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Titre : Mémoires de Napoléon Bonaparte . Manuscrit venu de Sainte-Hélène

Auteur : Napoléon Ier (1769-1821 ; empereur des Français). Auteur du texte

Éditeur : (Paris)

Date d'édition : 1821

Contributeur : Gourgaud, Gaspard (1783-1852). Fonction indéterminée

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb31003522x

Type : monographie imprimée

Langue : français

Langue : Français

Format : III-[1]-176 p. : pl. gr. ; in-18

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Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k56953349

Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LB44-220

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 17/08/2009

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MÉMOIRES

DE

NAPOLÉON BONAPARTE;



MEMOIRES

DE

NAPOLÉON BONAPARTE.

MANUSCRIT VENU DE SAINTE-HÉLÈNE.

PARIS.

BAUDOUIN FILS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE,

RUE DE VÀUOÏRARD, «8 36.

14 JUILLET i8ai.





AVERTISSEMENT,

DE L'ÉDITEUR.

JJE manuscrit venu de Sainte-Hélène excita r dans le ternes de son apparition , la plus vive curiosité. Toute l'Europe dcsiia connaître ce que pensait, sur le rocher de son exil, ce grand acteur, retiré de la scène du inonde. Les hommes qui étaient resU's fidèles à leur adtuuation pour lui ,vvoulurent savoir s'il se montrait digne de sa lenommc'c dans son infoi tune ; ceux qui le.redoutaient encoie, cherchèrent .1 deviner, si la publ.cation de ses pensées ne cachait pas. quelque projet de retour. Le peuple, sur qui la glouc militaire de Napoléon ayait fait une impressjon profonde, saisit avec avidité une ocças on de s'entretenir de cetyi qia'ïl n'avait point oublié.

Le manuscrit mis-en lumière , ne trompa point 1 attente publique. On y reconnut tout entier l'homme exli&ordinaire qui avait élt le maître ou l'arbitre de l'Europe» Son récit lais*


sait apercevoir des réticences faites avec intention , mais il jetait une vive lumière sur de grandes choses. Il prouvait surtout les dangereuses conséquences d'une première erreur dans les conseils du pouvoir, dont la volonté dispose du sort des nations.

On trouva généralement que Napoléon parlait convenablement de l'Europe et de lui; quelques personnes cependant voulurent révoquer en doute l'authenticité du manuscrit, mais leur incrédulité ne fit pas fortuné. La main de Napoléon était évidemment empreinte dans tout le cours de l'ouvrage. Lui seul avait pu penser et dire certaines choses qui s'y trouvaient. Il serait plus facile d'imiter la manière d'un écrivain, que de saisir le ton ou de deviner les jugemeps d'un hqmme qui a vu les choses de si haut, et remué tant de passions et d'intérêts. D'ailleurs il y a des secrets impénétrables dans les desseins ou dans les actions d'un tel homme ! Au reste, tous les doutes sont tombés maintenant. Les personnes qui ont vécu dans l'intimité du captif dé Sainte-Hélène, M; de Las- Casés, par exemple, ont certifié que le manuscrit était vraiment de Napoléon.

Aujourd'hui que ce prodige du siècle n'est plus y nous avons cru faire une chose agréable


au public f en réimprimant un écrit auquel la circonstance même prête un nouveau genre d'intérêt. Nousj ayons conservé le manuscrit dans son intégrité ; nous n'y avons ajouté aucune de ces notes dans lesquelles le commentaire étouffe le texte, et mêle souvent des pass ions e t dès erreurs à la vérité ; nous ne voulions être ni détracteurs ni panégyristes. Napoléon a été long-temps exposé aux regards de la Franc! et de l'Europe, c'est à elle qu'il appartient de le juger.

. . S.,...



SPOLf ON BÔNAPAlïEv

JE n'écris pas des coïnneïitàifés:>. car les événcmens de mpiv règne sont assez connus, et je suis pas obligéd'alimenter la curiosité publique. 3 e donne le précis de ces événëmeiis, parce que mon caractère et nies intentipnis peuvent* être étraugemeiifc défigurés, et je tiensV à paraître tel que j'ai'■ été, aux yeux de' mon fils cbmriie à ceux de la postérité. i C'est le but de cet écrit. Je suis forcé d'ejn^oyefc une voie détournée pour le faire paraître; car s'il tombait dans les mains des ministres anglais, jèlàaisî par expérience , qu'il * resterait dans 'leurs bureaux.


.'-. -.■v.ï(.J,,)V:-

Ma vie a été si étonnante, que'lès admirateurs de, mon pouvoir ont pensé que mon enfance même avait été extraordinaire.'Ils se sont trompés. Mes premières années n'ont ri§n eu de sih|gulier.

sih|gulier. n'étais qu'un enfant obstiné et curieux. Ma"première éducation a

"été pitoyable , comme tout ce qu'on faisait en Corse. Tai apprisassezjfuyilement lejrajiçais^par les miTîtaïres de la gftrniifjft,, avec lesquels je passais mon temps. t ■>, ]

Je réussissais dans ce que j'entreprenais parce qiic jb le voulais : mes volontés étaient fortes, et mon caractère décidé. Je n'hésitais jamais \ ce qui m'a j donné de l'avantage sur tout le monde* A La volonté dépend, au reste> de-la trempe de l'individu; il n'appartient pas 1i chacun d'être maître chez lui» , Mon-esprit me portait a détester leô illusions ', j'ai toujours discerné la vérité de plein sauf, c'est pourquoi j'ai tou~


Jours vu mie\Mc que d'ajjreslefoiid^è^^, choses. Le monde a toujours été pour ^ moi dans le fait» .et nôjildang le dtojU Aussi n'ai-je ressemblé 1 peu \pçès à personne. J'ai été, par ma nature vJtoitjours isolé. ' / ' S?.\ "

J,e n'ai jamais compris .quel serait le *, parti que je pourrais tirer des études,r. et dans le fait elles ne m'ont servi qu'à* in'apprendre des méthodes» Jën'airé?» tiré quelque fruit que/des ^mathématiques. Le reste ne mVété Utile à rien { mais ^étudiais par amour propre.

Mes facultés intellectuelles prennent cependant leur essor, sans que je m'en mêlasse. Elles ne oonsistaiefc't fjue dans une grande mobilité des fibres de mon cerveau. Je pensais plus vite que les , autres •, en sorte qu'il m'est toujours » resté du temps pour réfléchir, C*est en j «cela qu'a consisté ma profondeur. ' . Ma tète était trop active pour m'amuser avec les divertissemensordiiiaires


;_<4)

^JU.jeunesse.^e n'y,é,tais pas totalefttent étranger \ mais je cherchais ailleurs «|e quoi m'ihtéresser. Ccile disposition inué plaçait dans une espèce de solitude 'où'je ne trouvais que mes propres pensées. Cette manière d'être m'a été habituelle dans toutes les situations de ma vie.

Je toc plaisais nifrésoudrè des problè* mes : je les cherchais dans les mathématiques ,j mfti$ j'cn eus bientôt assez, parce que l'ordre matériel est exlrèftietnont borné. Je les cherchai alors dans l'ordre moral \ c'est le travail qui m'a ;le mieu*Jr$4ïssi. Cette recherche est devenue chfei moi unb disposition habituelle Je lui ai du les grands pas que f ai faitfrtirc à la politique cl À la guerre. Ma naïlsancc me destinait au service : fc'est pourquoi j'ai été placé dans les écoles militaires. J'obtins une lieûtcliante' ali commencement de la révolution. Je n'ai jamais reçu de titre aVec


autant de plaisir que celui-là. Le comble de mon ambition se bornait alors à porter un jour une épaulettc à boûil- . Ions sur ehacunc de mes épaules : un colonel d'artillerie me paraissait « le hec/pîus ultra de la grandeur humaine.

J'étais trop jeune dafys ce temps pour mettre de l'intérêt à la politique. Je ne jugeais pas encore de l'honme en masse. - Aussi je n'étais ni surpris ni effrayé du désordre qui régnait à cette époque> parce que je n'avais pu la comparer avec aucune autre. Je m'accotnmodai de* ce que je trouvai. Je n'étais pas encore difficile.

On m'employa dans l'armée dès Alpes. Cette armée ne faisait rien de ce que doit faire Une armée. Elle ne connaissait ni la discipline ni la guerre, j'étais a mauvaise école. H est vrai quenous n'avions pas d'ennemis h cônibat* trfi'j tiens n'étions chargés que d'empè-


- ( 0:") cher les Piéinontais de passer les Alpes, et rien n'était si facile.

L'anarchie régnait dans nos cantonnemens : le soldat n'avait aucun respect pour l'officier j l'officier n'en avait guère pour le général: ceux-ci étaient tous, les matins destitués par les représentais du „ peuple i l'armée n'accordait qu'à ces derniers l'i<JJ| du pouvoir, la plus forte sur l'esprit humain. J'ai.? senti dès-lors le danger de l'influence civile sur le mi-K litaire, et j'ai su m'en garantir. /

Ce n'était pas le talent, mais la lo-r quacité, qui donnait du crédit dans l'armée : tout y dépendait de'cette faveur populaire, qu'on obtient par des Vociférations. * ^ /

Je n'ai jamais eu avec la multitude,

ectte^ communauté de sehiimens qui

produit 1éloquence àès rues. Je n'ai; jà^

mais e.ujjp^talexujd'émouvoir le peuple»

Aussi je ne jouais aucun rôle dans cette


(7) armée,. J'en avais mieux, le. temps de réfléchir.

J'étudiais la guerre, non sur le pa« pier, mais sur le terrain. Je me trouvai pour la première fois au feu dans une petite affaire de tirailleurs, du côté du Mont Genêvrc. Les balles étaient clairsemées \ elles ne firent que blesser quelques-uns de nos gens. Je n'éprouvai pas d'émotion •, cela n'en valait pas la peine ; j'examinai l'action. Il me parut évident qu'on n'avait des deux côtés aucune intention do donner un résultat à cetto fusillade. On se tiraillait seulement pour l'acquit de sa conscience, et parce que c'est l'usage à la guerre. Cette nullité d'objet me déplut 5 la résistance me doiuaajle l'humeur s je reconnus notre terrain *, je pris le fusil d'un blessé > et j'ejugageai un bonhomme de caiiitaino qui nous commandait de nourrir son feu, pendant que j'irais avec une dou»


zainc d'hommes couper la retraite des Piémontais.

Il m'avait paru facile d'atteindre une hauteur qui dominait leur position, en passant par un bouquet de sapins sur lequel notre gauche s'appuyait. Notre capitaine s'échauffa ; sa troupe gagna du terrain •, clic nous renvoya l'ennemi, et lorsqu'il fut ébranlé, je démasquai mes gens.,Notre feu gèha sa retraite ; iious lui fîmes quelques morts, et vingt prisonniers. Le reste se sauva.

J'ai raconté mon premier fait d'armes, non parce qu'il me valut le grade de cà« pitahlc, mais parce qu'il m'initia au se*»' icrct de la guerre. Je m'aperçus qu'il était plus facile qu'on ne croit de battre l'ennemi, et que ce grand art consiste ta ne pas tâtonner dans l'action, et surton l a no tenter que des mouvemens décisifs, parce que c'est ainsi qu'on enlevé le soldat.


: J'avais gagné mes éperons*, je me croyais de l'expérience. D'après cela je me-sentis béaucôivp d'attrait pour un métier qui me'réussissait si bien. Je ne pensai qu'à cela, et je me donnai à résoudre tous les problèmes qu'un champ de bataille peut offrira{J'aurais voulu étudier.àussrla guerre dans les livres£ mais je n'en avais point. Je cherchai à me rappeler le peu que j'avais lu dans l'histoire,' et je comparais ces récits avec le tableau que j'avais sous les yeux. Je me suis fait ainsi une théorie de la guerre, que le temps a développée, mais n'a jatnais démentie.

Je'meriàrbetîë vie insignifiante jusqu'au siège de Toulon. J'étais alors chef de bataillon, et comme tel je pus avoir quelque influence sûr lé succès de ce siège. "

'Jamais armée ne fut plus mal menée que la nôtre. On savait qui la corn* mandait» Les généraux ne l'osaient pas *


(10)

de peur des; représentans du peuple: ceux-ci avaient encore plus de peur du comit.é de salut public. Lès commissaires pillaient, les' officiers buvaient, les soldats mouraient de faim •, mais ils avaient de l'insouciance et.du courage. Ce-désordre même leur inspirait plus de bravoure que la discipline; Aussi suis-je resté convaincu que les armées mécaniques ne valent rien : elles nous l'ont prouvé.

Tout se faisait au camp par motions et par acclamations. Cette manière de faire m'était insupportable, mais je ne pouvais pas l'empêcher, et j'allai à mon but sans m'en embarrasser.

J'étais peut-être-le seul dans l'armée qui eût un but \ mais<mon go.ût était d'en mettre au bout de tout. Je ne>m'occupai que d'examiner la position de l'ennemi et la nôtre. Je comparai ses moyens moraux et les nôtres. Je vis que nous les avions tous» et qu'il n'en avait point.


■ ( » )

Son expédition* était nn misérable coup de tète, dont il devait prévoir d'avance la catastrophe, et l'on est bien faible quand on prévoit d'avance sa déroute.

Je cherchai les meilleurs, points d'attaque : je jugeai la portée de nos batteries, et j'indiquai les positions où il fallait les placer. Les officiers expérimentés lès trouvèrent trop dangereuses, mais on ne gagne pas des batailles avec de l'expérience. Je m'obstinai y j'exposai mon plan à Barras : il avait été marin : ces braves gens n'entendent rien à la guerre, mais ils Ont de l'intrépidité* Barras l'approuva, parce qu'il voulait eu finir. D'ailleurs la Convention ne lui demandait pas compte des bras et des jambes, mais du succès.

Mes artilleurs étaient braves, et sans expérience. C'est la meilleure de toutes les dispositions pour les soldats. Nos attaques réussirent t l'ennemi s'intimidait *, il n'osait plus lien tenter contre


( >* )

nous. Il nous envoyait?bêtement des boulets, qui tombaient où ils pouvaient, et ne servaient ù rien. Les feux que je dirigeais allaient mieux au but. J'y mettais beaucoup de zèle, parce que j'en attendais mon avancement : j'aimais d'aiU leurs, lesii&^ponr luîrmême.'rJe passais mon tempsaux battéWes ijedormkis dans nos*épaulerhens.; On ne fait bien que çe^qu'oii fait soi-même. Les prisonniors nous 'apprenaient que tout allait' au diablp dans, la;place. On l'évacua enfin d'une manière eifroyable. . . : - ' Nous\avions. bien mérité 4e la patrie. -On; me fit }gén<6Val de >rigadc. Je fus employa, déimncèvtléstitiié, ballotté, pap les Intrigues çt les factions. Je pris en horreur, l'anarchie qui était alors à son comble * et je. ne me suis jamais raccommodé avec elle. Ce gouvernement massacreur m'était d'autant'plus antipathique qu'il étpit absurde', otse dévorait lui-même. C'était une révolution perfié?


St 3) ,tuelle, doubles meneurs ne cherchaient pas seulen]ien.t à s.'ç.tabjir d'une manière , permanente., •!:-.. • .

Général, majs sans emploi ,,je fus à Paris, parce qu'on ^ipouvait en obtenir que là> Je m'attachai àJ3ajra.s, .parce que je n'yv çqnnaifisajg .qim ^uit. I]Lobespjerre.était ino^j B^rrA5J9p^j^uu rôlpî tp^îlait bjen m'atjtaçîjcr à qtunV jtju'un çl^ quelque cliosp., * Llr ; , t

L'affaire des sections se préparai^ : je n'y mettais,;pas im grand intérêt,,pa/cc que. je ;m*oççupajs inpijns/dp politique que «Je guerre. Je. ne pensif pgs fojouer nu rôle c|âns petto affaire, > inai* Barras me propôs/i deqonunander sous;lui la forpp armée contre les insurgés.;Je pré}- férafe, en#qualjté 4Q, général, d'être à la tête .des troupes > plutôt qu'A me jeter dans ^s, rangs, des sections bqty jp .n'avais rien à Taire. ./ , , , , ,

îfous n'avions,,ppnr garder la salle du. inanège, qu'une poignée d'hommes,


(•4)

et deux pièces de quatre. Une colonne de sectiohhaires ' vint nous attaquer pour son malheur. Je fis metirevle feù & 'mes pièces,-les sectioniïaircs se sauvèrent', je les fis'suivre pis se jetèrent sur les gradins çle Saint-Roch. On n'avait p\ passer qu'une pièce ,'tant îâïufe tétait étroite. Elle fit feu sur cette conWc, qui se dispersa* en laissant quelques morts : le tout fui terminé en dix minutes.

Cet événement, si petit en lui -même, eut de grandes conséquences : il empè{'cha la révolution de rétrograder. Je ! m'attachai naturellement au parti potir I lequel je venais de mè battre, eTje hiô t trouvai lié à la ctnigedéla révolution. Je commençai oTà mesure*, et je restai convaincu qu'elle serait victorieuse, /'parce qu'elle avait pour elle l'opinion, le nombre, et l'audace. r

; ' L'affaire àes sections hi^éleva au grade de général de division, et me valut une


( '« )

sorte.de célébrité, Comme le parti vainqueur é*tait inquiet de sa victoire, il me garda à Paris malgré moi », car je n'avais d'autre ambition que celle de faire la guerre dans mon nouveau, grade. t Je restai donc désoeuvré sur le pavé do, Paris. Je n'y avais.pas jde relations *,.je n'ayais aucune h^ijtde^|dej^sw;iét^, et je n'aljaisque,dans celle démarras*, où j'étais bien reçu. C'est là que j'ai vu, pouf la première-fois, majbmme, qui a eu une grande influence sur ma vie,' et dont, la mémoire me. sera toujours chère» , Je n'étais pas insensible aûlfctofifmes des femmes, mais jusqu'alors «lies ne m'avaient pas gâté \ et mon caractère me rendait; timide auprès d'elles. iMao\ame de Beauhamàîs est la première qui m'ait rassuré. Elle m'adressa dès choses flatr teuses sur mes talons militaires, un jour où je me trouvai placé auprès d'elle, Cet éloge m'enivr* \ j^m'adressal continuellemen,t à elle 4, je la suivais partout-!, jYn


( i'6 j , . . étais passionnément àménjeux^ et notre société le savait'déjà,'que j'étais ehçoirè loin d*ôser le lui dire.- 1

Mon sentiment"s'ébruita \ Barras m'en parla.-Je 1 n'avais jias de'raisons pour le nier. « En ce cas/» nié dit-il, ft il faut que Vous épousiez madame de >>'Bèaùl$rn#is. Voh's avcz'un gra'dè'et » des taleiis à faire valoir priais* Voiis » êtes isolé, sans fortuné, éahs relâ» tions \ il faut vous marier *, cela donne » de l^aplomb. Ma'dahie de ^eàuhàr» nais est agréable* et spirituelle", niais » elle est" véùve. Cet état ne Vaut plus i) rièji aujourd'huijles femmes ne jouent » plus de rôle \ il" faut* qu'elles se- riïa» riértt pour' 1 avoir- de la consistance. »' Yous ; ayez du* caractère ; vous' ferez i) vôtre chemin} Vous lui convenez'; » voUlëz-vouS nie charger de cette négo» elalibii?» ' ' *'

* J'attendis la réponse avec anxiété. Elle fut favorable : madame de Beauhar-


(«7>

nais m'accordait sa main, et s'il y a eu des momens de bonheur dans ma vie, c'est h elle que jo les ai dus, "'

Mon attitude dans le monde .changea après mon mariage. Il s'était refait, sons le Directoire, une manière d'ordre social dans lequel'j'avais pris une place assez élevée, L'ambition devenait, raisonnable chez moi : je pouvais aspirer à tout,

En fait d'ambition, je n'en .avais pas d'autre, que celle d'obtenir un commandement .en chef; car un homme n'est rifen j_sll n'é^t précédé d'une réputation militaire. Je croyais être sûr de faire la mienne, car je me sentais l'ins^inetde la guerre ; mais je n'avais pas de droits , fondés poUr faire une pareille demande. Il fallait me.les donner. Dans ce tempslà ce n'était pas difficile. « . L'armée d'Italie était au rebut, parce qu'on ne l'avait destinée à rien. Je pensai à la mettre en mouvement pbur attaquer

**


l'Autriche sur le point où elle avait plus de sécurité, c'est-à-dire en Italie.

Le Directoire était en paix, avec la Prusse pt l'Espagne,; mais l'Autriche ,■ soldée par l'Angleterre, fortifiait son état militairo, et nous tenait tète sur,le Rhin. Il était évident que nous devions faire uno diversion en Italie,' pour ébranler l'Autriche, pour donner, une leçon aux petits princes d'Italie qui s'é-* taient ligués contre nous ; pour donner, enfin, une couleur décidée à la guerre \ qui n'en avait point jusqu'alors « ,• ►

Ce plan était si simple, il convenait si bien au Directoire, parce qu'il avait besoin de succès pour faire son crédit> que je me hâtai do le présenter, do peur d'être prévenu. Il n'éprouva pas de cori-* tradiction, et je fus .nommé général cri ghef de l'armée d'Italie. , ,

Je partis pour la joindre. Elle ayaj*. reçu quelques renfortS.de l'armée <d'I£s4 pague, et jp là trouvai forte de^cin-


(>9)' quantc mille hommes, dépourvus de tout, si ce n'est de bonne 1 volonté. J'allais la mettre à l'épreuve. Peu de jours #près mon arrivée,.j'ordonnai un mouvement général sur toute la ligne, Elle s'étendait de Nice jusqu'à Savone, C'était au commencement d'avril 1796,

En trois jours nous enlevâmes- tous les postes austro-sardes, qui défendaient les hauteurs de la Ligurie. L'ennemi, attaqué brusquement, se rassembla. Nous le rencontrâmes le 10 à Montenotté ; il fût battu. Le i/j» nous l'attaquâmes à Millesimo; il fut encore battu, et nous séparâmes les Autrichiens des Piémonlais. Ceux-ci vinrent prendre position à MpndOvi, tandis que les Autrichiens: se, reliraient sur le Pô pour couvrir la Lombardie.

Je battis les Piémontais. En trois jours je m'emparai de touteslesposilions du Piémont, et nous étions à neuf lieues


<«P) ' ''

de Turin, lorsque je rcçusam aide-de*> canip.qui venait demander la paix.

Je me regardai alors, pour la première fois, non plus comme un simple* l général, mais comme un homme appelé influer sur le sort des peuples, Je me 'vis dans l'histoire.

