N° 64. — Reconnoissance d'un fief à Moures. 1545. N°65. - Hommage rendu à Bernard de Castanet, évêque d'Alby, de la baronie de Monestier, par Arnaud de Monestier en 1276.

N° 66. — Hommage, serment de fidélité fait et rendu par Raimond de. Monestier, seigneur de Castelraynal, Castelviel, Trévien et Almayrac, coseigneur de Monestier, à l'évêque d'Alby en 1341.

N° 67. — Autre hommage et serment de fidélité rendu par Raymond de Monestier à l'évêque d'Alby en 1336.

N° 68. — Reconnoissance du moulin de Groc de Monestier en 1532.

N° 69. — Echange entre le seigneur de Trévien et celui de Carmaux devant Serres notaire du 12 juillet 1773.

N° 70. — Bail à ferme du four banal de Monestier en faveur du nommé Raynal du 24 novembre 1767.

N° 71. — [Na Il conste par toutes ces pièces qui sont remises à la liasse, que cet article est totalement payé et consommé.] Contract d'acquisition d'une maison, grange, patus et chenevière au fauxbourg de Blonestier et au fond du Foiral consenti par Guilhaume Barthélemy en faveur de Me le vicomte de Puységur du 20 janvier 1774 pour la somme de 1050.


GLANURES HISTORIQUES 103

Plus deux quittances concernant des payements faits à la décharge dud. Barthélémy en diminution du prix de la dite vente pour 200 1.

Ne 72. - Copie des contracts concernant l'amortissement de la rente de 75 1. que M. de Puységur a acquis du sieur Massabiau en date du 5 août 1773. — Plus la quittance des droits de lods par le Chapitre Sainte-Cécile.

N°72 bis.- [Na Le 3 janvier 1779 devant Cardonnel, notaire, quittance finale de 2,000 l. en capital qui était dû pour l'objet en comte au sieur Massabiau.]

N°73. — Extrait d'acte de bail à locatairie du moulin de Bertrand et dépendances sous la rente de 129 l., droit de mouture etc. Retenu par Gardonnel, notaire, le 4 novembre 1763.

[E. BECUS.]


CHRONIQUE

-Le Journal officiel du 18 avril 1914 publie la liste par département

département immeubles classés parmi les monuments historiques avant

la promulgation de la loi du 31 décembre 1913, en exécution du paragraphe 2 de l'art. 2 de la dite loi. Voici l'énumération de ces monuments en ce qui concerne notre département :

Albi. — Cathédrale Sainte-Cécile ; — Eglise Saint-Salvi ; — Palais

de l'Archevêche; - Maison de Viguiers; - Fontaine avec groupe

d'enfants et de dauphins, dans le parc de Rochegude. Ambialet. — Chapelle du prieuré.

Bastide-Rouairoux (La). — Dolmen du Pic-de-la-Cante ou de Las-Tres-Peyrosy.

Burlats.-Ruine de l'église. Campes. - Croix du quinzième siècle.

Castelnau-de-Lévis. — Ruines du château.

Cordes. — Maison dite « du Grand-Veneur » (aujourd'hui hôtel de ville); — [Façade de la maison Séguier dite " du Grand Ecuyer";

- Façade de la maison Fonpeyrouse (ancienne maison d'école); -

Porte de ville dite « des Ormeaux » et les deux tours dont elle est flanquée; — Porte de la Jane. Etendue du classement : le parement extérieur (face et retour sur le passage d'entrée) des parties suivantes : tours Est et centre de la porte avec la portion du bâtiment et de

l'échauguette qui la surmontent; - Croix, fer forgé et doré (prês

les halles).

Graillac. — Eglise Saint-Michel. Lacaune. — Fontaine ; — Menhir.

Lavaur. -Eglise Saint-Alain.

Lescure. - Eglise Saint-Michel; - Tour de l'Horloge (ancienne

porte de ville).

Lisle-d'Albi. - Eglise. Penne. — Ruines du château. Rabastens. - Eglise Notre-Dame du Bourg. Roussayrolles. - Dolmen. Sainte-Cécile-du-Cayrou. - Dolmen " du Verdier " au lieu dit « Laspeyres ».


CHRONIQUE 105

Sorèze. — Clocher de l'ancienne église Saint-Martin. Tanus;- Eglise Notre-Dame de Lasplariques. Vieux. — Eglise.

