CHAPITRE SECOND. i3
de fois répété que les Français étaient abreuvés en Angleterre, sont des calomnies; loutle monde au contraire se montre fort empressé à nous donner les renseignemens que nous pouvons désirer. A l'auberge du Joli vin, où nous étions logés, j'ai remarqué que les domestiques en habit noir, jabot et cravate de petit-maître, se tenaient toujours à une distance respectueuse, plus grande vis-à-vis de nous qu'envers les nationaux. Je ne nie point que ces politesses ne soient cruelles, puisqu'on nous les fait payer fort cher ; mais ce n!en est pas moins un devoir pour nous de les reconnaître, sans préjudice des critiques que nous pouvons nous permettre sur l'importune exigeance et l'avidité des domestiques. Je ne. connais pas d'abus plus intolérable, en effet, que la nécessité de récompenser les saints d'un laquais oisif comme les services d'un ouvrier laborieux.
Nous avons été introduits avec le cérémonial inévitable dans la salle à manger (dinning moni), toujours ornée de son tapis et de sa lable ovale en acajou. Quelques fauteuils de forme antique, un énorme buffet dressé en amphithéâtre, deux ou trois journaux, et quelquefois une table de lecture, constituent l'ameublement de cette salle. Le dîner, sans soupe, consiste en un beafsteak sanglant, large i icnt saupoudré de poivre et d'é-