Cette paix changeait mon plan. Il ne se bornait plus à faire la guerre en Italie , mais à la conquérir. Je sentais qu'en élargissant le terraïrî do la révolution, je donnais uno base pluTsoliUe à son édifice. C'était le meilleur moyen d'assurer, son succès. Xa cour de Piémont nous avait cédé i toutes ses places fortes. Elle'nous, avait remis son pays. Nous étions maîtres parla des Alpes et.des Apennins'. Nous étions assurés do nos points d'appui, et tranquilles sur notre retraite.

Dans une si belle position, j'allai altàquerles Autrichiens. Je .passai le Pô a


Plaisance, et VAdda à Lodi : ce* ne fut |wis sans peines, mais Beaulieuse retira, et-j'èfmrai dans Milàni . > ; :

•i > Les Autrichiens firent dès efforts in/<lfOyl$les;pôuY reprendre l'Italie. Jefiis obligé de défaire cinq fois leurs armées pour en Venir àlbout, ls

Maître de l'Italie, il fallait y établir le système de la révolution, 1 afin d'attirer ce pajrs àî àf France," par des principes et desT intérêts coMtmuïS ;' c'est-à-rdiré*, qu'ilfallait y!détruire l'ancien régime jfônry établît ' l'égalité" y parce qu'elle est là? cheville ouvrière de la révoliuiem J'àllais'dô'nc avoir subies bras lè'clèrgé, 1 h noblesseV et totit ce qui vivait à leur fable. Je prévoyais ces résistances,'et je résolusse lès vaincre par l'autorité dés armes^ et sans ameuter le peuple. " JWais fait dé grandes actions V niais il fallait/prendre une attitude et uh langage analogues. La révolution avaîtdé* truit chez nous toute espèce de dignités :


je ne pouvais pas rendre nlaFrancounç pompe royale u je lw donnai le lustre des victoires, et le langage du maître. *

Je voulais devenir le protecteur, de l'Italie, et non son conquérant,!Ty suis parvenu, en maintenant la discipline de l'armée, en punissant* sévèrement les révoltes, et surtout eh instituant la république Cisalpine,'Par cette institution jo satisfaisais le voeu, prononcé des Itar liens, celui d'être indépendant,,'Jejeur donnai ainsi-de grandes, espérantes ; i\ ne dépendait que d?eux.de les réaliser on se.liant ànojtre^ cause. C'était des alliés que je donnais à la .France.' (j r

Cette alliance durera long-temps entre lés deux peuples, parce qu'elle s'cst-iïmr dée sur des Services et;déë intérêts Çoriv muns, Ces deux peuples ont les-mêmes opinions et les mêmes mobiles. ïls„auraient conservé sans moi leuiv vieille minutie,' , . . ■ / , , ^

Sûr de l'Italie, je ne craignis pas de


fo'aventurer jusqu'au centre de l'Autriche. J'arrivai jusqu'à la vuède Vieune, et je signai là le traité de Campo-Formio, Ce fut un acte glorieux pour la * France.

Le parti-que j'avais favorisé au 18 fructidor, était resté maître de la repu** bliqûe. Je l'avais favorisé parce que c'était le mien, et parce que c'était le seul qui pût faire marcher la révolution. Or, plus je m'étais mêlé des affairés, plus je m'étais convaincu qu'il fallait achever cette révolution,-parce qu'elle était le fruit du siècle et des opinions. Tout ce qui retardait-sa-marche ne servait qu'à prolonger la crise.

La paix était faite 3ur le Continent ; nous n'étions plus en guerre qu'avec l'Angleterre ; mais,: faute de champ de bataille;, cette guerre nous laissait dans, ■^inaction, J'avais la conscience de mes „ moyens j ils étaient de nature à me met-


(*4)

tre en évidence > jnais ijs n'avaient. p,bjn>

d'emploi, Je savais cependant quîil f^lr?

lait fixer l'attention pour rester en. vuq>

«H qu'il fallait tenter pQupçela dqs. clipses,

extraordinaires, parce que les hommes

, savent gcé de îps.étonneg. C'est en vertu

Ide celte opinion, que, j'ai;Imagine! l'exp,é>

Idition d'Egypte* îQn. a vouluTa,tu?btyeg

\L de profondes çorobinaiso;ijs.de;ma,p3ttl

je n'en avais pas d,'auti:cs. que, celle jdg

ne pas rester oisif, apr.es r la ,pàjx;que. je

venais de conclure. ' , - ;;,,/;

.Cette : expédition devait* ;donnjB$ une grande idée delà puissance la France elle devait atiirerl'attenti on sur son chef> elle devait surprendi'e l'Europe;,par^a rhardièsse. C'étaient plus 'de,motifs qu'il rn'eii' fallait'pour la .tenter-.;* mais: je nja:Vais pas alors, la,moindre envie'de.'dé.trôner le grand?iurc, • ni. même de me faire pacha, .> '# -'l. .'■,;\t,.-»«î t Je préparais le départons un, profond


("S).

secret. Il était nécessaire au succès , et il ajoutait au caractère singulier de l'expédition. '*■ ' La flotte mit à la voile, J'étais obligé ae détruiro, en passant, cette gcnlilhomière de Malte, parce qu'elle no servait qu'aux Anglais. Je craignais que quelque vieux levain de gloire ne portât ces chevaliers à se défendre et à me re«* ■tttrder i ils se rendirent, » par bonheur, plus honteusement que je ne m'en étais flatté.

-%9. bataillo d'Àboukir détruisit la flotte, et livra-la mer aux Anglais, i Je compris, dès ce moment,-qUe l'expédition ne pouvait se terminer que par une catastrophé 5 bar toute' armée qui ne se recrute pas, finit toujours par capi: tujér, mipeUplus tôt ou un peu plus tard. Il fallait en attendant rester .en Egypte, puisqu'il n'y avaitpas moyen d'eûi?pr"tiw Je me décidai à foiré bonne mint* à 'mauvais jeu. J'y" réussis assez bien.

3


J'avais une belle armée ; ilfallaitl'ocçuper, et j'achevais laconquètedel'Egypte, pour employer son temps à. quelque chose. X'ai livré par-là aux sciences le plus beau champ qu'elles aient jamais exploité,

< Nos soldats étaient un peu surpris' de se trouver dans l'héritage de Sésostris ; mais ils prirent bien la chose, et il était si étrange de voir un Français au milieu de ces ruines, qu'ils s'en amusaient euxmêmes.

N'ayant plus rien à faire,en Egypte , il me parut curieux d'aller en Palestine,, et d'en tenter la conquête, Cette expédition avait quelque chose de fabuleux. Je m'y laissai séduire. Je fus mal informé des .obstacles,,qu'on m'opposerait , et je ne pris pas assez de troppes avec moù v

Parvenu au-delà du désert', j'appris ffu'on avait rassemblé des forces à St.- Jëaii d'Acre; Je ne pouvais pas les nié-


(»7) priser; il fallut y marcher, La place était défendue par un ingénieur.français; je, m'en aperçus à sa résistance ; il fallut lever le siège :1a retraite fut,pénible. Je luttai pour la première fois contre les élémens; mais nous n'en fûmes pas vaincus. . *

De retour en Egypte, je peçus* des journaux par la voie de Tunis. Ils m'apprirent Pétat déplorable,de la France -, l'avilissement du Directoire, et le succès delà coalition. Je crus pouvoir servir-mton pays une seconde fois. Aucun motif ne me retenait en Egypte : c'était une. entreprise épuisée. Tout général*

* était bon pour signer une capitulation que le temps rendrait inévitable, et je partis sans autre dessein que celui de reparaître à la tète des armées pour y ramener la victoire.

\ Débarqué à Fréjùs, ma présence excita l'enthousiasme du,peuplc. Ma gloire militaire rassurait tous ceux qui avaient


lietir d'être battus. C'était une àlïïuenco »siir mon passage : mon voyage eut l'air

ï\ d'un triomphe,, et je compris en arriI

arriI Paris que je pouvais tbut eii

l Franco,

La faiblesse du gouvernement l'avait mise à deux doigts de sa perte ; j'y trouvai l'anarchie, Tout le monde .voulait sauver la patrie, et proposait des plans en conséquence^ On ' venait m'eir faire confidence ; j'étais" le pivot dé,s conspirations; mais il n'y avait pas un homme à la tète de tous' ces projets qui fùVta,.palile de les mener. Ils comptaient tous sur moi, parce qu'il leur fallait une épée. Je*né comptais sur personne, 'et je fUs maître dé choisir le jdan qui me convenait lé mieux, i -

^ La fortune me portait à la tête de . l'Etat. J'allais me trouver maitre de la révolution, car je né voulais 1 pas en êtrele clieTî le rôle ne me convenait- pas. J'étais donc appelé à préparer le sort à


venir de la France, et peut-être celui du monde,

Mais il fallait auparavant faire la guerre, faire la paix, assoupir les factions; fonder jmon autorité. Il fallait remuer cet|j^grosse machine qu'on aj)*< pelle le gouvernement. Je connaissais le,poids de ces résistances, et j'aurais préféré alors le simple métier de la guerre; car j'aimais l'autorité du quartier-général, et l'émotion du champ de bataille» Je me sentais enfin $ d.ans co moment, plus de dispositions p*our relever l'ascendant militaire"de la France, quepourla gouverner.

Mais je n'avais pas de choitfdans ma destination, Car il m'était facile de Voir que le règne du Directoire touchait à sa fin ; qu'il fallait mettre à sa place une autorité imposante po,ur sauver l'Etat; qu'il n'y a de vraiment imposant que la gloire,-militaire. Le Directoire ne pouvait donc être romplacc que par moi


(39) ou par l'anarchie. Ce choix de la France n'était pas douteux; l'opinion publf* que éclairait à cet égard la mienne,

Je proposai de remplacer le Directoire par un consulat ; ^Uement j'étais éloigné alors de conccvd1||l'idéc d'un pouvoir souverain. Les républicains proposèrent d'élire deux consuls : j'en de*' ,! mandai trois, parce que je ne voulais i pas être appareillé. Le premier rang m'appartenait de droit dans, cette trinité i c'était tout ce que je voulais.

Les républicains se défièrent de nta proposition. Ils entrevirent im élément de dictature dans ce triumvirat* Ils se ..., liguèrent contre moi. La présence même de Sieyes ne pouvait les rassurer. î.l V4&. tait* chargé do faire une constitution f! mais les jacobins redoutaient plus mou épée qu'ils ne se fiaient à la plume de leur vieux abbé. v

Tons les partis se rangèrent alors sous deux bannières : d'un côté se trou-


' (3.) -y

valent les républicains qui s'opposaient à mon élévation i de l'autre était toute la France .out la demandait. Elle était donc inévitable à cette époque j parce que la niajorité finit toujours par l'emporter. Les premiers avaient établi leur quartier*général dans le Conseil des Cinq-fcehts i ils firent une belle défense; il fallut gagner la bataille do St,-Cloud pour achever cette révolution. J'avais cru un moment qu'elle se ferait par acclamation,

Le voeu public venait de me donner la première place de l'État : la résistance qu'on avait opposée ne m'inquiétait pas > parce qu'elle ne venait que do gens flétris par l'opinion. Los royalistes n'avaient pas paru t ils avaient' été pris sur le temps. La masse de la nation avait, confiance en moi » car elle savait bien que la révolution ne pouvait pas avoir de nîcillcurc garantie que la mienne, Je n'avais de force qu'en me plaçant à la


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tète des intérêts qu'elle avait créés 1, puisqu'en la..- faisant rétrograder, je mé serais retrouvé sur le terrain des. Bpùrbpnsiv. -, ..'.:. ; : \ :,

Il fallait que tout fût neuf dans la. naturc de mon pouvoir, afin quq toutes les ambitions y trouvassent de quoi yi<* vre. Mais il n'y avajt rien de défini dans sa nature, et c'était son défaut. •

Je n'étais^ par la constitution, que le premier magistrat de la république ; mais j'avais une épée pour bâton de cpnuhandement, Il y avait incompajlbilité entre mes droits constitutionnels et l'ascendant que je tenais de mon caractère et de mes actions. Le public le sentait comme mol; la chose ne pouvait pas durer ainsi, et chacun prenait sel mesures en conséquence.

Je trouvais des courtisans plus que jo n'qn avais besoin. On faisait queue. Aussi n'étais-je nullement en peine du chemin que faisait mon autorité, mais


(M)

jO l'étais; beaucoup de la situation: ntà* tériclle de^Fraftpe*

Nous tfôus étions laissé battre.: les Autrichiens avaient reconquis l'Italie > et détruit nion ouvrage» Nbus "n'avions plus d'armée pour reprendre l'offehsiye» Il ii'y avait pas, un sou dans les baisses > et aucun moyen de les remplir. Laçons* cription ne s'ekKtait que sous lo bon plaisir des ihalrëS. Sièyes nous avait fait Une constitution paresseuse et bavarde qui entravait tout, Tout ce rjui constitue la force d'un^Ètat était anéanti t ii,né subsistait que ce qui fait sa faiblesse.

Forcé par ma position, je crus devoir demander la paix.: je le pouvais alors dé bonne foi, parce qu'elle était une fortune pour moi. Plus tard elle n'eût été qu'une ignominie.

M. Pitt la refusa, et jamais hoftimè d'État n'a fait une plus lourde faute ; car ce moment,a été le seul où les al* liés auraient pu la conclure avec séctt-


(34) rite u car la France, en ctcmandant la paix » se reconnaissai t vaincue ; et" les peuples se relèvent de tousses revers, si ce .n'est de consentir à leur opprobre, ? M. Pittfla refusa. Il m'a sauvé une grande faute, et il a étendu l'empire ô!e la révolution sur toute l'Europe > empiré cjùe ma chute n'est pî&mêmc parvenue à détruire. îl l'aurait Kné à la France, s'il avait voulu alors la laisser à ellemême.

Il me fallut donc faire la guerre ^IVlas»* séna se défendait dans Gènes ; mais les armées de la républiqueft'osaient plus :repassèr ni le Rhin ni les Alpes. 11 fallait donc rentrer en Italie et en Allemagne , pour dicter une seconde fois là paix à l'Autriche. Tel était mon plan; mais je n'avais ni soldats, ni canons, ni fusils.

J'appelai les conscrits ; je fis forger des armes ; je réveillai le sentiment de l'honneur national, qui n'est jamais


(85).

qu?Qssoupi Chez lès Français. Je ramas* sai Une armée. La moitié ne portaifctpie des habjtWepaysans. L'Europe riait otè mes soldats y elle a payé chèrement » ce moment de plaisir. , v v' h î ;

On ne pouvait cependant entrepren* dre ouvertement une campagne aveolnié telle armée. Il fallait au moins étbnnel' l'ennemi, et profiteV de sa surprise. Le général Suchet l'attirait :vôrs les gorgés, de Nice. Masséna prolongeait jour à jour la défense de Gèiws^e jpars t je ni^av vance vers les Alpes J ma présence, la grandeur de l'entreprise, ranimèrent les soldats. Ils n'avaient pas de souliers, mais ils, semblaient tous marcher à l'avant-garde. ., ■■■■* -

Dans.aucun temps de ma vie, je n'ai «éprouvé de sentiment pareil à celui que je sentis en; pénétrant dans les gorges des Alpes. Les échos retentissaient de3 cris de l'armée. Ils 1 m'annonçaient une victoire incertaine» mais probable! J'ai*


(Î6) làjs revoir l'Italie, théâtre de mes pres-% migres armes> Mes canons gravissaient lentement ces rochers. JNϧT^reihiei*s grenadiers atteignirent enfin la cime du Saint-Bernard. Ils jcterèriten l'àir leurs chapeaux garnis de plumets rouges, en jetant des cris de joie. Les Alpes étaient ' franchies » ; et nous débordâmes conime un torrent. * *'•'•■ W-'-^'L

Le général Lannes commandait l'avant-garde. Il courut prendre Ivréé, Vërceil»* Pavie,'et Rassura du passage du Pô. Toute Tannée le passa sans obstacles. /•■■,■.:' ■.-.'■ ■; -.:: ,.;:

Nous étions tons jeunes dans ce temps, soldats et généraux. Nous avions notre fortune à faire. Nous comptions les fatigues pour rien, les dangers pour moins encore. Noué étions insouciant surtout^ si ce n'est sur la gloire, qui ne s'obtient que sur les champs de bataille. *.

Au bruit de mon arrivée, les Autri-


.".. .(.3?>.......

chiens manoeuvrèrent sur- Àîexàndrièi Accumulésldans 'Cette place,' au ttlb-* ment OÙ je partis devant les murs » leurs Côlonties Vinrent se déployer en avant de laBormida. Je les fis attaquer, Leur artillerie était supérieure à la mienne* Elle ébranla nos jeunes bàtailïorisfllâ perdirent du terrain. ; La ligue n'était conservée que par deux bataillons de la gariie, et par la quarante-cinquième*, Mais j'attendais dés corps qui marchaient en*échelons. La division de Dessaix arrive ; toute la ligne se rallie. Dessaix forme sa colonne d'attaque y et enlève le village de Marengo, où s'appuyaitle centre de l'ennemi. Ce grand générai fut tué au moment où il décidait une Immortelle victoire. "■ L'ennemi se jeta sous les remparts d'Alexandrie. Les ponts étaient trop étroits pour le recevoir; une bagarre affreuse s'y passa ; nous prenions des masses d'artillerie et des bataillons en4

en4


X38') ..'■;.'■,

tiers. Refoulés au-de(là du Tanaro, sans communicatioiis, sans retraite, mena'* ces sur leurs, derrières par JVIa'sséna et par Silchet, n%ànt en fr^nt;qù'unë armée victorieuse, les Autrichiens reçurent la loi. Mêlas iiirplora une capitula- , tipiï. Elle ; fut inouie dans lès. fastes dé la .guerre» L'Italie entière me fut restituée , et l'armée vaincue vint déposer ses armes aux pieds de nos conscrits.

Ce jour a été le plus beau de ma vie ; car il a été un des plus beaux pour la France, Tout était changé pour elle ; elle allait jouir d'une paix qu'elle avait conquise. Elle s'endormait comme un lion. Elle allait être heureuse, parce qu'elle était grande.

Les factions semblaient se taire ; tant d'éclat *es étouffait. La Vendée se pacifiait ; les jacobins étaient forcés de me remercier de ma victoire ; car elle était à leur profit. Je n'avais plus de rivaux.

Le danger commun, et l'enthousiasme


public avaient allié momentanément les partis, : La sécurité lès divisa. -} Partout oui) n'y à £as un cèntrede pouvoir incontestable, il se trouve des hommes qui espèrent l'attirer à eux. C'ès.tce qui arriva ati mien.. Mon autorité ■ notait qu'une magistrature* temporaire t elle n'était donc pas inébranlable, tes gchs> qui avaient dfe la vanité et se croyaient du talent, commencèrent une campagne contre moi, Ils choisirentleTribû* nat pour leur place d'armes, Là ils se mirent à m'attaquer sous ' le nom de pouvoir exécutif.

Si j'avais cédé à leurs déclamations, c'en était fait de l'État..Il avait trop d'ennemis pour diviser ses forces, et perdre son temps en paroles..On Venait d'en faire imc rude-épreuve yinais elle n'avait pas suffi pour faire taire Cette espèce d'hommes qui; préfèrent les inté* rets de leur vanité à ceux de leur patrie* Ils s'amusèrent » pour faire leur populo


rjjt&^l =reiuser lés impôts:*. à: décrier le 'gony^em^nt> à Ntïavot sa marche, ainsilqùéblei o^çrutement; 4cf groupes* ; Avee;ccs;!manièros là vnotts aurions été en quinze jours la proie de l'ennemi* Nous. n •étions pas encore ) de force aie hasarder. Mon pouvoir était trop neuf pour être invuînérablèï Le consulat al-? lait finir comme le direoTt$re, si je M'a* vais pas détruit cette opposition par un coup d'État. Je renvoyai, les tribuns factieux. Oiv appela cela, éliminer ; le mokfit fortune.- . :;>/ V - fV

Ce petit événement qu'on a sûrement publié ft,ujouM?hùi >.-changea la constitution : do i lg • Erancë' » tparcé qu'il me fit yompre.aYcpla république : car il n'y en aynit plus,.du: moment que la représent talion nationale n'était plus sacrée. V ^. 'i<3e'ï changemetït .était forcé > dans la situation <où jse .trouvait la France.vis^ à-Vis de l'Europe et d'elle-même. La ré* solution; avait des ennemis trop achar-


£4*fr. '

nés aurdédans et RUtdèhorsjpour qu'elle

dictatoriale ,f comme toutes les républiques dans les.momens de danger. Lèè autorités à contre-poids ue sont bonnes qu'en temps de paixl II fallait renforcer au contraire celle qu'on m'avait confiée, chaque fois qu'elle avait couru un dan* ger, afin de prévenir les rechutes. ■■'■•«.

J'aurais peut-être mieux fait d'obte* nh> franchemont cette dictature * puisqii'Oiifm'accusait d'y aspirer. Chacun aurait jugé dé\co qu'on appelait mon ambition : cela aurait, je crois^ mieux valu; car les monstres sont plus gros do loin que do près. La dictature aurait eu l'avantage de ne tien présager pour l'avenir; do laisser les opinions dans leur entier, et d'intimider l'ennemi, en lui montrant la%ésolution de la France.

Mais je m'apercevais que cette auto* rite venait d'enc-mème se placer dans mes mains. Je n'avais donc pas besoin


(40

dé la recevoir officiellement. ElleS'excrçait de fait, sinon déf droit. Elle suffis sait pour passer la crise, et sauver la France et la révolution, >■ ; t

Ma tâche était donc de terminer cette révolution , en lui donnant un caractère légal, afin qu'elle pût être reconnue et légitimée par le droit public de l'Eu* rope. Toutes les révolutions ontpass^ par les mêmes combats, La ■nôtre'* no pouvait pas en être exempte ; mais elle devait, à son tour, prendre son droit de bourgeoisie. ' > ■■*■■

Je savais qu'avant de le proposer, il fallait en arrêter les principes » en eon* solider la législation , et en détruire les excès, Je me crûs assess fort pour y réussir, et je ne me trompai pas.