Vindrac. — Croix de chemin, pierre, quinzième siècle, au hameau des Fargues.

- Par décision du 21 janvier 1914, M. le Sous-Secrétaire d'Etat des Beaux-Arts vient d'accorder les oeuvres d'art ci-après pour la décoration de la mairie de Lacaune.

« La République », buste plâtre, d'après Injalbert.

« Le Cimetière de Saint-Privat », gravure par M. Fraipont, d'après A. de Neuville.

« Les derniers rebelles », gravure par M. Quarante, d'après Benjamin Constant.

« Le Champ de blé », gravure par M. Masses d'après Constable.

~ Par décision ministérielle du 28 février 1914, l'ouvrage d'art ci-après désigné vient d'être attribué, à titre de dépôt, au musée de Lavaur : « Mare dans la forêt de Fontainebleau », peinture de M. Gustave Garaud.

— Une bibliothèque populaire vient d'être créée à Graulhet. Le Comité d'inspection et d'achat de livres de cette bibliothèque a été composé ainsi qu'il suit, par arrêté ministériel du 4 mars 1914:

MM, Andral, Julien, administrateur, du Bureau de bienfaisance ; Guiot, Julien, industriel ; Garayon Joseph, employé à la Caisse d'épargne ; Combes, Joseph, industriel; Laroche, Paul, directeur d'école; Avérons, Cassius, conseiller municipal; Gaffié, Charles, administrateur de l'Hospice ; Roucayriès, Louis, administrateur de l'Hospice ; Mauriès, Edouard, adjoint au Maire ; Peyruc, Joseph, administrateur de l'Hospice.

~ Au cours de la séance tenue le 6 mars par l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres sous la présidence de M. Châtelain, M. Marcel Dieulafoy a offert à la Compagnie, de la part de M. l'abbé Birot, archiprêtre de la cathédrale Sainte-Cécile d'Albi, un exemplaire du bel album, récemment édité par la maison Lasalle, de Toulouse, et où ont été reproduites les peintures murales qui décorent l'intérieur de la cathédrale.

~ Par décision du 28 février 1914, M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts a autorisé la restauration de l'église de Lisle-sur-Tarn, classée au nombre des monuments historiques du département. La dépense autorisée s'élève à la somme de 13,691 fr. 42 c. et sera couverte par l'Etat, la commune et le département.


106 REVUE DU DEPARTEMENT DU TARN

~ Le Tarn à Paris (20e année, n° 202, mars 1914) publie le récit du Déjeuner de la Société des Gens de Lettres et du Punch d'honneur du Tarn à Paris, donnés le même jour (14 février 1914) à l'occasion de la nomination de notre compatriote Abel Deval (Boularan), directeur de l'Athénée, au grade de Chevalier de la Légion d'honneur.

Le même jour le personnel des finances du département des Bouches-du-Rhône fêtait dans un magnifique banquet, la remise à notre compatriote M. Charles de Larivière. trésorier payeur général des Bouches-du-Rhône, régent de la Banque de France, des insignes de Chevalier de la Légion d'honneur.

Nous joignons nos félicitations à celles que nos deux compatriotes ont déjà reçues.

Félicitations également à nos confrères de la Société des Sciences, Arts et Belles-Lettres du Tarn, MM. Léon Belot et Emile Rieux qui viennent d'obtenir la rosette d'officier de l'Instruction publique.

Nécrologie :

— On annonce la mort, à Réalmont (Tarn), de M. Combes, ancien manufacturier. Il avait appartenu à la vie publique en qualité de maire de Burlats, de conseiller général de 1863 à 1887 pour le canton de Roquecourbe et de député de la première circonscription de CasIres. Elu une première fois en 1876, il avait été réélu au lendemain du 16-mai. Invalidé, il fut réélu, mais ensuite il fut battu par l'ancien préfet du département, M.Thomas, au renouvellement de 1881.

— Le 4 décembre 1913, est décédé à Albi, à l'âge de 75 ans,

le comte Alphonse de Touluse-Lautrec-Montfa, ancien officier de Le défunt était le père du peintre Henri de Toulouse-Lautrec.

lanciers, chef de la branche cadette de l'illustre maison de Toulouse.

