146 VOYAGES EN PERSE.
fous, leurs yeux saillants et sanguinolents, et s'écriant: theriaki, theriaki (je suis un mangeur d'opium, donnez-moi de quoi acheter de l'opium, ou je meurs).
On rencontre aussi d'autres mendiants, mais ceux-ci ont un caractère différent: ce sont les derviches et les fakirs. Ces vagabonds impudents, amusants quelquefois, mettent largement en usage tous les expédients pour lever des contributions sur la bourse du passant. Quelques-uns, vêtus d'une robe en haillons, coiffés de bonnets ornés de fleurs et déplumes, ou plus étrangement encore avec leur propre chevelure nattée et tressée , courent par bandes dans les bazars, criant le nom de leur caste et demandant bruyamment la charité. D'autres, assis dans des échoppes, vendent des charmes et des formules magiques contre tous les maux, des espèces de rosaires et des morceaux de terre apportés de la Mecque ; d'autres enfin, confiants dans leur célébrité reconnue, se tiennent tranquillement dans leurs trous , entourés de leurs disciples, regardant avec un rire d'ironie ou avec une imperturbable gravité la scène mouvante qui s'agite autour d'eux, tandis que les nombreuses dupes de leur prétendue sagesse répondent par des présents à leurs conseils.
« Le 25 mai, dit Fraser, j'avais vu tout ce que je désirais de la Perse au sud de la mer Cas-