Le principe de la révolution était l'extinction des castes ; c'cst4*dire l'égalité: je l'ai respecté. La législation devait en régler les principes. J*ai fait des lois dans cet esprit. Les excès se montraient


(43).

dans l'existence des factions. Je n'en ai tenu; compte > et elles ont disparu. Ils soi; montraient dans la destruction cltf culte ; je l'ai rétabli. Dans l'existence des émigrés; je les ai^appelés. Dans lo désordre général de l'administration ; je l'ai réglée, Dans la ruine des finances5 je les ai restaurées, Dan's l'absence d'uno autorité capable4e contenir la France ; je lui ai donné cette autorité, en prenant les rênes de PEtat,

Peu d'hommes ont .fait autant do choses que j'en ai fait alors,. en aussi peu de temps. L'histoire dira un jour co qu'était la France à mon avènement, et ce qu'elle était quand elle a donné la loi à l'Europe.

Je n'ai pas eu besoin d'employer utt pouvoir arbitraire, pour accomplir ces immeUsCs travaux. On ne' m'en aufait peut-être pas refusé l'exercice ; mais je n'en aurais pas voulu, parce que j'ai toujours détesté l'arbitraire en tout».


(44)

J'aimais l'ordre et les lois. J'en ai fait beaucoup : je les ai faites sévères et prêtrises ; mais justes, parce qu'une loi qui ne connaît point d'exception est toujours juste. Je.les ai fait observer rigoureuse*- ment, parce que c'est le devoir du trône; mais-je les ai respectées. Elles me survivront ; c'est la récompense de mes travaux. . '• '-^

• - Tout semblait» marolier à souhait; L'État se recréait; l'ordre s'y rétablissait.'Je m'en occupais avec ardeur : mais je sentais qu'il, manquait une chose à tout ce système ; c'était du définitif. • • Quoi que fût mOn-désir, de faire à-la révolution.un établissement stable, je voyais clairement que je ne.pourrais y parvenir qu'après avoir vaincu de grandes résistances : car il'y avait antipathie nécessaire entre les anciens et les hou-> veaûxrégimcs. Ils formaient deux masses dont les intérêts- étaient précisément en sens, iuverse. Tous les gouvernemens


(45)

qui subsistaient encore en vertu de l'an* cien droit public, se voyaient exposés par Jes principes de la révolution; et celle-ci n'avait de garantie qu'en traitant avec l'ennemi,- ou qu'en l'écrasant s'il refusait de là reconnaître.

Cette lutte devait décider en dernier ressort ,du renouvellement de l'ordre*souciai do l'Europe. J'étais à la tête de la grande < faction> qui voulait anéantir le système sur lequel roulait le monde de* puis la chute des Romains. Comme tel » j'étais en butte à la haine de tout ce qui avait,;intérêt à conserver, cette rouillegothique. Un caractère moins entier que Je! mien aurait pu loùvôye^ pour laisser une partie de cette question à décider au-temps»' • ,', - : • - > ■'

Mais dès que j'eus vu le fond du coexit . de ces den,x factions ; dès que j'eus vu qu'elles, partageaientilo monde', comme au, temps, de la réformation,' je compris que. tout pacte, était impossible entre


(46) elles, parce que leurs intérêts se froissaient trop, Je compris que,plus on abrégerait la crise, mieux les peuples .s'en trouveraient. Il' fallait avoir pour /nous la moitié plus un de l'Europe, / afin que la balance penchât de notre I côté. Je ne pouvais disposer de ce poids' \qu'en vertu de la'loi du plus fort, parce que c'est la seule qui ait cours entre les peuples. Il fallait donc que je fusse le plus fort de toute nécessité : car je n'étais pas seulement ■ chargé de gouverner la France /mais de lui'soumettre le monde ; sans quoi le mOnde l'aurait anéantie ■ *^ - ' ■'_ ' <

Je n'ai; jamais eu de choix' darts les partis que j'ai pris : ils ont toujours été commandés parles événemens ; parce que le danger était toujours*éminent, et le 3i mars approuvé à*quel point il était, à redouter, et's'il'était facile de faire vivre eu paix lés vieiix et les nouveaux régimes,' * ■' v, < .


(4f)

> Il m'était donc aisé de prévoir que _ tant qu'il y aurait parité de forces entie ces deux systèmes-, il y aurait entre eux guerre .ouverte, ou secrète, Les paix qu'ils signeraient ne pourraient être que des halt.es pour respirer, Il fallait donc que la France, comme le chef-lieu de la révolution, se tînt en mesure de résister à la tempête. Il fallait donc qu'il y eût unité dans le gouvernement, pour, qu'il pût être fort ; union dans la nation, ' pour que tous ses moyens tendissent ait même but; et confiance dans le peuple, pour qu'il consentît aux sacrifices nécessaires pour assurer sa conquête.

Or, tout était précaire dans le système du consulat, parce que rien n'y était à sa véritable place, Il y existait une république do nom, une souveraineté do fait,, une représentation nationale faible ,• un. pouvoir exécutif fort, des autorités Soumises, et une armée prépondérahtc, .


(48)

Bien ne marche dans un système' politique où les mots jurentavec lcs'choses; Le gouvernement se décrie par le mensonge perpétuel dont il fait > usage II tombe dans le mépris qu'inspire'tout ce qui est faux,' parce que ce qui est faux est faible. On ne peut plus" d'ailleurs ruser en politique îles- peuples on savent trop long: les' gazettes' cri disent trop. Il n'y a plus qu'un secret 'pour mener le - monde , ' c'est d'être fort ; parce qu'il: n'y a dans la force ni erreur, ni illusion. C'est le "vrai mis à nu," ' ' * - ' ' V ; ; •-; ;

Je sentais la faiblesse de ma position, le ridicule dot mon consulat; IL fallait établir quelque chose de solide, pour servir de point d'appui 1 à*la révolution. Je fus nommé consul à vie. C'était une suzeraineté viagère yinsuflisahte'endlemêmeV'piiisqu'clle plaçait une date dans l'avenir", et que ricri ne gâte la confiahee comme la prévoyance d'un changement,


( 49 ) Mais elle était passable pour le moment où elle fut établie,

Dans l'intervalle que m'avait laissé la trêve d'Amiens, j'avais hasardé Une ex^ •pédition imprudente;, qu'on m'a reprochée-, et avec raison:-elleiie valait rien en soi,* > ° ' ' \, ;

J'avais-essayé de reprendre Saint•Domingue, J'avais de bons motifs pour -le tenter, 5 Les alliés haïssaient trop 1 la \ Franco pour qu'elle osât rester clans l'jnaction pendant la paix, Il fallait qu'elle fûttoiijoursredo'utable, Il fallait donner uriepàtûre à laT curiosité dès oisifs. 11 fallait tenir constamment l'armée en mouVementpbur l'empêcher doVendorïnir. Enfin, j'étais- bioirâise d'essayer les marins,- -

Du teste, l'expédition a été mal conduite. Partout où je n'ai pas été, les choses ont tmqours été mal, Cela revenait'd'ailleurs; nssox aû,même i car il était

5


(<5°)

facile de .voir qiic le ministère anglais allait rompre la trêve ; et si nous avions reconquis,Saint-Domingue, ce n'aurait été que pour eux,

Chaque jour augmentait ma sécurité ,- lorsque l'événement du 3 nivôse m'apprit que. j'étais sur un volcan, Cette .conspiration fut imprévue : c'est la seule que la police n'ait pas déjoUéo d'aVance. Elle n?ayàit pas de çonfidens ; c'est pour.quoi elle a réussi,

*. J'échappai par un miracle. L'intérêt qu'on me ^témoigna me dédommagea amplement. On avait mal choisi' le moment pour conspiror. Ifion n'était prêt .en France pour les Courbons. - - ],

On chercha lçs coupables. Je le dis avec veille ; je lî'cn accusai que les Brutus du coin, En fait de trimes, on était .toujours disposé à leur en faire honneur. Je fus très-étonné, lorsque la-suite dés enquêtes vint à prouver que.c'était aux


royalistes que les gens de la rue SaintNicaiso avaient l'obligation d'être sautés en l'air,

Je croyais les rovalistcs honnêtes gensv parce qu'ils nour^cusaient de ne \ pas l'être. Je les croyais ,,J|ir tout, trèsincapablcs de l'audace et de la scélératesseque suppose un tel projet : au reste, il n'appartenait qu'à un petit nombre de voleurs' de diligences,, espèce qui était prince, mais* peu considérée dans :1e parti. .

Les loyalistes, tout-à-fait oublias depuis la pacification de la Vendée, «eparaissàient ainsi sur l'horizon politise. C'était une conséquence naturelle de l'accroissement de mon autorité. Je i*-> faisais la royauté. C'était chasser sù^ . leurs terres,

Ils ne se doutaient pas que ma monarchie n'avait point de rapport à la leur. La mienne était toute dans les faits ; la leur,-toute ^dans les droits. La leur n'é-


( «» 1 tait.fondée que sur des-habitudes; la mienne s'en passait; elle Jiiarchait en' ligne avec le génj&jliusiècle. Là leurtirait à la' cordé ,pour le retenir. '

. Les: républiMfns: y eifrayaient de la hauteur où ^e, portaient les çircons. tances : ils. se défiaient de Tusàge que j'allais faire de ce pouvoir. Ils rcçUm-.' tajent que je ne remontasse une vieille royauté à l'aide .de jnqn\,arniée.r Lesroyalistes^fom.eniajén.t ce bruit, et £e plaisaient à me présenter comme un; singe deé anciens monarques ; d'autres rOYNaJisleJSl^pJuf adroits, répandaient s.6ur^îpment que je m'étais enthoun sjasmé du rôle de Monck,>et que. je.rie> prçnajs là peine de restaurer le,pouvoir' que pour en faire hommage aux Bofurbons, lorsqu'il serait en état de leur être offert, ■ ' '

Les têtes médiocres, qui ne mesu'-; raient pas ma,force,ajoutaient foi àces bruits. Ils accréditaient le parti roya-


(53) liste, et me décriaient dans le peuple et dans- l'armée; car ils commençaient à douter»de mon attachement à leur cause. Je ne pouvais pas laisser courir une telle opinion, parce qu'elle tendait à nous désunir. "

Il fallait à tout prix détromper la France, les royalistes et l'Europe, afin qu'ils 1 sussent tous à quoi s'en tenir avec moi» Une persécution de détail contre des propos ne produit jamais qu'un mauvais effet, parce qu'elle n'attaque pas le mal à sa «icine, D'ailleurs ce moyen éd devenu impossible ^^dans ce siècle de sollicitation', ^bù'l'exil d'une femme remua tbûtbia France,

Il ^'offrit malheureusement à ïnoii dâhS ce moment décisif, un de, ces coups du hasard qui détruisent les meilleures résolutions. La police découvrit de petites menées royalistes, dont le foyer était au-delà du Rhin. Une tète auguste s'y trouvait impliquée. Toutes les èir-


(54) constances de cet événement cadraient d'une manière? incroyable avec celles qui me portaient à tenter un coup d'État. La perte du duc d'Enghien décidait., la question qui agitait la France, Elle décidait de moi sans retour. Je l'ordonnai, i . Un homme de beaucoup d'esprit, et qui doit s'y connaître, a dit de cet attentat que c'était plus qu'un crime > que

r c'était une faute. N'en déplaise à ce personnage, c'était un crime, et,-ce n'était pas une faute. Je sais fort bien

f la valeur des mots. Le'délit de ce malheureux grince se bornait .à de misérables intrigues avec, quelques vieilles bar rbnncs de Strasbourg. Il'jouait s,on'jeu. Ces intrigues étaient surveillées î elles ne menaçaient ni là sûreté de la France

(ni la mienne. Il a péri victime de la politique ,' et d'un concours inoui do. circonstances. , ' ' ', Sa ïnort n'était pas une faute, car


(«5) toutes les conséquences que j'avais pré- ■ vues sont arrivées,

La guorre avait recommencé avec l'Angleterre, parce qu'il ne lui est plus possible de rester long-temps en paix. Le territoire de l'Angleterre est devenu trop petit pour sa population; il lui faut pour vivre lo monopôle des quatre parties du monde. La guerre procure seule ce monopole aux Anglais,-parce qu'elle lui «vaut le droit.de détruire sur mer, C'est sa sauve-garde,

Cette guerre était paresseuse, faute de*terrain pousse battre': l'Angleterre était .obligée d'en louer sur le Continent , mais il fallait donner le temps à la moisson de croître. L'Autriche avait reçu de si rudes leçons, que.les ministres' n'osaient proposer la guerre, de si tôt, quclqu'ehvie qu'ils eussent do gagner-leur" argent, La Prusse s'engraissait de sa neutralité; la Russie


avait fait en Suisse-une futaie expé-' rience de la fuerrc. L'Italie et l'Espagne étaient entrées, à peu de chose près, dans mon système. Le Continent faisait halte,

Faute de mieux, je mis en avant un projet de descente en Angleterre. Jô n'ai jamais pensé a le réaliser; car il aurait échoué : non que le matériel du débarquement ne fût possible, mais la retraite ne l'était pas, Il n'y à pas uri Anglais qui ne se fût armé p^our sauver ...l'honneur, de son pays ,, et l'armée française , laissée sans secours à leur merci, aurait fini par périr bu par capituler, J'avais pu faire cet essai en Egypte ; mais à Londres*, c'était jouer trop gros jeu, •

Comme la menace ne me coûtait rien, puisque je ne savais quo faire de mes troupes, il valait autant les tenir en garnison sur les côtes, qu'ailleurs. Co


( «7 ) Seul appareil a obligé l'Angleterre à se mçttre svv un pied de défense ruineux. C'était autant de gagné,

' En revanche on organisa une conspfr ration contre moi. Je peux faire hon-» neur de celle-ci aux princes émigrés ; car elle était vraiment royale, On avait mis en mouvement une armée de cons* pirateurs. Aussi nous en fûmes informés dans les vingt-quatre Heures : tant les confidences allaient bon train, . Comme je' voulais cependant faire punir des hommes qui ne cherchaient qii'à renverser l'Etat (ce qui est contre les lois divines' et humaines ), je fus obligé d'attendre, pour les faire arrêter, qu'oii eût rassemblé contre "eux des preuves irrécusables.

. Pichegru était,à la tète de cette ma-» chination : cet homme', qui avait plus de bravoure que de talent, avait voulu jouer le rôle de Monck ; il allait à sa tajille. „ '


t*8)

Ces projets m'inquiétaientpeûyparce que je .connaissais liWsportées, et quO l'opinion publique ne les favorisait pas; Les royalistes m'auraient assasshié, qu'ils n'eu auraient pas étéqrius avancés; Chaque chose a son temps.

J'appris bientôt que Morcau trempait 1 dans cette aflairc. Ceci devenait 'plus délicat, parée qu'il avait"une popularité colossale. Il était clair qu'on devait le gagner. Il avait trop de réputation, pour que nous * fussions bons voisins. Jq^nc pouvais pas être tout et luiricri» Il fallait trouver une manière honnête de nous séparer. Il la trouva. \ On a beaucoup dit que j'étais -jaloux de lui : je l'étais fort peu ; mais il Pétait beaucoup de moi, et il y avait de< quoi» Je l'estimais parce que c'était un bon militaire. Il avait pour amis ■ tous ceux qui ne m'aimaient pas, c'est-à-dire beaucoup de gens, Ils en auraient fait un héros, s'il avait péri. Je n'chVouJais


(«9)

-iaire que ce'qu'il était : c'est-à-dire un -homme nul. J'ai réussi ; l'absence l'a

. peVdu» ses amis l'ont oublié > et on n'y

\a.pluS 1 songé.

Les autres coupables exigeaientmoins de méiilgcmcns. C'étaient tous les vieux habitués de- conspiration dont il fallait purgcr'pour tout-à-fait la France. Nous y ayons réussi', car il n'en a plus reparu dès-lors.

. Je fus accablé de sollicitations. Toutes les femmes et les cnfans de Paris étaient en l'air. On demandait, la grâce de tout le monde, J'eus la faiblesse d'envoyer quelques coupables dans'des prisons d'État, au lieu d'en laisser faire justice. .Je me rep 1 roche, même aujourd'hui cette espèce d'indulgence, parce qu'elle n'est, dans un souverain,*qu'une faiblesse coupable. Il n'a-qu'un seul devoir à rcmplh) vis-à-Vi$ do l'État > celui d'y, faire, observer les lois. Toute transaction avec le crime devient'un crime


•fdo)

de la part du trôné. Lé droit de grâce ne doit jamais s'exercer'envers les cou*» pables. Il faut le réserver pour le cas malheureux que la conscience absout,* quand la loi les condamne >^

Pichegru fut*trouvé étranglé dans son lit. On ne manqua pas de dire que 1 c'était, par mes ordres. Je fus, totalement étranger à cet événements'Je ne sais pas même pourquoi, j'aurais soustrait ce criminel à' son jugement. 11 ne Valait pas mieux que les autres, et j'avais un tribunal pour lo juger , et des soldats pour le fusiller. Je n'ai jamais rien fait d'inutile dans ma vie, . Mon autorité s'accrut, parce qu'on l'avait menacée. Il n'y avait rien" de prêt en France pour une contre-révolution» Elle ne voyait,dans les menées des royalistes qu'un moyen de lui apporter l'anarchie et la guerre civile. Elle voulait s'en préserver à tout prix, et te rapprochait de moi, parce que je


r-(éî")

promettais de/l'en garantir. Ellcvoùlait dormir à l'abri de mon épée.'Le voeu public, (1'liisloirè ne me démentira pas, )le voeu public m'appelait à régner sur la France. '

La ! forme républicaine* he pouvait plus durer, parce tfu'ôû lie fait pas de républiques avec de vieilles monarchies, Ce que voulait la France,,. c'était sa •grandeur. Pour eh soutenir l'é4i(icb, il fallait anéantir les factions, consolider l'oeuvre de la révolution, et fixer sans retour les limites de l'État, Seul, je promettais à la France de remplir ces conditions. La France voulait que je régnasse sur elle.r

■ Je ne pouvais pas devenir roi. C'était Un titre usé, Il portait aVcc lui des idées reçues. Mon titre devait être nbuveau, comme la nature'de mon pouvoir, Je: hâtais pas l'héritier des Bour* vbons, H fallait ^êtré beaucoup plus pour s'asseoir sur leur trônoi Je pris U


^ -b vC$n->)f* .'■

ttt^^d'envpereur f ■ parce .qu'il; était plus fcrând et>moins.dé|iiii, ? , ^ .

"Jamais révolution ne fut aussiMeucc que celle.qui renversa Cette république pour larjueilo ôu{avait répandu tant de sang» C'est qu?On maintenait la choUe ; lemot seul était changé, C'est pourquoi les* républicains n'ont pas redouté Pempjre. ; s , ,^: 'A^, y--.•; '/-./"..;/ - ..;.{■:*::■;■■

% D'aiUenfc| lès révolutions qwi lie déplacent passes intérôtsrsont toujours douces. * ; V ■ ».'■'■. . < -.: ••<> -:. •->' La révolution .était enfin terminée» Elle devenait inébranlable sous une djv nastie permanente. La république n'avait satisfait que des opinions ; l'empiro v garantissait i Jes;, intérêts avec les opinions. ■>•■-. Vv.; '•■■■,.■ .■..-.-* -'.■; -k% Ces intérêts étaient ceux te l'im* •■ mense majorité^ parce qu'avant tout lés instittitiojîsMo ■> l'empire^ garantis* |Mct%l'c*g^ife Ja dénmcratie y exis4 Mtd| fi^iklejjacflroit* La liberté seule


cm :■;■ rj,.

y avait été restreinte, parce qûVîUô|n0 vaut rien pour les temps de. crise «Mais la «liberté n'est/ à^l'Usago <quc; de la classe éclairée dé la-mâlion ^V£gnnte* sert à tout le monde. C'est pourquoi nîbn pouvoir est resté populaire, même dansles revers qui o^nt 4crasé;laFrance^ .Moh autorité né rbpolait pas\ comme dans les vieilles monarchies ■>. sur .mi échafaudage de castes et de^borps intermédiaires, Elle était imméuiâtc, et n'a- > vait d'appui que dans elle-même ; car .. il n'y avait dans l'empire que la nation et moi» Mais dans, cette nation tous étaient également appelés au* fonctions publiques, Le point, de départ n'était ■ un obstacle pour personne. Le mouve- / ment ascendant était universel dansl'Èf tat. Ce mouvement a fait ma force. I

Je n'ai pas inventé ce système : il est sorti des ritines de ja Hastille* 11 n'est que le résultat de la civilisation et des moeurs que le tofoffc n<dbnmteM.VEu* .


;;».;_ ■ .; ,(<6|) •;;.'■■: / ro|ptX)n^ïéSsayerAi^njvainîde le/dé*, truîre; ibse maintïéïuira par;4à\foreé; des choses, pareé/^ùele}ïaitsfini|toù4 jours jiâr. se; placer? là ;où est la forcé? Or la force n'était #lus dans la|ioblesse$ v depuis.qu!elm£vait:permis idu tiers-état^ ^pprteri les armest ic| qu'elle n'avait j^lùs vonluètriîfia seuie milice de PÉtat* ^ La force m'était îplus dans ;le clergé ? de^sqjie |gnmn^

' testant, ; en'Movehanl\- raisonneur, La < force n'était^plus dans les gouverne* mens, précisément/parce que lano4 blessetetlle ciërgéi|*étaientplUs.en état dercmplirleurs fonctions > c'e^t^àfdire d'ap|myer4ë trône. Là force n'était plus

' tlans les • routines et les préjugésy? de* |wis qu'on avait démêùtré aux peuples qu'il n'y avait ni routines ni préjugés.-a * ît y avait dissolution dans lé corps sociali loiig?temps^avant:1a révolution ; parce qu'il n'y avait fins dé rapporta eiitrj|Jeimotâ*ét les chosesi ; v


:; "'."'"'.■ ■-<W '-;■■. /,.':

, olnïté déSL pïNéjtigé| avait, ntis $5È)t£ la-sôûrse des,ponvoM^Qn ay^it ^coul vert jou> foifeksse.^Jslsôntîtbi^^ en eh^tà la prêini^a)t|^que, ^ ; l H> r * 11 fallaitîdonc refaire rautprité^r/Un?■ autre planv I^Mlaitiju'étte s:e passitjdu cortège des habjtuotej J^ il fallait. qu'elle se p^s^tj p^^btayeu'?,; glêment qu'on appelle*la 4pi>!l|le.n^ vait nérité d'ajicunsf droit^ V $ M\*\l donc qu'elle fût en entier dans le fait $ c'êst-à*dire dans la force. ■, -

Je ne montais ?p#s am&i sur fie trône comme un ^héritier des ancienhés* dy, nastiés, pour m'y asseoir mollement sous les prestiges des habitudes et des illusions ; mais pour atfermir les institutions que le peuple voulait, pour mettre les loi? |n accord ayee les moeurs, et pour rendre la France redoutable > afin de maintenir son indépendance.