- La Société des Sciences, Arts et Belles-Lettres du Tarn vient

de perdre un de ses membres fondateurs et la Revue du Tarn un de

ses fidèles amis. M. Emile Hess, architecte honoraire du département, ancien président de la Société des Architectes du Midi, est

décédé à Albi le 4 février 1914. Ses obsèques ont eu lieu à Albi, le 7

février. Le deuil était conduit par M. Gustave Muff, directeur départemental des services agricoles, neveu du définit. La Société des Architectes

Architectes représentée par M. Desmarets, ami personnel de M. Hess.

Comme on l'a dit le jour de ses obsèques, la vie de M. Hess peut se résumer en quelques mots, travail, probité, amour de son pays.

Originaire de Strasbroug, il vint très jeune à Paris pour suivre les

cours de l'Ecole des Beaux-Arts vers laquelle l'entraînait une irrésistible vocation. Pendant le cours de ses études, il obtint à diverses


CHRONIQUE 107

reprises des prix et des médailles et lorsqu'il eût conquis ses grades et ses diplômes, il sollicita un poste d'architecte-départemental.

Après un intérim d'un mois dans le Nord, il reçut sa nomination pour la Corse, où sa jeune activité fut mise à une si rude épreuve que sa santé fut un moment compromise.

En 1866, il acceptait les fonctions d'architecte du département du Tarn, qu'il exerça pendant près de trente années avec un zèle, une compétence, une équité, un esprit de justice que tous s'accordaient à reconnaître. C'est à lui que l'on doit l'Ecole normale d'institutrices au Castelviel et l'ancienne Ecole normale d'instituteurs, rue de Bitche à Albi, devenue depuis l'Ecole primaire supérieure et professionnelle de garçons. Sur tous les points du département les municipalités ont fait appel à son concours pour la construction de maisons d'école ou d'églises ; nombreux aussi sont les châteaux pu maisons bourgeoises qu'il a construits ou restaurés au cours de sa longue et laborieuse carrière. Son ardent labeur lui valut, de la part de ses confrères, la grande médaille d'or de la Société des Architectes diplômés du Sud-Ouest, distinction des plus flatteuses et à laquelle il fut très sensible. A l'heure de la retraite, il se prit d'une véritable passion pour les voyages et parcourut successivement la Suisse, une partie de l'Autriche, le nord de l'Italie, l'Espagne et. poussa jusqu'au Maroc. Il préméditait un voyage en Angleterre et une dernière visite en Corse lorsque la maladie vint le frapper. Mais rien ne valait pour lui son pays natal, l'Alsace, où pendant de longues années il alla retremper ses forces après ses mois de labeur.

M. Hess laisse une réputation incontestée de droiture, d'intégrité de caractère, de parfaite honnêteté. La Revue du Tarn lui adresse un dernier adieu et se fait un devoir de s'associer aux nombreux témoignages de sympathie qui ont été adressés de toutes parts à son neveu, M. Muff, directeur des Services agricoles du département.

Bibliographie :

~ L'Annuaire du département du Tarn pour l'année 1914 (administratif, statistique, historique et commercial), publié sous les auspices de M. le Préfet et du Conseil général vient de paraître. [Albi. Imp. Nouguiès, 1 vol. in-12 de 448 pages, terminé par la liste des commerçants et industriels des chefs-lieux de canton et localités importantes du département (72 pages) et une table des matières formant 11 pages.]

La partie historique comprend une notice de M. Portal destinée aux maîtres de l'enseignement primaire et indiquant les conditious dans lesquelles devrait être élaborée une monographie communale


108 REVUE DU DEPARTEMENT DU TARN

pour répondre au but poursuivi par la circulaire de M. le Ministre de l'Instruction publique du 25 février 1911.

- Albia Christiana. XIe année, IIe série, n° 31, 15 janvier 1914. — p. 5 à 33. Th. Bessery : Les guerres de religion des XVIe et XVIIe siècles dans la région de Lavaur. Ch. IV : De la paix de Fleix à la mort d'Henri III. 8e guerre civile (1581-1589). — P. 34 à 36. Glanures historiques. L. Barthe : Escoussens, droits et charges

charges la commune vis-à-vis de l'église paroissiale (XVIIe et XVIIIe siècles). Le domaine des Chartreux de Saïx à Escoussens, P. 37 à 51, Bulletin bibliographique.

