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SUITE DE L'INSURECTION.
Nous avons déjà dit que l'insurrection s'était concentrée de bonne heure dans les rues Saint-Martin, Saint-Denis et du Temple, entre les boulevards et les quais. Ces quartiers , alors merveilleusement disposés pour la guerre des rues présentaient une animation inexprimable, qui grandit encore lorsqu'on apprit la mort de Baudin. Des proclamations et des appels aux armes avaient pu y être affichées sans que la police pût y apporter obstacle; un grand nombre de gardes nationaux avaient même livré leurs fusils.
L'attitude de la population sur les boulevards n'était pas moins menaçante, malgré la présence des nombreux régiments d'infanterie de ligne, de chasseurs et de cuirassiers, qui occupaient les boulevards depuis le Châteaud Eau jusqu'à la Bastille.
Quoique l'insurrection parût avoir pris ses dispositions, que les rues Saint-Denis, Grenéta, Beaubourg, Transnonain, Aumaire, Bourg-l'Abbé et une foule d'autres présentassent déjà un grand nombre de barricades dans leur dédale tortueux, il était évident que tout cela se faisait sans plan préconçu et sans suite. Les projets les plus contradictoires étaient discutés dans les rassemblements. Cependant on penchait généralement pour opérer une tentative sur la préfecture de police qui n'était défendue que par de faibles forces. Il n'y avait en effet sur ce point que deux escadrons de la garde républicaine et des détachements de sergents de ville, armés et équipés. Le général Magnan y envoya plus lard un bataillon du 19e léger avec trois pièces d'artillerie.
Plusieurs proposaient de se porter en masse sur Mazas, de délivrer les représentants que l'on supposait encore y être détenus, pour les mettre à la tête du peuple. Les