On no tarda pas à ;m*en fournir l'occasion, L'Angleterre était fatiguée pas?


< 66 >

le "séjour de mes troupes sur les côtés. Elle voulait s'en débarrassera tout prix, et cherchait^ la boursjû à la niain, des alliés sur le continont. Elle devait en trouver. - *

Les anciennes dynasties étaient cf?

(frayées de mé voir sur le trône. Quelques politesses que houS nous fissions, elles voyaient bien que je n'étais pas un des leurs 1: car,je né régnais qu'en vertu ■d'uiv-systôme qui détruisait l'autel que " le temps leur avait élevé. J'étais à moi seul une révolution. L'empire les menaçait comme la république. Elles le redoutaient davantage > parce qu'il était plus robuste. ' - •

Il était donc de leur politique de m'attaqùer le plus tôt.possible, c'est-à' dire avant que j'eusse pris toutes mes forces»

Les chances de la lutte qui allait s'otrvrir, étaient d'un grand intérêt pour moi» Elles 'allaient m'apprendre la .me*


sure delà.haine^qu'ou méportail^Ëliès allaient m'a^ju^iuire à distinguer ceux des souverains qùe^lieraintctiéciderait. * à'è'assOcicr ? an "système do il'empirc| ll'ayéc Ceux qui périraient plutôt rjuë de transiger avcéflùi. . ' '."*■ :

Cettemtlp devraitfeneher de nouvelles COi^)inaisbhs politiques en Eûrofie. Je devais succomber, ou en devehir Parbilféi -'*:r'hnyf. ■ ^-"^ , ;'- V

Je venais de réunir le Piémontà la* France > parce qu'il' fallait que irLpmbardié s'appuyât à l'empire. On cria 1 à l'ambition t on prépara la lice pour le combat. Cette réunion lui servit |)e si-^ gnal. ■ -r-' 1 ■ ■ ■■'■■ ■<■-■■■■;''.■■■ '.';/■ '-

La bataille devait être rude. Les Autrichiens rassemblaient toutes leurs forces V et lès Busses s'étaient décidés à y réuhir les leurs. "

4f Le jetuié Alexandre Venait de monter / sur ïé trônd : comme les enfans aiment à faire lb contraire de leurs parons ^11.


me déclara la guerre/, parce, que '.son père avait fairla-paix* Car'nousf^a-* vjons rien * ericorcVa démêler avec les Russes : .leur tour Vêtait-.pas venu? mais les femmes et les courtisans Pà4 valent décidé ainsi. .Ils ne croyaient faire qu'une chose dé bon goût, parce que je n'étais pas à lamode dans le beau monde ; et ils - commençaient, sans le savoir, le système auquel la Russie devra ' sa grandeur. • ' » '

La coalition fi'a jamais ouvert la campagne plus.maladroitement, Les Autrichiens s'imaginèrent de surprendre. Cette prétention né leur réussit pas» .

Ils inondèrentla Bavière sans attendre l'arrivée dés Russes»' Ils Yen vinrent» à marches forcées, sur le Rhin» Mes co** lonnes avaient quitté le camp do Bour logne, et traversaient la. Franco» Nous passâmes le Rhin à Strasbourg; • Mon avant-garde rencontra les Autrichiens à Ulm et les culbuta. Je marchai sur


Vienne à; tour :del route. J'y entrai' sanâ obstacle» Un général autrichien oublia de couper les ponts du Danube; Je pas* sai la rivière. Jo l'aurais passée ■également, mais :j^cn arrivai plus vite en Moravie. ' .- / ' \.s .'>

i Les Russes débouchaient seulement ; les débris autrichiens coururent se.ré^ fugier sons leurs drapeaux» .L'ennemi voulnf t^nirA Austerlit?; il fut battu, Les Russe* se retirèrent en bon ordre, et me laissèrent, l'empiré d'Autriche* ;

L'çmpêrêut François me demanda une .entrevue : je/la donnai dans un fossé. Il me demanda^la*paix; je l'accordai ; car qu'aurais*]o fait de son pays : il n'était pas moulé pour la révolution.» Mais pour* diminuer ses forces, jb demandai Venise pour laLombardie, et le Tyrol pour la .Bavière; afin de ten* forcer au moins mes' amis aux' dépens de mes ennemis» C'était bien le moins.

Co n'était pas le moment de disputer \


. .< 70 ) la paix fut signée. Je la fis proposer en même temps* aux dusses i Alexandre la refusa»

Ce' refus était noble '; car en acceptant la paix, il acceptait.l'humiliation des Autrichiens. x

En refusant,-il montra de la fermclé dans les revers, et de làconfi&hce.daiis 1 la fortuné, Ce refus m'apprit que le sort du monde dépendrait db nous deux. v ' '

La campagne recommença, Je suivis la retraite des Russes. J'arrivai en Pologne. Un nouveau théâtre s'ouvrait à nos armes. J'allai voir cette vieille terré de l'anarchie et de la liberté, courbée sous un joug étranger . les Polonais attendaient ma venue pour le secouer, y J'ai négligé le parti que je pouvais tirer des Polonais, et c'est là plus grande faute démon règne. Je savais cependant qu'il était essentiel do relever ce pays, pour en faire une barrière à la Russie, et un contrepoids à l'Autriche ; niais lés


(7') circonstances ne furentpas assez heureuses à cette époque pour réaliser ce plan.

IJ'ailleurs lesPolonais m'ont paru p^u propres Ji remplir mes vues. C'est un peuple passumjujjît léger. Tout se-fait chea eux par faiitaj^Je7"e~t rien par système. Leur enthousiasme est vj^l&nt; mais ils ne savent ni le régler ni le perpé^ujn\ Cette nation porte sa ruiné dans, soivcaractôrc. " - - *""""*

rW£eïrequ'cn donnant auxPolonais un plan, un système, et un point d'appui, ils auraient pu se former uvec. lo temps,

Quoique mon caractère ne m'ait jamais porté à,faire les choses à demi, jo n'ai cependant fait que cela en Pologne» et-je m'en suis mal trouvé» Je m'avançai au coeur de l'hiver vers les pays dunorjï» îierclimat] n-inspirait aucùuei déûaUco au^qldat»;^pii t moral, étaltaexcellent. Jîayajsjà combattre une armée maîtresse de 1 son terrain: et tlb son climat» Pte


m^tte^dalt sur lés frontières de la Russie.'J'allai l'y chercher» parce qu'il ne fallait pas laisser languir mes trouves dans de mauvais cantônnemëns. Je rencontrai l'ennemi àEylau\ l'affaire fut., meurtrière e.t indécise. I.' Si les Russes nons avaient attaqués le | lendemain, lions aurions ^été battus ; j mais leurs généraux n'ontheureusêmènt ! pas dé ces inspirations. Ils me donnaient ? lé tem^s de lëé Attaquera Fried^ahd^ La. Victoire' y fut ïnôins" douteuse t Alexandre s'était Vaillamment défendu i il me proposa la paix. Elle était hono* rable pour les deux nations, car elles s'étaient mesurées avec une égalejbra* vonre» La paix fut signée à Tilsil » elle le fut de bonne foi: j'en atteste!? czar " lui-même. ' ^

Telle fut l'issue des premiers efforts de là coalition contre l'empire que je venais de fonder» Elle éleva la gloire de nos armes, mais elle laissa la question


(73) indécise entre l'Europe etmoi, car nos ennemis n'avaipnt été. qu'humiliés : ils n'étaient ni détruits ni changés. Nous nous retrouvions au môme point; et en signant la paix, je prévis uno nOuvello guerre. » *-\

,- Elles étaient inévitables>.tant que lo sort do la guerre n'amènerait pas do nouvelles combinaisons, et tant que l'Angleterre aurait un intérêt personnel à les prolonger. t -

, Il fallait donc profiter du repos passager que je venais do rendre au conti*nent, ppnr élargir la base de l'empiré; afin de la rendre plus solide pour les attaques avenir. Le trône était héréditaire dans ma famille t elle commençait ainsi unb dynastie nouvelle, que le temps devait consacrer, comme il a légitimé toutes les autres. Car depuis Ch'arlemagne aucune couronne n'avait été donnée avec autant de solennité. Je Pavais reçue du Voeu des peuples et de la

,7


(?4),

sanction cl© l'Église.* nu famille, appelée ai régner, ne 4eV.ait pas. rester mêlée dans Içs. ra,ng& dg, la société; c'eût été Un contre-sens..

J'étais, riçÎAp «un. conquêtes* Il fallait lier intimement ces États au système do l'empù'Q » aji,n d'a,çqroUvQ sa. prépondérance» 1\ n'y, fc pas d'autres, liens entre les peuples, qup çe.ux,dj&$ intérêts, qu'ils mettent en cjq^nuuiu II fallait donq établir une entière comniun&mé d'intérêts entre nou$ et les pays conquis. Il ne s'agis(S.ait pour cela que. de changer lçur ancien orjdie soeiaW pour leur donnpjt; lo nôtre, on mettant à la tète, do ces nouvelles institutions, des souverains in? téressés à lc^, maintqnn\

Je remplissais ces, conditions eu plaçant ma. familial surAes trônes.qui se trouvaient, vacajbs..

La LonuSardle,était le plus essentiel deecs$tats, pavée .qu'elle devait être continuellement exposée aux regrets de


la maisoft d'Aùtriclié i Je "mi VoMiis ps ltii domtef l<30|iltii»hr- dé mettre lin tiê mes IVèrés sur co trône.'J'étais seul càf p^blô déporter kcouronriô de foryét)é_ làtnlsstirmatètèVf •■■*' ^* -- • f n:tfe tfohnai par4à 5 plus de èéhfiaucô aux Lombar^I, |^e que je MsWnVd propreaâaireticlaiéùr* * - * '

' CbnotiveiÊtàtpritïôiiôm dè!royàtmïé dTtaliev parce que ce titré étaï| £ltà grand\"éi parlait'davantage'^ l'imagination ides ît&liéhsV ^ ^ ";;- ' Lé' Irohé Nànies étftït Yacàtit V î*ti feine Cavbljnë i à^rès avoir iïunidé de sàtig le ^paVé de Nàpléi> et livré *èbii royaùj^ a\rx;Àttglals^ énav<été clîàfi sée de nouveau; ïl uillat^mmàtt^ àob mftlhein%x fia|s > ftfoiVMttVër de l'anarchie ^$t dés vengem^esi tlndèïncl ft^res monta sur ce trôné. = M.^-

^Là rtollaitde avait peru^t depuis lohgtemps l'étiérgie qui fait les ré^U^ùcsï Elle n'aVait plus la force àb jôueV c^


(76) rôle. Elle en avait donné làprcuVélors dit ^débarquement do çjgfj Je ne > devais pas soupçonner qu'elle, regrettàtla maisou^d'Orange> à la .manière (dont elle l'avait traitée. La Hollande semblait donc avoir besoin, d'un souverain ; je lui donnai un autre de mes frères» ■

Le cadet était •'assois jeune pour^attendre t le quatrième n'aimait pas à régner ; il s'était sauvé pour s'y soustraire*

Il ne resta en république que celle des Suisses. Il ne valait pas la peine dé changer des formes auxquelles ils étaient accoutiimés. Mon autorité dans ce;pays s'est nornée à les empêcher de s'égorger jfur'eux» Ils ne m'en ont pas témoigné ulie grande rreconnaissance* »■;■*.

. En formant ainsi des Etats alliés de la France, et dépjmdans de l'empire*, je dus en même temps réunir \ à là mèrepatrie, d'autres portions de territoires, afin de conserver sa prépondérance sur toutlé système» *


"'■ (7.7)

C'est dans ce but que j'avais réuni le Piémont à la France, et non pas à l'Ita- ^, lie» J'y; réunis de même Gènes et Parme. Ces réunions ne valaient.rien en èllçs-mèmcsy car'j'aurais fait de ces peu* plès de l^onsltalieiisj, je n'en ai faitp^Uo de médipct^s*!Fratiçà|s. Mais l'empire se composait non-seulèment de là Franco, mais des Etats delà famille et des alliés / étrangers» Il était essentiel de conserver j la proportion entre ces trois : éléincns. Charpie alliance nouvelle emportait avec elle une nouvelle réunion, Le public à chaque fois criait à l'ambition, Mon ambition n'a jamais consisté à posséder quelques lieues carrées de plus ou do moins y mais à faire triompher ma cause.

Or cette cause ne consistait pas seulement dans les opinions j mais dans le poids que chaque > parti pouvait mettre dansla- balance, et les lieues carrées pèsent dâïis le bassin, parce que; le monde ne se compose que dé cela. i


(7f ) v J'augmentais ainslla maése des forces tfùo je faisais mouvon;, ill im'follait ht talent ni adresse pbnrôpérer ées chann gerheiis» Il suffisait d?un"aoteâe nla-vof lonte* ', car. ces pays étaient trop petite po^r eh lavoif» en; ma jirésonee} Ils déf pendaient!dit înoùvemeiit imprimé ïà l'ensemble du système impériat.; Lo pbitit dé départ ;dè ce i Système était oit Frànçg.-.>cl; '.,..;w-> .^^ÏJ,^J.;Ï^II^. Il fallait donc consolider mon qti^ vragè yen donnant à lal?rance des inp titutions; conformes au nouvel ;ordrb> sôciftl|pt'elîéavaîtadop"téi II fallait c?écr> mon siècle f)our moi» cointûe jél'aVais*

été jpOttr lÙÎ. . v!w- i-r'^/'i >'*?::hïii

11 failai t è tre législateur j après avoi r été guerrier. : -.-t■ r. ^

îl n'était jikisposéiblede faire rêdiûer la évolution ; car■'. c'aurait- été sou^ mettre de nouveau les forts aux faibles; ce qui est eotttre nature* Il Mlait doho eti saisir l'esprit > pour y acCommotler


(7S)')v un système analogue do législation. Jo crois y être pArvenu»: Ce système mo survivra, b't j'ai laissé à l'Europe' mi héritage qli'cllb rie pourra plus repu* 4 dieT. '•■ » : - ". . ' •

Il n'y avait en réalité dans l'État ' qu'une vaste démocratie, menéepartttie dictature. Celte espèce dé gouvernement, est cémmodo pour l'exécution; niais elle est d'une nature temporaire j parce qu'elle n'est qu'eit viager sufr la tète du dictateur. Je devais la rendre perpétuelle, en faisant des institutions à demeure, et des corporations vivaees, afin de lés .plaéer entre le trône et la démocratie* Je ne pouvais rien opérer pari le levier des habitudes et dés illusions. J'étais obligé de tout créer avec de la- réalité.

: 11 fallait ainsi fonder ma législation sur les intérêts immédiats de la majorité, et créer mes corporations avec dés intérêts i parce que les intérêts sont ce


' ■;.■ :■■(#). ■:-'-"V'.

qîi'Us y a.dophis réel dans ce monde*

; J'ai* {a^tides> lois!dont l'action dtait

immense, mais imiformé* Elles avaient

,, pouife principe le maintien dp l'épjitél

i. Elle est si fortement empreinte dans

( ces obdes y qu'ils siiihront seiijsipourla

\'CQnscryt}r.':r:i■'.-:;:.;.;.v-'>% «Uvy'-rn^:»:

^;. J'instituai 'imé caste Jutcrm^diaire.»

Éllq était démocratique, pareoqu'on y

entrait à toute heure et de ; partout itiélle

e*tait monarchique , * parce! qu'elle > ne

pouvait pas inourir, v : !■* in» 's

Cette corporation devait remplacer

danj^le nouveau régime le service que

la noblesse était ccnsée;foire dahsiraiï^

chm \ c'est-à*dire d'appuyer le trône.

Mais elle ne lui ressemblait en rien»;

La vieille noblesse n'existait que par

ses prérogatives ; la mienne n'avait que»

V duîpOiiVôir. La vieille noblesse tv'aVait

de mérite que parce qu'elle était éxélu*

sive» Tous ceux qtti se, distinguaient

entraient de droit dans la nouvelle :


elle n'était autre chose qu'uiie Couronne civique. Le peuple n'y attachait pas d'autre idée* Chacun lavait méritée par ses oeuvres s tous pouvaient l'obtenir au niême.prix . elle n'était offensante pour personne,- !■ - -

. L'esprit do l'empire était le mouve? ment ascendant : c'est le caractère des révolutions» Il agitait toute la nation» Elle se soulevait porçr s'élever* J'ai placé au somuiet de Ce mouvement dé grandes récompensés. Elles no furent données que par la reconnaissance publique. Ces hautes dignités étaient encore conformes à l'esprit de l'égalité,, car le defliier soldat les obtenait par des actions, d'é*

CHU» .1,.. .' v. ■■.-' - ;■,■,:.'•::. ; ■ ;-,

Après le désordre de la révolution, il importait de rétablir l'ordre, parce qu'il est le symptôme do la force et de Indurée. - *

Lés administrateurs et les juges étaient essentiels à l'État; puisque d'eux seuls


dépendait l'ordre public" t c'cst-à-diré l'exécution des lohl» Je les associai au mouvement qui animait' le peuple et l'armée. 1 Je les associai Aux mêmes récompenses. Je fis tin ordre qui honorait les administrateurs*, parce, qu'il avait reçu des soldats un brevet d'hbn*- nenr. Je le rendis commun à toits'ceux qui servaient l'Etat, parce que la'première'des vertus est lo dévouement à sa patrie.

Je donnai ainsi pour ressort à l'em» pire un lien général» 11 unissait par leurs, intérêts toutes les classes de là nation i parce- quWuno n'était subor* donnée ni-exclue» Il se formait autour do moi un corps intermédiaire, fourni par l'élite de la nation. Il était attaché au système impérial par sa vocation, par. ses intérêts v, et par ses 1 opinions s Ce corps nombreux, quoique revêtu dû pouvoir civil et militaire, était avoué pair h peuple 5 parse qu'il était tiré au


(83) sort dftu>/ le;? rangs», 11 avait confiance enJiJli'pAroe que leurs intérêtsétaiçnt confwidusi Ce corns n'était ni déci-' înatèur ni exclusif» CeJl'était en réalité qu'unemagis^fcature» f; «;>

; L'empire s'asseyait iSi\r une organjk sjtvtioix forte, L'armée s'était formée- à; l.Mçoledela guerre t elle.y avait appris' àsebattrbctàsquiïrir*f - - ^y i^es fonctionnaires civils s'accontu-> innjcnVà'falvé exécuter strictement les lois,, parce que je ne voulais ni d'arbitraire ni d'interprétation. Ils set forniaient ainsi à l'habitude et à la ràpU; dite» J'avais répandu partout Uno im^» pulsion uAjiXqtme.y parce; qu'on ne donnait, qu'uu, seul mot d'ordre dans Penw pirei îAussiifout so mouvait dans cette >, maeldtte.; mais le mouvement ne s'opé- 1 rait que dans les cadres que j'àvajspré^

pUréS* > ^ . ^ï;;. i :::r.;r;.v> ': i ■-:■'■

J'ai arrêté les dilapidations publique»1/ en centralisant sur un seuljVoint tôutOv


(84) _

la machine fiscale. Je n'ai rienlaissé de vague dans cette partie ; parce qu'eu fait do monnaie *' tout doit se retrouver. Je n'ai surtout rien laissé de disponible à ces demi-responsabilités provinciales ,\ parce que l'expérience m'avait prouvé que cet abandon no sert qu'à enrichir quelques petits malvcrsateurs aux dépens du trésor, du peuple , et de la chose, . ■■■ ;.■...-.■'■■'■■ t ..

J'ai rendu le crédit à l'Etat en ne faisant pas usage de crédit,

.J'ai substitué au système des emprunts qui avait perdu la France, celui des impôts qui Ta corroborée. '

J'ai organisé la conscription : loi rigoureuse , mais grande, et seule digne d'un peuple qui chérit sa gloire et sa liberté ; car il ne doit confier sa défense qu'à lui-même. •

■J'ai ouvert de nouvelles communications au commerce. J'ai fait réunir l'Italie à la France , en ouvrant les


Alpes par quatre routes diflerentes. J'ai entrepris dans ce genre ce qui paraissait presque impossible., . J'ai fait prospérer l'agriculture en maintenant les lois protectrices de la propriété, et ep répartissantégalement les charges publiques.

J'ai ajouté de grands monumens à ceux que possédait la France. Ils devaient servir de témoins à sa gloire. Je pensais qu'ils élèveraient l'amo de nos .descendans. Les peuples s'attachent à ces nobles, images de leur histoire.

Mon trône ne brillait que de l'éclat des armes. Les Français aiment de la grandeur jusqu'à son^„app^ençe>.:J'ai fait décorer dësTpalais ; j'y ai réuni une cour nombreuscTJe^luï ai^onné un caractère ausJLère^:. tout autre eût été mal assorti. On ne s'amusait point dans ma cour. Aussi les femmes n ont^ joué ^'unroTë mesquin clans cette cour où tout était consacré à la grandeur do


(86) l'Etat. C'est pourquoi elles m'ont toujours détesté, Louis XV était beaucoup tmieux leuTTait,

* Mon ouvrage était à peine ébauché, lorsqu'un nouvel ennemi se présenta inopinément dans la liçé,

Depuis dix ans la Prusse s'était tenue en paix : la France lui en avait su gré; lès alliés lui en avaient vouln beaucoup de mal. Ils l'injuriaient, mais elle prospérait,

Sa neutralité m'avait été surtout essentielle dans la dernière campagne. Pour m'en assurer, il lui fut fait quelques ouvertures d'une cession du Hanovre. Je pensai qu'une pareille ouverture valait bien une petite violation de territoire que je m'étais permise, pour accélérer la marche d'une division que j'éjais pressé d'avoir sur le Danube.

L'Angleterre ayant rejeté les pro^* positions de paix que nous lui avions envoyées , suivant notre usage y en si^


(«7) ghant Celle de Tilsit, la Prusse de^- manda la cession du Hanovre, -

Je ne demandais pas mieux que de lut faire ce cadeau; mais il me parut cju'ii était tehips que cette côûr se déclarât franchement pour nous', en entrant pour tout de bon dans notre système. Il no pouvait pas tout conquérir avec l'épéc ; la politique devait aussi nous donner dés alliés , et l'ocCasion'pàraissait belle.