N°32. 15 février 1914. P. 65 à 80. E. Thomas. Après les

guerres de religion : rôle pacificateur des évêques d'Albi et de

Castres. - P. 81 à 102. R.P. Antoine-Marie Oury, C.D. Histoire du couvent de Carmes d'Albi; vie intérieure aux XVIIe et XVIIIe siècles

siècles article). - P. 103 à 105. Glanures historiques : La confrérie

de Saint- Crépin ou confrérie des Maîtres cordonnier, érigée dans

l'église des Cordeliers, à Lavaur. Statuts du 27 décembre 1754 (E. Grayol). — L'ail dans le diocèse d'Albi avant la Révolution

(Dr Ch. Vidal). - P. 106 à 112. Bulletin bibliographique

N°33. 15 mars 194. P. 113 à 138. L. de Lacger : La chartreuse

chartreuse Saïx et son plus récent historien. - P. 139 à 150. Ed. Albe : Guillaume de Saint-Clair, chanoine d'Albi et doyen de Burlats,

Burlats, la cour d'Avignon, en 1392 : compte de voyage.- P. 151 à

164. L. de Lacger : Les pouillés du diocèse de Castres au XIVe siècle

— P. 166 à 173. E. Marty : Mémoires de l'abbé Gaubert, chanoine de Rabastens, curé de Saint-Pierre de Bracou et vicaire forain du

district de Giroussens (suite).

N°34. 15 avril 1914. P. 177 à 190. L. Bouyeron. Jean Coursières,

Coursières, déporté, mort à Sinnamari en Guyane, le 27 janvier 1799. Notice et documents.— P. 191 à 200. L. de Lacger. Les

pouillés du diocèse de Lavaur au XIVe siècle . - P. 201 à 211

Baron de Blay de Gaïx. Les origines de l'abbaye d'Ardorel au pays

Castrais. - P. 212 à 219. Glanures historiques: Dr Charles Vidal. Un compte d'apothicaire pour Mgr de Barral, évêque de Castres;

J.-B. Bouissière, Charles Guibert, curé assermenté de St-Pierre-deMarzens;

St-Pierre-deMarzens; de Lacger, Jean-Pierre Lambergot, gardien du couvent

couvent Cordelier de Lautrec (1736- 1813). - P. 220 à 224. Bulletin bibliographique. Louis Vigné. Chants d'espérance (L. de Lacger).

Lacger). J.-L. Riol. Le vignoble de Gaillac depuis des origines

jusqu'à nos jours et l'emploi de ses vins à Bordeaux (L. de Lacger).

Jules JOLIBOIS.


CONDITIONS DE L'ABONNEMENT

La Revue du Tarn paraît tous les deux mois, par livraisons de trois

à cinq feuilles de seize pages

Chaque année forme un volume terminé par des tables alphabétiques.

Prix de l'abonnement : 10 francs par an

Les abonnements partent du 1er janvier de chaque année et se paient d'avance; ils continuent, à moins d'avis contraire de la part de l'abonné.

Après le 1er mai, il est fait traite par la poste, avec augmentation de cinquante centimes pour frais de recouvrement, sur les personnes qui, à cette époque, n'ont pas encore payé leur abonnement.

ARCHIVES HISTORIQUES DE L'ALBIGEOIS

PUBLICATION PÉRIODIQUE DE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES. ARTS ET BELLES-LETTRES DU TARN

Fascicule 1er. — Cartulaire des Templiers de Vaour, publié pour la première fois

par MM. Ch. PORTAL et Edm. CABIE, avec introduction, table alphabétique des

matières et un fac-simile en phototypie, 1 vol. in-8°, XXIII-132 pages. Prix : 5 fr.

Fascicule 2e. de Batailler sur les Guerres civiles à Castres et dans le Languedoc, 1584-1586, publié pour la première fois par M. Charles PRADEL, avec Préface et Index des noms propres, 1 vol. in-8°. Prix : 4 francs.

Fascicule 3e.— Suite des Mémoires de Gaches, 1610-1620, publiés pour la première fois par M. Charles PRADEL, avec Préface et Index dès noms propres, 1 vol. in-8°. Prix : 1 fr.

Fascicule 4e. — Deux livres de raison (1517-1550) avec des notes et une introduction sur les Conditions agricoles et commerciales de l'Albigeois au XVIe siècle, par MM. Louis DE SANTI et Aug. VIDAL, 1 vol. in-8°. Prix: 12 fr.

Fascicule 5e. — Mémoires de J. de Bouffard-Madiane sur les Guerres civiles du duc de Bolian, 1610-1629, publiés pour la première fois, d'après le manuscrit original, avec notes, variantes, pièces et documents inédits, par M. Charles PRADEL, 1 vol. in-8°. Prix : 7 fr.

Fascicule 6e. — Droits & Possessions du comte de Toulouse dans l'Albigeois au milieu du XIIIe siècle, documents publiés et annotés par M. Edm. CABIE, avec introduction et table alphabétique des noms propres. 1 vol.in-8°. Prix : 5 fr.

Fascicule 7e. — Extraits de registres de notaires. Documents des XIVe-XVIe siècles

concernant principalement le pays albigeois, publiés par M. Ch. PORTAL, archiviste

archiviste Tarn, 1 vol. in-8°. Prix : 4 fr.

Fascicule 8e.—Douze Comptes consulaires d'Albi du XIVe siècle, par AugusteVIDAL, tome I, in-8°. Prix 6 fr.

Fascicule 9e. — Douze Comptes consulaires d'Albi du XIVe siècle, par Auguste VIDAL; tome II, in-8°. Prix: 6 fr.

EN VENTE: à Paris, librairie Alphonse PICARD, 82, rue Bonaparte; à Toulouse, librairie Edouard PRIVAT. 14. rue des Arts; à Albi, aux bureaux de la Revue du Tarn, 42, avenue Villeneuve. — Le 4e fascicule est également en vente à la librairie Honoré CHAMPION, 9, quai Voltaire, à Paris.

POUR PARAITRE EN 1914

F. PASQUIER. —Bofflle de Juge, comte de Castres (fascicule 10).

Ch. PORTAL. — Documents sur le commerce des draps à Lavaur au XVIe siècle (fasc. 11)

EN PRÉPARATION

Le livre des revenus du roi à Lavaur en 1272.

Chartes de la Commanderie de Rayssac.

Le Gérant, J. JOLIBOIS.

ALBI. — IMPRIMERIE NOUGUIÉS, 33, RUE DE L'HÔTEL-DE-VILLE


SOCIÉTÉS SAVANTES EN CORRESPONDANCE AVEC LA SOCIETE DES SCIENCES, ARTS ET BELLES-LETTRES OU TARN

Agen.— Société d'agriculture, sciences et arts de Lot-et-Garonne. Aix en Provence. - Bibliothèque universitaire.

Alais.— Société scientifique et littéraire.

Aurillac. — Société des lettres, sciences et arts « La Haute-Auvergne » Avignon. — Académie de Vaucluse.

Avranches. — Société archéologique, de littérature, sciences et arts des

arrondissements d'Avranches et de Moftain.

Bagnères de Bigorre.— Société Ramond.

Bayonne. — Société des sciences et arts.

Bèziers. — Société archéologique, scientifique et littéraire. Caen. — Société française d'archéologie.

Cahors.— Société des Etudes du Lot.

Cambrai.— Société d'émulation.

Carcassonne. — Société des arts et sciences. — Société d'études scientifiques de l'Aude. Chaumont (Hte-Marne). — Société d'histoire, d'archéologie et des beaux-arts. Digne. — Société scientifique et littéraire des Basses-Alpes. Foix. — Société ariégeoise des sciences, lettres et arts. Gap. — Société d'études des Hautes-Alpes. Langres. — Société historique et archéologique. Lille (Nord). — Bibliothèque universitaire. Lyon.— Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts. Marseille.— Société d'études psychiques. Mende.— Société d'agriculture, sciences et histoire de la Lozère. Montauban. — Société archéologique de Tarn-et-Garonne. - Académie des sciences, agriculture, belles-lettres et arts. Montbrison. — La Diana. Société historique et archéologique du Forez. Montpellier. — Société pour l'étude des langues romanes. — Académie

des sciences et lettres. - Société archéologique. Nancy. — Société d'archéologie lorraine et du musée historique lorrain. Nantes.—Société des sciences naturelles de l'Ouest de la France. Narbonne.— Commission archéologique.

Nîmes. - Académie du Gard.

Orléans. - Société archéologique de l'Orléanais.