Mais je m'aperçus que la Prusse avait de tout autres Intentions, et qu'elle croyait m'a voir amplement payé par sa neutralité. Dès Ce moment il devenait ridicule d'agrandir un pays sur lequel je né pouvais pas compter. J'y mis dé l'humeur ; je ne calculai pas assez qu'en donnant du terrain à la Prusse je la compromettais ; c'est-à-dire que je me l'assurais". Je refusai tout \ et le Hanovre reçut ime autre destination. ■

; Les PrUssietts jetèrent les hauts cris, parce que je ne voulais fias leur donner


(88) le bien d'autrui. Ils se plaignirent de ma petite violation de l'année précédente. Ils s'avisèrent tout d'un coup qu'ils étaient dépositaires de la gloire dit grand Frédéric. Les têtes s'échauffèrent. Une espèce de mouvement national agita la noblesse de Pnlsse, L'Angleterre se dépêcha de le solder, et il prit de la consistance. < * «

Si les Prussiens m'avaient attaqué pondant que j'étais aux prises avec lés Russes, ils pouvaient me. faire beaucoup de mal; mais il était si absurde devenir, hors de raison, nous déclarer une guerre qui ressemblait à une mutinerie de col-? lége, que je fus long-temps avant d'y ajouter foi. -

Rien n'était plus vrai cependant y et il fallut rentrer en campagne.

Je m'attendais bien à battre les Prûs? siens ; mais j'avais destiné plus de temps à cela. Jepris des mesures contre'les agressions qu'on pourrait ihc susciter


(»9) d'ailleurs , et. que je soupçonnais. Mais je n'en eus pas besoin, , Par un hasard singulier, les Prussiens ne tinrent pas deux heures. Par un autre hasard , leurs généraux n'imaginèrent pas de défcndredes places qui m'auraient tenu trois mois. En quelques jours je fus maître du pays,

La diligence de cette déroute me prouva que cette guerre n'avait rien eu de populaire en Prusse. J'aurais dû profiter de cette découverte pour organiser la Prusse à notre manière ; mais je ne sus.pas m'y prendre.

L'empire avait acquis une immense prépondérance par la bataille de Jéna, Le public commençait à regarder ma cause comme gagnée ; je m'en aperçus aux manières que l'on prit avec moi. Je commençai à le croire aussi moi-même, et celte bonne opinion m'a fait faire des fautes,

Le système sur lequel j'avais fondé


(9°) l'empire était ennemi ;né des ancienhès « dynasties. Je savais qu'entre elles et moi la guerre devait être mortelle, Il fallait donc prendre dos moyens vigoureux pour la rendre aussi courte que possible, afin do ménager la souffrance des peuples et des rois. ■ -.-,'■• > •

Ainsi j'aurais dû changer * d'une pârty la forme et le personnel de touslcs Etats que la guerre mettait dans mes mains, parce qu'on ne fait pas des révolutions en gardant les mêmes hommes et les mênies choses. J'étais doue sûr y en cOn-> servant ces gouvernemens y de les avoir toujours contremoi: c'était des ennemis: que je ressuscitais. ' ; "

Si je voulais, d'autre part, garder ceà gouvernemens, faute de mieux, il fallait les- rendre complices de -ma grandeur, en leur faisant accepter, aveé mon alliance | des territoires et^es titres.?- ■ ' ï v:

En siuvant l'unou Pautre -de 'Ces plans y suivant l'occasion, j'aurais éteiidu


(9'i) rapidement les frontières delà révolution.. Nos alliances auraient été solides, parce qu'elles auraient été faites avec les peuples. Je leur aurais apporté les avantages avec les principes de la révolution ; j'aurais éloigné d'eux lé < fléaude la guerre dont ils ont été persécutés pendant vingt ans « et qui a fini.par lès révolter contre nous. . ' ;, ■..* .= •'.-..»■' Il; eSt à croire que la majorité des? nations du continent aurait accepté cette grande alliance y et l'Europe aur. rait été refondue sur nouveau plan analogue à l'état de sàcivilisatipn. . Je raisonnai bien , mais je fis le cou-* traire. Au lieu dé changer la ^dynastie prussienne , comme, je;l'en avâië menacéfy.jcJui rendis: ses Etats après lès ayoir morcelés. La Pologne ne me sut pas ; gré,de n'avoir,remis en liberté que là portion de son territoire; dont la? Prusse s'était emparée. Le royaume de Wesiphalie fut: mécontent de ne pas-


( 9* ) obtenir davantage, et la Prusse ,J(u«? rieuse de ce que je lui avais ôté, nié jura une haine éternelle.

Je m'imaginai, je ne sais pourquoi, que des souverains , dépossédés par le droit de conquêtes, pouvaient devenir rbconnaissaus de la part qu'on leur laissait^ J'imaginai, qu'ils pourraient, après 'tant de revers, s'allier de bonne foi avec nous, parce que c'était le parti le plus sûr. J'imaginai pouvoir étendre ajnsi les alliances de l'empire, sans/me charger de l'odieux que les révolutions traînent après elles, Je trouvai enfin que c'était un grand rôle à jouer que celui d'ôter et de rendre des couronnes. Je m'y laissai séduire. Je me suis trorn-^ pé, et les fautes ne se pardonnent jamais.' * -'. ■■■■..... •.- .'.:^v

Je Voulus corriger, au moins, ce que j'ayais fait en Prusse, en organisant la Confédération du Rhin, parce que j'es-, péraîs contenir l'un par l'autre,. Pour


former cette confédération y j'ai agrandi les Etats de quelques souverains, aux dépens de ceux d'une cohue de petits princes, qui ne servaient qu'à manger l'argent de leurs sujets, sans pouvoir leur être bons à rien. J'attachai ainsi à m'a cause les souverains dont j'avais grossi le volume, par les intérêts do leur agrandissement. Je les fis conquérais malgré eux. Mais ils se trouvèrent bien du métier. Ils ont fait volontiers cause commune avec moi. Ils ont été fidèles à cette cause tant qu'ils l'ont pu.

Le continent se trouva ainsi pacifié pour la quatrième fois. J'avais étendu la surface et la-prépondérance de reinpire, Mon pouvoir immédiat s'étendait dé l'Adriatique aux bouches du Veser ; nfon pouvoir d'opinion sur toute l'Europe,

Mais l'Europe sentait, comme moi, qUe cette pacification n'était encore qu'une oeuvre provisoire; parce qu'il y


avait trop d'élémens db résistances", et qu'en traitant avec ces résistances, comme j'avais eu le tort de lé faire, je n'avais fait que reculer là difficulté. -- Le principe vital de la résistance était éû Angleterre. Je n'avais aucun moyen, de l'attaquer corps à corps, et j'étais sur que la guerre se renouvellerait sur le continent, tant que le ministère anglais aurait de quoi en payer les frais, La chose pouvait durer long-temps , jiarcC que les bénéfices de la guerre alimentaient la guerre. C'était un cercle vicieux dont le résultat était là ruinei chi continent, îl fallait dbne ' trouver iM moyen de détruire les bénéfices que Ici guerre maritime Valait à PÀn^lëtérrë , afin dé ruiner le crédit IJu^m^histeréV On me proposa, dans ce bût y lé système coiitiu£ïital. Il nié parut bott^ et je' l'acceptai;■ Peu dé gëns^ont-conipris ce système. On s'est obstiné à n'y VOir d'autre but que 1 Celui dé rérichérir^lè


(95) ^ café. Il devait avoir de tout*autres conséquences.

Il devait ruiner le commerce^anglais. En cela il a mal fait soii devoir, parce qu'il a produit, comme toutes les prohi-f bilions', un renchérissement; ce qui est, toujours à l'avantagedu commerce; et parce qu'il no put être assez complètement établi pour bannir la contrebande.

Mais le système continental devait servir encore à désigner clairement nos amis.d'avec nos ennemis. Nous ne pou?f vions pas nous y,tromper. L'attachement au système continental témoignait de l'attachement à notre cause, parce qu'il était son enseigne et son palladium'. ? Ce système y si débattu» était indispensable dans le moment où je l'ai établi; car il faut qu'un grand empire ait $ non-seulement une tendance générale pour diriger sa politique, mais son économie doit aVoir une tendance pareille» H faut une route à l'industrie, comme


™ (9( 5) . ■

A toutes choses, pour se mouvoir cj, pour avancer. Or, la France n'en avait point quand je lui ai tracé sa route en lui donnant le système continental. „ L'économie de la France s'était portée, ayant la révolution, vers les colonies et le commerce d'échange. C'était' la mode alors, Elle y avait eu de grands succès. A quelque,point qu'on ait vanté ces succès, ils n'avaient eu cependant d'autres résultats que ceux d'amener la ^mne des finances de l'État; la perte de son crédit; la destruction do son système militaire j la perte de sa consi-r dération au dehors ; la langueur de son agriculture. Ces succès l'avaient amené finalement à signer un traité de commerce qui livrait son approvisionnement aux Anglais.

< La France avait à la vérité de beaux ports de mer, et quelques négocians dont les fortunes étaient colossales. - ., La guerre avait détruit sans retour le


système niaritime. Les ports de mer étaient ruinés. Aucune force humaine ne pouvait leur rendre ce que la révolution avait anéanti. Il fallait donc donner une autre impulsion à l'esprit de trafic, pour rendre de la vie à l'industrie de la France. Il n'y avait pas d'autre moyeu d'y parvenir que celui d'enlever aux Anglais le monopole de l'industrie manufacturière, pour faire de cette industrie la tendance générale de l'économie de l'Etat. Il fallait créer le système continental.

Il fallait ce système, et rien de moins ; parce qu'il fallait donner une prime énorme aux fabriques, pour engager le commerce à mettre en dehors les avances qu'exige l'établissement de tout un ensemble de fabrication.

Le fait a prouvé en ma faveur ; j'ai déplacé le siège de l'industrie y en lui faisà^ . er là mer. Elle. a fait de si gj^hSâspas^, le continent, qu'elle n'a


, (98)

plus de cShcurrence à-redoïiteiv Si là. France veut prospérer, qu'elle garde mon système en changeant èoîi nom. Si elle veut déçlieoir, elle n'a qu'à recommencer dès entreprises maritimes; car les Anglais les déirUiront à la prendèré guerre, J'ai éto forcé; de porter lesys-^ tèmé continental à l'extrèmejpàrce qu'il avait pour but «de faire nou^éulcment du" bien à la France, mais; du-niai à l'Angleterre. Nous ne recëvionsles deit> réeé coloniales*que par son ministère * qn el que fût le pavillon qu'elles emprun-? tassent pour naviguer» Il fallait donc en recevoir; le moins pessibleWil n'y avait pas de meilleur moyen pour cela que d'en* élever leprix outre mesure. Le but politique était rempli ; leS finances de l'État en profitaient/mais j'ai désolé les' bonnes' femmes-, ; et eîle& s'en sont vengées, ^'expérience montrait chaque , jour qûe^k^stème'Co^itincntallétàit bon, car l'État prospérait^ malgré le


( C 9D )

fardeau de la guerre. Les impots étaient àjqur,le.Crédit au pair avec l'intérêt de l'argent. L'esprit d'amélioration se montrait,dans l'agriculture comme dans les fabriques». On bâtissait les.villages £ n.euf> comme les rues 4e Paris. Les routes et les canaux facilitaient le mouvement intérieur. On inventait chaque semaine quelque.perfectionnement; je faisais .faire du sucre avec des navets, et de la soude avec du sel. Le développement des sciences marchait de front avcc^celui de l'industrie.

Jl aurait donc été insensé de renoncer à un système, .au moment où il portait ses fruits. Il fallait l'affermir, pour donner d'autant plus de prise à l'émulation. . Cette nécessité n influé sur la-politique de l'Europe, en ec qu'elle a fait à l'Angleterre une nécessité de poursuivre l'état de guerre. Dès ccr< moment, aussi la jfuerreapris en Anglëtiej^î un caractère plus sérieux. Il s'agissait pour elle


( 100 )

de la fortune publique, c'est-à-dire, de son existence. La guerre se popularisa. Les* Anglais ne confièrent plus à des auxiliaires le soin de leur protection; ils s'en chargèrent eux-mêmes, et parurent en grosses masses sur le terrain. La lutte n'est devenue périlleuse que depuis lors. J'en reçus l'impression en signant le décret. Je soupçonnai qu'il #y. aurait plus de repos pour moi, et que ma vie se passerait à combattre des résistances que le public ne Voyait plus, mais dont j'avais le secret, parce que. je suis le seul que les apparences^ n'aient jamais%omP^» Je nié flattais, au fond du coeur» dé rester maître de l'avenir, au moyen de l'armée que j'avais faite : tant de succès l'avaient rendue invincible. Elle ne doutait jamais du succès; ses mouvemens étaient fa* ciles, parce que nous avions renoncé au système des camps et des magasins. On pouvait la transporter à l'instant sur"


(-101.)

toutes les directions, et partout elle arrivait avec la conscience de sa supériorité. Avec de tels soldats,' quel est le général qui n'eût aimé la guerre, Je l'aimais, je l'avoue, et cependant je n'ai plus senti en moi, depuis ^l'affaire Jépà, là plénitude pie confiance, ni le inè*pris.de l'avenir^ auxquels j'avais dû mes premiers succès. Je me défiais de moi-même t cette défiance portait dq l'incertitude dans mes décisions : mon humeur en était altérée ; mon caractère abâtardi. Je me commandais, mais ce iqui n'estpas natureln'est jamais parfait. Le système continental avait décidé les Anglais à nous faire guerre à mort. Le nord était soumis, et contenu par mes garnisons. Les Anglais n'y avaient plus d'autres rapports que ..ceux de la contrebancJjÉ ; mais on leur avait livre le Portugal, et je savais que l'Espagne favorisait leur commerce à l?abri de sa neutralité.


( 104 )

' Pour que le système continental fût bon à quelque chose , il fallait qu'il fût complet. 3e l'avais établi, à peu de chose près, dans le Nord :' il fallait le faire respecter dans'le Midi. Je demandai à l'Espagne tm passage pour un corps d'armée que je vonlais envoyer en Portugal. On me l'accor<la. A l'appr'ôchë de mes troupes, la cour de Lisbonne s'embarqua pour :le Brésil, et me laiisa son royaume. Il fallut établir, au travers de l'Espagne , une route militaire, pour "communiquer avec le-Portugal. Cette' roule nous mit eh' rapport avec PEspagnc. Jusqu'alors je n'avais jamais songé à ce jiays ", à cause de sa nullité.

" L'état politique de l'Espagne était alors inquiétant ; elle était gouvernée par le plus' iùcapàble des souverains, brave et digne homme,: dont l'énergie se bornait à obéir à son favori. Ce favori, sans" caractère et sans talent, n'avait lui-même d'autre énergie que


Mo30 celle de demander sans cesse,des.richesses et des dignités» .,- ,.i. 4 \.

Le favori m'était resté dévoué, parce qu'ilr trouvait commode de gouverner! squs?Pott)l)re de mon alliance. Mais il ayait si malmené les àfiMiré^que son crédit avait baissé en Espagne»; Il ne pouvait plus s'y fairj obéir. Son dévouement me devena|tmutile» , ^ .;, Les opinions avaient marché en -Es-, pagne dans Un sens inversé du reste dé PEurope. I Le peuple » qui s'était élevé partoutalahauteur/delà révolution,y jetait resté fort àu-dcssqu£ 5 les lumières n'avaient p|s percé jusqu'à ? la sjcoride couche dp la nation. Elles s'étaient arrêtées à la surface, c'est-à-dire, sur les hautes classes. Celles-ci sentaient l'abaissementde leur patrie, et rougissaient d'obéir à un gouvernement qui perdait leur pays. On les appelait les libéraux.

Eu sorte que les révolutionnaires étaient en Espagne ceux qui avaient à perdre à


(,o4)

la révolution ; et ceux- qui devaient y gagner n'en voulaient pas entendre parler. Le même contre-sens a eu lieu également à Naples. Il m'a- fait faire beaucoup de fautes, parce que je n'en ai pas eu la clef d'entrée.

La présence de mes troupes en Espagne y causa un événement. Chacun l'interpréta. Les têtes s'en occupèrent; la fermentation commença, J'en fus informé. Les libéraux furent sensibles à l'humiliation de leur pays : ils crurent prévenir sa ruine par une conjuration. Cette conjuration réussit. Elle se borna à faire:.abdiquer le vieux roi. et à rouer de coUps son favori. L'Espagne ne gagnait rien au fond à ce changement, car le fils qu'on mettait sur le trône ne valait pas mieux que son père. Je sais à quoi m'en tenir à cet égard.

La .conjuration eut à peine réussi', que les conjurés s'épouvantèrent de leur audace. Ils eurent peur d'eux, de moi>


(ÏOS) de tout le monde, Les moines n'approuvaient pas la violence qu'on avait exercée contre leur vieux roi, parce qu'elle était illégitime. Je la désapprouvai également par un autre motif. L'é-* pouvante se mit dans la nouvelle cour, la révolte dans le peuple, et l'anarchie dans l'État.

La force des choses avait amené ainsi mi changement en Espagne ; puisqu'une révolution venait d'y commencer par le fait. Cette révolution ne pouvait pasêtre de la même nature que celle de la France, parce que les élémensen étaient différens.. Jusqu'alors elle n'avait eu aucune direction, parce qu'elle n'avait point eu de chef, ni de parti pris d'avance. Ce n'était encore qu'une suspension d'autorité, une subversion do pouvpir, un désordre : voilà tout.

Op. ne pouvait prévoir autre chose sur je sort s de l'Espagne ; si ce n'est qu'avec un peuple ignorant et farouche,


( to6 ) «etie révolution ne s'achèverait pas sans des flots de sang, et de longues calamités. •■ * > '

Que démandaient d'ailleurs les hommes qui' voulaient un changement eii Espagne? Ce n'était pas une révolution, comme là nôtre t c'était un gouvernement capable ; une autorité "cfuï fût en état d'ôter la rouille qui couvrait leur pays, afin de loi rendre de ^considération-au dehors, et de la' civilisation au dedans.- ' ' ' *

Je pouvais leur donner l'un et l'autre fcn m'cmparant dé' leur révolution au point où ils l'avaient amenée. Il s'agissait de doriier à l'Espagne nne'dynastiè qui serait forte parce qu'elle serait « cuve, et qui serait éclairée parce qu'elle serait dépourvue de préjugés. Lamienne réunissait ces qualités.- Je songeai donc h lui donner ce trône de plus. "' *' •

A cet égard le plus difficile était fait : c'était dé se'débarrasser de l'ancienne


( ïb?}

dynastie. ,Qrles Espagnols avaient laissé abdiquer. let vieux roi,< et ne voulaient pas reconnaître le nouveau. Tout semblait, donc présager que l'Espagne , pour éviter, l'anarchie, accepterait un ssouyerain qui se présentait armé d'un levier, .prodigieux» Iîllc .serait entrée par-là s,ans efforts dans le rayon du système impérial ; et quelque déplorable que fût l'état, social .de. l'Espagne, il ne fallait pal dédaigner cette conquête.

Comme il faut voir les choses, par soir-même pour s'en faire une juste idée, je.partis pour Bayonne, où j'avais invité la vieille coiir d'Espagne à se rendre. Comme elle n'avait rien de mieux à faire, elle y vînt. J'avais invité également la nouvelle, et je m'attendais qu'elle, no viendrait pas, parée qu'elle avait beaucoup mieux à faire, ,..',.,> ,, Je pensai que;pour ne, pas le mettre cn.présencp n\ de moi ni dé son père , on aurait fait prendre à Ferdinand ou


( io8 ) ' le parti dé la révolte, ou celui de gagner l'Amérique. Il né prit ni l'un ni l'autre. Il s'en vint à Bayonne, avec son précepteur et ses confidens, et laissa l'Espagne au premier occupant, <

Cette démarche seule me donna la mesure de cette cour. J'eus à peine conféré avec ces chefs de conjurés, que je 1 vis l'ignorance où ils étaient de leur propre situation. Ils n'avaientde parti pris sur rien ; ils ne prévoyaient rien ; ils menaient leur politique comme-des quinze-vingts. J'eus à peine vu le souverain qu'ils-avaient mis sur le trône, que je fus convaincu qu'on ne devait pas laisser. l'Espagne en de pareilles mains. .' /:

Je me décidai alors à recevoir l'abdication de cette famille, et à placer, un de mes frères sur un trôné que ses maîtres venaient d'abandonner. Ils en étaient descendus si facilement, que je crus qu'il y monterait de même.


^(rt097) l Bien en efîfbt ne semblait s'y opposer : la junte de Baïonne l'avait reconnu-; •aucun pouvoir légal n'était resté- en Espagne pour refuser ce changériterit de règrie ; le vieux roi s'était montré reconnaissant de ce que j*avaîs\ôfé le trône à son fils, et il était allé se i'Cposer à Compiègne. Son fils fut conduit au château de Valençay, où- l'on aVail fait les préparatifs nécessaires.

LcVTîspagnols savaient à quoi s'en tenir avec leur vieux roi : il ne laissa' rii regrets ni souvenirs ; mais son fils était jeune; son règne eti espérance* Il était' , malheureux ; on en fit un hérOs : l'imagination se monta en sa faveur. Les Ijbéranx crièrent à l'indépendârice Uar tionalc, les moines à l'illégitimité : toute la- nation s'était armée sOUs L cèâ • deux bannières.

- Je conviens que j'ai eu fort de mettre le jeune roi en séquestre à Valençay. J'aurais dû le laisser voir à tout le morit? 1Q ■"'"'


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de, afin de détromper ceux qui s'intéressaient à lui.

J'ai eu tort surtout de ne pas lui.permettre de rester sur le trône» Les choses auraient été de mal en pis en Espagne, Je miserais; acquis le titre de protecteur du vieux roi, en lui donnant un asile» Le nouveau gouvernement n'aurait pas manqué derse compromettre avec les Anglais» Je lui aurais déclaré la guerre tant en mon nom qu'en qualitéde fondé de pouvoirs du vieux roi. L'Espagne aurait confié à son armée le sort de celte guerre, et dès, quelle aurait été battue, la nation se serait soumise au droit de conquête» Elle n'aurai t pas même 'son gé à en murmurer, parce qu'en.disposant des pays conquis., on ne fait que suivre. les usages reçus.

Si j'avais été plus patient j'aurais suivi, cette inarche. Mais je crus que le résultat étant le même, les Espagnols accepteraient à priori un changement uo


( m ) dynastie que la position des affaires rendait inévitable. Je mis de la gaucherie dans; cette entreprise, parce que ie supprimai les gradations» Je venais de déplacer' ainsi l'ancienne dynastie d'Une' manière offensante jiour les Espagnols. Blessés dans leur orgueil, ils ne voulurent pas reconnaître celle que j'avais mise àsa place. 11 en résulta qu'il n'y eut plus-d'autorité nulle part, c'est-à-diro qu'elle'se'trouva partout» La nation enmasse se crut chargée de la défense del'État; phisquMl n'y avait pins d'armée' ou d'autorité auxquelles oti pût confier cette défense. Chacun, en^prit la responsabilité : je créai l'aharehie. Je trouvai contre moi toutes les ressource*' ^qu'elle donne. J'eus toute la nation sur les bras.

tCette nation, dont Tbistoire n'a signalé que l'avarice et la férocité, était peu redoutable devant l'ennemi; ellefuyait à la vue de nos, soldats ; mais ellfr


les assassinait par derrière, Ils on étalent révoltés s ils avaient les; aimes à la main : ijs usaient dp représailles» J)o1rçpr(Ss,ail}cs. en représailles cette guerre est devenue, une arène d'atrocités,; - ,-.fJ?ai senti qu'cllq imprimait nn caractère de violence à mon »:ègne ; qu'elle étajit.d'un oxeinple dangereux pour losî peuples et funps|o pom* l'.£irnté.c, parée, qu'elle consommait beaucoup d'hpmmés. Qt fatiguait le spldat» J'ai senti,'qu'elle, ayaitété mal commencée.; mais une fois que cette guerre, .avait jeté a entamée t''il n'était plus possible de l'abandonnera Car le plus petit revers'enflait mps'cunén mis, et remettait l'.Eurppé en îarmesr J'ajpté obligé* d'être toujours victorieux.,. i Je ne tar/jai pas, à en faire l'éprèuve.v J'étais allé en Espagne, afin d'acçéjét rep les étféncmçns et de connaître le terrain s.ur lequel ij'ollais laisser, ïhon] ffhrfi.. J'avais ,bccup.é Madrid* ctd4tNÙÉl'armée .anglaise qui. venait àison'se^


O'î)

coursï» Mes<succè« étaient rapides \ l'eft froi à spn- (xmdïle v la* rési sJnn.ce allais -Opiri-Hnfy avait pas lin uiomeut/à perdre; on n'en perdit «pas non plus» Lo ministère anglais arwn J'Autriche. Jlt a> toujours dié jaussi Actif & trouver des'ennemis que je 'l'a} ê\A àies'bàttre; Ù .Lo-projet de l'Autriche fut, mejié pour.cetto lois,trè^adroitoment i il me surprit»' Il fauiu rendre justice à ceux qui laïmdritenu ' n *'. ■ '<• '. -r .". ^ ?•* Mos' armées .étaient^ éparpillées à JSaples^à'Màdrid, à Hambourg." J'/étais inpi'-même en ^Espagne,. ". Il >,éiaitc'jh,oitàble'.. que deji -Autrichiens devaient \ en 'débutant', 1 obtenir .des/ succès. Ces succès'pouvaient en* amener d'autres i dans^co-geriro $ p'est le premier pas' qui coûter Ils auraient'pu'tenter la Prusse et l«ï Russie ,~reïrempcr le epurage des ^Espagnols 1 ^et<: rendre de la popularisé au ministère anglais.: '".*->. rr '** „ -.-iLarcour de^yienne, a> une ^politique


- (n4)

tenace, que les événemensJne dérangent jamais. J'ai été long-temps avaut d'en deviner la causet Je rnè suis apor* çu enfin, mais trop^tard, que cet Etat n'avait de si profondes racines que parce que la bonhomie du gouvernement l'a laissé dégénérer eh oligarchie. L'État n'est plus mené* que pÀr miè'centaine de,, nobles. Ils possèdent le territoire, et se sont emparés des finances,i de* la politique, et de la guerre/; Aùtfnoyen de quoi s ils. sont- maîtres:ide .tout , et n'ont laissé à la cour que la signature, - lOr-if les oligarchipsine changentHa-r

mais d'opinions V parce *|i*fe ^eurs ' *nt<^ rets sont toujours les mêmes, Ellè*s>font mal tout ce■ qu'elles font' \: mais- elles font toujours,;parce qu'elles nemeu-r rent jamais. Elles,n'obtiennent jamais de succès*,*mais elles supportent;admirgblement les revers y parce, qu'elles; lëS supportent en société; ' > > = ' :;V, ---' • L'Autriche a dû. quatre fois son salut


_ (■'«)

à cette forme de t gouvernement. Elle* décida de la guerre qu'on venait de me déclarer.- - * .

-Je n'avais pas un moment h perdre/ Je quittai'brusquement l'Espagne, et courus suivie Rhin. Je ramassai les premières troupes que je trouvai sotfs ma main, JLe prince Eugène s'était déjà laissé abattre >en Italie*, je lui envoyai àçs renforts. Les rois de Souabe et de Bayjère 1. me prêter, ent leurs troupes : j'allai battre avec eljes le3.Autrichiens àllatisbonne», et je marchai sur Vienne,

i Je suivis à marches forcées la rive 'droiteSîduuD,anube, Je comptai ]sur le succès du ^vice-roi pour opérer notre jonction.> Je voulais devancer-les Autrichiens, à .Vienne, y passer le Danube,, et me trouver en' position pour,recevoir l'archiduc. fJt , hCCe, plan, était bien conçu*, mais.il était imprudent ,^arce que j'avais affaire à urft habile homme, et que je n'avais


(ii6 )

pas assez do troupes, Mais la" fortune était alors pour moi,

L'archiduc fit en revanche une très* belle marche. Il devina mon projet et gagna los^ devons. 11 so porta rapide*^ ment sur Vienne , par la rive-gauche du, Dauuho, et; prit position en même temps que moi, C'est à ma connaissance la seule belle manoeuvre que les Autrj-/

chiens aient'jamais faite.', . ï

Mpn plan de campagno était manqué. J'étais en présence' d?unc arméo forniP dable. Elle dominait mes mouvement, et me forçait à l'inaction, lln'y avait, plus qu'unp grande afiaire qui'pût- ter-^' miner la guerre. C'était moi qui devais attaquer, L'archiduc m'avait'VéseJrvéce Vole. 11 n'était'pas facile à jouer,'car i\ éfcùVen position de ,m*é* recevoir, 'J

Par un bonheur inespéré, l'archiduc Jean, au,lieu de" contenir- à touUpVix loA;icc-rpî,' ses laîsslr battre, 1 L'arinéé d'Italie le rejeta de Vautre <#lé diffDff*


riiibe.Nousieûmes pour nous tpùle sa droite,

Mais, comme' nous ne voulions pas j. rester toujours, il fallait en finir. Je fte jeter de? pouls, L'wméo s'ébiymla^Lc' corps du maréchal Masséna déboucha le premier. Il'commençait le jfeu,,l6rs'-, qn'nh accident rompUles ponis. Il était, impossible de les réparerras$pz>l^l'pouK» le vSccourir.il fut attaqué par tpute l'armée ennemie, Cqtte groupe se défendit^ avec une valeur héroïque $ car ello étaite sans espoir. Les mupUiqns mmiqu.èr4entV 4J$' allbient^périr,ior&qùe'lês Autrin chiens cessèrentlenr feu, croyant qu'à' chaque jour sui]Ursapeinje>dlls reprirent! position au moment fléci&f e <?* Jribjlinèi re'iit'd'june cruçllè'arîgoissel" v.<i <■ r ; JVbus n'en avions p& moins éprouvé «njeviîrs^ Je m'en aperçus pai* l'état de l'opinionv jOu'ïpubliait ma défaite'j on annonçait ma retraite $ ou en don 1» hait les.détails $ oif prévoyait raa perte.,


. ( II»-)

Les 'tyroliens s'étaient révoltés \ > il avait -fallu y envoyer l'armée de Ba*-- vière. Des partis s'étaient armés en Prusse et en Wcstphalie, et couraient* le pays pour exciter un soulèvement,- Les Anglais tentaient une expédition contre Anvers, qui aurait réussi sansleur ineptie. Ma , position empirait chaque jour, * *■ L .». - Enfin je parvins à jeter dé,nouveaux ponts sûr le Danube. L'armée passa le fleuve jpar une nuit épouvantable; J'assistai à ce passage, parce qu'il me donnait de l'inquiétude. Il se fit à souhait,, Nos colp'ntîes-eurent'le temps de >'se> former, et cette grandêjournéos'ouvrit -sous* d'heureux auspices, *' ■ *■:*.■ La bataille fut belleV parce' qu'elle fut disputée. Les généraux ne^ firent cependant pas de grands efforts d'ima* gination, parce' qu'ils Commandaient do^lgrosses masses, sur-un- terrain plat.'Jl fut longtemps déféndiu L'iftW


( *'9 )

trépidUé de nos troupes, et une ma*» ncouvro hardio de Macdonald décidèrent la journée.

Une fois rompue, l'armée autrichienne défila en désordro dans une longue plaine, où elle perdit beaucoup •de mtmde. Je la suiyis vivement, car il fallait décider la campagne. Battue en

• Momie,k il n'y eut*d'autre parti a -prendre que celui de me demander la

paix. Je l'accordai pour la quatrième fois, i v . •

J'espérais qu'elle serait durable , -parce! qu'on se lasse d'être battu ,

• comme de toute «autre chose ^ et parce ■qu'un assez-grand parti, dans Vienne',

opinait "en faveur » d'un'e alliance finale

avec l'empire,

•■ Je souhaitais la paix, parce que je sentais le besoin d'accorder quelque relàehc aux peuples, -Car au lieu do goûter les avantages de la révolution*, ils'n'en avaient vu jusqu'à, présent que


((fiao,) .les ravages* Nous n'étions plus dés pro#çte«(rs pour eux, comme au commencement de la guerre *, et pour 'accoulumernl'opinioiiL de, l'Europe à1 la nâïure de moriipouvoir, il ne fallait pas le montrer toujours sous un aspect hostile. ,. Le parti ennemi ossuraif en revanche tk la foule, qu'il ne s'armait que pour •la .délivrer dit fléau de la guerre, et $our faire, baisser les marchandises anglaises, / f. ... , ;* .

Ces insinuations faisaient des prosélytes, La.guerrc'dépopularisàit la,résolution. C'est pourquoi je désirais la ■paixj ,'mais il fallait,obtonir le consentement .du ministère anglais *, l'Autriche se. chargea de la .demander. On la refusa. s , ' ? (>e ? refus m'inquiéta. Il .fallait que d'Angleterre se connût dos ressources dont je n'avais pas le secret* Je cherchai les découvrir ,>mais en vain. , T, t ,Au lieu do désarmer $ je fus forcé* de


,1 ., (,Ia°>

Testée sur le pied de guerre,- et do fa* liguer l'Europe. J'en étais d'autant plus lâché,- qùé lesallîés avaient fout l'lion«* Xfeiir.de la lutte, si j'en avais lés Succès Car ils avaient l'air innocent que dowip la défense, dos choses qu'on appellellégitimes parce qu'elles Vont vieilles. J'ar vais en revanche l'air agresseur-, parce que je' me battais pour les détruire, et pbur faire' du neuf. Je portais ainsi seul le.poids de l'accusation* Et cependant la guerre do la révolution n'a été que le résultat'do hv position de.>l'Europe; jG'étaitla crise qui changeait ses moeurs'. 'C'était la conséquence' inévitable dû passage d'uù système social à.îm àiiire, Si j'avais été l'inventeur de'ce système, ^aurais été coupable des maux qu'il a laits, Mais il n'a été inventé - parler* sonne, Il n'a été produit ;c[uo° part la Xnarche du tc*nipsvEuVa" préparé sour*- dément cefto révolutidnr coimne 'die avait1* amené celle dur protestantisme,

xi


ï laa ). ^. -,

avec les malheurs qui l'ont' suivie/ La guesrre n'a pas dépendu davantage de moi que des alliés. Elle a dépendu de la manière dont la créationja -fait le genre humain.

L'Angleterre continua la guerre sans auxiliaires, mais non-pas sans alliés; car elle avait pour tels tons les'eunomis de la révolution. jWis avions du terrain en Espagne pour nous battre. J'y renvoyai mes troupes $ mais je n'y retournai pas moi-même. J'ai-eu tort, *parce qu'il n'y a que soi-qui fas'se bien ses *aflaires, Mais j'étais fatigué de ce, tracas, et je.méditais dès-lors un projet qui devait donner à mon 1 règne un nou* veau caractère. ' " • ' '<- ' »

On me suscita auparavant un autre embarras dont je n'avais pas eu l'appréhension. Le Nord était occupé paiv.mes' trpupès. Xes;Anglais -n'eurent pas assez ' forts potfr-m'atta'qucr sur cef point, C'était dans; la Méditerranée que "leur


( ta.)

marine leur assuiait âo la supériorité» Ils y possédaient Malte, et jouissaient de la Sicile, des eûtes d'Espagne, d'Afrique, et de la Gièce. Ils voulurent profiteçde.tant d'avantages.

Ils essayèient d'exciter un mouvement de Réaction, en Italie, pour en faire une seconde Espagne, si la chose était faisable, 11 y avait des mécontens partout : car je n'avais pas pu placer tout le monde dans les droits-reunis.il y en avait en Italie comme ailleurs. Le clergé ne m'aimait pas, parce que mohi règne avait détruit-le sien. Les dévots mo détestaient à sou exemple. Le bas \ peuple partageait ces senlîméns, parce que le clergé- l'influençait .encore en Italie, Le quartier-général de celte oppositions'était établi à Rome, comme, la seule ville d'Italie où elleespérait se dérober k ma surveillance, .Elle communiquait de, là avec les Anglais*, elle provoquait la révolte *, elle m'insultait


(,.»4)

dans des écrits clandestins*, elle répandait de faux bruits, Elle recrutait pour les* Anglais/, elle' soudoyait ,les bandits du cardinal ïluflaj pour assassiner lés Français ; elle essayait de faire sauter, lo'palais du ministre do la police à Naplos, ïl-cjevcnait manifeste que les Anr glpis avaient'>u# plan sur l'Italie, et qu/ils y fomentaient des troubles. • Je.ne devais pas le permettre •: je ne devais pas souflri r qu'on insultât et qu^on assassinat dos Français. Je me contentai' d'en fairp à diverses reprises des plaintes ausaint-siége.- J'en recevais des réponses obligeantes pour> m'engagera à prendre mon /nal-en patience.. Cpmmc_ je n?ai jamais été paiient de. mon naturel, je vis qu'il y avait unp mauvaise volonté^ décidéo contre nous, et qu'il fallait prendre les ■ devants pOùr> eh prévonir, l'oxplosiori. Je fis .occupo^Rome^pài 1 mes troupgs/^ <,.-•. • [ v* "'■. vr. < . •• Au lioûd^ïTêtQrrcflervesccnco, cette;


-i ( *«* >

mesuré, un ppu violente, irrita les ps? prits. Elle maintint le repos de l'Italie * çl déjoua les plans de lord 'fteçtipek j mais la caste de? dévots fit spprètcmcni contre moi tout ce que la haine et l'es■prit $e ,î'|jglisiJ peuvent suggérpr. _

Ce foyçrdo.tfpuhles avait des .'ramifications pu, Kra#ÇO' et, ej> $tfjj$gp. l&3 clergé, les mecontens, les parljfjms dp lWcjçu régime (car il* y enavajt encore), s'éjatent réunis, pour intrigues ppntrp mon aUïorfré, pt mp fajrje le plu^ de mal qu'ils pourraient,,}^ ne ep pr4* sPntaient plus jcomnje des conjurés,; M& avaient, empxujnté 1Q$ jWnnj&rps/dçi VÈ* gli$Pî et se baltajont avec des foudres/, _ptnon.f>as,,a,vpc du cation, Jls avaient leur, mot dVwlrp et de rallièrent. (G'étaij. une maçonnerie orthodoxe que je no pouvais;aitejnd.ro amllo part, "parpp qh'elle %to\t partout» , ^ ' ? ' 5 .. IL .était ^'ailleurs difficile; 4'attaqupr ces gens en détail, parce que c'îmrajç


étéjtino persécution. Or; tc'eàt le métierdès faibles et nph dés fôrtsi Je tfrus poUVoit dissiper ce partii cn^'effràyânt pàï'iûtt'grattd ?coùp d'autbrité^é^ voulais lui m^tr^||narésoluii0n^pourlm faire comprèhdreque*je vou^à^ntàhi^ tenir lé respect dé tordre evIle l'autorité, |p|ûe riênïie me coûtait pour ^ parvenir.; *■ ■■ -^-v-; * • ■•* ■■ ,• ù-^ Je savais que je ne piauvaiè paâ atteindre plùs? sûrement ce parti qu'en le séparant dû chef dp l'Eglise; * J'attendis Ion g«-tefiips ayant de prendre ceUo résolution' , parce que j'y répugnais 5 mais pitié je tardais plus il devenait; nécessaire de nie décider. Je me^répéttu que Citai*- lés*• Quint j^qui était plus dévot et4 moins puissant c}ue moi, avait osé faire 1 un papp'prisonnier. 11 lie s'en était pas mal trouvé, et je crus pouvoir tenter la même chose.t Le pape * fùt enlevé dp Rome > et cpnduit à SaYone* Rome fut réunie à la France. • ■ ■>'•


- Çetâctépolitique a sufit pourdéjouer' lés projets ' dp PènnPmiv L'Italie est rég* jée calme et!dévouée-jusqu'au joûr/oû l^enipirl a finie iMais là guerre déil'Êf glisë se poursuivit àvëele'mème achar* memeht^Ée zèle des'dévots se rallumai frétait \ine, actionVsourde', mais venimeuse, contre moié? Quelque piôjttqud j'aie pris, les dévots sont parvenus donimuniquer ayec Savone, et à recevoir leurs instructions. LesHrapistps de, Fribburg faisaient aller cette correspond daïicei elle is*iniprimaiti chez eux ( et circulait de- curés on curés} dans ; tôuts l'empire* Il fallut 1 transférer *•: le saint** pète à Fôtitainebleaiiy et chasser les trapistes*pour : arrêter ces ? comnluhica* tibihs. Et je crois que je n'y suis pas , parvenu. * * -«■;•.--■,-,;■■■

•h Cette petite guerre a été. d'uti mau* vais eflet, parce que je n'ai pului ôter le caractère de persécution, Il fallait sévir forcément contre des gens désàr*


Q*9> inés.* et j'eniMsais malgré ;moj désYictfonek- GésHntalIieureusps3 aflaire^^dp; l'Eglise: m'ont, tyit jusqu'à- cin*i[cent$/ pionniers joVÉtat^iâ pplitiqu|\ïi'en^ pas donné cinquante»■* iPai mi$ï0$iï& toute Motte affairé J j'étab;aâse|p)rt ppu)#j laisser (courir, les faibles » &t j'ai MP beaucoup dp mai, parce que* j'ai voulu le prévenir,. ..■-..; .-w-. .-t* -.^- t'\\^^^l r «yjtj n grand projet aceup&itl'Élftt» Il me pâr^|ssii,t dp nature à consp;u\de#!m&n règtijë en me; plaçante vist-a-vls" ^p l'Eu^ ropp:da>isjun,nouvpaUiraïJpoVt* J'en M* téndaisidb grandsrésultats, n ! v - -'^Moitplmvôirn'était^lus contelMlil ne lui maiujuaitqùe1| caractère de ppjjV? pétùité y qu'il ne pouvait s recpvôu* ïant; quo je n'aurais ;ppint dMiérilier. Mai mort pouvait être sans cela un moment dangereux p\nVr ma < dynastie \- par pour ôtrp entière il ne faut pas qu'une autio-» rite ait des époques marquées d'avance.; le .eômpfceMis la nécessité de niP 'sé«*


parer d!une fetttmp dontjeinp j)puyai4; pJlj^-atteudre^eT^tptité : j'y répugnais par/ la donlpui* dp; quitter la: personne q^ j'ailp plus aimepvJpîfiis long-rtemps avfynt de, m'y résoudre. Mais, elle s'y ré-? |igh& d'elle^èmP avec ,1e déyouempnt qu'elle a t%ujohrs eu jjourmoi..J'acceptai spn «aprifijce $ parçp; qu'il était jnçljspénsàhjp» La politique la plus simple nViti** douait i'allijmçe de la; maiso» d'AutB** chpiLfl cour de ^ipnnp était fatiguée ^ de.sps revers? En sVmssantskns-re^ur^ (type moi, elle*mettait sa sécuiUé; sou| » ma garantie.» Par cette alliance elle dp? yjenajt complice de ma grandejur* etj'a? yajidP^-lôrs.aut.ant'd'in.térètàla protéger qUé j'ei avais eu. à Ici battre « Pajr, petto 4iiance nbii^ formions la massé dp pujsr sangla plus formidablp qui ait cxistpV HoUs défassions l'pmpire r.ou:iain,,Çette. alliance sjpppjitrajctfl»£? . . . / i-r II ne resta plus sur AP c&utinénU en dehors, de notre tngsse > que là liussip et


les débris de la: Pi^se^jLéJï'éstè inous; obéissait.*Une*si grande prépondérance devait porter le découragomputphéz nos ennemis, et j'ai^pu eroirpisan^trôpdè prévention,, que j'aVaisfini mon oeuvre $ et que j'avais placé mon trôï^a) TabrBf des. tempêtes *: --•' •■:-*i;.\^&\\ï'-n^vMi - Mon calcul était juste, mais les pas--; sions né calculpnt pas. L'apparence était cependant eii/ma faVcur, • Le continent était.tranquille, ets'acooutumait à-me voirrégnor. Il mele témoignait du moins par ■ ses génuflpxions. ËUos, étaient si profondes qu'un plus habilp y aurait été trompé commp moi. Lé respect qu'on portait aujsànjg do la maison d'Autriche légitimait mon'règne aux youxdps souverains, Ma dynastie prenait rang dans l'Europe, et je sentais qu'on ne diiputait plus le trône au fils à qui l'Impérft* trice venait de donner lo jour. > ^ ii Il n'y avait plus de troubles qu'en Espagne', où les Anglais avaient porté


rfriiffî- .■ .,.■ .■■■.

do grahdps» forces* Mais cette guerre ne me donnaitphs d'inquiétude, parée _qiie j'étais résolu d'être plus tenace encore que les Espagnols, et qu'avec du temps on vient à bout de touj» - - l

fl; L'empii'e était assez fort pour soute? liir cette%u0rre sans en être ;oflensé» EUP tv'empêchàit ni les embellissPmpns don^ je décorais la France, niles entreprises utiles qu'elle réclamait. L?admi«* nistratipn ^amélioraiti J'organisais les institutions qui devaient assurer la fêirce dp l'empire, en relevant une génération poùrdevenir son appui.