Paris.— Comité des travaux historiques et scientifiques. — Comite des Sociétés des Beaux-Arts. — Commission du Répertoire de bibliographie scientifique. - Musée Guimet. - Société d'ethnographie. - Société de l'histoire du protestantisme français. — Société pour la protection des paysages de France.

Pau. — Société des lettres, sciences et arts des Basses-Pyrénées,

Perpignan. — Société agricole, scientifique et littéraire des Pyr.-Orientales. Poitiers. - Société des Antiquaires de l'Ouest.

Rochechouart. — Société des amis des sciences et arts.

Rodez. - Sociétédes lettres, sciences et arts de l'Aveyron. Saint-Malo. — Société historique et archéologique. Tarbes. - Société académique des Hautes-Pyrénées.

Toulouse. — Académie des Jeux-Floraux. — Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres. — Bibliothèque de l'Université.— Société archéologique du Midi de la France. — Société de géographie. Etats Unis. — Smithsonian Institution, Washington, Allemagne. — Société internationale de dialectologie romane Hambourg — Académie royale des Sciences et Belles-Lettres de Bavière, à Munich. Suisse. - Société Neuchâteloise de géographie.


- 4années

4années et, s'il y a lieu, les noms, le domicile et la résidence actuelle des personnes qui ont bénéficié des actes accomplis. Ces pièces devront être parvenues, franches de port, au Secrétariat des Jeux Floraux, au plus tard le 31 décembre de chaque année.

LIGUE FRANÇAISE POUR LA PROTECTION DES OISEAUX

fondée par la Société nationale d'Acclimatation de France, 33, rue de Buffon, à Paris

Nous appelons l'attention de nos lecteurs, d'une manière toute spéciale, sur une brochure ayant pour objet de signaler de nouveau les pertes considérables qui résultent pour l'agriculture de la disparition progressive des oiseaux et la nécessité de lutter énergiquement contre les diverses causes de cette disparition.

La Ligue française pour la protection des oiseaux a fait distribuer un certain nombre d'exemplaires de cette brochure aux écoles naires de la région.

Toutes les demandes de renseignements et communications qui parviendront à la Ligue recevront le meilleur accueil du Secrétaire : 33, de Buffon, Paris.

PARIS. Organe de la Société amicale des originaires du Tarn, paraissant le 1er de chaque mois. Siège

de Rivoli (Café de la Tour Saint-Jacques), Paris. — Rédacnistration : 77, rue du Chemin de fer, à Villemomble (Seine).

REVUE DES LANGUES ROMANES

PUBLIÉE PAR LA SOCIÉTÉ POUR L'ÉTUDE DES LANGUES ROMANES

Administration et abonnements : M. Lambert, trésorier de la Société,

2, rue de l'Ancién-Courrier, à Montpellier. Bibliothèque et service des comptes-rendus et échanges : M. Maurice

Grammont, 2, rue Jean, à Montpellier. Rédaction de la Revue : M. L.-G. Pélissier, villa Leyris, à Montpellier.

Le Réformiste

en ortografe simplifiée paraît chaque mois et poursuit : la simplificacion de l'ortografe, la supression des octrois, le relèvement de l'agriculture, la décentralizacion administrative, la créacion d'un foyer inaliénable pour chaque famille, l'établissement d'un service militaire pareil pour tous, et la participacion du personel aux bénéfices. Il dézire établir l'égalité et dégrever le nécessaire en grevant le superflu.

Bureaus, 18, rue du Mail, Paris. — Abonement anuel à tous les bureaus de poste français : France, 2 fr. — Etranjer, 3 fr. Réducsion de 50 0/0 aus foncsionaires.

FEUILLE DES JEUNES NATURALISTES

Revue mensuelle d'histoire naturelle publiée sous la direction de M. Adrien DOLLFUS

Prix de l'abonnement : Avec jouissance de la Bibliothèque, France 8 fr. par an

Prix de l'abonnement Sans jouissance de la Bibliothèque, France et Etranger 4 fr. par an Le Numéro : 40 c. — Les abonnements comptent à partir du 1er novembre de chaque année. Adresser le montant des abonnements on mandat-poste au nom de M. Adrien Dollfus, 3, rue Fresnel, Paris (Bien orthographier le nom du destinataire).