L'obligation de maintenir le système continental amenait seule des difficultés avec les gôHvcrnempns dont le littoral facilitait la'contrcbande. Entre ces Etats la Russie se trouvai^dans une situation embarrassante j t'sa civilisation n'était pas assez avancée pour lui permêttredo se passer des produits de l'Angleterre. J'avais exigé, cependant, qu'Us fussent


,;it?mP:\:' prohibésjt c'était^^é^abftï^t^i-jrtWiU; filj# étaft.indispc|is,abîe; pouticbm£létov j^^sys|èmoi;prohjbitifï'La contrebande so faisait. . Jo l'ayaisprévuy parce que je ^gpuyprnpmpnt ru§so sltrveillé ;mabspn paysi sMarsjcc^ma on pasèe moins fàeijf lomeivt par les portes fjBrmé*es que par ies> portée; fouyertes v % çpntrebandë amènes toujours; bëaucoùpAmoin^pde marchandises que la libre entrée* Je ijeniplissaii ainsi les deux tiers de mon hùÈiCependant je né m'en plaignis pas moins. On so justifia y on recommença. Nous nous irritions.CeUo:manioro d'être ne: pouvait pas dtjyer.^ f Î' Î

t *', ïNpuà^devipttsieh^éfïet nous ; froisser avec? U Russie, depuis l'alliance que j'avais poniractéé avec 1?Autriche. M ïlùssip devait- savoir» que t. notre uûiort politique no pouvait ^Itts avoir, d'autre ennemi qti'ellè-'rnèmè^attpndu que nous étions maîtres de tout le resté. Il fallait dôno^èlle; se- toiifbjtt ûcùfto- éomplai*


^sjantettuîlitévoU;qu'ellp pssayat defà|u| f ^ftî & Jtê te >' e$ 4-0 ift^litëfiir ép|i t4|in|f ^ïli ^taj^trop fpttpi fcbûr^cônsPntir h ÊéWo

, ripu.:- piie4était*ussi? trop? faible^ pojftr npgslrésistp^vn^ais^dans cpUcJ$tern⣠^tiypJl valait miéu* mettrejdb ^fi#pjï dansr sonrat^ideique de s.P' récrite naltré,d?avanéê ppur^ vaincue. GaV ppdpïh nj|| parti es t toujours; lp plus' m&UvMlâ. tia^ussip sedépida pour le premier*?( v Ip'aprô,*; cela Jé> rencoiitraî<inôjp$ué£ ment de> ï& hautettf dans- nfpà Jra|Çlrls avpp p^tei'sbourg^pn-mereiuéa ilèfcSys» fisquei' les obn%eband$s. On se plaignit de l'occupation âupays d'Oîdenbotfrlf^ Jeiépbndis suiile>même tou. Il était clair quo nous allions nous brôuilloi' \

• car nous n'étions cûduransni l'un* ni l'autre, et nous étions de forée a nous mesùrer«->'; - 'i -.■•. .-• '- .M. •■- ï>r-^ ., t J'avais. une grande fconfihnce.: dans l'issue de; cette guerre'?, parce qlift j'avaîsi éottçu un plan au moyen, duquel j'espé* # la


(•34) ' ' , rais terminer, pour toujours, la longue lutte dans laquelle j'avais consumé îha ^ vie. Il me semblait, d'ailleurs, que ,- parvenuau point, où nous 'en élibns de notre histoire, les ^ souverains dov l'Europe né devaibnt point prendre de part ^ directe À ce dernier conflit ; car nos intérêts étaient devenus les mêmes. La politique dés princes devait penoher maintenant en ma' faveur*, parce que mon métier n'était plus d'ébranler les trô- y nés, mais de les raffermir, J'avais rendu de nouveau la royauté formidable. En cela j'avais travaillé pour eux. Ils étaient sûrs de régner par mon alliance, ?

. également à l'abri* de la'guerre et des révolutions.

r Cette politique était si grosse, que je crus les souverains assez clâirvoyahs pour l'apercevoir. Je fie mè défiai pas d'etixi Qui aurait pu devine?, en effet,

t*jue V séduits par la haine qu'ils avaient ^ournioi, ils abandonneraient le parti


' C'35,)

du trône, et remettraient eux-mêmes la révolution dans ' leurs États, pour en*- être tôt ou» tard les victimes ?

J'avais calculé que la Russie était d'un trop gros volume pour qu'elle pût jamais entrer dans le système européen que je venais de\ refaire, et dont la JFrance,était le centre. Il fallait donc la remettre en dphors de l'Europe pour qu'elle no gâtât, pas l'unité de ce .système. Il fallait donner à cette nouvelle démarcation politique des frontières assez solides, pour résister au poids do toute la Russie. Il fallait remettre^ de force cet Etat dans fa place qu'il occupait il y a, cent ans. , , -

Il n'y avajt que la masse de mon empire qui fût assez vigoureuse pour tenter un pareil acte de violence politique* Mais jp crois qu'il était possible, et je crois qu'jl était l'unique moyen démettre le mondg^àJMbrjjlcs .Cosaques,.

Pour faire réussir ce plan-, il fallait


refaire la Pologne sùi; une base étoffée,' <eVbattre les~Russes polir leur faire acA ceptei* les frontières qu'on" allait tracer ' avec la pointe de l'épce. iX^ussie aurait pu signer sans honte la paix qui devait établir ces frontières^ parce qu'elle n'aurait rien eu d'oUtragëant pour elle.' C'était un aveu do sa force, un signe db crainte dô notre pfirt. * ■ Placéo ainsi', par* mes précautions^ hors du rayon de l'économie'européen* ne v séparée de celte économie pal 4 trois cent mille gardiens, la Russie aurait renoué avec l'Angleterre : elle au-- raît cohservé f»on indépendance' jrôîi- ' tique et sa manière d'être dans " leur intégrité *, paVce quelle nous aurait été aussi étrangère que le royaume du Tnib'et. :K '

Il n'y avait de raisonnable que ce plan; On eh regrettera tôt ou tard la ruine : car l'Europe, rangée pal' mi consentement mutuel sous un système


^qràifri%6du ^Ip^dpï^ P^%Ï ^ mj»n^aitj J^digpos^ a^çftltft

çôlteJp plus.gran4 specXAcle;^He4iyfyt teirejait,d||rlti; Mais tipns;x)h^aipnjrjes,,ypux;lde§spftyp^rajng^ potoqu'ilsipusseMtMbir lp> danger 'là.9Ài^ëtfdtj;.^MtoiiJt lecypjrjîftip^ éj^tie^eepui'shl ;&.. <u-v",:4:.r*-,^>. i Je^pariispoti^ Urés.dé' Cpttp, guprrey a))l|j£ c^pW, sans retour, la quesXirâv ^m splcl^ba^dt> depuis vingt a^s^pujs^^, qiip;cpttp'; guerre devait êim la, def?| njèïPicflrauflelà clelk Russie, Ipmonjte finit. 3tfqs ennemis n'avaient plus qu*^

moment ?,c!est pourquoi jds, jet^r^nt U?ii>* dernier pliçivt'ia jèèur d'jAujripîte^ PQmmença par déranger mes plans SUÏV la: Pologne. > en refusant de rendre ,cp, * qu'elle en avait pris. Je prus (6trp|guÙ;v à des égards.pour elle, et cpttç sculo faiHpsse a pprdu inpsaffaires j car du. moment que j'avais cédé sur ce. point ,i il me fut impossihlo d'aborder franche-.


,t «a»;)'

ment la question de l'indépendance po* lonaise.' -Je fus obligé do moréeler ce pays sur lequel devait reposer la sécu-^ rite de, l'Europe. Je donnai, par ma faiblesse $ du mécontentement, • et surtout de la défiance aux Polpnais \ car ils virent que je les sacrifiais à mes convenances. Je sentis,^na-fauté,' et j'en 1 eus honte. Je ne voulus plus, aller à Varsovie^, jo n'y-avais plus rien à faire pour le moment. Je n'avais plus'd'autre? parti à prendre que celui 1 de confier siux victoires à venir le sort de eetttt nation. ' .

• Jo savais que la témérité réussit souyent : je pensai qu'il me serait possible de faire en une seule campagne ce ' que j'avais compté faire en deux. Cette promptitude me plaisait, car je coin* mençais À avoir de l'inquiétude dans le cai^aetère. J'étais à la tête d'une armée qui ne connaissait plus d'autresienti*» mens que celui delà gloire, et plus


d?aut]fexpatrié quedeëvchamps*Metha* ^taille^ Au Heu» d^assûrer^mpn terjbain^

ë pt'd'a^anépr^jà ébup sûr* *jp travéfliaiila "Pologne < $ yy; passai : le Niémen « J| battis lès^armBePqu'pn m'opposai je marchai sans rplàchp'y pt j'entrai dans MoskouW? > Ce Ait le ternievde mes succès y et ^auraitèflp celui dp n|a yiei-^= ^ i -n Maitre*cl^urip capitale &que les Russes

jrA%a|entiemise,en cendrée, j'aurais dû

fcroiré que cet empiré s'àyouprait vaincu et qu'il accepterait les belles cbnditiens dp 1$ paix quer je lui fis préposer» Mais

- ce fut alors que la fortune abandonna notre cause. L*Àngleterre conclut «un traité entre la Russie et la Porte qui rén«-y dit l'année russe disponible. 5 Un Français j* tomhé par hasardIsûi* le trône do Suède, trahit les intérêts dé sa patrie t et s'allia avec ses ennemis > dans l'espoir de troquer la Fudande contçp laNéi'- wège. - -■ :-ï ! ' -■ . :.' • : - ^t'*

Il traça lui-même le plan de défense


6«4P 5

dp I la ; Russie ^ et l'Angloj;prre. empêcha qu'elle n'acceptât la paix* Je fus étpfiné des retards qu'éprouvait sa conclusion, v La saison s'avançait. Il devint évident qu'on no voulait pas la paix,, Dès que - j'en fus certain, j'ordonnai la retraite*/ Les élémpns la rendirent sévère, hc» Français s'y acquirent de l'honjneur, par la fermeté avec laquelle ils supportèrent ces revers. Leur courage ne.les a jamais quittés qutovec là vie» . . r- .

. Ebranlé moi-même, par la vue de ce\ désastre, j'ai eii besoin de mo rappeler qu'un souverain ne doit jamais ni plier ni s'attendrir.. . *",.--•. „ - . ^ L'Europe était encore, plus étonnée de mes revers qu'elle ne l'avait été dé nies,succès*. Mais .je ne. devais pas me méprendre à sa stupeur. Je Venais de perdre la moitip de cette armée qui avait fait sa terreur. Oh pouvait espérer d'en * vaincre les restes, car la proportion des forcés était changée. Je devais donc pré»


yoir que, le premier étonnemojttpassé; j'allais retrouver contre moi l'éternelle jcoalitjon dont "j'entendais déjà les cris dpjpje. 4 • - *

C'est un mauvais moment pour faire la ç^ix, qup celui d'une défaite. Cependant PAutriphpyqni se consolait de me voirhaisspr (puisque sa part dans nplre alliance en devenait meilleure), l'Aur triche ypulujt proposer la paix. Elle offrit àa médiation r, mais on n'en; ypnlut pas i plie avait tné spn crédit ; •

, Il fallait doné vaincre de nouveau ,,e|; jp fus 1 sûr de mpn fait Iprsque je vjslà France partager mon opinion.* Jamais l'histoire n'a montré un grand-peupjesous un plus beau faur, Affligé de m, pertps, j| ne songea'qu'à* les répare*; E& trois mois il pn vint à bout, Ce spuj fait répond anfc clgbauderies dp cps hom*- mes qui'ne savent triompher qud par lé* dés&stres do leur patrie. ; ,

, La Ityanéjomo'doitpçût-être pn/partie


(«4») .

l'attitude qu'elle conserva dans le malheur •, et s'il y a eu dans ma carrière un moment qui mérite l'estime de la postérité, ce doit être celui-là ,,par il mè fut pénible à soutenir, •

Je repai'us ainsi, à l'ouverture dé la campagne,; aussi formidable que jamais; L'ennemi fut surpris de revoir sitôt nos aigles : l'armée que je commandais était plus belliqueuse xfu'aguerïie y mais elljb portait l'héritage d'une longue gloire, et je la menai à l'ennemi avee confiance, J'avais- une' grande tâche à remplir'*, il fallait refaire'notre crédit militaire, et reprendre sousoeuvré la lutte qui avait été 1 près de se terminer. Je tenaisenfcorP l'Italie, la Hollande, et la plupart dés places de l'Allemagne. Je n'avais perdu que peu de terrain *, mais l'Angleterre doublait ses efforts. La Prusse nous faisait là guerre par insurrection; Les princes de la confédération se tenaient prètsà marcher au secours du plus fort j


( '43 ) - et comme je l'étais encore, ils suivaient mes drapeaux, mais mollement» L'Au* triche tâchait de garder la dignité des neutres \ tandis qu'on courait l'Allemagne avec des brandons pour ameuter les peuples contre nous. Tout mon système était ébranlé,

\ Le sort du monde appartenait au hasard •, car il n'y avait de plan arrêté nulle part. Il dépendait d'une bataille. La Russie devait décider la question*, parce qu'elle se battait avec de grandes forces et de bonne foi.

• J'attaquai l'armée prusso-russe, et jo la battis trois fois,

, Comme ce succès dérangeait les plans desTayoris de l'Angleterre, on fit semblant d'abandonner tous les projets hostiles, et l'on chargea l'Autriche de me proposer la paix. >** ■ "• - %

. Les conditions en étaient supportables en apparence^ et beaucoup d'autres à ma placé les auraient acceptées. Car on


, («44) ,/

ne demandait que, la restitution despro* vinces illyrierines et des villes ahséa* tiques \ h nomination dé souverains &#• dépendans dans les royaumes- d'Italie p| dp Hollande *, la retraite de l'Espa** gne, et le retour du pape à Rome. On devait me demander en outre de renonce? à la confédération du Rhin et- à la médiation de ^a Suisse ; mais on avait ordre de céder sur ces deux" articles*. • J'étais donc bien baissé darts l'opinion, puisque après trois victoires, on osait m'oflrir d'abandonner des États queles alliés n'osaient pas màm& menacer encore. ' " ' ' . Si jlgvais. consenti à recevoir la paix, l'empire aurait déchu plus yite. qu.'ilné s'était élevée Jl restait, par ée"traité, encore puissant sur la carte:, mais il * n'était plus rien dans lofait, L'Autri* t che!» jèn, s'élevarït a>\ rôle dé médiateur, rompait' notro alliance, ,et s'unissait à l'ennemi. En restituant, les; viHps; an*


( 10 ) séatiques,- j'apprenais que je 'pouvais rendre, et tput le monde aurait voulu ravoir son indépendance. Je' mettais l'insurrection dans,'- tous lès pays réunis. En abandonnant l'Espagne , j'encourageais toutes les résistances, En déposant la couronne dp fer, je mettais en compromis celle de l'empire, Les chances do la paix m'étaient toutes funestes \ celles de la guerre pouvaient me sauver, ' '■ * » -. - *,

. Il faut le dire, de trop grands succès et de trop grands révers avaient marqué mon histoire," pour' qu'iKmp fût possible alors de remettre la partie à un autVè jour. Il fallait.que la grande révolution «du ditf-npuvièmé siècle s'achevât sans retour, - our '.qu'elle, s'étouffèt^ sous' un monceau de< morts,-Le- monde'entier était ejfcC présence pour décider cette question.' Si jfovàis signé ' la paix à JfreVdc.,,jé l'aurais laissée' indécise, et ilimiait-fallu la reprendre plus tard.'U

i3'


(.46) Aurait fallu recommencer cette longue carrière de succès que j'avais déjà parcourue. Il aurait fallu la recommencer^ - lorsque je n'étais plus jeune, avec un empire fatigué, auquel j'avais prpmis la paix, et qui m'aurait blâmé de ne l'avpir pas acceptée.

.*- Il valait donc mieux profiter d'un moment unique , où la destinée du mondo ne tenait plus qu'à une seule bataille; car on me l'aurait abandonné-, si je l'avais gagnée.

Je refusai la paix. Comme chacun voit par ses yeux, l'Autriche no vit que mon imprudence , et crut le moment fayorablepour se ranger avec mes ennemis. Je ne fus cependant convaincu de cette défection qu?au dérnicç moment *, mais j'étais en mesure de^la soutenir 7, îftlôn plan de campagne était fait; Il aurait produit un résultat-décisif» ^J * L'inconvénient des grandes armées, 'c'estque le général nepeiit êtroparttmt.


C «4? )

Mes .manoeuvres étaipnt, jp crois, les meilleures que j'aie combinées ; mais le général Vandamme quitta sa position, et se gt prendre, croyant se faire maréchal de l'empire, Macdonald manqua, de se noyer dans des débordemens. Lô maréchal Ncy se u laissa franchement battre ; mon plan* fut renversé dans quelques heures.

J'étais battujj'ordonnai la retraitp \ j'étais encore assez fort pour reprendre l'offensive, en changeant de terrain. Je, ne voulus pas perdre l'avantage des places que j'occupais, puisqu'aveo une £eï*.Je victoire je. me retrouvais maitre du nord jusqu'à Bantzick.'Je renforçai*, au contraire, mes garnisons, en leur ordonnant do tenir jusqu'à l'extrémité.. En cela elles ont exécuté mes ordres, . Je me retirais, lentement avec,une-' masse imposante r, mais je me retirais >, etles ennemis me suivaient en se, grossissant: car rien'n'augmpntp les bataU-


( i<8) Ions-comme Je succès, Toute l'inimitié que le temps avait amassée, se soulevait à la fois. Les Allemands -voulaient so venger des maux do la guerre Ï le moment était propice \ j'étaisbattu. Comme je l'avais prévu, les eimcmis sortaient dé terre. Je les ' attendis à Leipsick, dans ces mômes plaines où ils avaient été battus peu auparavant.' ' / '

Notre position n'était j^as bonne, parce que nous étions attaqués en demicercle. La victoire môme ne pouvait pas avoir de grands résultats pour nous, Nous eûmes en effet l'avantage îe premier jour*, mais sans pouvoir reprendre l'offensive;( C'était- dofte Une Bataille nulle, et il fallut la recommencer, L'armée se battait bien malgré sa lassitude *, mais alors, par un acte qpe la postérité désignera 1 connue elle voudra^, les alliés qui se battaient dans nos rangs tournèrent- inopinémbnt leurs armes contre iibus", et nous fumés" vaincus. '


Nous reprimes le chemin de la France. Mais une si grande retraite ne put pa.; se faire sans désordre. L'épuisement, la faim, firent périrbeaucoup de,inonde,* Les Bavarois, après avoir déserté nos drapeaux, voidurent nous empêcher de revenir en Francç, Les Français passèrent sur leurs cadavres, et rentrèrent à Mayence. Cette retraite coûta autant de monde que celle dp Russie. ■

Nos pertes étaient'si grandes, que j'en fus moi-même consterné, La nation en fut abattue, Si les ennemis avaient poursuivi leur marclio , ils seraient entrés avec notre arrière-garde dans Paris, % Mais l'aspect de la France les intimida, Ils regardèrent long-temps nos frontières, avantd'oser les franchir. ' ■

Il ne s'agissait plus alors de la^loirc, mais de l'honneur de la'France; c'est pourquoi je comptais sur les Français, Mais je n'étais plus heureux: ;jp fus mal servi. Je n'en accuse pas ce peuple**,


( ,5o )

toujours prêt à'vcrsor son sang, pour sa patrie. Je n'en accuse pas là trahison \ car il est plus difficile de trahir qu'on ne croit, Je n'en accuse que ce découragement , fruit ordinaire du malheur, Je n'en fus pas-exempt moi*• même. L'homme découragé reste indécis, parce qu'il lie voit devant lui que de mauvais partis, et' ce qu'il y a de pire dans les affaires c'est l'indécision. -

J'aurais dû me défier davantage de cet abâtardissement général, et pourvoir à toutparnïoi-même.Mais je me confiaiàun ministère épouvanté, où touts%xécutait mal. Les places fortes n'étaient ni réparées ni munies, parce qu'elles n'avaient pas été menacées depuis vingt ans, Le zèle des paysans y pourvut *, mais la plupart des commandans étaient de -* vieux infirmes, qu'on avait mis là pour se reposer, La plupart de nies préfets étaient timides, et ne songèrent qu'à emballer* auïïêu de se défendre. J'aurais


dû les changer à temps pour n'avoir en première ligue que des hommes^ intrépides, ; si tant est qu'on en trouve dans, ceux qui ont à perdre. • .s ,

Rien n'était encore prêt pour notrq défense, lorsquo les Suisses livrèrent^ aux alliés le passage du Rhin. Malgré leurs victoires , les* ennemis n'avaient pas osé l'aborder de front ,'et ils ne s'a- , vancèrent qu'à pas de loup. Ils étaient effrayés de marcher sans obstacle sur cette terre, qu'ils croyaient -hérissée, de baïonnettes. Ils ne rencontrèrent nos avant-gardes qu'à Langres. Alors corn* mença cette campagne, trop connue, pour que je la répète*, mais qui laissera un nom immortel,à cette poignée de braves, qui ne.,désespérèrent pas du salut de la France, ils me rendirent c\e là confiance, et je crus, à trois reprisés, que rien n'était impossible;avec dp tel§ soldats», . ,

, J'avais encore unp armée en Italie


•" ( .5» )

Pt'do fortes garnisons dans le Nord. Mais je n'avais pas le temps do les faire venir à mon secours', Il fallait vaincre sur place. Le sort de l'Europe s'était concentré sur moi seul. Il n'y avait d'important que le point où j'étais.

Les alliés'm'offraient la paix *, tant ils se défiaient de leurs succès. Après l'avoir refusée à Dresde , je ne pouvais pas l'accepter à Châlillon, Pour faire la paix, il'fallait sauver la France/ et replanter nos aigles sur le Rhin.

Après une telle épreuve, nos armes auraient été réputées invincibles, Nos ennemis auraient tremblé devant cette fatalité qui me donnait la victoire. Maître encore du Midi et "du Nord par mes garnisons, une seule bataille me rendait' mon ascendant. J'aurais eu la gloire des' revers, comme celle des victoires, * ' ' , Ce résultat était prêt*, mes' manoeuvres avaient réussi. L'ennemtétait tour-


( '53 )

Î il perdait la tête. Une émeute générale allait en finir. 11 ne fallait plus qu'un moment. Mais ma perte était décidée^ Un courrier, que j'avais imprudemment adressé à l'impératrice*, tomba dans les mains des alliés. Il leur fit voir qu'ils étaient perdus, Un Corse, qui se trouvait dans leur conseil, leur apprit que la prudence était.plus dangereuse que l'audace. Ils prirent le seul parti que je n'avais pas prévu, parce que c'était le seul bon. Ils gagnèrent l'avance, et marchèrent sur Paris,

Qn ayait promis de leur en faciliter l'entrée, mais cette promesse aurait été illusoire,' si j'avais remis la défense de Paris en de meilleures mains, Je m'étais' confié à l'honneur de la nation', et j'avais laissé follement on liberté ceux que je connaissais pour en être dépourvus. J'anivai trop lard à son secours,-et celle ville, qui n'a su défendre ni ses


(.54)

souverains ni ses murailles, avait ouvert ses portes à l'étranger.

J'ai accusé le général Marmont de -m'avoir trahi. Je lui rends justice aujourd'hui. Aucun soldat n'a ,trahi la fof qu'il devait à son pays. C'est dans une autre cla,ss,e qu'on a trouvé;des lâches. Mais je ne fus pas maître d'un premier mouvement de douleur\9 en voyant ,1a c ululation de Paris signée par mon p* s ancien, frère .d'armes.

La cause de la révolution était per-^ due puisque j'étais vaincu, Ce n'étaient ni les royalistes, ni les poltrons ,,ni les mécpntcns, qui m'avaient renversé !>c'é-j talent les armées ennemies. Les alliés; étaient maîtres du^îîïbnde, puisque je np lcttt» disputais,plus cet empire. f J'étalsà Fontainebleau, entouré d'une troupe fidèle, mais peu nombreuse. J'aurais pu tenter encore avec elle le sort des combats, car elle était capable,


C iSS ) d'actions héroïques. Mais la Franco aurait payé trop cher lé plaisir de cptté vengeance. Elle rîùrait eu le droit'de m'accuser de ses maux. Je Veux qu'elle ne m'accuse qtle delà gloire où j'ai porté* son nom. Je me résignai. 1 • •

On vint me proposer dps abdications, Pour ma jlart, je trouvai que c'était une monierie. J'avais abdiejué le jour Ou j'âVais'été battUi Mais cette'formule pouvait servir un jour à'monjjls. Je h'iiésitai pas à là signer. / ■"

Un parti nombreux aurait souhaité que cPt enfant* montât sur le trône, pour conserver la révolution avec nia dynastie. Maisla chose était impossible. "Les alliés n'avaient pasmèmte de fchoikî, ils étaient obligés de rappeler les Bourbons. Chaéun s*cst vanté d'avoir opéré leur retour. Ce retour était forcé. Il était la conséquence immédiate des principes pour lesquels on se battait depuis vingt ans. En prenant la coiï-


(i&<?) ,ronue, j'avais mis les trônes à l'abri dos .peuples. En la rendant aux Bourbons, on les -mettait à l'abri des soldats heureux. C'était donc la seule manière d'éteindre sans rétpur le.feu, révolutionnaire. L'appel de tout, autre souverain sur le trône de France, n'aurait .été antre chose qu'une sanction solennellp ,de "la révolution j c'pst-à-dire iinactp insensé dans l'intérêt clesisouvcrains. Je dirai plus, le retour des Bourbons était un bonheur pour la France. Il la sauvait de l'anarchie; et lui,promettait le repos, parce qu'il luj assurait la paix. Elle était forcée entre lus alliés et les Bourbons \ parce qu'ils, se servaient nui* tuellcment de garantie. La France notait pas complice de cette paix, parce qu'elle ne se traitait pas. en sa faveur, mais pour le profit do la famille qu'il convenait aux alliés dp remettre sur le trônp. C'était un traité où l'on youlait faire bonne-part à tout le monde. Ce*-


( >S7 ) tait donc la meilleure manière - dont la France pût se tirer de la plus grande défaite qu'une nation guerrière ait jamais éprouvée. . , >;>

J'étais prisonnier'.' Je m'attendais f à être traité comlno tel. Mais soit par cette sortpde respect qu'inspire un vieux guerrier,,seit par l*csprit,de généjppsité , qui a présidé à celte révolution ,oSi me proposa de choisir un asile. Les alliés me cédèrent une lie et unHfrlre, qu'ils regardèrent comme aussi vains l'un que , l'autre. Ils me permirent, ( et.eu cela leur générosité fut pleine de noblesse,) ils me permirent d'amener avec moi un petit nombre de ces vieux soldats avec lesquels j'avais couru tant'de fortunps. Ils me permirent d'amener avec mpi quelques-uns de ces ■ hommes que le malheur ne décourage pas. «

Séparé de ma femme et de mon fils, contre toutes les lois divines et humaines, je mo retirai dans l'ilo d'Elbe,

i4


sans aucune espèce, de projets pourl'àvenir. Je n'étais plus qu'un des^gpjgcia^ leurs du éiècle. Mais je savais, mieux que pcrsoHnc, pu quelles mains l'Etirôpè allait tomber. Je savais d'après cela qu'elle serait menée par le hasard. Les chances de ce hasard pouvaient me remettre en jeu. Cependant l'impuissance d'y contribuer m'empêchait de former des plans, et je vivais comme étranger' à l'histoire* Mais la marche des événemens se précipita plus que je ne croyais, et je fus surpris par eux dans ma retraite.

Je recevais les journaux : ils m'apprenaient le gros des aflaires 5 je tâchai d'en saisir l'esprit à travers leurs mensonges.

• Il me parut évident que le roi avait connu le secret de notre siècle. Il avait su que la majorité de la France voulait la révolution, Il savait, par vingUcinq ans d'expérience, que son parti était


(■>*»)

txçp,faihlp pour résister à cette,majorité, Il savait que la majorité finit par faire-la loi. Il fallait donc pour régner quîil régnât avec la majorité> c'est-àdire,, avec la révolution. Mais pour n*ètre pas révolutionnaire lui-même, jl fallait que le roi rpfit la,révolution comme, à neuf, en yertu du droit c)ivin quijuj était.départi,., . ;;

Cptte id£e était ingénieuse ; elle rendait, les, Bourbonj révolutionnaires e,n sûreté, dp conscience., et rendait, les rér vo]utj[onnaires royalistes, en, maintenant leurs intérêts et leurs opinions. Il ne deyait don.q plus y avoir qu'un coeur et ;.,qu'une ame dans toutp la ,nation. C'est ce qu'on répétait} mais ce qui n'était pas vrai.

„ Il y avait, cependant tant 4e bonheur dans cotte combinaison, que la France, sous ce régime, aurait été flprissante en^peu d'années, I^e rtoi aurait résolu, en un trait de plume, le prpblèmo pour


■ ...' (',60'). ■ .■ ,.-.

lequel j'avais combattu pendant vingt ' ans, puisqu'il établissait la nouvelle é'conomic'politiqtie en France ; et la faisait reconnaître, sans contestation, de toute l'Europe. Il ne lui fallait; pour'réussir,. que de savoir être maître chez lui.

Pour opérer ce grand 1 oeuvre, le roil avait donné une Charte, jetée s'nr le moule où l'on fait routés les Chartes. Elle était pxcellente, parce qu'elles le sont toutes quand on l&s fait marcher» Mais comme les Chartes ne sont que dos fpujllejuîe papier, elles n'ont de valeur que par Tau toi i té qui se charge de les défendre. Or, cette autorité ne se plaça nulle part. Au lieu de se .réunir dans les seules mains qui en étaient responsables , le roi la laissa s'éparpiller dans tout le parti qui portait son nom. Au lien d'être l'unique chef de l'État, il se laissa constituer en chef dé parti. Tout prit en France une couleur factieuse. L'anarchie s'y mît. * J s


(>6«)

. ia)ès-lorsil,n'y eut plus que de Pinçon* séquence et de là contradiction dans lé système de la cour. Lés mots.n'allaient jamais aux choses , parce qu'on voulait, au fond du coeur, autre chose que ce qui était. ,.

* -Le roi avait,donné la Charte, pour empêcher qu'on n$ la prit \ mais il était évident que, le premier moment passé, les royalistes espéraient la ictirer biin à brin, parce qu'au fond elle ne leur allait pas. v

Il ne se posait doue que des pierres d'attente dans l'édifice du gouvernement. On ayait refait la noblesse, mais on ne lui avait donné ni des prérogatives ni du pouvoir. Elle n'était pas dé» mocraliquc, parce qu'elle était exclusive. Elle n'était pas aristoctaliqiie, puisqu'elle n'était rien dans l'Etat. C'était donc un mauvais service qu'on ayait rendu à la noblesse, en la remettant sur pied de cette manière. Car on


( iBa ) l'avait mise en prise, parce qu'elle était offensante, sans lui donner, aucun moyen de se défendre. C'était un contre-sens qui devait amener des froissetaons continuels. , «

On voulait refaire le clergé j majs On choisit un évêque.défroqué pour-relever le trône et, l'autel. • ,. On, voulait passer l'éponge sur la révolution, mais on exhumait ses cadavres.'

On voulait faire marcher la révolution de 89 avec IPS royalistes , et la fcdntre-révolulion du 3t mars avec dos ex-conventionnels. Ils faisaient également mal leur devoir 5 parce qu'on ne fait marcher des révolutions qu'avec lés hommes qui sont nés avec elles. Le roi n'aurait dû se servir que dp gens do vingt ans.

On voulait maintenir la révolution, et l'on avilissait ses institutions. ' Oh décourageait-par-là la masse.de la na-


" ( .63) lion,rqui avait été élevée avec elles, et s'était accoutumée à les respecter.

On gardait mes soldats, parce qu'on en avait peut;, et on les faisait passer en revue par des gens qui parlaient de gloire en saluant des coftujues.

Personne np prenait confiance dans ce qui existait, parce qu'on n'y voyait de.points,d'appui,nullo part. Ils/n'étaient pas,dans les intérêts , puisqu'ils étaipnt tous compromis \ ni dans les opinions , puisqu'elles étaient toutes froissées $ ni dans la force, puisqu'il n'y avait,à la tête des affaires ni bras ni volonté..

J'étais assez bien informé de ce qui se passait à Vienne, dans ce congrès,, l'on s'amusait à me"sîngevrïe sus à temps, qwTiï^nmn^ Francp

avaient décidé le congrès àm'enlever de l'Ile d!Elbe;, pour m'exilcr à SainteHélène. ^Tcus quelque peine à croire qùêYempereur de Russie eût consenti


( .64 ) à' manquer si vite à' la foi des traités j* car j'ai toujours eu beaucoup d'estime pouj^s^pn^Êar^tère , mliïÇ^ïïn facquis cette certitude , et je pensai à me sous*' traire au sort qu'on me destinait.

Mes faihles%oyens dé défense auraient été bientôt anéantis. Je devais dpnô essayer de m'en créer d'asse» grands pour mp'rendre une seconde' fois redoutable à mes ennemis.

La.Franco n'avait point de confiance dans son gouvernement. Le gouvernement n'en avait point dans la France. La nation avait senti que ses intérêts n'étaient pas ceux du trône; que ceux du trône n'étaient pas les siens. C'était une trahison mutuelle qui devait perdre l'un ou l'autre. Il était temps de la prévenir , et je conçus un projot qui paraîtra audacieux dans l'histoire , et qui n'était que raisonnable eh réalité.

Je pensai à remonter sur le trône do France. Quelque faibles que fussentmes "


( .es y

forces, elles étaient encore plus grandes que celles, des royalistes; car j'avais pour allié l'honneur de la patrie > quîA no'périt jamais dans le coeur des Fran- „ çaîs. - . • J < ■ >

Je me confiai dans cet appui. Je pas» sai mvrevue cèjtièi petite troupe à la* quelle je destinais une si grande entre* pîise. Ces soldats étaient mal vêtus y car je n'avais pas eu de quoi les équiper à neuf. Mais ils avaient des coeurs intrépides; • .

Mes préparatifs ne furent pas longs, . car jo n'emportais que dos armes. Jepensai que les Français nous donneraient de tout. Le colonel anglais.qui séjournait près de moi, avait été se divertir à Livourne, et je mis à la voile par un bon vent. -,

Notre petite fiotille n'éprouva .pas . d'accident. Notre traversée dura cinq jours. Je revis la côte de France près de la mémo plage où j'avais pris terre


. f.6G), quinze ansr auparavant, à mbïi retour d'Egypte. La fortune semblait me sourire comme alors .»< comme alors, je revenais sur cette terre, de la gloire, pour relever ses aigles, et lui rendre son indépendance. " . ; ' ,- Je débarquai sans obstacle Je me retrouvai en Fréncei J'y revenais mal-, heureux. Mon cortège/ no consistait qu'en un petit nombre d'amis e't de frères d'armes, qui aVaieht partagé .ayee moi le bonheur et l'adversité. Mais c'était une raison pour attirer lo respect et l'amour, des Français.

, Je n'avais point do plan déterminé, parce que je n'avais que dés données vagues sur l'état des choses. J'attendais mêTUécisions des événement* J'avais seulement quelques parlis pris pour des cas probables,

Je n'avais qu'une seule routoàtenir, parço qu'il me fallait un point d*appui. Grenoble citait la place forte la,plus


voisine. Je marchai donc .sur Grenoble aussi vite que possible, pa,rçe que je voulais" savon; à quoi m'en tenir sur mon entreprise. L'accueil, que je reçus sur ma route dépassa mon attenté, et confirma, mon projet. Je vis qiîe.la portion du peuple, qui n'était corrompue ni par des passions ni par des intérêts, conservait un caractère mâle que l'humiliation blessait;

. Je décpnvris enfin les premières troupes,qu'on avait fait marcher contre moi. C'étaient de mes soldats. Je m'avançai sans crainte, tant j'étais, sûr qu'ils n'oseraient faire feu sur moi. Ils revoyaient leur empereur marchant à la,tête de ces vieux maîtres de la guerre,, qui leur avaient si souvent tracé le chemin du combat. J'étais le môme encore, puisque Je leur rapportais l'indépendance avec mes aigles.

Qui n'aurait pu croire que des soldats français balanceraient un moment entre


(i68)

■ 'des serment officiels prêtés < sons les drapeaux dé l'éti an-fer, et la foi qu'ils

gavaient jurée à celui: qui* venait pour 'affranchir'lpurpatrie? Jt

\ Le peuple ctles soldats me reçurent

avée les mêmes cris'do;joie. Jp n?avais

que ces Pris pour cortège ; mais ils va*

va* mieux quc:tOutés les pompes," car

•ils me promettaient le irônc. - » —*

Je m'attendais à trouver quelque résistance de la part des4royalistes ; mais je me trompais t ils ne m'en opposèrent aucune, et j'entrai dans Paris sans les apercevoir, si ce n'est'aux fenêtres. Ja■

Ja■ entreprise, plus téméraire en ap^a' rence, ne 5 coûta moins de peine h éxé' culer 'i c'est qu'elle était conformé au

voeu de la nation, et que tout devient ' facile quand on suit l'opiniom; • -- »

■ La révolution fut terminée eh vingt jours, sans avoir coûté une senle goutte

* de sang. La France avait changé'd'aspect. Les royalistes allèrentcrier ausà*


(•*■■%)

cours chez les* alliés.'La nation rendue à elle-même reprit de la fierté. Elle était libre, puisqu'elle venait de faire, en me replaçant sur le trôné, le plus grand acte de spontanéité qui appartienne aux peuples.'Je n'y étais aussi que par son voeu ;V\car je ne l'aurais pas conquise avpc mes six cents soldats. Elle ne me redoutait plus comme prince, Elle • m'aimait comme son sauveur. La grandeur de mon entreprise avait effaçâmes revers ; elle m'avait rendu la confiance dos Français. J'étais de nouveau l'homme de leur choix.

Jamais aussi la totalité d'une nation ne s'est'exposée à la situation là plus dangereuse avec tant d'abandon etd'intrépidité. Elle n'en a calculé ni le péril ni les conséquences. L'amour del'itfdépendance enflammait ce peuple, que l'histoire placera avant tous les autres»

J'avais' refusé là paix qu'on m'offrait àChàti)lon, parce que j'étais sur le trône

Ï5


dp France, et qu'elle me. faisait descendre trpp bas» Mais je pouvais accepter ; celle qu'on avait accordée auxBourbons^ parce que je venais de l'île d'E)be j qt l'on peut s'arrêter quand on monte ; ja-, mais quand on descend.

Je crus que l'Europe j étonnée de mon retour et de l'énergie du peuple français, eraindrait de recommencer la guerre avec une nation dont elle voyait la témérité, et avec un homme dont lp ca•

ca• «Stait plus fort, à lui seul, que toutes ses armées.

Il en aurait été ainsi, silo congres eût été séparé, et que nous eussions

* traité avec les souverains un à un. Mais leur amour-propre s'échauffa, parce qu'ils étaient en présence, et mes efforts

'pour maintenir la paix n'aboutirent à

,iién»

J'aurais dû prévoir, ee résultat^ et profiter sans retard du premier élan du peuple, pour montrer à quel point nous


étions redoutables. L'ennemi aurait pâli déyanfnotre audace. Il ne vit que de la faiblesse dans mon tâtonnement. Il avait raison, car je n'agissais plus d'après mon caractère.

Mon attitude, pacifique endormit ïa nation, parce que je lui laissai croire cfùe lapaix était possible. Dès-lors mon système dp défense fut perdu, parce quoi les moyens de résistance restèrent audessous du danger* 5 . -. • Il fallait^eçomihcnccrunerévoltilion p^ottr me donner toutes les ressources qu'elles créent. Il fallait remuer toutes les passions pour profiter de leur aveu-' glement. Sans cela je rie pouvais pas sauver la France.

J'en aurais été quitte pour régulariser cette seconde révolution, comme je l'aVâisfaiïdelapretnière; mais jen'ai jamais aimé* lbs orages populaires, parce qu'il n'y a point de bride»pour les mener, et je me suis trompé en croyant qu'on pou-


( t'7*->

vaiVdéfendre les Tliermopyles en chargeant ses armes en douze temps.

Jfai TOUIU faire cependant une partie de cette révolution ; comme si je n'avais! pas su que les demi -pat tis ne valent rien. J'olHis à la nation de la liberté, parce qu'elle s'était *pï$)ite d'en, avoir manqué soUs mon premier règne. Cette liberté produisit son effet ordinaire. Elle mit les pai oies à ht place des actions. La caste impéiiale se dégoûta, parce que j*ébranlais le système auquel elle avait attaché ses ihtéièts. La foule delà nation leva les épaules, parce qu'elle se soucie -. fort peu de la liberté. Les républicain» se défièrent de mon allure, parce qu'elle n'était pas dans ma nature.

Je mis ainsi moi-même la désunion dans l'État. Je m'en aperçus, mais je complais sur la guerre ppur le rallier. La Fiance venait de se relever avec tant. de*Ûerté ; elle avaij montré tant de mépris pour l'avenir; sa cause était si juste


(puisque, c'était le droit le plus- sacré des; ' nations), que.j'espérai- voir,prendreles: . armes, à tout le peuple-pai\un seul cri d'honneur et d'indignation. Mais il était, trpp tard. . .

Je sentis le danger de ma position. Je mesurai l'attaque $lu défcnsc.*Elles n'étaient pas en proportion» Je commençai, à me défier, de mes moyens^ mais ce- •> n'était |>as le moment de le dire. Parûn,^ hasard malheureux».,masahtésedéran», gea aux approches dé.laderniére^rise.f Je n'avais plus qu'une ame ébranlée dans un.cc-fps sonlffiant? Les armées s'avan*. çaiéTÏÏTÇansSa mienne ily avait.du dévouement et de l'enthousiasme.dans le soldat. Mais il n'y en avait: plus dans leurs-chefs. Ils étaient fatigués pis n'étaient plus jeunes ; ilsjiyaient beaucoup fait la guerre; ils avaient des terres et dcsxpalàis.iwLe roi leinTavTilrlaîsTe^eiTra. fortunes et leurs places. Ils venaient comme des aventuriers les risquer.do


nouveau aVec moi» Ils recommençaient! leur carrière; et quelqtio amour qu'on ait pour la vie,' ontt'aime pas à y repasser deux fois; c'était peut-être trop exiger de la nature humaine. v Je partis pour le quartier-général, seul centre le mondt, entier. J'essayai t*de lef combattre, tôi yictoire nous fut * fidèle le premier jour; mais eljc nous trompa le lendemain. Nous fumés vain, eus, etlft gloire de nos armes vint finit* dans lès mêmes champs où elle avait commencé vingt-trois ans auparavant;

" J'aurais pu me défendre encore, cor mes soldats ne m'auraient pas abandonné*, majs^on n*en voulait qu'à moi seul.. On demandait aux Français dp me livrer auxWnemis t e'était leur demander une lâcheté pour les forcer à se battre. Je ne Volais pas'un si grand sacrifice. C'était à moi à me démettre» J* n'avais pas même db choix. Décidé ï


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me rendre aux ennemis,, j'espérais qu'ils se contenteraient de l'ôfage que j'allais . mettre dans leurs mains, et qu'ils placeraient la couronne sur la tète de mon fils. n .

Il était impossible de mettre cet enfant sur le trône.eï*4i I8I4 ; la chose était je crois convenable, en I8I5. Je n'épL dis parles motifs; l'avenir les dévoi-* lora pput-êtrp. ' . . ;

. Je n'ai quitté la ï^rance qu'au moment où l'ennemi s'est approché de ma retrailp. Tant qu'il n'y eut que des Français autour de moi, j'ai voulu restpr au milieu 'd'eux seul et désarmé ; c'était la dernière preuve de confiance et d'affection que je,, pouvais leur donner. C'était un grand témoignage que je rendais à^leûr loyauté à* la face du monde.

La France a respecté dans moi le malheur, jusqu'au moment où j'ai rjiutté pour jamais son mage, J'aurais


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'pu*passer'en-Amérique, et promener hia défaite dans le heuveàu moftde; ïnâisaprès àvoirrégné sur la France, il ne fallait pas avilir son' trône en cherchant d'autre gloire.

Prisonnier sur un auttelïémisphère, je n'ai plus à défendre que la réputation /que rhistpjre me^préparc. Elle dira qu'un homme pour qui tout un peuple s'est dévoué, ne devait pas être si dépoifi'vu de mérite que ses contemporains le prétendent. v. >PT^>^

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