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BON-PRIME.— Nous avons le plaisir d'apprendre à nos lecteurs, qu'ils recevront GRATUITEMENT sur leur demande, la magnifique prime suivante, due à une gracieuseté de notre part : 1° « la splendide collection des Chansons de France comprenant les plus grands succès connus (piano et chant) valeur 16 fr. — 2° le Noël de la Vierge (dont la renommée est universelle) piano et chant, valeur 8 fr. — 3° la belle Série trimestrielle de la Musique illustrée, composée: des danses et morceaux variés, les plus en vogue, valeur 14 fr.

Chaque demande devra être adressée à M. le Directeur de la « Musique Illustrée », rue,du 14-JuiIlet, PARIS-ALFORTVILLE, avec les frais de service, colis, etc., s'élevant à 2 fr., pour un seul numéro, ou 2 fr. 95, pour les trois à la fois.

A NOS LECTEURS

Un nouveau globe terrestre par DUBAIL sort de presse ! Nous en avons retenu un certain nombre pour notre clientèle parce qu'il est complètement à jour et qu'il permet d'y examiner notre beau domaine colonial, les nouvelles limites du Congo, du Maroc, de la Tripolitaine ainsi que les nouvelles délimitations Balkaniques.

Ce globe, tiré en 16 couleurs, sera monté au choix sur pied bois noir verni avec inclinaison cuivre et boussole d'orientation, ou sur pied métal bronzé.

Ce globe unique, car il n'y a rien de comparable, sera livré franco de port et d'emballage dans toute la France continentale, contre la somme de vingt francs à adresser dans nos bureaux.

ACADEMIE DES JEUX FLORAUX

Prix de vertu fondés par M. Ozenne

L'Académie des Jeux-Floraux de Toulouse décernera chaque année des prix de vertu et de mérite dans lés conditions qui suivent : Quatre mille francs seront affectés à ces prix, auxquels pourront être joints quinze cents francs, suivant les conditions indiquées d'autre part ; en tout cinq mille cinq cents fr.

L'action ou la série d'actes à récompenser doivent s'être produits ou prolongés dans le cours des deux années qui précèdent celle du concours.

Les prix de vertu ne pourront être attribués qu'à des personnes sans fortune.

Pourront prendre part au concours les personnes de l'un ou de l'autre sexe qui auront accompli les actes à récompenser, dans le département de la HauteGaronne ou dans l'un des six départements limitrophes : le Tarn, le Tarn-etGaronne, l'Aude, l'Ariège, le Gers et les Hautes-Pyrénées.

Les actes méritoires accomplis hors de ces départements pourront être récompensés, dans le cas seulement où leurs auteurs avaient dans ces départements leur domicile ou leur résidence ordinaire, au moment où ils accomplissaient les actes proposés au jugement de l'Académie.

On adressera au secrétariat de l'Académie des Jeux-Floraux (hôtel d'Assézat et de Clémence-Isaure), à Toulouse, un mémoire détaillé de l'action ou des actions vertueuses, appuyé de pièces probantes, de certificats authentiques, délivrés et signés par les autorités locales ou des personnes notables. Ce seront, autant que possible ensemble, le maire de la commune, le curé de la paroisse, le juge de paix du canton, ou des personnes notoirement estimées, et, s'il se peut, connues de l'Académie.

On aura soin d'indiquer les nom, prénoms, lieu de naissance, l'âge de la personne présentée, l'époque et le lieu où s'est accomplie l'action et la durée de cette action qui doit s'être produite ou prolongée dans le cours des deux


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zoologie relatif aux animaux (l'homme excepté) au choix des; concurrents. — Valeur : 300 francs:

Pour les deux prix ci-dessus, les Mémoires manuscrits ou imprimés devront être déposés au Secrétariat de l'Académie avant le 31 décembre 1914.

En 1916 : Prix Alphonse Jaumes. — Mémoire sur un sujet de médecine légale, au choix des concurrents. Même valeur et mêmes conditions que pour le prix de pathologie et de thérapeutique générales (V. ci-dessus).

Les Mémoires manuscrits ou imprimés devront être déposés au Secrétariat de l'Académie avant le 31 décembre 1915.

Société d'émulation de Cambrai. Concour de Poésie pour 1914. - La Société d'émulation

d'émulation Cambrai ouvre son Concours bisannuel de Poésie. Il sera fermé le 31 août 1914.

Le choix des sujets et des genres est libre, étant gardé le respect dû à la morale. Le nombre des vers n'est pas limité.

Des médailles et plaquettes artistiques dont la nature et la valeur sont subordonnées au mérite des ouvrages, seront affectées au Concours de Poésie et décernées en séance publique.

Conditions du Concours. — Les auteurs devront déclarer par écrit et d'une manière précise que les poésies par eux envoyées, sont inédites; n'ont jamais été présentées à aucun concours et ne seront livrées à l'impression qu'après l'époque de la distribution des récompenses.

Les envois porteront une épigraphe répétée sur un pli cacheté, renfermant, outre la déclaration précédente, le nom et l'adresse de l'auteur. Ils devront parvenir franco après le 1er septembre 1914, à M. le docteur Dailliez, secrétaire général, 5, Place Porte NotreDame, à Cambrai. Les oeuvres couronnées pourront être publiées en tout ou en partie dans les Mémoires de la Société. Les oeuvres non récompensées ne sont pas rendues. Les plis cachetés non ouverts sont brûlés en séance. i

S

ténographie

apprise sans maître d'une façon complète et rapide avec les Leçons pratiques et rationnelles de

Sténographie, par Justin Grimaud $ I. iJS 8§[, professeur-praticien de l'Institut Sténographique de France. Ouvrage le plus

clair, le plus complet, le plus artistique ayant obtenu partout les plus hautes récompenses. Un beau vol. in-8° imprimé en deux couleurs. Prix, franco, 1 fr. 25.

Revue du Traditionnisme français et étranger

Mensuelle illustrée, avec la bibliographie des Provinces de France

Directeur : DE BEAUREPAIRE-FROMENT.

Prix d'abonnement pour la France et l'étranger : Un an : 10 francs.

48, quai de l'Hôtel-de-Ville, Paris (IV° arrt).


REVUE DU TARN — Supplément au n° de Janvier-Février & Mars-Avril 1913

Vient de paraître

Colonel C. TEYSSIER

doutes choisis

en langue albigeoise

Edition de la Société des Sciences, Arts et Belles-Lettres du Tarn

Tirage limité à 300 exemplaires. Il ne sera pas fait de réimpression. 1 vol. in-8° carré, II-88 p., avec portrait de l'auteur.

En vente dans toutes les Librairies du département. Pris : 2 francs

BIBLIOTHEQUE TARNAISE DE VULGARISATION

éditée par la Société des Sciences, Arts et Belles-Lettres du Tarn 1er vol. : Historique de la région Albigeoise,

par Ch. PORTAL, 1 vol. cartonné V-156 pages. Prix : 1 fr. 50

La 2e édition vient de paraître. S'adresser à la librairie Larrieu, 11, lices de Rhônel, à Albi.

CONCOURS LITTERAIRE. — La Section littéraire de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de La Rochelle met au concours pour 1915 la composition d'une anthologie saintongeaise et aunisienne.

Dans ce recueil seront seules admises à figurer les oeuvres exclusivement françaises des poètes de terroir nés ou domiciliés dans les limites de ces anciennes provinces. De courtes notices donneront sur chacun d'eux et sur leurs oeuvres les renseignements biographiques et bibliographiques les plus essentiels.

Un premier prix de 280 francs, un deuxième prix de 50 francs et des mentions seront décernés aux auteurs des meilleurs recueils.

La Société se réserve, en outre, d'accorder, s'il y a lieu, au lauréat du concours une subvention à déterminer, destinée à couvrir en partie les frais de publication de son travail.

Les écrivains qui ont l'intention de concourir devront, avant le 31 janvier 1915, déposer leur manuscrit au siège de la Section littéraire (Bibliothèque municipale, rue Gargoulleau, à La Rochelle).

Chaque manuscrit portera une devise. Les concurrents sont priés de reproduire cette devise sur l'enveloppe close d'une lettre, en laquelle ils auront eu soin d'insérer leur nom et leur adresse.

Les membres de l'Académie de La Rochelle ne sont pas admis à participer à ce concours.

Prix qui seront décernés par l'Académie

des Sciences et Lettres de Montpellier

En 1915 : Prix Ricard. — Mémoire sur un sujet d'histoire ou d'archéologie relatif au Bas-Languedoc (numismatique, épigraphie, histoire locale, histoire d'une institution, etc.) au choix des concurrents. — Valeur : Trois cents francs.

En 1915 : Prix Lichtenstein. — Mémoire sur un sujet de